Aller au contenu
Fini la pub... bienvenue à la cagnotte ! ×
AIR-DEFENSE.NET

Doctrines des opérations spéciales


Rob1

Messages recommandés

Je m'aventure dans un cadre qui n'est pas ma tasse de thé : doctrine, théorie, "modèle", je ne suis pas sûr du vocabulaire exact. "modèle" serait plus scientifique mais traduit bien ce que je cherche : quels sont les schémas selon lesquels les opérations spéciales sont conçus (ou censées l'être) ?

Le plus évident est celui énoncé par David Stirling lors de la création du Special Air Service (SAS) en Afrique du Nord : une unité de taille réduite, opérant loin derrière les lignes ennemies, pour détruire des objectifs de très haute importance. Ce concept a surtout été créé par comparaison avec des raids "commandos" britanniques qui se faisaient avec des bataillons entiers. Il met en lumière les besoins de moyens d'infiltration/exfiltration, et d'une sélection mettant l'accent sur la force de caractère et l'autodiscipline des hommes et non seulement leur capacité physique.

Ce modèle est un fondamental, il est la référence en matière d'action directe, et plus ou moins déclinable à la reconnaissance, la capture/récupération de matériel/personnel d'importance (CSAR, libération d'otages).

Un second concept d'opérations spéciales est celui où les FS sont utilisées comme "soldats-diplomates". Concept également associé à une unité de la WWII (les Jedburghs, ainsi que les Operational Groups de l'OSS), où l'accent est plutôt mis sur les capacités linguistiques, culturelles et d'encadrement des individus (un ODA de 12 hommes pouvant encadrer un bataillon indigène).

Cependant, les forces spéciales sont utilisées dans des opérations n'entrant pas dans ces modèles. Comment caractériser les opérations spéciales en l'absence de lignes ennemies, typique des conflits antiguérillas (Algérie, Afgha...) ?

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Tu oublies à mon avis un 3ème concept issu de la même guerre, qui complète en fait le duo Jedburghs - SAS (et la force 316 -j'suis plus sûr du numéro :rolleyes: :lol:- sur le front asiatique): les Long Range Desert Groups et autres forces de reconnaissance en profondeur. On va dire que dans cette conception britannique, les trucs comme les Night Squads d'Orde Wingate s'assimilent à une version hybride des conceptions commando et FS, plus liées aux spécificités du Proche Orient.... Avant tout la sous-dotation en moyens de cette zone :lol:.

A noter quand même, puisqu'il est question de doctrine, que cette conception britannique qui ébauche une vision générale complémentaire, procède de plusieurs raisonnements et logiques séparées; les Jedburghs émanaient du SOE tandis que les SAS et Long Range Desert Groups étaient nettement plus liés aux armées et sont une extrapolation "par le haut" des unités commandos et autres formations d'élites ou spécialisées dédiées à des tâches spécifiques (reco, saisie ou destruction d'objectifs, action directe ponctuelle précise....). Certes, à l'arrivée, il y a complémentarité de fait et coordination dans certains cas, mais c'est pas la pensée initiale. Les Jedburghs sont en ce sens quelque chose de pensé du point de vue plus "politique/stratégique" d'un service secret, sous-tendant une action à visée plus longue et profonde et procédant en même temps du penchant britannique (très présent chez Churchill) pour les opérations et stratégies périphériques. En ce sens, ils reflètent initialement une culture stratégique. Les SAS viennent à la base d'un affinage, du fait de pousser "un cran plus loin" une conception militaire, de la meilleure réponse à apporter à un besoin mieux défini selon des critères militaires, sur un théâtre donné et avec des moyens initialement comptés (par rapport à la taille du théâtre et aux moyens de l'adversaire à un moment donné). Après, tout se développe.

quels sont les schémas selon lesquels les opérations spéciales sont conçus (ou censées l'être) ?

Ca dépend des pays, des moments avant tout, quand même. Mais on retrouve des schémas similaires fondamentaux un peu partout: reco/renseignement, action directe, appui (par des spécialités et par le nombre), formation/encadrement. Ca c'est pour la logique fondamentale de capacité à partir de laquelle on conçoit une action, et des différences importantes peuvent exister déjà dans chacune de ces capacités, mais plus encore dans les volumes dédiés à chacune, dans le degré d'expertise vers lequel tendent certaines....

Beaucoup de régimes autoritaires et de pays ayant des adversaires, externes ou internes, atypiques, développent en outre des capacités spéciales spécifiques à ces situations, soit en les créant ex nihilo soit surtout en affinant des capacités conventionnelles existantes, y compris à partir de spécialités plus sécuritaires/policières (polices politiques, forces loyalistes d'élite dans des régimes contestés, polices militarisées ou "musclées"....). L'Angleterre, encore, a quand même longtemps eu de telles forces rien que pour l'Irlande du Nord (la 14th Intelligence Company qui a servi de structure de base à l'actuel SRR).

Comment caractériser les opérations spéciales en l'absence de lignes ennemies, typique des conflits antiguérillas (Algérie, Afgha...) ?

Faut-il les caractériser comme différant si fondamentalement de supposées opérations spéciales "classiques"? On parle d'opérations justement "spéciales", et l'un des points fondamentaux de réservoirs de capacités très pointues ne devrait-il pas justement être de ne pas trop s'enferrer dans des petites cases trop précisément définies, avant tout parce qu'il ne faudrait pas créer une unité ou sous-unité pour l'ensemble des panels de missions et d'adversaires qu'il est possible de rencontrer? On n'aurait jamais fini et, à moins de conflits très longs et majeurs (donc avec un adversaire difficile et prioritaire qu'on a pour longtemps), il vaut mieux ne pas disperser des moyens très comptés.

