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État de l'Éducation Nationale


Invité ZedroS

Messages recommandés

Il y a 23 heures, elannion a dit :

mauvais. Que les travaux ont été récent et que cette problématique de fortes chaleurs n'aient pas du tout été pris en compte...

 

Autant tu as un vieux bâtiment construit au début du XX siècle avec d'énormes façades en verre tu le comprends, les projets plus récents c'est n'importe quoi.

 

Oui mais l'architecte et le maire trouvait ça sexy puis c'est bien pour l'économie de chauffage l'hiver... Le chauffage c'est l'obsession des collectivités locales.

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Il faut comprendre que la France est un pays qui lague à mort ... ou tout ce qui est normatif est très lent à mettre en place, arrive après la guerre, et perdure alors que la situation à changé depuis longtemps.

Encore aujourd'hui dans les grands ERP des collectivité locale ... la seul chose qui inquiète vraiment l'opérateur final c'est combien ca va me couter à chauffer. Le reste c'est après la dernière roue du carrosse. Il y a une raison a cela. Les collectivités locales vivent au dessus de leur moyen. Et pour être réélu il faut vendre du rêve. Donc on propose un truc super beau sur les plaquette de propagande ... et tant pis si le truc est tout foireux à la fin, de toutes façons l’immense majorité des votants ne l'utiliseront pas.

Les enfants ne votent pas. Les asso/club qui les utilise ferment leur gueule parce qu'elles vivent des subventions des collectivité local, et que sans les structures sportive elle n'auraient jamais existé. Les adhérents des assos ferment leur gueule parce que si l'asso devait payer tout ce qu'elle consomme la cotisation passera de 200 balles à 800 balles etc. etc.

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Pour le résidentiel c'est pareil ... les aides de l'état, ou les incitation, concerne essentiellement les probleme hivernaux, chauffage et isolation au froid. Mais absolument rien ne concerne la chaleur en été - sauf ceux qui se font sponsoriser leur pompe à chaleur pour chauffer la piscine :bloblaugh: -.

Ma prime renov' ne finance pas l'achat de brise-soleil, de climatisation haute performance, la végétalisation de la facade sud etc.

Et normativement parlant il me semble que les volets ne sont toujours obligatoire que dans les pieces de vie ... en gros aujourd'hui on peut toujours proposer en neuf à la vente des habitation donc la facade plein sud possède plusieurs grande fenêtre sans volet, parce qu'elles donnent dans un salle de bains, une circulation, un grenier etc.

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Il y a 9 heures, g4lly a dit :

Oui mais l'architecte et le maire trouvait ça sexy puis c'est bien pour l'économie de chauffage l'hiver... Le chauffage c'est l'obsession des collectivités locales.

Le problème c'est que l'architecte ici a vendu le bâtiment comme autorégulant et bioclimatique 

En gros il a dit pas de problème peu importe la saison .... À lui de nous expliquer pourquoi ça marche pas

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Il y a 14 heures, clem200 a dit :

Le problème c'est que l'architecte ici a vendu le bâtiment comme autorégulant et bioclimatique 

En gros il a dit pas de problème peu importe la saison .... À lui de nous expliquer pourquoi ça marche pas

Bioclimatique ca ne veut rien dire en pratique ... c'est un terme marketting meme en Allemagne.

Autorégulant ... aucune idée un truc qu'il a du inventé en réunion ne sachant pas quoi répondre.

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Dans la veine des articles américains que j'ai indiqués page 3 de ce fil [1], une enseignante d'hypokhâgne, en France, fait les mêmes constats :

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/aujourd-hui-les-eleves-qui-arrivent-en-prepa-litteraire-n-ont-presque-rien-lu-20250704

« Aujourd’hui, les élèves qui arrivent en prépa littéraire ont très peu lu »

C’est par ailleurs une génération qui, en plus de ne pas savoir penser par elle-même, a souvent des difficultés surprenantes de mémorisation. Beaucoup d’élèves ne savent plus apprendre par cœur, leur mémoire n’ayant pas été suffisamment exercée dans les petites classes et le secondaire, a fortiori à une époque où internet dévalorise la mémoire interne au profit d’une externalisation du savoir, sans parler des trop nombreux exercices de recherche sur internet ou d’exposés que demandent certains enseignants, au détriment de contrôles plus traditionnels de connaissances ou de cours vraiment magistraux. Pourquoi « intégrer » des savoirs ou des textes qui me structurent quand la machine le fait déjà si bien pour moi ?

