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Pol
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Dissuasion nucléaire européenne, voire allemande ?
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Dissuasion nucléaire
Forcément la base de tout sera de définir ou quand et comment l'usage de l'arme nucléaire s'exercera. Il faudra des textes qui serviront à la dissuasion et qui expliqueront par exemple que la violation de l'intégrité territorial d'un pays de l'UE impliquera une réponse collective. Un texte qui gardera le flou sur un parapluie nucléaire pour que celui d'en face ne comprenne pas vraiment à quel moment la réponse nucléaire se fera. Pour nous, il faut diviser notre doctrine militaire en deux. Un volet national et un volet européen. Sur le national, c'est la doctrine actuelle, il n'y a rien à changer. Sur l'européen il faut dissocier l'arme tactique (ASMP-A) et l'arme stratégique (M-51). Le tactique doit servir à défendre les autres pays, le stratégique est un second rideau devant protéger plus particulièrement la France. Les M-51 via nos SNLE, c'est quand même le signe d'un certain apocalypse nucléaire, l'exclure du parapluie nucléaire européen en disant qu'on l'utilisera uniquement lorsque les intérêts vitaux de la nation sont atteints, c'est dire à celui d'en face "si j'utilise un ASMP-A pour défendre tel pays de l'UE, garde toi de frapper la France en retour". On sanctuarise ainsi la France en faisant d'elle le coeur de l'UE qu'il vaut mieux éviter de toucher en cas de confrontation afin d'éviter une escalade nucléaire d'un tout autre niveau. Comment mettre cela en place? Comprenons déjà que la France va garder la main sur tout cela, que mettre à disposition l'ASMP-A ne veut pas dire le donner aux autres et ne plus en avoir pour notre dissuasion nationale. Ce missile a 500km de portée et la France a une alerte permanente et des moyens pour projeter ce qu'il faut le moment venu. Mais pour marquer le sérieux de la chose, en guise de politique de réassurance, je pense qu'il faudra créer plusieurs sites dans différents pays ou seront stockés quelques missiles. Des sites qui restent sous notre surveillance et ou on fera tourner de temps en temps nos avions. Déploiement 1 mois ici puis 1 mois ailleurs ceci de manière aléatoire en temps de paix, en temps de conflit ou de grosses tensions on pourra y maintenir une permanence sur une plus longue durée. Nous sommes en position d'exiger que tout cela soit financé par l'UE ou les pays hôtes, d'exiger un budget exceptionnel pour augmenter la quantité d'ASMP-A ou même du nombre de nos avions, d'exiger même une enveloppe plus large pour la recherche et le développement (nouveaux missiles etc). Comprenons qu'on est en position de force aujourd'hui quand les autres, abandonnés par les USA sont désemparés et totalement prêt à accepter nos propositions. Tout cela se fera dans un contexte plus global de réarmement conventionnel, qui restera toujours la réponse n°1 à une crise. La France est aujourd'hui la seule qui puisse "remplacer" les américains pour la sécurité collective en Europe. Nous n'avons pas l'armée américaine, ni son économie, mais nous avons une dissuasion nucléaire qui permet de mettre à l'abri l'UE le temps qu'on s'adapte collectivement à la nouvelle donne stratégique qui se dessine (renforcement des armées, moindre dépendance aux américains, opposition à la Russie) et qui prendra quelques années. La France au-delà du nucléaire doit parallèlement montrer l'exemple dans l'effort militaire. Je pense que Macron le sait très bien, il faut une forme d'électrochoc qui amènera l'ensemble des pays à suivre la même voie. Je pense que côté français, il y a de fortes chances qu'on finisse par annoncer un objectif de 3% du PIB pour 2030 et qu'au niveau collectif on ait en Europe une enveloppe exceptionnelle très importante pour créer un coup de boost immédiat (qu'il faudra conditionné aux achats d'armes européens), augmentant les productions, accélérant le renouvellement de matériels. Ainsi on pourra au passage amorcer des dons d'équipements qu'on saura remplacé dans 1, 2 ou 3 ans. -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
