Coriace Posté(e) le 14 novembre 2016 Share Posté(e) le 14 novembre 2016 "Le sultanat d'Erdogan" Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 14 novembre 2016 Share Posté(e) le 14 novembre 2016 Il y a 3 heures, Boule75 a dit : P.S. : je suggère, à la limite, de clore ce fil. Du moins pourrait-on envisager d'en ouvrir un autre consacré à la Turquie d'Erdogan post-coup et à ses aventures intérieures et extérieures : là on hésite régulièrement et sans solution satisfaisante entre "Turquie et Europe", "Turquie et PKK", etc... De façon générale je n'aime pas qu'on ferme des fils, car c'est une façon de dire aux gens qui se sont décarcassés à trouver des infos que cela ne servait à rien et que c'est bon à mettre à la poubelle. Je pense qu'il est utile de relire des choses écrites il y a un an, il y a deux ans, il y a cinq ans. Tocqueville a dit : Quand le passé n'éclaire plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres. Je propose de mettre ici tous les messages qui concernent la Turquie et son régime lorsque c'est sans lien direct avec la question kurde et le PKK, même si cela ne concerne pas l'Europe. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 14 novembre 2016 Share Posté(e) le 14 novembre 2016 4 hours ago, Boule75 said: En provenance du site kurde Kurdistan24 (d'Irak a priori, et peut être pas la faction Barzani) (et donc à prendre avec recul...), annonces : de fermetures de centaines d'associations d'arrestation de 6 assistants parlementaires du HDP P.S. : je suggère, à la limite, de clore ce fil. Du moins pourrait-on envisager d'en ouvrir un autre consacré à la Turquie d'Erdogan post-coup et à ses aventures intérieures et extérieures : là on hésite régulièrement et sans solution satisfaisante entre "Turquie et Europe", "Turquie et PKK", etc... Ca m'a fait penser à la description par un Anglais de la façon dont Angleterre et France gèrent leurs institutions: les Français changent le nom de l'institution, et gardent tout ce qu'elle était intact, les Anglais ferment l'institution et en refont une autre, mais gardent le nom. En réponse à ton post, je propose donc de faire à l'anglaise et de rebaptiser le fil, et tout deviendra d'un coup plus pertinent . Même si un jour, faudra vraiment trouver un moyen de rendre les longs fils plus aisément consultables, comme une bibliothèque.... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Boule75 Posté(e) le 14 novembre 2016 Share Posté(e) le 14 novembre 2016 @Tancrède et @Wallaby : aucune objection pour le renommage du présent fil. Proposition de titres : "Turquie : stupeurs et tremblements" (je ne suis pas trop sérieux, mais bon...) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
nemo Posté(e) le 14 novembre 2016 Share Posté(e) le 14 novembre 2016 il y a 29 minutes, Tancrède a dit : Même si un jour, faudra vraiment trouver un moyen de rendre les longs fils plus aisément consultables, comme une bibliothèque.... Pas facile parce que cela demande de classer les posts par pertinence en gardant leur chronologie (certain post pouvant être très pertinent en réponse à un post qui l'es beaucoup moins mais qui reste indispensable à la compréhension du premier). Et le nombre de j'aime est pas pertinent vu qu'on l'utilise aussi bien parce qu'on a bien aimé la dernière vanne ou pour dire "je suis d'accord" que pour dire "ça c'est un post bien construit qui amène beaucoup au sujet". Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 14 novembre 2016 Share Posté(e) le 14 novembre 2016 15 minutes ago, Boule75 said: @Tancrède et @Wallaby : aucune objection pour le renommage du présent fil. Proposition de titres : "Turquie : stupeurs et tremblements" (je ne suis pas trop sérieux, mais bon...) "Erdogan et le Sublime Pote" Ou, choquant et novateur: "la Turquie". Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Wallaby Posté(e) le 14 novembre 2016 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 14 novembre 2016 (modifié) http://bipartisanpolicy.org/wp-content/uploads/2015/10/BPC-Turkey-Transformed.pdf (octobre 2015) Rapport magistral de 99 pages en anglais qui explique la genèse de l'islamisme en Turquie depuis les origines jusqu'à la conquête et à l'exercice du pouvoir par l'AKP, avec un suivi étape par étape de la concentration de pouvoir en la personne d'Erdogan jusqu'à octobre 2015. Le texte s'appuie sur de nombreuses notes regroupées dans les 20 dernières pages, offrant ainsi accès à toute une littérature permettant d'approfondir tel ou tel point. Il y a un bon rappel sur Erbakan, sur les différentes variantes de soufisme turc, sur l'influence des islamistes arabes ou pakistanais. Le texte explique aussi en détail des politiques d'islamisation mises en place par l'AKP, surtout depuis 2011. J'avais pris quelques notes éparses : Dans les écoles, tandis que les cours de religion sont étendus en durée, le cours sur "les droits de l'homme, la citoyenneté et la démocratie" n'est plus enseigné (p. 61). Cela donne une indication de quel type d'hommes et de femmes on veut former pour le futur. Le Diyanet, l'administration religieuse, a vu son budget quadrupler, avec un nombre de fonctionnaires supérieur à celui du ministère de l'intérieur, et s'est lancée dans des activités nouvelles comme la certification halal ou la publication de fatwas (p.63). Le directeur du Diyanet et les imams sortent de leur neutralité et s'impliquent politiquement (p.64). Les chiffres officiels indiquent que les meurtres de femmes ont augmenté de 1400% de 2002 à 2009 (p.66). Mais voici une traduction de la synthèse (pages 3 à 8) : Le 7 juin 2015, le parti de la Justice et du Développement (AKP) a perdu sa majorité au parlement, qu'il avait conservée 12 ans. Mais il est de plus en plus clair que perdre une élection ne veut pas dire perdre le pouvoir. Depuis le palais présidentiel, le chef de facto de l'AKP, Recep Tayyip Erdogan s'est assuré qu'aucune autre force politique