[1] https://forum.air-defense.net/topic/4395-état-de-léducation-nationale/page/3/#comment-1753993

 

Modifié par Wallaby
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Le 30/06/2025 à 14:12, g4lly a dit :

Parce que ce que subissent les gamin à la maternelle on le fait subir aussi aux doctorants.

 

Et aux fonctionnaires, et aux militaires, et aux chercheurs...et au reste des professions publiques et parapubliques. 

Tu dois connaitre mieux que moi le delta sur les indicateurs de DPE, équipement, etc, entre les bâtiments privés à usage professionnel et les bâtiments publics dédiés au tertiaire (rien que les chiffres sur Operat sont...intéressants).

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il y a 1 minute, LetMePickThat a dit :

Et aux fonctionnaires, et aux militaires, et aux chercheurs...et au reste des professions publiques et parapubliques. Tu dois connaitre mieux que moi le delta sur les indicateurs de DPE, équipement, etc, entre les bâtiments privés à usage professionnel et les bâtiments publics dédiés au tertiaire (rien que les chiffres sur Operat sont...intéressants).

En même temps dans le "privé" si tu n'as pas des conditions de travail potable tu ne trouves plus personne à embaucher c'est aussi simple que ca. Comme tu ne peux pas doper outre mesure les salaires pour demeurer un minimum attractif, autant retenir avec des conditions de travail agréable, ce qui ne coute pas bien cher en plus.

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  • 1 month later...


https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2025/08/18/l-ia-mes-etudiants-et-moi-le-semestre-passe-constitue-la-pire-experience-de-ma-vie-d-enseignant_6631513_3451060.html

L’IA, mes étudiants et moi : « Le semestre passé constitue la pire expérience de ma vie d’enseignant »

« Lettres d’Amérique » (1/6). L’écrivain et journaliste Thomas Chatterton Williams s’alarme de l’omniprésence de l’intelligence artificielle à l’université, qui met, selon lui, en péril des fondements mêmes de l’éducation et notre capacité à réfléchir.

Depuis trois ans, j’enseigne au sein d’un liberal arts college, niché sur les berges du fleuve Hudson, à deux heures de route au nord de Manhattan, dans l’Etat de New York. Chaque année, de janvier à juin, j’y assure deux séminaires dans un cadre de carte postale.

Dans le premier cours, je propose à mes étudiants un panorama de la pensée noire aux Etats-Unis et, dans le second, nous examinons en détail certains textes-clés de l’écrivain français qui a le plus d’importance pour moi : Albert Camus. Ce séminaire-là, mené en anglais, commence par l’étude de L’Etranger – en douceur, si l’on peut dire. Nous nous attaquons ensuite au Mythe de Sisyphe, puis à La Peste, avant de batailler avec L’Homme révolté, lors des ultimes séances. Ce dernier essai est extrêmement difficile d’accès pour la génération actuelle, dépourvue de repères par rapport aux régimes sanguinaires du XXe siècle que dénonce Camus (qu’ils soient fascistes ou communistes) et totalement démunie face aux références classiques mobilisées par l’ouvrage, qu’elles soient littéraires ou bibliques – dans l’esprit de l’auteur, son lectorat les maîtriserait forcément.

Ce problème n’est pas propre à mon établissement. Même les universités les plus prestigieuses des Etats-Unis, qui exigeaient autrefois que les étudiants sachent lire et écrire le latin et le grec, ont considérablement revu leurs exigences à la baisse. Par exemple, les étudiants qui veulent intégrer Columbia, à New York, peuvent évoquer les podcasts qu’ils écoutent dans leurs dossiers de candidature. Plus besoin de se vanter, tel l’écrivain et essayiste américain d’origine ghanéenne W. E. B. Du Bois il y a un siècle, d’avancer « bras dessus bras dessous avec Balzac et Dumas ». Les établissements les plus réputés se contenteraient sans doute d’un nom comme celui de Joe Rogan, podcasteur et commentateur d’arts martiaux.

