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En effet, au temps pour moi, j'ai confondu placage et contre-plaqué. Le bordage des LCA devra donc être en planches bien calfaté avec de l'étoupe et du goudron, il n'en sera que plus résistant mais plus lourd et plus long à construire, il faudra plus de main d'oeuvre. Pour les planeurs, en revanche, l'utilisation de placage est tout à fait possible pour fabriquer les nervures en collant les épaisseurs de placage pré-découpées, on fabrique le contre-plaqué après la pièce... Je sens que je vais breveter ça. Ce ne sera pas si difficile que ça car il ne s'agit pas de matériel de guerre : moteurs, lignes d'arbres, presse-étoupe, hélices, tubes divers pour confection des mèches de gouvernail, tôles pour réservoirs, poulies, câbles... Rien qui ne puisse s'acquérir sur le marché civil. Les montants en jeu ne sont pas considérables et seront largement couverts par la vente des barges à la Royal Navy. Pour les planeurs, ce ne sera pas plus compliqué : colle pour bois, tissus pour l'entoilage, verni, quelques pièces mécaniques pour les gouvernes, tube d'acier molybdène-chrome pour quelques éléments de structure, altimètres, pitot... Si on veut construire des avions (un Broussard, par exemple) c'est un peu plus contraignant : moteurs aéronautique, réservoirs, trains, instrumentation plus complète... mais rien qui, ici encore, ne puisse se trouver chez les fournisseurs lambda (si on ne cherche pas la motorisation d'appareils de combat). En effet, j'avais pensé à l'Amérique du sud mais il me semble plus simple de se procurer les pièces à la source plutôt que d'acheter un produit à beaucoup plus forte valeur ajoutée pour le désosser. Le Brésil ou l'Argentine pourraient être utilisés pour fabriquer des prototypes d'avion à réaction, un projet d'industrie était en cours avec René Couzinet à partir de septembre 1940, Émile Dewoitine construira le premier jet argentin après guerre en Argentine. Il faut en effet répertorier et contacter tous les acteurs aéronautiques émigrés à droite ou à gauche, voire susciter des vocations, c'est bien une des tâches auxquelles je me suis attelé avec Dewavrin.
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Houla ! Je touche pas au Petit père des peuples, moi, bien trop dangereux ! Et puis Trotski en 41, 42 ou 45, ça ne va pas le gêner outre mesure. Non on va rester sur Léon on the rocks. Si j'arrive déjà à faire que Staline prenne au sérieux les alertes sur l'imminence de l'invasion, ce sera beau. Non que j'apprécie outre mesure le personnage mais si l'Armée rouge ne reculait que de 300 km au lieu de mille, ce ne serait pas forcement un mal. Tout l'enjeu, ensuite, serait d'avancer le débarquement pour contrer l'avance soviétique en Europe de l'ouest mais j'ai quelques idées ici aussi. À ce sujet, un meilleure résistance ne veut pas dire que les Allemands seraient battus dès 42, je pense que l'Armée rouge devra, comme historiquement, mettre deux ans à retrouver une capacité opérationnelle raisonnable. L'avance moindre de l'Axe en Russie voudra aussi dire que sa logistique sera meilleure donc les grandes offensives soviétiques se heurteront à davantage de résistances. L'un dans l'autre, la chronologie de la guerre ne devrait pas être avancée de plus de six mois, si le débarquement est également avancé de trois mois, on va arriver à peu près au même résultat, la chute complète de l'Allemagne, dès la fin 44 sur la même ligne de partage. Bon, si je me plante, le communisme ira de Saïgon à Brest dès 1945.
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Le conteneur existe déjà en Europe et aux USA mais n'est pas encore standardisé. Il le sera dans les années 1950. Oui, je compte bien le faire mais je n'en ai ni les moyens ni le temps, il y a d'autres priorités. Il sera temps de le développer après guerre ou à sa toute fin. Au mieux et en fonction de l'évolution, il pourrait sortir et les porte-conteneurs avec pour le débarquement de Normandie, ce qui amènerait une très forte amélioration de la logistique.
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J'ai encore eu une panne de mémoire, c'est bien juste après guerre que la plus grande usine de contreplaqué du monde fut installée à Port-Gentil, au Gabon et non en Côte d'Ivoire, deux erreurs en une... Encore un beau rêve qui s'envole. Bon, je pense toujours aux planeurs, c'est du consommable, on fera avec ce qu'on trouvera. Nota : Côte occidentale d'Afrique (AEF + AOF) et non AOF. C'est bien le second volet de mon projet qui s'appuiera ici sur le contreplaqué fabriqué sur place, ce n'est pas de la qualité marine mais on s'en moque car les LCVP ou LCA ainsi fabriqués pourront être considérés ici aussi comme des consommables pourvu qu'ils tiennent deux semaines d'opération. De même, la qualité du bois de charpente utilisé pour la quille, les lisses et les membrures importe peu. Au passage, les LCA étaient propulsés par deux Ford V8 de 65 CV pour un déplacement, une charge utile et une vitesses similaires à ceux des LCVP. C'est plus sur ce dessin que je vais me baser pour une production rapide, d'autant que l'engin est déjà en service et a prouvé sa valeur en Norvège ou à Dunkerque. Je remplacerai juste la petite rampe avant par une rampe de la largeur du navire et renverrai l'équipage à l'arrière comme sur le LCVP pour faciliter les transbordements.
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Ce qui est important, c'est le concept. Les termes ne servent qu'à nommer ces concepts, il suffit de les expliquer. Les concepts informatiques de base sont très simples. Ils sont à la portée d'un ingénieur de 1940 même s'il lui faudra un certain temps pour comprendre l'ensemble ; après tout, ça représente plusieurs mois de cours. Mais Alan Turing a une intelligence exceptionnelle, il a déjà travaillé sur l'idée de machines automatiques et comprendra immédiatement ces concepts. Il va falloir faire de nombreuses réunions pour que toute l'information utilisable par les technologies de l'époque (tubes électroniques et non circuits intégrés, ce qui limite quand même vachement les possibilités de réalisation) soit transmise mais il n'y a pas de limite de compréhension. Au passage, il est aisé de comprendre qu'un bit est un élément binaire d'information et, de plus, Claude Shannon ou John Tukey était eux aussi des cryptanalyses pendant la seconde guerre mondiale, ce n'est pas pour rien que j'ai demandé à voir Alan Turing. Pour les techniques aéronautiques, il en va de même, de nombreuses techniques existent à l'époque mais on ne sais pas les utiliser de manière optimum. La loi des aires est connue mais pas bien comprise et peu appliquée, la compression à l'approche de la vitesse du son commence juste à être approchée sur les hélices... il me suffit d'en parler pour que les ingénieurs puissent s'en emparer et les manipuler. Pour prendre un autre exemple, j'aurais été champion du monde de vol à voile en 1940 alors que je n'étais qu'un pilote très moyen cinquante ans plus tard, je peux donc facilement expliquer les ascendances thermiques, le vol de pente, le vol d'onde à mes coreligionnaires de l'époque qui n'ont aucune raison de moins comprendre ça que moi quand je l'ai appris.
