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Après la guerre


Tancrède

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4 hours ago, Kiriyama said:

En Russie le phénomène a été fort marqué avec les vétérans d'Afghanistan et, plus encore, ceux de Tchétchénie. Beaucoup ont basculé dans le banditisme à leur retour.

Le plus grave pour la Russie étant aussi que la démobilisation post-Afghanistan s'est faite essentiellement dans la même fourchette de temps que la fin de la guerre froide, cad en fait la "démobilisation" de l'URSS et du constant niveau de préparation à la guerre qui accompagnait (et par bien des aspects soutenait) son existence. Résultat, ce sont des dizaines de milliers de vétérans qualifiés (et des centaines de milliers de conscrits avec ou non un peu d'expérience de la guerre), de soldats d'élite, mais aussi d'agents de renseignement et d'experts de la sécurité intérieure en tous genres, qui se sont retrouvés du jour au lendemain sans perspectives et sans occupation. Le dégraissage du KGB et des unités pointues de sécurité intérieure et de l'armée ont donné au crime organisé un vivier terrifiant dans lequel puiser. 

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Il y a 4 heures, Akhilleus a dit :

<Je veux bien transférer, encore faut il que je retrouve le sujet>

Oups , je pensais que tu avais vu le nom sur le post :destabilisec: .

Il y a 3 heures, Rochambeau a dit :

Merci Rochambeau :souritc: .

 

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11 hours ago, Janmary said:

Sacré sujet Gibbs le Cajun.

Traité par Tancrède avec une vue précise semble t-il comme toutes ses interventions en général.

 

Sujet difficile à traiter. Il me semble qu’il faille décomposer le thème en deux parties. D’une par, le résultat des conflits sur les hommes ayant servis dans de conditions des plus difficiles au combat et ayant supportés des traumatismes importants et, d’autre part, parmi ceux-ci, ceux qui passent à la délinquance.

 

A titre personnel, outre les ouvrages d’anciens combattants relatant leurs souvenirs de guerre, mes grand-père m’ont fait part de leurs conditions de vie en 14-18 lors des assauts,  des « marmitages », etc. sur le front Français pour l’un (estafette) et en Macédoine pour le second (artillerie).

 

Je pense que les conflits cités par Tancrède, tel la guerre de Sécession qui fut la base du conflit de 14-18 en tant qu’armement (canon, ballon d’observation) et de technique de combats (tranchées, barbelés, assauts, artillerie) eurent les mêmes conséquences sur les hommes que ceux des récents conflits mondiaux ainsi que les conflits antérieurs du reste ;

 

Je me lance pour démarrer le sujet. Mais cela reste très fragmentaires. Pour avoir été peu de temps en Algérie et n’ayant pas servi les 28 mois de service militaire obligatoire dans ce pays, je ne puis apporter qu’une modeste contribution au sujet en temps que vécu.

 

C’est indiscutablement la peur en général qui est la source – me semble t-il – des traumatismes plus ou moins important qu’un combattant peut et  subit. Peur viscéral (combat, assauts, feux d’artillerie, peur de l’embuscade) ou latente (patrouilles, temps de garde sans « protection » de barbelés ou de sac de terre),  qui est la cause sourde et insinueuse qui se propage avec le temps de service et/ou de combats chez l’individu.

 

Lors du retour en métropole (ou la fin du confit et le retour « at home » dans un conflit plus important), un vide s’est créé chez l’individu. Nous ne sommes plus dans un environnement de peur et de crainte. J’ai eu l’impression d’être quelque temps dans un monde irréel ou je constatais que les gens marchaient dans la rue, se parlaient et que j’en étais exclu.

 

Les nerfs étaient à vif dès les premières interrogations sur le conflit vécu.

La rage vint avec des propos imbéciles de certains proches du genre « Oui, le service militaire cela forment des hommes ». Au vue de certaines scènes vécues durant le conflit, c’est insupportable. J’ai pris sur moi et de plus parler et répondre durant plus de quarante années a la guerre d’Algérie, sauf avec quelques amis connus dans ce pays (qui fut bien une guerre et non pas une opération de police comme dit officiellement).