Comme je l’explique lors du premier cours, il n’est pas rédhibitoire de n’avoir aucune connaissance sur Nietzsche, Saint-Just ou Dostoïevski. Même ignorer qui est Caïn, Abel ou Prométhée n’est pas un obstacle insurmontable, quoique ce soit un peu plus inquiétant. Pour valider le séminaire, le seul impératif est de fournir un effort intellectuel sincère et soutenu. Les étudiants doivent assister à chaque séance, lire les textes du corpus, participer en classe et rendre quelques devoirs écrits faisant preuve de leurs compétences : voilà les clauses du contrat qu’étudiants et enseignants ratifient ensemble.

Disruption généralisée

Or l’enjeu des rendus écrits a été radicalement vidé de son sens par l’irruption de l’intelligence artificielle. En à peine trois ans d’enseignement, j’ai pu voir combien cette technique a profondément bouleversé les notions d’auteur et de plagiat, et jusqu’à l’idée même de réflexion personnelle. Tant et si bien que, désormais, la seule manière pour moi d’accorder du crédit à des travaux d’étudiants est de les voir coucher leurs idées sur le papier de mes propres yeux.

OpenAI a lancé ChatGPT à l’attaque de la planète en novembre 2022, deux mois avant mon premier cours. Un ou deux étudiants essayèrent maladroitement de faire passer pour personnels des devoirs écrits par des intelligences artificielles génératives – pensant, de façon presque attendrissante, que je n’y verrais que du feu. Mais la fraude était assez facile à détecter, et la sanction fut immédiate et sévère.

A l’été 2023, et en l’absence de procédures claires à l’échelle des institutions – dans les universités et même dans les établissements d’enseignement secondaire –, personne n’était préparé à l’ampleur monumentale qu’allait prendre cette disruption généralisée.

A mesure que la technologie s’immisçait dans nos existences, je vis exploser le nombre d’étudiants qui tentaient de valider mes séminaires en rendant des devoirs intégralement factices ou, de façon plus sophistiquée, en mêlant cette pseudo-écriture générée par l’IA à leurs propres phrases. Le semestre qui vient de s’achever en juin constitue la pire expérience de mon parcours académique, aussi bien en tant qu’étudiant qu’enseignant. J’en viens même à revoir mes positions les plus basiques en ce qui concerne la communication écrite : dans de nombreuses circonstances, je ne suis plus si sûr qu’elle soit utile, ni même souhaitable.

L’omniprésence de l’intelligence artificielle met en péril les fondements mêmes de l’enseignement supérieur. L’effet délétère de Google Maps sur notre sens de l’orientation – nous sommes maintenant nombreux à consulter nos smartphones alors que nous savons quel chemin emprunter – se retrouve dans les conséquences négatives de l’IA sur notre aptitude à bien assimiler et manier les mots ou les idées, compromettant par là même notre capacité à réfléchir. C’est une évolution particulièrement inquiétante. Dans une société violente et plurielle comme celle des Etats-Unis, fondée dès l’origine sur l’autonomie et l’individualisme érigés en vertus, elle laisse le champ libre à la nouvelle forme d’autoritarisme abrutissant qu’incarne Donald Trump.

Dans Phèdre, Platon – par le truchement de Socrate – relate le mythe de l’invention de l’écriture et identifie trois raisons principales au fait de ne pas y voir un progrès. D’abord, il argue que « faire confiance à l’écriture » réduit nos capacités de mémorisation et pousse à la complaisance, en nous rendant dépendants de sources de connaissance extérieures à nous-mêmes ; ce qui a pour résultat « l’apparence de la sagesse », mais non sa réalité. Ensuite le discours écrit étant figé, l’art de la dialectique et ses questions ne peuvent ni le clarifier ni l’affiner : « Il signifie toujours une seule et même chose. » Enfin les textes, à l’instar des tableaux, ne peuvent s’adapter par eux-mêmes aux besoins ou aux compétences de différents publics. « Ecrit, chaque discours roule de droite et de gauche, se lamente Socrate, indifféremment auprès de ceux qui s’y connaissent et, pareillement, auprès de ceux dont ce n’est point l’affaire. »

