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Teenytoon

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Tout ce qui a été posté par Teenytoon

  1. L'argument du retard à cause du COVID 19 est battu en brèche par Dassault qui a livré en avance ses Rafale indiens à cette même époque.
  2. Teenytoon

    La sarabande des Canadair

    Je n'aime pas ça ayant le service public dans l'âme, mais en plus le reste de l'année les Super Puma n'ont pas besoin d'être détenu en propre ils peuvent aller faire leur boulot dans le privé. C'est beaucoup plus flexible qu'une flotte patrimoniale d'avions spécialisés. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, je ne pense pas que les canadairs n'ont plus aucun avenir bien au contraire, mais le renforcement de la flotte passera peut-être par l'hélicoptère plus que par l'avion.
  3. Teenytoon

    La sarabande des Canadair

    Un Canadair c'est 6000 l d'eau avec nécessité d'un bord de mer, d'un bras du Rhône ou d'un lac ayant des caractéristiques minimum bien précises. Un Super Puma c'est 5000 litres d'eau écopable dans n'importe quelle gouille ayant au moins deux mètres de profondeur. Un dash c'est 10000 litres d'eau (ou de retardant) remplissable sur un pélicandrome. Rajoutez dans l'équation le temps de transit entre un lac homologué, un pélicandrome ou n'importe quelle gouille et vous comprendrez rapidement que les "seulement" 5000 l du Super Puma ne sont pas forcément un handicap quand la gouille est à 5 minutes, le lac à 10 et le pélicandrome à 20 + ravitaillement au sol.
  4. Teenytoon

    La sarabande des Canadair

    Il y a aussi autre chose dans le renouvellement de la capacité de bombardement d'eau. Le secteur avion a toujours bloqué tout projet d'hélicoptère bombardier d'eau lourd, les quelques expérimentations qu'il y avait eu n'ont jamais débouché sur un test à grande échelle. L'an dernier le deuxième effet kiss cool de l'ampleur des incendies et de la non omnipotence des avions a amené à louer en urgence des hélicoptères bombardiers d'eau lourds, sans que personne ne puisse s'y opposer vu le contexte d'urgence nationale. Rajoutez à cela qu'à l'issue de la saison 2022 l'inspecteur général des sapeurs-pompiers Pradon a été nommé chef du centre opérationnel de gestion interministérielle des crises à Paris (l'équivalent du CPCO de l'AAE). Il s'agit d'un des officiers les plus compétents en termes de feu de forêt et ce n'est pas un hasard. Lui plaide également pour un emploi beaucoup plus généralisé de l'hélicoptère bombardier d'eau lourd.
  5. Teenytoon

    La sarabande des Canadair

    J'aurai dû dire : C'est de la flûte le truc bordelais, c'est de la flûte les aménagement temporaires d'avions de transport militaire et c'est encore de la flûte le truc sur Falcon.
  6. Ou un gonfleur de matelas sur prise allume-cigare.
  7. Teenytoon

    [Rafale]

