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Pourquoi le monde à l'envers? Les russes qui vont acheter aux iraniens leurs drones Shahed 136 ou leurs missiles pourraient se dire la même chose... Souvent dans le made in France il faut oublier le "low cost", on va réussir à faire un truc, mais il sera 10 fois plus coûteux. Il ne faut pas avoir honte ou se sentir con, aujourd'hui nous avons beaucoup de choses à apprendre des ukrainiens, en particulier pour faire du low cost. Nous ne sommes pas en avance dans le domaine du drone, on le sait depuis des années. On a beau faire de formidables avions de chasse, on pourrait penser qu'un drone c'est plus facile et plus simple, pourtant on voit bien que non et si en plus on cherche à aller vite, faut prendre ce qu'il y a à prendre de ceux qui savent. On peut apprendre sur leurs techniques de fabrications, leur organisation, les très nombreux retex qui chez eux arrivent tous les jours directement des utilisateurs en situation opérationnelle etc... L'entreprise de cet article produit notamment ce modèle Et oui visuellement ce n'est pas formidable, oui ça semble simple, oui ça ressemble à du bricolage, mais si on cherche du pas cher qui va servir à saturer les défenses adverses pour diverses raisons, ben allons-y, quitte à produire cela sous licence puis ensuite à s'en inspirer pour améliorer des choses. On cherche du consommable qu'on pourrait produire en quantité, si en ce moment on est sur le segment de munitions plus petites qui ont un rayon de 50km, l'étape du drone comme celui ci-dessus (à long rayon d'action) se fera aussi.
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Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
De notre point de vue c'est facile de dire "achetez français" au nom de l'Europe de la défense, comme si tout pouvait se changer et s'abandonner du jour au lendemain. Mais on ne change pas tout en 6 mois. Les autres toujours les autres ne font pas ce qu'il faut, mais croyez vous que si demain la France décide d'acheter des chars Léopard 2 aux allemands, les réactions ici seront d'applaudir l'Europe de la défense? On sait tous que c'est une chose qui se fera sur la durée, petit à petit, on ne va pas à chaque ventes d'armes qui n'est pas d'origine européenne faire comme si tout serait vain. Ce sont des choix nationaux car justement depuis des années on veut bien éviter de voir l'Europe mettre son nez dans des sujets régaliens des pays. C'est même souvent ceux qui veulent depuis des années le moins d'Europe qui aujourd'hui sont ceux qui l'ouvrent le plus sur la solidarité européenne, car en vérité c'est pour eux un moyen de plus d'enfoncer l'idée européenne et non de la renforcer. Quand l'Europe prend une fois une décision comme pour les 150 milliards devant servir uniquement à acheter de l'armement européen, il suffit de voir les réactions américaines, britanniques ou d'ailleurs pour en "profiter", la peur d'être marginalisé, la peur de voir émettre une concurrence beaucoup plus forte sur certains secteurs. -
Cela n'a jamais été un but. L'intérieur est réservé pour les hommes et l'équipement sensible/explosif, l'extérieur on déleste. Moins c'est encombré à l'intérieur, mieux c'est. Quand vous êtes dans un Griffon ou un Serval, tous les rangements à l'intérieur sont adaptés et il y a des attaches partout. Même pour le fusil, il y a des housses (sans doute le truc qui emmerde le plus les utilisateurs à l'arrière) qui servent à protéger les hommes. De nombreuses blessures (parfois mortelles) dans les véhicules touchés par des mines ou qui subissent des accidents de la route sont liés aux éléments intérieurs qui peuvent devenir des projectiles car se baladant (en plus des hommes...). Il faut que les gars prennent l'habitude de s'attacher, d'attacher leurs équipements, ce n'est qu'à l'approche d'un débarquement qu'on se prépare. La chose à éviter c'est d'avoir un véhicule à la sauce soviétique ou en raison d'un espace contraint, on se retrouve dans une situation inverse, l'équipement on le met à l'intérieur, les hommes eux, ils vont sur le toit...
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Il faut savoir qu'actuellement, dans les bureaux du ministère des armées on travaille sur une refonte de la LPM en vue d'une hausse à venir du budget. En fonction du rythme retenu de la hausse, de son volume et des projections, plusieurs choses peuvent se faire à court, moyen et long terme. On va déjà éplucher la planification en cours sur les objectifs à atteindre en 2030 et 2035, puis on va regarder ce qu'on peut accélérer et avancer. En parallèle de cela se pose la question de l'obtention de capacités supplémentaires. On ne parle pas d'une réorientation budgétaire comme on pouvait le faire encore ces derniers temps avec l'acquisition de moyens pour la lutte anti-drones ou pour un effort sur les munitions, mais bien de hausses permises par un budget revu à la hausse. La différence c'est que dans le premier cas, pour acquérir par exemple des moyens anti-drones au plus vite, ben fallait repousser un peu d'autres programmes et revoir certaines livraisons de véhicules. Dans le deuxième cas il n'y a pas à chercher à modifier la programmation. C'est ainsi qu'on a entendu assez rapidement via le ministre qu'on entre sur une phase de relecture du format de notre armée (plus de frégates, de Rafale...). La marine aura sa part, l'armée de l'air aura la sienne mais l'armée de terre également. Gardons à l'esprit la réalité RH que j'ai déjà mentionné dans l'autre commentaire, il y a des limites qui ne sont pas seulement liées au budget. Il est moins problématique de donner 3 frégates à la marine ou de donner 20 Rafale à l'armée de l'air que d'aller acquérir par exemple 2000 VCI/APC. On pourrait se dire que c'est juste un choix financier, mais non, derrière il faut comprendre que pour la marine on peut se dire que 500 marins en plus, c'est possible, que pour l'armée de l'air 100 aviateurs sur une base aérienne existante c'est également possible mais que pour l'armée de terre 2000 VCI/APC ben ça va nécessiter environ 25 000 hommes ainsi que la création d'une vingtaine de régiments, donc des milliards (sans compter le temps de trouver les sites, de construire...), là