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La Composante Air belge


Chevalier Gilles

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il y a une heure, Bat a dit :

Pour faire simple, la France promeut une "Europe de la défense", comme on a fait une Europe du charbon ou une Europe de l'enseignement supérieur, consistant à coordonner la structuration des forces et leurs équipements dans le but de pouvoir, dans un second temps, envisager une doctrine commune découlant de cette harmonisation. Le pilier industriel est central dans cette conception, puisqu'il est le principal instrument de mise en œuvre de cette vision: en se centrant sur quelques champions européens permettant de conserver une expertise, on s'assure la possibilité de devenir (peut-être) une puissance unifiée demain. L'Allemagne, elle, promeut une "défense européenne" (notez le terme différent) consistant d'abord à coordonner la défense du territoire européen face aux menaces immédiate et à envisager une politique étrangère commune, deux axes permettant de développer une doctrine dont découlera à terme une stratégie industrielle. Se coordonner au départ de l'équipement n'apparaît pas utile/pertinent pour les Allemands parce que ça existe déjà via l'OTAN: le plus important n'est pas de savoir si on va avoir l'avion X ou le fusil Y, mais au service de quelle politique sera cette armée européenne, avec quels contrôles démocratiques.

Cet extrait mériterait d'être discuté sur un autre fil, voire sans doute même de donner lieu à un nouveau fil. Car cela me semble bien moins évident que cela... notamment car il y a pu y avoir pas mal de revirements dans les positions allemande et française (cf. réponse apportée par Hadriel) En outre, il faudrait rajouter les positions britanniques et otan dans l'équation.

Sinon, ils disent comment les Allemands pour "Europe de la Défense" et "Défense Européenne" ? Parce que je n'ai pas l'impression que cette distinction soit si évidente en langue allemande... A la limite, les formulations allemandes que l'on peut entendre auraient plutôt tendance à opposer une défense de l'UE (propre à l'UE) et une politique de défense européenne (qui peut très bien se concevoir dans le cadre OTAN). J'écris bien "auraient" car j'ai l'impression qu'elles peuvent se substituer entre elles très facilement : on les retrouve souvent utilisées dans les mêmes textes/discours.

En outre, si les Français accordent historiquement de l'importance aux programmes d'armement, c'est justement parce que c'est un moyen de contraindre à penser la défense au niveau européen indépendamment du cadre OTAN. Autrement dit, on imagine mal devoir développer une doctrine commune sans s'être mis d'accord sur le fait que les européens doivent conserver/développer une capacité à produire les armements qui sont censés les défendre. Ce n'est pas pour autant que le programme d'armement ne doit pas se concevoir en fonction d'une doctrine établie au niveau européen. Et ce n'est pas pour autant qu'il ne peut pas servir une cause OTAN si nécessaire. Mais l'idée est de se laisser une marge de liberté/décision. En outre, ce n'est pas pour autant que les programmes d'armement doivent se concevoir à une échelle macroeuropéenne.

Pas le temps de développer plus cette question très intéressante, surtout que ce n'est pas vraiment le lieu, mais il y aurait sans doute matière à créer un nouveau fil.

Modifié par Skw
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il y a 6 minutes, Boule75 a dit :

Pour autant, je trouve que tu caricatures un peu l'idée française en la réduisant à un "d'abord l'industrie, ensuite le politique" qui serait inverse à la position allemande. D'une part parce que ces dernières décennies ont vu beaucoup de convergences des vues franco-allemandes sur nombre de sujets de politique étrangère, avec des hiatus (Lybie, ex-Yougoslavie, éventuellement la Syrie) mais surtout des accords (le plus marquant vu de moi étant l'opposition à la 2e guerre d'Irak en 2002, qui portait à conséquence, mais on doit aussi citer l'Ukraine ou le Mali). D'autre part parce que, comme illustré par la dissertation de Macron à la Sorbonne, il est question de faire converger les doctrines militaires, jusqu'au plus haut niveau, et le nombre de fois où la France a proposé de monter des états-majors communs l'illustre assez bien. La réponse est globalement non sur ce sujet. "On ose pas" : zut, quoi !