n'ait une chance de gouverner. Ainsi il a appelé à des élections anticipées et relancé la guerre contre le parti séparatiste des Travailleurs du Kurdistan (PKK) dans une tentative relativement transparente de rassembler le vote turc nationaliste. Si Erdogan et l'AKP réussissent ce pari, ils transformeront vraisemblablement la Turquie. « Aujourd'hui est le jour où la Turquie renaît de ses cendres » a dit Erdogan en accédant à la présidence en août 2014. Mais durant les années de pouvoir de l'AKP, la Turquie avait déjà été transformée, bien que ce ne soit peut-être pas dans le sens que souhaitaient les observateurs occidentaux. Lorsque l'AKP a été créé en 2000, il s'est présenté comme un parti "post-islamiste" abandonnant derrière lui le bagage idéologique des tentatives précédentes qui se terminèrent par des échecs de gouvernements fondés sur la tradition islamiste et comme un mouvement démocratique cherchant obstinément à affaiblir la mainmise des élites retranchées dans leurs positions dans l'État turc. Avec cette mission, l'AKP a recueilli la bonne volonté de l'Occident et des libéraux turcs. Quinze ans plus tard, le comportement de l'AKP oblige à reconsidérer ce postulat. La "nouvelle Turquie" d'Erdogan en vient à signifier quelque chose d'autre que la démocratie consolidée que l'AKP promettait. Au contraire, dans les affaires intérieures, les politiques du gouvernement turc sont devenues fortement autoritaires et répressives, tout en se colorant de rhétorique islamique. Dans les affaires étrangères, les politiques sont de moins en moins alignées sur celles des alliés occidentaux de la Turquie, et de plus en plus anti-occidentales et de nature confessionnelle. La "nouvelle Turquie" mise en avant par l'AKP semble avoir plus de points communs avec le mouvement Milli Görüs d'où il est issu, qu'avec le parti réformiste et démocratisant qu'il prétend être. Pour comprendre la Turquie d'aujourd'hui et sa trajectoire future plausible, il est crucial de déterminer lequel de ces deux AKP - le parti post-islamiste de l'espoir libéral, ou les autocrates de la Nouvelle Turquie - est le vrai. Qu'est-ce qui n'a pas marché ? Le projet de l'AKP a-t-il déraillé à cause de l'ostracisme occidental, ou bien comme certains le prétendent, à cause des excès de son chef de plus en plus narcissique ? Ou bien le problème n'est-il pas que les observateurs aussi bien occidentaux que turcs ont fait une mauvaise lecture de l'AKP dès le départ en ne voyant que ce qu'ils voulaient y voir ? La plateforme initiale libérale et démocratique de l'AKP était-elle une façade et un instrument tactique ? Ses objectifs réels étaient-ils dès le départ le projet autocratique et islamiste qu'il met en avant aujourd'hui ? Ces questions ne peuvent avoir de réponse sans étudier les liens et les attitudes qu'il a avec la tradition d'où il a émergé ainsi que les causes de sa rupture apparente avec ses ancêtres politiques. Cela nécessite d'enquêter sur deux questions particulières, qui n'ont reçu que peu d'attention dans le monde scientifique. La première est l'origine idéologique du mouvement Milli Görüs, l'ancêtre politique des islamistes turcs modernes. La seconde est la rupture qui s'est produite dans le mouvement islamiste entre 1998 et 2000, lorsque l'AKP a commencé à renaître des cendres après la dissolution administrative du parti de la Vertu et que le premier ministre Necmettin Erbakan fut renversé par les militaires turcs. Cette étude permettra une analyse mieux informée des 12 ans au pouvoir de l'AKP et de son agenda politique, éclairant les ambitions politiques qui guident sa quête de la Nouvelle Turquie. Ce qui émerge est l'image d'une remarquable continuité : les personnages principaux de l'islam politique turc ont tous trempé dans une vison du monde anti-impérialiste, antisémite, et anti-occidentale. Et, tandis que l'AKP a accédé au pouvoir en déclarant être en rupture avec cette tradition, ses chefs ont transformé les tactiques politiques du mouvement tout en préservant ses objectifs et ambitions idéologiques. Les origines idéologiques de l'AKP Durant les huit premières décennies de l'existence de la République turque, l'islam politique a bataillé pour établir une tête de pont dans la vie publique du pays. Il avait été exclu systématiquement durant la période kémaliste, mais il fut réautorisé lentement à sortir de cette mise à l'écart lorsque la guerre froide fit de l'islam un rempart contre l'ennemi principal : le communisme. Il fallut attendre qu'Erbakan réussît à mobiliser la bourgeoisie anatolienne, puis fît des incursions dans les classes laborieuses sous une bannière idéologique unifiée - celle du mouvement Milli Görüs - pour que l'islam politique émerge comme force politique indépendante. Une étude plus approfondie du Milli Görüs suggère que ce mouvement est beaucoup plus radical qu'on le postule habituellement. Dirigé par Erbakan, ce mouvement a pour origine la branche Khalidi de l'ordre Naqshbandi, qui est devenue graduellement une force sociale dominante dans les cercles islamiques turcs. Cet ordre se distingue de la plupart des ordres soufis par son fort attachement à la charia et à sa nature politique. Au XIXe siècle, il importa du Moyen-Orient des idées islamiques orthodoxes, dans une Turquie qui était restée attachée à des pratiques plus modérées. En outre, le mouvement islamiste turc s'inspira de sources étrangères : au début du XXe siècle, du fascisme européen, et après la seconde guerre mondiale, des mouvement des Frères Musulmans et de ses filiales. Ainsi ce n'est pas une surprise que le Milli Görüs fût fortement engagé dans l'islamisation de l'État, fortement imprégné de concepts anti-occidentaux, et traversé de théories du complot antisémites. La domination d'Erbakan sur l'islam politique turc a duré 30 ans. Son succès, y compris son accession au poste de Premier Ministre d'un gouvernement de coalition en 1996, a été