 

Donc, je ne suis pas passé dans la délinquance également par le fait que j’avais un métier et un poste qui m’attendait dans une entreprise mais également par le fait que j’avais peu servi dans le pays en conflit. Voici ce que je puis dire sur une « expérience » très limité et très secondaire sur le subi.

 

Par contre, j’ai connu un ex-parachutiste en Océanie Française, victime du syndrome du combat et qui était toujours près à la bigorne. Je pense que les  traumas accumulés doivent  ressortir de l’individu à un moment ou un autre ce qui justifie les actions propres à la délinquance.

Janmary

D'après ce que j'ai compris de la chose à travers mon expérience perso (pas du combat, mais d'un trauma lourd, plus la psychanalyse 26 ans après, plus évidemment un paquet de lecture), le trauma repose sur la conjonction d'une peur très intense, prolongée ou non (ça peut être un événement très ponctuel ou la conséquence d'une longue répétition de situations hautement stressantes), avec le constat de sa propre impuissance face à cette peur (vraie ou non: ça peut juste être du à une perception momentanée d'impuissance), soit l'incapacité d'agir/réagir face à l'inattendu ou l'inéluctable. Plus généralement d'ailleurs parce qu'on ne sait pas quoi faire, ou parce qu'on ne peut objectivement rien faire et qu'on ne l'accepte pas (à un niveau inconscient, pas au niveau rationnel). Le résultat est qu'on est ensuite perpétuellement, à un degré plus ou moins important, dans la situation du trauma (généralement sans s'en rendre compte) et qu'on se condamne sans le savoir à revivre la dite situation ad vitam, parce que quelque part, le cerveau n'a pas pu gérer et assimiler l'événement correctement (le replacer dans son contexte, revoir ce qui est arrivé à froid, faire la part des choses et le placer à ses justes place et dimension). 

C'est pourquoi la préparation militaire, l'acquisition de réflexes via le drill, le travail sur la mémoire musculaire, la mise en situation et le fait de pouvoir réagir, individuellement ou collectivement, au plus grand nombre de situations potentielles possibles, sont fondamentaux, de même qu'après coup, le débriefing, même informel entre pairs, la transmission du savoir et de l'expérience, des périodes de transition pas trop brutales (retourner abruptement dans son environnement normal tend à "foutre la poussière sous le tapis" si on peut dire) et si possible, un processus psychanalytique pour faire le travail nécessaire pour déboguer la machine en démystifiant les événements et situations traumatiques et leurs circonstances (un trauma est en définitive une erreur d'input, de l'info très mal programmée dans les logiciels du système). On doit revoir et réanalyser l'événement, dans les circonstances dans lesquelles il est arrivé (ici donc, aussi et avant tout les circonstances émotionnelles), pour ne pas se condamner à le revivre, à être perpétuellement dans l'état dans lequel on était alors, à interpréter, à un degré ou à un autre, ce qu'on vit et voit ensuite comme si c'était encore cet événement fondateur (exemple fréquent dans les cas de PTSD: se revoir en situation hostile et y réagir agressivement. Ca peut être ponctuel, face à un ou plusieurs stimuli bien particuliers, ou aller jusqu'à un état constant). 

 

 

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Il y a 12 heures, Janmary a dit :

Sacré sujet Gibbs le Cajun.

Traité par Tancrède avec une vue précise semble t-il comme toutes ses interventions en général.

 

Sujet difficile à traiter. Il me semble qu’il faille décomposer le thème en deux parties. D’une par, le résultat des conflits sur les hommes ayant servis dans de conditions des plus difficiles au combat et ayant supportés des traumatismes importants et, d’autre part, parmi ceux-ci, ceux qui passent à la délinquance.

 

A titre personnel, outre les ouvrages d’anciens combattants relatant leurs souvenirs de guerre, mes grand-père m’ont fait part de leurs conditions de vie en 14-18 lors des assauts,  des « marmitages », etc. sur le front Français pour l’un (estafette) et en Macédoine pour le second (artillerie).