Revenir à la méthode de Socrate

Je me souviens avoir été confronté à ce dialogue socratique pour la première fois il y a un quart de siècle, dans un cours sur la philosophie grecque dans l’Antiquité. A l’époque, son propos m’avait semblé risible, et même révoltant. Plus je me jetais à corps perdu dans la lecture et l’écriture – jusqu’à décider de bâtir ma vie et ma carrière autour de ces activités jumelles, m’échinant à polir des phrases qui finiraient en articles, essais et ouvrages –, plus ma position à l’extrême opposé de Socrate me paraissait irréfutable.

Loin d’être une « image » sans vie du discours oral, comme le soutient Platon, je tenais pour évident qu’un texte composé avec sérieux, bien édité et corrigé avec soin représentait un pinacle en matière d’accomplissement rhétorique et linguistique. Un livre ou un essai est une invention quasi magique, qui comprime de vastes périodes de temps en l’espace de quelques pages. Ainsi, quelque chose que l’on peut consommer en une poignée d’heures demande des années de labeur – les copies de dix pages sur Camus que mes étudiants ont trois semaines pour rédiger n’exigent que trente minutes de lecture attentive de ma part. Utilisée correctement, l’écriture permet d’exprimer n’importe quel discours ou un argument de la meilleure manière possible.

Ma défense de l’écriture a perdu cette belle assurance. Certes, les auteurs ou journalistes consciencieux continueront à valoriser le fait de réussir à se forger, au prix de grands efforts, une voix, un style, un point de vue personnel, quels que soient les progrès ou les ingérences de l’intelligence artificielle. Mais pour l’immense majorité des étudiants qui n’aspirent pas à gagner leur vie par ces moyens épuisants, tout cela semblera de moins en moins utile et gratifiant – tout comme s’appliquer à faire une division à la main plutôt qu’attraper une calculatrice. Voilà pourquoi j’en suis venu à penser et repenser au plaidoyer multimillénaire de Platon contre l’écriture.

Quand je reprendrai mes séminaires l’année prochaine, je prévois de revenir à la méthode socratique. Les notes finales s’appuieront sur des entretiens individuels en fin de semestre, à l’oral, où les étudiants devront manier ce que le philosophe appelle « le discours de celui qui sait, discours vivant et animé ». En procédant ainsi, je m’épargnerai au moins la pénible et dégradante situation d’avoir à me demander si l’e-mail d’un étudiant s’excusant après avoir été pris à tricher n’est pas, comme son devoir, écrit avec l’aide d’une intelligence artificielle.

Thomas Chatterton Williams

Ecrivain américain vivant entre New York et Paris, il est également journaliste pour The Atlantic et professeur invité au Bard College (Etat de New York). Spécialiste des questions culturelles, il a publié Une soudaine liberté. Identités noires et cultures urbaines (Grasset, 2019), Autoportrait en noir et blanc. Désapprendre l’idée de race (Grasset, 2021) et Summer of Our Discontent (« l’été de notre mécontentement », Knopf, non traduit) à paraître en 2026, chez Grasset.

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Je remets une pièce dans le juke box sur le sujet de la climatisation de nos écoles.

De mon temps (à Pau) les salles de classes n'étaient pas climatisées et par fortes chaleur on ouvrait grand les vitres lors de la fraicheur matinale puis on tirait des rideaux pour tenter de garder au mieux la fraicheur

Mais, au delà du réchauffement climatique, il y a un autre paramètre qui a changé : dans les lycées et nombre de collèges les fenêtres ont depuis  été condamnées pour éviter....les suicides et les défenestrations d'où l'amplification du phénomène...

Modifié par Pakal
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  • 2 months later...

http://lemonde.fr/sciences/article/2025/10/20/comment-la-lecture-stimule-le-cerveau-favorisant-le-developpement-de-la-memoire-et-de-la-creativite_6648282_1650684.html

Comment la lecture « enclenche une véritable symphonie » dans le cerveau

Les neuroscientifiques ont analysé les mécanismes en œuvre et sont unanimes sur les bienfaits de la lecture sur les capacités cognitives. Ils encouragent vivement cette activité dès le plus jeune âge alors que les Français lisent de moins en moins et consacrent sans cesse plus de temps aux écrans.