rendu possible par sa capacité à toujours trouver, prospecter, recruter de nouveaux types d'électorat sous la bannière idéologique islamiste de son parti. Son mandat de Premier Ministre s'est cependant arrêté brutalement quand les militaires sont intervenus pour écraser son flagrant agenda islamiste. Ce moment historique - travailler pendant trente ans pour monter au pinacle du pouvoir et finalement se retrouver au tapis au bout d'un ans - a eu un impact significatif sur la jeune génération des islamistes turcs. Le changement d'image de marque (rebranding) de l'islamisme opéré par l'AKP a procédé en tirant les leçons de ces erreurs et en développant de nouvelles tactiques pour ne pas les répéter. Le choc de l'éviction d'Erbakan a conduit les intellectuels islamistes à réexaminer leur approche idéologique de la politique et a instigué une évolution apparente dans leur pensée. Jusqu'à la fin des années 1990, la vision du monde islamiste dominante incluait un rejet de l'Occident, de la démocratie et de la modernité. Après le coup d'État de 1997, ces idées subirent des changements rapides. Les penseurs islamistes conclurent qu'à la suite des événements de 1997, il était devenu nécessaire d'embrasser la démocratie et de soutenir l'UE pour promouvoir l'islam, puisque c'était la seule façon d'avoir le dessus sur l'appareil d'État qui avait évincé Erbakan. Au même moment, le coup d'État de 1997 fit pencher la balance dans les cercles occidentaux en faveur d'une vision où c'est l'État turc et son autoritarisme laïc qui sont le principal problème, plutôt que les islamistes, eu égard à la démocratisation et à l'intégration européenne de la Turquie, ce qui fournit une opportunité stratégique permettant aux islamistes turcs d'obtenir la bonne volonté de l'Occident. L'AKP est rené des cendres de l'échec d'Erbakan. Bien qu'il émergea du mouvement Milli Görüs, les chefs de l'AKP prétendirent qu'ils avaient laissé ce bagage idéologique derrière eux, le présentant comme un parti "post-islamiste" d'authentiques démocrates qui cherchaient à vaincre un régime sclérosé, semi-autoritaire de "tutelle" par l'armée turque et par les hauts-fonctionnaires. Les libéraux turcs - qui en étaient venus à conclure que l'autoritarisme de l'État turc était le résultat d'une classe dirigeante occidentalisée, culturellement étrangère à son propre pays, violant la culture, la religion et les traditions des Musulmans - embrassèrent ce fil narratif et crurent que la montée des conservateurs religieux "opprimés" apporterait la liberté. De la même façon, l'engagement apparent de l'AKP à réaliser des réformes démocratiques, l'adhésion à l'UE, et l'alliance avec les États-Unis conduisirent la plupart des dirigeants et des analystes occidentaux à prendre cette transformation pour argent comptant. Rétrospectivement, la vitesse de la transformation et sa nature intéressée nous conduit à douter de sa sincérité. Il apparaît qu'une portion considérable de la logique transformatrice du mouvement islamiste était tactique. Des personnages de premier plan l'admirent, notant que leurs idéaux avaient été vaincus et qu'il était temps de passer à autre chose, sans quoi ils ne parviendraient jamais au pouvoir. Le projet de "Nouvelle Turquie" : autoritarisme et islamisation Les racines idéologiques de l'AKP ne disent qu'une partie de l'histoire. Il doit aussi être jugé sur la base des résultat de sa politique au gouvernement. Ces résultats sont de plus en plus cohérents avec la description faite ci-dessus d'un fervent mouvement islamiste qui embrasse la mécanique technique de la démocratie électorale, mais pas ses valeurs sous-jacentes, et subit un processus de changement d'image pour se rendre plus appétissant pour ses électorats nationaux et ses soutiens internationaux. Le projet de "Nouvelle Turquie" peut, d'un point de vue analytique, être divisé en trois domaines : politique, culturel et économique, dans lesquels le pays qui se construit diffère considérablement de la Turquie du passé. Le système politique que les chefs de l'AKP s'appliquent à mettre en œuvre est clairement illibéral et autocratique, traitant le soutien du public pour leur gouvernement comme une chose qui doit être fabriqué dans des élections qui peuvent être libres mais certainement pas équitables. Ce système politique doit être consolidé par un changement culturel, une Turquie que le gouvernement cherche à rendre solidement islamique dans ses valeurs et sa vision du monde. Et l'économie de cette nouvelle Turquie est essentiellement un système de capitalisme de copinage sous le contrôle du parti. Tandis qu'Erdogan et l'AKP ont réussi à détruire une forme semi-autoritaire de gouvernement, dès qu'ils eurent évincé les anciens gouvernants, ils commencèrent immédiatement à promouvoir une forme de gouvernement présidentiel sans contre-pouvoirs, un système du pouvoir d'un seul homme conçu sur mesure pour Erdogan. Autrement dit, l'AKP a cherché à construire une autre forme de gouvernement semi-autoritaire pour remplacer le régime de tutelle militaire. Jusqu'à présent, ils ont échoué à constitutionnaliser ce système. Pourtant Erdogan a de facto réussi à imposer ce système à la Turquie, et pendant ce temps, a conservé le squelette du système de tutelle. Remarquablement, Erdogan tente maintenant de sanctuariser ce système par la loi, déclarant que "qu'on le veuille ou non, le système administratif de la Turquie a changé. Maintenant, ce qu'il faut faire c'est mettre à jour cette situation de facto dans le cadre légal de la constitution". En plus de la dérive autoritaire, Erdogan et l'AKP se sont embarqués dans une islamisation graduelle de la société turque. Avant 2012, l'islamisation de la Turquie était surtout opérée au moyen du changement de la structure des incitations dans la société : les barbes et les voiles étaient tantôt subtilement, tantôt moins subtilement encouragés ou requis pour obtenir des