C’est un message populaire. loki Posté(e) le 12 février 2015 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 12 février 2015 Pour commencer, un des meilleurs livres que j'ai pu lire ces dernières années :Christopher Clark : les somnambulesCe livre retrace l’évolution des relations austro(hongroises)-serbes de 1903 à 1914 et la manière dont cet affrontement diplomatique va s’imbriquer dans les relations internationales.Le livre est divisé en 3 parties eux-mêmes divisés en chapitres :- IntroductionPartie 1 :- Chapitre 1 : les fantômes de la Serbie présente l’histoire de ce petit mais vital ( pour comprendre le déclenchement de la guerre ) pays à compter du coup d’état de 1903- Chapitre 2 : Un empire sans qualités présente l’empire Austro-hongrois.Partie II : Un continent divisé :- Chapitre 3 : la polarisation de l’Europe, 1887-1907- Chapitre 4 : les nombreuses voix de la diplomatie européenne- Chapitre 5 : Embarras balkaniques- Chapitre 6 : Dernières chances. Détente et danger, 1912-1914Partie III : Crise :- Chapitre 7 : Meurtre à Sarajevo- Chapitre 8 : Le cercle s’élargit- Chapitre 9 : Les français à St Petersbourg- Chapitre 10 : L’ultimatum- Chapitre 11 : Coups de semonces- Chapitre 12 : Derniers joursConclusionLe livre est abondamment pourvu de notes ( 20% du livre est assigné aux notes )et alterne de façon brillante histoire diplomatique classique et sujets transverses ( rôle de la presse, composition et rôles des ambassadeurs, crise de masculinité etc ).Outre la quantité et la qualité des notes, ce qui rend ce livre brillant et indispensable à la compréhension des événements qui ont mené à la guerre c’est le choix de l’auteur de prendre au sérieux la confrontation entre la Serbie et l’Empire austro-hongrois et de faire remonter son analyse des événements de 1914 jusqu’à l’année 1903 ( voire même avant ) et de décrire les raisons pour lesquelles 10 années de relations internationales ont abouti à la guerre au lieu de seulement se focaliser sur la crise de 1914.Le livre a donné lieu à un début de controverse car exonérant ( partiellement ) l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie de la responsabilité du confit et attribuant ainsi la responsabilité directe du conflit à la Serbie et la responsabilité indirecte à la Russie et à la France ( pour avoir soutenu la Serbie ).De façon plus précise pour la politique des principaux états cités, ce qui ressort de la lecture de Clark :1) La Serbie est l’acteur principal ( avec l’Autriche-Hongrie ) de ce livre.Le coup d’état de 1903 amène au pouvoir ( ou à proximité du pouvoir et influençant celui-ci ) des politiciens, militaires et groupes ultranationalistes décidés à étendre les frontières du jeune royaume serbe non seulement vis-à-vis de l’empire ottoman ( ennemi traditionnel de la Serbie ) mais aussi vis-à-vis de l’ex-allié austro-hongrois.S’ensuit immédiatement un conflit commercial avec l’empire des habsbourg ( la guerre des cochons à l’initiative de celui-ci ) qui brise définitivement les relations diplomatiques entre les 2 états.L’annexion de la Bosnie-Herzégovine ( le territoire était officiellement ottoman mais en fait attribué ( et occupé par ) à l’empire habsbourg depuis le traité de Berlin en 1878 ) est l’occasion d’une nouvelle crise diplomatique entre les 2 états ( la Serbie estimant que ces territoires ainsi que la Croatie lui reviennent de droit ) mais sans suite sérieuse en l’absence de soutien des grandes puissances européennes.La Serbie s’engage ensuite dans une alliance offensive avec la Bulgarie et la Russie en 1911 afin de dépecer l’empire Ottoman de ses territoires européens : cela débouche sur la première guerre balkanique de 1912/1913 et sur de considérables tensions avec l’empire austro-hongrois qui impose ( après un ou deux ultimatum ) la création d’un état albanais.Ce premier conflit balkanique est suivi d’un second entre ex-alliés ( Serbie et membres de la ligue balkanique contre Bulgarie ).Tout en menant ces guerres dans les Balkans les autorités ( militaires mais avec la complicité passive des autorités civiles ) serbes s’engagent dans une politique d’attentats terroristes dans l’empire austro-hongrois et en particulier en Bosnie-Herzégovine qui culmine dans l’assassinat du prince héritier de l’empire à Sarajevo.Après avoir brièvement hésité à accepter l’ultimatum austro-hongrois, la Serbie choisit finalement la confrontation après avoir eu confirmation du soutien russe.2) L’empire Austro-hongrois qui est l’autre acteur majeur de ce livre.Allié et « patron » traditionnel de la Serbie, le coup d’état de 1903 dans ce pays entraine pratiquement du jour au lendemain une situation de conflit entre l’Empire et le jeune royaume serbe qui se durcit encore avec l’annexion de la Bosnie-Herzégovine.Dans le même temps, l’empire austro-hongrois se trouve engagé dans une lutte d’influence avec l’empire russe dans les Balkans : à la différence de celui-ci, l’empire austro-hongrois vise à la préservation du statut-quo et non à la déstabilisation de la région.Le déclenchement des guerres balkaniques en 1912 par la ligue balkanique ( sous le patronage de la Russie ) amène à de très fortes tensions internationales entre l’empire austro-hongrois face à la Russie ( mobilisations réciproques ) et la Serbie ( constitution d’un état albanais sous pression de l’empire austro-hongrois et après 2 ultimatum adressés à la Serbie ).Elle amène aussi à un retour au premier plan du précédant chef d’état major ( Conrad von Hotzendorf ) qui récupère son poste et recommence à inonder les responsables politiques de demandes de guerres « préventives » contre l’Italie et la Serbie.Ces demandes restent sans effet et se heurtent à la politique d’apaisement et de réformes interne voulue par l’archiduc Franz Ferdinand jusqu’à l’assassinat de celui-ci par les services secrets serbes à Sarajevo.A partir de là, les responsables politiques optent pour engager une guerre limitée à la Serbie mais la lenteur de l’appareil politique ( et militaire ) austro-hongrois empêche l’empire de mener le fait accompli ( déclencher une guerre juste après l’attentat ) que lui demande son allié allemand.L’envoi d’un ultimatum ne sert que de prétexte à la guerre.3) La Russie :Après sa défaite face au Japon en 1905, la Russie se réorganise rapidement et engage des réformes militaires importantes visant à faire de son armée la première du continent ( ce qui inquiète ses voisins et notamment l’Allemagne ).Cette politique militaire se double d’une diplomatie agressive promouvant le panslavisme et visant notamment à faire des Balkans et de l’empire ottoman son pré carré.Cela aboutit à la création de la ligue balkanique sous le patronage russe qui vise à dépecer l’empire ottoman de ses territoires européens et à empêcher toute action austro-hongroise en faveur de « l’homme malade » de l’Europe ( la Russie s’engageant à entrer en guerre contre l’Autriche-Hongrie si celle-ci intervient en faveur de l’empire ottoman ).De même la Russie est à 2 doigts de lancer un ultimatum à l’Allemagne pour exiger le départ de la mission militaire allemande de l’empire ottoman ( seul le refus de la France et de la Grande-Bretagne de s’associer à ce projet empêche la Russie de publier son ultimatum ).Toutefois, la Russie perd le contrôle de ses proxy qui se déchirent dans la deuxième guerre balkanique ce qui permet à l’empire austro-hongrois de se rapprocher de la Bulgarie et de mettre en péril l’hégémonie ( courte mais réelle ) russe dans les Balkans.Lors de la crise de Sarajevo, la Russie s’engage résolument au côté de son allié serbe ( le gouvernement russe est alors dominé par les faucons pro-guerres ) : sa décision d’engager la mobilisation de ses forces armées crée un engrenage militaire irréversible vers la guerre généralisée.4) L’Allemagne :L’Allemagne n’est pas au centre de ce livre, elle est décrite comme une puissance essentiellement conservatrice qui souhaite le maintien des statuts-quo issus des traités internationaux.Elle s’oppose ainsi à la marche vers la guerre vis-à-vis de l’empire Ottoman de son allié italien.Le grand Etat-major ressent toutefois durement l’encerclement de l’Allemagne par une coalition ennemie dangereuse ( Russie, France, GB ) et surtout la résurgence de la puissance militaire russe qui risque à terme de bousculer les équilibres militaires européens.Cela amène celui-ci à envisager la possibilité d’une guerre préventive sans que son opinion n’influence les élites politiques.Les guerres balkaniques sont toutefois une révélation de l’hostilité russe et amènent les élites politiques et militaires à envisager une plus grande prise de risque diplomatique en partant du principe que de toute façon, la guerre semble inéluctable.L’attitude de l’Allemagne va cependant dans le sens de l’apaisement diplomatique jusqu’au bouleversement de Sarajevo.L’attentat de Sarajevo amène l’Allemagne à soutenir son allié dans son projet de guerre