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En fait, je me suis créé une règle : « Quand j'écris, je ne me réfère qu'à ce dont je me souviens et je m'interdis de consulter la moindre référence, je vérifie ensuite ce qui se passe le jour même et qui étaient réellement mes interlocuteurs pour rester dans la cohérence historique ». Bon, j'avoue, je triche parfois un tout petit peu mais vraiment à la marge. Ce qui fait que quand je me fais une liste de courses, je m'y tiens car je considère que c'est ce à quoi j'aurais pensé à ce moment. Bien sûr, c'est arbitraire et une idée pourrait venir à un autre moment ou pour une autre raison mais le but est de ne pas chercher à faire un Best Case mais de répondre honnêtement à l'énoncé : « Qu'auriez-vous fait si vous vous étiez retrouvé en juin 1940 avec vos connaissances du XXIe siècle mais sans votre smartphone ». Sinon je reprends toutes les opérations une à une et je déplace une compagnie ici (en Crète au hasard mais bon, là je me souviens donc je saurai où intervenir), une escouade là et la guerre est finie en six mois... Même chose pour les innovations technologiques, trop facile. Ça a l'avantage de rester dans une certaine improvisation et me met à l'épreuve avec les risques d'erreurs possibles (voir les Big Wing ou la date de l'armistice). Et si j'ai une vision globale de ce que je veux faire, je me retrouve aujourd'hui bloqué à Bletchley Park alors que je voudrais être en France., je subis ma propre histoire. Dans ce cas, ça devient un boulevard, y'a plus beaucoup d'intérêt, autant le laisser faire tout seul ! Non, le risque est bien d'avoir un alter ego passé par le même trou de ver que moi mais moins bien disposé... Faut faire des adaptations et choisir des espèces locales pour remplacer même si ce n'est pas évident pour le spruce. Encore que le Po 62-65 avait des longerons en acier, de mémoire,duralumin donc on doit pouvoir substituer d'autres essences pour le reste du spruce. Les cadres en alliage d'alu peuvent être remplacés par de l'acier ou du bois, l'entoilage par du contreplaqué. Ce sera plus lourd mais pas tant que ça. Quand à l'ensemble des pièces, elle devra de toutes manières venir des USA, moteurs, réservoirs, hélices, trains, pneus, instruments, boulonnerie... Pour le contreplaqué, l'AOF était le premier producteur mondial en 1939 pour voir son marché s'effondrer avec la guerre (l'Allemagne et l'Europe centrale étaient de gros clients). Donc il faut implanter des usines en AEF, ce qui sera fait juste après guerre, ou s'emparer de la Côte d'Ivoire, ce qui sera plus simple que le Sénégal et mettra une forte pression sur ce dernier ; c'est la solution que je préfère car elle est plus rapide et plus incitative pour les autres territoires de l'Empire, je pense donc suggérer à De Gaulle de lancer en septembre l'opération Menace contre Abidjan plutôt que Dakar. Pour revenir au Po 65, je pense donc à une version "de brousse" avec un maximum de bois tropicaux et un peu d'acier. Si c'est trop compliqué ou sans objet du fait de la disponibilité du C-47, je me rabattrais sur la version planeur qui précédera de toutes manières la version motorisée et qui n'aura pas d'équivalent GB ou US avant deux ans.
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Pfff ! Une femme, un méchant, de l'action, des rebondissements, un suspens haletant... Vous me prenez pour Ian Fleming, Agatha Christie et H. G. Wells réunis ? Ch'fais c'que j'peux ! Tiens, c'est une idée, Wells est encore vivant pendant la guerre, si j'allais lui rendre visite pour lui demander ce qu'il pense de la situation et comment il s'en sortirait ? J'ai raté Rosny aîné de peu mais Barjavel se fera une joie de me faire la leçon sur la catastrophe annoncée. Surtout si je lui parle du dérèglement climatique anthropique à venir. J'aurais dû faire ça, vendre des idées à des auteurs bien en vue, 50-50 mon bon monsieur. Cela étant, pour faire simple, si un néo-nazi ayant quelques connaissances techniques ou historiques réussit à contacter des responsables allemands, j'ai déjà une liste longue comme le bras des ennuis qui vont nous tomber sur le coin de la gueule en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire et pas la moindre idée de comment le contrer, sauf s'il fait le fier-à-bras. À suivre...
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Des essais ont été faits dès avant guerre pour le ravitaillement en vol mais la mise au point a été très longue. Des appareils à très long rayon d'action seront beaucoup plus rapidement disponibles, le PBY Catalina, par exemple.
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Ah, je l'avais oublié celle là. Bah, il se débrouilleront sans moi sur ce coup. Je pense toutefois augmenter la pratique des RETEX, en particulier côté français, ce qui devrait faire gagner beaucoup de temps sur la montée en efficacité. En route pour la vie de château Mardi 11 juillet - Je quitte Duxford en fin d'après-midi sans avoir le temps de faire mes adieux à Bader pour retrouver Churchill, celui-ci ayant visiblement eu un retour de mes échanges avec celui-là. Il me reçoit plus cordialement que ce matin et me présente celui que j'ai déjà reconnu comme Alan Turing. Visiblement, je peux aller sur un terrain de la RAF mais Bletchley Park m'est encore interdit. Turing n'est pas prolixe, ça tombe bien, nous allons gagner du temps. Je commence donc par une très rapide description de la machine Enigma, ça manque de précision mais ça suffit à le convaincre que je ne suis pas le premier venu. Je lui parle alors du codage utilisant des polynômes à coefficient premiers, ici aussi, mes cours sont loin et je ne peux donner que les principes mais il percute tout de suite et voit visiblement ce qui peut en sortir. Il indique brièvement à Churchill qu'il pense que ce type de codage doit être absolument incassable avec des moyens humains. Je lui souhaite in petto bon courage tout de même pour la factorisation des nombres premiers nécessaires, je ne sais pas où on en est à cette époque. Je lui parle alors de la « Bombe » et lui annonce que j'ai quelques idées pour réaliser une machine permettant d'accélérer les traitements nécessaires. Je me tourne vers Churchill : « Avant d'aller plus loin, je souhaite discuter des droits afférents à ce que je vais présenter ». J'ai pour toute réponse un grognement que je prends pour une invitation à continuer. « Ce que je vais dévoiler ne pourra être partagé avec d'autres entités que Bletchley Park sans mon autorisation, y compris avec les Américains. Je veux la propriété exclusive de ce que je vais présenter maintenant et la propriété conjointe de tout ce qui en découlera durant la guerre. Je m'engage à ne divulguer ces informations à quiconque jusqu'à la victoire mais me réserve le droit de continuer les recherches de mon côté en partageant de même les informations avec vous. - Et pour quelles raisons accepterions-nous cet étrange marché ? - Je suis parfaitement au courant des potentialités commerciales qui peuvent en découler et, si je suis prêt à les partager avec le Royaume-Uni, j'entends que la France n'en soit dépossédée en aucune manière. - Mr. Turing, pensez-vous que nous puissions faire confiance à ce gentleman ? - La première information qu'il vient de partager est déjà d'une inestimable valeur. - Deal ! » Je décris alors les principes de base d'un ordinateur : unité arithmétique et logique, jeu d'instructions, mémoire, entrées-sorties, programme. Turing m'écoute avec une complète attention et me bombarde de questions à peine ai-je terminé. Je lui répond autant que je le peux et lui propose de planifier au plus vite une réunion de travail. Derrière nous, je sens Churchill qui oscille entre un intérêt pour la joute qui a lieu dans son antre et une impatience grandissante. Il nous interrompt brusquement en demandant à Turing si mes informations ont la moindre valeur. Turing lui répond que je suis très en avance sur lui et que nous devons absolument travailler ensemble. Churchill nous congédie alors et nous envoient à Bletchley Park, j'obtiens tout de même de pouvoir contacter mon supérieur, le capitaine Dewavrin, avec qui je dois mettre au point la tournée en zone non occupée (mais je me garde bien d'évoquer cette éventualité devant mon hôte). « Mr. Churchill, Serait-il possible de rencontrer également un membre du comité Tizard ? » Je crois qu'il va exploser, il explose en effet : « Me prendriez-vous pour votre secrétaire pour me demander d'organiser vos rendez-vous ? » Je sors rapidement sans insister mais je l'entends aboyer un ordre pour qu'on m'en trouve une. J'ai droit à un téléphone dans l'antichambre. « Mon capitaine, Chronos au rapport. - Mais qu'est-ce vous foutiez toute la journée, Nom de Dieu, je vous attendais ! - Désolé mon capitaine, j'ai été retenu par Churchill. - Vous vous foutez... Qu'est-ce que vous faites avec lui ? - Encore désolé mon capitaine, c'est relativement confidentiel et je ne peux m'étendre dessus au téléphone., ça va me faire gagner un peu de temps mais il va me falloir trouver une explication qui tienne la route. Pouvons-nous en reparler jeudi, je vais avoir peu de temps libre demain. - Il ne faudrait pas vous croire au dessus de la hiérarchie, j'attends des explications sérieuses et soyez sans faute à 8 heures dans mon bureau. - À vos ordres mon capitaine ». Pfou !... La hiérarchie de l'armée, ça me gave un peu, qu'est-ce qu'ils ont tous à gueuler, à croire qu'on est en guerre, on dirait ma boîte avec mon con de chef. Merde, les souvenirs me reviennent, j'ai à nouveau le blues malgré le beau succès que je viens d'obtenir. Repasser à autre chose, vite. Continuer à s'occuper l'esprit est le meilleur remède. Nous arrivons au village de Bletchley à minuit passé et je change encore une fois de piaule, une chambre a été réquisitionnée pour moi chez l'habitant. Turing veut me présenter tout de suite à ses collègues mais à lui aussi je demande une discrétion absolue, il devra pour le moment être mon seul interlocuteur, je vais probablement pouvoir être moins strict ici, compte tenu des mesures de sécurité et de confidentialité mais n'allons pas trop vite. Il est trop tard pour souper, je vais encore une fois me coucher le ventre vide. Bon, on verra demain...
