Aller au contenu
Fini la pub... bienvenue à la cagnotte ! ×
AIR-DEFENSE.NET

Messages recommandés

il y a 43 minutes, Pol a dit :

 

Tout cela est encore une fois "idéologique". 

Quand cela fait des années que la propagande, des discours et autres donnent le sentiment que l'uranium du Niger est ce qui donne de l'électricité à la France, que c'est grâce à eux que nous avons des centrales nucléaire (et que nous sommes un pays riche) et que sans eux nous retournerons au Moyen-âge, il ne faut pas s'étonner à ce qu'ils fantasment d'une centrale nucléaire chez eux.

Ce pays qui il y a 3 ans encore avait près de 40% du budget de l'état qui provenait des aides internationales (qu'il a coupé en signe de souveraineté...) n'est pas dans une situation financière pour construire une centrale nucléaire, ni pour la rentabiliser (la population et l'économie étant très pauvre). Il faudra prévoir toute une infrastructure qui dépasse la seule centrale. La sécurité nucléaire impose des règles, de la compétence et un environnement adéquat. Sans oublier la sécurité, un pays déjà instable politiquement, faible militairement pris dans une région rongé par les terroristes, il est déjà difficile de se projeter dans 2 ans, alors sur 30 ou 40 ans...

La Russie va comprendre de plus en plus que dans cette région, on dépense plus qu'on ne gagne. Une centrale nucléaire sera aux frais des russes, avec un crédit dont le remboursement n'est pas garanti. Je l'ai déjà dit plusieurs fois, si la Russie se trouve dans cette région, c'est qu'elle y voyait une zone pour lutter contre une influence occidentale. Aujourd'hui elle lutte contre rien et elle finira par se lasser de voir qu'on s'en fout (car on s'est barré) et qu'on ne joue pas à son jeu.

Ils sont largement revenus sur la coupure des aides internationales.

Idéologique...oui pour faire passer la pilule. Dans les faits, les nigériens ont bien conscience que jamais rien ne se concrétise.

Tu n'as pas du lire l'article...il est justement question que les russes n'envisagent, comme au Burkina, a aucun moment de construire une centrale. C'est juste le prétexte qui permet l'exploitation à court terme. Cette notion de court terme est d'ailleurs assez révélatrice. Je ne partage pas ta vision. Je pense que la Russie cherche un profit, et aussi des liquidités pour payer sa guerre. Or et devises étrangères.

  • Upvote (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

https://www.aa.com.tr/fr/afrique/niger-un-militaire-tué-et-trois-autres-blessés-dans-une-attaque-dans-la-région-dagadez/3677522

Une nouvelle quasi fait-divers, mais pas que en fait.

Déjà à noter que la GN, c'est en général un recrutement local.

Le mélange banditisme/groupe armé rebelle est un classique de la région. La zone de prédation étant plus ou moins les axes Nord-Sud de pars et d'autre de l'Aïr, voir l'axe Ouest-Est au Sud de l'Aïr et à l'Est d'Agadez.

Mais on ne peut ne pas remarquer que c'est un retour, en général synonyme de pauvreté et de désœuvrement de la jeunesse touarègue.

Je présume que sans l'uranium, il y a moins d'argent qui ruisselle des politiques (qui recrutent traditionnellement ces mêmes jeunes pour leur protection) vers la population (culture clientéliste). 

  • Merci (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y a 8 heures, Polybe a dit :

https://www.aa.com.tr/fr/afrique/niger-un-militaire-tué-et-trois-autres-blessés-dans-une-attaque-dans-la-région-dagadez/3677522

Une nouvelle quasi fait-divers, mais pas que en fait.

Déjà à noter que la GN, c'est en général un recrutement local.

Le mélange banditisme/groupe armé rebelle est un classique de la région. La zone de prédation étant plus ou moins les axes Nord-Sud de pars et d'autre de l'Aïr, voir l'axe Ouest-Est au Sud de l'Aïr et à l'Est d'Agadez.

Mais on ne peut ne pas remarquer que c'est un retour, en général synonyme de pauvreté et de désœuvrement de la jeunesse touarègue.

Je présume que sans l'uranium, il y a moins d'argent qui ruisselle des politiques (qui recrutent traditionnellement ces mêmes jeunes pour leur protection) vers la population (culture clientéliste). 