emplois dans le secteur public ou pour obtenir des contrats publics. Dans le même temps, il était possible de discerner un effort subtil mais puissant d'islamisation, en particulier dans les petites villes d'Anatolie où la pression sociale soutenue par l'État rend plus sage de jeuner pendant le Ramadan, de fermer les boutiques pendant la prière du vendredi, et de s'abstenir d'alcool, dans le meilleur cas où l'on peut encore s'en procurer. Depuis 2011, l'islamisation de la Turquie se fait de plus en plus ouvertement. L'AKP, dont le chef a déclaré son intention de former des "générations pieuses", a entrepris des réformes majeures pour islamiser chaque secteur du système éducatif turc. Sous l'empire des réformes éducatives de l'AKP, le nombre d'heures d'éducation religieuse obligatoire à l'école s'est accru, et des dizaines de milliers d'étudiants ont été orientés vers les écoles religieuses. De même, la croissance rapide tant en taille qu'en influence de la Direction des Affaires Religieuses - qui est en réalité une direction nationale de l'islam sunnite - appose un sceau officiel aux admonestations toujours plus nombreuses du gouvernement de vivre selon la doctrine islamique sunnite, fournissant des décrets religieux gouvernant la vie de tous les jours des citoyens. Le gouvernement a travaillé activement à la réduction de la participation des femmes à la vie publique, faisant des déclarations sur la façon dont les femmes doivent vivre leur vie, depuis le nombre d'enfants qu'elles devraient avoir jusqu'à la maternité qui devrait être la seule carrière de la femme. De plus en plus de rhétorique misogyne du gouvernement AKP a fait le pendant à des taux de violence domestique en hausse, et à des cas d'attaques brutales contre les femmes qui défraient la chronique. Dans le domaine économique, l'AKP a construit un système économique fondé sur le capitalisme de copinage, déracinant les grandes entreprises établies de longue date à l'orientation occidentale, pour cultiver une nouvelle classe d'entreprises islamiques loyales, les soi-disant "tigres anatoliens". Conclusions et conséquences La Turquie et l'AKP semblent bénéficier d'une opinion unanime parmi les observateurs washingtoniens. En 2003, l'espoir d'un chapitre nouveau, plus démocratique dans l'histoire politique turque était partagé largement, et pas seulement à Washington. Arrivé début 2014, l'opinion commença à changer et lors des élections parlementaires de juin 2015, un nouveau consensus avait reconnu le caractère de plus en plus autoritaire qu'avait pris la direction du pays. Mais une telle unanimité cache une certaine superficialité de l'analyse. Les observateurs ont rarement mis en œuvre une réflexion profonde sur ce que le fait que l'AKP ne réussisse pas à être à la hauteur des espoirs qu'il avait suscité signifie pour notre compréhension de la Turquie et de l'AKP lui-même. Déterrer comme nous l'avons fait dans cette étude les origines idéologiques et politiques de l'AKP permet de faire la lumière sur la situation actuelle de la Turquie et sa trajectoire future. Ce faisant, cela offre aussi des éclairages sur les postulats myopes ou sans fondements qui sous-tendent la réflexion de politique étrangère sur la Turquie dont il faut tenir compte pour les prochaines étapes des décideurs de politique étrangère. Conclusions Continuité et non rupture L'AKP s'est présentée en 2002 comme un nouveau parti "post-islamiste" qui avait rompu avec ce courant de l'islamisme politique turc. Il y a peu de doute aujourd'hui qu'une portion considérable de la logique sous-tendant la transformation du mouvement islamiste était tactique. Des personnages de premier plan l'ont même admis, notant que leurs idéaux avaient été mis en échec et qu'il était temps de tourner la page, sans quoi ils ne seraient jamais en mesure de parvenir au pouvoir. Des transformations déjà en oeuvre L'AKP a engagé un effort concerté et soutenu dans le temps pour construire une Turquie qui diffère considérablement de celle qui a existé durant les 9 dernières décennies. Déjà, la Nouvelle Turquie promue par l'AKP est en marche et la nature des transformations que l'AKP a lancées suggère que quelle que soit l'équipe au pouvoir, cela aura des répercussions dans le futur. Une idéologie partagée, pas seulement une ambition personnelle Tandis que la quête par Erdogan d'un système politique autoritaire se dissimule de moins en moins - avec le sacrifice de l'État de droit, des libertés civiles, et des anciens alliés dans le but de la centralisation du pouvoir - l'espoir qu'il soit remis en question par un adversaire interne à l'AKP est mis en avant. Mais tandis que les ambitions personnelles d'Erdogan et les relations sous tension au sein de la direction de l'AKP ont certainement contribué à la trajectoire suivie par la Turquie ces dernières années, elles ne constituent qu'une partie de l'histoire. Bien que l'irritabilité d'Erdogan, ses méthodes osées, son impétuosité pourraient être des traits de caractère singuliers au sein de l'AKP, cela ne veut pas dire que les buts qu'il vise ne sont pas partagés largement ni informés par une vision du monde qui prévaut au sein du parti. La démocratie déformée L'AKP était considéré - en Turquie et en Occident - comme une force de démocratisation non pas simplement à cause des politiques qu'il mettait en avant. Il a aussi joué sur un diagnostic des pathologies des institutions politiques turques qui était devenu communément admis parmi l’intelligentsia libérale durant les années 1990 et qui semblait prouvé par le coup d'État de 1997, à savoir qu'il existait une opposition structurelle et une aliénation culturelle entre l'État turc et la société. La montée de l'AKP s'est déroulée dans un contexte intellectuel qui préparait à accepter la vision de l'AKP d'une civilisation islamique turque comme une mission de démocratisation. Mais cette conception à la fois des pathologies