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Tout ce qui a été posté par Chronos

  1. J'ai l'impression que nous cherchons a dire la même chose de manières différentes. Je suis d'accord a 27 nous sommes trop et avec la processus actuel on n'y arrivera pas. Personnellement je pense que l'Union est nécessaire, peut-être pas a 27, mais celle des six originaires avec vocation d'élargissement à beaucoup plus est élémentaire, celle des 15 largement souhaitable et une coopération très rapprochée à 27 dans plusieurs domaines est plus qu'importante. Je suis d'accord cependant lorsqu'on accepte enfin d'en parler c'est par réaction violente a l'idéologique en question, en réaffirmant une autre idéologie qui n'accepte pas plus le compromis.
  2. Les identités ne sont pas nées d'elles-mêmes, elles ont également été fortement appuyées, décrétées et affirmées par des chefs politiques trouvant une légitimité a leurs actions, elle est souvent matraquée dans l'esprit des gens. L'identité nécessite certes une adhésion populaire importante mais si il n'existe rien pour la canaliser ni pour l'orienter cela ne mène pas a grand chose. L'émergence d'une identité européenne réclame un processus long, au moins aussi long que celui de la formation des Etats qui la composent, le temps est cependant limité. En tout cas je vois mal comment l'on pourrait se dire que l'on parviendra à tenir face aux puissances remontant actuellement en puissance en restant égoïstement en Etats nations ne partageant rien ou très peu. La création de sous groupes régionaux avançant a leur rythme à partir du marché commun peut-être une solution mais il y aura problème de cohérence et surtout besoin d'une coopération quasi systématique. Tu crois franchement qu'on peut contribuer à la définition des normes industrielles de demain, affronter les problèmes migratoires et de sécurités sans une coopération poussée ?
  3. Comme déjà dit le principe fondamental de l'UE n'est pas mauvais, il y a un problème de méthode et aucune souveraineté européenne pour remplacer celle en voie de destruction des Etats. Les récents nominations aux grands postes de l'UE, celui de président du Conseil européen et de haut représentant ne laissent pas entendre qu'il y à une volonté politique de créer une souveraineté européenne et d'inventer (car il va bien falloir le faire) une identité européenne. van Rompuy est un as du consensus qui cache bien son jeu, l'on peut potentiellement attendre des surprises tout comme il peut ne pas y en avoir (personnellement j'attends pas grand chose et je pense que son récent gouvernement belge a annoncé la couleur). Ashton m'a l'air encore plus pâle que Solana (à sa décharge il avait vraiment peu de marge de manoeuvre) et semble être un retour des Etats dans des domaines pouvant être communautarisés. Et oui il y a un vrai problème en ce qui concerne le débat public sur l'Europe, les partis européens et la quantité impressionnante d'institutions différentes dont certaines portent des noms proches (Conseil et Conseil européen) ce qui ne facilite pas la compréhension (en même temps ça m'a pas l'air fait pour). En cela le projet de Constitution (enfin de traité dit Constitution) était un exemple de clarté par rapport à l'actuel traité de Lisbonne qui le remplace et celui le précédant...
  4. Visiblement, c'est du Prince Philippe et de ses sorties peu adaptées dont on a peur. http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/570685/de-decker-mr-et-delperee-cdh-pas-favorables-a-une-monarchie-protocolaire.html
  5. Oooh il y aussi la dette, la sécu* et Bruxelles qui font encore tenir le machin. Le Roi s'est sérieusement effacé depuis Leopold III, Baudouin était symboliquement important mais depuis sont décès on peut pas dire que le Roi ait eut une visibilité particulière... *Ben oui ils commencent a vieillir les flamands, la génération qui les rend si riches et si travailleurs est en train tout doucement de s'acheminer vers l'âge de la retraite et il y a peu d'enfants pour bosser quand ils seront vieux. D'ici 15-25 ans ça va commencer a faire mal...