du coup c'est beaucoup moins possible. Donc c'est pour cela que j'appelle souvent à une approche réaliste, que tout n'est pas juste une question d'acquérir des véhicules comme s'il n'y avait que ça et il ne suffit pas d'augmenter le budget pour augmenter la masse. Nous sommes déjà aujourd'hui sur un fil au niveau du recrutement, y compris chez les civils de la défense. Pour l'armée de terre on doit rester sur une approche ou le format va se faire par des ajouts capacitaires, par une amélioration/densification des équipements dans les unités en service. Cela ne va pas interdire la création d'unités nouvelles, mais ça se comptera sur les doigts d'une main. Si on décide de faire un effort capacitaire sur l'artillerie, on va préférer densifier les régiments actuels, il en est de même pour la cavalerie. On est dans une situation ou on va investir dans des éléments qui vont amener un plus capacitaire mais qui dans le même temps "consommera" le moins possible d'hommes. C'est pour cela qu'il y a des gens qui ne vont pas comprendre qu'on puisse par exemple commander pour 10 milliards de Rafale quand ils diront que pour ce prix là on pourrait se payer X quantité de véhicules pour "gonfler" l'armée de terre. Un véhicule ça ne coûte pas très cher (encore que), on peut effectivement assez vite obtenir de grosses quantités, mais le problème est l'humain. Pour l'infanterie, faut pas se faire trop d'illusions, il n'y aura pas une multiplication des forces. En dehors de l'accélération du programme VBAE qui profitera à quelques sections spécialisés, hormis l'accélération d'une modernisation à mi vie du VBCI, l'accélération des livraisons de Griffon et Serval (+ augmentation du nombre de kits), il n'y aura pas plus à attendre. Le reste de l'effort sera au niveau des petits équipements individuels ou collectifs. Bien sûre qu'on pourrait se dire qu'il faut acheter rapidement remplacer nos VBCI par un autre VCI qui serait peut-être plus armé, avec pourquoi pas des chenilles. Que les VBCI qui ont encore bien 15-20 ans de potentiel pourraient être transférer au fur et à mesure en lieu et place des Griffons dans les autres régiments, mais c'est très peu probable. Il faudra attendre sans doute une dizaine d'année, quand on cherchera le successeur du VBCI (dans les années 2040) s'il ne serait pas intéressant de transformer certains régiments sur APC (griffon) en régiments sur VCI. Mais ça sera dans 20-25 ans. C'est pour cela que j'estime que les axes d'efforts seront plutôt du côté de l'artillerie, de la cavalerie. En artillerie sur le segment sol-sol, sol-air et drones. Dans la cavalerie, par l'augmentation du nombre de Jaguar (pour les chars, on a la situation qu'on a, faudra attendre une bonne dizaine d'année avant de revoir le format à la hausse dans la ligne du remplacement du Leclerc).
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Derrière chaque matériel il y a des hommes. Notre problème pour créer de la masse est et restera toujours limité par la ressource humaine. On ne va pas "couvrir" le territoire français avec des chars, regardons notre réalité stratégique et non celle des autres. Mettre de l'AC sur des APC traduit une mauvaise interprétation du rôle et des missions d'un tel véhicule. Mais c'est assez commun sur internet ou on oublie très souvent l'humain au point de croire que sur le champ de bataille, il n'y a que des véhicules qui s'affrontent entre eux. Un blindé, rappelons le, c'est avant tout un moyen protégé pour les hommes de se déplacer. Un APC va amener un groupe de soldats d'un point A à un point B. Plus le temps passe, plus on voit ces engins évoluer, plus on voit un blindage important, plus on voit de l'armement téléopéré ce qui peut prêter à confusion avec des engins blindés de combat comme peuvent l'être le char, le VCI ou d'autres. J'avais déjà expliqué la dernière fois que la zone ou va évoluer un Griffon ou un Serval n'est pas une zone ou il est sensé circuler des blindés adverses. L'armement "défensif" c'est adapté à de l'infanterie adverse. Si on devrait à chaque fois se dire "au cas où" on y mettrait également un Mistral en plus tant qu'on y est. La force d'un APC ne doit pas se chercher sur son toit mais dans les hommes qu'ils va faire débarquer. Ce sont eux qui font la mission, ce sont eux qui vont progresser et c'est à eux qu'on a déjà donné des moyens AC. Quand on fait le tour d'une unité d'infanterie (vous avez toujours un ensemble de forces avec son secteur, ses moyens), entre les grenades à fusil, les AT4, les MMP, je pense qu'on a déjà pas mal de choses pour faire face à de l'imprévu. Sans oublier des appuis indirects comme le mortier de 81mm, le LGI qui peuvent également bien calmer un adversaire avant même de devoir appeler l'artillerie. L'infanterie débarquée peut parfaitement faire des assauts, ils ont les moyens. Mais il ne faut pas prendre leur véhicule de transport pour un engin de combat, il ne l'est pas. Soyons heureux d'avoir ce qu'on a, dans de nombreux pays l'APC est un blindé très léger ou la présence d'un armement téléopéré est presque un luxe, un peu comme nous il y a 15 ou 20 ans avec quelques VAB TOP et ou l'Aravis était presque un autre monde. Dans beaucoup d'autres pays le combattant d'infanterie n'a même pas le luxe d'avoir un blindé, c'est un camion et puis voilà. Il suffit de regarder du côté indien et pakistanais, derrière le nombre de chars ou d'artillerie sur lesquels on aime se focaliser, derrière l'immense majorité des hommes sont transportés en camion. Le Pakistan va avoir seulement 3000 APC, essentiellement des M113 (même pas de VCI) pour 500 000 hommes. Les indiens c'est un peu mieux, ils vont avoir 2400 BMP2 (donc des VCI) et 2000 APC pour 1,2 million d'hommes. Dans aucun pays au monde vous verrez des APC surarmé (déjà un tourelleau téléopéré c'est déjà pas mal), si on veut de l'armement, on prend du VCI. Qu'il existe des plateformes APC modifiés pour en faire des versions spécifiques ça n'en fait pas une généralité. Autant chez nous, dans notre configuration, vaut mieux venir augmenter la quantité de Jaguar (véhicule de combat) pour densifier sa présence et l'accompagnement de l'infanterie débarquée. Ou/et augmenter le nombre de VBCI en lieu et place des APC.