localisée ( à la Serbie ) en conseillant toutefois à l’empire austro-hongrois d’aller très vite ( ce qu’il ne réussit pas ) pour mettre les autres puissances européennes devant un fait accompli.L’Allemagne reste très prudente et en retrait durant une bonne partie du mois de juillet avant de se réveiller brutalement lors de la mobilisation russe : à partir de ce moment ( mais pas avant ), les militaires poussent à une guerre généralisée à la Russie et à son allié français via la mise en action du plan Schieffen.5) La France :Revancharde mais prudente la politique de la France est présentée sous un visage double :- Très prudente en Europe afin d’éviter toute guerre et notamment toute guerre démarrant dans les Balkans ( les dirigeants français obtiennent que l’alliance franco-russe n’intégre pas les événements des Balkans )- Agressive dans le reste du monde quitte à provoquer des crises diplomatiques ( Maroc, Fachoda )Cette double politique prudente prend fin avec l’arrivée de Poincaré au pouvoir : celui-ci accepte dorénavant de soutenir diplomatiquement et militairement toute aventure russe dans les Balkans alors même que le traité d’alliance russo-bulgaro-russe ( qu’il connait ) prévoit le déclenchement d’une guerre offensive localisée à l’empire ottoman et la possibilité d’extension de ce conflit à l’Autriche-Hongrie.C’est l’occasion pour Poincaré ( et les militaires français ? ) d’imaginer un scénario de guerre idéale où l’empire austro-hongrois serait empêtré dans les Balkans laissant son allié seul face aux forces combinées de la Russie et de la France.Après l’attentat de Sarajevo, la France prône la fermeté face à l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie et semble même être la première grande puissance à accepter un conflit généralisé en vertu du scénario indiqué ci-dessus.6) La Grande Bretagne :La politique britannique semble être basée sur la nécessité de neutraliser la Russie ( et de sauvegarder l’Empire d’une confrontation avec l’ours russe outre-mer ) en acceptant une alliance avec le bloc franco-russe.Cette alliance produit un rapprochement et un début de coopération militaire avec l’ex-ennemi français qui produit in-extrémis des effets au moment de l’entrée en guerre ( celle-ci se décidant à la toute dernière minute ).Finalement outre le jeu des différents pays ( et les controverses sur la politique française engendrées par le livre de Clark ), ce qui me semble important de noter c’est la cristallisation des alliances et des choix diplomatiques au moment des 2 premières guerres balkaniques qui sont vraiment la matrice de la première guerre mondiale. 6 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Jojo67 Posté(e) le 13 février 2015 Share Posté(e) le 13 février 2015 (modifié) Tout ça me paraît effectivement bien pensé et les responsabilités des uns et des autres bien calibrées. Le fait que le livre "exonère ( partiellement ) l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie de la responsabilité du confit et attribue ainsi la responsabilité directe du conflit à la Serbie et la responsabilité indirecte à la Russie et à la France ( pour avoir soutenu la Serbie )" ne me choque pas car c'est conforme à ce que j'ai pu lire ici et là. La controverse que ce point a suscité me semble mal venue. L'Allemagne ne porte pas non plus tous les péchés du monde hein? Modifié le 13 février 2015 par Jojo67 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Chronos Posté(e) le 13 février 2015 Share Posté(e) le 13 février 2015 Cela relève également d'une certaine logique. L'Allemagne est l'un des derniers pays à avoir besoin d'une guerre sur le continent : l'un de ses plus gros problèmes est l'accès au commerce international... sur les mers. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
nemo Posté(e) le 13 février 2015 Share Posté(e) le 13 février 2015 On peut aussi distinguer la responsabilité directe concernant le déclenchement de la guerre et des responsabilités plus indirecte concernant l'état des relations internationale, les alliances militaires ou la responsabilité de l'Allemagne et du Royaume Uni vont avoir davantage de poid (avec la France et la Russie bien sur). En tout cas merci pour cette fiche de lecture très bien faite et très intéressante. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rochambeau Posté(e) le 13 février 2015 Share Posté(e) le 13 février 2015 Le livre de Christopher Clarke à plusieurs mérites comme celui de recadrer le rôle de personnalité politique allemande et austro-hongrois, tout particulièrement celui de Guillaume II dont le rôle durant la guerre fut amplement exagéré par les hauts placé militaire allemands pour s'exonérer de toute responsabilité.(comme ils ont tenté de le faire après la Seconde Guerre Mondiale) Mais le plus important des sujets du livre de remettre les Balkan dans le contexte redonne grandement cette aspect mondiale de ce conflit, avec notamment les premières chapitre éclairant sur la situation politique de cette partie de l'Europe. Tout cela bien sur servi par un style narratif accrocheur (voir haletant) donnant vie à sa thèse, ce qui a non seulement la gageur de nous sortir du carcan académique traditionnelle et de reposer sur une "certaine" qualité analytique. J'insiste sur le "certaine" car l'auteur a la maladresse de bien décrire les réelles pouvoir de Guillaume II, tout en exagérant celui de Poincaré ... voir limite faire du Second Reich une victime de la vindicte française. L'auteur sur estime les pouvoirs de Poincaré en tant que président de la République, oubliant au passage le rôle de Viviani (qui est un pacifiste convaincu) lors de la crise qui est aussi tout important. Autant parle t-il de leurs actions lors de leur visite en Russie, mais évite de souligner au passage que durant leur retour en France aussi bien Poincaré et Viviani sont totalement pris au dépourvu lorsqu'ils apprenaient l'ultimatum allemands contre les Belges. Car le trajet pour revenir en France les poussent non seulement de faire un long détour mais aussi d'être informés que très tardivement des évènements de la Crise de Juillet. Pour Viviani la messe ne fut dites que lorsque que l'ultimatum allemands contre la France fut envoyé quelques jours plus tard, un ultimatum qui ferait bien sourire certain dans ce forum au vue de l’absurdité des revendications. Pour ce qui concerne le revanchisme français depuis Jean François Lecaillon ont sait que l'idée de revanche ne touche que peu de personne en France, seule une minorité dans l'élite continue à entretenir cette vision. D'ailleurs, les discours de Poincaré et de Viviani lors de la déclaration de guerre sont explicitent sur la chose, il n'est pas question d'esprit de revanche mais de défense de la patrie. Le rôle belliqueux du Second Reich est évident et essentielle dans cette affaire non seulement donne t-il un blanc seing à l'Autriche-Hongrie le 5 Juillet (lors de la rencontre de Potsdam), en assurant sont soutien indéfectible lors de la Crise. (Mais vont même torpiller la tentative de résolution diplomatique initié par les britanniques) Mais l'encouragement allemands envers les autrichiens qui croyaient encore à une guerre localisé, précipite l'emballement qu'on connait. Et cela est parfaitement assumé par les allemands qui vont même prendre la décision d'envahir la Belgique tout en sachant que le Royaume-Unie réagirait. 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
licinius Posté(e) le 16 février 2015 Share Posté(e) le 16 février 2015 Un empire sans qualités, bien vu comme titre. :D Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
collectionneur Posté(e) le 16 février 2015 Share Posté(e) le 16 février 2015 Les critiques sont largement positive concernant cet historien australien : http://www.amazon.fr/Les-somnambules-Christopher-Clark/dp/2081216485# Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rochambeau Posté(e) le 17 février 2015 Share Posté(e) le 17 février 2015 Jean-Yves Le Naour: http://politique-etrangere.com/2014/04/09/les-somnambules-ete-1914-comment-leurope-a-marche-vers-la-guerre/ 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