Je ne pense pas que ce soit contradictoire. Il ne s'agit pas de nier les convergences —que tu rappelles— mais de montrer d'abord une différence de philosophie. Ces deux pays ont, fondamentalement, une vision différente de ce à quoi sert la défense et de comment l'employer, même s'ils peuvent évidemment (et heureusement) se retrouver sur des objectifs politiques comme au niveau opérationnel. Le "modèle français", c'est de partir du principe qu'on doit pouvoir tout faire tout seul avec une hyper-concentration de la décision. Le "modèle allemand", c'est que toute action se pense nécessairement avec les alliés et sous le contrôle du parlement. L'Allemagne, par son histoire, sa place en Europe, sa proximité avec différents voisins, considère que ce qui est fondamental est d'abord d'être intégré dans un cadre structurant, cohérent et contrôlé. La France, pour des raisons équivalentes, considère que ce qui est fondamental est d'abord de garantir les outils de ce qu'elle considère être son indépendance. Avec, de chaque côté, des nuances et évolutions conjoncturelles ou structurelles. Et ce que je dis pour l'Allemagne est en grande partie vrai pour la Belgique aussi: ce n'est donc pas qu'un problème de difficulté du rapport à l'histoire et à la chose militaire.

Mais comme le dit @Skw, ce serait plus à discuter sur le fil ad-hoc.

il y a 5 minutes, Skw a dit :

Sinon, ils disent comment les Allemands pour "Europe de la Défense" et "Défense Européenne" ? Parce que je n'ai pas l'impression que cette distinction soit si évidente en langue allemande... A la limite, les formulations allemandes que l'on peut entendre auraient plutôt tendance à opposer une défense de l'UE (propre à l'UE) et une politique de défense européenne (qui peut très bien se concevoir dans le cadre OTAN).

Pour ce que j'en lis, c'est plutôt "Europäische Verteidigung", c'est-à-dire "défense européenne" ou "défense de l'Europe" qui a un caractère plus concret, et comme tu le dis, plus axé sur la défense propre à l'UE même si les nuances sont parfois faibles. Ou, plus exactement, plus souvent, car "Europa der Verteidigung" existe aussi dans la presse allemande, mais quasi-exclusivement pour parler de... la France et la position française (on est souvent dans des citations). (Notons qu'en Belgique aussi on parle plutôt de "défense européenne" que "d'Europe de la défense"). Notons enfin que je ne prétends pas que le terme explique tout, loin de là: je le soulignais plutôt comme un indicateur de ces différences philosophiques que j'évoquais plus haut.

Tout ça pour dire que la Belgique et l'Allemagne considéreront qu'on "avion européen" est un avion qui découlera d'une politique européenne définie en amont. De ce point de vue, le Rafale n'est pas "européen" (au sens de politique européenne), mais français. C'est la raison pour laquelle je pense que Belgique et peut-être Allemagne (mais j'y crois moins) vont à la fois prendre le F-35 et monter dans le projet d'avion franco-allemand annoncé par Macron. De leur point de vue, ce n'est pas contradictoire: ils ont besoin d'avions à brève échéance et achèteront pour cela le "standard" (ou prétendu tel) allié, et prétendront participer à la définition du standard européen futur, quand on aura une politique européenne en la matière.

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il y a 4 minutes, Bat a dit :

Tout ça pour dire que la Belgique et l'Allemagne considéreront qu'on "avion européen" est un avion qui découlera d'une politique européenne définie en amont. De ce point de vue, le Rafale n'est pas "européen" (au sens de politique européenne), mais français. C'est la raison pour laquelle je pense que Belgique et peut-être Allemagne (mais j'y crois moins) vont à la fois prendre le F-35 et monter dans le projet d'avion franco-allemand annoncé par Macron. De leur point de vue, ce n'est pas contradictoire: ils ont besoin d'avions à brève échéance et achèteront pour cela le "standard" (ou prétendu tel) allié, et prétendront participer à la définition du standard européen futur, quand on aura une politique européenne en la matière.

Et bien moi je pense que la France ne prendra pas le f-35 et ne montera pas dans le projet d'avion franco-allemand. D'ailleurs je conseille à l'Allemagne de tenter plutôt de développer un avion germano belge puisque ce qui est important c'est que les deux pays ont la même approche qui est de définir une politique européenne en amont, afin d'en faire dériver le standard d'avion européen futur. Cela prendra tellement de temps que les deux pays pourront facilement développer les compétences qui leur manquent. 

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il y a 22 minutes, Bat a dit :

Ou, plus exactement, plus souvent, car "Europa der Verteidigung" existe aussi dans la presse allemande, mais quasi-exclusivement pour parler de... la France et la position française (on est souvent dans des citations).