    Parce que le NGF sortira dix ans après le Rafale F5 si c'est pas vingt ans.
  8. Moi ça me rappelle plutôt un épisode star Wars.
  9. Je sais bien Mais bon courage pour trouver un abri durci !
  10. Je te confirme. En sapeurs-pompiers professionnels il faut 7 ETP pour avoir un poste armé 24/7.
  11. Enfin. Journée type, levé 6h, déjeuner, rassemblement 7h30, départ en pickup ou hélico dans la forêt, patrouille forestière (6 km de lisière dans une journée en forêt c'est déjà très bien) ou noyage de points chauds. Dîner (midi là-bas) tiré du sac, sandwich, barres énergétiques, jusqu'à 4 litres d'eau par jour. Sortie des équipes à partir de 14h30 / 15h jusqu'à 17/18h maxi. Douche, rassemblement consignes du lendemain. 19h Souper. Amplitude de la nuit en cette saison 22h-5h. Il est culturel de ne pas avoir de volets... Travail 3 jours sur 4, 4⁰ jour dédié à gérer la DZ (c'est du boulot avec le nombre de rotations) ou la logistique matérielle. Cornaqués pendant trois jours par les chefs d'équipes de la Sopfeu, après en totale autonomie à part un officier de liaison Sopfeu dans notre PC et des officiers de liaison français aux centres régional, provincial et national de lutte contre les feux. Expérience très très enrichissante à tous points de vue.
  12. Par contre, une logistique à l'américaine !!! 16 pick-up façon RAM, Ford... Jamais moins de 4 hélicoptères dont un Bell 205 (Huey de la guerre du Vietnam) à notre disposition en plus d'un bus 50 places pour les transits, le tout pour 120 bonhommes. On est monté jusqu'à 10 hélicos certains jours sur la DZ. Sauf deux Bell, tout de l'AS 350 toutes versions, A-star, B, BA, B2, B3, vieux, récents, pilotes de sling chevronnés ou plutôt orientés ferry... Base régionale de la Sopfeu à 490 km du camp dont 130 km de piste, mais livraison tous les jours à 10h par camion de la commande log de la veille 15h. Hallucinant. Je t'avais demandé 30 articles, j'en ai reçu 50 ? Ben oui c'est des paquets de 50. Ah mais vous ne les ouvrez pas pour détailler et n'en envoyer que 15 ici parce que quand même 30 ça fait beaucoup ? Ben non pourquoi faire ? ... Pour manger ça se passe comment ? Ben tu prends au self pi tu manges, allons ! Oui mais je peux prendre fromage ET dessert ? Pardon ? Tu prends ce que tu veux je te dis, tabarnak ! Si tu veux trois fromages et cinq desserts tu prends ce que tu veux et si t'en as pas assez quand t'as fini de manger, tu te lèves et tu repasses dans la file prendre ce que tu veux. Ah... Et si je veux deux steacks et du poisson ? Ben tu prends deux steacks et du poisson. Vous êtes bizarres quand même les français.
  13. Sur les conditions, la forêt est hyper dense, épicéa local appelé épinette noire, porte très bien son nom, beaucoup de troncs modestes (20 à 30 cm maxi) mais très serrés. Le sol d'humus est aussi mou qu'un matelas de réception de saut en hauteur quand il n'a pas brûlé. Chaleur souvent supérieur à 30⁰C, humidité permanente des tourbières, lacs, ruisseaux et de pluies façon trombes d'eau régulièrement tous les trois a quatre jours (aide bien pour le noyage des points chauds). Beaucoup d'animaux en forêt, orignal, ours noir, perdrix, écureuil, brochets dans les lacs (beaux spécimens péchés par des collègues amateurs le soir). Et le gros point noir, quatre en fait : - taons élevés aux hormones d'orignal. - moustiques du même type. - mouches noires (ne piquent pas, arrachent la peau). - mouches à chevreuil. Le tout omniprésents, à provoquer des oedèmes énormes, durs et gonflés pendant trois jours. Un ou deux gars ont fait en partie une variante d'éléphantman en réaction. Donc travail en vêtements complets, gants par dessus les manches baissées, moustiquaire de tête par dessus le casque et serrée au cou, aucun cm² de peau à l'air libre. Sinon il finira piqué. Enfin le gros danger sournois, les arbres dont les racines ne sont plus tenues par l'humus. Mises à nue par le feu, voir consumées par le feu, alors que le tronc et les branches sont encore entiers. Une légère brise suffît à les faire tomber. Ou en les poussant à la main pour certains. Testé et approuvé pour vous. Une pompier forestière de 19 ans dans l'ouest du Canada est morte tuée par la chute d'un arbre durant notre séjour. Ça refroidit l'ambiance.