A mon avis, on gagnerait à fonder l'analyse sur la capacité du réservoir humain des opérations spéciales: des personnels de haut niveau, aux formations multiples et continues, très versatiles par essence, formant des groupes pouvant s'adapter rapidement à un vaste nombre de situations et donc d'approches fondamentales pour penser l'action contre ces situations. A côté d'armées définies très strictement et ayant des fonctions très circonscrites, formulées de façon souvent trop rigides, les services actions et branches paramilitaires des services de renseignement tout comme les forces spéciales, doivent constituer un élément de souplesse qui ne devrait pas rentrer dans des petites cases qu'on formule trop précisément à l'avance, sous peine de voir sans arrêt des récriminations du genre "on est pas formés pour ça", "on ne doit pas les employer pour ça"....

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Y' un autre élément qui a été oubli : c'est l'action de propagande-formation

Elle rejoint les actions des unités Jedburgh mais va plus loin

Là ou les Jedburg, OSS ainsi que certains de nos para coloniaux faisaient simplement de l'encadrement opérationnel avec des locaux deja acquis à notre cause (pour raisons d'inimitiés traditionnelles par exemple) d'autres FS faisaient de l'action pyschologique-formation afin de retourner les populations plus ou moins neutres

C'est le cas des bérets verts au Vietnam par exemple

Ne pas oublier également la fonction de formation aux conflits asymétriques et atypiques entre alliés (comme l'ecole des amériques gérée par le SOF à Fort Bragg et qui a formé les cadres sud américains à la guerre anti subversive)

Ca c'est pour les doctrines de l'Ouest

Pour les doctrines de l'Est, les FS sont plus axées militaires (actions tactiques contre des objectifs militaires ou militaro politiques à haute valeur ajoutée). Le volet formation-propagande étant assuré par les SR civils (KGB) plutot que militaires (GRU)

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Bien vu pour les psyops.... Qui sont avec la surprise la plus ancienne marque de fabrique des opérations spéciales :lol:: aaaaah, le bon temps des pyramides de crânes, des adversaires démembrés, des cadavres (pas forcément infectés) balancés par dessus les murailles d'une cité assiégée, des parures guerrières en reliques humaines de tous types, des hurlements stridents, sauvages ou maîtrisés, des frappements d'armes sur les boucliers, des cadavres qu'on retire du champ de bataille pour faire croire qu'on n'a pas de pertes ou pas beaucoup, des histoires à dormir debout sur des guerriers invincibles qu'on fait circuler au coin des feu de camps et des villages, des bobards sanguinaires sur le chef ennemi (et des super trucs sur le nôtre.... Avec des échantillons de sa générosité) qu'on répand partout.... Impacter le moral, la volonté et la réflexion adverse, pour le tromper, l'intimider, lui casser les pattes, lui faire peur, l'énerver, c'est aussi ancien que la guerre.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Faut-il les caractériser comme différant si fondamentalement de supposées opérations spéciales "classiques"? On parle d'opérations justement "spéciales", et l'un des points fondamentaux de réservoirs de capacités très pointues ne devrait-il pas justement être de ne pas trop s'enferrer dans des petites cases trop précisément définies, avant tout parce qu'il ne faudrait pas créer une unité ou sous-unité pour l'ensemble des panels de missions et d'adversaires qu'il est possible de rencontrer? On n'aurait jamais fini et, à moins de conflits très longs et majeurs (donc avec un adversaire difficile et prioritaire qu'on a pour longtemps), il vaut mieux ne pas disperser des moyens très comptés.

Mon but n'est évidemment pas d'imaginer une unité par mission, mais je suis simplement "gêné" qu'on parle d'opérations spéciales sans avoir de véritables modèles dans des conflits sans lignes ennemies. Apparemment, les missions-types de ce genre de conflits sont :

- les raids sur objectifs ponctuels (qu'on peut rapprocher fortement du concept SAS "historique" de Stirling)

- l'appui aux opérations classiques (renseignement/reconnaissance)

A mon avis, on gagnerait à fonder l'analyse sur la capacité du réservoir humain des opérations spéciales: des personnels de haut niveau, aux formations multiples et continues, très versatiles par essence, formant des groupes pouvant s'adapter rapidement à un vaste nombre de situations et donc d'approches fondamentales pour penser l'action contre ces situations. A côté d'armées définies très strictement et ayant des fonctions très circonscrites, formulées de façon souvent trop rigides, les services actions et branches paramilitaires des services de renseignement tout comme les forces spéciales, doivent constituer un élément de souplesse qui ne devrait pas rentrer dans des petites cases qu'on formule trop précisément à l'avance, sous peine de voir sans arrêt des récriminations du genre "on est pas formés pour ça", "on ne doit pas les employer pour ça"....

On met le doigt sur ce qui différencie les FS d'autres forces "spécialisées" mais pas FS : le côté polyvalent, l'adaptation à la situation. Du coup, on se retrouve à définir les FS comme celles qui font des opérations pas faisables par les forces classiques.

Ce problème de la définition est tel que même la liste des missions des FS américaines prévoit un truc de ce genre : "Activities specified by the president or the secretary of defense". C'est en quelque sorte en faire une espèce de force de dernier recours.

