C’est un message populaire. Rob1 Posté(e) le 31 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 31 octobre 2022 Pouet Révélation Ukraine, Chine, Sahel, Iran : Voici les vérités de la DGSE et de la DGSI Pierre-Henri de Menthon le 31.10.2022 à 11h01 Les patrons de la DGSE et de la DGSI se sont prêtés à un exercice de communication inédit en tenant sur la scène d'un théâtre une longue conversation en présence de journalistes, de diplomates et...d'espions. Extraits choisis. Le 20 octobre dernier au soir, au théâtre des Sablons (Neuilly-sur-Seine), c’est entrée libre. La salle n’est pas tout à fait pleine pour assister à la conférence sur "le renseignement, de la Seconde Guerre mondiale à nos jours". Les historiens Olivier Forcade et Olivier Wieviorka nous plongent dans les entrailles de la France libre et du Bureau central de renseignements et d’action, dont le fondateur était André Dewavrin (1911-1998), qui fut également conseiller municipal de cette ville. Pour la deuxième table ronde, Bernard Emié, lointain successeur de Dewavrin (plus connu sous le nom de colonel Passy), monte sur scène accompagné de Nicolas Lerner. Spectacle inouï de voir les directeurs respectifs de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) et de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) converser sur la situation en Ukraine ou la surveillance de nos mosquées. Sans beaucoup de filtres, si ce n’est celui de messages à faire passer à un public truffé de diplomates (et d’espions?) en poste à Paris. La présence de l’ambassadeur de Turquie permet ainsi aux deux hommes de remercier publiquement les services secrets de ce pays, grâce auxquels plusieurs attentats ont été déjoués en France. Complicité affichée entre services Mais revenons au détail de la discussion entre les deux chefs des services secrets, relancée de temps à autres par deux de nos confrères, Daniel Bilalian et Christian Malard, des habitués du Cercle international de Neuilly, organisateur de l'événement. Bernard Emié qui cultive un humour très décalé, se réjouit d'abord de la qualité de l'assistance, "sans doute truffée d'espions" et résume en quelques mots la mission de la DGSE: "contribuer à la sécurité de la France et à son influence dans le monde". Une mission dont l'exercice est une gageure "dans un pays très naïf avec des élites insouciantes". Une expression que son confrère de la DGSI reprendra à son compte, précisant que "les espions dans la salle ont bien sûr été identifiés!" L'humeur, on le voit, est presque badine sur la scène du théâtre des Sablons, les deux énarques affichant sans cesse leur complicité de "Dupont et Dupond". Leurs points communs sont nombreux, notamment une certaine admiration pour "l'excellence du renseignement anglo-saxon", mais Nicolas Lerner insiste sur une différence fondamentale entre la DGSI et la DGSE: "nous n'avons pas de service clandestin". L'un et l'autre insistent aussi sur le fait qu'ils sont "au service" du politique, et d'ailleurs bien contrôlés, notamment par les parlementaires (la députée Constance Le Grip, vice-présidente de la délégation parlementaire au renseignement est présente dans la salle). "Nous travaillons en association avec le politique, on peut bien avoir notre petite idée, mais c'est le politique qui décide" explique Bernard Emié. Le recrutement des traitres est efficace Bien sûr, Bernard Emié n'est pas très disert sur cette partie de son activité. Mais il insiste sur le fait qu'à côté de "moyens technologiques extraordinaires", le renseignement humain reste primordial: "Il faut recruter des traitres, c'est très important, on obtient un maximum de choses ainsi". "A la DGSI, le renseignement humain a aussi sa place aux côtés de la technique et du traitement des données", rebondit Nicolas Lerner. Selon lui "sur 69 attentats déjoués ces dernières années, 67 l'ont été grâce au renseignement humain". Le premier sujet international abordé est bien sûr la situation en Ukraine. Avec un plaidoyer pro domo du patron de la DGSE. Alors qu'un journaliste laisse entendre que nos services secrets auraient "découvert l'invasion russe à la télévision", Bernard Emié qualifie cette affirmation de "ridicule". Suit un dégagement selon lequel les mouvements de troupes auraient bien été identifiés, et que le scénario d'une attaque de Moscou était bien sûr la table. Mais la DGSE, à la différence d'autres services, aurait aussi décelé que l'Ukraine avait des capacités de "première résistance" plus importantes qu'anticipées généralement. Du coup la probabilité d'une invasion par la Russie est peut-être apparue trop irrationnelle, peu plausible. Petit mea culpa, et Emié enchaine rapidement. "On a un des meilleurs renseignements du monde, on est en tout cas dans le Top 3, arrêtons de nous culpabiliser. En tout cas, contribuables de Neuilly rassurez-vous, avec nos budgets, vous avez un bon retour sur investissement!" Applaudissements. L'affaire ukrainienne