loki Posté(e) le 12 mars 2015 Auteur Share Posté(e) le 12 mars 2015 Un empire sans qualités, bien vu comme titre. :DEn fait, le titre fait référence à la vision qui a longtemps prévalue sur l’empire Austro-Hongrois et qui a servie à délégitimer sa politique étrangère.Clark prend la position inverse démontrant que cet empire est relativement pacifique ( en comparaison de ses voisins et des autres puissances européennes bien sûr ), prospère, que les populations slaves bénéficient d’importants gains économiques et sociaux en attendant une réforme politique préconisée par l'archiduc François-Ferdinand ( celui qui est assassiné à Sarajevo )Clark démonte complétement à l’inverse la politique de la Serbie démontrant/décrivant un royaume ouvertement belliciste dans ses propos et ses actes ( la Serbie est avec la Russie et la Bulgarie l’un des 3 états qui planifie et déclenche les guerres balkaniques en toute connaissance de cause ) complété d’une politique criminelle ( épuration ethnique ) dans les territoires conquis.Il inverse ainsi la vision qui a longtemps prévalue ( au moins en France ) de présenter la Serbie comme une victime et d’excuser sa politique panslave en la considérant justifiée historiquement pour présenter l’Autriche-Hongrie comme la victime.En cela, il présente la réponse austro-hongroise à l’attentat comme parfaitement légitime ( je crois même qu’il l’écrit ) et justifiée.…… J'insiste sur le "certaine" car l'auteur a la maladresse de bien décrire les réelles pouvoir de Guillaume II, tout en exagérant celui de Poincaré ... voir limite faire du Second Reich une victime de la vindicte française. L'auteur sur estime les pouvoirs de Poincaré en tant que président de la République, oubliant au passage le rôle de Viviani (qui est un pacifiste convaincu) lors de la crise qui est aussi tout important. Autant parle t-il de leurs actions lors de leur visite en Russie, mais évite de souligner au passage que durant leur retour en France aussi bien Poincaré et Viviani sont totalement pris au dépourvu lorsqu'ils apprenaient l'ultimatum allemands contre les Belges. Car le trajet pour revenir en France les poussent non seulement de faire un long détour mais aussi d'être informés que très tardivement des évènements de la Crise de Juillet. Pour Viviani la messe ne fut dites que lorsque que l'ultimatum allemands contre la France fut envoyé quelques jours plus tard, un ultimatum qui ferait bien sourire certain dans ce forum au vue de l’absurdité des revendications. Pour ce qui concerne le revanchisme français depuis Jean François Lecaillon ont sait que l'idée de revanche ne touche que peu de personne en France, seule une minorité dans l'élite continue à entretenir cette vision. D'ailleurs, les discours de Poincaré et de Viviani lors de la déclaration de guerre sont explicitent sur la chose, il n'est pas question d'esprit de revanche mais de défense de la patrie.Pour ma part, je n’ai pas compris l’analyse de Clark ( sur le voyage de Poincaré et Viviani à St Petersburg ) comme ça, de la manière dont je l’ai comprise il décrit un ascendant personnel de Poincaré devenant par défaut de caractère de Viviani ( et par volonté personnelle ) le moteur de la diplomatie française durant cette période.La description de la politique étrangère française chez Clark est double :- D’un côté, il expose l’idée d’une France dans l’attente d’une occasion pour entrer en guerre sous l’influence belliciste de Poincaré mais cette idée n’est pas vraiment démontrée ( peu de sources ) et est plutôt rejetée par les spécialistes de la Politique Etrangère de la France ( Kuger, Becker etc, à contrario Stefan Schmidt semble prendre une position très critique de la politique française avant guerre selon les recensions que j’ai pu lire ).- D’un autre côté, dans ses conclusions il ne retient que les chèques en blanc que la France donne à ses alliés russes ( et en conséquence serbes ) et en particulier au soutien donné ( par Poincaré ) en 1912 à la politique russe dans les Balkans en sachant que celle-ci va obligatoirement aboutir à une guerre régionale voire généralisée.Au final il faut surtout prendre en compte que l’ouvrage de Clark est centré sur la relation entre l’Autriche-Hongrie et la Serbie : la politique de la France n’est pas très développée ( moins que celle de la Grande Bretagne et de l’Allemagne ).Pour lire des ouvrages décrivant de façon approfondie la politique étrangère française avant la première guerre mondiale, il faut lire d’autres auteurs que Clark.Le rôle belliqueux du Second Reich est évident et essentielle dans cette affaire non seulement donne t-il un blanc seing à l'Autriche-Hongrie le 5 Juillet (lors de la rencontre de Potsdam), en assurant sont soutien indéfectible lors de la Crise. (Mais vont même torpiller la tentative de résolution diplomatique initié par les britanniques) Mais l'encouragement allemands envers les autrichiens qui croyaient encore à une guerre localisé, précipite l'emballement qu'on connait. Et cela est parfaitement assumé par les allemands qui vont même prendre la décision d'envahir la Belgique tout en sachant que le Royaume-Unie réagirait.Sur ce point là, il faut fortement nuancer quand même :- En premier lieu, il n’y a aucune politique belliciste du Second Reich dans les Balkans avant l’attentat. Au contraire, l’empire allemand non seulement ne veut pas d’un conflit dans cette région mais restreint même son allié ( ce que la France ne fait pas par exemple ) en 1912 et 1913 pour empêcher l’empire Austro-Hongrois d’entrer en guerre alors même que ses intérêts vitaux sont en danger.- Il faut attendre l’attentat pour que l’Allemagne accepte le principe d’une guerre limitée ( à la Serbie ) pour soutenir son allié ( c’est la même politique qui est suivie par la France vis-à-vis de la Russie )- La décision d’envahir complétement la Belgique est la conséquence du plan Schieffen que les militaires imposent à Guillaume 2- Mais là aussi, la responsabilité des militaires est à nuancer car à la date où ceux-ci imposent leurs choix stratégiques, il est de toute façon trop tard pour sauver la paix : la mobilisation générale russe est en cours et ceux-ci ( les militaires russes ) à l’image des ( généraux ) allemands ( et des généraux français ) n’ont pas d’options limitées à la seule Autriche-Hongrie.- La mobilisation russe est le moment fatidique où un conflit général devient inévitable.Je vais laisser le fil encore quelques jours sur Clark avant de passer à une autre fiche ( "Soviet casualties and combat losses" de G.F Krivosheev ) 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shorr kan Posté(e) le 13 mars 2015 Share Posté(e) le 13 mars 2015 Un empire sans qualités, bien vu comme titre. :D En fait, le titre fait référence à la vision qui a longtemps prévalue sur l’empire Austro-Hongrois et qui a servie à délégitimer sa politique étrangère. ... Le titre fait référence au roman de Robert Musil, "l'homme sans qualité" qui décrit la société viennoise à la veille de la Grande Guerre et centré sur son personnage principal, Ulrich "l'homme sans qualité", morne et gris fonctionnaire digne représentant de la bureaucratie austro-hongrois. Assez savoureux. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rochambeau Posté(e) le 13 mars 2015 Share Posté(e) le 13 mars 2015 (modifié) Au final il faut surtout prendre en compte que l’ouvrage de Clark est centré sur la relation entre l’Autriche-Hongrie et la Serbie : la politique de la France n’est pas très développée ( moins que celle de la Grande Bretagne et de l’Allemagne ). Pour lire des ouvrages décrivant de façon approfondie la politique étrangère française avant la première guerre mondiale, il faut lire d’autres auteurs que Clark. Je suis d'accord, mais ce que je reproche particulièrement à Clarke est le fait d'affirmer (tout en y mettant de la prose) que la politique étrangère de Poincaré est l'une des principales cause du conflit tout en minimisant sur celui des allemands. Une affirmation qui pourtant ne repose que sur très peu de source peu développé, il fait plus ou moins la même chose avec la rivalité commercial et politique anglo-allemande dans l'Empire Ottoman. Si au fond Clarke redonne une dimension européenne de la Crise de Juillet, on ne peut non plus exclure son analyse partiale des évènements. Pour Viviani on sait via les différents messages envoyaient à l'ambassadeur français en Russie, que la position de la France est clairement l'apaisement car diplomatiquement parlant l'Alliance Franco-russe ne doit pas paraitre l'agresseur dans cette affaire. De ce coté là les archives sont assez révélateur sur cette question, ou on voit qu'il suivra cette jusqu'à l'annonce des ultimatums. Poincaré ne remet nullement cette vision en question d'autant que cette géopolitique est appliqué par la Troisième République depuis son rapprochement avec l'Angleterre. Là ou on peut voir le coté belliqueux de Poincaré c'est sa volonté de défendre la nation, on lui reproche souvent que ses discours se focalise sur la préparation de la guerre et non à la solution d'une paix. Une chose aussi qu'on peut critiquer à Clarke c'est la description peu flatteuse de Paléologue, il est vrai qu'il avait fait des comptes rendus partiaux (surtout sur la situation russe) mais n'a jamais fait preuve de bellicisme. Car en France on s'inscrit dans une ligne diplomatique claire c'est de ne pas faire de vague dans les affaires européenne. Sur ce point là, il faut fortement nuancer quand même : Bien sur qu'il faut mettre des nuances mais évitons d'en vouloir faire des excuse pour le Second Reich, car c'est une réalité en soit que l'Empire Allemand était encerclé par le rapprochement franco-anglo-russe, et que pour neutraliser cette entente il fallait la briser. Alors pour reprendre point par point: - C'est exacte, et c'est justement ce qui contredit les affirmations de Clarke sur la non culpabilité des allemands . Si les allemands voulaient calmer le jeu il auraient reproduit la même stratégie que précédemment. Alors pourquoi donner son soutien à l'Autriche durant le 5 Juillet, mais aussi faire capoter les tentatives de conférence des anglais, et ainsi soutenir l'ultimatum qui contrairement à ce que dit Clarke n'est pas si acceptable que cela pour les serbes. D'autant qu'entre temps, il y a eu une montée progressive des incidents comme celui de 1909 le démontre, les Austro-hongrois annexe la Bosnie avec le soutien et l'approbation des allemands. De fait les serbes et russes reculent car ils ne sont pas soutenus par la France, et n'ont pas la sympathie anglaise. Cette évènement va avoir comme répercussions que Poincaré d'inclure les affaires lié aux Balkans dans les accords franco-russe, car l'alliance fut malmené durant la précédente décennie.