Trente et une minutes par jour. C’est, en 2025, le temps moyen passé par les Français à lire (ni pour le travail ni pour les études), sur format numérique ou papier. Soit trois heures quarante par semaine. A comparer aux trois heures vingt et une minutes chaque jour devant un écran (hors lecture numérique ou écoute de livres), soit vingt-trois heures vingt-sept minutes hebdomadaires ! Un écart considérable, le temps consacré à la lecture reculant tandis que celui sur écrans n’a cessé de progresser, notamment avec la généralisation des smartphones.

Tel est le constat du baromètre publié en avril par le Centre national du livre (CNL), une enquête réalisée en janvier par Ipsos par téléphone, tous les deux ans, auprès d’un échantillon représentatif de 1 001 Français âgés de 15 ans et plus. « Comme pour toute enquête par sondage, ces données sont déclaratives. Nous supposons que le temps d’écran est en réalité plus important que déclaré, et celui de lecture plus faible », note le CNL. Pour la première fois depuis la création de l’étude en 2015, moins de la moitié (45 %) des Français lisent quotidiennement. Les 50-64 ans, traditionnellement plus gros lecteurs, ne sont pas épargnés non plus.

Les 7-19 ans passent quant à eux dix fois plus de temps sur les écrans qu’à lire chaque jour (trois heures onze minutes, contre dix-neuf minutes de lecture…), selon une autre enquête du CNL, consacrée aux jeunes et publiée en 2024.

Fait inquiétant, même quand les Français lisent, ils sont 27 % à faire autre chose en même temps : envoyer des messages, aller sur les réseaux sociaux… Un phénomène qui touche plus de la moitié (53 %) des jeunes (15-24 ans), qui disent avoir du mal à se concentrer.

L’enquête sur les pratiques culturelles des Français de 15 ans et plus, menée par le ministère de la culture depuis le début des années 1970, va dans le même sens. La part de ceux qui lisent au moins un livre par an en dehors de l’école et du travail est passée de 73 % en 1988 à 62 % en 2018. Le déclin de la lecture étant essentiellement masculin.

Lire la chronique (2025) | Article réservé à nos abonnés « Les Français lisent beaucoup moins, on prédit la mort de la littérature, et tout le monde s’en fiche »

Le phénomène est mondial. Aux Etats-Unis, la lecture quotidienne pour le plaisir s’est effondrée de plus de 40 % en vingt ans, passant de 28 % à 16 %, selon une étude publiée en 2023, conduite par l’université de Floride et l’University College de Londres (UCL), à partir des données de quelque 236 000 Américains. Soit une érosion de 3 % par an… surtout dans les milieux défavorisés.

Des signaux inquiétants

« Ce constat alarmant est un drame pour la société. La lecture est menacée par l’omniprésence des écrans, l’enfermement algorithmique et la fragmentation de l’attention créés par les réseaux sociaux, alerte Régine Hatchondo, présidente du CNL. Le risque est d’aboutir à des civilisations qui n’auraient plus la maîtrise de la nuance et de la subtilité de la langue que la lecture peut développer, voire qui auraient une difficulté à penser le monde, à faire preuve d’esprit critique. »

Un danger perceptible. En 2024, 13 % des jeunes participant à la Journée défense et citoyenneté présentaient des difficultés en lecture et 6 % pouvaient être considérés comme étant en situation d’illettrisme, selon une note publiée le 14 octobre par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’éducation nationale. La France se situe en 28e position en compréhension de l’écrit dans le dernier classement PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), piloté par l’Organisation de coopération et de développement économiques, qui mesure la capacité des jeunes de 15 ans à utiliser leurs connaissances. Autant de signaux qui interpellent.