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Le tourelleau n'a rien de fixe de toute façon, c'est comme beaucoup de choses, un kit adaptable à tous les véhicules. Le tourelleau n'a rien de pénétrant dans la structure du véhicule, il est juste posé sur le toit, puis fixé. La seule chose qui change d'une version à l'autre, ce sont les gabarits de sécurité, en gros des zones (angles) ou on va interdire le tir en raison d'obstacles (présence d'autres éléments sur le toit. Ici rien n'empêche un tourelleau, il aura juste une zone d'interdiction assez importante sur l'arrière. Dans la vidéo l'opérateur drone ne se trouve ni sur le siège du chef tactique ni sur celui du tireur (passager avant droit). Il est à la place d'un combattant. Il n'y a donc pas de problème pour la place dans l'habitacle, le seul élément rapporté étant un ordinateur. Le caisson à l'arrière est un élément commun à tous les véhicules, il n'est pas propre à ces drones sui se trouvent dans leur propre caisse. Ce caisson est un gros coffre de toit dans lequel on peut transporter ce qu'on veut comme on le faisait avec le VAB et peut parfaitement tenir un rôle de contenant pour drones comme ici. C'est adaptable partout, sur tous les engins, pas la peine de créer une nouvelle version ou de modifier spécialement des véhicules pour cela. On pourrait assez facilement créer un "kit drones", le caisse avec les drones pouvant tout inclure (les drones, la liaison radio etc...) avec seulement le besoin de faire passer un câble.
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Les soldats russes comme ukrainiens sont une guerre dans laquelle ils font comme ils peuvent avec ce qu'ils ont. Le drone, on le sait est sans le seul "game changer" de ce conflit. Cela ne veut pas dire qu'il va donner la victoire à l'un ou l'autre, c'est que cet élément nouveau (FPV et consorts) et massif modifie totalement les rapports de forces ou les tactiques classiques. On est vite repéré, on est traqué et ces drones amènent une précision exceptionnelle. Ils transforment le visage du champ de bataille, ils construisent à eux seul un "no man's land" dans lequel il est très dangereux de progresser. Cet espace, les deux belligérants cherchent à le contrôler et à y être actif. C'est bien le drone qui va pouvoir chercher au loin, le renseignement (image) et la capacité à cibler efficacement une cible ennemie. Dans cet environnement l'ensemble des moyens classiques ainsi que l'ensemble des tactiques sont revues. Un ATGM Konkurs à disposition peut s'avérer totalement inutile pour diverses raisons, que ce soit l'absence de postes de tir, d'un véhicule porteur ou que tout simplement son employabilité s'avère limité du fait du terrain (la vue directe et horizontale peut ne pas excéder la ligne d'arbre de l'autre côté d'un champ peu importe qu'en théorie ça peut aller plus loin). Les positions de tirs sont elles aussi plus vulnérables quand elles sont fixes (on ne défend plus une position, votre trou de combat utile pour du combat au sol ou contre l'artillerie se transforme en cible idéale pour un FPV). Le carnage dans le conflit ukrainien c'est aussi ce décalage entre des pratiques anciennes qu'on va perpétuer et ces drones qui vont les déconstruire et les remettre en question chaque mois qui passent. On est dans une grande consommation de drones en Ukraine, ils produisent beaucoup car derrière c'est consommé. Il y a beaucoup d'artisanats dans tout cela, ce ne sont pas des éléments qu'on cherche à faire durer. Chez nous on doit voir la chose différemment, on doit comprendre qu'une dotation initiale en temps normal ce n'est pas la même chose que cette consommation à grande échelle en temps de guerre. Il y a des choses qui ne changeront pas, les combattants terrestres auront toujours besoin de munitions comme le NLAW qui va satisfaire un besoin à leur niveau. Le MMP a lui un très gros avantage par rapport à des systèmes comme le Konkurs car il est très semblable à ce qu'on peut voir avec les munitions guidées. Il va s'affranchir des obstacles horizontaux (par sa prise d'altitude), guidage vidéo filoguidé donc insensible au brouillage, comme ATGM il n'est pas à mettre au placard des reliques d'une guerre de retard. Par contre ce que nous devons absolument faire, c'est revoir toutes les tactiques et tout l'environnement qu'on peut faire graviter autour d'une force terrestre. Bien intégré la dimension drone à la reconnaissance, avant et pendant les opérations. Il faut plusieurs "couches" de reconnaissances et de renseignements par drones, le plus important c'est d'obtenir le maximum d'informations sur une zone avant d'y aller. C'est être en mesure d'identifier à l'instant T les mouvements de l'ennemi dans cette zone et sur quelques km à l'arrière, c'est être capable de le neutraliser sans s'exposer. Plus le temps va passer, plus de toute façon le drone "simple" qu'on peut voir actuellement en Ukraine va devenir un drone plus complexe, plus coûteux. Car on voudra augmenter la charge, augmenter la portée, augmenter la résistance au brouillage, augmenter la qualité vidéo. Vouloir imiter l'artisanat qu'on voit chez les russes ou les ukrainiens c'est une fausse bonne idée qui peut sembler adaptée aujourd'hui mais qui ne le sera pas forcément demain. Nous devons avoir des choses qui soient fiables sur la durée si on souhaite stocker. Ce n'est pas un drone tout public sur lequel on va scotcher un explosif souvent improvisé (le PG7 ou autres sont loin d'être la masse de tous les drones suicides) qu'on va garder en stock des années ou qu'on va transporter dans son sac à dos. Il faut concevoir une munition simple, standard et adaptée. Une munition qu'on pourra stocker 30 ans sans problème. Puis ce sera autour de cette munition qu'il faudra concevoir un drone et le faire évoluer. Car ce qui est bien aujourd'hui sera déjà obsolète dans 5 ans. Cette munition on peut en stocker 100 000 s'il le faut, on définira la quantité plus tard. Mais derrière on doit avoir des drones qui évoluent et à qui on donne les moyens d'évoluer. Là on fera de la gestion de stocks bien différente avec une production qui ne s'arrête pas, par exemple 5000 drones en dotation permanente, puis tous les 2-3 ans on renouvelle avec un modèle plus évolué, les anciens pourront servir pour l'entrainement (avec une munition fictive) de stock secondaire, pour de la reconnaissance ou de pièces détachées. Les volumes et délais peuvent varier, mais ce que je veux dire c'est qu'il faut bien dissocier la munition du drone dans la gestion à long terme, qu'il faut maintenir une production active.