  6. Bien dit mais il faut reconnaître qu'actuellement l'union n'est pas vraiment là... AlexVBCI tu confond le protectionnisme et l'isolationnisme, il y à une différence de degrés. Et un peu de protectionnisme européen ne ferait pas de tord. La PAC est une chose, mais d'autres domaines seraient plus intéressants a protéger que la PAC qui devient de plus en plus incohérente et encourage une surproduction terrible par rapport aux besoins réels... Le problème n'est pas l'intégration européenne mais la façon dont elle se fait, et oui, on écrase certaines cultures avec des règlements (la directive devant être transposée par un Etat membre en respectant un esprit déterminé, elle respecte encore la philosophie propre a chaque Etat) qui sont le fruit d'une idéologie, qui sont mal ou pas bien rédigés (souvent trop vite) et qui sont le fruit de négociations dénaturant tout sens au texte, lui donnant un côté byzantin qui ne facilite pas la compréhension. Ces problèmes là existent aussi en droit national (loi rédigée bien trop vite et donc mal sans réflexion posée car il faut des réponses immédiates réagir dans l'instant), mais à certains égards plus faciles a maitriser, au moins tout le monde parle la même langue (même pas tiens). L'UE est un produit de tout cela (volonté des Etats, menace etc), aujourd'hui nous avons d'autres problèmes auxquels il faut faire face et nous ne pouvons les affronter séparément. Il existe des institutions qui peuvent être employées autrement, certes, mais elles ont le mérite d'exister, il manque surtout les hommes pour les utiliser. Les générations passent et le lien atlantiste devrait se relâcher avec le temps sans pour autant se rompre. Je pense pas que les pays européens soient capable d'assumer seuls leurs indépendance à l'heure actuelle, ou du moins pas sans une coopération très forte entre eux. Nous pouvons difficilement, en tant que Nations européennes, croire que la pression d'autres Etats va nous épargner, nous aurons davantage de poids ensemble et un fédéralisme relâché (ou une confédération d'Etats y menant) permettrait d'obtenir des résultats. Personnellement j'aimerais que tu nous expliques comment un parlementaire ou député national prend ses décisions et d'où viennent les informations (ou plutôt d'où viennent celles de son chef de parti).
  7. Juste comme ça, l'euro, c'était une demande très pressante de la France parce que le Franc français, devenant peu à peu centime, était en train de suivre le même chemin que la Lire italienne, tout doucement. On est loin d'une invention allemande pour asservir la pauvre petite France. L'euro fort est une exigence allemande pour sa simple création, exigence se comprenant par ses raisons historiques, compréhensibles reconnaissons-le. L'inflation c'est un peu inhérent à la monnaie pour le peu d'économie que je connais. Par contre que l'Euro subit moins l'inflation que les anciennes monnaies nationales, j'ai pas de stats a balancer maintenant mais à mon avis oil résiste mieux....
  8. Hum, l'eurogroupe ne représente pas les 27 Etats membres non plus hein. Pour ce qui est des rapports avec les pays du Sud de la méditerranée, l'on assiste surtout a la mise en place d'un système de gestion des flux migratoires. +1 mais le but de l'euro (sous exploité en matière politique) n'est pas là. Le protectionnisme l'Europe en fait mais pas forcément là où il faudrait. La PAC est un exemple de de protectionnisme. Nous manquons de protectionnisme sur nos frontières européennes, l'abolir au sein des Etats membres n'est pas foncièrement mauvais. Je suis d'accord avec toi sur ce point aqva, il y a d'autres alternatives a une forme bâtarde de confédération qui l'est à peine sur les points généralement importants pour une organisation de ce type (politique étrangère, défense...) et va parfois aussi loin qu'une fédération dans d'autres domaines (l'euro). En revenir a une Europe des Nations, à un stricte dialogue, n'est pas pertinent. Par contre redéfinit comment nous poursuivons l'intégration devient de plus en plus urgent.
  9. Les sièges du Parlement européen sont répartis selon le principe de la proportionnelle atténuée, notamment pour que l'Allemagne ne soit pas trop puissante et les petits Etats complètement écrasés. Le poids démographique peut avoir un impact lors de prises de décision au Conseil, notamment pour composer des minorités de blocage.