du système politique turc et de la façon de les guérir confond les institutions et la culture. En tentant d'identifier un acteur social particulier qui représenterait toute la Turquie, les libéraux ont ignoré la pluralité des ethnicités, des confessions religieuses, et des identités qui constituent la société turque moderne. Conséquences Une transformation durable La nature des transformations que l'AKP a mises en route suggère que même si les stratagèmes d'Erdogan pour maintenir son parti au pouvoir échouent, les répercussions de ses 12 ans de pouvoir continueront à se faire sentir dans le futur. Déjà, les institutions de base de la démocratie sont de plus en plus compromises en faveur d'une mainmise sur le pouvoir par le président. Cette érosion de l'État de droit et des libertés civiles non seulement se poursuivra tant qu'Erdogan sera au pouvoir, mais elle pourrait établir un précédent pour les futurs détenteurs du pouvoir. Pourquoi accepteraient-ils les contraintes démocratiques une fois que la présidence a été détachée de ses amarres constitutionnelles ? De même, les politiques sociales de l'AKP, bien que non coercitives pour l'instant, ont été conçues pour affecter l'identité sociale à long terme. L'interprétation de la religion qui est transmise par les canaux officiels correspond de plus en plus à la compréhension de l'islam sunnite embrassée par l'ordre Khalidi Naqshbandi : une interprétation fortement idéologique et anti-occidentale de l'islam. Et, si Erdogan et l'AKP restent au pouvoir, ce n'est probablement qu'une question de temps avant que des éléments coercitifs du projet sociétal n'apparaissent. L'héritage de la polarisation et de l'instabilité La première décennie du pouvoir AKP a été accompagnée d'une croissance économique et de la promesse d'un processus de paix qui améliorerait grandement le problème kurde. Mais son héritage sera complètement l'inverse. Erdogan et l'AKP font risquer à la Turquie une instabilité interne de longue durée. Le partenariat américano-turc maltraité Le défi que doivent affronter les décideurs politiques américains dans la relation avec la Turquie est d'équilibrer les priorités tactiques de court terme avec les priorités stratégiques de long terme. Cependant, avec un conflit confessionnel compliqué qui fait des métastases dans toute la région, la politique américaine s'est surtout focalisée sur les défis régionaux immédiats, et sur le rôle qu'Ankara pourrait y jouer, plutôt que sur les développement politiques et sociétaux qui se déroulent en Turquie même. Il en résulte que la dérive idéologique turque s'est déroulée dans le contexte plus large d'un encouragement américain des projets turcs. Maintenant, ce qui était autrefois un partenariat stratégique, a été réduit à, au mieux, une relation instrumentale. Modifié le 14 novembre 2016 par Wallaby 6 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Boule75 Posté(e) le 14 novembre 2016 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 14 novembre 2016 @Wallaby : super boulot, merci. A la lumière de cet écrit, la demande répétée d'Erdogan d'obtenir pour ses compatriotes une liberté totale de circulation dans l'UE par abrogation des visas apparaît comme un objectif majeur. Il s'agit de coloniser. 5 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 14 novembre 2016 Share Posté(e) le 14 novembre 2016 il y a 4 minutes, Boule75 a dit : @Wallaby : super boulot, merci. A la lumière de cet écrit, la demande répétée d'Erdogan d'obtenir pour ses compatriotes une liberté totale de circulation dans l'UE par abrogation des visas apparaît comme un objectif majeur. Il s'agit de coloniser. Cela fait plusieurs semaines que j'ai lu ce rapport en entier, donc j'ai pu oublier depuis, mais je n'ai pas souvenir que la question de la présence d'une immigration turque en Europe y était abordé. Je dirais même que c'est peut-être un angle mort de la réflexion américaine sur ce sujet. Sur les problèmes que pose ou ne pose pas la présence d'une immigration turque importante en Allemagne, je renvoie à tout ce que j'ai posté précédemment sur ce sujet dans ce fil ou dans le fil Allemagne. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
collectionneur Posté(e) le 14 novembre 2016 Share Posté(e) le 14 novembre 2016 @Wallaby Concernant les meurtres touchant les femmes, les chiffres ''officiels'' font état d'énormes différences d'une année sur l'autre : 66 en 2002, 1126 en 2009, 155 en 2012 http://mobile.lemonde.fr/europe/article/2015/02/17/la-turquie-rattrapee-par-la-recrudescence-des-violences-faites-aux-femmes_4577706_3214.html?xtref=acc_dir Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Coriace Posté(e) le 15 novembre 2016 Share Posté(e) le 15 novembre 2016 Il y a 14 heures, Boule75 a dit : @Wallaby : super boulot, merci. A la lumière de cet écrit, la demande répétée d'Erdogan d'obtenir pour ses compatriotes une liberté totale de circulation dans l'UE par abrogation des visas apparaît comme un objectif majeur. Il s'agit de coloniser. Ravi d'enfin lire un post clairvoyant quant à l'immigration issue de pays structurés à forte démographie. Il y a aussi la tactique Marocaine qui grâce à sa diaspora organise une fuite de fonds tout sauf négligeable (4md € pour la France 1 pour les Pays Bas). Quand certains auront compris qu'on efface pas la culture (et le mepris entretenu pour les autres ) de qqun en lui donnant un bout de papier on évitera peut être l'élection massive de populistes en Europe. L'Allemagne de façon très surprenante est le plus grand cheval de Troyes de cette politique mais semble peu à peu s'en remettre (déclaration de Merkel qui admets que l'accueil massif était une erreur et proche reconnaissance du génocide Arménien après s'être rendu compte que les Loups Gris étaient présents dans les institutions Allemandes, pas besoin de faire allusion à certains députés """belge""" et à leurs décorations par l'AKP quand ils défendent officiellement des positions "socialiste" en Belgique). 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