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Ça ne va pas me faciliter le travail... Il faudra faire de la reverse ingénierie à partir d'un modèle existant pour reconstituer les plans. En fait, pour réaliser un appareil sommaire, il n'est pas forcement besoin de techniques élaborées, il faut surtout une flopée de dessinateurs et d'ingénieurs. Ça tombe bien, c'est ce que je veux faire, organiser une évasion massive. À partir de ce bureau d'étude, on pourra monter en compétences pour dessiner un jet, des missiles... puisque j'ai les connaissances de base qui leur permettront de plancher sur des projets viables. Si refaire un Po 65 est trop compliqué pour démarrer (encore que), on commencera par un planeur de la même taille. Le problème est que si je connais les noms et les réalisations des constructeurs de l'époque (Amiot, Bloch, Breguet, Dewoitine, Fauvel, Hurel, l'Escaille, Morane-Saulnier, Payen, Potez, Wibault...), je ne sais rien ou ne me souviens plus de ceux des responsables des bureaux d'études ou des principaux ingénieurs, je dois donc faire une recherche préalable (et je n'ai pas la Bibliothèque nationale sous la main) pour les identifier. Mais je devrais rapidement tomber sur le nom de Louis Corroler. À noter que le rôle d'Indaéro n'a peut-être pas été très glamour, il a surtout été mis en place pour traiter de la coopération industrielle avec l'occupant en plus de maintenir une industrie aéronautique. Que certaines personnes s'en soit servi pour escamoter tel ou tel ou essayer de faire des projets clandestins ne fut qu'anecdotique. Mais c'est ma chance de pouvoir arriver à un moment où toute activité de conception ou de construction aéronautique est interdite en France occupée ou non occupée par la convention d'armistice, je vais avoir des arguments pour susciter des candidats au voyage. J'ai un autre avantage, je sais qui faisait de bons avions et qui des bouses sans avoir les préjugés de l'époque, je peux directement aller voir mes préférés. Bof, c'est pas si galère que ça. L'article Wikipédia parle de la théorie mais en pratique, on peut faire un certain nombre d'approximations et commencer par déterminer expérimentalement le centre de gravité d'un appareil par pesée. Quand on voit que les consignes données aux pécheurs bretons allant dans les années 50 pêcher en Mauritanie et prenant un Constellation pour rentrer en France étaient : « Messieurs les pêcheurs sont priés de se rendre au bar (situé à l'arrière de l'appareil) deux par deux (c'est un équipage complet qui rentrait) pour éviter de déséquilibre l'avion. » on se dit qu'il y a de la marge. Quand on connait le point de sustentation d'un appareil et le poids des groupes motopropulseurs, il est aisé d'en remplacer un par l'autre. C'est un poil plus compliqué au niveau dynamique mais rien qu'une campagne d'essais de soufflerie (hors de question ici avant un moment) ou en vol (à commencer par des sauts de puce) ne puisse résoudre.
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Bien d'accord mais je ne sais pas si je vais être à la hauteur. J'y réfléchis mais je n'ai pas encore la trame. Il faudrait tout d'abord que je me fasse un timing mais je connais beaucoup moins bien les arcanes du haut commandement allemand. Comment un ingénieur néo-nazi parachuté en civil dans le nord-est de la France (y'a pas de raison qu'il ait plus de chance que moi) peut réussir à remonter la chaîne hiérarchique sans se faire prendre comme déserteur anti-nazi réfugié en France et en combien de temps ? Je suis actuellement sur une hypothèse d'un mois pour arriver à avoir une oreille à un niveau élevé mais je ne vois pas comment approcher le Führer. À moins de se faire passer pour un mage extra-lucide ? Vos avis ? À quelle date des altérations de la trame historique peuvent-elles arriver du côté de l'Axe ?
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Four à micro-ondes, trop compliqué (non, je rigole, en fait c'est très simple), je préfère acheter des éditions originales de Tintin... Plus quelques investissements immobiliers dans le centre des grandes villes (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Aix-en-Provence...) Mais je pourrais aussi tenter un prix Nobel de médecine avec l'ADN par exemple. Ou proposer à Peugeot le principe de la 205 et de l'Espace (un peu plus tard). Bon, ce n'est pas encore le sujet, revenons à nos moutons.
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Je me demande si je n'ai pas vu le concept de bombardier d'eau dans une revue américaine d'avant guerre... Mais de toutes manières, il y a déjà assez à éteindre pour le moment pour se préoccuper de l'après-guerre Pour les revenus d'après-guerre, je crois que je vais me contenter de subventionner la parution d'Asterix le Gaulois en fondant une société avec Uderzo et Goscinny (je leur laisserai 24,5 % à chacun et totale liberté éditoriale).
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« Vic » ou « Rotte » Mardi 11 juillet - 7 heures 30 - Pas moyen de dormir cette nuit, entre Churchill qui m'a fait tirer du lit à minuit et demi et l'arrivée au terrain vers six heures, j'ai un peu la tête dans l'c*l quand on vient me réveiller à l'heure des poules. « Commodore Douglas Bader, I presume? - What's the hell! And How do you know my name? » Un grand gaillard d'officier en tenue de vol se tient debout devant moi manifestement sur des jambes artificielles. Je me suis toujours demandé comment il faisait pour piloter comme ça. « C'est un honneur pour moi de vous rencontrer. - Pour moi, une source d'ennuis. Mais ça attise ma curiosité, pourquoi le vieux lion veut-il que je discute avec vous ? J'ai du Boche à casser, ce matin. - Seriez-vous assez aimable pour me donner votre avis sur deux ou trois sujets que je souhaiterais vous présenter ? - Allons en discuter autour d'une tasse de café. » Enfin une réaction sensée, pourvu qu'il n'y ait pas un « scramble » d'ici là... À ma demande, nous ne restons pas au mess et nous retirons dans sa carrée pour boire un café qui n'est pas ce qu'on fait de mieux. J'ai juste eu le temps de saluer de loin quelques pilotes canadiens du squadron qu'il vient de prendre en charge. Après avoir rapidement narré mon vol Lyon - Beachy Head, j'embraye par les commandes du Spitfire à haute vitesse, ne sont-elles pas dures et inefficaces ? Il acquiesce et me demande, bien entendu, d'où je tiens ça. Je lui indique que je suis un passionné d'aéronautique et que j'étudie tout ce qui peut me tomber sous la main, j'en ai déduit un certain nombre de choses. Je lui propose de demander à un pilote d'essai de participer à de vrais combats pour le lui faire constater et de voir l'opportunité de remplacer les entoilages des ailerons par un revêtement rigide. Il est maintenant convaincu que j'ai des choses intéressantes à dire, j'ai toute son attention. J'évoque la tactique de la « Rotte » allemande et lui demande ce qu'il en pense, il n'avait pas songé au problème et me demande en retour à quoi je veux en venir. Je lui rappelle la difficulté de tenir la formation à trois en virage serré, le fait que deux appareils sur trois sont en couverture et donc moins disponibles pour l'attaque des appareils ennemis. La formation lâche permet aussi plus de souplesse et moins de stress. J'insiste sur le fait que passer en formation à deux permet d'avoir immédiatement l'équivalent de cinquante pour cent de chasseurs en plus : six chasseurs donnent deux « Vic » donc deux chasseurs leaders contre trois « Rotte » donc trois chasseurs leaders. Tout ceci agrémenté de grands gestes des deux mains pour illustrer les manœuvres. Je conclus en rappelant que les Finlandais l'appliquent depuis longtemps et ont fait des cartons lors de la Guerre d'hiver malgré l'utilisation d'appareils obsolètes. Bader a suivi avec attention tout l'exposé mais ne pose aucune question, je passe aux sujets suivants. Il n'a pas piloté le Boulton-Paul Defiant mais comprend parfaitement le problème quand je lui demande sous quel angle il l'attaquerait, il convient que c'est du suicide que d'envoyer ces appareils sans escorte et que des squadrons mixtes Defiant - Hurricane pourraient avoir une bien meilleure efficacité tant que tous les pilotes ne pourront pas tous avoir des Spitfire ou des Hurricane. Il ne connaît pas non plus le Whirlwind et ne peut