  10. D'un optimisme... Avant de dresser de tels constats il devrait attendre 10-15 ans sans présence américaine sur place et encore rien n'est garanti...
  11. Grillé de quelques heures. Les armes a feu n'ont également été utilisées dans la "flotte", notamment sur les Tekkosen et autres navires "blindés" qui employèrent des grosses arquebuses (pas vraiment des canons ou de petit calibre) ? Il me semble que ces armes ont été utilisées dans les marines tant japonaises sur coréennes (jusque conquète) jusqu'à l'acquisition tardive d'armes occidentales en très petit nombre (et fortement ornementées pour la peine).
  12. Un excellent film que je recommande chaudement il est très bien fait. Ensuite faut regarder la version américaine de 1960, Les 7 mercenaires :oops:
  13. Chronos

    Identité nationale

    Verhofstadt détaille sa pensée suite aux réactions à son intervention sur l'identité nationale. Je ne suis pas d'accord avec sa conclusion sur l'union européen et sur le monde multipolaire, car je pense qu'il va trop loin dans son raisonnement ou plutôt qu'il parait trop certain de concrétiser cela dans un avenir "proche". Le reste est cependant intéressant, surtout sur ce vers a quoi peut mener trop d'identité même si, à mon humble avis, elle demeure nécessaire. http://archives.lesoir.be/l-europe-sera-post-nationale-ou-ne-sera-pas_t-20100224-00THU1.html?action=nav&nav=1&pos=2&all=9275&query=Verhofstadt&queryor=Verhofstadt&firstHit=0&by=10&when=-1&sort=datedesc&all=9275 L’Europe sera post-nationale ou ne sera pas n.c. Mercredi 24 février 2010 Ma tribune sur le débat autour de l’identité nationale en France (Le Monde du 11 février) a suscité – comment pourrait-il en être autrement ? – des réactions contrastées. Des centaines de commentaires, pour la plupart approbateurs, sont d’abord venus des lecteurs du journal lui-même. D’autres réactions, très négatives, sont aussi intervenues, en particulier des autorités françaises, le Ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner sur Europe 1, en tête. Lequel a réagi comme s’il avait été piqué par une guêpe. Une réaction épidermique pas tout à fait sincère, je crois, de la part de l’ancien fondateur de « Médecins sans frontières », qui en d’autres temps aurait marqué moins de compréhension pour la thèse gouvernementale. Mais M. Kouchner confirme l’adage selon lequel « la fonction fait l’homme ». Les arguments avancés étaient prévisibles. Ma tribune serait « une attaque dénigrante envers la République française ». En relisant l’article, je ne peux y trouver le moindre mot de travers contre la France ou la République française. Au contraire. L’article exprime une vive affection, presque de l’amour pour nos voisins du Sud. La France est reconnue comme un modèle. Ma seul cible était et demeure cette absurde initiative du gouvernement français de lancer un débat public sur « l’identité nationale », de surcroît avec la volonté de récupérer les voix du Front National en vue des élections régionales de mars prochain. Il est caractéristique des autorités politiques – je sais de quoi je parle, car j’ai moi-même tant de fois péché – qu’elles ne marquent plus la différence entre leurs propres actions et jugements, et ceux du pays et du peuple sur lesquels qu’elles dirigent. Après quelques années de pouvoir, elles pensent être seules à incarner le territoire qu’elles administrent et les gens qui y habitent, travaillent et vivent, de sorte que toute attaque contre leurs propres idées et actions est interprétée comme une attaque contre le pays et leurs compatriotes eux-mêmes. Pour les mêmes raisons, j’ai été accusé il y a quelques années d’anti-américanisme et d’hostilité envers la Grande-Bretagne. Juste parce que je me suis montré jusqu’à la fin résolument hostile à l’invasion de l’Irak. Maintenant encore, Tony Blair continue d’affirmer qu’il a pris la bonne décision. Peut-être connaîtrons-nous pareille situation avec MM. Besson, Kouchner ou Fillon lesquels, bien qu’échaudés par la tournure du débat qu’ils ont initié, maintiendront demain et après-demain qu’il a été un exercice profitable. La seconde objection soulevée à l’encontre de ma tribune était tout autant prévisible. « Un étranger », semble-t-il, n’aurait