est aussi suivie de très près par la DGSI. "Le flux migratoire de 4 à 5 millions de réfugiés au sein de l'Union européenne" est pour Nicolas Lerner un événement considérable. Les migrations vers l'Ukraine, beaucoup plus rares, sont aussi surveillées de près. "Des centaines de personnes ont rejoint le théâtre de conflit, il faut les suivre dans la durée, y compris et surtout quand ils reviennent". Autre sujet de préoccupation, les livraisons massives d'armes, dont il va falloir surveiller à l'avenir une éventuelle "prolifération" sur le territoire national. Sur le qui-vive, donc, le patron de la DGSI, même si "la France n'est pas en guerre". Par contre "la Russie l'est, et nous sommes exposés, il faut surveiller son influence". ... Révélation La relation avec la CIA? "Juste dingue" Alors que le journaliste Christian Malard lance quelques piques bien françaises contre les Etats-Unis, d'Obama, de Trump ou de Biden, Bernard Emié temporise aussitôt. "Il faut distinguer relations diplomatiques et politiques et relations entre services, nous avons très bien travaillé avec la CIA, même du temps de Trump, Gina Haspel était une grande directrice". Et le patron actuel, William Joseph Burns? Un type formidable qu'Emié connait depuis longtemps: "On travaille très bien avec la CIA, les choses marchent du feu de Dieu, ce qu'on fait ensemble est même disons-le, juste dingue". A écouter les deux hommes les relations sont presque aussi idylliques avec les services secrets turcs. Coté DGSE, on parle de "résultats incroyables", et de "rôle positif". Coté DGSI, Nicolas Lerner loue la contribution de la Turquie à la "lutte anti-terroriste". L'ambassadeur Ali Onaner, assis au premier rang, peut boire du petit lait. La menace terroriste justement, le patron de la DGSI estime qu'elle est toujours là, même si elle est "différente et plus diffuse qu'il y a quelques années". Dans la droite ligne d'Emmanuel Macron, dont il est très proche, Nicolas Lerner estime que les récents attentats -notamment trois d'entre eux perpétrés en 2020- révèlent plus d'une "idéologie séparatiste que d'une idéologie terroriste". Avec une frontière du passage à l'acte "difficile à anticiper". "Environ 6.000 individus sont suivis pour radicalité, et entre 50 et 60 lieux comme des salles de prière posent problème" détaille le patron de la DGSI. "Il y a un gros de travail de dialogue avec les Etats, qui souvent financent des structures qu'ils ne connaissent pas vraiment" complète le directeur de la DGSE. Inquiétudes en provenance de Syrie et d'Irak "La capacité de projection depuis un territoire extérieur est en baisse, poursuit Lerner, mais il existe toujours une menace du côté de la Syrie et de l'Irak." Le Sahel paraît potentiellement moins dangereux du point de vue de la sécurité intérieure, car "les groupes terroristes n'attirent pas". Rien à voir avec les 1400 citoyens français qui avaient rejoint les rangs du "proto-Etat islamique". Le chef de la DGSE est un peu plus précis, les zones à risque étant "le nord-est de la Syrie et le Nord de l'Irak". D'éventuelles "zones de projection", sur lesquelles il convient d'être "vigilant". Concernant les mouvement terroristes au Sahel, Bernard Emié les comparent à un "cancer, qui descend et ronge l'Afrique", la prochaine zone à risque étant le Golfe de Guinée. Quant au "proxy de Moscou" qu'est la société Wagner, son premier objectif est selon le chef de la DGSE "de faire du business". "Il faut les avoir à l'oeil, les contrer, ils utilisent des techniques de base propres aux services. Organiser une manif à Bamako ou avoir de l'influence sur les réseaux n'est pas très compliqué, et ce avec un petit budget." Autre mission de la DGSE, pour éviter tout risque de projection terroriste: "Infiltrer et démembrer les filières de migrants". Par exemple pour protéger le Niger, qualifié "d'Etat responsable et sérieux". La Chine, responsable et menaçante On ne terminera pas le tour d'horizon sans aller faire un tour en Iran, avec sa bombe. "Ils progressent mais ils n'y sont pas" explique le responsable de la DGSE. A moitié rassurant tout de même: "Il faut être vigilant, il s'agit d'un pays proliférateur et potentiellement menaçant". Puis vient la Chine. Alors que les deux journalistes n'hésitent pas à parler des visées impérialistes de Xi Jinping, Bernard Emié calme le jeu. "Vous parlez d'un partenaire majeur d'un point de vue économique et politique, d'un membre permanent du Conseil de sécurité, d'une puissance responsable, il s'agit certes d'un système politique différent, mais il faut le respecter". Une fois tout cela dit, on ne peut pas affirmer que le patron de la DGSE fait preuve de naïveté: "Nous sommes en alerte, la pénétration chinoise est très importante en France". Et de se montrer satisfait, par exemple, d'une "prise de conscience". Notamment sur le dossier de la 5G ou de la dépendance industrielle. Coté DGSI, on se réjouit aussi que "le coeur de nos réseaux télécom ne soit pas livré à une puissance étrangère". Nicolas Lerner, tient le même discours sur la Chine que Bernard Emié. D'abord rassurant: "La Chine n'est pas qu'une menace, c'est aussi des opportunités industrielles et techniques". Puis inquiétant: "C'est aussi un concurrent, et à moyen terme une menace stratégique par rapport à laquelle il ne faut pas faire preuve de naïveté". Selon lui, "beaucoup de récentes cyber-attaques ont un mode opératoire chinois". 1 12 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