Depuis quelques mois, c'est-à-dire essentiellement depuis que Hollande et Le Drian l'ont employé et par la suite Macron, on trouve effectivement l'emploi d'"Europa der Verteidigung" mais c'est essentiellement employé pour traduire, autant que possible, le concept usité en français. A vrai dire, et cela mériterait d'être validé par un germanophone de naissance, mais cela sonne étrange en allemand. On comprend certes, et encore faudrait-il voir ce que le germanophone en comprend, mais la formulation ne fait pas très naturelle. 

A noter d'ailleurs que Hollande et Le Drian parlaient d'Europe de la Défense en spécifiant que le concept n'impliquait pas que tous les pays se sentent concernés. Autrement dit, on rejoint cette Europe de la Défense si on en a envie. L'idée était donc de repartir sur un processus d'intégration européenne à noyau resserré et de laisser ceux qui veulent se contenter d'une défense otanienne continuer sur leur voie.

 

Modifié par Skw
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@Kovy

Mon propos n'est pas de dire qui a raison, qui a tort ou qui doit être le chef, mais juste d'expliquer pourquoi ce qui paraît évident, comme relevant du bon sens, aux yeux d'un certain nombre de membres (surtout français) du forum ne l'est pas nécessairement vu de Belgique (ou d'autres pays). Chaque pays a ses propres conceptions et de bonnes raisons de les avoir, il ne s'agit pas de les contester, mais juste d'expliquer pourquoi "plaquer" une conception du pays A sur le pays B pour attendre de lui qu'il ait telle politique d'équipement n'est pas nécessairement pertinente, et sera sans doute vouée à l'échec si on en reste à cette idée de rallier le partenaire à ce qu'on pense "évident" sans nécessairement chercher à construire quelque chose de plus original qu'un simple décalque de sa doctrine à l'échelle européenne. Je l'ai déjà dit, si on a un jour une (vraie) défense européenne intégrée, ce ne sera ni la défense française en plus grand, ni la défense allemande en plus grand, mais un modèle nécessairement différent de ce que chacun a l'habitude de faire et trouve "évident".

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7 hours ago, Kovy said:

@Bat

Et ça ne choque personne en Belgique et plus encore en Allemagne qu'après 30 ans de dev et des dizaines de milliard d'€ dépensés dans le précédent projet européen tous les participants (sauf l'espagne) en sont à acheter l'avion US ?

  • Pourquoi le standard est-il le F-35 et non l'Eurofighter ?
  • Pourquoi 1 seul pays européen (l'Autriche) autre que les 4 partenaires originaux a acheté l'eurofighter (et encore il veut s'en débarrasser)
  • Pourquoi même les pays partenaires de l'Eurofighter "doivent" acheter le F-35 ?
  • Pourquoi ni les Français, ni les Suédois n'éprouvent le besoin de se doter du F-35 ?
  • Comment faire pour que cette situation ubuesque ne se répète pas avec le prochain projet européen ?

Tu veux mon avis : l'Eurofighter a fait le lit du F-35. Le royaume-unis (pour avoir tout fait pour éjecter la France du projet et grassement financé le F-35) et l'Allemagne (pour avoir constamment plomber le projet) portent une énorme part de responsabilité dans cet échec.

On pourrait dire de façon très simplifiée que le Typhoon a été designé pour être un appareil de supériorité aérienne (et dans ce cadre, il paraît qu'il se débrouille pas trop mal) qui devait être complémenté par un remplaçant séparé pour le Tornado. Sauf que le remplaçant n'a jamais été lancé, qu'on a tenté tant bien que mal de faire rentrer des bombes au chausse-pied sous les ailes du Typhoon (pour pouvoir l'appeler "chasseur multi-rôle"), que du coup, il faut bien un "vrai" appareil air-sol et que donc le F-35 arrive comme une fleur comme remplaçant désigné du Tornado. Pour le coup, ceux qui sont à blâmer, ce ne sont pas les US, mais les membres du consortium Eurofighter qui n'ont pas été jusqu'au bout du raisonnement (ou les Soviétiques pour avoir cessé de représenter une menace suffisante pour justifier les financements militaires de la Guerre Froide). Bien entendu, les US sont tout à fait responsables d'en avoir profiter pour démanteler tout ce qu'ils pouvaient mais c'est une autre histoire.

Le Rafale est quand à lui un chasseur multi-rôle dès l'origine (le marketing dit "omni-rôle") éliminant par conséquent le besoin de deux appareils. Le Gripen est une autre histoire, correspondant aux besoins Suédois que je connais mal.