Pourtant, pour beaucoup d’entre nous, lire reste « un souvenir doux », « une amitié pure et calme », écrivait Marcel Proust en 1905 dans son essai Sur la lecture, dans lequel il évoque ses lectures d’enfant. Nombre d’artistes et d’intellectuels en vantent ses vertus pour « apprivoiser leurs peurs, réparer un monde intérieur… », note l’anthropologue Michèle Petit dans Eloge de la lecture (Belin, 2002). Ou la voient comme un plaisir partagé, à l’image d’Arthur Teboul, chanteur et parolier du groupe Feu ! Chatterton, qui, adolescent, « partageait des textes de poésie avec ses copains » et manie aujourd’hui la langue avec brio.

Comment expliquer de tels effets ? Que se passe-t-il dans le cerveau quand nous lisons ? Si celui-ci est prédisposé dès la naissance à accomplir certaines tâches avec un minimum d’instruction, comme reconnaître les objets ou parler, il n’en est rien pour lire. « Notre cerveau n’a pas de système inné de la lecture, c’est fascinant », relève Laurent Cohen, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) et codirecteur de Picnic-Lab, une équipe de recherche en neurosciences cognitives, à l’Institut du cerveau à Paris. Inventée il y a un peu plus de 5 000 ans, l’écriture est récente à l’échelle de l’évolution de l’homme.

Quand nous lisons un mot, la première étape consiste à reconnaître visuellement les lettres, l’ordre dans lequel elles sont rangées. Par exemple, devant le mot « piano », nous identifions P, I, A, N, O. Comme le rappelle Laurent Cohen, le neurologue français Jules Déjerine (1849-1917) a rapporté l’histoire d’un commerçant parisien qui s’était réveillé, un matin, en 1887, incapable de lire, tout en écrivant, en parlant normalement et en reconnaissant aussi bien qu’auparavant les objets et les personnes. Le A avait pour lui la forme d’un chevalet, le S d’un serpent, et ainsi de suite, sans qu’il puisse reconnaître les lettres. Il avait subi pendant la nuit un AVC dans la région arrière de son hémisphère gauche. C’est ainsi que Jules Déjerine a mis en lumière l’existence d’une aire du cerveau spécialisée dans la lecture.

« Boîte aux lettres »

En étudiant par imagerie d’autres cas de patients avec une tumeur ou un AVC ayant perdu l’usage de la lecture, Laurent Cohen et ses collègues Stanislas Dehaene, neuroscientifique, et Lionel Naccache, neurologue, ont mis en lumière (dans une étude parue dans Brain en 2000) une petite région particulière, spécialisée dans la reconnaissance visuelle des lettres et identique quelle que soit la langue. Située dans le sillon occipito-temporal, à l’arrière de l’hémisphère gauche, elle a été baptisée « aire de la forme visuelle des mots », ou « boîte aux lettres du cerveau », par Stanislas Dehaene. Si elle est endommagée, les personnes ne savent plus lire. Si elle n’a pas encore dévoilé tous ses mystères, la région des graphèmes, qui désignent l’écriture d’un son, décrite dans la revue PNAS, en 2019, « reste un exemple frappant de la capacité du cerveau à se modifier et à s’adapter ».

Chez les enfants qui apprennent à lire, c’est cette même zone de reconnaissance des lettres qui se spécialise progressivement. Une étude publiée dans PLOS Biology, coordonnée par Ghislaine Dehaene-Lambertz, directrice de recherche au CNRS en sciences cognitives, a ainsi étudié par IRM les mêmes enfants avant, pendant et après leur entrée au CP. Avant que l’enfant ne sache lire, cette région s’active autant quand ils voient des lettres, des visages, des objets, etc. Dès le début de la lecture, elle commence à répondre de façon privilégiée aux lettres. Au départ, la lecture se fait lettre par lettre. Avec la pratique, le cerveau reconnaît de façon quasi instantanée les lettres et les mots.

« Nous pouvons aussi lire aisément un mot inventé, par exemple “cliboufa”, poursuit Laurent Cohen. En gros, la lecture mobilise plusieurs zones cérébrales, celles du cortex visuel, du langage, de l’attention… et active les connexions cérébrales (la substance blanche). »

Bien plus qu’un déchiffrage de mots, « la lecture développe aussi l’ensemble des fonctions cognitives : attention, mémoire, compréhension, esprit critique, imagination… et enclenche une véritable symphonie cérébrale, observe la neuropsychologue Sylvie Chokron, directrice de recherche au CNRS (Laboratoire de psychologie de la perception, université Paris-Descartes, Fondation ophtalmologique Rothschild), contributrice régulière du Monde. Lire renforce aussi la créativité, l’un des piliers de l’intelligence. Un même lecteur peut ainsi se construire une image différente à partir de la même phrase, lui permettant de changer de point de vue », poursuit la chercheuse.