Le problème, avec l'abaissement des capacités des armées et donc des forces conventionnelles, c'est qu'on risque d'augmenter le besoin en "FS" à un niveau exagéré, et qu'il n'y a aucune "ligne" pour dire "stop". Quand je vois des CPA faire le JTAC d'unités classiques ou des hélicos FS dans un TF d'hélicos d'un GTIA, ca m'étonne, je pense qu'on a dépassé la ligne. Est-ce que ca ne cache pas une armée qui n'a pas de JTAC ou de capacité hélico convenable ?

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

ca m'étonne, je pense qu'on a dépassé la ligne. Est-ce que ca ne cache pas une armée qui n'a pas de JTAC ou de capacité hélico convenable ?

Si, ça c'est pas un problème qui vient des opérations spéciales, mais bien de budgets trop comptés qui font remonter "vers le haut" des capacités (et donc aussi des matos) qui devraient être dispo à plus bas échelon, le seul "bon" point dans l'histoire étant qu'au moins, le savoir-faire est conservé  :P. Mais faut quand même relativiser: les CPA n'ont plus le monopole de la désignation. Ils l'ont eu, surtout au début alors que la France avait 3 métros de retard, mais maintenant, la capacité coordination des feux (de toutes origines) s'est répandue vers le bas, et les brigades interarmes ont leur propre capacité, même plutôt relativement abondante, dans les régiments d'artillerie, qui ont développé ce savoir-faire (apparemment plus une trentaine d'hommes par RA). Ajoute aussi le 2ème RH pour la bonne mesure (même s'il peut franchement être qualifié de FS à bien des égards, au moins pour son degré d'expertise, de formation et de qualité/expérience des personnels).

Mon but n'est évidemment pas d'imaginer une unité par mission, mais je suis simplement "gêné" qu'on parle d'opérations spéciales sans avoir de véritables modèles dans des conflits sans lignes ennemies

Tu es trop cartésien, tu veux tout classifier :lol:. Un peu de souplesse dans la pensée, que diable, la guerre reste le royaume de l'inattendu....

On met le doigt sur ce qui différencie les FS d'autres forces "spécialisées" mais pas FS : le côté polyvalent, l'adaptation à la situation. Du coup, on se retrouve à définir les FS comme celles qui font des opérations pas faisables par les forces classiques.

Oui, et c'est pour moi la meilleure des définitions possibles, sous peine de s'enferrer dans un raisonnement voulant à tout prix assigner un cahier des charges trop précis qui devient un véritable carcan mental. Précisément, ce qui est souvent admiré dans l'histoire des forces britanniques au XXème siècle est cet esprit "outside the box" des hurluberlus à qui ils ont toujours gardé une petite place à côté de penseurs et décideurs militaires aussi incompétents qu'étroits d'esprits, dont la seule force était celle du stick planté dans le cul qui leur servait de colonne vertébrale.

A ce compte, je préfèrerais étendre un peu le réservoir FS en effectifs (le nombre restant la meilleure manière d'avoir de la marge de manoeuvre et d'adaptation), et/ou avoir un "2ème échelon" de forces d'élites versatiles plus nombreuses (mettons, aptes à prendre en charge des domaines moins variés et plus "constants" dans le registre FS.... Des "special operations capable" en somme, comme chez les Marines). Et en revanche, de former une structure, sorte "d'académie FS" en miniature (oui, il y aurait des risques d'évolution en petites cases aussi) qui serait elle la vraie structure de réflexion et d'expérimentation, pouvant penser l'action spéciale à l'aune de chaque conflit/situation, garder les savoirs-faires, organiser les RETEX, les transcrire en stratégies, pensées, approches, tactiques, formations et matériels avec pour spécificité (parce qu'il ne s'agirait pas d'une énorme structure) de mettre sur pied rapidement les formations nécessaires (stages et autres) permettant l'adaptation rapide dans un cadre général pensé plus en profondeur. C'est déjà en partie fait, et c'est un peu ce que le COS développe (c'est en fait le concept de Fort Bragg pour les FS de l'Army), mais est-ce déjà une école de pensée, une vraie "pensée d'arme" s'attachant à envisager la guerre/une guerre/une situation différemment des armées classiques? Il y a des risques de chapellisation, mais tant qu'à faire, vu les moyens dispo, c'est une des seules réponses rationnelle que je vois.

Les unités proprement dites seraient chargées (et là la culture de chacune des composantes FS a son importance pour maintenir la diversité et le remue méninge sous des perspectives différentes) de leurs personnels, afin de garantir la qualité de la matière première dont le but est précisément de rester souples et adaptables sans cahier des charges trop précis. L'action en appui des opérations classiques reste dans les savoirs-faires "constants" qu'on apprend à ce niveau.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Tu es trop cartésien, tu veux tout classifier :lol:. Un peu de souplesse dans la pensée, que diable, la guerre reste le royaume de l'inattendu....

Je ne demande pas à tout classer, mais l'idée qu'on ait un bon paquet d'opérations faites sans qu'on ait le moindre "manuel" dessus m'étonne. Non pas qu'il y ait besoin d'un manuel pour toute chose, mais où est passé l'historique, le retex de tout ca ?

C'est en tout cas un gros "trou" dans la littérature disponible sur le domaine, à mon avis. Etonnant qu'on n'arrive pas à le combler.