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Pol a répondu à un(e) sujet de herciv dans Politique etrangère / Relations internationales
Nous ne sommes pas en Russie. Chez nous la communication n'est pas cachée bien au contraire. Le CR des activités ou certains événements sont toujours mis en avant, tu le sais parfaitement. C'est que justement il ne se passe des choses que de temps en temps. Tu as bien compris que l'intensité que j'évoque, c'est bien lié à l'action de feu? Celles-ci sont rares et quand elles ont lieues, cela devient des événements qui finissent par être communiqué. On ne communique pas pour ne rien dire et ça n'intéresse pas le public de savoir qu'une mission d'escorte s'est bien passé, comme ça n'intéresse pas de savoir qu'une patrouille de police a fait sa ronde sans rencontrer de problèmes, ça ne veut pas dire pour autant qu'ils n'ont rien fait. Oui et justement ça relativise un peu plus la victoire stratégique des Houthis qui absorberaient d'énormes moyens internationaux. Justement, ce n'est pas une guerre de haute intensité. Justement ce n'est pas le cas. Justement ce n'est pas "éloigné" d'un point de ravitaillement. Justement Djibouti rempli pleinement ce rôle pour tout un tas de pays (USA en tête) et qu'un peu plus loin on peut compter sur la Réunion au cas où. Depuis le début des actions des Houthis, tu as tendance à surestimer leurs capacités et leurs potentiels. Tu étais de ceux qui voyaient nos navires se faire submerger par des 50 drones tous les jours et qu'ils finiront par toucher nos navires car nous n'aurions plus de missiles à tirer. Cette perspective dans ce conflit n'arrive pas, nous ne voyons pas cela et au bout d'un moment il faut faire la réalité de la situation en face et non s'imaginer des choses qui n'existent pas. Cela ne veut pas dire que les Houthis ne font rien, qu'ils n'ont pas de moyens, mais très clairement on est loin d'un conflit exponentiel ou certains il y a 1 an encore imaginait que les Houthis allaient vider nos navires de leurs missiles ou qu'ils allaient ruiner l'occident dans une guerre financière. C'est le même délire qu'à Gaza, ou dès le départ on avait des types qui sortaient la calculatrice car pensant que la guerre se ferait à celui qui aura la plus lourde facture financière dans une guerre entre le prix d'une roquette tirée et le missile intercepteur. Mais la finalité ne 'est pas joué sur ça. Mais à défaut de trouver et constater de victoires militaires sérieuses et impactantes, on cherche des victoires secondaires comme cela. Quand j'ai parlé de "finalité" je parle du choix entre tirer au canon ou au missile. Le jour ou on dit qu'on va préférer laisser venir la menace pour l'abattre au canon et que pour X ou Y raison le tir au canon (mauvaise visibilité, houle trop importante, mauvais angle...) et qu'on ne le touchera pas, que cette menace s'écrase sur le navire, oui je le redis, les gens comme toi changeront de discours. Mais sinon la finalité de la mission est d'éliminer la menace que fait peser les Houthis sur ce trafic. Cela peut être fait de diverses manières. La contrainte n'est pas très forte justement. La France peut tenir une permanence car en vérité, c'est ce que nous faisons là-bas depuis très longtemps et que notre base à Djibouti, nos forces dans l'océan indien amène à maintenir une présence sur zone. Que ce soit la lutte contre la piraterie ou une mission de souveraineté, on aura toujours une mission dans le coin. Ailleurs en Europe on fait le relai pour la présence d'un navire. C'est que peut-être aussi avec le temps qui passe, l'évitement du passage de Suez est rentré dans les moeurs, que la perturbation du trafic maritime n'est plus aussi important, qu'en fait même si c'est pratique, ce n'est pas indispensable. Les temps de transports s'allongent, le coût également, mais à l'heure de la guerre commerciale, de la baisse du prix du baril, ben ça risque d'être encore moins marquants. C'est aussi un truc à prendre en compte, Suez n'est pas un point de passage obligé et le plus grand perdant là-dedans, c'est l'Égypte. Avant même de savoir la probabilité d'interception, il y a un choix, celui de laisser s'approcher la menace en pariant sur une interception réussie de proximité. Donc quand ça marche on va applaudir, mais le jour ou ça ne marchera pas, vous allez voir les réactions. Mais visiblement dire cela est une folie pour certains, que c'est une logique incompréhensible... La comparaison n'est pas foireuse quand on sait lire ce que j'ai écris. Je n'ai jamais évoqué une mise en oeuvre plus longue du Milan, j'ai dis que le tir a été loupé, que le missile n'a pas touché sa cible. Parfait exemple ou justement il ne faut pas faire le pari qu'une interception se fera automatiquement comme on le prévoit, même dans le feu de l'action. On pourrait se dire que l'usage d'un Milan (et pourquoi pas un AT4? c'est vrai quoi, sur le papier c'est suffisant pour détruire ce SVBIED) est plus adapté car moins coûteux qu'un Javelin, mais l'efficacité n'est pas la même. Et parfois vaut mieux être efficace qu'économique. Pour la vidéo, elle est là- 1 907 réponses
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Pol a répondu à un(e) sujet de herciv dans Politique etrangère / Relations internationales