pas le droit d’avoir une opinion sur quelque chose qui ne serait en fin de compte qu’une préoccupation française. « Sic », pourrait-on dire. Y-a-t-il un meilleur argument pour illustrer le caractère franchouillard de cette initiative que l’exclusion des « étrangers », des « Non-Français » du débat ? Je ne crois pas. Cela montre ce à quoi un débat sur l ‘« identité nationale » mène toujours, à savoir le nationalisme, l’exclusion de l’autre, la dénonciation de l’étranger. Cela conduit à la xénophobie et au racisme, comme un grand nombre de contributions spontanées au « débat » l’a montré. Enfin, il est faux et dangereux de penser que l’« identité » est un thème qui agite seulement la France et les Français. C’est une question qui secoue depuis des mois et des années le débat public dans chaque État membre de l’Union européenne. Dans presque tous nos pays en effet, la polémique fait rage au sujet de l’identité sociale, culturelle ou politique. Tout simplement parce que ce thème est le dernier oripeau sous lequel se camouflent les nationalistes de tout poil. C’est pour eux une nouvelle manière de désigner leurs ennemis de toute nationalité et de toute culture. Et ce que n’ont pas l’air de comprendre les autorités françaises, c’est que ce débat vise d’abord et avant tout à stigmatiser les valeurs républicaines que la France incarne plus que tout autre pays. Valeurs que la France a su imposer comme un socle de l’Union européenne et qui du coup se retrouvent sur la sellette ! La meilleure preuve de ce piège que nous tendent les nationalistes à travers ce débat est encore la réaction ulcérée que cette tribune a suscitée dans mon propre pays, la Belgique, de la part des extrémistes nationalistes flamands. Ceci devrait sonner comme un signal d’alarme aux oreilles des représentants de la République française. Parce que comment est-il possible que les héritiers de la Révolution française et des Lumières soient du même avis que les partisans les plus ardents de la mesquinerie politique et du nationalisme ethnique ? Lesquels des deux ont tort ? Qui se trompe ? La réponse à cette question est facile à trouver. Il suffit de se tourner vers le passé, à la fin du XVIIIème siècle, à la veille de la Révolution française. Quand une discussion a éclaté dans toute sa violence, avant de dominer la pensée politique tout au long du XIXème siècle et d’une grande partie du XXème, à savoir la lutte entre Herder et Kant, entre le Volksgeist et les Lumières, entre l’âme de la nation, la glorification de sa propre identité nationale, la force supérieure de la coutume et de la tradition, et la foi dans les valeurs humaines universelles générales et impérissables. Comme Alain Finkelkraut le montre dans « La défaite de la pensée », Herder peut sans conteste être considéré comme le fondateur de la pensée sur l’identité, laquelle se manifeste sous de nombreuses formes différentes telles que la glorification de son propre caractère national, le bannissement de mots d’origine étrangère, la redécouverte de chansons folkloriques, le retour au passé et à l’ » authenticité ». Tout cela serait nécessaire, disent ses adeptes, car les Lumières ont coupé l’homme de ses racines et l’ont laissé flotter dans le vide. La nation n’est pas un contrat social, une alliance de personnes indépendantes, mais une forme d’organisation supérieure qui passe avant l’homme. Ce n’est pas l’homme qui façonne la société. Il ou elle est né(e) dans une communauté existante à laquelle il ou elle doit s’adapter. La nation est le souffle de la vie humaine. Sans la nation, l’homme meurt. Dans la conception de Herder, il est même erroné de parler d’« êtres humains ». Il n’y a pas d’êtres humains. Il n’y a que des Français, des Allemands ou des Belges. C’est l’inconscient collectif, différent dans chaque société, qui est la force motrice de cette société. Les préjugés, la tradition, l’obscurantisme, le conformisme sont en outre des forces positives qui maintiennent la nation forte, saine et florissante. La démocratie et la pensée rationnelle, au contraire, fragilisent la société. La découverte de l’ » identité nationale » est donc aussi la nécessaire quête d’un inconscient collectif qui inscrit chacun