L'industrie fonctionnera toujours à la commande. Depuis la chute du mur on a pris pour habitude d'étaler les productions sur un temps long. Cela permet d'étaler les dépenses et de maintenir l'activité le plus longtemps possible pour qu'on puisse dans le même temps vendre à l'export. En soit ce n'est pas idiot et ça a permis de maintenir des compétences et des capacités. Forcément une fois qu'on a ce rythme d'activité en place, un sursaut rapide de production n'est pas possible. Au delà de la commande, il faut l'infrastructure et des gens. Alors oui, cela demande des adaptations et du temps, mais beaucoup moins que de partir de zéro. C'est pour cela qu'on ne doit pas ignorer le potentiel de production européen qui si on lui amène des commandes, sait s'adapter, même si ça prendra 1 an ou 2. Comme je le disais sur un autre sujet, prenons le cas de Rheinmettal qui au début du conflit ukrainien produisait 70 000 obus de 155mm et qui aujourd'hui en produit 700 000 (et ce n'est pas terminé). Prenons le cas de Dassault qui nous aura habitué à produire 11 Rafale par an et qui lorsqu'on a vu les commandes export tomber a tripler sa production. C'est pareil pour le Caesar, il y a 3 ans on était là à se ridiculiser de ne "pouvoir" produire que 24 canons par an, on est désormais sur un objectif de 150 par an. Des usines qui produisent des blindés, il y en a un paquet, rien qu'en France on doit en ce moment recevoir facilement 300 nouveaux blindés (Griffon, Serval, Jaguar) par an. Pourtant nous ne sommes pas dans une économie de guerre, il n'y a pas non plus eût d'explosions des budgets comme cela pourrait être le cas en Russie ou parfois on continue de se comparer comme si on serait dans la même situation. En Russie justement, on dit et on pense beaucoup de choses sur leurs productions, pourtant voyons nous vraiment sur le terrain les effets de cette production qu'on présente comme massive et largement devant la nôtre? Sauf à toujours se focaliser sur la production de chars, est-ce que le reste semble vraiment si fou que ça? Est-ce qu'aujourd'hui nous voyons sur le champ de bataille une augmentation ou une baisse du nombre de blindés, d'artillerie et autres? Est-ce que ces équipements sont neufs ou sortent-ils des stocks? Combien d'avions de chasse la Russie produit-elle en ce moment? Combien d'hélicos? De navires? Vraiment je n'ai pas l'impression de voir une armée russe qui augmente capacitairement son potentiel militaire en dehors des annonces (!) sur l'augmentation de la masse humaine de l'armée. Alors oui ils produisent pas mal de drones, mais c'est bien la seule chose qu'on constate. Arrêtons un peu de nous faire peur ou de surjouer une production russe qui serait 10 fois ou 20 fois plus importante que celle en Europe, c'est faux. L'Europe peut se réarmer plus vite qu'on ne le pense et se retrouver industriellement avec une forte capacité de production en plus d'avoir augmenté les divers stocks de consommables. On pourra toujours débattre au cas par cas (comme avec les chars) pour se dire qu'on est "nul", "limité" ou "incapable" mais dans l'ensemble, l'Europe n'est pas un nain ni ne doit être ignorée ou méprisée comme le font depuis un moment les russes et comme le font en ce moment les américains. Car au final, ces comportements ont bien plus de chances de construire une puissance européenne alors même que leurs espoirs reste sa déconstruction. On est aujourd'hui à un moment important ou l'Europe, puissance économique, pourrait construire sa puissance militaire. Alors on ne va pas créer une armée européenne sous une même bannière, mais une défense commune indépendante/complémentaire à l'Otan (pourquoi pas avec un parapluie nucléaire français), des règles budgétaires, des obligations militaires, des achats d'armes réglementés, des déploiements communs aux frontières terrestres et maritimes (ou chacun devra amener sa contribution, pas seulement sur volontariat), des stocks communs de munitions, des aides et du soutien aux industries (souveraineté industrielle) etc. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Je pense que la chose principale qu'on fera au niveau européen, c'est d'augmenter les aides à l'Ukraine avant une implication directe. Dans un premier temps, l'effort devra être "national", c'est celui d'augmenter les dons, avec notamment des équipements que nous avons en service. Ensuite c'est de mettre en place une compensation européenne à ces dons qui ira financer tout ou parti le remplacement de ces dons lorsque les achats de remplacements sont européens. Dernière chose, c'est permettre aux états européens d'investir beaucoup plus dans leurs moyens militaires, pourquoi pas ne pas fixer un objectif commun (3% du PIB par exemple). Se pose la question avec tout le sérieux du monde d'une protection nucléaire de l'UE par la France, nous avons pleinement un rôle historique pour prendre la position dominante dans la sécurité européenne. Tu exprimes beaucoup tes volontés en cherchant à ne pas vouloir entendre autre chose que ce qui va dans ton sens. L'idée que les européens puissent agir plus fortement en faveur de l'Ukraine semble être un truc que tu ne veux pas voir. Trump est parti sur le dossier ukrainien avec l'idée que les européens ne comptent pas et n'ont pas un mot à dire, c'est exactement ce qui fait que Zelenski ne se prosternera pas devant lui et que son "plan" de paix n'aboutira pas. Certains répètent depuis des années que les européens sont les toutous des USA, qu'ils suivent toutes leurs décisions, qu'ils sont aux ordres. Factuellement ça ne se passe pas ainsi, mais on va continuer à prendre l'Europe pour de la merde, incapable de tout, capable de rien. Faut arrêter de croire que l'Ukraine ne fait la guerre qu'avec l'aide américaine et que l'Europe a été au bout de ce qu'elle pouvait faire. Nous savons parfaitement que l'Europe se satisfaisait de l'aide américaine et que ça permettait de faire moins. Prenons juste l'exemple de la France, la plupart des blindés qu'on a donné sont des blindés qu'on sortait des inventaires ou qui allaient en sortir. Idem pour presque tous les matériels donnés. On avait peut-être des Caesar qu'on a prélevé un temps mais depuis on a comblé le trou. Au niveau des industriels nous ne sommes plus non plus dans la même situation qu'en 2022. Quand on voit par exemple Rheinmetall qui a passé sa production d'obus de 155mm de 70 000 à 700 000 aujourd'hui, ou notre production de Caesar. Alors oui, sans les USA la capacité globale est réduite, certains éléments peuvent finir par manquer, mais les européens ont les moyens de soutenir l'Ukraine et de compenser une bonne partie du retrait de l'aide américaine dès lors qu'on comprend et qu'on accepte l'idée que l'Europe n'est pas au bout de ses capacités. Dans une perspective plus globale ou l'on voit des efforts militaires se faire un peu partout, les hausses de productions vont certainement continuer. On a encore de nombreux programmes en cours qui amènent et vont amener des armes à l'Ukraine, ce n'est pas parce que les américains annoncent la fin de leur aide que d'un jour à l'autre les ukrainiens n'auront plus rien. Ils auront des problèmes sur certaines choses, comme pour l'HIMARS, le Patriot ou d'autres choses, mais ce n'est pas la fin de tout. La question n'est pas de "vaincre" la Russie, c'est de lui faire perdre l'idée qu'elle terminera la guerre par une capitulation de l'Ukraine ou elle pourra obtenir tout ce qu'elle veut sans concessions. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Au delà de vouloir humilier Zelensky pour le forcer à signer son "deal", cet échange marque un tournant et c'est effectivement à partir de maintenant que les européens vont devoir agir et proposer leur alternative. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Pour ma part, je pense que les russes ont ces derniers mois réalisé un effort militaire important, forçant les actions pour avancer, multipliant les attaques afin d'arriver à ce qu'on anticipe et discute depuis presque 1 an, des négociations à l'aube de l'arrivée de Trump. Faire venir des coréens pour chercher à reprendre la zone de Koursk fait partie de cet effort, un renfort militaire et surtout un message politique. La question est de savoir si les russes n'ont peut-être pas trop donné au point de ne pas assez anticiper la continuité de la guerre. Nous devons prendre un peu de recul avec Trump. Il a sans doute ses idées et ses espoirs, mais ça ne veut pas dire qu'elles vont s'imposer. Plus les semaines passent, plus le "plan" de Trump se heurte à certaines résistances, plus on voit ces européens qu'on ne voulait pas voir construire un plan B pour l'Ukraine et contre la Russie. Même si beaucoup ne veulent ou ne pensent pas voir venir cette alternative européenne, elle semble pourtant bien se dessiner, c'est juste que pour l'instant on cherche encore à faire changer d'avis Trump. Mais il y a une forte probabilité que la finalité de tout cela soit un échec car Trump en voulant la paix, aura négligé l'un des deux protagonistes, l'Ukraine, à qui les européens apporteront un contrepoids (plus d'aides, des assurances sécuritaires, déploiement de forces...) qui ira enterrer une fin de guerre se négociant entre Washington et Moscou sur le dos de Kiev et des européens. L'objectif c'est que tout le monde se retrouve autour d'une table, les russes et les ukrainiens concédant des choses pour obtenir la paix. Sinon la guerre continuera. Je persiste à croire que c'est toujours plus du côté russe que le problème se pose et qu'on aura le plus de mal à obtenir des concessions. Attendons donc encore quelques semaines et on verra assez vite les européens consolider la position de Kiev. -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Faut arrêter de se faire peur en prenant l'Algérie pour une superpuissance militaire qui va venir nous attaquer. Oui on a des tensions diplomatiques, oui les relations sont exécrables, mais comprenons que le pouvoir politique à Alger a besoin de ça pour une certaine stabilité, pour détourner un peu l'attention et pour faire vivre l'histoire du FLN. Que les algériens "puissent" frapper est une chose, qu'ils puissent maintenir un effort de guerre prolongée en est un autre. L'Algérie est un pays qui dépend totalement de l'extérieur pour ses armements. On aura vite fait de l'isoler de ses fournisseurs. L'état algérien dépend financièrement de ses exportations d'hydrocarbures et de gaz, les principaux importateurs sont les européens. Là aussi financièrement ça ne tiendra pas longtemps. C'est un pays qui dépend également de l'étranger pour son alimentation. L'Algérie n'est aucunement en position de faire une guerre à l'Europe ni aujourd'hui encore moins demain. Laissons les excités du net s'imaginer faire la guerre à la France. Je sais qu'en Algérie la communauté du web adore fantasmer l'armée algérienne et adore se faire des scénarios de conflits (ou ils sont toujours les meilleurs) notamment face aux marocains. -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
La défaite russe en Ukraine a été actée dès les premières semaines du conflit. Cette défaite c'est celui d'une ambition démesurée, d'un mauvais calcul politique et militaire, que ce soit sur la faible combativité de l'Ukraine ou encore sur l'inaction occidentale. La mauvaise tournure des événements a conduit la Russie a se fixer un objectif militaire à sa hauteur, celui des 4 oblast (Kherson, Zaporijjia, Lougansk et Donetsk). Mais même cet objectif "réduit" semble en dehors de sa portée. On est sur une situation militaire qui ne bouge pas réellement, certains vont s'exciter ou surjouer des avancées russes sur un carré de 40km de côté depuis un an et demi. On débat d'actions, de manoeuvres militaires qui sont très souvent du niveau d'un chef de section, celle ou une trentaine de types vont se lancer à bord de 4-5 véhicules sur une position adverse Croire que la Russie continue la guerre pour gratter ces quelques km² est une belle erreur. La Russie continue une guerre car elle n'a pas la possibilité d'obtenir la victoire militaire qu'elle espère. En vérité, cela fait déjà un moment que cette guerre continue car pour le Kremlin, l'arrêter de son côté passerait par un "repli", donc une défaite. Moscou n'est pas en position d'arrêter la guerre par la force, l'Ukraine est loin d'être à genoux, on est loin de l'effondrement militaire qui amènerait Kiev à capituler dans l'esprit mai 1940. On est sur un conflit qui stagne et ou Poutine attend qu'on lui propose une sortie politiquement acceptable, c'est à dire ou la Russie pourrait mettre en avant un gain qu'ils présenteront ensuite comme l'objectif (accompli) de leurs efforts, de leur "opération militaire spéciale". Mais cette guerre a déjà considérablement