A ce compte, je préfèrerais étendre un peu le réservoir FS en effectifs (le nombre restant la meilleure manière d'avoir de la marge de manoeuvre et d'adaptation), et/ou avoir un "2ème échelon" de forces d'élites versatiles plus nombreuses (mettons, aptes à prendre en charge des domaines moins variés et plus "constants" dans le registre FS.... Des "special operations capable" en somme, comme chez les Marines).

Ne penses-tu pas qu'on a de quoi faire avec les GCP et autre groupements d'élite de brigade ? Pendant la guerre du Golfe, on a monté un gros groupement CRAP/GCP à partir des CRAP des différents régiments. En outre chaque spécialité a de facto un réservoir de spécialistes qui peuvent etre mis à contribution.

Par exemple, aux Malouines, le commandement des FS s'était vu ajouter des éléments de reco du Parachute Regiment et des instructeurs combat arctique & montagne.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Je ne demande pas à tout classer, mais l'idée qu'on ait un bon paquet d'opérations faites sans qu'on ait le moindre "manuel" dessus m'étonne. Non pas qu'il y ait besoin d'un manuel pour toute chose, mais où est passé l'historique, le retex de tout ca ?

C'est en tout cas un gros "trou" dans la littérature disponible sur le domaine, à mon avis. Etonnant qu'on n'arrive pas à le combler.

Ce Retex existe au niveau des unités. C'est là où se passent les cours, la méthodologie.

Maintenant, l'accès est difficile car classifié. Ceux qui communiquent sur le sujet ne le font pas complètement non plus.

Ne penses-tu pas qu'on a de quoi faire avec les GCP et autre groupements d'élite de brigade ? Pendant la guerre du Golfe, on a monté un gros groupement CRAP/GCP à partir des CRAP des différents régiments. En outre chaque spécialité a de facto un réservoir de spécialistes qui peuvent etre mis à contribution.

Par exemple, aux Malouines, le commandement des FS s'était vu ajouter des éléments de reco du Parachute Regiment et des instructeurs combat arctique & montagne.

Il y aurait beaucoup à dire là-dessus.

Les instructeurs du Cadre blanc étaient là pour diffuser les techniques propres au combat artic. Il y a d'ailleurs eu des tensions entre eux et les autres troupes qui refusaient cette instruction.

Après, le taux de forces spéciales n'est-il pas un indicateur du faible niveau du gros de la troupe?

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Ne penses-tu pas qu'on a de quoi faire avec les GCP et autre groupements d'élite de brigade ? Pendant la guerre du Golfe, on a monté un gros groupement CRAP/GCP à partir des CRAP des différents régiments. En outre chaque spécialité a de facto un réservoir de spécialistes qui peuvent etre mis à contribution.

Par exemple, aux Malouines, le commandement des FS s'était vu ajouter des éléments de reco du Parachute Regiment et des instructeurs combat arctique & montagne.

Justement non, faut pas divertir les moyens commandos/reco propres aux unités de manoeuvre et commandements organiques et de théâtre; toi qui veut une distinction claire et nette entre doctrines commando et FS, faut savoir ;).... Les brigades de combat ont besoin de ce genre de formations qui ne sont pas non plus un réservoir énorme, et si on les assignait un certain temps de l'année à des missions d'appui FS dans les effectifs nécessaires, le volant restant serait insuffisant. Qui plus est, avec le temps, tu verrais l'inévitable évolution déjà constatée: les FS sollicitent beaucoup et en fait toujours un peu plus (réclamant toujours plus d'adaptation à leurs standards, dispo et équipements), les unités classiques ont des manques et créent en interne des formations au début plus ou moins informelles pour pallier ce manque, subdivisant toujours un peu plus leur orbat déjà compté et drainant un peu plus les meilleurs éléments de leurs compagnies de combat pour ce faire ("pompant" cette ressource comptée depuis les rangs dont la qualité ne s'améliore pas).

En fait, j'avais déjà évoqué le sujet, mais je serais franchement pour une brigade d'infanterie légère "d'élite" (recrutement/sélection plus poussée, peut-être plus de bouteille en moyenne, plus de moyens pour la formation et l'entraînement) faite justement pour la polyvalence et "remplir les espaces" lacunaires croissants entre les forces conventionnelles et spéciales, et apportant de plus ce qui nous manque sans arrêt: le nombre. Pas d'artillerie lourde pour cette brigade là (juste les Mo), pas de blindés au-delà du transport léger avec des véhicules d'appui spécialisés (comme le véhicule d'aide à l'engagement), ce ne serait pas une brigade destinée à être engagée comme telle mais un réservoir de groupements de toutes tailles jusqu'au bataillon, avec un spécial/semi spécial représentant la crème du concept (et un vrai bataillon d'appui aux FS, dédié à ça). D'une certaine manière, c'est au final une extension (en moyens et en échelle) de ce que le 2ème REP fait ou essaie de faire dans la mesure de ses moyens, cad en devant rester "dans le rang" des RI types, avec les mêmes moyens et sans jamais être appelé à devenir le bataillon d'appui FS dont on parle mais qui joue les arlésienne attendant les carabiniers d'Offenbach :rolleyes:.

C'est une idée de "chaînon manquant": il faut des "bons à tout excellents en rien" à tous les niveaux de qualifications, les indispensables touches à tout qu'on ne case pas dans un rôle trop défini, mais dont la qualité permet plus d'adaptation.