Le Yémen est un pays en guerre civile, ne l'oublions pas. On n'est pas prêt d'unir encore plus les yéménites. Les "proxys" ce ne sont pas les saoudiens ou les émiriens, mais des forces yéménites. Comme je vais le répéter, ce n'est pas parce que tu approuves cela qu'il faut me prendre pour un con. Moi je dis que ce genre de choix, on peut les applaudir quand la finalité est bonne, mais quand la finalité ne le sera pas, les gens comme toi changeront leur point de vue sur le choix de préserver des munitions. Aussi je vais répéter que la mission en mer rouge n'est pas intense, prétendre "préserver" les munitions pour durer n'est pas cohérente. C'est loin de la métropole, mais ce n'est pas loin de Djibouti s'il faut recharger. La problématique se poserait si effectivement on avait un navire seul à qui on demande de rester sur zone pendant des semaines avec des interceptions quotidiennes sans possibilité de recompléter les munitions ou les vivres, ou il y a effectivement une gestion des consommables à prendre en compte. Tu crois que si on va balancer 10 missiles, la frégate va continuer sa mission avec ce qui reste? Ben non, on va faire un tour à un port, on fait le plein et on repart, quand ce ne sont pas directement par des bâtiments ravitailleurs qui peuvent eux aussi assurer une fonction de "réserve" de munitions. Une victoire "stratégique"? Non mais carrément... Rappelons que l'objectif des Houthis est de soutenir le Hamas (idéologie de proxy iraniens) dans sa résistance à Israël et que toutes ses actions n'ont aucunement contraint Israël a arrêter quoi que ce soit ni permis au Hamas de prendre un quelconque avantage. Les limites des Houthis pour peser sérieusement dans le conflit à Gaza s'est traduit par des actions à sa portée, c'est à dire perturber le trafic maritime le long de ses côtes. Non seulement c'est sans effets sur Israël, mais en plus la conséquence a été d'amener une force internationale (pas les israéliens) qui aujourd'hui s'oppose à eux. Ce n'était aucunement leur objectif ni leur stratégie, ils sont aujourd'hui pris dans un conflit totalement différent de ce à quoi ils se sont engagés, pris dans une guerre d'honneur ou la seule victoire est de ne pas perdre la face politique. On verre dans les mois et les années à venir les gains qu'ils vont en tirer. On est également loin aussi des "moyens importants". Ce n'est pas parce qu'actuellement les américains ont 2 PA sur place que c'est un truc qu'ils ont déstockés rien que pour eux. Les américains ont en permanence des PA aux 4 coins du monde, en permanence des rotations et forcément s'il y a l'occasion d'offrir une mission opérationnelle dans ces déploiements, ils le font. Je soupçonne même que les USA sont dans une forme de rodage en vue d'une éventuelle intervention en Iran qu'ils ne sont pleinement investis contre les Houthis. Pour nous c'est quoi? Une frégate qui au lieu de faire un tour du monde va faire une mission opérationnelle dans la zone. C'est peut-être même plus enrichissant pour l'expérience d'n point de vue strictement militaire. Ceci est encore un autre sujet, mais en effet bien souvent pour faire des économies on réduit l'armement. On cherche la suffisance pour faire face à une menace "simple" sur l'instant de la confrontation. Le multicibles est négligé sur tous les aspects, on pense affronter 1 ou 2 gros navires, on pense devoir abattre 1 ou 2 avions et puis voilà. La perspective d'une attaque plus lourde est mise de côté car on estime voir venir une telle chose en avance ou qu'on soit déjà dans une configuration de plusieurs navires (français et étrangers) qui vont se compléter face à la menace (ce qui est vrai quand c'est réalisé). Mais là ou c'est problématique c'est le navire seul à qui on va donner très souvent une mission solo. Dance ce genre de situation, un ennemi potentiel pourrait exploiter les limites d'un navire. On a besoin alors de pouvoir faire face à une menace plus "saturante" qui aujourd'hui on le sait, doit prendre en compte des cibles comme les drones et missiles adverses. Même si la France n'est pas non plus une nation "agressive", la faible capacité d'emport de MDCN est handicapante. Quand vous avez des navires américains comme les destroyer Arleigh Burke qui ont 90 lanceurs (ou ils peuvent mettre que des tomahawk s'ils voudraient) ben vous avez de suite une capacité de frappes en profondeur qui devient très importantes et sérieuses. Surtout quand ils en ont 80 de ces navires (sans compter après les sous-marins et autres navires). Nous n'aurons jamais les moyens des américains, chez eux ce sera toujours un X10 par rapport à nous, mais on gagnerait bien entendu en capacités si on avait une telle capacité sur nos frégates.- 1 907 réponses
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Pol a répondu à un(e) sujet de herciv dans Politique etrangère / Relations internationales
Le jour ou on se prendra un truc sur un navire car le responsable aura préféré économiser un missile, on verra les réactions et on verra comment l'affaire se passera. Cela me rappel l'avant Uzbin, ou les manières de faire, les procédures et les manques étaient acceptés tant que tout allait bien. Puis après, c'est "pourquoi nous n'avons pas de drones ? pourquoi nous n'avons pas fait de la reconnaissance au préalable, pourquoi le renfort aérien a été si long (d'autant plus qu'il était américain), pourquoi on a envoyé les gars à pieds et ou étaient les appuis? Oui mais comprenez ce ne sont que des types en sandalettes, on ne va quand même pas engager pleins de moyens contre ça..." Cela me rappel également cette vidéo en Syrie ou en Irak ou un SVBIED s'approche d'une position ou on avait des types de la coalition et de leurs alliés? Là ou tout le monde cherche à l'arroser avant un tir Milan qui va le louper (...), cette tension qui monte avant qu'un Javelin des forces américains élimine la menace. L'écart entre une bonne décision et une mauvaise tient souvent qu'à un cheveux. Vouloir utiliser le canon c'est de facto accepter que la menace approche, c'est accepter le risque de louper la cible à un moment ou vous n'aurez plus le temps de répondre. Derrière un écran il est toujours facile de faire les comptes une fois qu'un événement est passé. Si un jour on (ou un autre pays) s'en prend un car le responsable aura voulu "économiser" un missile, croyez moi que les critiques fuseront et on aura beau dire "qu'on l'a déjà fait avant et tout s'était bien passé", ben ce discours ne passera pas. On doit peut-être tirer 1 missile par mois en moyenne, ce n'est pas beaucoup. Je ne dis pas, au début de l'opération, on pouvait craindre de voir un rythme soutenu voir exponentiel d'interceptions de ce genre, là oui on pouvait s'inquiéter de la