mgtstrategy Posté(e) le 31 octobre 2022 Share Posté(e) le 31 octobre 2022 mouais, bof. Tout va bien mme la marquise quoi... A croire que tout est au beau fixe. ca fait tres opération de comm.... 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ardachès Posté(e) le 3 novembre 2022 Share Posté(e) le 3 novembre 2022 Le 31/10/2022 à 23:48, mgtstrategy a dit : mouais, bof. Tout va bien mme la marquise quoi... A croire que tout est au beau fixe. ca fait tres opération de comm.... … Oui, si effectivement ça fait très opération de "communication" c'est sans doute qu'il n'était question que de cela, non ? Impossible de penser que dans ce genre d'exercice les 2 directeurs au cœur de la sécurité intérieure et extérieure de la France vont livrer des informations sensibles ou compromettantes sur tel ou tel pays ou service. … Merci @Rob1 pour le résumé. 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
mgtstrategy Posté(e) le 3 novembre 2022 Share Posté(e) le 3 novembre 2022 Mouais, ce qui m'inquiete, c'est qu'on est persuadé de faire partie du top 3... et pourtant, on a l'air bien borgne et pas forcement toujours bien dégourdi... En tt cas, c'est de plus en plus dur de trouver des infos, des retex. Tout est noyé sous un déluge de posts, articles, rumeurs, complots, tous plus débiles les uns que les autres. Autre fois, il y avait peu d'infos mais des bonnes. A voir dans les ouvrages, peut être. J'adorerai en savoir plus sur les nageurs de combat de la DGSE. Ca c'est pas un sport de masse, comme dit @pascal... Ca doit etre un job / mission de fou ! 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Teenytoon Posté(e) le 3 novembre 2022 Share Posté(e) le 3 novembre 2022 Parce que vraiment tu penses trouver des infos en OSINT sur la DGSE ? C'est pourtant bien dans ce cas-là que tu pourrais être persuadé d'employer des bransuignoles pour ta sécurité. 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
mgtstrategy Posté(e) le 4 novembre 2022 Share Posté(e) le 4 novembre 2022 14 hours ago, Teenytoon said: Parce que vraiment tu penses trouver des infos en OSINT sur la DGSE ? oui, on en trouvait. Des exps de missions réussis, des tactiques (que j'ai livré plus haut), et autres ptits caviars, sur les hommes, le matos, et priorités. Mais c'est plutot dans des ouvrages désormais et sur le net, c'est un bordel pas possible désormais. Dommage :( Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
fraisedesbois Posté(e) le 4 novembre 2022 Share Posté(e) le 4 novembre 2022 Le 03/11/2022 à 11:57, mgtstrategy a dit : J'adorerai en savoir plus sur les nageurs de combat de la DGSE. Ca c'est pas un sport de masse, comme dit @pascal... Ca doit etre un job / mission de fou ! Les bouquins de Bob Maloubier? https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Bob_Maloubier (mais c’est plus période sdece que dgse) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
mgtstrategy Posté(e) le 4 novembre 2022 Share Posté(e) le 4 novembre 2022 5 hours ago, fraisedesbois said: Les bouquins de Bob Maloubier? https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Bob_Maloubier (mais c’est plus période sdece que dgse) non non. Des ouvrages plus récents. Ex espions qui parlent un peu. Article de journaux plus fouillés. Blog un peu renseignés. etc. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rob1 Posté(e) le 5 novembre 2022 Share Posté(e) le 5 novembre 2022 Le 31/10/2022 à 23:48, mgtstrategy a dit : mouais, bof. Tout va bien mme la marquise quoi... A croire que tout est au beau fixe. ca fait tres opération de comm.... Je me suis dis un peu la même chose il y a quelques mois à propos d'un autre article du même média... Évidemment la DGSE ne peut pas dire grand chose, mais pendant qu'on n'a que cette comm' qui ne dit rien, j'entends le MI6 se vanter d'avoir contribué à démanteler le trafic nucléaire d'Abdul Qadeer Khan, ou les Néerlandais d'avoir été les premiers à repérer le hacking russe du comité du parti démocrate US en 2016... Et même pour parler des choses courantes au lieu des réussites exceptionnelles, j'ai toujours trouvé les bons mémoires d'anciens de la CIA comme Bob Baer ou Milton Bearden dix fois plus instructifs que n'importe quel bouquin français. Bon, j'idéalise peut-être trop nos voisins, la DGSE a dû être bonne dans Serval, sur notre zone "historique" (ex-empire en Afrique et Proche-Orient), et côté technique quelques papiers de la NSA montraient que celle-ci estimait ses capacités. Le 03/11/2022 à 11:57, mgtstrategy a dit : J'adorerai en savoir plus sur les nageurs de combat de la DGSE. Ca c'est pas un sport de masse, comme dit @pascal... Ca doit etre un job / mission de fou ! Il ne doit pas y avoir grand-chose de publié à ce sujet depuis les retombées du Rainbow Warrior, mis à part quelques publireportages dans des magazines pour booster le recrutement... Peut-être le livre d'Alain Mafart ? (pas lu pour ma part) 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