Peut-être aussi que l'affaiblissement général de l'autorité publique et de l'armée crée des opportunités et que d'aucuns essaient d'en profiter. 

Si le délitement se poursuit, la contrebande va s'accélérer dans la région et avec elle, des trafics moins avouables comme la drogue (qui existent déjà mais qui pourraient profiter de l'occasion pour s'implanter davantage). 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y a 12 heures, Ciders a dit :

Peut-être aussi que l'affaiblissement général de l'autorité publique et de l'armée crée des opportunités et que d'aucuns essaient d'en profiter. 

Si le délitement se poursuit, la contrebande va s'accélérer dans la région et avec elle, des trafics moins avouables comme la drogue (qui existent déjà mais qui pourraient profiter de l'occasion pour s'implanter davantage). 

Pffff...je sais pas. Je veux dire, oui quelque part ça serait logique. Mais je me dis...peut-on parler d'un "affaiblissement" ou d'un statut quo ?

La force armée dans la région d'Agadez était particulière à trois titres :

- présence de l'armée US > finit ;

- présence de l'armée française > finit ;

- présence très forte et très équipé de l'armée nigérienne (à cause des mines) > forcément plus comparable car il n'y a plus la manne financière d'Orano pour la financer.

Cependant, c'est une junte militaire. A priori, les militaires bénéficient d'une certaine attention non ?

Bref, je parlerai plus d'un status quo.

 

Par contre l'autorité publique c'est autre chose. Là-bas dans le Nord, c'est un mélange subtil entre avoir des liens avec Niamey et les communautés touaregues. Et là pas sur que la junte excelle. De ce que j'avais cru comprendre, la junte avait d'abord fait la bourrine, avant de revenir en arrière et de s'appuyer à nouveau sur la Société Civile (et les syndicats, miniers entre autre...), quitte à raser gratis (et je dois reconnaitre que de bonnes choses en sont sorties).

Les trafics/banditismes dans le coin c'est plus lié aux armes et à l'or. Voir à la traite d'êtres humains (candidats à l'émigration vers l'Europe + saisonniers vers le Maghreb). La drogue c'est plus un parcours Est/Ouest au Nord de l'Aïr.

  • Merci (+1) 1
  • Upvote (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

https://shs.cairn.info/revue-revue-defense-nationale-2025-8-page-223?lang=fr (Revue Défense Nationale 2025/8 n° 882)

Olivier de Sardan Jean-Pierre, L’enchevêtrement des crises au Sahel. Niger, Mali, Burkina Faso, Karthala, 2023

L’auteur identifie huit crises interconnectées : agro-pastorale, emploi, élites politiques, services publics, islam, occidentalo-centrisme, sécurité et armées nationales. Il rejette alors les catégorisations traditionnelles ainsi que les modèles standardisés d’interventionnisme et plaide pour une approche plus ancrée dans les réalités locales. Dans la continuité de son précédent ouvrage à propos de La revanche des contextes (1), l’auteur fait alors la synthèse de ses recherches en s’appuyant sur six décennies de terrain et une série d’articles analysant les signes avant-coureurs des reconfigurations actuelles.

Ensuite, par une rigueur scientifique à laquelle se mêle un engagement citoyen certain, l’auteur fait le constat d’un essoufflement des interventions internationales « traditionnelles » et plaide une autre conception de ces interventions dans un sens large. Une des forces majeures de l’analyse repose sur la mise en relation des politiques de développement avec l’action militaire. L’auteur souligne que lutter contre le djihadisme au Sahel est une nécessité, mais que cette lutte doit s’articuler autour de trois volets complémentaires : 1) sécuritaire (militaire et policier) ; 2) socio-économique (emploi, services publics) ; 3) politique (gouvernance vertueuse). L’expérience montre que ni l’intervention militaire extérieure, incarnée par l’échec de l’opération Barkhane, ni les politiques de développement menées de l’extérieur n’ont permis de stabiliser la région. Ces dernières ont même accompagné le développement des violences sans régler les problèmes politiques à l’origine des conflits.