Par exemple, la lecture d’un roman policier active des aires spécifiques (frontales en particulier), de très haut niveau, « telles que l’anticipation, la prédiction ou encore le raisonnement, le jugement critique », comme l’écrivait Sylvie Chokron dans l’une de ses cartes blanches, en avril, en citant des chercheurs qui ont enregistré l’activité cérébrale de participants en IRM fonctionnelle pendant que ceux-ci lisaient une nouvelle à suspense, Le Marchand de sable, de E.T.A. Hoffmann (1776-1822).

Lire la carte blanche de Sylvie Chokron (2025) | Article réservé à nos abonnés La lecture, une mine de bienfaits pour notre cerveau

Michel Desmurget, directeur de recherche à l’Inserm, compare la lecture à une « machine à fabriquer l’intelligence » dans son livre Faites-les lire ! Pour en finir avec le crétin digital (Seuil, 2023). Un véritable cri d’alarme. A ses yeux, ses effets bénéfiques sont massifs et pourtant sous-estimés.

« Une leçon d’émotions »

C’est aussi une « porte d’entrée unique dans le monde des mots, elle donne accès à une quantité gigantesque d’informations, qui serait inaccessible autrement », souligne Laurent Cohen. « La langue y est bien plus riche qu’à l’oral en matière de vocabulaire, de grammaire, de conjugaisons. Des mots comme “saillant”, “hagard”, “cocasse”, “chancelant”, “ritournelle”… ou des temps comme le passé simple et le plus-que-parfait sont bien plus présents à l’écrit », rappelle Michel Desmurget.

Relisez des contes d’Andersen comme Poucette ou les livres de Claude Ponti. Leur richesse lexicale et grammaticale est frappante. Plusieurs études ont montré que des livres illustrés pour enfants de 0 à 5 ans sont plus denses et plus diversifiés que tous les corpus oraux standards : discussion adulte-enfant, discussions entre adultes, films, programmes télé de divertissement, dessins animés… Ils comprennent ainsi une proportion plus importante de formes complexes et de mots rares, comme le constate le chercheur dans son livre.

Extrait de la série d’autoportraits « Fantaisie impromptue », de Marie-Clémence David, réalisée en mars 2020, alors que la décision d’un confinement paraissait imminente. MARIE-CLÉMENCE DAVID/LIGHT MOTIV

La lecture joue également un rôle dans la réussite scolaire. Une étude longitudinale menée par la sociologue Mariah Evans (université du Nevada) en 2010 avec des chercheurs de l’université de Los Angeles et de l’Université nationale australienne a montré, « toutes choses égales par ailleurs, qu’avoir plus de 500 livres à la maison est fortement lié à la réussite scolaire des enfants, et aussi important que le niveau d’études des parents ».

Mais ce n’est pas tout : « Lire renforce aussi les compétences socioémotionnelles et l’empathie, ce que les réseaux sociaux, qui ne laissent pas le temps du jugement critique, tendent à affaiblir », constate Sylvie Chokron, qui fait partie du comité de pilotage des états généraux de la lecture pour la jeunesse lancés en juillet par les ministères de la culture et de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. S’immerger dans un récit, s’identifier aux personnages, à leurs ressentis, à l’auteur, « c’est un peu comme une leçon d’émotions ».