mgtstrategy Posté(e) le 5 novembre 2022 Share Posté(e) le 5 novembre 2022 (modifié) Il y a eu un Raid spécial nageur de combat de la DGSE. Et qqs forums, blog etc. Modifié le 6 novembre 2022 par collectionneur Orthographe Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Banzinou Posté(e) le 16 novembre 2022 Share Posté(e) le 16 novembre 2022 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
mgtstrategy Posté(e) le 17 novembre 2022 Share Posté(e) le 17 novembre 2022 Oui j'ai vu aussi. si qq1 a access a l'article... Marrant cette opé de com actuelle. On apprend finalement que le mec de la DRM a été viré pr incompatibilité d'humeur. Hmm okay 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. fraisedesbois Posté(e) le 17 novembre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 17 novembre 2022 (modifié) Il y a 4 heures, mgtstrategy a dit : Oui j'ai vu aussi. si qq1 a access a l'article... Marrant cette opé de com actuelle. On apprend finalement que le mec de la DRM a été viré pr incompatibilité d'humeur. Hmm okay La version papier est chapitrée différemment. Voici: edit: impossible de poster en 1 seul message. Donc je tronçonne désolé. Chapitre 1 : L’Ukraine [et Biélorussie] Citation « C’est quoi votre source ? » Plusieurs fois, au cours du mois de février 2022, les dirigeants du renseignement français posent la question à leurs homologues américains. La réponse est toujours la même : « Nos analyses nous amènent à penser que la Russie va envahir l’Ukraine. » Les espions français ne sauront pas si la CIA dispose d’une source humaine au Kremlin. Le dossier ukrainien constitue-t-il un échec du renseignement français ? Les déclarations du général Thierry Burkhard au Monde, le 6 mars 2022, le laissent entendre :« Les Américains disaient que les Russes allaient attaquer, ils avaient raison. Nos services pensaient plutôt que la conquête de l’Ukraine aurait un coût monstrueux et que les Russes avaient d’autres options. » Pourtant, malgré le limogeage concomitant du général Eric Vidaud de la DRM, en réalité pour incompatibilité d’humeur avec le chef d’état-major des armées, les intéressés s’en défendent. « Depuis le début, nous disons que l’invasion de l’Ukraine aurait un coût disproportionné pour la Russie. La suite nous a donné raison », pointe le général Jacques de Montgros, nouveau directeur du renseignement militaire. Selon nos sources, Emmanuel Macron serait satisfait du travail des services secrets dans cette affaire, jugeant avoir été correctement informé. Car la DGSE et la DRM revendiquent d’avoir vu dès l’automne 2021 le renforcement de la mobilisation russe à la frontière ukrainienne. Au sein du groupe de partage d’informations qui réunit, à partir de novembre, les Etats- Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et la France, les Français se montrent parmi les plus en pointe sur le dossier. Sans jamais en conclure que Poutine interviendra réellement, mais en soulignant les capacités ukrainiennes en cas d’attaque. « Nous avons eu une divergence d’analyse avec nos partenaires américains et britanniques, mais nous avions les mêmes informations et l’invasion était une hypothèse que nous envisagions. Nous avions également perçu la capacité de résilience des Ukrainiens », détaillait Laurent Nuñez en juillet. A rebours de certains discours médiatiques, les services secrets ont aussi perçu très tôt les stocks de munitions colossaux de l’armée russe. « Nous avons une vision assez claire sur le sujet », avertit Jacques de Montgros, qui refuse d’en dire plus. Autre opération menée par les services secrets tricolores, notamment la DGSE : une manœuvre de diplomatie parallèle en Biélorussie, ayant conduit le président Loukachenko à renoncer à envoyer des troupes en Ukraine. Cette mission, que le média Intelligence Online a révélée sous le nom d’«opération Alisia» et que L’Express peut détailler, a consisté en une mise sous pression de l’entourage sécuritaire du dirigeant sur les conséquences financières et politiques d’une participation active au conflit. Par ailleurs, si nul ne confirme officiellement la présence d’agents du service action de la DGSE en Ukraine, l’information ne fait guère de doutes. Une collaboration accrue avec les agences américaines permet en outre de bénéficier d’informations presque en temps réel. « Les échanges, c’est dix fois par jour », confirme un dirigeant du renseignement français ; Bernard Emié évoque, lui, à Neuilly, une coopération « du feu de Dieu » avec la CIA. Une confiance qui montre la supériorité américaine, et l’estime qu’ils portent à leurs interlocuteurs français. « Dans le renseignement, il n’y a pas de gentillesse. Quand on vous donne une information, c’est qu’on pense que vous pourrez en donner autant », analyse Vincent Crouzet, ex- collaborateur de la DGSE et auteur de Sauvez Zelensky !, une fiction très réaliste sur le conflit ukrainien. 