En conclusion, l’auteur souligne les limites d’une approche purement axée sur les crises et appelle à une analyse future des dynamiques positives du Sahel. Dans une portée plus généraliste, il met aussi en garde contre l’aveuglement des politiques sécuritaires et développementistes lorsqu’elles ne prennent pas en compte les logiques sociales locales, un facteur qui aura été décisif dans les politiques mises en place.

https://shs.cairn.info/l-enchevetrement-des-crises-au-sahel--9782384091331?lang=fr

1. Les huit crises du Sahel

2. Au Niger, le cycle des crises alimentaires

3. La « bombe démographique » en Afrique : pas si simple !

4. Les quatre prisons du pouvoir

5. Lettre à mes amis du parti PNDS : saurez-vous ne pas reproduire les erreurs du passé ?

6. La « question touarègue » aujourd’hui au Mali : rappel des faits et mise en perspective

7. De Barkhane au développement : la revanche des contextes

8. Comment le salafisme a pu prospérer au Niger

9. Le rejet de la France au Sahel : mille et une raisons ?

10. Le péril milicien au Sahel

11. Une sécurisation au service du peuple est-elle possible au Sahel ?

12. « De quoi se mêlent-ils ? »

13. Crise de la démocratie, crise sahélienne et coup d’État au Niger : le grand gâchis

https://shs.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2024-2-page-353?lang=fr (Afrique contemporaine 2024/2 N° 278)

Le premier chapitre « Les huit crises du Sahel » constitue une sorte de résumé du livre. Jean-Pierre Olivier de Sardan y présente d’abord la crise agro-pastorale, la paupérisation et les crises alimentaires (chap. 2), les difficultés croissantes d’accès à la terre, la concurrence entre agriculteurs et éleveurs - tendances de long terme que le changement climatique ne fait qu’accélérer ; mais aussi, ce qui est sans doute moins connu, l’accaparement des terres par les hauts fonctionnaires et les grands commerçants (en rupture avec la tradition qui interdisait la vente des terres) ainsi que la constitution de grands troupeaux détenus par des propriétaires absentéistes (en revanche, OdS laisse de côté l’orpaillage, qui fait pourtant partie du tableau [3]). Olivier de Sardan note aussi que l’activité des paysans sahéliens est loin d’être toujours « écologique » au sens européen du terme (utilisation de pesticides, abattage des arbres, etc.), malgré de nombreuses petites opérations de développement rural « toujours sympathiques, souvent ingénieuses, et volontiers de type communautaire » (p. 47) qui peinent toutefois à être à la hauteur des enjeux. Ces évolutions négatives sont liées à la dégradation des services publics de vulgarisation agricole. Il résulte de tout cela l’apparition dans les campagnes de jeunes chômeurs ruraux, « une source importante de recrutement pour les djihadistes » (p. 15), malgré la soupape de l’émigration, essentiellement dans les pays africains voisins, qui « fait vivre les campagnes par l’envoi régulier d’argent » (p. 48).

Le problème existe aussi en ville, avec la multiplication de jeunes diplômés qui ne peuvent trouver un emploi correspondant à leur niveau de qualification [4]. Un signe, pour OdS, d’un triple échec « du capitalisme africain, de l’industrie du développement et des élites politiques » (p. 17). Echec lié notamment à la « malédiction des matières premières » qui touche beaucoup de pays africains devenus des pays rentiers (OdS étend le concept de rente à l’aide au développement et aux envois des travailleurs émigrés) : « La conséquence la plus perverse, c’est que cette aide est intégrée comme un élément important dans la stratégie des acteurs nigériens » (p. 54). Effectivement, lorsque l’activité d’un grand nombre d’acteurs est tournée vers la captation de rente, les discours sur les stratégies nationales de développement sonnent creux.