 

Je pense que les conflits cités par Tancrède, tel la guerre de Sécession qui fut la base du conflit de 14-18 en tant qu’armement (canon, ballon d’observation) et de technique de combats (tranchées, barbelés, assauts, artillerie) eurent les mêmes conséquences sur les hommes que ceux des récents conflits mondiaux ainsi que les conflits antérieurs du reste ;

 

Je me lance pour démarrer le sujet. Mais cela reste très fragmentaires. Pour avoir été peu de temps en Algérie et n’ayant pas servi les 28 mois de service militaire obligatoire dans ce pays, je ne puis apporter qu’une modeste contribution au sujet en temps que vécu.

 

C’est indiscutablement la peur en général qui est la source – me semble t-il – des traumatismes plus ou moins important qu’un combattant peut et  subit. Peur viscéral (combat, assauts, feux d’artillerie, peur de l’embuscade) ou latente (patrouilles, temps de garde sans « protection » de barbelés ou de sac de terre),  qui est la cause sourde et insinueuse qui se propage avec le temps de service et/ou de combats chez l’individu.

 

Lors du retour en métropole (ou la fin du confit et le retour « at home » dans un conflit plus important), un vide s’est créé chez l’individu. Nous ne sommes plus dans un environnement de peur et de crainte. J’ai eu l’impression d’être quelque temps dans un monde irréel ou je constatais que les gens marchaient dans la rue, se parlaient et que j’en étais exclu.

 

Les nerfs étaient à vif dès les premières interrogations sur le conflit vécu.

La rage vint avec des propos imbéciles de certains proches du genre « Oui, le service militaire cela forment des hommes ». Au vue de certaines scènes vécues durant le conflit, c’est insupportable. J’ai pris sur moi et de plus parler et répondre durant plus de quarante années a la guerre d’Algérie, sauf avec quelques amis connus dans ce pays (qui fut bien une guerre et non pas une opération de police comme dit officiellement).

 

Donc, je ne suis pas passé dans la délinquance également par le fait que j’avais un métier et un poste qui m’attendait dans une entreprise mais également par le fait que j’avais peu servi dans le pays en conflit. Voici ce que je puis dire sur une « expérience » très limité et très secondaire sur le subi.

 

Par contre, j’ai connu un ex-parachutiste en Océanie Française, victime du syndrome du combat et qui était toujours près à la bigorne. Je pense que les  traumas accumulés doivent  ressortir de l’individu à un moment ou un autre ce qui justifie les actions propres à la délinquance.

Janmary

 

Merci pour ce témoignage mon Ami .

Personnellement , j'ai eu aussi une drôle de période après certaines opex .

Entre sa est est une possibilité de ne pas pouvoir allé plus loin dans la carrière militaire au vu des cursus ...

Pendant un moment j'étais plutôt brute de décoffrage à certains moment ( les nerfs à vif en fait ) , et au retour de certaines opex toujours en mode isolé , enfin l'impression de vivre à côté de ce monde , j'étais à l'Ouest comme on dit .

Même le sommeil était difficile  trouver .

Je passais plus de temps en régiment que chez moi ,même quand je pouvais rentré .

Un peu comme si j'étais en sécurité , au milieu des camarades .

Ma famille a morfler avec sa , je vivais un peu à côté en fait ...

D'ailleurs j'ai toujours du mal dès que je vais dans endroits plein de monde , grande surface , villes ... trop de monde à "scanner" je dirais ...

Faut que je me focalise sur un truc dans un magasin par exemple .

J'avais une tendance à être vite dans le rouge avec certains dans le civil ...

Avec des camarades qui étaient comme moi dans une phase "chaotique" dans la tête avec pas d'avenir dans l'armée ,enfin s'était parti pour vu nos cursus de carrière incertain .

Alors on n'était dans les limites à échafauder des plans , pourquoi ne pas utilisé nos savoirs militaire dans le civil ... avec des banques par exemple ...

Sa est l'alcool en caserne ,enfin en dehors des heures de service ...

Et puis il y a eu cette soirée qui est parti disons en vrille , avec une bagarre qui m'a envoyé au tribunal ... J'ai disons merdé avec cette bagarre ....

Je m'en suis bien sorti enfin  pas trop mal , mais on m'a bien fait comprendre que s'était la dernière fois ...

Sa m'a réveillé quelques part ...

Mais sa n'a pas duré ...

Les idées noires et envie de faire des conneries , chez les civils .