2/5 Chapitre 2 : Les Russes [une opération extraordinaire, « comme il en arrive une fois tous les cinq ans »] Citation Dimanche 10 avril, c’est jour de fête à la division H4 de la DGSI, chargée du contre-espionnage russe. Les fonctionnaires français viennent de mener une opération extraordinaire, « comme il en arrive une fois tous les cinq ans », indique un proche du renseignement tricolore. Dans un village, truffé d’agents dépêchés pour l’occasion, les policiers ont interpellé en flagrant délit un diplomate russe, en possession de documents qu’il venait d’échanger contre plusieurs dizaines de milliers d’euros avec une source. Un Français. Au sein des services secrets français, personne ne veut donner l’identité de cette personne, ni le lieu de l’arrestation, autant par souci de confidentialité que pour sa sécurité. Mais on consent à révéler qu’il s’agit d’une « source à très haute valeur ajoutée ». Quant à la manipulation du diplomate, les espions français estiment tout simplement avoir « déjoué l’opération russe la plus ambitieuse depuis la chute du mur de Berlin ». L’opération a mis dix-huit mois à se monter, après que la DGSI a repéré la cible échangeant avec ce membre de l’ambassade russe à Paris. Le faux diplomate a été expulsé avec cinq autres Russes liés à cette manipulation, dont un basé à Strasbourg, près du Parlement européen. L’affaire montre le savoir-faire français en terme de chasse aux espions russes. « Aujourd’hui, nous sommes parmi les meilleurs sur l’espionnage russe à l’étranger », affirme un pilier du renseignement hexagonal. L’époque où « les renseignements et les militaires français coulaient comme un panier percé », ainsi que l’évoquait Oleg Kalouguine, général du KGB, dans ses mémoires, au sujet des années 1970, semble révolue. Désormais, les contre-espions de la DGSI connaissent bien les procédés russes. Ils laissent agir les faux diplomates, sous surveillance, en se gardant le droit de les expulser – au début de la guerre en Ukraine, 35 membres de l’ambassade ont été déclarés « persona non grata ». Ce qui n’empêche pas quelques couacs : le 17 août 2020, un lieutenant-colonel français en poste à l’Otan a été arrêté pour espionnage au service de la Russie. Mais cet officier n’avait pas accès aux plus hauts niveaux d’informations. En octobre dernier, les services secrets français ont fait fuiter dans Le Monde les méthodes baroques de recrutement russe : un agent de l’ambassade répondait à des offres de jeunes ingénieurs français sur Le Bon Coin, pour des cours de mathématiques. Il s’agissait de les approcher sous une fausse identité, avant de solliciter d’eux des informations. Un des espions en charge de cette opération a été expulsé en novembre 2020. Avisés des capacités françaises, les services de renseignement russes ont en partie adapté leurs activités en France. En parallèle de l’espionnage classique, ils développent une diplomatie d’influence, en misant sur l’antiaméricanisme. Ici, pas d’échange de documents mais l’appui à des personnalités considérées comme en phase avec la vision du monde russe. Une collaboration légale, sauf à prouver un arrangement conscient avec des espions, ce qui n’est pas toujours aisé. Pour répondre à ce soft power plus subtil, Macron a érigé, le 9 novembre à Toulon, « l’influence » au rang de « fonction stratégique » dans la défense française. La mission de lutte contre la désinformation, notamment russe, a été confiée à Vaginum, un nouveau service dépendant de Matignon, dirigé par Gabriel Ferriol, énarque et... ex-agent de la DGSE, selon nos informations. 3/5 Chapitre 3 : Le terrorisme [Depuis 2017, la DGSI estime avoir déjoué 39 attentats] Citation Lundi 29 novembre 2021 au matin, la DGSI interpelle deux jeunes hommes de 23 ans, en Seine-et-Marne et dans le Val-de-Marne. Les deux complices projetaient un attentat islamiste pendant la période de Noël, afin de transformer ce moment de fêtes en bain de sang. Leur plan le plus avancé, selon nos informations confirmées par un proche du dossier ? Se rendre dans un immeuble d’habitation et assassiner les habitants, les uns après les autres, au couteau. Un des deux suspects, E.