  14. Bref, voilà l'aspect macro posé mais c'est important pour comprendre le micro. Donc sur place, travail en équipe de 4, pédestre, dépose soit en pickup si une piste est suffisamment proche (mais donc pas tout le temps), soit en hélico, principalement sur les tourbières en bord de lacs. Travail de patrouille pédestre, recherche de points chauds en lisière de feu uniquement, le seul but étant que le périmètre extérieur du feu ne s'étendent pas. Pour caricaturer si un bois non brûlé s'allume au milieu du périmètre et qu'il n'est bordé que de terres déjà brûlés, on ne distraira pas une équipe pour s'en occuper. Le but est de sécuriser la totalité de la lisière du feu (jusqu'à 220 km de lisière sur le deuxième feux où nous étions) sur une largeur de 10 à 20 m. Donc travail avec pompes canadiennes (portées à dos d'hommes, 22 kg la pompe), en aspiration dans un lac ou un ruisseau (omniprésents), établissement de tuyaux (jusqu'à 3 km), noyage, grattage, forestage (abattage d'arbres, ouverture de couvert végétal sur certains points chauds pour faire rentrer la pluie). Largage par Bambi bucket sur les écureuils ou une soute sur un Bell 205. Accessoirement création de DZ pour les hélicos, à base de tronc d'arbre posés sur les tourbieres pour éviter l'enfoncement des patins et faciliter la récupération des équipes. Rapidement on a travaillé sur coordonnées GPS de points chauds relevés par nos dronistes. Ça accélère grandement le travail quand les fumées ne sont pas toujours très visibles du sol.
  15. Ils ont priorisé les feux en zone sud (rappelez vous, zone de protection intensive), car "beaucoup" (en tout cas plus qu'au nord) de premières nations, de villes moyennes et d'installations industrielles (forestières et hydrologiques) dan cette zone. Et laissés beaucoup de feux hors de contrôle en zone nordique car aucun enjeu et pas assez de moyens pour être partout à la fois. Il faut comprendre dans les déclarations des journaux qu'un feu hors de contrôle au Canada est hors de contrôle au sens premier du terme. On ne le contrôle pas, on ne cherche pas à le contrôler. Je précise car en France un feu hors de contrôle est un feu sur lequel on a mis tout ce qu'on a et qui nous dépasse encore. Ce n'est pas du tout le cas là-bas. Et les journalistes français se font des gorges chaudes de ces termes à grand coup de "Méga feux au Canada, des dizaines de foyers toujours hors contrôle" Maintenant que la zone sud est à peu près maîtrisée, ils déplacent les moyens en zone nordique. Mais là encore, faut-il avoir des pistes et des infrastructures pour amener et loger des centaines de pompiers forestiers. Quand sur la taille d'un département français il n'y a rien, pas une piste, pas un camp forestier, pas un village, ça devient rapidement compliqué de faire autre chose que des largages aériens qui tapent les gros front mais ne noient pas les dizaines de milliers de points chauds qui subsistent parfois des semaines sous l'humus et n'attendent que du vent pour repartir.
  16. Donc cette année : Printemps exceptionnellement sec après la fonte des neiges. Aucune pluie, une couche d'humus (20 à 80 cm, omniprésente partout en forêt) complètement séchée. Fin mai début juin, une vague d'orages secs qui ont allumés jusqu'à 100 feux en 24h d'ouest en est du Canada. Je le redis, prenez en comparaison la taille de l'Europe. En tout plus de 300 allumages, juste pour le Québec, en quelques jours. Avec les moyens aériens de la France et les moyens humains d'un SDIS moyen comme la Drôme, sans les camions. Habituellement, ça commence à l'ouest, tous les pompiers forestiers du Canada comme ceux de la sopfeu vont aider l'Ouest, puis le centre puis le Québec, puis l'Est au fur et à mesure de l'avancement de la saison chaude. Cette année c'est partit partout en même temps. Impossible de compter sur l'aide des voisins déjà occupés chez eux. D'où appel à l'aide internationale. Comme nous-mêmes nous avons fait appel au mécanisme européen de protection civile l'an dernier devant l'ampleur de la tâche en 2022.
  17. Autre chose à bien se mettre en tête, quand je dis plusieurs centaines de millions d'hectares d'un seul tenant, c'est vrai et faux. Vrai car il y a très peu de coupures (routes, pistes, lignes haute tension dont le sol dessous est tenu sans arbre). Faux car il y a des lacs et des tourbières incombustibles de partout pour quasiment 50 % de la surface. Le feu se développe en peau de léopard, contournant là un lac, là une tourbière, sautant sur une île, épargnant un bois, ne trouvant rien à brûler sur une coupe de l'année d'avant, se propageant par l'humus, montant des fois en cime, restant parfois au sol. Vu du ciel (déplacement en hélico presque un jour sur deux sur les quinze jours de travail sur place), il y'a énormément de vert. Quand on annonce là-bas une surface parcourue par le feu de 100.000 ha, vous pouvez en compter la moitié réellement brûlée. Ce qui n'enlève rien au caractère catastrophique de cette année hein.