dans un ensemble. Peut-être cette controverse serait restée un débat purement philosophique si, en 1789, la Révolution française n’avait pas éclaté. Les idées des Lumières ont triomphé. Les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité ont été exportées, y compris par la force, par la France révolutionnaire à travers toute l’Europe. Ce fut une révolution sans frontières. Pour une république qui englobait du reste tous les citoyens. Napoléon a été finalement vaincu par une coalition d’États européens. Mais les idées de la Révolution française et les Lumières n’ont pas pu être réprimées par les armes. Durant plusieurs décennies, deux Europe irréconciliables se sont affrontées. Une Europe éclairée, révolutionnaire et républicaine. Et une Europe conservatrice, traditionnelle et encore monarchique. Une controverse entre une vision essentiellement française, rationnelle et universelle de la société, et une approche émotionnelle et identitaire allemande. On naît allemand. On devient français. Une opposition qui a atteint un nouveau pic de violence avec la guerre franco prussienne en 1870. Il y en aurait encore deux autres. Beaucoup de Français et d’Allemands feront l’expérience de trois guerres au cours de leur existence. Le poète allemand Heinrich Heine, en exil durant plusieurs années en France, a annoncé très tôt déjà une « réponse allemande » à la révolution française. Une réponse qui, précisément en l’an 1933, a été apportée par Goebbels pour qui le triomphe des Nazis marquait « la fin de la Révolution française ». La conquête de l’Alsace-Lorraine par les Allemands en 1870 constitue à coup sûr la meilleure illustration de l’incompatibilité entre les valeurs républicaines françaises et la notion d ‘ « identité nationale ». Pour les Allemands, l’annexion était simplement une question de propriété. À leurs yeux, la conquête était légitime car tant du point de vue de la race, de la langue que de la tradition historique, l’Alsace-Lorraine appartenait à l’Allemagne. « Non », ont soutenu les Français, Renan en tête. S’il est vrai, disait-il, que les habitants de cette vieille province germanique appartiennent à la race allemande, leur volonté n’est pas d’appartenir à l’Allemagne, mais bien à la France. Et cette volonté est plus importante que leurs origines. Une volonté que les délégués de l’Alsace-Lorraine ont réitérée à l’Assemblée nationale française le jour où le traité qui convenait du transfert du territoire de la France vers l’Allemagne a été scellé. Par cette action, les Alsaciens ont montré que la conscience nationale ne provient pas d’un déterminisme inconscient comme toute la pensée de l’identité le suppose, mais d’une décision indépendante. La nation est un pacte, un « plébiscite chaque jour renouvelé », comme le dit Renan. L’homme n’est pas le prisonnier de son identité ou de la nation, mais il en est la justification. La relecture de « Qu’est-ce qu’une nation ? » de Renan suffit pour aider les actuels dirigeants français à se rendre compte qu’ils se sont fourvoyés. Elle suffit pour leur faire réaliser que ce n’est pas une question de la langue, de race, de religion, d’intérêts, de géographie, ou même de nécessité militaire ; que ce n’est pas non plus une question d’histoire commune, de faits irréfutables, d’accident historique, ou de vague sentiment d’unité. Elle suffit pour leur faire comprendre qu’une nation est une question de solidarité consciente, une véritable décision de vivre ensemble sur la base des mêmes lois et principes. « Une nation suppose un passé, mais elle se résume dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. Un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une affirmation perpétuelle de la vie « . Est-ce que ça veut dire que l’ » identité » n’est pas importante ? Qu’elle n’a pas de sens et que c’est un concept vide ? Non. Au contraire. Mais précisément comme à la fin du XVIIIème siècle, nous sommes à nouveau entraînés dans une controverse qui vise à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Ce qui était, au XVIIIème siècle, « les Lumières », s’appelle aujourd’hui le monde moderne mondialisé. Un monde qui tourne très vite, et laisse des gens sans point d’appui et sans attaches. En