Quant à l'Autriche, c'est assez simple: les pays de l'Est sortent de la Guerre froide, ils n'ont ni les fonds, ni les capacités de se payer des Typhoons au début des années 2000, la France a fait son trou dans son coin, les Suédois ont fait de même, les Belges, Danois, Grecs Norvégiens, Néerlandais et Portugais sont occupés avec leurs F-16 qui sortent à peine des chaines de montages lorsque le Typhoon vole pour la première fois et les Finlandais et Suisses reçoivent leurs F/A-18 juste après. Au final, il n'y avait pas beaucoup de clients possibles... Ce n'est bien sûr pas la seule raison mais le calendrier n'a pas joué en faveur du Typhoon. De même, la même question pourrait être posée pour le Rafale qui n'a pas non plus vu beaucoup d'exportation en Europe jusqu'à maintenant, alors que le calendrier est enfin favorable (pour les pays qui ne sont pas déjà rentré dans le programme JSF).

Comment est-ce qu'on fait pour éviter que ça se reproduise? On conçoit d'emblée l'appareil pour couvrir le plus grand spectre de mission possible et éliminer le besoin du développement d'un autre appareil qu'on ne pourra pas financer. De ce point de vue là, le Rafale est d'ailleurs une réussite.

Modifié par mehari
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Il y a 7 heures, mehari a dit :

On pourrait dire de façon très simplifiée que le Typhoon a été designé pour être un appareil de supériorité aérienne (et dans ce cadre, il paraît qu'il se débrouille pas trop mal) qui devait être complémenté par un remplaçant séparé pour le Tornado.

A posteriori, on peut quand même constater qu'avec le mode de fabrication, pas du tout optimisé et impactant le prix, c'est cette conception typée qui a plombé le programme.

Comme d'hab' sur les projets : quand on part directement sur la répartition des tâches voire - pire ! sur les process avant d'avoir défini ce qu'on veut, si c'est dur, ce qu'on va pouvoir avoir, puis ce qu'on va faire, ça foire.

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Il y a 8 heures, mehari a dit :

Comment est-ce qu'on fait pour éviter que ça se reproduise? On conçoit d'emblée l'appareil pour couvrir le plus grand spectre de mission possible et éliminer le besoin du développement d'un autre appareil qu'on ne pourra pas financer. De ce point de vue là, le Rafale est d'ailleurs une réussite.

Plus qu'une réussite si tu englobes en plus de ses capacités diverses et mondialement reconnues la maîtrise des coûts de développement & d'industrialisation même à faible quantité produite (à ce jour), de sa simplicité de mise en oeuvre & de maintenance, sa fiabilité comme son taux global de disponibilité en temps normal. Mais le plus important encore sont ses aptitudes à évolutions au cours de sa vie opérationnelle du fait de ses caractéristiques intrinsèques favorables du fait de sa bonne conception originelle.

Bref, comment peut-on s'étonner de tout ceci aujourd'hui encore ? Ou seulement de le constater plusieurs décennies après (je ne dis pas çà pour toi) ...

Bien sûr que le Rafale est une réussite, qu'aucun pays européens malheureusement ne peut se targuer, et parfait comme support base d'un futur avion de combat européen : est-ce aussi cela qui semble "inacceptable" en Europe et par les européens eux-mêmes ?

Punaise on a les compétences, et personne ne semble en vouloir !!! On ne va pas les jeter dans la chasse d'eau des WC tout de même, ne serait-ce pour faire plaisir à Airbus ou aux US ...

Nous avons une grande partie de la recette du gâteau, amener ce que vous avez de meilleur (en plus de la vraie volonté commune et de la confiance) et vous allez voir la pièce-montée que nous serons capable de confectionner !

Un F35 mais en mieux et bien plus "beau", connecté sauce DA Rafale ...

C'en est terrible de simplicité, certainement trop pour des cervelles par trop torturées ...

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Il y a 1 heure, Boule75 a dit :

A posteriori, on peut quand même constater qu'avec le mode de fabrication, pas du tout optimisé et impactant le prix, c'est cette conception typée qui a plombé le programme.

Comme d'hab' sur les projets : quand on part directement sur la répartition des tâches voire - pire ! sur les process avant d'avoir défini ce qu'on veut, si c'est dur, ce qu'on va pouvoir avoir, puis ce qu'on va faire, ça foire.