Je me suis dit que de toute façon j'étais mal barré ... alors je m'en foutais ... Je cogitais pas mal 

Et puis il y a eu cette possibilité pour quelques uns d'entre nous , continuer jusqu'à la possibilité de d'allé jusqu'à 15 ans de service .

Ce fut en quelques sorte une chance pour moi et d'autres .

Alors sa va mieux , même si j'ai toujours du mal avec les villes et trop de monde dans des endroits public .

Je me canalise pas mal , et puis j'ai retrouvé mon chemin avec la Foi , il faut dire que je m'étais égaré en chemin , j'étais disons en colère avec lui la haut ,mais au fond je lui est toujours parlé même si s'était avec la colère et de vivre dans ce monde ou je n'avais pas vu que le mal , certes j'ai participé à des actions pour contrer le mal , mais dès fois ,que de frustration ...

Mais je n'ai jamais renié ce que j'étais et avait fait , je reste un soldat .

Enfin voilà ...

si parfois quand je suis confronté à des choses débiles dans le boulot ou ailleurs dans le civil , je regarde la personne et je pense :" pauvre con , tu serais dans mon monde ... tu ne ferais pas long feu ..." 

S'est étrange , mais en ouvrant ce file je ne pensais pas à moi en fait ... alors que j'ai ma propre histoire ...

Enfin bref on a tous nos fantômes .

 

Modifié par Gibbs le Cajun
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Je souscris à vos commentaires Tancrède.

J'ai également suivi une psychothérapie 25 ans plus tard pour des causes multiples dont un souvenir (mini-mini trauma) subit dans ce beau pays pourtant qu'est l'Algérie. Succès partiel en fin traitement.

Je vous salue pour vos problèmes subis en espérant une meilleure amélioration et condition de vie. A la lecture de vos posts, nous voyons un homme lucide qui sait faire partager ses convictions et son expérience. Bon courage.à vous.

Merci à toi Gibbs le Cajun pour ton post qui est bien compréhensible dans ces explications du subi. En fait, après des années de silence, je pense que parler de ces événements avec des gens sensés et ouvert est une aide, sinon à la guérison, du moins un pansement sur le passé.

Quand à l'issue du sujet - après la guerre - je ne possède pas de réponses appropriées.

- Désir d'utiliser ses compétences militaires pour s'octroyer par la force des avantages divers ?

- Désir d'utiliser ses compétences militaires pour s'octroyer un "prestige" de fait devant autrui ?

- Assouvir ses rancœurs et ses souffrances physiques et psychologiques par devant autrui ?

- Montrer sa force pour compenser ses soucis ?

Tout est possible dans l'absolu et plusieurs causes peuvent se concrétiser dans la violence exprimée sur autrui ou en démonstration de force.

Janmary

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Mais qu'est-ce qui fait que certaines personnes s’acclimatent mieux que d'autres à ce genre de choses (guerre, violence...) ? Est-ce que c'est dû à un vécu antérieur déjà difficile, ou alors c'est une question "biologique" (chimie du cerveau, hormones...) ?

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  • 4 months later...
Le 30/11/2013 à 23:14, Tancrède a dit :

Le point est ici d'examiner l'impact de la période post-guerre sur un pays qui la livre, et dans une série de questions:

- qu'advient-il des soldats, et qu'est-ce que l'impact de la guerre, via cet ensemble d'individus, sur une société?

- peut-on parler d'un "impact moyen" de la guerre et d'une mobilisation (d'un niveau donné) sur les soldats qui y ont participé? Là, il s'agit des tendances générales sur la population des démobilisés et autres (ceux qui restent sous les drapeaux notamment, ou les vétérans terminant leur temps): quelle proportion de traumas graves, quels changements de comportements, quelles attentes, quelles exigences, quels besoins....

Dans le cas du Tchad, j'avais noté l'article suivant :

Le 17/2/2014 à 14:41, Wallaby a dit :

l'article de Marielle Debos, cité par Marchal :

http://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2008-1-page-167.html (mars 2008)

« Les limites de l’accumulation par les armes. Itinéraires d’ex-combattants au Tchad » (14 pages en français)

Modifié par Wallaby
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