donner son avis sur le problème de vitesse et d'hélice, il reconnaît toutefois qu'un appareil possédant quatre cannons de 20 mm est parfait pour attaquer les bombardiers ou les chasseurs lourds, il doute comme moi qu'il puisse avoir la maniabilité nécessaire pour engager les Bf 109, et qu'il serait dommage de se priver d'une telle arme. Vient alors le cas des « Big Wings » et je me rends rapidement compte que ma mémoire m'a fait défaut : ce n'est pas Hugh Dowding qui contestait cette approche mais Keith Park du 11 Group qui avait en face de lui Trafford Leigh-Mallory du 12 Group, le promoteur de ces formations... et Douglas Bader. Mauvaise pioche ! S'engage alors un vif échange dans lequel je suis bien forcé de reconnaître que les grandes formations permettent une concentration de moyens favorable à la défense mais je maintiens que le manque de profondeur stratégique de la Grande-Bretagne empêchera longtemps encore de réaliser ces larges rassemblements à temps pour intercepter les incursions ennemies, il vaut mieux privilégier dans un premier temps la flexibilité donnée par l'envoi des squadrons individuellement même si les pertes causées par l'infériorité numérique sont plus importantes. Nous restons sur nos positions et il me propose d'aller voir ses appareils. Je peux toucher un Hurricane dans son jus, c'est bien plus émouvant que dans un musée. Je lui demande alors l'autorisation de me retirer dans mes quartiers en lui expliquant que, compte tenu de ma fonction, moins de personnes je rencontrerai, mieux je me porterai, en particuliers des pilotes risquant d'être fait prisonniers par les Allemands. Il acquiesce et me raccompagne, mes repas me seront servis dans ma chambre en attendant qu'on le débarrasse de moi bien qu'il se dise curieux de me voir au manche d'un Hurricane. Je le remercie de cette proposition (purement formelle, je le sais) que je me vois contraint de décliner... et me retire. Vais-je pouvoir enfin dormir ? Non, les sirènes hurlent bientôt et j'entends rapidement le bruit caractéristique des Merlins qu'on démarre. Je me poste sur le pas de la porte du demi-tonneau et contemple le spectacle, la sentinelle ne me fait pas de remarque, Bader a dû lui donner des consignes. Les Hurricane décollent par trois mais je vois un groupe de deux s'élancer parmi les premiers, l'un d'eux portant un « A », ce doit être celui de Bader, va-t-il essayer la formation à un seul ailier ? C'est en effet le cas, je le saurai une heure plus tard quand il repassera me débriefer. Quel honneur ! Il pense qu'il y a quelques ajustements à faire mais cela semble prometteur, son ailier a en effet, de son propre aveu, eu moins de mal à le suivre que d'habitude. Et à son tour de mimer la bataille... Je pose quelques questions sur sa tactique et la position de son ailier, il me semble qu'il continue à lui demander de le serrer de trop près, je crois me souvenir que les Allemands peuvent avoir jusqu'à cent mètres d'écart, je lui en fait la remarque et il me répond qu'il va le tester et retourne au mess arroser sa victoire sur un Do 17 avec ses pilotes.
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Indeed my dear!
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Ne pas marcher sur la queue d'un lion en colère Mardi 11 juillet - Une heure du matin « Qui êtes-vous ? - Je suis un Masaï et je dois rapporter une dépouille de lion pour devenir un homme. » Je me tiens debout, seul devant un Churchill qui me dévisage comme un bouledogue n'ayant pas mangé depuis trois jours, je m'attendais à une réaction de ce genre et décide d'en prendre mon parti. « Et je suis le lion que vous devez tuer ? - Ce n'est pas de votre dépouille mortelle dont j'ai besoin, dis-je avec un sourire en coin. Je me contenterai de votre aide." Il se détend un peu, m'invite à m’asseoir et se verse un whisky. » Je ne savais pas que René Cassin avait eu une entrevue avec lui la veille au soir, le diable est avec moi. J'apprendrai plus tard qu'il (Cassin, pas le diable) a eu un mouvement de recul quand Churchill a lu mon message et l'a dardé d'un regard furibard avant de lui demander qui lui avait remis cette missive puis de lui intimer l'ordre de n'en jamais parler à personne. « Que savez-vous de tout ceci et comment l'avez-vous appris ? - Peu importe, monsieur le Premier ministre, j'ai mes sources que je ne dévoilerai à personne, pas même à vous. Ce qui important est que je dispose d'informations et surtout d'analyses stratégiques qui peuvent grandement aider. Si vous êtes preneur, je suis à votre disposition. » Mon anglais n'est pas parfait, loin de là, mais suffit à cette conversation en tête-à-tête et le français de mon interlocuteur est tel que je n'ai aucun complexe. « Savez-vous bien ce que vous avez évoqué dans votre signature ? Insiste-t-il. - Les opérations visant à interrompre le trafic de fer en mer Baltique dont la seconde aurait pu être menée à partir d'un navire qui fut perdu lors de la dernière opération évoquée malgré un avertissement à l'Amirauté de la part de Bletchley Park. » Je n'ai pas besoin de détailler l'opération Catherine, délirant projet d'envoi de cuirassés surprotégés à travers le Kattegatt et le Skagerak pour détruire tout ce qui bougeait en Baltique, l'opération Paul de minage par voie aérienne des approches de Luleå, le port suédois d'exportation du minerai vers l'Allemagne dans le golfe de Botnie, à laquelle le Glorious aurait pu prendre part aux dires d'un auteur du XXIe siècle et qui est peut-être la raison de son retour précipité et isolé à Scapa Flow, ni l'opération Alphabet de rembarquement des troupes ayant repris Narvik. Mais si Churchill se redresse et me regarde avec une nouvelle acuité, Bletchley Park en est assurément la cause, comment diable suis-je au courant ? « Je ne vous répondrai pas non plus sur le dernier point évoqué, reprends-je avant qu'il ne formule sa question, mais sachez qu'il s'agit pour moi du point capital de ma visite. J'ai besoin de contacter rapidement les personnes qui y travaillent, je peux leur donner de l'aide sur Ultra." Il se dresse d'un bon, que je connaisse Bletchley Park est une chose mais Ultra ! "Donnez-moi une seule raison de ne pas vous faire fusiller sur le champ ! - Peut-être devriez-vous demander à l'Intelligence Service ce dont nous avons parlé hier avec le capitaine Dewavrin ? » Je joue avec le feu mais l'homme est trop curieux et je pense pouvoir l'amener à discuter sérieusement. « Admettons pour le moment. Que savez-vous ? Que voulez-vous ? » Ouf ! Je peux enfin exposer mes projets : un code incassable avec les moyens actuels, une machine permettant de casser plus facilement Enigma, des engins guidés pouvant augmenter de manière phénoménale la précision sur des cibles marines ou sous-marines et la possibilité d'échanger ultérieurement avec lui sur des sujets stratégiques sachant, en premier lieu, que je supporte complètement Hugh Dowding dans sa conception de la défense des Îles Britanniques mais qu'il faudrait que les patrouilles passent à deux appareils au lieu de trois et que les Defiant soit protégés des attaques de face. Comme je m'y attendais, Churchill est attentif et je vois son cerveau travailler à toutes vitesse, ses petites cellules grises dirait un Belge amateur de Shakespeare. Les projets délirants sont ce qu'il affectionne le plus et je lui donne de la matière. Il hésite pourtant, qu'est-ce qui lui prouve que je ne raconte pas n'importe quoi ? J'ai pourtant parlé de projets et opérations top secrets. « Le plus simple serait peut-être que je rencontre un officier du Fighter Command et un mathématicien pour exposer mes premières idées ? Un Squadron leader et Alan Turing par exemple. » Cette proposition de bon sens lui convient mais je dois rester à sa disposition (je traduis sous stricte surveillance) en attendant. Peu après, une escorte militaire me conduit en effet courtoisement vers un terrain de la Royal Air Force où je suis invité par un officier à me reposer dans une petite pièce gardé par un homme en arme, je lui exprime toute ma reconnaissance de prendre un tel soin de ma sécurité face à la menace d'invasion, il ne se déride pas pour autant. La Luftwaffe en est encore à attaquer les convois en Manche et Mer du Nord et quelques bombardements de docks, je ne risque rien, un peu de repos me fera du bien.