Je pense qu'on est tous d'accord pour dire que le projet qui a finalement donné le Typhoon II a été mal emmanché, avec des divergences et chamailleries entre partenaires sur le rôle de l'appareil et sa doctrine d'emploi (une des raisons pour lesquelles la France a quitté ce qui allait devenir le consortium Eurofighter) et sur le partage du "gâteau" industriel (ce qui donne ce "modèle" de production si... particulier et de multiples sous-versions pas vraiment cohérentes). Par ailleurs, son développement a pris part dans une période où les besoins initiaux identifiés par un certain nombre de partenaires ont disparu ou ont fondamentalement changé (chute du bloc de l'est), plombant encore un peu plus un développement déjà bancal, à la fois en réduisant et étalant les crédits à l'excès et en faisant que chaque pays finit par changer d'avis sur le rôle que devrait tenir cet avion.

Ceci étant dit, la question n'est pas de savoir qui est "plus responsable" de ce relatif échec ou si les Allemands (ou qui vous voudrez) pourriraient par essence un projet européen, mais comment faire pour ne pas le reproduire. Dans cette perspective, sans absolument être dans le secret des Dieux, je pense que l'Allemagne (ou la Belgique, même si elle n'était pas membre du consortium, puisqu'impliquée dans le programme F-16 avec les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège) ont une approche prudente de la question qui tire, au moins en partie, les enseignements de l'Eurofighter: découpler le choix de l'avion pour 2025-2040 de la question de l'appareil à construire (qui ne volera pas avant 15 ou 20 ans) et gérer le marché post-Tornado (ou post-F-16) d'une part, et envisager l'E-F-X de manière politique (plus que d'abord technique et industrielle) d'autre part. Cela me semble une bonne idée car avant de savoir qui doit bariquer l'aile gauche ou le train d'atterrissage, il faut surtout se mettre d'accord sur "à quoi va servir cet avion après 2040", autrement dit quelle politique il est censé servir (ce que n'a pas fait le programme Eurofighter, héritier de la guerre froide où la questions e posait peu, puisqu'il s'agissait d'affronter le PaVa dans le cadre de l'OTAN). De ce point de vue, je note que la France a aussi fait un pas important en ce sens dans sa proposition hors RfGP à la Belgique, qui est une position beaucoup plus politique que technique (d'où la non-recevabilité même indirecte de l'offre française à la RfGP, puisqu'elle ne porte pas sur les aspects techniques identifiés par la procédure). Je pense que c'est positif, mais que la mayonnaise ne pourra prendre que si on construit en même temps un cadre de politique étrangère et de défense commun, c'est-à-dire l'identification de ce que seraient les intérêts européens à défendre et une doctrine commune pour le faire. Sinon, on va retomber dans les travers de l'Eurofighter non parce que les Allemands sont allemands, mais parce que chaque pays va vouloir tordre le projet commun pour sa lorgnette particulière, les uns exigeant un appareil d'assaut nucléaire, les autres voulant dieu sait quoi d'autre, ceux qui sont pour n'importe quoi du moment que c'est fait chez eux et ceux qui voudront un moteur différent parce qu'ils ont un champion local et ça double les coûts.

Il y a 9 heures, mehari a dit :

Comment est-ce qu'on fait pour éviter que ça se reproduise? On conçoit d'emblée l'appareil pour couvrir le plus grand spectre de mission possible et éliminer le besoin du développement d'un autre appareil qu'on ne pourra pas financer. De ce point de vue là, le Rafale est d'ailleurs une réussite.

Intellectuellement, c'est juste. Après, c'est un peu la quadrature du cercle: c'était finalement le projet JSF (qui a donné le F-35: un appareil commun à toutes les armes, pouvant tout faire et remplaçant tous les autres pour pas cher - au final on a des coûts de développement qui ont explosé et un avion qui sait un peu tout faire mais pas très bien, et décliné en de multiples sous-versions en partie responsables des problèmes de mise au point et surcoûts). Plus que penser à l'avion parfait, il faut à mon avis surtout tendre vers une plateforme très saine avec un grand potentiel d'évolution au service d'une approche commune, voire d'une armée de l'air intégrée (rêvons un peu), comme l'est aujourd'hui le Rafale pour la génération actuelle d'avions et la doctrine française. Sinon, les différences de spécification entre la France, l'Allemagne, la Belgique ou d'autres risquent de donner un peu la même chose que les exigences différentes et contradictoires de l'Air Force de la Navy et des Marines pour le F-35 (sans même parler des interférences économico-politiques où chaque état se bat pour avoir l'usine de ceci ou cela).