(d'où les prises de positions en 1912 et 1913) A partir de là les allemands assument pleinement que le conflit peut dégénérer (c'est pour cela qu'ils parlent de "localisation du conflit"), car pour les allemands valaient mieux que la guerre éclate maintenant au moment ou ils pensaient être plus fort que la Russie et la France comme le souligne si bien les propos de Bethmann Hollweg "le moment actuel, si favorable". Mais en Juillet 1914 ont été arrivé à un tel point que l'Empire Russe ne pouvait plus reculer face aux autrichien, et aux français de se dérober de son alliance avec la première. - Les allemands soutenaient déjà bien avant les interventions Austro-hongroise dans la région, comme le démontre les incidents de 1909, en dépendait à cela le rapprochement entre l'Empire Allemand et Ottoman. Comme en témoigne le durcissement des relations entre le Royaume-Uni et le Second Reich, l'axe commercial traditionnel est bousculé par la monté en puissance de cette dernière. (voir le projet d'une liaison ferré entre Berlin-Istanbul) De fait, il était devenu essentiel pour les allemands d'avoir via les autrichiens une voie d'accès avec les turcs. - Justement vous posez le doigt là ou tout le plan allemand se repose, le plan Schieffen. Dans la logique allemande ils doivent avoir l'initiative et écraser les français et russe en quelques semaines, c'est ici que ce situe la vrai cause du conflit. Menacé par un encerclement les allemands avaient misé toute leur stratégie sur ce plan ... d'où l'enchainement rapide des évènements en fin juillet et début aout 1914. Croyant que la France allait s'effondré au bout de quelque semaine, qu'ainsi l'Angleterre n'aurait pas le temps de protester de l'invasion de la Belgique. Pour ensuite en finir avec les russes. - La mobilisation russe est consécutive du comportement de l'Autriche qui le 28 juillet bombarde Belgrade, tout cela avec le soutien des allemands. On peut bien sur faire attention aux appels à la prudence des allemands (qui étaient d'ordre plus militaire que diplomatique) mais il n'empêche que les allemands assument pleinement l'action de l'Autriche qui sous leurs influence. Encore à ce moment là le conflit n'est pas généralisé, c'est au moment ou le Second Reich décide à son tour de mobiliser, d'envoyer des ultimatum et de déclarer la guerre qui le réelle élément déclencheur de cette déflagration. A noter d'ailleurs que le Second Reich envahit le Luxembourg pour ouvertement menacer la France, et ensuite envoyer un ultimatum à la Belgique. Après j'ajoute que la responsabilité serbe est certes évidente dans ce conflit mais cette affaire austro-serbe était avant tout une affaire locale que les principales puissance de l'époque ont utilisé pour mettre leur plan en exécution. Tout particulièrement le Second Reich sans laquelle l'Empire Austro-Hongrois n'aurait jamais tenté cette aventure, tout cela en misant sur un coup de poker comme l'avait fait Bismarck des décennies plus tôt. Edit: En parlant de Russie que pensez vous du de Alexandre Sumpf, la "Guerre Oublié". Modifié le 13 mars 2015 par Rochambeau Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
loki Posté(e) le 13 mars 2015 Auteur Share Posté(e) le 13 mars 2015 (modifié) Je suis d'accord, mais ce que je reproche particulièrement à Clarke est le fait d'affirmer (tout en y mettant de la prose) que la politique étrangère de Poincaré est l'une des principales cause du conflit tout en minimisant sur celui des allemands. Une affirmation qui pourtant ne repose que sur très peu de source peu développé, il fait plus ou moins la même chose avec la rivalité commercial et politique anglo-allemande dans l'Empire Ottoman. Si au fond Clarke redonne une dimension européenne de la Crise de Juillet, on ne peut non plus exclure son analyse partiale des évènements.Clarke affirme surtout que la Serbie est responsable de la guerre, il ne fait pas de la France le principal « fauteur de guerre » mais indique plutôt qu’elle a été irresponsable de mettre le destin de l’Europe entre les mains de la Serbie par son chèque en blanc à la politique balkanique russe en 1912. Bien sur qu'il faut mettre des nuances mais évitons d'en vouloir faire des excuse pour le Second Reich, car c'est une réalité en soit que l'Empire Allemand était encerclé par le rapprochement franco-anglo-russe, et que pour neutraliser cette entente il fallait la briser. Alors pour reprendre point par point:etAprès j'ajoute que la responsabilité serbe est certes évidente dans ce conflit mais cette affaire austro-serbe était avant tout une affaire locale que les principales puissance de l'époque ont utilisé pour mettre leur plan en exécution. Tout particulièrement le Second Reich sans laquelle l'Empire Austro-Hongrois n'aurait jamais tenté cette aventure, tout cela en misant sur un coup de poker comme l'avait fait Bismarck des décennies plus tôt.Là je ne partage pas ce point de vue, il n’existe ni preuve ni document indiquant que pour les dirigeants allemands l’affaire de Sarajevo soit un prétexte pour déclencher un conflit généralisé : au contraire, d’une part les allemands auraient eu toutes les occasions du monde de s’impliquer militairement en 1912 et 1913 et surtout ils insistent auprès des autrichiens pour que ceux-ci se pressent afin de mettre le reste de l’Europe devant un fait accompli.La tendance historique actuelle a quand même eu plutôt tendance ( voire Becker « l’année 1914 » par exemple ) à rejeter l’idée du prétexte visant à déclencher une guerre généralisée - C'est exacte, et c'est justement ce qui contredit les affirmations de Clarke sur la non culpabilité des allemands . Si les allemands voulaient calmer le jeu il auraient reproduit la même stratégie que précédemment. Alors pourquoi donner son soutien à l'Autriche durant le 5 Juillet, mais aussi faire capoter les tentatives de conférence des anglais, et ainsi soutenir l'ultimatum qui contrairement à ce que dit Clarke n'est pas si acceptable que cela pour les serbes.Oui mais les allemands ne veulent pas calmer le jeu : il y a un effet répétitif des agressions serbes et surtout la nécessité de soutenir son allié ( la même nécessité que pour la France vis-à-vis de la Russie ) qui est agressé.Clarke dit clairement que l’ultimatum n’a qu’un but formel visant à justifier un conflit limité à la Serbie ( et à l’Autriche-Hongrie )Mais le point essentiel pour lui n’est pas la volonté de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie de répondre militairement à l’attentat mais, et ce qui explique l’absence de culpabilité allemande et austro-hongroise dans son analyse, le fait que la réponse austro-hongroise soit parfaitement légitime au vu du passif des relations avec la Serbie et compte tenu des complicités de l’état serbe dans l'attentat.Par contre, je ne vois pas quel point de l'ultimatum est inacceptable compte tenu de l’ampleur des complicités serbes ( même si celui-ci n'a pas vocation à être accepté, soyons clair là-dessus ) D'autant qu'entre temps, il y a eu une montée progressive des incidents comme celui de 1909 le démontre, les Austro-hongrois annexe la Bosnie avec le soutien et l'approbation des allemands. De fait les serbes et russes reculent car ils ne sont pas soutenus par la France, et n'ont pas la sympathie anglaise. Cette évènement va avoir comme répercussions que Poincaré d'inclure les affaires lié aux Balkans dans les accords franco-russe, car l'alliance fut malmené durant la précédente décennie.