La crise des élites politiques est décrite par OdS comme une crise complexe, car les élites qui se déchirent sur le plan politique (dans les discours) appartiennent à la même couche sociale, largement « hors sol » : « Aujourd’hui la classe moyenne et supérieure urbaine dans sa quasi-totalité met ses enfants dans les écoles privées, ne fréquente que les cliniques privées, cultive précieusement ses relations auprès de magistrats et fait appel à des sociétés de gardiennage » (p. 23). Il en résulte des alternances au pouvoir sans qu’émergent des dirigeants qui soient capables de mettre en œuvre un programme visant l’intérêt général - d’où la crise de la démocratie (p. 20) [5]. Approfondissant l’analyse, le chapitre 4 détaille ce qu’OdS nomme les « quatre prisons du pouvoir », les contraintes qui pèsent sur l’action publique (au Niger) : les grands commerçants qui financent la conquête du pouvoir et attendent un retour sur investissement ; les militants, alliés et courtisans qui s’insèrent dans un rapport de don contre don ; les bureaucrates, qui travaillent suivant leurs propres « normes pratiques » ; enfin, les experts internationaux constituent la dernière « prison », « qui n’est pas tant imposée de l’extérieur qu’intériorisée par les acteurs nationaux » (p. 84). Cette analyse est mise à profit dans le chapitre suivant pour identifier, toujours dans le cas du Niger, la marge de manœuvre qui existe pour mettre en œuvre des politiques publiques qui bénéficieraient au plus grand nombre. OdS y critique en passant (p. 96-97), mais à juste raison, l’obsession des gouvernements et des bailleurs de fonds pour les réalisations « en dur » (construction d’écoles, par exemple), plutôt que sur ce qui fournit effectivement des services (les enseignants et le matériel pédagogique).

La crise des services publics résulte en grande partie de cette défection des élites (pour employer la terminologie de A. Hirschman), mais OdS la fait démarrer avec l’ajustement structurel. On peut être d’accord avec lui sur le fait que l’ajustement structurel a déstructuré durablement le service public, mais il faudrait sans doute ajouter que le modèle antérieur n’était pas soutenable face à la croissance exponentielle des écoliers. Dans beaucoup de pays d’Afrique de l’Ouest, en raison du manque de cadres après les indépendances, les bacheliers, tous boursiers, étaient affectés d’autorité au service public dans un ministère donné. La progression des indicateurs sociaux (espérance de vie, etc.) n’est pas due à l’action publique, mais OdS ne pousse pas l’analyse plus avant. Il n’en indique que les conséquences, et notamment l’avancée du jihadisme qui « se développe préférentiellement dans les zones les plus délaissées par les services publics et chasse la plupart d’entre eux (sauf la santé) des zones qu’elle contrôle de facto » (p. 24). Le discrédit de l’école publique « explique le succès des arguments salafistes en faveur de l’enseignement coranique » (p. 25)

La crise de l’islam renvoie pour OdS à l’apparition d’un islam salafiste qui représente une rupture par rapport à la version confrérique, soufie, tolérante, qui dominait en Afrique de l’Ouest. Au Niger, note OdS, le salafisme quiétiste a gagné la bataille idéologique (contrairement à la Mauritanie), mais ne doit pas être confondu avec le jihadisme, auquel il s’oppose. Cette victoire idéologique du salafisme au Niger est analysée (chap. 8) à partir des réactions contre Charlie Hebdo (manifestations violentes, saccage des bars et incendies d’églises) et par rapport à Boko Haram (aucune manifestation de réprobation contre ses exactions). A cette montée de l’intolérance, OdS ne peut opposer qu’un « rêve » : « Il nous faut donc espérer un sursaut, sursaut des partis politiques, sursaut de la société civile » (p. 139).

L’échec perçu de la coopération militaire dans la lutte contre le jihadisme est symptomatique, et s’étend pour OdS à l’ensemble de l’« industrie de l’aide » (chapitre 7). Mais OdS dépasse le constat d’impuissance de l’aide pour souligner la frustration qui résulte de la dépendance qu’elle crée [6] - et ceci même si l’arrêt de l’aide serait « catastrophique pour le Niger » (p. 57). OdS en fait un élément de la crise de l’occidentalo-centrisme et des injonctions des pays du Nord ; dans le domaine de la natalité (p. 18 et chapitre 3), dans le domaine de la liberté des choix d’orientation sexuelle (chapitre 12 : « De quoi se mêlent-ils ? », à partir du refus d’Idrissa Gueye, un footballeur sénégalais opérant en France et dans l’équipe nationale du Sénégal, de porter un maillot arc en ciel [7]). Pour OdS, le rejet de l’opinion publique africaine ne porte pas tant sur les valeurs en soi que sur l’arrogance, la suffisance, la condescendance et la tartuferie (p. 176) de l’Occident, qui, en pratique, recouvrent trop souvent des approches en termes de « deux poids deux mesures ». En particulier, sont dénoncés comme contraire aux valeurs proclamées « la politique française des visas accordés au compte-goutte et la façon indigne dont sont traités les migrants » (p. 31). Il en résulte, dans l’imaginaire collectif, un rejet de la France en tant que bouc émissaire de « toutes les frustrations, de toutes les peurs, de toutes les colères » (p. 30), et justifie la recherche de nouveaux partenariats non-ou anti-occidentaux. Ce qui n’empêche pas OdS de rêver à un « monde du développement où le sur-mesure serait préféré au prêt-à-porter, où les innovations locales auraient leur chance face à la diffusion de programmes standardisés » (p. 129).