consommation de missiles et au risque de vagues saturantes venant des Houthis. Mais il faut le dire, la crainte de voir nos navires pris pour cible par des dizaines de missiles/drones, si on pouvait s'en inquiéter au début, ce n'est pas vraiment la tendance de ce conflit. Pour les Houthis, la réalisation d'une attaque importante (plus de 10 engins) semble demander un effort important, une préparation importante, ils ne font pas cela tous les jours. Depuis quelques mois, il y a plus à commenter sur les frappes qui se font sur les Houthis au Yémen ou sur les drones US abattus qu'il n'y a d'attaques en mer rouge. Le conflit change petit à petit de dimension, car sur la phase maritime, le trafic civil évite la zone et les Houthis ne semblent pas du tout en capacité de prendre l'ascendant sur la force militaire navale déployée. Il est plus simple d'envoyer un drone sur un navire marchand que d'en envoyer sur un navire de guerre. Je pense que côté américain on se prépare à soutenir une opération militaire au Yémen pour reprendre le littoral (avec la ville/port d'Hodeida en P1), ceci via les forces locales. Mais pour en revenir à la France, le problème encore une fois, ce n'est pas de balancer un missile qui coûte 1 million une fois par mois contre un drone (on pourrait presque faire passer cela comme un entrainement), mais c'est surtout que nous n'avons pas un grand stock. Si ce stock est faible, ce n'est pas que le missile est exceptionnellement coûteux et qu'on ne peut pas se permettre d'en avoir plus, c'est juste que pour faire des économies de bouts de chandelles (comme partout ailleurs) on a voulu avoir juste ce qu'il fallait. Le vrai problème est là, celui d'avoir les stocks de munitions, celui d'avoir une industrie capable de produire rapidement.- 1 907 réponses
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Blocage des flux commerciaux Maritimes mondiaux
Pol a répondu à un(e) sujet de herciv dans Politique etrangère / Relations internationales
Sauf que nous ne sommes pas à l'entrainement. En réel on doit s'assurer de l'interception pour éviter un loupé. Ici le drone a été abattu, c'est bien. Le jour ou on s'en prendrait un sur le navire (ça ne va pas non plus le couler), si l'excuse était d'éviter de tirer un missile Aster en préférant utiliser le canon, ben il y a des têtes qui vont sauter, un scandale qui va émerger et toutes les personnes qui prétendent qu'il faut faire des économies avec les missiles qui feront un week-end prolongé dans le silence. Nous ne sommes pas à balancer des dizaines de missiles par jour non plus. Il faut peut-être mettre d'autres choses en parallèle. A force de croire que les Houthis contrôlent le Yemen, on oublie que ce pays est un pays en guerre civile avec d'autres forces en présence. https://www.firstpost.com/world/yemeni-govt-preparing-80000-soldier-push-against-houthis-us-support-likely-report-13879653.html- 1 907 réponses
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2023 Guerre de Soukhot
Pol a répondu à un(e) sujet de Titus K dans Politique etrangère / Relations internationales
Cela surprend? L'intervention israélienne est assez lisible depuis le début. Contrôler l'ensemble de la bande de Gaza en créant un no man's land avec sa frontière, en allant prendre le contrôle de la frontière avec l'Égypte puis arriver à "vider" l'enclave d'une grande partie de sa population. On regarde l'Égypte mais ça pourrait se faire ailleurs (Syrie, Jordanie...). Les israéliens sont méthodiques dans la destruction de la bande de Gaza. J'invite tout le monde à regarder sur google earth/map les photos de la zone, beaucoup datent de décembre 2024 pour la partie nord. Les destructions sont colossales, invivables. Il n'est même pas concevable d'imaginer une reconstruction (qui va payer pour cela?). Le Hamas là-dedans, il devient un fantôme, ceux qui s'imaginaient ou s'imaginent encore qu'il va se refaire et deviendra plus fort qu'avant sont totalement déconnectés de la situation. On n'est plus sur une opération type "plomb durci", comme dans le passé. D'ailleurs depuis qu'on ne voit plus les quelques actions du Hamas contre les forces israéliennes, ce sujet semble moins intéressant pour certains... Avec Trump, Israël a presque une carte blanche pour pousser son opération sans contraintes. Ils reçoivent les bombes que Biden bloquaient. Le Hamas n'est plus une menace pour Israël, le Hezbollah a lui aussi grandement été bousculé, Assad s'est effondré et depuis Israël a éliminé une grande quantité de matériels en Syrie qu'on peut qualifier "d'importants" en plus d'avoir pris le contrôle d'une partie du territoire le long du Golan. Israël n'a plus cette menace d'une guerre sur plusieurs fronts qui iraient diviser ses forces. Cette menace était dissuasive dans le scénario d'une intervention contre le nucléaire en Iran. Pas étonnant que ça s'active en ce moment et le risque d'une intervention militaire devient une réalité, les américains préparent et vont appuyer les israéliens pour une frappe. Un Thaad et 2 batteries de Patriot ont été envoyés en Israël il y a quelques jours. Les bombardiers autour de Diego Garcia sont aussi à analyser, 2 porte-avions qui s'entrainent en ce moment sur les Houthis, il y a ce qu'il faut pour un raid si les négociations n'aboutissent pas sérieusement sur un accord. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