Si on se décidait à réduire la BP à une petite brigade air assaut (vu le parc hélico, on peut pas plus de manière permanente) gardant en plus la capacité para pour l'équivalent permanent maximum d'un bataillon, ça dégagerait déjà une bonne base pour commencer ce genre de concept. Mais une telle brigade d'infanterie légère nécessiterait clairement un certain volume de forces pour pouvoir et remplir les missions évoquées, et dégager un "bataillon d'élite" issu d'une sélection avant tout faite en interne.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Tu vas chagriner les paras à demander une telle brigade. Ne sont-ils pas l'échelon d'urgence...

La brigade spéciale, c'est l'armée. Vu sa taille on ne peut se permettre de faire encore une brigade d'exception. La qualité peut être partout si nous faisons les efforts nécessaires: ceux de la formation.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Ce Retex existe au niveau des unités. C'est là où se passent les cours, la méthodologie.

Maintenant, l'accès est difficile car classifié. Ceux qui communiquent sur le sujet ne le font pas complètement non plus.

Evidemment.  =)

En fait, mon questionnement traduit mon côté "littérature ouverte" : alors qu'il existe des tas de bouquins et publications sur le sujet, je n'ai pas vraiment vu de doctrine d'OS qui complète le modèle de Stirling, ni un auteur tenter d'en synthétiser une de manière convaincante à partir des récits existant sur le sujet.

Je crois qu'à la base, je suis surtout frustré d'avoir trouvé la littérature francophone sur les FS assez basique/superficielle (un petit historique, un panorama des FS du monde, et des trous récurrents). Pourtant je mets un point d'honneur à sortir des sentiers battus et chercher des auteurs pointus (souvent anglophones), mais quand je vois que le bouquin de McRaven, considéré de manière presque biblique par certains, se limite à un modèle au domaine "direct action" et à un modèle assez simple, je suis frustré.

Justement non, faut pas divertir les moyens commandos/reco propres aux unités de manoeuvre et commandements organiques et de théâtre;

Tu remarqueras que mon exemples utilisaient ces moyens de manière ponctuelle et limitée dans le temps  ;)

Ton exemple des Marines SOC utilise un mix de Force Recon (unités organiques, un peu genre GCP donc), divers attachements, et une section SEAL (FS détachée auprès d'une force conventionnelle).

Sinon, on peut créer une unité permanente, mais la nommer "second échelon" risque de limiter les vocations, non ?

Encore une autre possibilité, le KGB avait un corps d'officiers formant une réserve spéciale (ayant suivi un cours genre Jedburgh, en cas de besoin en temps de guerre). Mais leur emploi en Afghanistan faisait que les officiers n'étaient pas dispo pour leur poste de temps de paix (dans le service de renseignement je présume), ce qui a entraîné la création d'une unité spéciale permanente.

Ton idée de brigade d'élite fait un peu penser au régiment de Rangers US, considéré comme l'élite de l'infanterie US et qui est à mi-chemin des deux mondes.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Oui, c'est le principe des Rangers.... A la base: maintenant, ils sont quand même plus versés dans l'appui FS de façon structurelle (ils appartiennent à l'USSOCOM après tout). Pour les Marine Recon,  c'est vrai; mais je remarque cependant qu'on ne parle pas des mêmes volumes, même en respectant l'échelle des armées françaises et de l'USMC, et ce surtout quand on regarde de fait l'emploi et le mode de déploiement des unités des marines, qui sont centrés sur une proportion réduite de leurs forces, essentiellement les 7 MEU (special operations capable qui plus est, avec évidemment la nuance de leur définition du terme). Du coup, le déploiement le plus courant des marines s'accompagne d'un volume élevé (en proportion) de ces forces spéciales/d'élite, ou de leur disponibilité immédiate.

Mais la "brigade légère" (nom provisionnel :lol:) serait vraiment à cheval entre les 2 mondes, peut être parce que précisément la structuration sans cesse plus poussée des FS et la recherche permanente de définition précise de chaque mission et sous-mission assignée aux forces conventionnelles accroît de fait les zones d'ombres, les espaces lacunaires, les manques, le fossé entre les 2 mondes.... 3-4 bataillons légers, un de reco, un d'appui, un "d'élite", une école, t'appelles ça "l'unité", la "force 421,3", "les couillus démerdards", "the expendables" :O :-[, la "variables d'ajustement", "les rustines" :rolleyes:, les "tant pis si j'en crève" (emprunté au nom de la spécialité d'un certain restau de la rue des Lombards: 1,1kg de filet avec ses patates :lol:), les "bien montés" (référence ironique à leurs véhicules légers, pas à autre chose espèce de petit cochon honni qui mal y pense ;))....

Je crois qu'à la base, je suis surtout frustré d'avoir trouvé la littérature francophone sur les FS assez basique/superficielle

Oui, l'impression de relire toujours le même bouquin.... Parfois même du même auteur :lol:: Eric Dénécé a pondu combien de fois le même bouquin à peine réécrit?

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y aurait beaucoup à dire là-dessus.

Ban vas-y, dis !  =)

Je suis preneur de toute info et tout avis original dans le domaine.

Oui, c'est le principe des Rangers....

Je pensais plus en termes de ressources humaines que d'unité constituée : les Rangers regroupent des hommes sélectionnés et supérieurement entraînés, puisqu'ils sont considérés comme l'élite de l'infanterie US (malgré l'appartenance à l'USSOCOM, les liens sont forts avec la conventionnelle ; quand leurs officiers ne disparaissent pas dans le monde des SF/Delta, ils tournent dans les unités classiques). Au niveau carrière des hommes, une forte proportion de SF/Delta viennent d'un bataillon Ranger.