Modifié par Bat
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il y a 22 minutes, Bat a dit :

Je pense qu'on est tous d'accord pour dire que le projet qui a finalement donné le Typhoon II a été mal emmanché, avec des divergences et chamailleries entre partenaires sur le rôle de l'appareil et sa doctrine d'emploi (une des raisons pour lesquelles la France a quitté ce qui allait devenir le consortium Eurofighter)

... Et ce qui fait qu'aujourd'hui "l'Europe" (niveau défense/projection de force) est réellement crédible du fait de l'existence même du Rafale C/B/M (avec bien sûr le soutien des Air Force européennes et Otan).

il y a 36 minutes, Bat a dit :

mais comment faire pour ne pas le reproduire. Dans cette perspective, sans absolument être dans le secret des Dieux, je pense que l'Allemagne (ou la Belgique, même si elle n'était pas membre du consortium, puisqu'impliquée dans le programme F-16 avec les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège) ont une approche prudente de la question qui tire, au moins en partie, les enseignements de l'Eurofighter: découpler le choix de l'avion pour 2025-2040 de la question de l'appareil à construire (qui ne volera pas avant 15 ou 20 ans) et gérer le marché post-Tornado (ou post-F-16) d'une part, et envisager l'E-F-X de manière politique (plus que d'abord technique et industrielle) d'autre part. Cela me semble une bonne idée car avant de savoir qui doit bariquer l'aile gauche ou le train d'atterrissage, il faut surtout se mettre d'accord sur "à quoi va servir cet avion après 2040", autrement dit quelle politique il est censé servir (ce que n'a pas fait le programme Eurofighter,

Pour être sûr de ne pas se planter à ce niveau, c'est de concevoir un appareil (puisqu'il devrait-être in fine par définition l'unique épine dorsal de l'aviation de combat européenne) capable de larges capacités performantes Air/Air, Air/Sol, Air/Mer, être navalisé et compatible vecteur Nuc (en gros sans rentrer dans les détails), tout en ayant des caractéristiques furtives et non handicapantes & de connectivités efficientes. Voilà l'oiseau rare qui vaudrait d'être le consensus européen en la matière. Véritablement omni-rôles, mais aussi comme tu le dis très bien adapté à tous les scénarios politiques européens (comme intra-européens) en s'affichant du coup "omni-politiques" de par ses larges capacités ...

Et à toutes les bonnes et sincères volontés européennes, y compris française donc, cet oiseau rare est POSSIBLE !!!

il y a 44 minutes, Bat a dit :

(ce que n'a pas fait le programme Eurofighter, héritier de la guerre froide où la questions e posait peu, puisqu'il s'agissait d'affronter le PaVa dans le cadre de l'OTAN).

Pas une excuse ... Et ce qu'a fait la France et DA ... Et à l'époque le crédo était bien pour toute l'Europe de l'ouest de savoir contrer le PaVa. Personne n'avait compris dans ces temps pas si lointain le sens d'un appareil efficient véritablement multirôles (même pas les US), mis à part un certain Marcel Dassault et certaines personne de l'AdA et de la DGA, qui surent ensuite convaincre (pas toujours de façon aisée) les décideurs divers ... De l'exemple, la lumière est arrivée ensuite à tous les étages US, et l'idée du F35 en découla tout en "évoluant" à la sauce furtive déjà avancée chez eux. (laissons de côté ici les aventures tourmentées de cet avion LM)

il y a une heure, Bat a dit :

 Plus que penser à l'avion parfait, il faut à mon avis surtout tendre vers une plateforme très saine avec un grand potentiel d'évolution au service d'une approche commune, voire d'une armée de l'air intégrée (rêvons un peu), comme l'est aujourd'hui le Rafale pour la génération actuelle d'avions et la doctrine française.

Voilà tu définis exactement ce qu'est le Rafale aujourd'hui (je te cite) : "une plateforme très saine avec un grand potentiel d'évolution au service d'une approche commune". (actuellement commune aux forces françaises, mais absolument transposable à l'échelon européen avec évolutions nécessaires si la volonté commune est bien là)

Je le répète : la piste est "simple" pour qui veut bien ne serait-ce que la voir ...

