J'aimerais vous présenter mon armée de l'air idéale, non pas celle d'un spécialiste, mais plutôt celle d'un "candide" n'ayant, hormis un service militaire de 12 mois, jamais eu de relation avec le milieu de la défense. Il s'agit d'une simple vision et de conclusions faites d'après ce que je lis ou entends ici et là, de l’extérieur, donc sans être de la "maison". C'est un peu l'armée de l'air idéale vue d'un citoyen lambda s'intéressant un peu aux pouvoirs régaliens de l’État. Certes, certaines idées ou chiffres vous paraitront sans doute naïfs, mais je vous en fais part malgré tout.
Ne vous moquez pas trop :)
A. Aviation de chasse/combat
1. Le nombre d'avion de combat : 350
J'avais lu dans une revue (DSI ?) que le nombre de 300 avions de chasse n'avait pas été présenté par hasard par les armées, mais représentait la quantité juste nécessaire par rapport aux missions confiées à l'armée de l'air (en comptant les avions en révision, l'attrition etc.). Si j'étais responsable (chef de l'état par exemple :)), je monterais ce nombre à 350. D'une part pour donner plus de souplesse, et d'autre part pour éviter de trop solliciter la flotte, la faire durer le plus longtemps possible dans un but d'économie. Cela profiterait également à l’industrie et le coût d’achat supplémentaires pourrait être un peu atténué par plusieurs facteurs apparaissant (petit effet de série augmenté, durée de vie la flotte augmentée, meilleure MCO, etc.)
2. Répartition de ces 350 avions de chasse.
250 Rafale
50 Grippen
50 Typhoon
Pourquoi des Grippen ? Dans un but premier d'économie car il ne servirait qu'à fournir les escadrons de "surveillance du ciel", comme intercepter un petit avion... Est-il nécessaire d’avoir un avion à 100 millions d’euros pour des petites patrouilles dans notre ciel en paix ? Même s'ils n'ont pas toutes les capacités des Rafale, ils pourraient malgré tout fournir un excellent appui à toutes actions de haute intensité ou en cas de gros soucis ! Les Grippen sont quand même au dessus des 2000C en performance air-air. (Enfin je crois ! N’hésitez pas à me rassurer sur ce point)
Des Grippen dans le but également soutenir les entreprises aéronautiques européennes. Je me dis que la disparition de Saab affaiblirait l'Europe de la défense, donc nous aussi. Certes cela créerait des petites flottes mais je m'en accommoderais en pensant que la défense de l'Europe passe par une industrie aéronautique européenne forte.
Il en est de même pour les 50 Typhoon, l'affaiblissement de l'anglois est également le notre... Pour ces 50 Typhoon, je chercherais un gros échange stratégique du style : on vous achète 50 Typhoon, vous vous équipez de 50 Rafale pour votre marine interopérable avec la nôtre.
Missions des Typhoon : supériorité aérienne pure et dure, appui des Rafale (à l'instar de ce qu’il s'est passé en Lybie en 2011 avec les 2000-5 et les Rafale). Cela pourrait peut-être même être profitable à notre armée de l’air dans son efficacité générale quant à son entrainement (entrainement Typhoon vs Rafale possible chaque semaine, etc.) et une meilleure polyvalence des pilotes ? Je demanderais malgré tout à « franciser » un peu les Typhoon : intégration de divers armement français par exemple, radar, etc. Tout le nécessaire pour en maîtriser toutes les sources si tant est que cela soit possible.
Les 250 Rafale « cœur et poing de l’armée de l’air » auraient davantage le rôle de "bête de somme" de notre aviation, avion à tout faire, excellent partout, utilisé comme chasseur/bombardier, reconnaissance, supériorité aérienne, dissuasion, etc. Principalement employés pour toutes les OPEX où il faut afficher une efficacité, voire une polyvalence maximale.
Je demanderais également à la société Dassault de me proposer pour l'horizon 2030, un bombardier supersonique « petit format », très long rayon d'action, très longue endurance pour pouvoir réagir "vite et fort" à des actions graves contre nos départements d'Outre-mer (Réunion, Guyane, etc.). Un bombardier tiré par exemple des études de Dassault sur le Falcon supersonique serait pour moi l'idéal, la dimension de cet avion et ses capacités serait le plus en adéquation avec nos ressources et notre budget (loin de moi l’idée de penser à des bombardiers du style B1 ou Tu-160...). Cela permettrait également, avec le développement actuel du NeuroN d’entretenir au mieux les bureaux d’étude avant qu’ils ne basculent sur le futur chasseur remplaçant du Rafale dans 20 ans ou 30 ans.
Un escadron d'une vingtaine de ces avions me semblerait suffisant pour parer à toute menace sur nos DOM.
Le coût de ce développement, associé à la petite série, serait négocié avec Dassault dans un partenariat du style : participation de l’Etat dans la version militaire mais aussi civile, et petites retombées ensuite lors des ventes de la version civile (un pourcentage à définir sur chaque vente par exemple). Je me dis de toute façon que quelque chose de mutuellement profitable doit pouvoir être financé facilement.