affaiblit la Russie, sur l'aspect militaire, économique, politique, diplomatique, en influence, en respect, en dissuasion. Il n'y aura pas un reset qui va se faire après cette histoire. Moscou rêve et se bat depuis des années pour que les USA se coupe des européens. Mais l'ambition étant à l'affaiblissement et la fragilisation des européens pour que Moscou puisse y exercer des pressions plus impactantes, d'étendre son influence et d'agir avec forces sans que l'obstacle américain ne se trouve sur le passage. Sauf que ce qui se dessine pour les années à venir, c'est au-delà d'un élargissement déjà effectif de l'Otan à la Finlande et la Suède, les nations européennes vont se renforcer militairement avec comme ennemi désigné, la Russie. Alors oui cela prendra sans doute quelques années avant d'en voir concrètement les effets, mais cette Europe là n'est pas celle que la Russie aimerait avoir géostratégiquement à ses portes. Ajoutons à cela une Ukraine qui est profondément marquée par une guerre et qui restera "hostile" pour la Russie pendant au moins une génération. -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Balancer un 5% de PIB n'a aucun sens. Je pense qu'il se prépare bien une hausse militaire mais qu'on vient jauger les diverses réactions (politiques, médiatiques ou de la société) pour définir l'acceptabilité de l'effort. 5% est sans doute une limite haute qui ne dit pas non plus si c'est un objectif sur 5 ans, 10 ans ou peut-être s'agit-il juste d'une dépense exceptionnelle (gros emprunts) qui mettra pendant 1 ou 2 ans le budget au niveau de ces 5% pour qu'ensuite on retombe sur un budget constant plus proche des 2,5-3%. Ensuite l'outil militaire ce n'est pas juste une commande au père noël pour obtenir des capacités. Il y a de nombreuses limites qui vont contraindre les divers souhaits et ambitions. Cela peut être un industriel qui ne peut pas produire plus vite même en l'inondant d'argent, cela peut être une limite dans de l'infrastructure, mais le plus problématique dans notre cas, c'est la limite humaine. Nous sommes déjà aujourd'hui en difficulté pour recruter sur notre modèle d'armée existant, vouloir une nouvelle division, c'est juste impossible. Une augmentation du budget ne va pas créer de la masse comme on le croit, le seul moyen d'obtenir de la masse c'est en rétablissant la conscription. Un budget augmenté ce sera d'accélérer le renouvellement de l'équipement en service. C'est de faire aujourd'hui ce qu'on veut réaliser financièrement dans 2 , 5 ou 10 ans. C'est du gain qualitatif, c'est la mise hors service des anciens matériels, c'est l'opportunité de faire évoluer et moderniser de l'existant. Ensuite on va "nourrir" ce qui ne se voit pas forcément, les stocks de munitions et de pièces détachées, l'infrastructure. Ce n'est que lorsqu'on aura cette base saine pour ce qu'on a déjà en service, qu'on pourra réfléchir à augmenter le volume dans les limites du possible. Si l'argent est là, tout ce qui ne prend pas forcément beaucoup de masses humaines tout en apportant un gain capacitaire important sera favorisé. Il sera plus intéressant d'acquérir 7 frégates que de créer un régiment d'infanterie. Certains vont dire que pour le prix de ces frégates on peut s'acheter 600 CV90, de quoi créer presque 10 régiments d'infanterie pour avoir de la masse, mais je vais le redire, dans cette équation ce n'est pas le rapport entre l'argent dépensé et l'équipement, c'est le rapport entre l'équipement et le besoin humain (+ infra) qu'il y a derrière. Les 7 frégates vont consommer l'équivalent humain d'un régiment. Il en sera de même pour des avions, acquérir 50 avions de chasse de plus c'est du domaine de la faisabilité capacitaire, c'est coûteux, plus coûteux que des blindés, mais humainement c'est absorbable, que ce soit en terme d'équipages comme pour la maintenance. Il ne faut pas non plus tomber dans l'excès de munitions sous l'effet guerre d'Ukraine. Si nous avons 120 canons de 155mm, on ne va pas stocker 5 millions d'obus. Il en est de même pour le reste. Derrière les stocks, il y a de la production. On ne va pas stocker massivement un truc qu'on est capable de produire en quantité et rapidement. Sachons jongler habilement entre le stockage, les volumes et les capacités de production. Mais n'imaginons pas que tout cela se fera en 2 ou 3 ans, la perspective 2030 pour atteindre la base saine que j'évoquais plus haut est réalisable, mais ce sera après qu'on pourra voir par exemple les gains capacitaires (plus d'avions, de frégates etc...) même si les décisions seront annoncées avant. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Toute la question qui est débattue actuellement c'est de savoir s'il faut donner une victoire à la Russie pour obtenir la paix. Trump c'est l'anti-système qui surfe à l'opposé du système (Biden) d'avant. On va donc se retrouver tout naturellement dans un registre de pensées très proche de ce que l'on peut voir avec la propagande russe, avec le narratif russe qui est par nature une opposition qui chez nous alimentent l'idéologie de différents extrêmes. Trump a utilisé ce courant de pensées, il l'a manipulé et aujourd'hui il en est sans doute "prisonnier". Il lui faut de l'extrémisme, il lui faut de l'image, du discours percutants, choquants et qui vont en opposition de l'ancien système qu'il combat. Il faut nourrir cette bête idéologique en permanence, sinon elle va mourir. La quasi exclusivité de ce qu'on observe est destiné au public américain. Analysons un peu ce qui se passe, sachons lire ce qui se passe avec ces "négociations de paix". Trump joue "solo" dans cette affaire, il va voir les russes, entendre leurs revendications puis il pense qu'il fera plier l'Ukraine. Problème, il découvre que Zelenski ne lui obéit pas comme il l'imaginait, donc on va chercher à le descendre politiquement. Autre problème qu'il n'a pas calculé, c'est qu'une initiative européenne pour soutenir l'Ukraine est probable, même si elle n'est pas facile à se mettre en place. Quoi qu'il en soit, on peut légitimement dire qu'une paix ne se fera pas sans la Russie, mais elle ne se fera pas non plus sans l'Ukraine et sans l'Europe. Les USA s'isolent et s'enferment dans un prisme idéologique qui risque d'aboutir à rien de concret, hormis un "retrait" américain et à des tensions diplomatiques. Côté russe, on attendait ce moment avec impatience et sans doute que de gros efforts militaires ont été donnés ces derniers mois en vue de ces négociations. Mais les limites militaires sont réelles, la reprise de la région de Koursk par exemple devait très certainement être un objectif assigné par le Kremlin que même le renfort nord-coréen n'aura pas permis de satisfaire. Si l'Ukraine n'est pas au mieux de sa forme militaire, ne faisons pas comme si les russes seraient dans une aisance militaire ou feraient des avancées spectaculaires. Ce n'est pas en raison d'un immobilisme assez global qu'il faut surjouer la moindre avancée. Cela fait 2 ans qu'on débat des avancées russes sur un carré de 50km de côté avec des combats qui sont certes nombreux et répétitifs, mais de faibles envergures. Aujourd'hui on va annoncer comme "massive" une attaque russe qui va regrouper une dizaine de blindés, la réalité du terrain c'est aussi cela. Ce rythme des opérations ne profite à personnes, c'est une guerre d'usure ou nous avons 2 pays qui sont usés, qu'on cesse d'ignorer un peu les problèmes russes. Le Kremlin n'est pas en mesure de faire plier l'Ukraine en continuant la guerre et mise depuis presque 2 ans sur un lâchage occidental, sur des pressions occidentales pour que Kiev concède une défaite. Cet état de faiblesse russe doit lui aussi être pris en compte, ils sont déjà loin d'avoir atteint les objectifs de 2022, ne faisons pas semblant qu'ils sont aujourd'hui en position d'obtenir tout ce qu'ils veulent sans rien concéder. Cette guerre fait beaucoup de mal à la Russie, elle devient une véritable plaie dont on ne voit pas la fin. Cela fait déjà bien longtemps que l'enjeu n'est pas de gratter des km² de zones dévastées dans le Donbass mais de chercher une porte de sortie victorieuse qui sauvera la classe dirigeante russe d'une guerre (opération militaire spéciale...) qui a mal tournée qui n'en maitrise pas la sortie. Les pays européens ont une carte à jouer. On est actuellement dans une phase d'observation, de réactions ou on s'interroge sur la suite des événements mais viendra le moment ou l'on va se décider, même si on attendra la dernière minute, celle ou on verra Trump s'isoler après avoir échoué à trouver la paix qu'il pensait obtenir. -