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il y a 1 minute, jojo (lo savoyârd) a dit :

Voilà tu définis exactement ce qu'est le Rafale aujourd'hui (je te cite) : "une plateforme très saine avec un grand potentiel d'évolution au service d'une approche commune". (actuellement commune aux forces françaises, mais absolument transposable à l'échelon européen avec évolutions nécessaires si la volonté commune est bien là)

Je l'ai dit: "comme l'est aujourd'hui le Rafale pour la génération actuelle d'avions et la doctrine française". Là, on parle de la génération suivante: les appareils qui succéderont progressivement aux Rafale/successeur du F-16/successeur du Tornado, après 2040. Comme on l'a dit, que la Belgique (ou l'Allemagne) ne peuvent pas attendre l'E-F-X hypothétique parce qu'ils ont besoin d'avions presque tout de suite (en gros 2025-2040; la Belgique veut ses premiers appareils succédant au F-16 en 2023), ce qui explique en partie que les 2 dossiers sont découplés (de leur point de vue). En fait, il y a deux attitudes:

  1. Celle de la France, qui dit que pour préparer l'E-F-X le plus simple est de prendre le Rafale (pour affiner une doctrine commune et garantir et développer le savoir-faire)
  2. Celle de la Belgique et de l'Allemagne, qui disent que l'E-F-X ça a l'air intéressant mais qui ne voient pas obligatoirement le Rafale comme sa condition d'existence. (Notamment, concernant la Belgique, parce que le Rafale F3 est trop vieux pour succéder au F-16 et le F4 pas assez avancé/hypothétique dans ce que les Français veulent bien en dire)

À titre purement personnel, je suis pour la 1, mais je ne suis ni Premier Ministre belge ni Chancelier allemand! :wink:

 

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5 minutes ago, Bat said:

Je l'ai dit: "comme l'est aujourd'hui le Rafale pour la génération actuelle d'avions et la doctrine française". Là, on parle de la génération suivante: les appareils qui succéderont progressivement aux Rafale/successeur du F-16/successeur du Tornado, après 2040. Comme on l'a dit, que la Belgique (ou l'Allemagne) ne peuvent pas attendre l'E-F-X hypothétique parce qu'ils ont besoin d'avions presque tout de suite (en gros 2025-2040; la Belgique veut ses premiers appareils succédant au F-16 en 2023), ce qui explique en partie que les 2 dossiers sont découplés (de leur point de vue). En fait, il y a deux attitudes:

  1. Celle de la France, qui dit que pour préparer l'E-F-X le plus simple est de prendre le Rafale (pour affiner une doctrine commune et garantir et développer le savoir-faire)
  2. Celle de la Belgique et de l'Allemagne, qui disent que l'E-F-X ça a l'air intéressant mais qui ne voient pas obligatoirement le Rafale comme sa condition d'existence. (Notamment, concernant la Belgique, parce que le Rafale F3 est trop vieux pour succéder au F-16 et le F4 pas assez avancé/hypothétique dans ce que les Français veulent bien en dire)

À titre purement personnel, je suis pour la 1, mais je ne suis ni Premier Ministre belge ni Chancelier allemand! :wink:

 

Hypothétique le F4? le financement est déjà inscrit dans la LPF 2018. (900 M€ dont 50 en 2018 je crois me souvenir)

Modifié par prof.566
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il y a 9 minutes, prof.566 a dit :

Hypothétique le F4? le financement est déjà inscrit dans la LPF 2018. (900 M€ dont 50 en 2018 je crois me souvenir)

Pardon, le terme est mal choisi. Oui, on sait qu'il va exister (et tant mieux!), mais en l'état, j'entends (en lisant les interventions de divers membres plus haut) qu'il n'est pas totalement défini, donc que la France ne sait pas dire à la Belgique "voilà ce que vous aurez avec le F4 qui répondra à vos besoins exprimés par la RfGP". Disant qu'il est hypothétique, je ne veux pas dire qu'ile st fumeux, mais juste que sa finalisation va arriver trop tard par rapport au choix belge, qui va porter sur des critères précis. (D'où la critique de certains belges ici, dont moi,  sur la vraisemblable absence de "dossier technique" annexé à l'offre française —du moins pour ce qu'on en sait— parce que c'est d'abord ça que la commission de sélection va regarder, RfGP ou pas). La Composante Air voit les chose sde manière très pragmatique: quel radar, quelles performances, quel viseur casque, quelle liaison de données, etc.? En l'état, ce que je lis ici c'est "le F4 prévoit un peu tout ça, mais comment ça on verra, ça dépend" > le "on verra/ça dépend" risque hélas de mal passer à la Composante Air qui voit ses F-16 vieillir.