-L. K., qui prévoyait de prêter allégeance à Daech, avait déjà été condamné pour entreprise terroriste par le tribunal des enfants, en 2019. A l’époque, il souhaitait rejoindre la Syrie, comme l’avait révélé Le Parisien. L’affaire illustre une réussite de la surveillance des radicalisés ayant purgé leur peine, six ans après la tuerie perpétrée par Larossi Abballa à Magnanville (Yvelines). Cet islamiste avait effectué une peine de deux ans et demi ferme de prison pour « association de malfaiteurs terroriste », avant que son suivi à sa sortie, en 2013, se révèle défaillant. Il avait assassiné deux policiers à leur domicile. Une erreur aujourd’hui impensable. Depuis 2017, la DGSI estime avoir déjoué 39 attentats, contre 30 de 2013 à 2017. Sur ces 69 attaques empêchées, 67 ont fait intervenir « du renseignement humain », soit une interaction commanditée par un agent, comme une conversation avec un suspect. De plus en plus d’affaires comportent une part de cyber et une part d’interaction humaine, une fois la cible repérée par ses agissements en ligne. Un mode d’action censé mieux prévenir les cas comme celui d’Abdoullakh Anzorov, l’assassin de Samuel Paty, radicalisé en ligne sans que la DGSI ne le décèle, malgré des signalements sur la plateforme Pharos. Ces cinq dernières années, 24 personnes ont péri dans des attentats islamistes. Si la menace principale concerne le terrorisme islamiste, d’autres idéologies peuvent servir de prétextes à un passage à l’acte. La DGSI révèle que « neuf » des attentats évités concernent la mouvance complotiste et d’ultradroite. Le terrorisme d’ultragauche reste, lui, très marginal puisque les contre-espions français ont déjoué une seule attaque relevant de cette doctrine. « Entre services, on a pris l’habitude de tout partager en temps réel » sur le terrorisme, relève Nicolas Lerner. Un climat de confiance s’est installé avec la DGSE, qui s’occupe de la menace en dehors des frontières. Lors d’une conférence de presse, le 16 septembre 2021, Bernard Emié a détaillé comment la DGSE a permis la « neutralisation » d’Abou Walid al-Sahraoui, le n° 1 de l’Etat islamique dans le Grand Sahara, un mois plus tôt. La frappe de drone en elle-même a été commandée par les forces spéciales de l’armée française, dans un travail de collaboration de différents services tricolores. Cette bonne entente constitue, de l’avis de l’ensemble de la communauté du renseignement, un atout majeur pour la France : réputés redoutables dans le recrutement de sources en milieu djihadiste, notamment en Syrie, nos services secrets, à commencer par la DGSE, se sont imposés comme des pourvoyeurs d’informations incontournables pour toutes les principales agences du monde. Dès 2014, des renseignements français avaient contribué à éviter des attentats aux Jeux olympiques de Sotchi, en Russie, selon une source proche du dossier. Des indiscrétions françaises ont également permis d’empêcher des attaques ouïgoures en Chine. En échange de ces précieux tuyaux, les puissances étrangères collaborent volontiers avec la DGSI et la DGSE au sujet d’éventuelles actions dans l’Hexagone. Grâce à ce réseau et en raison du reflux du djihadisme au Sahel, « la menace terroriste exogène a aujourd’hui baissé d’un cran, mais il nous faut rester très vigilants, notamment sur les mouvements au nord de la Syrie », prévient Nicolas Lerner. Cinq ans après la chute de l’Etat islamique, des « revenants » continuent de surcroît à débarquer sur le territoire français. En 2022, la DGSI a été avisée par un service étranger de la présence d’un Tunisien, ayant opéré dans les rangs de Daech. Faute de recoupement qui aurait permis la tenue d’un procès – une procédure automatique pour les djihadistes attestés présents sur le sol français –, les autorités l’ont expulsé en assortissant la mesure d’une interdiction de territoire. Une précaution qui ne per- mettra pas d’éteindre la menace, désormais plus anonyme et plus sournoise : huit des neuf derniers auteurs d’attentats en France étaient totalement inconnus des services de renseignement. 4/5 Chapitre 4 : L’Afrique [« Bob » croit savoir que les coups fourrés entre services perdurent] Citation « On sait très bien mailler les entourages présidentiels, mais quand le coup d’Etat vient de capitaines, de petits officiers, on ne sait pas faire », constate un ancien de la DGSE, connaisseur des enjeux africains. Le coup d’Etat intervenu au Mali le 18 août 2020, mené par des cadres intermédiaires de l’armée, a causé un traumatisme dans le milieu du renseignement français. Ni la DRM, présente sur place dans le sillage de l’opération Barkhane, ni la DGSE n’ont su prévoir le putsch. « Nous avions indiqué qu’il se passerait quelque chose dans les quatre à cinq semaines », nuance notre source ayant fréquenté le renseignement extérieur. Interrogé en juillet, Laurent Nuñez, alors coordonnateur du renseignement, reconnaissait que l’épisode avait poussé les services secrets à revoir leurs méthodes : « Le coup d’Etat de 2020 au Mali nous a amenés à resserrer nos capteurs y compris sur des strates intermédiaires de l’armée ou de la société. » C’est que l’émergence d’une junte menée par le colonel Goïta dans le pays où l’armée intervient