Oui, l'impression de relire toujours le même bouquin.... Parfois même du même auteur :lol:: Eric Dénécé a pondu combien de fois le même bouquin à peine réécrit?

Trois titres, mais six éditions (les "premières éditions" + deux éditions poche + une édition récente du plus vieux expurgée de certains chapitres), il me semble.

C'est surtout la pauvreté des vues exprimées qui m'énerve. Les gars du CF2R tournent sur les mêmes depuis des années, et que je trouve mal justifiées. La distinction forces spéciales/clandestines c'est quand même pas sorcier, et en plus elle ignore ou va a contratio des définitions américaines. Je ne suis pas convaincu de la comparaison SAS/11e Choc. La comparaison CIA/JSOC (sans doute victime collatérale du fanboyisme-SAD sur internet) néglige l'importance historique des SF dans l'action clandestine, etc.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Je ne suis pas convaincu de la comparaison SAS/11e Choc. 

effectivement ,perso j'ai l'impression que l'on tente la comparaison pour avoir un ordre d'idée entre organisation à la Française et les Brits ,mais dans la réalité se n'est pas le cas du point de vue emploi .

le SAS travaille dans le kaki comme dans le mode clandestin ou anti-terroriste .

mais dans le domaine du kaki les SAS ont aussi mit les haut là en se qui concerne les opérations de "chasse" dans les grottes Afghane car de leurs propre aveux ,se travail pouvait être fait par les RM .

être utilisé comme "infanterie d'élite" leur a coûté des personnels hautement qualifié .

bon le fait est aussi que face à l'augmentation des opérations ,ils n'ont pas non plus une ressource si élastique que sa ,et qu'à la différence de certaines époques ou très peu d'unité conventionnelle assuré les missions de "combat" ,les FS avaient se besoin de "mise en pratique " .

de se point de vue ,on peu dire que sa a été aussi le cas pour nos FS déployaient en Afghanistan qui mené des missions de type infanterie légère ,et au vu du contexte des décisions politiques dans l'évolution de la participation de nos troupes dans se conflit ,on a bien vu dans nos état-majors que les FS étaient une force très peu nombreuse et qui de se fait ne pouvait être "sacrifié" pour un travail d'infanterie légère  qui ne serait pas "rentable" avec la perte de personnels hautement qualifié .

une chose peu paraître bête ,mais avec l'Afghanistan et les opérations en Afrique ,chacun arrive à trouvé sa place et disons ,sa limite les conflits de chapelle entre force régulière et FS .

maintenant  on est dans des "petits conflits" qui contente tout le monde (régulière et FS ) mais pour combien de temps avec la fermeture du théâtre Afghan ?

si on se retrouve dans une situation de l'avant  11 septembre 2001 ,on pourrait considéré que sa sera une pose opérationnelle mais peut-être aussi le retour des guerres de chapelle entre régulière et FS .

FS qui disons ont réussi à s'organisé si on regarde bien depuis la création du COS et disons aura plus de poids que dans ses débuts ,face aux différentes missions que les politiques leurs auront confié depuis .

car pour les militaires de tout ordre ,le lobbying est de mise auprès des politiques .

le 11°Choc quand à lui ,depuis l'assaut de la grotte d'ouvéa à vu sa parti "mission kaki" mis de côté ... et travaille la parti clandestine il me semble de nos jours .

en espérant ne pas dévié le file  :-[

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Je pensais plus en termes de ressources humaines que d'unité constituée : les Rangers regroupent des hommes sélectionnés et supérieurement entraînés, puisqu'ils sont considérés comme l'élite de l'infanterie US (malgré l'appartenance à l'USSOCOM, les liens sont forts avec la conventionnelle ; quand leurs officiers ne disparaissent pas dans le monde des SF/Delta, ils tournent dans les unités classiques). Au niveau carrière des hommes, une forte proportion de SF/Delta viennent d'un bataillon Ranger.

C'est vrai que c'est le principe, le seul "problème" étant l'usage désormais quasi exclusif par l'USSOCOM au lieu de réellement remplir l'espace entre FS et unités conventionnelles.... Mais les USA utilisent aussi les Marines pour cela, ont quand même de la marge de manoeuvre en termes d'effectifs absolus, et les rangers servent aussi, comme tu le dis, d'école à sergents pour la conventionnelle. Vu la taille de leur dispositif, tant côté FS que conventionnel, la question générale de cet "espace" entre FS et unités lambda se pose nettement moins.

Mais quand on y pense, voilà le truc tout con pour ma brigade légère française: on redonne de l'élan aux Chasseurs (toutes les troupes légères sont nées avec des noms de ce type ou directement traduits: Chasseurs, Rangers, Jaegers....)! Un "Régiment de chasseurs" à plusieurs bataillons, ou une brigade de chasseurs. Voilà, le concept a un nom, ça te va :lol:?

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 3 months later...

Tiens, un autre sujet qui me trotte dans la tête depuis un moment à propos des opérations spéciales : peut-on vraiment dire que les opérations spéciales sont à valeur stratégique ?  Parce que je suis bien en peine de trouver un exemple où les FS ont véritablement eu un impact stratégique. Même le sabotage de l'usine d'eau lourde en Norvège pendant la Seconde Guerre mondiale était d'une nécessité très relative, en fin de compte.