Modifié par Bat
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Il n'était pas totalement défini en Octobre (en cours de discussion ... chaudes). Après, les contours sont au moins aussi clairs que ceux du F-35 block 4F. Mettons. On pourrait te rétorquer que justement il est encore "ouvert" aux suggestions belges, ce qui n'est pas le cas du F-35... (un peu comme le Gripen a été vendu au Brésil).

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il y a 43 minutes, Bat a dit :

Je l'ai dit: "comme l'est aujourd'hui le Rafale pour la génération actuelle d'avions et la doctrine française". Là, on parle de la génération suivante: les appareils qui succéderont progressivement aux Rafale/successeur du F-16/successeur du Tornado, après 2040. Comme on l'a dit, que la Belgique (ou l'Allemagne) ne peuvent pas attendre l'E-F-X hypothétique parce qu'ils ont besoin d'avions presque tout de suite (en gros 2025-2040; la Belgique veut ses premiers appareils succédant au F-16 en 2023), ce qui explique en partie que les 2 dossiers sont découplés (de leur point de vue). En fait, il y a deux attitudes:

  1. Celle de la France, qui dit que pour préparer l'E-F-X le plus simple est de prendre le Rafale (pour affiner une doctrine commune et garantir et développer le savoir-faire)
  2. Celle de la Belgique et de l'Allemagne, qui disent que l'E-F-X ça a l'air intéressant mais qui ne voient pas obligatoirement le Rafale comme sa condition d'existence. (Notamment, concernant la Belgique, parce que le Rafale F3 est trop vieux pour succéder au F-16 et le F4 pas assez avancé/hypothétique dans ce que les Français veulent bien en dire)

À titre purement personnel, je suis pour la 1, mais je ne suis ni Premier Ministre belge ni Chancelier allemand! :wink:

 

J'ai un truc en tête ... Je ne sais pas si c'est opportun de le partager ici ... Aller j'ose le dire (attention ça n'engage que moi !!!), même si bien sûr je peux complètement me tromper ... Ou peut-être suis-je un poil "parano", possible ...

Bref voici :

Dans le cas du N°2, n'y a t-il pas en plus de tes propres arguments que j'entends bien, mais qui sont peut-être à nuancer à mon humble avis (genre le post de Prof.566 et autres), la possibilité que la fourniture US ne permet-elle pas à certains galonnés de confortablement s'assoir sur une fin de carrière "dorée" au sein de l'Otan ou dérivés ? L'attitude "unilatéraliste" "Otaniste" de certains (ces derniers temps) peuvent le faire penser à force, à tord ou à raison ...

Dans le cas du N°1, ben y'a pas grand chose à attendre de ce côté !

Mais certainement que le contexte me rends un poil trop parano ... :blush: 

"Pas taper", ce n'est que du ressenti, absolument rien de rationnel ... :smile:

il y a 25 minutes, prof.566 a dit :

Il n'était pas totalement défini en Octobre (en cours de discussion ... chaudes). Après, les contours sont au moins aussi clairs que ceux du F-35 block 4F. Mettons. On pourrait te rétorquer que justement il est encore "ouvert" aux suggestions belges, ce qui n'est pas le cas du F-35... (un peu comme le Gripen a été vendu au Brésil).

Sauf qu'au Brésil, la part "risque" était sans commune mesure ...

Modifié par jojo (lo savoyârd)
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il y a 44 minutes, LYS 40 a dit :

Arrêter de jouer au caliméro, c'est incroyable.

Ôôh ... C'est "incroyablement" trop facile çà ! :smile:

Tu te trompes sur la nature de mon post.

Excuses-moi d'avoir du ressenti, des idées, des doutes, des pensées, un peu d'affect ... Bref d'avoir quelque chose qui me sert accesoirement de cervelle.

(La réponse de Bat à ma "parano" est plus pertinente et surtout sans à-priori) :happy:

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Il y a 16 heures, mgtstrategy a dit :

- les italients avec le M346

Ils n'ont pas de motoriste et le M346 n'est qu'un avion d'entraînement avancé, c'est à dire un ersatz d'avion de combat opérationnel.

On peut retourner le truc dans tous les sens, il n'y a qu'en France où on trouve l'ensemble des savoir-faire (cellule, moteur, systèmes, essais). Les autres l'ont perdu ou ne l'ont jamais eu.

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