(d'où les prises de positions en 1912 et 1913) A partir de là les allemands assument pleinement que le conflit peut dégénérer (c'est pour cela qu'ils parlent de "localisation du conflit"), car pour les allemands valaient mieux que la guerre éclate maintenant au moment ou ils pensaient être plus fort que la Russie et la France comme le souligne si bien les propos de Bethmann Hollweg "le moment actuel, si favorable". Mais en Juillet 1914 ont été arrivé à un tel point que l'Empire Russe ne pouvait plus reculer face aux autrichien, et aux français de se dérober de son alliance avec la première.La crise bosniaque a quand même pour origine un raté énorme de la diplomatie russe qui a proposée elle-même l’annexion à l’Autriche avant de se rétracter une fois le processus déclenché !!L’origine profonde de l’annexion tient aux accords signés entre la Russie, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie et qui prévoient la possibilité pour cette dernière de procéder à l’annexion de ces territoires ( qu’elle occupe suite au congrès de Berlin qui met un terme aux conflits russo-turcs du XIXiè siècle ) quand elle le désire.En 1914, les autrichiens non plus ne peuvent plus reculer face aux serbes et l’Allemagne ne peut non plus se dérober à son alliance non plus.Mais la cause réelle du conflit tient au déclenchement des guerres balkaniques à l’instigation totale de la Russie, de la Serbie et de la Bulgarie qui en plus ont pleinement conscience du risque de conflit généralisé.C’est d’ailleurs là où se situe la principale faute française puisque avertie avant le déclenchement de la guerre de l’accord et en ayant parfaitement compris que ce traité visait à déclencher une guerre, la France donne un chèque en blanc à ses alliés russes et serbes ( la Bulgarie, alliée traditionnel de la Russie, changera de camp suite à la deuxième guerre balkanique en 1913 ).La Russie est parmi les grandes puissances la plus fautive et de très loin : à la différence de l’Autriche qui agit en position défensive ( la Serbe vise quand même à son démantèlement ) et qui vise essentiellement à défendre le statut-quo qui existait avant les guerres balkaniques, la Russie vise explicitement à faire des Balkans sa zone d’influence exclusive par la guerre et à démanteler l’empire Ottoman. - Les allemands soutenaient déjà bien avant les interventions Austro-hongroise dans la région, comme le démontre les incidents de 1909, en dépendait à cela le rapprochement entre l'Empire Allemand et Ottoman. Comme en témoigne le durcissement des relations entre le Royaume-Uni et le Second Reich, l'axe commercial traditionnel est bousculé par la monté en puissance de cette dernière. (voir le projet d'une liaison ferré entre Berlin-Istanbul) De fait, il était devenu essentiel pour les allemands d'avoir via les autrichiens une voie d'accès avec les turcs.Oui mais la France à ce jeu fait pire, elle soutient la politique russe dans les Balkans alors même que celle-ci est ouvertement bellicisteOn peut difficilement reprocher à l’Allemagne de soutenir son allié après qu’il eut été agressé et après avoir refusé l’option guerrière en 1912 et 1913 et absoudre la France au motif que celle-ci soutient son allié ( le même motif que l’Allemagne au final ) quand celui-ci met la région à feu et à sang - Justement vous posez le doigt là ou tout le plan allemand se repose, le plan Schieffen. Dans la logique allemande ils doivent avoir l'initiative et écraser les français et russe en quelques semaines, c'est ici que ce situe la vrai cause du conflit. Menacé par un encerclement les allemands avaient misé toute leur stratégie sur ce plan ... d'où l'enchainement rapide des évènements en fin juillet et début aout 1914. Croyant que la France allait s'effondré au bout de quelque semaine, qu'ainsi l'Angleterre n'aurait pas le temps de protester de l'invasion de la Belgique. Pour ensuite en finir avec les russes.Les plans français et russes ne différent pas du plan Schieffen sur ce qui lui vaut d’être critiqué : l’absence de plan B visant à être flexible.L’ensemble des grandes puissances ( à part la Grande Bretagne et l’Autriche-Hongrie, bon ça laisse l’Allemagne, la France et la Russie ) n’ont que des plans offensifs prévoyant un conflit généralisé. - La mobilisation russe est consécutive du comportement de l'Autriche qui le 28 juillet bombarde Belgrade, tout cela avec le soutien des allemands. On peut bien sur faire attention aux appels à la prudence des allemands (qui étaient d'ordre plus militaire que diplomatique) mais il n'empêche que les allemands assument pleinement l'action de l'Autriche qui sous leurs influence. Encore à ce moment là le conflit n'est pas généralisé, c'est au moment ou le Second Reich décide à son tour de mobiliser, d'envoyer des ultimatum et de déclarer la guerre qui le réelle élément déclencheur de cette déflagration. A noter d'ailleurs que le Second Reich envahit le Luxembourg pour ouvertement menacer la France, et ensuite envoyer un ultimatum à la Belgique.La mobilisation russe est certes consécutive à celle de l’Autriche-Hongrie mais elle diffère dans sa nature.Le plan autrichien mis en œuvre est le plan Balkan qui prévoit le déploiement de 2 armées face à la Serbie ( pour l’envahir ) et 3 en couverture face à l’est ( la Russie ).Le plan russe mis en œuvre prévoit une mobilisation totale face à l’Autriche-Hongrie ET face à l’Allemagne en préalable à une offensive combinée avec la France.Lorsque Nicolas II demande une mobilisation partielle contre la seule Autriche-Hongrie ( un peu comme Guillaume II ), il mortifie ses généraux ( idem pour Guillaume ) et la décision de mobilisation générale intervient en moins de 24 heuresC’est en ça qu’elle est décisive : à partir du moment où une des 3 grandes puissances continentales mobilise, c’est la guerre compte tenu des alliances et plans de celles-ci.Chez Clark, le principal point qui exonère l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne de responsabilités dans le déclenchement du conflit, c’est parce que leur réponse ( militaire, il ne cache pas la volonté austro-allemande de donner une réponse militaire à l’attentat ) est légitime au vu des 10 années passées ( il s’agit de ses 1ière et 2ième partie )Pour ma part, outre ce point avec lequel je suis en accord ( mais j’aurai préféré qu’il approfondisse plus les attentats serbes sur le territoire austro-hongrois ), c’est surtout les responsabilités de 1912 dans la création d’une alliance offensive et belliciste qui me semblent importantes.Les responsabilités russes et serbes ( et bulgares ) sont ainsi évidentes dans le déclenchement des guerres balkaniques qui sont le prélude et la cause principale du déclenchement de la première guerre mondiale.Les responsabilités françaises sont bien moindres car elle n’a pas été à l’origine de cette alliance offensive et belliciste mais elle a donné un chèque en blanc à son allié à cette occasion.Il y a ici une similitude avec le chèque en blanc allemand à l’Autriche-Hongrie mais aussi 2 différences importantes :- Les événements de 1914 et donc le chèque en blanc de 1914 sont la conséquence des événements de 1912- Le chèque en blanc français vient à l’appui d’une politique ouvertement expansionniste et belliciste alors que celui de l’Allemagne vient en appui à une action de légitime défense. Edit: En parlant de Russie que pensez vous du de Alexandre Sumpf, la "Guerre Oublié".Il est sur ma liste de lecture de cette année mais en ce moment je suis sur Hamilton et Herwig « The Origins of World War I » et « War Planning 1914 » qui sont en fait des recueils de textes ( un par pays et des thématiques en introduction ) sur le sujet.Bizarrement j’ai vu un livre quasiment du même nom que celui de Sumpf et du même sujet sorti récemment aux USA : une traduction ou le hasard ? Modifié le 13 mars 2015 par loki 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
funcky billy II Posté(e) le 14 mars 2015 Share Posté(e) le 14 mars 2015 Je me permets juste de passer en coup de vent pour vous demander vos lumières sur un point de ce livre (par ailleurs très intéressant, même s'il génèrent les débats évoqués sur ce fil) que j'ai eu du mal à saisir. Je trouve Clark assez nébuleux sur le processus d'entrée en guerre de la Grande-Bretagne (mais bon, j'ai souvent moi-même des difficultés de compréhension). On a le sentiment que Grey (le patron du Foreign Office) prend des engagements auprès des Français que rien n'oblige la Grande-Bretagne à tenir (dans la mesure où l'intervention directe sur le continent va bien au dela des traités signés) mais qui sont finalement tenus pour des raisons qui m'ont échappées. Parce que des tas de raisons objectives existent (flotte allemande...) mais j'ai eu l'impression de ne pas comprendre vraiment comment ça se passait entre le moment de flottement et le moment du "en fait on y va" où le parlement donne le feu vert. Est-ce qu'il y avait vraiment un risque que les Français se retrouvent seuls en France en août 14? Merci beaucoup. ^-^ Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
loki Posté(e) le 14 mars 2015 Auteur Share Posté(e) le 14 mars 2015 Si on suit Clark, c'est presque un miracle que la Grande Bretagne soit rentrée en guerre : sa position initiale semble ( selon Clark bien sur ) d'avoir choisi la neutralité et la décision de l'entrée en guerre aurait été prise in-extremisA compléter avec d'autres lectures bien sur 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