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Champs de lavande et grosse déprime Lundi 10 juillet - 18 heures 30 - Nouvelle réunion impromptue avec Dewavrin et deux officiers de l'Intelligence Service. Dewavrin, ancien officier du génie, a avancé sur la transmission très basse fréquence et confirme la faisabilité de principe ainsi que le choix d'une fréquence la plus basse possible pour éviter les écoutes allemandes. Je propose le plateau de Valensole qui est assez grand et correctement orienté pour recevoir des éléments d'antenne d'une quinzaine de kilomètres pour une fréquence de dix kilo-cycles par seconde (10 kHz). Une antenne yagi-uda de trois éléments permettra, avec une puissance ridicule, d'émettre un signal qui pourra être reçu dans le centre de l'Angleterre par une autre antenne yagi-uda de cinq à sept éléments pour augmenter le gain. Après vérification, une localisation au sud-ouest d'Oxford serait propice car relativement peu peuplée. La proximité de la célèbre université et de ses ressources intellectuelles est un atout pour le projet. D'autres lieux possibles sont le plateau d'Albion, les Causses, l'Aubrac, le Vercors mais les zones disponibles sont plus petites et les fréquences utilisées devront être plus élevée. J'insiste pour le Vercors et propose d'y préparer l'installation d'un émetteur orienté vers l'ouest qui pourra être reçu aux Açores, ça nous donnerait une solution de secours et (mais je n'en parle pas encore) donner une liaison fiable avec le futur maquis. Le théorème de Nyquist-Shannon (qui n'est pas encore postulé) dit que l'on peut transmettre jusqu'à 5.000 informations unitaire par seconde à la fréquence de 10 kHz ce qui correspondrait à huit cent caractères par seconde pour un code à six bits (64 caractères possibles) soit un peu moins d'une page de texte. Même si on divise par dix ce débit pour limiter l'étalement en fréquence, on a cinq pages à la minute, ce qui donne un volume énorme en transmission continue (7.200 pages par jour). Les premiers travaux à demander aux chercheurs seront de mettre au point une technique de modulation minimisant le spectre d'émission pour éviter que des fréquences parasites trop élevées dénoncent la station et d'étudier une antenne ayant un bon rendement bien qu'étant posée au sol (la sécheresse du sol des Alpes de Haute-Provence aidera à minimiser les pertes mais la situation sera plus compliquée en Angleterre). Le codage des messages se fera par une bande de papier perforée qui sera lue par un genre de téléscripteur qui modulera alors la fréquence d'émission. Tout ceci nécessitera une petite équipe d'une demi douzaine de personnes, il faut prévoir une couverture, une petite fabrique de quelque chose (distillerie de lavande par exemple) ou simplement une ferme si nous arrivons à trouver des personnes dignes de confiance mais je me méfie des histoires de famille qui pourraient tout faire capoter. Il faut également mettre en place une procédure pour recueillir les informations et les transmettre de manière sure à la station d'émission, il est hors de question de mettre celle-ci en danger par cette voie, mieux vaut perdre tout un réseau de renseignement que la station elle-même (je commence à me faire horreur avec mon cynisme). Nous échangeons diverses hypothèses sans trouver de bonne formule et les Anglais promettent de travailler dessus. J'ai mon idée, il faut que je contacte Keller mais il est hors de question d'en parler à qui que ce soit au risque de mettre en danger la future "source K". Je vais lui demander la possibilité de poser une ligne télégraphique dédiée vers Valensole, elle pourra lui être utile quand il aura réalisé son interception des communications téléphoniques. Une fabrique se faisant installer le téléphone passera inaperçue (au prétexte que son propriétaire a des relations haut placées qui lui ont permis d'obtenir rapidement une telle ligne). Je suggérerai plus tard d'envoyer des opérateurs radios pour que les Allemands ne cherchent pas comment les renseignements obtenus en France occupée sont réellement transmis au Royaume-Uni. Alors que cette station très basse fréquence avait entre autres pour but d'économiser des vies, voilà que je vais envoyer des gens à la torture et à la mort pour simplement couvrir une opération, c'est proprement insupportable, je ne sais pas combien de temps je vais encore pouvoir me regarder en face. Je dîne seul une fois encore, nous sommes convenus avec Dewavrin de ne pas nous montrer ensemble en public, ça n'améliore pas mon humeur.
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Alea jacta est Lundi 10 juillet - 10 heures - Réunion de travail avec Dewavrin. Je lui expose mes projets : 1) Trouver un lieu pour installer un émetteur radio très basse fréquence (moins de 10 kHz, ce qui nécessite une antenne de 15 km de long) ; 2) Me faire déposer par Lysander dans le fin fond de la Creuse (façon de parler, il va falloir déterminer un lieu isolé, pourrais-je avoir toutes les cartes de France, à défaut de carte d'état-major, les cartes Michelin me suffiront ?) ; 3) Faire la tournée des bureaux d'étude aéronautique ; 4) Identifier les bons candidats et les envoyer sur la côte méditerranéenne pour les faire récupérer par le Surcouf (Il y a eu du grabuge lors de la prise de contrôle par la RN mais je me porte garant des officiers et matelots qui vont rester à bord. - Comment êtes-vous au courant de ça ? - Désolé, ça fait partie des mes sources protégées auquel même vous n'aurez pas accès...) ; 5) Créer un premier réseau de renseignement avec Henri, il me faut le nom d'un contact à Lyon qui puisse en être le chef, avez-vous cela ? Un peu d'argent me sera nécessaire, bien sur. Avant le départ : 1) Il faut contacter l'Intelligence Service pour mettre au point l'émetteur très basse fréquence (technique, opérateurs, procédures...) ; 2) Il faut que nous préparions une mission aux U. S. A. pour rencontrer Mathis et Dewoitine et leur demander de collaborer (je n'ai pas confiance en Dewoitine qui joue trop cavalier seul et peut retourner sa veste à tout moment, je préférerais ne contacter que Mathis ; si ça se passe bien avec lui, nous en resterons là) ; 3) Préparer une mission vers l'AEF pour aider Félix Éboué et mettre en place une infrastructure industrielle du bois (achat de machines aux U. S. A. et embauche de techniciens pour la mise en route). Je ne peux m'occuper de ça tout seul, avons-nous des personnes qui puissent prendre en charge chacune de ces tâches ? J'ai débité tout ça d'un trait sans lui laisser le temps de souffler, il accuse le coup et je vois bien qu'il se prépare à me rappeler qui est le chef. Je le devance : " Je n'ai aucune envie d'empiéter sur vos prérogatives ni sur votre autorité et je reste bien conscient que je suis sous vos ordres. Mais j'ai besoin d'aller vite sur ces sujets pour les raisons que je vous ai expliquées. Je désire en outre plus que tout rester totalement dans l'ombre, si vous pouviez être le seul à qui j'ai à faire, ça me conviendrait parfaitement mais il y a deux ou trois choses que je suis le seul à pouvoir faire du fait des informations dont je dispose et que je ne peux, en aucun cas et encore une fois, partager avec quiconque. J'ai partagé avec vous tout ce qui était possible et je continuerai à le faire. Utilisez-moi et empochez tous les bénéfices, ça me convient très bien. - Et qu'est-ce que j'ai à y gagner, selon vous ? - Vous devez remonter un service de renseignement en France, je vous donne une première porte d'entrée et nous avons déjà travaillé aux procédures pour atténuer les risques (1). Je vous ai donné des éléments à partager avec l'Intelligence Service qui va donc dépendre de nous, ce qui renforce notre position vis-à-vis d'eux. De plus, j'élargis le périmètre de notre action en préparant un renouveau industriel de la France Libre, ce qui va donner des leviers à De Gaulle. Nous avons tous les deux tout à gagner à ce que mes projets se réalisent le mieux possible." Il rumine un moment puis sa figure s'éclaire un peu : " D'accord, je vous suis tant que vous jouez le jeu, mettons-nous au travail et voyons comment répondre à vos attentes." S'en suit une séance de plus de deux heures où nous explorons chaque point en détail. 