Ne serait-il pas plus avisé de parler d'effet sur le théâtre d'opérations ? Qu'il s'agisse de la destruction de nombreux avions allemands au sol en Afrique du Nord par le SAS, de la diversion en Bretagne lors du débarquement, des opérations SAS/SBS aux Malouines ou des premiers jours de la guerre en Afghanistan, on reste dans cadre un rien en-dessous de stratégique. Même le JSOC censé être le dernier recours des USA se retrouve systématiquement à placer des Task Forces sous les ordres des commandants régionaux (chasse aux Scuds de 1991, opération Gothic Serpent de 1993 en Somalie, et les TF de chasse aux insurgés et terroristes en Afghanistan et Irak).

A contrario, les FS sont parfois utilisées pour des effets d'importance mais pas militaires... Je pense à la chasse aux Scuds pendant la guerre du Golfe, qui n'eut probablement aucun impact sur les tirs de Scuds irakiens, mais dissuada probablement Israël d'engager ses propres forces spéciales pour la tâche. Ou les missions de libérations d'otages ou extraction de ressortissant, situations de non-guerre mais qui sont le cœur de nombreuses crises post-WWII. Ou encore l'engagement du GFS "Arès" en Afghanistan, apparemment plus pour des raisons de diplomatie avec les USA qu'autre chose.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Tiens, un autre sujet qui me trotte dans la tête depuis un moment à propos des opérations spéciales : peut-on vraiment dire que les opérations spéciales sont à valeur stratégique ?  Parce que je suis bien en peine de trouver un exemple où les FS ont véritablement eu un impact stratégique. Même le sabotage de l'usine d'eau lourde en Norvège pendant la Seconde Guerre mondiale était d'une nécessité très relative, en fin de compte

Disons que là le risque est toujours de se mettre à enculer les mouches, ce qui souvent se traduit dans les logiques de chapelle internes aux forces, à se réserver des missions, à en refuser d'autres, à justifier des budgets en plus ou en moins....

Et l'enculage de mouche sera ce qu'on entend par le terme "stratégique", qui peut quand même souvent servir d'attrape-tout. A factoriser en plus, et là je me fonde sur ton exemple, avec la perception au moment de l'opération: dans l'absolu du recul historique, avec ce qu'on sait aujourd'hui de la capacité réelle de l'Allemagne dans le nucléaire, oui, certes, l'opération ne fut pas d'une importance immense. Mais comment les Alliés, au moment de l'opération, voyaient le développement d'une bombe nazie? Croyaient-ils que l'Allemagne était bien plus avancée qu'elle ne l'était en réalité? Que savaient-ils de la chose? Même s'ils soupçonnaient son absence de réelle aptitude à déboucher rapidement, n'ont-ils pas là déclenché une opération préventive à moindre coût (ça coûte pas cher au final un tel raid) pour faire pencher les orientations allemande en termes d'allocations de ressources vers des voies autres que le nucléaire (= prendre un problème potentiel très en amont de sa réalisation effective)?

A mon sens, l'un des aspects "stratégiques" des FS est le rapport coût-bénéfice (qu'on ne devrait jamais perdre de vue) disproportionné, autant par la disproportion des effets (enfin quand ça marche) relativement aux moyens engagés que par la "faiblesse" de la perte en cas de foirade et l'immense polyvalence de l'outil dans une gamme de types de missions très large. Ajoute aujourd'hui le niveau extrême de disponibilité et la rapidité de réponse quel que soit le lieu et les circonstances d'une mission, et tu as un outil proprement unique.... A condition que ces avantages ne connaissent pas une inflation constante analogue à celle des matériels majeurs et grandes unités militaires, qui rendraient les FS de moins en moins employables, absolument irremplaçables et encore plus une chapelle à part entière, définissant ses spectres de mission (et créant un vide croissant entre les FS et les forces conventionnelles), rognant des budgets, des effectifs, des moyens dédiés en les justifiant toujours un peu plus par une "doctrine" précise et circonscrite....

Ne serait-il pas plus avisé de parler d'effet sur le théâtre d'opérations ?

Certainement, mais va t-on parler "d'importance opérative", avec la mise à la mode à toutes les sauces de cet "échelon" de l'art dit opératif? Les FS sont censées être l'élément de souplesse, pouvant couvrir un large spectre d'opérations. La nébuleuse des "types" d'opérations est telle que bien peu de créneaux précis peuvent être dégagés et il serait à mon sens illusoire et surtout contre-productif de chercher à trop le faire, ce qui répond plus à des logiques de turfs et de chapelles. Les Ricains sont plus enclins à le faire par culture et surtout vu la taille de leur dispositif militaire et de renseignement. On serait mal avisés de le faire en Europe vu les effectifs qu'on se paie.

Mais entre "stratégique" et "opératif", ou "de théâtre", une opération spéciale peut souent se résumer à une action commando pratiquée dans un contexte particulier sur une cible particulière dans des circonstances bien précises. Change un poil un de ces facteurs, et c'est un "banal" raid commando.