alpacks Posté(e) le 15 novembre 2016 Share Posté(e) le 15 novembre 2016 Il y a 13 heures, Boule75 a dit : @Wallaby : super boulot, merci. A la lumière de cet écrit, la demande répétée d'Erdogan d'obtenir pour ses compatriotes une liberté totale de circulation dans l'UE par abrogation des visas apparaît comme un objectif majeur. Il s'agit de coloniser. Le truc flippant dans cette possibilité que le réel blocage entre la Turquie et l'UE soit la question d'une libre circulation des turcs dans l'UE, c'est que cette volonté a hélas un très fort parallèle avec la stratégie d'islamisation de l'Europe voulue par Daech ... Plus on avance, et + Erdogan apparait comme un allié naturel de Daech avec des coïncidences devenues beaucoup nombreuses pour se permettre encore de "douter" Et un truc qui me fait tiquer : En 2011 lors des émeutes sunnites au nord Irak avant l'intronisation d'ISIS, il se disait beaucoup entre sunnites que la région du moyen orient allait être massivement réorganisée entre musulmans pour permettre la création d'un espace économique futur (tel l'UE) d'alliés économiques qui irait de Badgad a Ankara (et monarchies arabes inclues bien entendu), mais la je parle simplement des fantasmes qui existaient chez la population sunnite en révolte contre Bagdad et qui était aussi très écoeurée et jalouse de la réussite économique des kurdes a Erbil qui ont réussi a faire de leur petite capitale : La ville la + attractive du moyen orient grace a la remise en exploitation des vieux champs pétroliers Alors évidemment on se doute bien que les turcs eux n'ont rien fantasmé quand a Erbil, forcément ... Par contre, moi je trouve très étrange ce parallèle et cette volonté de créer a l'époque un espace économique commun dans le but de concurrencer l'UE : La Turquie a forcément été vecteur du rêve, vecteur de la volonté de réunir tout ce petit monde dans un intérêt commun après son rejet dans les négociations avec l'EU dans une sorte de volonté de créer leur propre UE a coté de chez eux et islamiquement compatible en + ! Et c'est la que le parallèle avec Daech a beaucoup trop de coincidences, car quel est la volonté de Daech ? Recréer un espace islamique du type califat qui a grosso modo les mêmes contours géographiques ... + on avance et + Daech apparait comme un instrument turc, je ne dis pas que les turcs l'aurait crée, mais il parait de + en + évident que la Turquie surf sur les conséquences de Daech pour essayer de s'imposer dans la région + grave encore : Comment ça se fait que la Turquie n'a jamais décidé dès l'apparition de Daech et de son djihad morbite : Une intervention militaire immédiate pour tuer un tel danger dans l'oeuf ? N'importe quelle puissance régionale avec les mêmes moyens que la Turquie aurait compris illico le danger et serait intervenu : Ils ne l'ont pas fait ... Comment ça se fait que les turcs ont si massivement complices de l'écoulement des marchandises a bas prix exportées par Daech ? Alors certes aux échelles individuelles on comprend rapidement que la simple corruption suffit a l'expliquer puisque cela a été une belle occasion pour beaucoup de monde dans l'administration turque de toucher du bon backshich, mais a l'échelle de l'état et au vu des problèmes que cela allait apporter avec l'OTAN, russes & US : La logique aurait voulu qu'ils fassent un gros nettoyage rapide dès constat : Ils ne l'ont pas fait ... Comment ça se fait que la Turquie a été aussi passive devant les attentats perpétrés mais dont on saura jamais vraiment qui en étaient les auteurs car jamais revendiqués ? La Turquie d'Erdogan hélas, laisse beaucoup trop de questions étranges vis a vis de Daech pour douter encore : Au minimum ils sont alliés objectifs ... Au pire des cas : Daech une création turque qui a dérapé pour faire pression sur l'UE dans les négociations d'adhésion a l'origine ? 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Conan le Barbare Posté(e) le 15 novembre 2016 Share Posté(e) le 15 novembre 2016 Attention à ne pas sous estimé le conflit racial entre Turcs et Arabes... Seul un descendant du prophète peut être Calife, de fait Daesh considère les Califas Turcs et Chiites comme nul et blasphématoire... Et de leur côté les Turcs ont une tradition racialiste (et raciste) qui fait qu'ils se considère comme un peuple Élu... Bref ça promet pour le futur tout ça. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
prof.566 Posté(e) le 15 novembre 2016 Share Posté(e) le 15 novembre 2016 Rajoute à cela que Saladin était kurde... 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Chaps Posté(e) le 16 novembre 2016 Share Posté(e) le 16 novembre 2016 Je verrai bien un axe Turquie-Pakistan-(Russie au cas par cas). Ca ferait 400 millions d'habitants soit proche des 440 de l'UE post Brexit. Avec un fournisseur d'énergie , 2 de technologie (la Turquie progresse vite en techno) et deux pieds dans le monde Sunnite. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 16 novembre 2016 Share Posté(e) le 16 novembre 2016 http://www.eurotopics.net/fr/169644/le-ministre-allemand-des-affaires-etrangres-a-ankara (16 novembre 2016) Le président avait indiqué dès lundi que la Turquie pourrait organiser un référendum sur une rupture des négociations d'adhésion du pays à l'UE. Ce serait l'épilogue d'une histoire tragique, déplore Hürriyet Daily News : «Si l'AKP avait entamé sa vie politique en appelant un establishment autoritaire à mener des réformes et à accorder davantage de droits et de libertés, il s'était empressé ensuite d'établir son propre establishment autoritaire. Les normes européennes, jadis attractives, s'apparentent aujourd'hui pour l'AKP à une 'tutelle' exaspérante. C'est la raison pour laquelle l'AKP a élaboré un discours anti-occidental, dans lequel il récuse ces normes dont il avait su profiter jadis, les qualifiant d'immixtion impérialiste dans les affaires du pays. Cela ne veut pas dire que les représentants de l'UE ont toujours fait de leur mieux pour améliorer ces relations. S'ils avaient raison la plupart du temps de réprouver l'autoritarisme du gouvernement, ils ont aussi ignoré certaines dynamiques problématiques et sont apparus parfois peu informés et hors-sujet.» Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 17 novembre 2016 Share Posté(e) le 17 novembre 2016 http://www.liberation.fr/planete/2016/11/16/turquie-ue-erdogan-toujours-maitre-du-jeu_1528891 (16 novembre 2016) Jean Quatremer : L’Allemagne, qui accueille 2,5 millions de personnes d’origine turque, dont un million ont acquis la nationalité allemande, ne cache pas qu’elle craint que cette communauté, très politisée et très attachée à son pays d’origine, ne lui crée des problèmes en cas de rupture avec Ankara. Plus pragmatiquement, le SPD, partenaire de la grande coalition au pouvoir à Berlin, voudra maintenir les canaux ouverts, car les Allemands d’origine turque votent principalement pour les sociaux-démocrates. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 18 novembre 2016 Share Posté(e) le 18 novembre 2016 http://www.zeit.de/politik/ausland/2016-11/tuerkei-festnahme-akademiker-asylantraege-bamf (18 novembre 2016) 103 universitaires de l'université technique Yıldız d'Istanbul ont été arrêtés. Le nombre de demandes d'asile politique de Turcs en Allemagne s'élève à 4437 de janvier à octobre 2016, contre 1767 en 2015. Cela inclut des militaires turcs de la base de l'Otan de Ramstein. Le Bade-Würtemberg prévoit un budget d'1 million d'euros pour accueillir comme chercheurs invités des universitaires turcs menacés. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 21 novembre 2016 Share Posté(e) le 21 novembre 2016 Dire que certain pensait encore la Turquie deviendrait naturellement germano compatible. Quote L’indignation est générale en Turquie. Même la Kadem (Association des femmes et de la démocratie) – dont la vice-présidente, Summeyye Erdogan Bayraktar, est la fille cadette du président turc – a tenu à prendre ses distances vis-à-vis d’un texte que les opposants les plus déchaînés dénoncent comme « une légitimation des abus sexuels sur mineures ». Près d’un million de protestataires ont déjà signé une pétition en ligne en demandant sa suppression. Voté le 18 novembre en première lecture par le Parti de la justice et du développement (AKP), la formation islamo-conservatrice au pouvoir depuis 2002, le projet de loi, qui devrait être de nouveau examiné ces prochains jours par le Parlement, prévoit d’annuler, dans certains cas, la condamnation pour agression sexuelle sur mineure – sauf « en cas de violence et de menace » – si l’auteur de l’agression épouse la victime. « On pardonne à celui qui épouse l’enfant qu’il a violée », résume dans un Tweet Özgür Özel, député du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), la principale force de l’opposition de gauche. Mais la droite nationaliste du Parti d’action nationaliste (MHP), alliée le plus souvent de l’AKP, est tout aussi critique. Mariages précoces La Cour constitutionnelle avait déjà approuvé, en juillet, le retrait d’un article du code pénal considérant tout acte sexuel avec une enfant de moins de 15 ans comme un « abus sexuel ». Nouvel indice de la dérive ultraconservatrice et religieuse du pouvoir turc, cette loi viserait, selon ses promoteurs, à trouver une solution « de justice » pour les mariages précoces. « Il y en a qui se marient avant d’avoir atteint l’âge légal parce qu’ils ne connaissent pas la loi ; ils ont des enfants mais le père va en prison et alors les enfants restent seuls avec la mère », s’est justifié le premier ministre, Binali Yildirim, expliquant que la mesure ne s’appliquerait qu’aux mariages contractés avant le 11 novembre de cette année. Si l’âge minimum pour convoler en Turquie est de 17 ans – et 16 ans avec une dérogation d’un juge dans des cas exceptionnels –, les mariages précoces restent une réalité dans les zones les plus arriérées du pays où des jeunes filles de 15 ans voire parfois de 11 ans épousent, sous la pression des familles, des garçons de leur âge ou des hommes beaucoup plus vieux. « Il y a actuellement 4 000 procédures judiciaires ouvertes après signalisation de la part de l’école ou de l’hôpital où a accouché la jeune fille », explique Canan Güllü, la présidente de l’Association des fédérations de femmes. Mais le nombre de ces mariages serait beaucoup plus important. « C’est malheureusement une réalité et, même si nous ne l’approuvons pas et si nous la combattons, il faut trouver une solution au problème », affirme le ministre de la justice, Bekir Bozdag, pour justifier le projet de loi controversé. « Un mauvais message » Ces laborieuses justifications des autorités sont loin d’avoir suffi à calmer les esprits. Il y a le principe d’une telle loi qui selon ses adversaires donne « un mauvais message ». « Même si on permet finalement un mariage prétendument réparateur, la jeune fille violée adolescente par un homme de 50 ou 60 ans restera de fait pour toute sa vie dans ce couple comme dans une prison », souligne Ömer Süha Aldan, député CHP de Mugla. Il y a aussi toutes les ambiguïtés du texte et notamment la difficulté à déterminer sur une base légale s’il y a eu ou non « contrainte ». « Comment la volonté propre d’une jeune fille mineure peut-elle être identifiée ? », souligne la Kadem, qui comme les autres organisations de femmes craint de nouveaux abus. « Il est impossible de garantir qu’il y a en réalité consentement plein et informé de la fille et non seulement de sa famille », déclare, à l’Agence France-Presse, Gauri van Gulik, directrice adjointe d’Amnesty International Europe. L’Unicef, par la voix de son porte-parole, Christophe Boulierac, a aussi exprimé sa « profonde inquiétude ». Face à