La fiction agit, pour Michel Desmurget, comme un véritable « simulateur social ». « Bien des activités informelles de loisir, telles qu’on peut les pratiquer en famille, structurent positivement le cerveau (musique, sport, etc.), mais je n’en ai trouvé aucune qui ait des impacts aussi profonds et décisifs que la lecture. »

Lire aussi (2025) | Article réservé à nos abonnés A l’hôpital Bicêtre, un programme qui permet aux enfants dys d’apprivoiser les mots : « L’objectif est qu’ils reprennent confiance en leurs capacités »

Face au déclin des pratiques de lecture, certains tirent la sonnette d’alarme. « Il y a urgence. Si rien n’est fait, nous avons toutes les raisons d’être inquiets », alerte Régine Hatchondo, qui appelle à un « réveil citoyen collectif » pour réguler les écrans, qui ont une incidence négative et néfaste sur le temps de lecture. Pour développer la lecture, désignée en 2021 « grande cause nationale » par le président de la République, le CNL parie sur des outils, comme Partir en livre, les Nuits de la lecture, du 21 au 25 janvier 2026, ou encore le « quart d’heure national », le deuxième mardi du mois de mars. Ce dernier, avec son slogan « Eteignez votre portable, allumez votre cerveau, lisez », vise à redonner le goût de la lecture, un peu sur le mode des mois sans alcool ou sans tabac.

Dès le plus jeune âge

L’institution soutient aussi des rencontres d’auteurs – 4 000 depuis 2022 – avec l’éducation nationale, qui interviennent dans des établissements scolaires. Et d’autres projets sont portés par des collectivités territoriales, des bibliothèques, des hôpitaux tel le projet Mots parleurs destiné aux enfants ayant des troubles du langage.

Lire aussi (2025) | Article réservé à nos abonnés A l’hôpital Bicêtre, un programme qui permet aux enfants dys d’apprivoiser les mots : « L’objectif est qu’ils reprennent confiance en leurs capacités »

Les états généraux de la lecture pour la jeunesse doivent rendre leurs travaux lors du Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis, qui se tient à Montreuil du 26 novembre au 1er décembre. Ils ont pour objectif de proposer des solutions pour redonner le goût du livre.

C’est un véritable plaidoyer pour la lecture que lance elle aussi la neuroscientifique Maryanne Wolf, professeure à l’université de Californie à Los Angeles, dans Lecteur, reste avec nous ! (Rosie & Wolfe, 2023), préfacé par l’écrivain Joël Dicker. L’enjeu est, selon elle, d’« engager les jeunes générations à lire davantage pour leur permettre de penser par elles-mêmes ». « Quand nous scrollons, nous ne nous donnons pas le temps pour comprendre ce que nous voyons ou lisons. Le numérique nous vole du temps de réflexion », insiste Maryanne Wolf. Nombre d’initiatives sont aussi créées au niveau local par des associations, dans les établissements scolaires, dans des bibliothèques… Pour certains experts, la lecture à voix haute permettrait à celui qui écoute d’être davantage en capacité de se mettre dans la tête de celui qui écrit.

Un exemple, l’association Lève les yeux a lancé en 2024 le projet Plus de livres, moins d’écrans, proposé aux enfants de 9 à 11 ans dans des centres sociaux de Marseille et animé par l’auteur Gary Ghislain. « Face aux effets néfastes des écrans, la lecture nous est apparue comme une des meilleures réponses pour recouvrer des capacités cognitives », constate Yves Marry, délégué général de Lève les yeux. Le programme va être étendu à d’autres villes. La lecture et l’écriture peuvent aussi être utilisées comme thérapeutique, avec la bibliothérapie pour apaiser notre mal-être et aller mieux.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Pour bien comprendre un texte complexe, mieux vaut le lire sur papier que sur écran…

Lire avec les enfants dès le plus jeune âge semble être l’une des pistes les plus prometteuses pour enrayer cette diminution du temps de lecture. « Cela favorise non seulement le langage et l’alphabétisation, mais aussi l’empathie, le lien social, le développement affectif et la préparation à l’école », souligne Daisy Fancourt (University College de Londres) dans un communiqué de l’UCL. L’Académie américaine de pédiatrie recommande elle aussi de lire aux tout-petits « pour soutenir le développement précoce du cerveau et de l’enfant ». Pour Michel Desmurget, il est crucial d’informer les parents, et notamment ceux issus des milieux défavorisés, de « l’apport unique et massif de la lecture », car « c’est un facteur essentiel d’intégration citoyenne et de résorption des inégalités sociales ».

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