depuis 2013 a des conséquences fâcheuses : le sentiment antifrançais s’en trouve légitimé, le groupe paramilitaire Wagner, sous le contrôle du pouvoir russe, dispose désormais d’une tête de pont en Afrique, la lutte contre les groupes djihadistes locaux est inévitablement parasitée. Robert Dulas, 74 ans, vieux routier de la diplomatie parallèle en Afrique, dit avoir vu les méthodes du renseignement évoluer, pas forcément pour le meilleur : « Je trouve que la DGSE en Afrique s’américanise. Ils payent mais ne tentent pas vraiment de comprendre. Certains de mes contacts m’ont dit qu’ils ne leur parlaient plus à cause de ça. » Plus surprenant, « Bob » croit savoir que les coups fourrés entre services perdurent, contrairement à la doctrine présidentielle : « Il y a des guéguerres entre la DRM, la DGSE, voire la DGSI, qui est aussi présente. Je peux vous dire qu’une information incomplète a été remontée il y a six mois. Bon, heureusement, pas sur un sujet touchy. » Le renseignement se heurte aussi à la désinformation de ses adversaires. Pour les dirigeants de services secrets, l’affaire du « mariage de Bounti », au centre du Mali, est devenue un anti-modèle. « Pendant quarante-huit heures, on a subi », témoigne un haut cadre du renseignement. Le 3 janvier 2021, des avions de chasse français bombardent et tuent une vingtaine de personnes dans ce village. Des « combattants djihadistes » identifiés après une « opération de renseignement de plusieurs jours », précise alors l’état-major des armées. L’association peule Jeunesse Tabital Pulaaku conteste et affirme que la frappe a touché des civils, réunis pour un mariage. Une enquête de l’ONU, dévoilée le 30 mars 2021, penche pour la bavure. Le général Lecointre, chef d’état-major des armées, réagit en tançant, dans Le Figaro du 21 mai 2021, « les erreurs et les biais du rapport » onusien, affirme « qu’ils découlent pour une part d’une manipulation ». Une opération à connotation russe, assure aujourd’hui un responsable du renseignement : « On s’est rendu compte que la thèse de la bavure était poussée par des trolls russes sur Internet. » A l’époque, la ministre des Armées refuse de déclassifier des clichés des lieux. « Montrer des images, c’est montrer à nos ennemis ce que nous voyons de lui », assume-t-elle devant le Sénat. Changement de doctrine le 22 avril dernier : un obscur « patriote malien », un « faux profil », estime l’armée française, publie sur Twitter une vidéo d’un charnier près de la base militaire de Gossi. Il accuse la France d’être responsable de ces exactions. L’état-major de l’armée française publie alors des images provenant d’un drone de la DRM, obtenues avec le concours de la DGSE. Elles montrent des militaires en train de filmer ces cadavres. « Des renseignements très précis nous font dire que ce sont les hommes de Wagner. On n’a aucun doute », ajoute alors l’armée. La France a retenu la leçon. Reste que l’influence de Wagner, déjà présente en Centrafrique, menace de s’étendre à d’autres pays, le Niger ou le Burkina Faso. Le 24 janvier 2022, le coup d’Etat à Ouagadougou a suscité la colère d’Emmanuel Macron, nous indique une source proche du dossier. Le courroux présidentiel vise la cellule diplomatique de l’Elysée mais aussi la DGSE. Le risque de putsch a été perçu mais les mesures pour le prévenir n’ont pas fonctionné. Or la déstabilisation du « pays des hommes intègres » pourrait profiter aux réseaux djihadistes et à Wagner. Un nouveau coup d’Etat, le 30 septembre 2022, confirme les craintes françaises. Des drapeaux russes sont déployés dans les rues de la capitale burkinabée. Une source du renseignement français soupire : « On voudrait que nous soyons présents en Afrique comme il y a soixante ans, mais les temps ont changé, ce sont des pays indépendants. Ce n’est donc pas souhaitable. Mais je vous rassure : nous ne communiquons pas sur tout ce qu’on fait et notamment pas sur les coups d’Etat que la France a entravés. » 5/5 Chapitre 5 : Le cyber [un logiciel franco-français à la place de Pegasus] Citation Emmanuel Macron a tranché. Selon les informations de L’Express, fin 2020, alors que le grand public ignore l’existence du logiciel Pegasus, le président de la République prévient les dirigeants du renseignement français qu’il a décidé de ne pas passer commande du produit développé par la société israélienne NSO. Le sujet a suscité un véritable débat au sein des services secrets. Les hauts cadres issus du renseignement intérieur ne cachent pas leur intérêt pour un outil qui profiterait grandement aux enquêtes policières : parce qu’il infecte, à distance, l’ensemble du téléphone – « il permet d’intercepter les conversations, les photos et les messages sauvegardés », révèle Guilhem Giraud, ex-ingénieur de la DST et récent auteur de Confidences d’un agent du renseignement français (Robert Laffont) –, Pegasus permettrait de contourner les applications chiffrées prisées par les