l’ampleur des protestations, les autorités turques pourraient pour une fois faire machine arrière. Le premier ministre a appelé l’AKP à reprendre langue avec l’opposition pour modifier le texte avant le nouveau vote. Marc Semo Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Skw Posté(e) le 21 novembre 2016 Share Posté(e) le 21 novembre 2016 (modifié) il y a 12 minutes, g4lly a dit : Dire que certain pensait encore la Turquie deviendrait naturellement germano compatible. Suffit de remplacer Genghis Khan par Er-do-Ghan, de modifier quelque peu les paroles, de trouver des tenues traditionnelles ottomanes pour les danseurs, d'envoyer le tout à l'Eurovision et la Turquie deviendra naturellement germano compatible. Modifié le 21 novembre 2016 par Skw Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Barristan-Selmy Posté(e) le 22 novembre 2016 Share Posté(e) le 22 novembre 2016 Documentaire sur Erdogan ce soir sur Arte si ça en intéresse certains : "Erdogan, l'ivresse du pouvoir." Il semble déjà dispo sur leur site internet : http://www.arte.tv/guide/fr/070096-000-A/erdogan-l-ivresse-du-pouvoir 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
capmat Posté(e) le 22 novembre 2016 Share Posté(e) le 22 novembre 2016 il y a 25 minutes, Barristan-Selmy a dit : Documentaire sur Erdogan ce soir sur Arte si ça en intéresse certains : "Erdogan, l'ivresse du pouvoir." Il semble déjà dispo sur leur site internet : http://www.arte.tv/guide/fr/070096-000-A/erdogan-l-ivresse-du-pouvoir Monsieur Erdogan joue sa partie, mais la partie s'accélère car d'autres jouent la leur. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Coriace Posté(e) le 22 novembre 2016 Share Posté(e) le 22 novembre 2016 Oui puis sa partie est aussi de faire du seul exemple de pays musulman potentiellement développé un exemple pire que l'Arabie saoudite et je pèse mes mots. C'est hallucinant ils attaquent tout azimut sur des points délirants. Et l'aller retour sur la quasi légalisation de la pédophilie et du viol à du permettre de faire passer une xieme purge ou une loi scélérate de plus. Je le dis souvent mais Erdogan est surprenant d'intelligence et de sens politique. On oublie souvent qu'il a fait revenir le nationalisme Turc à un niveau immense en commençant par attribuer aux Kurdes et villes Kurdes le droit de donner le noms de héros locaux ( y compris potentiellement relativement turcophobes ). Et il a même réussit à lobotomiser la gauche et à détruire l'embryon de " gauche supra ethnique" qui apparaissait tout en purgeant l'influence de Gulen , d'Osmanoglu et l'image d'Ataturk. Sur le plan de l'autocratie je ne vois pas "meilleur" que lui mondialement. Il le fait un peu penser à Staline sur le côté benêt (joueur de foot à la base hein) qui se révèle stratège. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
capmat Posté(e) le 23 novembre 2016 Share Posté(e) le 23 novembre 2016 (modifié) Il y a 14 heures, Coriace a dit : Oui puis sa partie est aussi de faire du seul exemple de pays musulman potentiellement développé un exemple pire que l'Arabie saoudite et je pèse mes mots. C'est hallucinant ils attaquent tout azimut sur des points délirants. Et l'aller retour sur la quasi légalisation de la pédophilie et du viol à du permettre de faire passer une xieme purge ou une loi scélérate de plus. Je le dis souvent mais Erdogan est surprenant d'intelligence et de sens politique. On oublie souvent qu'il a fait revenir le nationalisme Turc à un niveau immense en commençant par attribuer aux Kurdes et villes Kurdes le droit de donner le noms de héros locaux ( y compris potentiellement relativement turcophobes ). Et il a même réussit à lobotomiser la gauche et à détruire l'embryon de " gauche supra ethnique" qui apparaissait tout en purgeant l'influence de Gulen , d'Osmanoglu et l'image d'Ataturk. Sur le plan de l'autocratie je ne vois pas "meilleur" que lui mondialement. Il le fait un peu penser à Staline sur le côté benêt (joueur de foot à la base hein) qui se révèle stratège. J'ai regardé avec beaucoup d'attention le documentaire "Erdogan, l'ivresse du pouvoir" sur Arte. Il n'y a jamais été fait mention de l'Empire Mongole. Le Xinjiang (Chinois) et les Républiques d'Asie Centrale, sauf le Tadjikistan ( anciennes républiques d'URSS ) sont turcophones. Il me semble que le très habile Monsieur Poutine tend la perche au très retors Monsieur Erdogan pour que la Turquie rejoigne l'Organisation du Traité de Shanghai. Si monsieur Poutine réussit cette prouesse, cela lui donnera les moyens d'équilibrer, au profit conjoint de la Russie et de la Turquie, le poids écrasant de la Chine. Il me semble bien que l'Ukraine n'a pas ( encore ?!!! ) rejoint l'Organisation du Traité de Shanghai. Modifié le 23 novembre 2016 par capmat Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
nemo Posté(e) le 23 novembre 2016 Share Posté(e) le 23 novembre 2016 il y a 34 minutes, capmat a dit : J'ai regardé avec beaucoup d'attention le documentaire "Erdogan, l'ivresse du pouvoir" sur Arte. Il n'y a jamais été fait mention de l'Empire Mongole. Le Xinjiang (Chinois) et les Républiques d'Asie Centrale, sauf le Tadjikistan ( anciennes républiques d'URSS ) sont turcophones. Il me semble que le très habile Monsieur Poutine tend la perche au très retors Monsieur Erdogan pour que la Turquie rejoigne l'Organisation du Traité de Shanghai. Si monsieur Poutine réussit cette prouesse, cela lui donnera les moyens d'équilibrer, au profit conjoint de la Russie et de la Turquie, le poids écrasant de la Chine. Il me semble bien que l'Ukraine n'a pas ( encore ?!!! ) rejoint l'Organisation du Traité de Shanghai. Il faudrait d'abord que la Turquie quitte l'Otan ce qui n'est pas fait loin de là. Et à moins d'un renversement de régime (et encore) en Ukraine celle-ci ne rejoindra jamais l'OTS. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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