La stratégie russe est à l'offensive, la stratégie ukrainienne est à la défensive. Il faut comprendre l'intérêt de chacune de ces stratégies. L'objectif d'une stratégie offensive, c'est d'avancer, l'objectif d'une stratégie défensive c'est de fixer l'adversaire pour l'user (car le défenseur a toujours un avantage sur l'attaquant). Dans cette configuration, il est logique et normal de voir avancer les russes à des endroits. Pour celui qui cherche avancer, le gain c'est le terrain. Pour celui qui défend, le gain c'est l'épuisement adverse, le terrain est utilisé à son avantage et s'il n'est plus ou pas avantageux, on recule sur une meilleure position. Donc la notion de qui avance ou recule ne doit pas être l'élément qui dicte de celui qui gagne ou qui perd, ni ne détermine l'état du rapport de force et de la finalité de la guerre. Depuis des mois, le pari du Kremlin c'est un gros effort offensif pour maximiser la possession territoriale dans l'idée qu'après la phase de négociations de l'ère Trump, on aura une fin de guerre imposée dans laquelle au pire ils maintiendront les acquis. Côté ukrainien on a sans doute fait le pari d'économiser les forces en vue de cette phase de négociations mais avec l'idée que ça n'aboutira à rien et que la guerre continuera, qu'il faut donc se tenir prêt. Quand on analyse la situation avec sérieux, on constate que les russes dans leur stratégie offensive sont très limités. On peut répéter à l'envie "ils avancent de partout", dans les faits on est loin d'être partout, on reste sur quelques points qu'on regardera à la loupe. Il faut un peu prendre ses distances avec les divers bloggers qui vont vous colorier des cartes, expliquer avec d'immenses flèches les diverses offensives et expliquer leurs interprétations. Il y a 2-3 ans, quand on évoquait la stratégie offensive russe, quand on regardait une carte on voyait les villes comme Kharkiv, Odessa, Kherson, Sumy, Zaporijia ou même Kiev en objectif de conquête. Aujourd'hui on sait tous que c'est inatteignable, peu importe que l'ambition demeure, les moyens d'y arriver ne sont pas là. Il fallait regarder plus petit. On regardait alors une carte à une autre échelle, l'objectif c'était les villes de Slaviansk ou Kramatorsk car on a fait un gros zoom ou on est passé d'une carte de l'Ukraine à une carte du Donbass. On sait aujourd'hui que pour y arriver ce serait très compliqué et très long, que même là on est déjà très optimiste. Il fallait regarder encore plus petit. Aujourd'hui quand on regarde une carte du Donbass, on va regarder des villes encore plus petites comme Pokrovsk et même là on peut s'interroger sur les capacités des russes à y arriver. C'est pour cela que ceux qui veulent se rassurer sur les capacités russes ont depuis quelques temps pris une toute autre habitude. En effet à force de zoomer et à force de chercher des avancées russes parfois ridicules, la carte du Donbass s'est transformée en plusieurs cartes qui va permettre de donner l'impression que les russes avancent de partout. On ne se rend même plus compte qu'on parle parfois de la prise d'une lisière d'arbres, d'un carrefour ou de quelques habitations. Les bloggers et autres vont donner une importance presque stratégique, imaginant ensuite des scénarios qui jamais ne se produisent (percées, effondrement, encerclement ou je ne sais quoi). Les offensives dont on parle, c'est 4 véhicules russes qui font les suicidaires sur un point ou 15 jours plus tôt 4 autres véhicules ont tentés la même manoeuvre, peut-être que ça passera cette fois-ci et ensuite faudra refaire la même chose 100m après. Mais parfois on a l'impression qu'on parle de divisions ou de corps d'armées (...) tant on leur donne de l'ampleur. Un petit clash sur une partie de front, on va y mettre une grosse pastille donnant l'impression sur une carte que les russes sont à l'offensive sur un tas d'endroits, mais dans la majorité des cas, on parle d'une situation sur un front qui ne bouge pas. Je l'ai déjà dit plusieurs fois, bien souvent on est dans une analyse à la hauteur d'un CDU, pour des objectifs qu'on va assigner à un CDS. C'est logique dans ce genre de situations que vous pouvez voir des ukrainiens (en posture défensive) mener des offensives, car on est dans un niveau de responsabilité très bas, sur des objectifs très locaux. Mais ces offensives ukrainiennes ne sont pas à traiter comme une stratégie offensive, ils restent dans une logique de défense de zones. Il y a des zones ou les russes sont bloqués depuis des mois, si ce n'est des années alors qu'ils y mettent les moyens et qu'ils sont à l'offensive. Là on parle seulement des multi-cartes du Donbass. Les offensives russes ne sont pas plus importantes car ils n'ont tout simplement pas les moyens. Il a très clairement été donné l'ordre général de chercher à avancer pour maintenir une pression, mais en dehors de certains points ou il y a un réel effort fournis, ailleurs on a des "petits" chefs qui vont peu de moyens mais à qui doivent quand même rendre des comptes sur leurs activités. C'est donc un CDS qui pendant 3 semaines va bricoler localement, artisanalement 3-4 blindés à sa disposition en mettant du surblindage, des cages et d'autres éléments pour aller ensuite essayer de prendre une position à l'ennemi avec une trentaine d'hommes. Réussite ou pas, c'est ce que ses chefs attendaient de lui. Faut pas croire que derrière ça vous avez 10 divisions en attentes pour voir ou se trouve la faille, il n'y a tout simplement rien derrière et c'est pour cela que même quand parfois ça va réussir à prendre une position, il n'y a rien qui est vraiment exploité derrière, un lieutenant passera peut-être capitaine avec une médaille, voilà tout. Cela parait con mais c'est ça. Quand on voit que leur offensive du côté de Kharkiv n'a pas donné grand chose, que la concentration de leurs forces a donné aux ukrainiens les moyens d'entrer en territoire russe et d'en contrôler une partie pendant des mois, amenant Moscou à réorienter son effort et même à devoir appeler les coréens en renfort, je pense qu'il est bon de revoir un peu sa copie sur l'aisance militaire russe et de ses capacités offensives. Car plus le temps passe, plus on a l'impression qu'avancer en territoire ukrainien ne se fait pas sans conséquence sur le potentiel global de l'armée russe à maintenir cette posture offensive sur la durée. Plus le temps passe plus on semble réduire les objectifs réalistes et atteignables pour eux. Le risque du pari russe, c'est que les négociations n'aboutissent pas à la fin de la guerre. Que ses efforts pour bien se positionner en ce moment, que ce soit en terme de possessions territoriales et de posture (je suis celui qui avance) ne puisse pas tenir sur la durée. Cela ne veut pas dire que l'armée russe va s'effondrer et que les ukrainiens finiront à Moscou dans 1 an, mais que les russes ne soient plus en capacité militaire de se tenir en position offensive ou que cette position amènerait à une fragilisation d'ensemble exploitable par l'adversaire. C'est ainsi alors que de nouvelles négociations ultérieures amènerait la Russie à devoir faire des concessions contrairement à aujourd'hui ou elle pense être en position de ne rien donner pour arrêter la guerre. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Comme d'autres ont répondus, il faut comparer le comparable. Dans un pays dont l'exportation de pétrole représente l'alpha et l'oméga de son économie, une chute des prix va profondément perturber toutes les finances, toutes les dépenses du pays. Autant ça peut être la poule aux oeufs d'or autant ça peut devenir une cruelle dépendance. La Russie est un peu dans ce cas là, faut pas croire, il n'y a jamais eût un miracle économique lié à Poutine, ce dernier a juste profité d'une envolée du prix du pétrole (et d'un renforcement du dollar) au début des années 2000 comme bien d'autres pays. C'était quoi Dubaï il y a 25 ans? C'était quoi l'Arabie saoudite au niveau financier? Le Qatar et tous les autres. Faut bien comprendre que tous ces pays ont connus la même ascension économique au même moment, ce n'est pas Poutine qui a redressé l'économie russe, c'est bien le marché pétrolier qui lui a donné l'argent pour pouvoir sortir de l'ornière et réaliser des choses (comme partout ailleurs). Un pays comme les USA, il n'y a pas une dépendance à l'exportation pétrolière. Une baisse du prix du marché va peut-être s'avérer une mauvaise chose pour le secteur d'extraction pétrolière, mais cela va s'avérer une excellente chose pour tous les consommateurs. Dans ce pays il y a sans doute plus de gains liés aux économies réalisées par la consommation que de pertes liées à la production/vente. Ajoutez une politique protectionniste et vous aurez un système qui à coup de taxes et de subventions permettra d'atteindre un équilibre ou le consommateur américain ne tirera pas pleinement avantage d'un prix bas comme on pourrait le voir chez des pays exclusivement importateurs (Europe...) mais ou la production se maintiendra à flot. Ajoutez aux USA un m'enfoutisme très Trumpien de l'environnement ou d'autres contraintes qui pouvaient limiter les rendements, on pourrait voir là aussi une baisse du prix à l'extraction. Il y a des techniques qui évoluent en parallèle, les techniques pour extraire le gaz de schiste il y a 10 ou 15 ans ne sont plus les mêmes qu'aujourd'hui. La Russie comme les autres pays exportateurs qui de base fait déjà bénéficier à l'intérieur d'un faible coût des énergie (prix du gaz ou à la pompe) ne vont pas compenser les pertes, ne vont pas tirer avantage chez le consommateur. Au contraire, pour compenser un revenu étatique trop important, on pourrait voir une hausse du coût de l'énergie chez le consommateur russe. Autre élément à prendre en compte, c'est bien de regarder le prix du baril, mais il faut aussi prendre en compte la valeur du dollar. Hors on est et on va entrer dans une période ou le dollar va perdre en valeur. Une histoire de marché, d'inflation. Donc 60$ d'il y a 20 ans, ce n'est pas les 60$ de maintenant ni peut être les 60$ dans 2 ans. De toute façon, on va avoir droit dans les temps à venir de fortes modifications de valeurs sur les différentes monnaies à travers le monde. Les pays producteurs (OPEP+) de pétrole risquent eux aussi d'entrer dans une confrontation. Si depuis un moment ils se mettent d'accord pour réduire l'offre, il y a de fortes chances qu'on entre bientôt dans une logique ou on va vouloir la plus grande part de marché, donc qu'on va produire le maximum pour vendre le maximum dans l'espoir de tuer la concurrence. Ajoutez à cela les choix géopolitiques et vous comprendrez que la Russie n'est pas dans une très bonne situation peu importe qu'elle possède du gaz ou du pétrole, car l'important c'est de pouvoir le vendre à bon prix. Les projets en arctique et ailleurs, ça va nourrir les ambitions du Kremlin, mais dans les faits, pour exploiter tout cela, les russes ont besoins de sociétés étrangères comme Total, Exxon et d'autres qui ont le savoir, les technologies pour pouvoir extraire et rentabiliser tout ça. Il n'y a pas en Russie de telles entreprises, Gazprom ou Lukhoil ils sont principalement des exploitants, des transporteurs, distributeurs. Ils vont avoir quelques compétences pour trouver et extraire le pétrole "facile d'accès" (comme on peut en trouver chez les chinois) , mais pour le reste, ils ont besoin des grosses sociétés étrangères (comme partout dans le monde). On sait qu'en Russie, le pétrole et le gaz facile d'accès (donc à bon profit) deviennent de moins en moins présents, qu'on se rapproche de plus en plus d'une situation à l'américaine ou il faut aller très profond, faire de l'offshore (arctique) ou devoir réaliser de gros investissements dans des zones difficiles d'accès ou instables (gel/dégel, marécages...) -
Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Pol a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
Quand on mène une campagne contre le système, qu'on se dresse contre le système, qu'on cherche à combattre le système, il ne faut pas s'étonner qu'une fois au pouvoir, le système est mis à mal. Le problème c'est que le système mondial actuel est celui du système américain, c'est cette mondialisation, c'est ce commerce massif, ce capitalisme financier. Tout le monde l'exploite, tout le monde s'y adapte, tout le monde en tire son profit même dans les pays qui prétendent lutter contre le système américain. Que ce soit les chinois communistes qui vont tirer leur force dans le commerce, les russes qui sont bien content d'avoir un "marché" du pétrole en dollar qui permet de s'en mettre plein les poches.