licinius Posté(e) le 15 mars 2015 Share Posté(e) le 15 mars 2015 Je vais laisser le fil encore quelques jours sur Clark avant de passer à une autre fiche ( "Soviet casualties and combat losses" de G.F Krivosheev ) J'ai hate de lire votre opinion sur cet ouvrage que je possède également. Il a été abondamment commenté sur Axis forum mais bien malin qui pourrait donner une estimation parfaite des pertes russes. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
loki Posté(e) le 15 mars 2015 Auteur Share Posté(e) le 15 mars 2015 C'est un livre que j'ai acheté il y a 10 ans et que j'utilise toutes les semaines ou presqueMalgré quelques défauts ( ne le cachons pas ), c'est un livre que j'adoreJ'attends encore quelques jours avant de livrer la fiche pour ne pas mélanger les différentes fiches Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 16 mars 2015 Share Posté(e) le 16 mars 2015 (modifié) Sur le sujet du déclenchement de la Première Guerre Mondiale, je recommande chaudement "Le Dernier Été de l'Europe" de David Fromkin, que je suis en train de relire. Excellente présentation du contexte général, des événements et de leur enchaînement jour après jour du 28 juin au 4 août 1914, et véritable "enquête policière" pour dégager la réponse à cette question de qui a déclenché la guerre. Ce qui n'épuise naturellement pas la question de ses origines plus ou moins lointaines - des différentes tendances sous-jacentes, à diverses échelles de temps, qui ont pu créer la situation où quelqu'un pouvait prendre la décision - mais me semble répondre de manière convaincante à la question du "qui a déclenché". C'est peu dire que les conclusions sont différentes de celles du livre de Clark. :) Je n'ai pas le temps de pondre le véritable pavé qui serait nécessaire pour ne serait-ce que résumer les principaux points saillants du livre, désolé. Je poste juste la notice qui permet seulement de comprendre quelle est la conclusion. L'affaire des origines de la Première Guerre mondiale semble depuis longtemps entendue: conflit entre puissances impérialistes occidentales, qui rivalisent pour le partage du monde, précipité par une suite d'événements où le hasard et les passions nationalistes ont leur part. Le livre de David Fromkin, appuyé sur une exploitation minutieuse d'archives inédites, ruine cette thèse : il montre que tout, dans cette catastrophe, fut prémédité. La désinformation, la manipulation furent cyniquement mises au service d'objectifs de guerre délibérés. Seulement, ce n'était pas un, mais deux conflits qui se préparaient : les Autrichiens souhaitaient ramener la Serbie dans le giron de l'empire, tandis que l'Allemagne voulait la guerre avec la Russie et la France. Rivaux mais alliés, les deux empires ont cru pouvoir faire converger leurs efforts et mener chacun leur propre guerre. Aussi déclenchèrent-ils l'apocalypse qui devait inaugurer un nouveau siècle. Ecrit d'une plume alerte, cet ouvrage d'un historien reconnu se lit comme un véritable roman qui tient le lecteur en haleine du début à la fin. Modifié le 16 mars 2015 par Alexis Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
loki Posté(e) le 17 mars 2015 Auteur Share Posté(e) le 17 mars 2015 Effectivement les conclusions diffèrent de façon totale du livre de Clark ( mais aussi de celles de l'historiographie classique )Par contre, il me semble que le livre est épuisé : dans mes recherches sur les livres explicitant les causes ( c'est l'un de mes axes de lecture pour les 2/3 années à venir avec Barbrossa en 1941 ) de la 1ière GM, je ne l'ai pas trouvé à un prix raisonnable Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 17 mars 2015 Share Posté(e) le 17 mars 2015 Par contre, il me semble que le livre est épuisé : dans mes recherches sur les livres explicitant les causes ( c'est l'un de mes axes de lecture pour les 2/3 années à venir avec Barbrossa en 1941 ) de la 1ière GM, je ne l'ai pas trouvé à un prix raisonnable De fait... je n'étais pas conscient qu'il était devenu difficile à trouver. Il semble qu'il en existe actuellement un exemplaire papier en français à la Fnac. D'autre part, l'original en anglais est disponible au téléchargement, pour la moitié du prix papier. Le sujet est intéressant et j'essaierai de trouver le temps d'en faire un résumé... mais je ne peux m'engager sur aucun délai :( Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
loki Posté(e) le 28 mars 2015 Auteur Share Posté(e) le 28 mars 2015 "Soviet casualties and combat losses in the twentieth century" de G.F Krivosheev ( colonel général de l'armée rouge )Voilà un livre ancien ( publié en 1993 en Russe et en 1997 en Anglais ) pour la première version ( la seconde n'est sortie qu'en Russie et n'a jamais été traduite malgré ses apports majeurs à la compréhension du second conflit mondial ) mais qui a presque révolutionné notre connaissance du second conflit mondial : sans ce livre, les ouvrages de Glantz ( ou de Lopez ) sortis dans les années 90 n'auraient pas été les mêmesIl est à noter d'abord que ce livre retrace l'intégralité des conflits où l'URSS a été engagée durant le XXième siècle :- Chapitre 1 : la guerre civile- Chapitre 2 : la période entre les 2 conflits mondiaux- Chapitre 3 : la grande guerre patriotique ( 1941-1945 )- Chapitre 4 : les missions d'assistances aux autres pays ( Hongrie, Afghanistan etc ) et les conflits frontaliers ( contre la Chine )Le livre est en fait une gigantesque annexe présentant les pertes ( tués, blessés, disparus, malades ) de l'armée rouge dans son histoire ( le livre par un hasard extraordinaire sort au moment où l'armée rouge disparaît dans sa version communiste )Toutefois, le cœur du livre ( 198 pages sur 290 ) est constitué de la grande guerre patriotique qui s'étend de juin 1941 à septembre 1945Là le livre touche au sublime et offre au lecteur des données essentielles pour l'étude du "front de l'Est" :- statistiques globales ou/et par trimestres sur le conflit : pertes en tués, disparus, malades, blessés / effectifs mobilisés, effectifs moyens au front etc- pertes sur 43 opérations "simples" ( comprendre menées par un seul front ) mais là il s'agit d'une liste non exhaustive- effectifs ( en hommes et en grandes unités ) et pertes humaines sur l'ensemble des opérations stratégiques ( comprendre multi-fronts ) du conflit contre l'Allemagne ( et le Japon ) ( avec un rapide résumé très "soviétique" de l'opération )- pertes détaillées par front et par année ( détaillées par grades ) de l'ensemble des fronts ( et armées indépendantes ) ayant combattu ( on rappelle qu'un front soviétique correspond à un groupe d'armée occidental )- pertes de la marine- pertes ( à partir de 1943 ) par arme ( infanterie, arme blindée, artillerie, aviation etc )- pertes en officiers- diverses statistiques ( prisonniers etc )- armes et équipements : productions ( et stocks présents à différentes dates y compris stocks déployés dans les fronts ) et pertes en matériels militaires ainsi que les spécifications des principaux matériels utilisés- pertes matérielles par opération stratégique- pertes ennemies ( les chiffres semblent très surévalués )Le livre n'est pas parfait :- certaines opérations stratégiques ( des échecs comme Mars en novembre/décembre 1942 ) ont été omises- les pertes dans les opérations défensives semblent parfois ( Moscou, Koursk ? par exemple ) sous-évaluées- la description des opérations et conflits est très soviétique ( la Finlande est ainsi responsable du conflit en 1939 !! lol )Mais malgré tout l'ampleur des données fournies est de tout premier ordre et à ce jour n'a pas été dépasséPar contre, le livre implique de connaître déjà bien le "front de l'Est" et pour bénéficier de toutes les données du livre le lecteur devra s'impliquer et retravailler les statistiquesAu final il s'agit plus d'un livre pour historiens que grand public.J'ai adoré ce livre qui reste l'un de ceux que j'utilise le plus souvent 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