Vu à plus large échelle, et c'est là où une "doctrine" commence à avoir un intérêt, c'est quand tu disposes de suffisamment de tels éléments pour appliquer un systématisme dans le choix des cibles, le timing des opérations et le séquençage des actions pour peser sur le cours des événements de façon disproportionnée aux moyens mis en oeuvre, ce qui réclame une pensée spécifique, un commandement/sous-commandement spécifique, une doctrine et des modes opératoires spécifiques, mais si et seulement si tu as un pool permanent de moyens dédiés qui est 1/ suffisamment important, et 2/ dont l'importance ne vampirise pas par ailleurs les moyens "normaux/conventionnels" de mener le conflit. Cela peut inclure notamment de ne pas cantonner les éléments FS à un "créneau" qu'on cherche à trop définir, la coopération avec les autres forces pour des objectifs plus "conventionnels" devant rester de mise.

Aux USA, ont peut voir la différence d'approche entre le versant "Army" et les Marines, ces derniers étant moins hiérarchisants et définissant un champ de "capacités spéciales" assez vaste auquel bon nombre d'unités conventionnelles sont aptes, histoire de moins essayer de normer trop précisément le domaine, et de moins séparer les champs d'action.

Qu'il s'agisse de la destruction de nombreux avions allemands au sol en Afrique du Nord par le SAS, de la diversion en Bretagne lors du débarquement, des opérations SAS/SBS aux Malouines ou des premiers jours de la guerre en Afghanistan, on reste dans cadre un rien en-dessous de stratégique.

Détruire les avions allemands au sol en Afrique = anéantir toute chance pour l'Afrikakorps de disputer la supprématie aérienne aux alliés et de combiner attaque au sol et offensive blindée à haut tempo = donner plus de chances aux troupes anglaises = augmenter de beaucoup (par rapport aux moyens engagés) les probabilités de réussite sur ce théâtre = faciliter la sortie de théâtre des Allemands qui ne dispersent plus les moyens alliés sur plusieurs zones d'opération, ramenant le conflit dans la forteresse assiégée d'Europe.

C'est "stratégique" dans l'intention. Mais on est là dans l'enculage de mouche de la définition de ce qui est "stratégique", surtout dans le cadre d'une guerre mondiale multi-théâtre, mais contre 1 (bon, 2) adversaire. Dans un tel contexte, tout théâtre est un aspect de la guerre parce que pour chaque camp, il appartient à une stratégie globale et n'est pas seulement pour lui-même (dans une telle guerre, chaque théâtre est une subdivision de la guerre, et toute fin de conflit périphérique rapproche du combat final). Mais si tu pousses trop le bouchon, la seule action spéciale stratégique aurait été des opérations à Berlin dès le début, non :lol:?

Là on est dans le problème de l'ampleur du conflit: si la 2ème GM doit être l'étalon de mesure, alors il n'existe aucune arme (sauf le nucléaire), aucune unité (en-dessous de l'échelon "armée") et aucun système d'arme ayant un impact "stratégique". A l'échelle de la 2ème GM, tout est petit et particulier, d'importance locale ou tactique et rien de plus.

contrario, les FS sont parfois utilisées pour des effets d'importance mais pas militaires... Je pense à la chasse aux Scuds pendant la guerre du Golfe, qui n'eut probablement aucun impact sur les tirs de Scuds irakiens, mais dissuada probablement Israël d'engager ses propres forces spéciales pour la tâche. Ou les missions de libérations d'otages ou extraction de ressortissant, situations de non-guerre mais qui sont le cœur de nombreuses crises post-WWII. Ou encore l'engagement du GFS "Arès" en Afghanistan, apparemment plus pour des raisons de diplomatie avec les USA qu'autre chose.

Sur le plan pratique, les opérations spéciales ressemblent souvent à des actions militaires plus ou moins "de base": entraîner des guérillas locales peut être fait par des unités d'infanterie lambda ou des FS, c'est le contexte, la politique générale présidant à ces actions, leur coordination avec d'autres, les délais/l'urgence, l'importance qu'on y accorde, éventuellement la difficulté des circonstances, le besoin de discrétion.... Qui changent tout, même si parfois le niveau d'exigence en terme de capacités propres de l'unité concernée n'est pas forcément des plus élevés.

La récupération d'otages est particulièrement emblématique dans ce domaine d'ailleurs, vu qu'elle est pratiquée par des unités de tous types, jusqu'aux plus pointues et secrètes, et montre que ce sujet est devenu un enjeu politique. C'est d'ailleurs au final ce qu'on devrait voir comme une alternative au mot stratégique, trop connoté dans nos esprits comme étant lié à une guerre au sens classique: l'importance politique d'un sujet donné, la vision politique qui préside à une action ou une série d'actions "spéciales", la priorisation de la chose, les conditions de la réussite.... Plus facile de l'appeler "stratégique" dans le cadre d'une "grande guerre" où le contexte militaire est général et permanent pour une longue durée.

"Action non conventionnelle", "action spéciale", "commando".... Beaucoup de flou dans les champs couverts par ces termes qui reflètent au final bien mal la complexité immense de la réalité et de sa perception, donc des priorités qu'on donne et des séries d'actions qu'on planifie. Ca renvoie au flou des termes de "politique" et de "stratégie" qui sont en eux mêmes des quasi synonymes. Ca devient un peu ridicule de vouloir trop classifier ces choses dès lors que le réservoir de moyens dispo ne représente que quelques centaines d'hommes.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
  • Statistiques des membres

    6 002
    Total des membres
    1 749
    Maximum en ligne
    Crakoukace
    Membre le plus récent
    Crakoukace
    Inscription
  • Statistiques des forums

    21,6k
    Total des sujets
    1,7m
    Total des messages
  • Statistiques des blogs

    4
    Total des blogs
    3
    Total des billets
×
×
  • Créer...