14 heures - Je n'ai même pas eu le temps d'avaler quoi que ce soit avant de me présenter devant René Cassin. Je lui expose rapidement que je souhaite voir, avec l'aval du général De Gaulle, certains hauts responsables britanniques, en particulier Churchill. Il hausse un sourcil et me répond : " Le Premier ministre n'est pas facile à rencontrer, vous imaginez sans peine qu'il est un peu débordé et ne peux accéder à toutes les demandes. Avez-vous un motif précis que je puisse évoquer ? - Je m'en rend bien compte, monsieur, je vous prierai donc de bien vouloir lui remettre en main propre un message que je vais rédiger pour lui si vous aviez l'obligeance de me fournir un papier et une plume. S'il ne donne pas suite, je n'insisterai pas. Je vous demande simplement de lui remettre personnellement (j'insiste sur le mot) ce message le plus rapidement possible et de vous assurer qu'il est le seul à en prendre connaissance." René Cassin, intrigué, me pousse une feuille et un stylo sur son bureau et se recule un peu par discrétion. Je rédige rapidement : "Mister Prime Minister, Will it be possible to have a short discussion toghether. Your sincerly, Glorious Catherine Paul Alphabet" René Cassin me promet de faire son possible, il me recontactera dès qu'il aura remis le pli. Je sors essoré et me réfugie dans un pub. Il n'y a plus qu'à attendre. (1) Structure pyramidale : un agent n'a que trois contacts : son supérieur et deux autres agents qu'il a recruté. Personne n'a de connaissance globale d'un réseau. Chaque agent détermine un lieu où se planquer en cas de problème. Si un agent disparaît, ses trois contacts doivent en faire autant après avoir prévenu, si possible, ses propres contacts. Un agent pris doit donc essayer de tenir au moins 24 heures avant de parler sous la torture. Boîtes aux lettres : chaque paire d'agents détermine comment échanger, par le biais de boîtes aux lettres de préférence pour ne jamais être physiquement en contact. Signal "homme mort" : un système de communication doit être mis en place entre chaque paire d'agents pour s'assurer que son correspondant n'est pas menacé, un signal quotidien est placé en évidence et son absence montre un problème : agent arrêté ou en fuite.
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J'ai un atout dans ma manche...
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Choix cornélien Lundi 10 juillet - Je dois voir Dewavrin ce matin, j'ai un rendez-vous avec Cassin cet a près-midi. Et je me réveille avec une pensée lancinante : "Quelle est la priorité ?" Il y a les batailles et opérations en cours ou à venir à proche échéance : bataille d'Angleterre, protection de Malte, invasion de la Libye italienne, bataille de Crète, bataille de l'Atlantique. Je peux apporter des informations stratégiques cruciales sur pas mal de batailles et opérations à proche échéance: Bataille d'Angleterre : - C'est Hugh Dowding qui a raison, il faut engager les Squadron de chasseurs au fur et à mesure sans chercher à réaliser des concentrations qui prennent trop de temps ; - La formation en paire des Allemands est largement supérieure à la formation à trois en V des Franco-britanniques ; - Les Paul Boulton Defiant sont des proies faciles en attaque par devant, il faut leur adjoindre des armes de plan (ça risque de prendre du temps) ou faire des patrouilles mixtes Hurricane-Defiant qui pourraient être très difficiles à contrer ; en tout cas, ne pas les envoyer seuls pour éviter la perte d'équipages ; - Le Westland Whirlwind est un excellent appareil qui sera desservi par son hélice, il faut garder la Rotol du deuxième prototype. Protection de Malte : - Le renforcement de Malte sera de plus en plus difficile, il faudrait le faire immédiatement avec des Gloster Gladiator qui ne seront d'aucune utilité dans la bataille d'Angleterre et des réserves d'essence aviation que l'on dispersera ; - Mais il faut impérativement les protéger dans des abris individuels de préférence couverts ; - Et mettre en place un mode opératoire à chaque renforcement aérien : couverture aérienne dès l'approche, ravitaillement et réarmement immédiat des renforts, mise à l'abri immédiat des appareils ne pouvant redécoller immédiatement. Invasion de la Libye italienne : - Préparer une suite à l'opération Compass pour s'assurer de la totalité de la Libye ; - Cela sans divertir trop tôt des forces pour la Grèce ; - Mais en décidant préalablement quoi faire au contact de la Tunisie. Bataille de Crète : - Prévoir un renforcement conséquent des terrains d'aviation ; - Engager plus de forces aériennes (chasseurs et bombardiers anti-navire). Bataille de l'Atlantique : - Contrer la tactique de meute (je ne sais pas encore comment) ; - Pousser la réalisation de cargo-porte-avions. Il faut noter que si la Libye tombe, le cours de la guerre en Europe va être complètement changé. On peut penser que l'invasion de la Grèce et des Balkans se fera de manière proche de la réalité historique sauf si on parvient à convaincre la Yougoslavie et la Grèce de ne pas résister frontalement aux Allemands mais de se replier et de préparer des actions de retardement et de guérilla, l'exemple de la Pologne, de la Norvège et de la France pourrait aider à convaincre. L'invasion de l'URSS aura certainement lieu dans tous les cas de figures et il faudrait trouver le moyen de convaincre Staline... mais n'anticipons pas plus. Pour tout cela, il me faut rencontrer et convaincre Churchill, rude tâche. D'un autre côté, il y a tous les projets technologiques et industriels sur lesquels j'ai commencé à travailler. C'est un énorme morceau et il va même falloir retourner en France pour exfiltrer des ingénieurs et techniciens. Sans compter le volet informatique qui me tient à cœur et qui peut aider à raccourcir la guerre avec le potentiel de décryptage des communications Enigma même quand les Allemands augmenteront le nombre de rotors. Un dernier point à étudier : Tarente. Si l'attaque n'a pas lieu, les Japonnais ne feront très probablement pas Pearl Harbor car il n'auront pas d'exemple sous les yeux. Est-ce un bien ? D'un côté la flotte américaine s'en tire mieux mais tout l'effort de l'IJN est reporté sur le sud-est asiatique et la Regia Marina reste une menace (fleet in being) pour la Royal Navy. Non, on n'en parlera pas et de toutes manières, il n'y a à peu près aucune chance de convaincre d'abandonner cette attaque, je ne peux tout simplement pas parler de PH. Renforcer l'attaque peut au contraire trouver tout son sens. Pour Pearl Harbor, il y a le temps de voir venir et pourquoi pas le Surcouf à nouveau ? Je vais tenter de rencontrer Churchill le temps de planifier mon départ pour la France. Je verrai la réception... Dernier point, le ralliement des territoires de l'Empire. Peut-on améliorer les chose ? Il y a l'Indochine où Catroux peut jouer un rôle mais il lui sera difficile de contrer l'establishment qui est pétainiste. De plus, il faut vendre le projet à Roosevelt pour obtenir immédiatement des moyens pour contrer les Japonnais et les Thaïlandais car le Royaume-Unis ne pourra rien faire à ce moment. C'est loin d'être gagné et pourtant quel gain ! Voir avec De Gaulle si on peut vendre l'autonomie à Ho-chi-min. Et réfléchir à L'AOF qui serait un point de bascule colossal.