Guerre civile en Syrie
Pol a répondu à un(e) sujet de maminowski dans Politique etrangère / Relations internationales
Opportunisme d'un changement. Avec Assad, aucun changement n'était possible, peu importe les tentatives de réinsertion, il n'y avait qu'un camp d'un pays dans une guerre civile qui en profitait. Il y a des millions et des millions de syriens présents en Syrie ou à l'étranger qui étaient des indésirables qu'Assad méprisait, que faire de les faire revenir, ils étaient "son" problème. Aujourd'hui avec la fin du régime Assad, on est à l'aube d'une nouvelle ère. Soit on se dit qu'on n'aime pas trop ceux qui l'ont renversés et alors on laisse pourrir la situation soit on se dit qu'on accompagne le changement. Si on laisse pourrir la situation ben rien ne va s'améliorer en Syrie et on peut être certain qu'à un moment ou à un autre l'extrémisme et le terrorisme reprendra sa place. Si on accompagne la chose, on peut amener la Syrie vers un redressement, ça se fera sur de nombreuses années , mais ça pourra se faire. Quoi qu'on en pense, quoi qu'on en dise, non la chute d'Assad n'a pas amené une sauvagerie, des règlements de comptes ou je ne sais quoi. Bien au contraire, on est dans une logique de réconciliation, d'acceptation, de négociations, de normalisation et cela semble emmerder sérieusement ceux qui depuis des années clament "Assad ou le chaos". Même les russes semblent avoir négociés une sortie "tranquille" du pays, pourtant ceux d'en face auraient tout le loisir de se mettre au bord de la piste d'aviation pour dégommer chaque avion voulant atterrir ou décoller. Il faut être idiot pour ne pas se dire maintenant qu'il y a une fenêtre d'ouverture par laquelle on peut amener la Syrie vers un meilleur horizon, qu'on tient également là un moyen de se sortir l'épine "immigrants syriens" du pied, en Europe et ailleurs. Qu'on le veuille ou non, notre politique "anti-Assad" fait de nous aujourd'hui des pays plus enclins à se positionner en Syrie quand ceux qui ont misés sur Assad sont enclins aujourd'hui à devoir l'oublier. Vouloir laisser pourrir la situation c'est juste faire plaisir à ceux qui dans leur parti pris pro-Assad veulent plus tard se donner raison, ils ne veulent pas voir une amélioration en Syrie car ils devraient se remettre en question, donc ils vont et ils continuent de chercher à broyer du noir. Oui ils sont islamistes, pourquoi dans la bouche de certains ces islamistes seraient plus dangereux que les islamistes de la république islamique d'Iran? Cette dernière qui bien souvent est défendue par ces mêmes individus? On est dans des pays musulmans, l'islam est et restera toujours un "guide" culturel, politique. Ce ne sont pas ceux qui disent depuis des années que l'occident a tort de vouloir exporter une démocratie à des pays qui n'en veulent pas ou qu'elle ne colle pas à la réalité de leur situation. Oui ce n'est pas le parti écologiste qui dirige la Syrie en ce moment, oui ils ne sont pas des occidentalisés et laïcs comme on pourrait le voir chez nous, mais aujourd'hui on peut se positionner et influencer des choses, en ne faisant rien, c'est là qu'on risque de voir les problèmes. Faut-il se faire l'ennemi d'un camp qui ne l'est pas au risque de nourrir une animosité propice au terrorisme internationale? C'est maintenant qu'il faut et qu'on peut influencer la situation, c'est maintenant qu'on peut donner et obtenir des choses. La nature a horreur du vide, l'influence Russo-iranienne a été chassée de Syrie, d'autres vont chercher à la remplacer, la Turquie tout naturellement, les monarchies du Golfe, des pays occidentaux également. Des projets énergétiques jusqu'alors bloqués pourront peut-être revenir au goût du jour, exploitation pétrolière ou gazière offshore, gazoducs. -
Opérations au Mali
Pol a répondu à un(e) sujet de pascal dans Politique etrangère / Relations internationales