ces temps incertains, sur cette planète en équilibre instable, la notion d’« identité » joue le rôle d’un phare ou d’une ancre. « Les gens, dans ce monde incertain, ont besoin d’une identité forte » – cela sonne comme un credo. Je ne voudrais en aucun cas être celui qui ôte ce point d’appui aux gens. Je veux seulement poser la question de savoir si l’identité est capable d’offrir un tel appui. On suppose toujours que « l’identité » est une notion commune, collective. Une donnée qui s’applique à chaque personne d’une même communauté et qui a le même impact ou effet comme le prétendent les adeptes de la pensée identitaire. Mais ce postulat est faux, même si on peut le regretter (point sur lequel je ne peux trancher). Tout d’abord, il y a autant d’identités qu’il y a d’individus. Chaque personne est unique. Si on la classe dans une seule catégorie ou sous une seule étiquette, on ne lui rend pas justice, on lui nuit, on la réduit à un rouage (in)volontaire d’une machine qu’on appelle « la société ». Amartya Sen, dans « Identité et violence. L’illusion de la destinée », a clairement montré qu’il y a une différence essentielle entre l’identité unique, univoque que nous utilisons couramment dans la rhétorique politique, et les identités multiples qui peuplent le monde réel. L’identité unique et univoque est une illusion. Une illusion dangereuse résultant de notre désir de classifier le monde en termes de religion, de culture, de nation ou de civilisation. La foi dans cette illusion signifie ni plus ni moins que nous nions la capacité d’action de chacun sur son propre destin. En bref, que nous ne nous laissons pas le moindre choix sur ce que nous voulons vraiment être. Notre destin est un fait irrévocable, lié à l’identité univoque qui est pareille pour chacun au sein du même groupe. Tout ce que nous devons faire durant notre vie, c’est « découvrir » cette identité unique et univoque. C’est, selon Sen, une vision réductionniste de la réalité. Une vision qui ne tient pas compte du fait que tout le monde possède un vaste éventail d’identités et de caractéristiques. Face à la vision politique réductionniste et univoque de l’identité, il y a le libre choix de tout homme dans le monde réel. Cela ne veut pas dire que cette liberté de choix est pareille pour tout le monde. Loin de là. Et non plus que cette liberté est infinie. Le libre choix est en fait soumis à des restrictions ou des limitations qui varient d’une personne à l’autre, limitations qui souvent trouvent leur origine dans le passé. Mais la différence avec la vision réductrice de l’identité, c’est que l’homme n’hérite pas seulement de son individualité et de sa personnalité, mais qu’il les construit lui-même pour la plus grande part. Libre et conscient. Dans le monde moderne, l’homme devient de plus en plus responsable de sa propre identité et de sa propre personnalité. Et cette identité et cette personnalité deviennent de façon toujours plus explicite une question de choix personnel, d’interprétation propre, de découverte de soi, en bref, une question de liberté individuelle et de responsabilité. Quoi qu’il en soit, la recherche uni-dimensionnelle d’une identité collective est d’un tout autre ordre. Elle conduit à la mise en place, dans la société, de « conteneurs » ou « bunkers » ethniques, nationaux, culturels ou religieux, auxquels l’homme ne peut plus ou ne veut plus échapper. Inévitablement, cela se termine dans la violence, dans des émeutes dans nos quartiers, dans la haine et la guerre dans le monde. « L’identité meurtrière », comme Maalouf l’appelle. Le meurtrier vingtième siècle passé a été l’illustration de cette tragédie. Ce vingtième siècle nous a appris que la conséquence ultime de la pensée de l’identité, ce sont les chambres à gaz d’Auschwitz. Et la raison pour laquelle il en est ainsi n’est pas difficile à trouver. L’« identité » veut dire qu’on attribue à un groupe de personnes des caractéristiques spécifiques, qui sont souvent radicalement différentes d’une personne avec une identité différente. « Différent » veut dire « autre ». Et « autre » n’est pas très éloigné de « ennemi ». En outre, le concept d’ » identité » conduit à un comportement conformiste, où la pensée