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Bonne idée mais je ne l'ai pas eu, je ne l'utiliserai donc pas C'est bien mon intention car il s'agirait d'un tournant majeur dans la guerre, j'y pense depuis plusieurs jours mais je ne vois pas encore comment parvenir à convaincre Churchill. Or il ne faut pas rater cette occasion, elle ne se représentera pas et je vais y jouer ma crédibilité. À suivre...
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Mon personnage, c'est moi, avec mes connaissances réelles ; je ne suis pas très fort en chimie (ça me barbait vraiment au lycée) et je n'ai que des connaissances basiques en médecine (Urgence, Docteur House...), je suis quand même secouriste, ça pourra aider. Le bazooka est intéressant mais, bizarrement, je n'y avais pas songé. Je ne le sortirai donc pas immédiatement (j'ai décidé de ne pas tricher) mais il est plus que probable que j'y aurais pensé à un moment ou un autre. En revanche, je pensais aux missiles sol-sol filo-guidés (pourquoi faire simple...) qui ont quand même une bien meilleure précision (celle du bazooka était vraiment médiocre). Quand à l'AK 47, les Américains ont des armes (mitraillette Thomson, carabine M1...) qui sont tout-à-fait adaptées, pas besoin à mon avis de déployer de l'énergie pour changer les choses à ce niveau.
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Oui, tu as raison, un moins de trente ans aura moins de connaissances et je m'étais fait la même réflexion. Je pensais donc à une personne de 35-40 ans dans mon histoire. Et je n'ai presque pas révisé (j'avoue pour Dewavrin...), j'essaie de jouer le jeu et de me fier à mes souvenirs immédiats quand j'écris un chapitre (je ne me souvenais réellement plus de la date exacte de la signature de l'armistice). Je ne vérifie qu'à posteriori pour respecter la trame temporelle initiale quand l'action se déroule. Mais, comme je l'ai indiqué précédemment, je cherche plus une vraisemblance générale qui porte le récit que le respect de la "vérité" historique. Quatre-vingts ans, comme tu y vas... Idée intéressante au demeurant que ce changement d'âge. Mais on peut réécrire tout le texte avec un personnage ayant la cinquantaine ou la soixantaine, ce sera juste plus simple pour lui pour justifier son statut de civil et ses connaissances un peu encyclopédiques.
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Devoirs à la maison Dimanche 9 juillet - Pas de rendez-vous aujourd'hui, une journée pour souffler, je quitte ma pension de famille pour déposer le dossier chez Jean Monnet et vais ensuite faire un tour à Hyde Park puis visiter Londres. Je me rempli de toutes ces images de la ville avant les destructions. L'après-midi est consacrée à la rédaction de mon premier projet. La première urgence technologique est de contrer la Kriegsmarine, flotte de surface et sous-marins. Je ne vais pas interférer avec les engins en cours de développement, je verrai plus tard si je peux pousser le Hedgehog qui va faire très mal aux U-boot. En attendant, je vois deux type d'armes capables de faire beaucoup de dégâts : la torpille filo-guidée ou auto-guidée et le missile filo-guidé, radio-guidé ou auto-guidé par radar. La torpille est hors de portée technologique pour le moment, il me faut plus d'assise financière, de capacité de développement et d'accès aux technologies militaires. Le missile, en revanche, est paradoxalement plus simple à fabriquer pour qui en connaît les principes et les réalisations opérationnelles. Pour commencer, je vais réaliser une bombe planante en acier avec des tuyaux de poêle. Le passage au missile consistera à lui adjoindre deux propulseurs à poudre latéraux. Le corps central contiendra le câble de guidage qui se déroulera au fur et à mesure de la progression du missile, avec les tuyères latérales, le câble souffrira ainsi très peu des gaz brûlants. Si on veut avoir une portée de 2.000 m à 600 km/h, il faut 12 secondes de poussée. Avec un corps de 60 cm de diamètre, il faut 1.200 tours de câble pour faire les 2.000 m, si on lui suppose un diamètre de 4 mm, il faut un mètre de longueur pour le stocker sur quatre rangs. Un appareil lançant le missile à 360 km/h parcourra 1.200 m en 12 secondes, le tir pourra donc avoir lieu à 3.000 m de la cible, limitant le risque de son artillerie anti-aérienne pour le lanceur. Tout cela est cohérent. Si je me fais un petit planning, je vais compter un mois pour obtenir le financement nécessaire, contacter un ingénieur aéronautique et un ingénieur chimiste (pour la poudre du moteur fusée) et trouver un atelier avec quelques ouvriers. Quinze jours de plus pour faire les premiers dessins et lancer les approvisionnement. Mettons un mois pour réaliser la première bombe planante, ce qui nous amène à fin septembre. En parallèle, je vais chercher à obtenir un appareil porteur pour les essais. Le plus simple, "administrativement" parlant, serait de prendre un appareil de l'Armée de l'air ou de l'Aéronautique navale stocké quelque part en Grande-Bretagne, s'agissant d'appareil français, il n'y a rien à demander à la RAF, enfin si : l'autorisation de vol... L'autre solution, plus sure, consiste à avoir un appareil opérationnel, un Blenheim par exemple, mais le Bomber Command ou le Coastal Command accepteront-ils de laisser faire ces essais ? Avec la fin de la bataille de France, le Bomber Command n'a plus beaucoup d'activité, les bombardements d'envergure sur l'Allemagne ne sont pas encore d'actualité mais il va bientôt falloir faire des raids sur les rassemblements de péniches de débarquement à Boulogne, Calais... Le Coastal Command pourrait être beaucoup plus intéressé par un tel engin mais il est très sollicité pour protéger les approches des îles britanniques et la Mer du Nord. Enfin on verra, il faudra faire intervenir le niveau politique. On va tenter les deux approches en parallèle en demandant tout de suite à préparer un bimoteur des FAFL pour ça, s'il y a un Boston disponible, ce serai le Graal. Sachant que je n'aurai certainement pas accès à une soufflerie, la mise au point risque de prendre du temps, comptons un mois et au moins dix lancements rien que pour avoir un engin volant correctement et ne perturbant pas trop l'avion porteur donc fin octobre. Avec quelques électroniciens, nous devrions pouvoir mettre au point le guidage pour la même date ce qui pourrait donner un engin opérationnel vers la fin de l'année. Toujours dans le même temps, on développera les moteurs-fusées à poudre. Le principe est simple : un carburant solide moulé dans le corps avec une empreinte en étoile à l'intérieur pour stabiliser la combustion, le développement ne prendra pas longtemps. La difficulté sera la stabilité de vol une fois les propulseurs montés sur le planeur, trois mois d'essais ne seront pas de trop pour y arriver, ce qui donnerait une mise au point vers le début de l'année 41. Nous avons donc une équipe d'une vingtaine de personnes à payer pendant six mois avant qu'un contrat de production puisse être décroché. Plus l'atelier, les outils, la matière... ça devrait être faisable. Si les première engins sortent en février, un Squadron devrait être opérationnel en mai pour s'occuper du Bismarck. La soirée est consacrée à un deuxième projet, celui lié à l'Afrique Équatoriale Française qui va bientôt rejoindre la France Libre. Il y a une exploitation forestière importante qui a perdu ses débouchés en Europe. Y implanter une industrie aéronautique et navale aura les avantages de relancer l'exploitation forestière, d'industrialiser l'AEF, de fournir des patrouilleurs, des navires de servitude et des barges de débarquement, éventuellement de produire des avions de transport (le Potez Po 620-650 remotorisé avec des groupes américains, Pratt & Whitney Twin Wasp ou Wright Cyclone, et éventuellement agrandi) et de liaison et d'écolage (Caudron Phalène par exemple), de fournir des baraques préfabriquées (baraques Adrian ou équivalent) et de préparer la reconstruction de la France avec des logements provisoires (qui sont faits pour durer comme chacun le sait). Il faut installer ou développer scieries et usines de contreplaqué puis chantiers navals et usines aéronautique. Les plans des vedettes lance-torpilles seront fournis par les Anglais ainsi que les moteurs Merlin, la production sera faite en fonction des besoins. Les plans des barges de débarquement sont assez simples à refaire et elles se contentent d'un moteur de voiture ou de camion, une petite pré-série sera faite sur fonds propres et proposée à la Royal Navy