J'imposerai également un cursus "Marine" à au moins la moitié des pilotes de Rafale pour une souplesse d'utilisation maximale de toute notre aviation nationale. D'ailleurs, tous les Rafale restant à livrer sur les 250 (ou plutôt tous les monoplaces restant seraient des Rafale M). Le tout pour une plus grande flexibilité dans les OPEX, bases avancées, porte-avions, etc. J’inciterai par ailleurs l’Armée de l’air à financer une part de la construction d’un futur PA2 (et l’armée de Terre aussi). La Marine pourrait garder ses 3 flottilles et conserver par exemple des compétences propres (les qualifications par exemple les plus difficiles ou les plus « rares » et les moins susceptibles d’êtres utilisées : tir d’exocet, dissuasion, etc. On pourrait même réserver le statut « Hibou » aux marins uniquement). Ces escadrons navals de l’armée de l’air seraient donc surtout utiles pour aider dans les tâches de « routine », laissant à la Marine son cœur de métier et ses spécificités en cas de gros coup dur.
B. Transport/logistique/AEW
Sur ce plan aussi, j’avais lu que le nombre d’A400M (50) était suffisant pour les missions confiées (à condition d’avoir aussi la capacité de transport des A330MRTT).
Je monterais donc ce nombre à 65 A400M pour les mêmes raisons citées plus haut (souplesse, économie des potentiels des cellules, industrie, etc.). Je négocierai ces 15 A400M aux allemands qui sont vendeurs d’une partie des leurs, un bon prix pourrait donc être envisagé ?
Je conserverai tous les CN295 utiles pour les petites tâches.
Par contre, j’étudierai au plus vite l’achat de C-17 ou de gros Antonov. Le tout en gardant à l’esprit une optimisation entre meilleur prix/accès aux sources et facilité d’ « Otanisation » (pour les Antonov). Une quantité identique à la flotte anglaise me semble judicieuse (environ 8 à 10).
Je demanderai également à Airbus le développement d’un futur grand AWACS pour nos 40 à 50 prochaines années et basé sur des cellules actuelles (A350 ?). Le tout dans le but de remplacer les nôtres assez rapidement. Ici aussi tout serait étudié pour facilité au maximum le financement de cette petite série (par exemple échange ou cessions des parts de l’Etat dans EADS ou financement mutuellement profitable dans d’autres secteurs). Je tenterai également, avec l’appui d’EADS et des partenaires européens de remplacer les AWACS de l’OTAN par ces nouveaux Airbus, ici aussi pour augmenter au maximum la série. De même pour les 7 anglais, dont une « obligation » d’achat de ces nouveaux AWACS pourrait même être inclus dans le super échange stratégique (50 Rafale vs 50 Typhoon ou par exemple 40 Rafale vs 50 Typhoon plus achat de 7 A350AWACS).
Je demanderai également aux généraux si le besoin d'un avion de surveillance électronique (type "Rivet Joint" ou "Sarigue" sur DC-8) est vraiment nécessaire. Dans l'optique d'une réponse affirmative, un avion sur cellule récente serait bien sûr étudié.
C. Infrastructures/Défense
Question défense aérienne des bases, je n’ai aucun avis sur la pertinence de la récente séparation des missions : défense AA courte portée pour l’armée de Terre/défense AA longue portée pour l’armée de l’air. Je laisserai donc en l’état la situation actuelle, autorisant les Chefs d’Etats-majors respectifs à gérer ce dossier à 100%.
Pour les bases, j’inciterai au maximum la création d’escadron de chasse sur des bases d’Outre-mer (Principalement pour la Réunion ou la Guyane stratégiquement importantes). Cela pourrait même se faire, au pire, par la fermeture d’une ou deux bases de la Métropole. Ces bases seraient équipées par 8 à 12 chasseurs type Rafale M (provenant des 3 flottilles ou des futurs escadrons navals de l’armée de l’air). Une mobilité maximale de ces appareils serait l’idée principale : interaction via les bases aériennes mobiles (Porte-avions), échanges/interactions possibles via de nouveaux pays riverains, etc.
La création de ces 2 ou 3 escadrons de chasse d’Outre-mer me semblerait triplement bénéfique : augmentation de la protection de notre souveraineté, retombées économiques locales et nouveaux échanges/entrainements (expériences nouvelles vs des armées de l’air « exotiques ») pour les pilotes.
D. Drones/armement
Paradoxalement, je suis assez pragmatique sur ce point, je ne serais pas contre l’achat « en attendant » de Predator américains. Même s’ils en contrôlent les sources logicielles et autres, on en a besoin, on achète de suite. En parallèle, je financerai au maximum, via des aides, la R&D de diverses sociétés aéronautiques pour que ces dernières nous proposent dans 10 ou 20 ans un futur drone de remplacement afin de retrouver notre indépendance stratégique dans ce secteur (navalisable car cela me semble indispensable pour une nation maritime comme la notre)
Question armement, je pense que je tenterai de combler nos lacunes actuelles, comme par exemple l'absence de missiles anti-radar ou de nacelles de guerres électroniques, quitte à transformer quelques Rafale en Rafale EW si cela est nécessaire.
Voilà donc mon modeste et naïf point de vue sur ce qui serait une armée de l’air idéale.
Je voulais aussi par ce biais, vous montrer que la défense peut aussi intéresser un citoyen lambda peu au fait de la chose militaire comme l’on dit. C’est un domaine important, comme d’autres également, et je regrette que seule une minorité semble s’y intéresser (même si les récents sondages portant sur le budget de la défense semblent cependant aussi surprenant qu'encourageant).