critique est absente. On obéit aveuglément aux traditions, même si elles sont en tout point de véritables discriminations à l’encontre d’autres races ou à l’encontre du sexe opposé. Finalement, la haine et la violence contre ceux qui ne possèdent pas la même identité coulent de source. Tout simplement parce que quand les penseurs de « l’identité » réduisent l’humanité à son leur propre groupe, tous les nobles principes comme le droit, la tolérance et la non-violence sont uniquement valables au sein de ce groupe. C’est l’ » identité » qui a si longtemps empêché la Serbie de livrer ses criminels de guerre. C’est l’ » identité » qui a conduit les tribunaux allemands à condamner les nazis à des peines ridiculement basses après la seconde guerre mondiale. C’est l’ » identité » qui retient la communauté islamique mondiale d’excommunier Oussama Ben Laden. En bref, « l’identité » est une notion sur laquelle il est impossible de construire une société pacifique et prospère. Une société identitaire est une société d’exclusion et de conflit. Habituellement, c’est la dernière convulsion d’une société qui a atteint son apogée et qui attend désespérément un rétablissement de son passé, glorieux ou non. Mais plus généralement, « l’identité » un symptôme de notre incapacité à accepter le monde tel qu’il est. Dans le même ordre d’idée, Leonidas Donskis écrit dans « Troubled identity and the modern world » qu’une crise de l’identité est un pléonasme. Parce que l’utilisation du mot « identité » est symptomatique d’une société en crise, une société qui est perçue comme précaire et dangereuse. Quoi qu’il en soit, l’avenir de l’Europe ne réside absolument pas dans une quête de l’/des identité(s) nationale(s). L’avenir ne réside pas dans une somme des identités nationales. Dans l’Europe d’aujourd’hui, « l’Europe des Nations » est un reliquat du passé. C’est une Europe incapable de résoudre les problèmes. Et c’est une Europe qui ne jouera plus qu’à grand-peine un rôle dans le monde multipolaire du XXIème siècle. En un mot, l’avenir de l’Europe et de l’Union européenne sera post-national, ou ne sera pas. Guy Verhofstadt
  14. Chronos

    successor F22

    Eh ben c'est rapide. Pour la Navy, il me semble qu'il existe un projet de drone, le X 47, qui pourrait peut-être se voir étendu à l'air force. Ressortir de tels démonstrateurs est-il possible ?
  15. Mille excuses j'avais lu centaine de milliers et non pas ou. Pour une rationalisation budgétaire, il y avait le modèle danois dans un DSI récent. Ça ne pourrait pas donner quelque chose plus intéressant que d'imiter les iouesses ou alors les danois ont faits pareil ? Mais la France, dans un tel cas de figure, peut-elle réellement prétendre poser sa marque au regard des grandes puissances, qui, si elles appliquaient la même politique ou se retrouveraient amenées à l'appliquer, seraient autrement plus puissantes ? Je pense notamment à la Chine, l'Inde, les USA (déjà abordé par Philippe) ou encore la Russie et dans une moindre mesure (et l'on parle là d'Etats de l'importance de la France) le Brésil, la Turquie, l'Iran (qui cherche déjà a le faire et le cherchait déjà du temps du Shah je pense). Sans oublier les voisins européens même si l'entente semble être bonne depuis quelques décennies et les liens économiques sont bien plus forts.
  16. Hum certes mais au regard de la capacité de projection française, même avec rationalisation et 3% du PIB dans la défense, la France a-t-elle encore réellement les moyens, à terme, de prétendre a une indépendance de vue sur tout ? Ou même de supporter sans conséquence sur son économie à long terme ? Bref un système d'alliance mené par la France n'est-il pas indispensable, de préférence en y incluant des Etats voisins, idéologiquement proche, tel potentielles) ?
  17. Je cite Acki. L'armée n'est que très moyennement nécessaire pour cela. À la rigueur la gendarmerie (qui relève de l'Intérieur a présent si mes souvenirs sont bons).
  18. Cette bulle du politiquement correct est la conséquence du protectorat américain. S'il disparait ou s'affaiblit de façon tangible, on pourrait vite entendre un autre son de cloche, provenant d'acteurs politiques nouveaux ou des actuels se recyclant.