et aux FNFL. L'AEF basculera à l'automne, trois mois pour installer les usines et approvisionner les moteurs et accessoires et un mois pour lancer les premières unités qui seront disponibles en février 1941. Pour le Potez 650, si les plans peuvent être obtenus et quelques cadres et ouvriers transférés en AEF, la production pourrait monter en charge dès le printemps 1941. On peut aussi commencer à fabriquer des planeurs intermédiaires entre le Horsa et le Waco à partir du Po 650. Ça ferait gagner deux ans pour le développement de la force aéroportée, ce qui est considérable ; avec 2.000 planeurs d'une capacité de 20 hommes ou une tonne de matériel, on peut imaginer la mise sur pied de quatre divisions dès 1942. Ici aussi, la construction et l'octroi de licences va financer l'équipe et les investissements. Dans tous les cas, il faudrait faire envoyer le personnel nécessaire depuis la métropole avant le basculement d’allégeance, soit en août ou septembre au plus tard. Après, il faudra s'orienter vers la Grande-Bretagne ou les États-Unis, ce qui ne va pas être simple. Potez a fait évacuer une grande partie de son personnel devant l'avance allemande, il doit en rester encore pas mal dans le sud, on doit y envoyer une mission au plus vite. La difficulté étant toutefois de ne pas interférer avec le ralliement de l'AEF. Un dernier projet serait de fabriquer des parachutes directionnels en employant de la main-d’œuvre féminine dans les comptoirs indiens qui vont, eux aussi, basculer rapidement vers la France Libre. Petite production pour un marché de niche, les opérations de commando, mais à forte valeur ajoutée. Quand je pense que je suis en train de planifier un enrichissement sur la guerre j'en suis malade mais il faut bien financer les actions que je projette et me faire reconnaître comme un interlocuteur valable... Et puis montrer aux territoire restés fidèles à Vichy que la France Libre va de l'avant et participe avec profit à l'effort de guerre allié peut en faire réfléchir plus d'un, peut-être l'Opération Torch se passera-t-elle mieux. Ne pas sous-estimer la puissance de la propagande : "Vous aviez à choisir entre le déshonneur de cesser le combat ou la difficulté de continuer la guerre à partir de l'Empire, vous avez choisi le déshonneur et la guerre vous rattrapera." Winston a tellement pompé que je ne me sens aucune honte à le faire... Plan d'action : - Continuer la recherche de financement (contacter au plus vite Émile Mathis aux États-Unis) ; - Mettre en place une filière d'évacuation (voir avec Dewavrin mais pourquoi pas le Surcouf qui mettrait 48 heures en surface pour faire Camargue - Gibraltar ; en se tassant un peu, il doit pouvoir emmener plus de cinquante personnes à la fois, voire une centaine ; il dispose de deux canots et peut en embarquer plus encore dans son hangar) ; - Identifier et localiser en zone libre les personnes pouvant servir ces projets (équipes Potez, Breguet, Latécoère, arsenal de Toulon..., voir avec Dewavrin également) ; - Les approcher et les sonder sur leur volonté de continuer à l'étranger (préparer le processus) ; Il est presque onze heures du soir quand j'arrête de travailler, je jette un coup d’œil au magnifique ciel nocturne dans le black-out londonien puis vais me coucher.
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Le nerf de la guerre Samedi 6 juillet - Je profite de mon passage à Londres pour contacter Jean Monnet que je veux solliciter à propos du financement de mes projets. Je parviens à obtenir une entrevue à son domicile le soir même. Je fais de même avec René Cassin, cette fois en me recommandant de De Gaulle. Je compte sur eux pour me mettre en relation avec les hommes politiques britanniques, Churchill en tête. Je rencontre le capitaine Dewavrin dans la matinée, je choisis à cette occasion le pseudonyme de Chronos, personne ne me connaîtra pus sous mon nom réel. Comme je sais que sa préoccupation est de monter un service de renseignement en France occupée ou non occupée, je lui parle d'Henri à Lyon (sans lui donner encore de nom) et propose un embryon d'organisation (cloisonnement, règles de communication, règles de disparition en cas de capture d'un membre) des cellules de renseignement de manière à limiter le plus vite possible les risques d'infiltration et de démantèlement des réseaux mis en place. J'évoque la possibilité technique d'installer des émetteurs très basses fréquences ou très hautes fréquences pour envoyer des messages sans craindre l'interception allemande. Il va falloir vérifier mais je suis à peu près certain qu'au dessous de 20 kHz, il n'y a plus aucune transmission radio, il n'y a donc probablement pas non plus d'écoute, il faudrait mettre en place une antenne de trois éléments (radiateur, réflecteur et directeur) de quelques kilomètres de longueur. La forêt de Paimpont me semble être tout à fait adaptée. Une alternative est d'utiliser les ondes décimétriques avec une antenne parabolique du côté de Cherbourg (le cap Gris-Nez est bien plus proche mais la région va être beaucoup plus difficile d'accès). Ces fréquences ne seront pas utilisés ni même connues par les Allemands avant longtemps et la très forte directivité du faisceau les rendront difficile à intercepter. Dewavrin est très intéressé par tous ces éléments et veut tout de suite contacter Henri. Je propose d'envoyer un agent prendre contact avec lui en lui parlant d'un petit prince et d'une rose en lui expliquant que j'ai convenu de ce message juste avant mon envol. Nous discutons alors de la mise en place d'un premier réseau de contact avec la mise en place des messages personnels via la BBC pour le flux entre la GB et la France et la nécessité de contacter les Britanniques pour valider la faisabilité de l'émetteur TBF pour le retour. Il va se charger de me mettre en contact avec les bons interlocuteurs. Je lui parle du comité Tizard bien que je sache que ce n'est plus lui qui en est en charge ; qui donc l'a remplacé, je ne me souviens plus... En tous cas, je vais rapidement avoir un contact technique avec les Anglais, j'avance vite. Dans l'après-midi, je prépare une présentation "Power Point" pour Jean Monnet. Un carton à dessin et des feuilles format A3 (ou l'équivalent british de l'époque, quelque chose comme du "quart d'aigle"). Quelques schémas techniques pour illustrer ma présentation et montrer que je maîtrise le volet technique. Quelques figures présentant l'organisation que je souhaite mettre en place : cellule de veille, bureau d'étude, atelier de production - je ne veux pas faire de production dans un premier temps, la création de prototype devant suffire à obtenir des contrats de royalties. Dix "slides" plus les figures, deux minutes par "slide", je peux torcher ma présentation en vingt minutes, assez pour être bien compris, pas trop pour ne pas le noyer mais le bonhomme est très intelligent, il ne devrait y avoir aucun problème de compréhension. Aller droit au but, ne pas chercher à finasser. À l'heure dite, je me présente chez Monnet qui me reçoit de manière affable mais me demande tout de suite l'objet de ma visite. Je ne perds pas de temps et lui déroule ma présentation (je me garde bien de parler de De Gaulle, je sais qu'il n'a pas les mêmes vues que lui à l'époque). Je lui expose les principaux projets que j'ai en tête et lui indique leur coût approximatif en personnel (je ne sais pas si le FTE, Full Time Equivalent, est d'usage courant à l'époque, je parierais que non). J'ai besoin d'un financement avec un retour sur investissement sur un an, lui qui a été banquier, peut-il m'aider avec ses contacts ? Monnet a écouté très attentivement, s'il a été surpris, il n'en a rien montré. Il me bombarde de questions sur les projets mais j'ai bien préparé mon sujet, je ne me laisse pas déstabiliser. Au bout de trois quarts d'heure, il me remercie et m'informe qu'il a d'autres engagements, il doit interrompre notre discussion. Il me recontactera dans quelques jours, peut-il avoir la présentation ? - Oui, bien sûr, sauf ce qui a trait aux éléments techniques, je vous en ferai parvenir une copie demain à la première heure par courrier (toujours prévoir une copie pour chaque participant, tu le sais pourtant, erreur de débutant ! Ah, ça manque les clefs USB...) Je n'ai pas eu le temps de lui demander des recommandations pour ses contacts britanniques mais j'aurai certainement l'occasion de le revoir. Retour à la pension qui m'héberge, je dois faire ce soir une copie de la présentation et un dossier plus conséquent pour l'accompagner.