loki Posté(e) le 10 avril 2015 Auteur Share Posté(e) le 10 avril 2015 "Moscow to Stalingrad" de Earl f. Ziemke et Magna Bauer ( redevenu disponible en version Kindle pour 2.77 ou 1.61 € !! )Un grand classique qui date de 30 ans mais qui n'a ( presque ) pas pris une rideDans cet ouvrage massif de près de 600 pages, les 2 auteurs explorent "l'année décisive" de la seconde guerre ( de octobre 141 à décembre 1942 ) sur le front germano-soviétique.La quasi-intégralité des batailles est étudiée :- Moscou ( phases défensives et offensives ) de octobre 1941 à décembre 1941- la "grande" offensive d'hiver soviétique : bataille de Rzhev-Viazma- les bataille d'été et d'automne au centre : 2iè et 3iè ( opération Mars ) bataille de Rzhev- l'offensive allemande au centre : opération Wilderbind- les affrontements ans le nord ( offensive de tikhvin, siège de Leningrad et les offensives pour le lever, siège de Demiansk )- les affrontements dans le grand nord ( Finlande et arctique )- les affrontements dans le sud : Crimée, Rostov et première bataille de Karkhov- la deuxième bataille de Karkhov )- opération "blau"- les opérations dans le Caucase- la contre-offensive soviétique à Stalingrad et la tentative de contre-attaque allemandeLe niveau d'étude est plus élevé côté allemand où les sources utilisées sont souvent primaires ( journaux des grandes unités )Côté soviétique, les auteurs utilisent les sources secondaires qui étaient disponibles il y a 30 ans ( ça a été depuis retravaillé et revu par Glantz )Le livre présente donc plutôt une vision allemande de ces opérations mais en y intégrant ce qui était alors connu de l'historiographie soviétiqueIl y a de nombreuses cartes mais le niveau de détail est plutôt armée/corps d'armée que divisionL'étude présente plutôt une vision de la guerre vue des états majors et des groupes d'armées ( à la limite des armées ) mais pas du combattant ni celui des échelons "bas" ( divisions/corps d'armées )Pour ma part, j'ai adoré 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
loki Posté(e) le 10 avril 2015 Auteur Share Posté(e) le 10 avril 2015 De fait... je n'étais pas conscient qu'il était devenu difficile à trouver. Il semble qu'il en existe actuellement un exemplaire papier en français à la Fnac. D'autre part, l'original en anglais est disponible au téléchargement, pour la moitié du prix papier.Le livre ( en anglais ) est redevenu disponible y compris en version kindle Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
loki Posté(e) le 7 janvier 2017 Auteur Share Posté(e) le 7 janvier 2017 (modifié) A propos des origines de la 1ière GM et en particulier du livre de Clark : http://ehr.oxfordjournals.org/content/129/538/639.full#xref-fn-28-1 En complément une fiche de lecture par l'historien Hew Strachan de l'ouvrage de Stéfan Schmidt sur la politique étrangère de la France ( ouvrage non traduit à ce jour en français ou en anglais ) : http://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0968344512461778d L'avis d'un panel d'historiens : http://www.bbc.com/news/magazine-26048324 World War One: 10 interpretations of who started WW1 12 February 2014 Here 10 leading historians give their opinion. Sir Max Hastings - military historian Germany No one nation deserves all responsibility for the outbreak of war, but Germany seems to me to deserve most. It alone had power to halt the descent to disaster at any time in July 1914 by withdrawing its "blank cheque" which offered support to Austria for its invasion of Serbia. I'm afraid I am unconvinced by the argument that Serbia was a rogue state which deserved its nemesis at Austria's hands. And I do not believe Russia wanted a European war in 1914 - its leaders knew that it would have been in a far stronger position to fight two years later, having completed its rearmament programme. The question of whether Britain was obliged to join the European conflict which became inevitable by 1 August is almost a separate issue. In my own view neutrality was not a credible option because a Germany victorious on the continent would never afterwards have accommodated a Britain which still dominated the oceans and global financial system. Sir Richard J Evans - Regius professor of history, University of Cambridge Serbia Serbia bore the greatest responsibility for the outbreak of WW1. Serbian nationalism and expansionism were profoundly disruptive forces and Serbian backing for the Black Hand terrorists was extraordinarily irresponsible. Austria-Hungary bore only slightly less responsibility for its panic over-reaction to the assassination of the heir to the Habsburg throne. France encouraged Russia's aggressiveness towards Austria-Hungary and Germany encouraged Austrian intransigence. Britain failed to mediate as it had done in the previous Balkan crisis out of fear of Germany's European and global ambitions - a fear that was not entirely rational since Britain had clearly won the naval arms race by 1910. The generally positive attitude of European statesmen towards war, based on notions of honour, expectations of a swift victory, and ideas of social Darwinism, was perhaps the most important conditioning factor. It is very important to look at the outbreak of the war in the round and to avoid reading back later developments - the German September Programme for example (an early statement of their war aims) - into the events of July-August 1914. Dr Heather Jones - associate professor in international history, LSE Austria-Hungary, Germany and Russia A handful of bellicose political and military decision-makers in Austria-Hungary, Germany and Russia caused WW1. Relatively common before 1914, assassinations of royal figures did not normally result in war. But Austria-Hungary's military hawks - principal culprits for the conflict - saw the Sarajevo assassination of the Austro-Hungarian Archduke Franz Ferdinand and his wife by a Bosnian Serb as an excuse to conquer and destroy Serbia, an unstable neighbour which sought to expand beyond its borders into Austro-Hungarian territories. Serbia, exhausted by the two Balkan wars of 1912-13 in which it had played a major role, did not want war in 1914. Broader European war ensued because German political and military figures egged on Austria-Hungary, Germany's ally, to attack Serbia. This alarmed Russia, Serbia's supporter, which put its armies on a war footing before all options for peace had been fully exhausted. This frightened Germany into pre-emptively declaring war on Russia and on Russia's ally France and launching a brutal invasion, partly via Belgium, thereby bringing in Britain, a defender of Belgian neutrality and supporter of France. John Rohl - emeritus professor of history, University of Sussex Austria-Hungary and Germany WW1 did not break out by accident or because diplomacy failed. It broke out as the result of a conspiracy between the governments of imperial Germany and Austria-Hungary to bring about war, albeit in the hope that Britain would stay out. After 25 years of domination by Kaiser Wilhelm II with his angry, autocratic and militaristic personality, his belief in the clairvoyance of all crowned heads, his disdain for diplomats and his conviction that his Germanic God had predestined him to lead his country to greatness, the 20 or so men he had appointed to decide the policy of the Reich opted for war in 1914 in what they deemed to be favourable circumstances. Germany's military and naval leaders, the predominant influence at court, shared a devil-may-care militarism that held war to be inevitable, time to be running out, and - like their Austrian counterparts - believed it would be better to go down fighting than to go on tolerating what they regarded as the humiliating status quo. In the spring of 1914, this small group of men in Berlin decided to make "the leap into the dark" which they knew their support for an Austrian attack on Serbia would almost certainly entail. The fine-tuning of the crisis was left to the civilian chancellor Theobald von Bethmann Hollweg, whose primary aim was to subvert diplomatic intervention in order to begin the war under the most favourable conditions possible. In particular, he wanted to convince his own people that Germany was under attack and to keep Britain out of the conflict. Gerhard Hirschfeld - professor of modern and contemporary history, University of Stuttgart Austria-Hungary, Germany, Russia, France, Britain and Serbia Long before the outbreak of hostilities Prussian-German conservative elites were convinced that a European war would help to fulfil Germany's ambitions for colonies and for military as well as political prestige in the world. The actual decision to go to war over a relatively minor international crisis like the Sarajevo murder, however, resulted from a fatal mixture of political misjudgement, fear of loss of prestige and stubborn commitments on all sides of a very complicated system of military and political alliances of European states. In contrast to the historian Fritz Fischer who saw German war aims - in particular the infamous September Programme of 1914 with its far-reaching economic and territorial demands - at the core of the German government's decision to go to war, most historians nowadays dismiss this interpretation as being far too narrow. They tend to place German war aims, or incidentally all other belligerent nations' war aims, in the context of military events and political developments during the war. Dr Annika Mombauer - The Open University Austria-Hungary and Germany Whole libraries have been filled with the riddle of 1914. Was the war an accident or design, inevitable or planned, caused by sleepwalkers or arsonists? To my mind the war was no accident and it could have been avoided in July 1914. In Vienna the government and military leaders