Va falloir que l'Algérie cesse ses visées néocolonialistes! L'Afrique veut être unie libre et indépendante qu'on a dit... Poutine a vanté la réussite de l'intervention russe en Syrie... à la chute d'Assad et au retrait forcé des russes. Que faut-il attendre et comprendre de la position russe? Faut garder à l'idée que l'intérêt russe dans des pays comme le Mali était présent dans une logique de guerre d'influence contre l'occident. Maintenant que nous n'y sommes plus, la perte d'intérêt va aller en grandissant et ces pays seront petit à petit laissés à leur sort. -
Guerre civile en Syrie
Pol a répondu à un(e) sujet de maminowski dans Politique etrangère / Relations internationales
Figure toi que les crevettes ne supportent plus ces attaques incessantes néocolonialistes sur l'océan. De plus en plus de crevettes se radicalisent, on soupçonne d'ailleurs le groupe Al Creveta de la mer Baltique d'être à l'origine des ruptures de câbles sous-marin. Le collectif des crabes "liberté pour l'océan" réclament des fonds d'urgence pour remettre l'eau en état. Les dauphins, eux, sont un peu plus mesuré, tant que ça ne fait pas de vagues, ils tolèrent. On surveille de près cependant les sardines, silencieuses devant ces événements, certains évoquent l'élaboration d'une arme nucléaire pour sanctuariser l'océan. Elles seraient en contact avec Nemo, ancien poisson clown devenu dictateur impitoyable de la mer du Nord. De nombreux poissons dissidents ont déjà disparus très souvent jetés de force dans les filets de pêches. Nemo serait en contact étroit avec Vladimir Poutine, il aurait reçu en effet les plans pour réaliser une arme nucléaire en échange de combattants pour l'Ukraine. Bien que cela soit nié par toutes les parties, on commence par recevoir des images de l'unité Phoque Korps à l'entrainement en Russie. -
Côte d'Ivoire
Pol a répondu à un(e) sujet de alexandreVBCI dans Politique etrangère / Relations internationales
Oui et non. Concernant le Mali en 2013 on avait du monde au Tchad, au Sénégal, Gabon, en Côte d'Ivoire avec des FS au Burkina (premiers à intervenir). Des facilités, des accords et autres qui a permis d'aller vite face à une situation qui le demandait. Dans quelques mois on n'aura plus rien et tout deviendra beaucoup plus compliqué. On a également très clairement des pays qu'on ne viendra pas secourir, peu importe le péril comme le Mali, le Burkina ou le Niger. Sauf un danger tourné exclusivement contre la France et ses ressortissants, une intervention unilatérale sera sans doute la dernière chose qu'on poussera. On laissera au préalable les africains se gérer seuls, puis on misera sur l'ONU. Mais la on sent une volonté d'éviter l'Afrique, de s'enlever cette "gestion" (personnel, logistique, entretien...) et de ne plus vouloir intervenir. Il y a toujours de l'imprévisibilité à l'internationale, des retournements de situations rapides. Qui aurait pensé il y a 1 mois que le régime d'Assad s'effondrerait? L'avenir s'écrit toujours avec 3 petits points en fin de phrase... -
Dans la théorie c'est bien. En pratique une armée a besoin de pouvoir soutenir et réparer ses matériels. On retrouve cette logique d'achat sur étagère dans les FS par exemple. Le matériel est souvent renouvelé mais derrière c'est la galère pour réparer (gestion des flux, des stocks, des procédures, des marchés, des autorisations, de la traçabilité, du personnel et de ses compétences etc...). Très souvent un matériel acquis comme cela, une fois cassé, ben il va à la poubelle et quand on prône l'arrêt des gabegies, il vaut mieux le comprendre. Parfois les industriels ne fournissent tout simplement pas un soutien en pièces détachées (hors accessoires), il va concevoir et vendre le produit, s'il casse ben tu vas en acheter un autre. C'est le cas par exemple de l'Eotech, une fois qu'il y a une casse ou qu'il est un peu trop rayé, direction la poubelle, pourtant on en a des milliers... L'achat sur étagère c'est une facilité et ça permet de satisfaire un besoin immédiat ou urgent. Mais vous ne pérennisez pas le matériel dans les forces. Quand c'est possible, surtout pour des équipements qui coûtent très cher, on va passer un marché qui va donner aux armées le matériel, lui donner les moyens de les réparer, les moyens d'assurer un approvisionnement sur XX années (avec diverses autres conditions) et parfois un soutien de l'industriel (qui n'ont pas forcément en place des ateliers de "réparations" à côté des zones d'assemblages).