La crise sécuritaire se nourrit de toutes ces crises, tout en les amplifiant. OdS met en exergue le fait que les jihadistes, dans la phase actuelle, privilégient le « gouvernement indirect », délaissant les villes [8]. En second lieu, la violence djihadiste ravive trois types de violences antérieures : les conflits agriculteurs éleveurs [9], les révoltes indépendantistes touarègues ainsi que la délinquance des « coupeurs de route » et trafiquants de drogue. Le chapitre 6 est consacré spécifiquement à la « question touarègue » qu’OdS replace dans sa profondeur historique. Il y décrit le « cycle des rébellions [qui] a fonctionné, à partir de 1990, comme une machine à produire des avantages en faveur des entrepreneurs ethnico-militaires et de leurs clients » (p. 111). L’incroyable complexité du problème (les Touaregs eux-mêmes sont divisés, ils ne forment qu’une partie de la population du nord Mali, etc.) tranche avec les partis pris lors de l’intervention française (pas de contrôle des armes au sortir de la Lybie, soutien au refus du MNLA de laisser entrer des représentants civils et militaires de l’État malien à Kidal). Comme le souligne OdS, ces positions ont profondément choqué l’opinion publique malienne – et renforcé le prestige de Wagner et des putschistes qui ont replacé Kidal sous le contrôle de l’État malien (au moins symboliquement).

Malgré la pertinence et la richesse de ces analyses, le livre connaît cinq limites. En premier lieu, le caractère déjà daté de certaines analyses, car le texte a été écrit pour l’essentiel avant le coup d’État au Niger en 2023 - et l’histoire s’est accélérée dans le Sahel. Le chapitre 5 (« Lettre à mes amis du parti PNDS »), qui date de 2016 semble sorti d’un livre d’histoire, même si beaucoup des interrogations qu’il avance sont toujours d’actualité, dans un autre contexte. Un court chapitre (le chapitre 13) a été ajouté pour tenir compte du coup d’État de 2023 qui venait de se produire. OdS y place la démocratisation en Afrique de l’Ouest dans une perspective endogène (révoltes contre les dictatures militaires), passant sous silence Mitterrand et son discours de la Baule (1990) qui a précédé, par exemple, la révolte contre Moussa Traoré au Mali en 1991. OdS souligne les avancées réalisées pendant la présidence de Mohamed Bazoum, qui rendent « incompréhensible » le coup d’État.

Enfin, l’aide officielle au développement est plutôt partie du problème que de la solution affirme OdS. Si cette proposition est largement partagée par les acteurs de terrain, il semble un peu court de l’attribuer principalement à la méconnaissance du contexte par les acteurs de l’aide. De plus en plus, dans le Sahel (et l’insécurité a encore accru cette tendance), l’aide publique au développement est gérée en grande partie par des Africains, surtout quand il s’agit d’être sur le terrain. Dans le domaine des réformes de finances publiques, par exemple, les représentants des PTF (partenaires techniques et financiers) sont souvent d’anciens cadres des ministères des finances, qui négocient les programmes d’aide…avec leurs anciens collègues. Ils ont donc une connaissance approfondie de la situation de leur pays, et ils gèrent la relation PTF-gouvernement en fonction de leurs propres intérêts et convictions.

  • Merci (+1) 2
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Veuillez vous connecter pour commenter

Vous pourrez laisser un commentaire après vous êtes connecté.



Connectez-vous maintenant
  • Statistiques des membres

    6 159
    Total des membres
    3 754
    Maximum en ligne
    Paris_est_magic_2
    Membre le plus récent
    Paris_est_magic_2
    Inscription
  • Statistiques des forums

    21,7k
    Total des sujets
    1,8m
    Total des messages
  • Statistiques des blogs

    4
    Total des blogs
    3
    Total des billets
×
×
  • Créer...