wanted a war against Serbia. The immediate reaction to the murder of Franz Ferdinand on 28 June 1914 was to seek redress from Serbia, which was thought to have been behind the assassination plot and which had been threatening Austria-Hungary's standing in the Balkans for some time. Crucially, a diplomatic victory was considered worthless and "odious". At the beginning of July, Austria's decision-makers chose war. But in order to implement their war against Serbia they needed support from their main ally Germany. Without Germany, their decision to fight against Serbia could not have been implemented. The Berlin government issued a "blank cheque" to its ally, promising unconditional support and putting pressure on Vienna to seize this golden opportunity. Both governments knew it was almost certain that Russia would come to Serbia's aid and this would turn a local war into a European one, but they were willing to take this risk. Germany's guarantee made it possible for Vienna to proceed with its plans - a "no" from Berlin would have stopped the crisis in its tracks. With some delay Vienna presented an ultimatum to Serbia on 23 July which was deliberately unacceptable. This was because Austria-Hungary was bent on a war and Germany encouraged it because the opportunity seemed perfect. Victory still seemed possible whereas in a few years' time Russia and France would have become invincible. Out of a mixture of desperation and over-confidence the decision-makers of Austria-Hungary and Germany unleashed a war to preserve and expand their empires. The war that ensued would be their downfall. Sean McMeekin - assistant professor of history at Koc University, Istanbul Austria-Hungary, Germany, Russia, France, Britain and Serbia It is human nature to seek simple, satisfying answers, which is why the German war guilt thesis endures today. Without Berlin's encouragement of a strong Austro-Hungarian line against Serbia after Sarajevo - the "blank cheque" - WW1 would clearly not have broken out. So Germany does bear responsibility. But it is equally true that absent a terrorist plot launched in Belgrade the Germans and Austrians would not have faced this terrible choice. Civilian leaders in both Berlin and Vienna tried to "localise" conflict in the Balkans. It was Russia's decision - after Petersburg received its own "blank cheque" from Paris - to Europeanise the Austro-Serbian showdown which produced first a European and then - following Britain's entry - world conflagration. Russia, not Germany, mobilised first. The resulting war, with France and Britain backing Serbia and Russia against two Central Powers, was Russia's desired outcome, not Germany's. Still, none of the powers can escape blame. All five Great Power belligerents, along with Serbia, unleashed Armageddon. Prof Gary Sheffield - professor of war studies, University of Wolverhampton Austria-Hungary and Germany The war was started by the leaders of Germany and Austria-Hungary. Vienna seized the opportunity presented by the assassination of the archduke to attempt to destroy its Balkan rival Serbia. This was done in the full knowledge that Serbia's protector Russia was unlikely to stand by and this might lead to a general European war. Germany gave Austria unconditional support in its actions, again fully aware of the likely consequences. Germany sought to break up the French-Russian alliance and was fully prepared to take the risk that this would bring about a major war. Some in the German elite welcomed the prospect of beginning an expansionist war of conquest. The response of Russia, France and later Britain were reactive and defensive. The best that can be said of German and Austrian leaders in the July crisis is that they took criminal risks with world peace. Dr Catriona Pennell - senior lecturer in history, University of Exeter Austria-Hungary and Germany In my opinion, it is the political and diplomatic decision-makers in Germany and Austria-Hungary who must carry the burden of responsibility for expanding a localised Balkan conflict into a European and, eventually, global war. Germany, suffering from something of a "younger child" complex in the family of European empires, saw an opportunity to reconfigure the balance of power in their favour via an aggressive war of conquest. On 5 July 1914 it issued the "blank cheque" of unconditional support to the crumbling Austro-Hungarian Empire (trying to reassert its dominance over the rebellious Serbia), despite the likelihood of this sparking war with Russia, an ally of France and Great Britain. However, Austria-Hungary's actions should not be ignored. The ultimatum it issued to Serbia on 23 July was composed in such a way that its possibility of being accepted was near impossible. Serbia's rejection paved the way for Austria-Hungary to declare war on 28 July, thus beginning WW1. David Stevenson - professor of international history, LSE Germany The largest share of responsibility lies with the German government. Germany's rulers made possible a Balkan war by urging Austria-Hungary to invade Serbia, well understanding that such a conflict might escalate. Without German backing it is unlikely that Austria-Hungary would have acted so drastically. They also started wider European hostilities by sending ultimata to Russia and France, and by declaring war when those ultimata were rejected - indeed fabricating a pretext that French aircraft had bombed Nuremberg. Finally, they violated international treaties by invading Luxemburg and Belgium knowing that the latter violation was virtually certain to bring in Britain. This is neither to deny that there were mitigating circumstances nor to contend that German responsibility was sole. Serbia subjected Austria-Hungary to extraordinary provocation and two sides were needed for armed conflict. Although the Central Powers took the initiative, the Russian government, with French encouragement, was willing to respond. In contrast, while Britain might have helped avert hostilities by clarifying its position earlier, this responsibility - even disregarding the domestic political obstacles to an alternative course - was passive rather than active. Modifié le 7 janvier 2017 par loki 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
loki Posté(e) le 2 juillet 2017 Auteur Share Posté(e) le 2 juillet 2017 Christopher Clark explique un peu ( et en anglais ) on concept de scénario balkanique ( minutes 25 à 28 ) : 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 20 août 2017 Share Posté(e) le 20 août 2017 (modifié) Le 12/2/2015 à 22:46, loki a dit : Cette double politique prudente prend fin avec l’arrivée de Poincaré au pouvoir : celui-ci accepte dorénavant de soutenir diplomatiquement et militairement toute aventure russe dans les Balkans alors même que le traité d’alliance russo-bulgaro-russe ( qu’il connait ) prévoit le déclenchement d’une guerre offensive localisée à l’empire ottoman et la possibilité d’extension de ce conflit à l’Autriche-Hongrie. C’est l’occasion pour Poincaré ( et les militaires français ? ) d’imaginer un scénario de guerre idéale où l’empire austro-hongrois serait empêtré dans les Balkans laissant son allié seul face aux forces combinées de la Russie et de la France. https://www.franceculture.fr/emissions/lesprit-public/raymond-poincare (20 août 2017) Émission avec Georges Valance, auteur d'une biographie de Poincaré. À partir de 25:00 la question porte sur Christopher Clarke. "Poincaré-la-guerre" est un slogan issu de la propagande bolchévique de 1922, lorsque les Bolchéviques soutiennent l'Allemagne contre la France dans le contentieux sur les réparations de guerre. Lorsqu'il rentre de Russie, Poincaré écrit au roi d'Angleterre pour que l'Angleterre s'engage à soutenir ses alliés, ce qui aurait eu un effet dissuasif, "seule chance de sauver la paix". 29:46 Valance : "si jamais on paraissait lâcher les Russes, eh bien les Russes nous lâchaient, on était seuls". http://storiavoce.com/poincare-le-monarque-sans-couronne/ (10 juin 2017) 32:35 Valance : "il n'est pas responsable de la guerre : il a tout fait pour l'éviter". 39:53 "En 13 (à la conférence de Londres), la France et l'Allemagne ensemble ont su éviter la guerre, et en 14, il y avait le même espoir" (...) "il faut se dire que même s'il était germanophobe, il ne pouvait pas vouloir la guerre en 14, parce qu'il avait un rapport sur l'état de l'armée française, qui était bien inférieure à l'armée allemande notamment en termes d'artillerie, etc." (...) "La Russie n'était pas prête. Personne n'était prêt en 14, sauf l'Allemagne". 41:10 "Ils [les Allemands] étaient persuadés qu'à un certain moment la Russie deviendrait imbattable et qu'il fallait, pour eux, faire la guerre avant que la Russie ne devienne imbattable". Modifié le 20 août 2017 par Wallaby 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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