  19. Si chaque Etat (qui en ratifiant les traités a accepté l'idée d'une communauté exerçant une partie de compétences des Etats) pouvait choisir si oui ou non ses règles internes sont supérieures au droit communautaire, ce dernier n'aurait aucun objet. Un droit communautaire s'applique a toute la communauté, il ne peut être facultatif.
  20. @ artilleur : Je crois plutôt que (selon Sliders) le service militaire serait avant tout axé sur le gardiennage oui, sur la proximité avec la population, avec militarisation et envoi en OPEX pour les volontaires. Les vraies missions restant aux militaires pro malgré tout. Le volet social de l'institution étant appelé a mieux ressortir tout en préservant un esprit martial.
  21. Chronos

    Identité nationale

    Me disais bien que ça n'existait pas.
  22. Chronos

    Identité nationale

    Euh, quelle est la proportion de la naturalisations automatiques ? J'avoue que je connais pas. Un Etat laïc, en principe, n'intervient pas dans des questions religieuses, laisse une entière liberté de croyance et de pratique tant qu'elles ne portent pas atteinte à l'ordre public. En contrepartie aucun culte ou religion ne doit avoir prétention à régir la vie publique. Tout est une question de degrés dans l'un et l'autre, le fait d'arborer un signe religieux n'est pas une atteinte à l'ordre public, celui s'envelopper dans une burqua peut potentiellement l'être mais cela relève plus du sécuritaire que du religieux, et une législation abstraite, traitant d'identification de tous dans l'espace public (si cela n'existe pas déjà...), et ne visant pas un groupe particulier (LE problème à mon avis là, à force de désigner une communauté bien précise, de l'instrumentaliser, l'on finit par la créer et la rendre concrète, à accepter le niveau de dialogue d'extrémistes en représentant pas la "communauté" susmentionnée et à tomber dans leur champ, celui du tout ramené à la religion) plutôt qu'un texte interdisant nommément telle ou telle chose. Jusqu'ici à part des marginaux personne n'a contesté d'un point de vue politique, la laïcité de l'Etat et si cela venait a avoir lieu un refus clair et net s'imposerait.
  23. Chronos

    Identité nationale

    Euh c'est sensé vouloir dire quoi ? Parce que la question est, notamment, "qu'est-ce que la laïcité française et jusqu'où doit-elle aller ?". Je pense pas que les immigrants naturalisés contestent le caractère laïc de l'Etat français.
  24. Chronos

    Identité nationale

    Pas très reluisant comme discours effectivement, et il est toujours aisé de s'en prendre au voisin plutôt que de regarder son parvis (quand on est au balcon c'est facile, on voit toujours mieux en face que chez soi). Je n'en retiendrai qu'un paragraphe. Raisonnement simple mais l'argument d'en face l'est tout autant et impose lui-même un argumentaire simple, dans un cadre politique voir politicien. Ça me rappelle un prof qui pour combattre, notamment et avec pas mal d'autres choses issues d'un vieux fond raciste qui existe bel et bien, le cliché du bougnoule voleur d'emploi qui sévissait dans l'amphi s'est retrouvé à asséner d'autres clichés au point de raconter n'importe quoi et tomber dans un cercle vicieux dont il ne pouvait plus sortir. Pour ce faire comprendre, il est obligé de se mettre au niveau de son interlocuteur et finit par tomber dedans s'il ne l'était pas déjà avant. C'est personnel (et subjectif forcément), mais j'ai pour ma part pas mal de potes d'origine étrangère qui en ont franchement marre de la minorité d'emmerdeurs qui finit par, médiatiquement, les englober aussi. Ca finit par rendre tout le monde agressif. Cela dit si les travers de la Belgique sont évidents, et beaucoup ont pour cause le refus des communautés (au sens sociologique, même s'il se confond ou tend à se confondre avec le juridique) de favoriser l'emploi des langues (ce qui coute au niveau enseignement), ce fameux débat sur l'identité nationale n'a pas été une vraie réflexion et a surtout accouché de sottises ou de non sens.
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