  18. Le feu de forêt là-bas est principalement une conséquence de la nature n'impactant que la nature qu'il convient pour la plupart du temps de laisser gérer par la nature (pluies). Les équipes de pompiers forestiers de la SOPFEU travaillent en habits de coton, avec un casque de chantier. Pas de tenue de feu. Pas de gyrophare sur les pickups. Pas de sirènes. Pas de réserve d'eau sur les mêmes pickups, donc pas d'autoprotection face au feu. Si un front de flammes redémarre, évacuation immédiate, ils font taper les moyens aériens et renverront leurs équipes noyer les points chaud au sol, quand ce sera sécurisé. S'il faut que 20 ou 100 ha de plus brûlent pour l'arrêter plus loin, ils brûleront, mais ils n'exposeront pas un pompier pour des arbres, la forêt québécoise fait des centaines de millions d'hectares presque d'un seul tenant. Et de mon point de vue ils ont raison.
  19. La lutte contre les feux de forêts est de la compétence exclusive de la SOPFEU, Société de Protection des Forêts contre le Feu. https://www.sopfeu.qc.ca Sorte de société d'économie mixte à but non lucratif regroupant le gouvernement du Québec et les industries forestières. 500 permanents, 2000 saisonniers avec à disposition 14 Canadair et jusqu'à 85 hélicoptères (privés loués cette saison, principalement des AS 350, Écureuil, de toutes versions monoturbines et quelques Bell). Les sapeurs-pompiers Québécois et Canadiens ne font pas de feux de forêt, sauf en limite des villes éventuellement. Pas de camion citernes tout terrain pour feux de forêt, pas de formation feux de forêts chez les pompiers urbains. Ce n'est ni leur job, ni leur compétence. Je le replace là, pour un territoire, le Québec, grand comme 3 fois la France mais peuplé de 6 millions d'habitants. Et la très grande majorité de ce territoire est recouvert de forêts. En France on a 12 Canadair, 8 Dash et 10 HBE lourds, sans compter les différents écureuils loués par des SDIS capables de mettre sur le terrain X ou Y colonnes terrestres équipées et formées pour faire face à des fronts de flamme qui menacent des villages, des habitations, des villes avec des effectifs de 1000 à 5000 pompiers par département. Pour trois fois moins de territoire et dix fois moins de surface forestière. Vous me sentez arriver sur l'impossibilité de calquer un schéma mental de secours français sur cette province (et le Canada en général) ?
  20. Retex Québec (je ne peux décemment pas parler du Canada tellement c'est immense et du fait que je n'ai vu que la partie Québécoise de l'iceberg). On va commencer par fixer les choses : Le Québec est grand comme trois fois la France. Sur une saison "normale" les feux de forêts d'origine naturelle pour leur grande majorité, brûlent entre un et deux millions d'hectares chaque année. Et c'est "normal", la nature allume par la foudre et éteint par la pluie. La forêt québécoise est divisée en deux zones, globalement délimitées par le 51⁰ parallèle. La zone de protection intensive au sud dont les forêts concentre les communautés de premières nations et les infrastructures hydrologiques (barrages) principales et donc les moyens de lutte contre les feux. Quand je dis concentre il faut encore relativiser par rapport à la France. Une communauté première nation tous les 200 km de forêt et possiblement 300 km entre deux villes de 10.000 habitants. En dehors de ça, quelques cabanes au Canada comme dans la chanson perdues au fond des bois. La zone nordique (au nord ) qui est globalement un désert humain et un désert d'infrastructures routières. Ce qu'il faut bien comprendre c'est que le territoire est tellement immense que rapporter ce qu'il s'y passe au territoire français est une escroquerie intellectuelle. Pour le Québec seul il faudrait comparer à l'Espagne, la France et l'Allemagne réunies et pour le Canada il faut comparer à l'Europe au minimum, Suisse, Angleterre et Ukraine comprises. Je dis ça parce que j'ai vu des infographies aux JT en France qui comparaient l'ensemble des feux canadiens au quart du territoire français. Oui sauf que c'est dispatché sur un territoire autrement plus grand et désertique que la France. La forêt boréale est une jungle en soit, au nord comme au sud du 51⁰ parallèle seules quelques rares pistes toutes droites la traverse de part en part et permettent de s'y aventurer. Aucune volonté anti-feu dans la création de ces pistes, seulement un intérêt industriel forestier pour exploiter la ressource en bois.
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