criminels. Or, obtenir les données issues de WhatsApp ou Telegram se révèle parfois une gageure pour les forces de l’ordre. Le prix proposé n’est pas si cher : 10 millions d’euros tout compris. Seulement, NSO compte dans ses rangs de nombreux retraités du Mossad et personne ne doute de ses liens avec le renseignement israélien. Face au risque d’espionnage, le chef de l’Etat préfère renoncer. Selon nos informations, les agences de renseignement tricolores travaillent actuellement, et en secret, à l’émergence d’un logiciel franco-français. A défaut d’être client de Pegasus, la France en est devenue la victime. Selon les révélations du collectif de journalistes Forbidden Stories, les numéros d’Emmanuel Macron, d’Edouard Philippe et de 14 autres membres du gouvernement ont été sélectionnés par le Maroc en vue d’un criblage. Depuis le mois de mai, la DGSI s’est attelée à rencontrer chaque cabinet ministériel pendant une heure afin de passer certaines consignes de cyber-sécurité. « Nous rappelons qu’aucun smartphone vendu dans le commerce n’est totalement sûr, qu’il ne faut pas avoir d’échange sensible par ce biais, y compris sur des applications chiffrées de bout en bout », décrit Nicolas Lerner. Autre astuce : supprimer les messages sensibles après envoi. Ils ne seront pas retrouvés aussi facilement. Des précautions de bon sens qui se heurtent à des habitudes ancrées dans les cercles macronistes, où on utilise massivement Telegram, une application considérée comme particulièrement peu sûre parce qu’elle a été codée par des néophytes en matière de cyber-sécurité. A l’heure où les attaques informatiques se multiplient, l’émergence d’une génération de cyber-espions français est un enjeu national. Néanmoins, les services secrets se heurtent à la dure loi du marché. Les trentenaires experts de la DGSE ou de la DGSI peuvent espérer multiplier leur salaire par deux en rejoignant une grande entreprise du secteur privé. Au sein de la DGSE, entre les départs en retraite, les fins de mobilité pour les militaires et les démissions, la dernière année a vu le départ d'«entre 500 et 700 agents», selon une source bien informée. Un chiffre énorme, qui correspond à près de 10 % des effectifs. Pour retenir les talents – en cyber mais pas que – la maison a amorcé à l’été 2022 la plus grande réforme de son organisation depuis 1989. Les directions des opérations et du renseignement, entre lesquelles existait une rivalité ancestrale, ont été refondues au sein d’une grande « direction de la recherche et des opérations », dirigée par un administrateur civil issu du sérail. Surtout, la réforme prévoit la mise en place de « centres de missions » thématiques ou géographiques. L’idée ? Aboutir à un fonctionnement moins stratifié, tout en respectant le secret, bien sûr. « Cette réforme est issue de deux ans d’ateliers de réflexion. L’objectif est notamment de mettre dans les meilleures conditions une nouvelle génération d’agents de 30 à 35 ans, qui ne supportent plus les empilements hiérarchiques », indique un membre de la communauté du renseignement. Même les dirigeants de services secrets doivent gérer des ressources humaines. /end (en la circonstance, la fusion des posts, cpasmal ) Modifié le 17 novembre 2022 par fraisedesbois édit 2 5 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Fenrir Posté(e) le 18 novembre 2022 Share Posté(e) le 18 novembre 2022 J'ai commencé l'ouvrage "Les moujiks" de Romain Mielcarek qui commence par un tamponnage de l'auteur par un agent de LA GRU. C'est passionnant. 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
olivier lsb Posté(e) le 18 novembre 2022 Share Posté(e) le 18 novembre 2022 Il y a 2 heures, Fenrir a dit : J'ai commencé l'ouvrage "Les moujiks" de Romain Mielcarek qui commence par un tamponnage de l'auteur par un agent de LA GRU. C'est passionnant. Il est sur ma (trop) longue liste d'ouvrages à lire. Les coulisses de la rédaction qu'il a donné sur twitter sont assez édifiants (ordinateur déconnecté d'internet pour la rédaction, transfert par clé USB et par chapitre, dont une clé s'est perdue, pression de la DGSI pour censure et d'ailleurs, affirmation que la DGSI peut censurer des ouvrages...) Dans le dossier de l'express, une interview de Douglas London également très intéressante https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/douglas-london-apres-le-11-septembre-la-cia-a-failli-perdre-son-ame_2183419.html Extraits (je ne mets pas tout car édition compliquée depuis le pdf du journal et limite sur la taille des posts) Citation Comment la CIA juge-t-elle le renseignement français ? Je sais, pour l’avoir constaté, que les services de renseignement français ont fait un travail exceptionnel au Moyen-Orient, en Afrique, en Russie et dans les anciennes républiques soviétiques du temps où j’étais en fonction, parce que la France avait de fortes capacités sur place, avec des réseaux anciens et expérimentés. Sa longue présence en Afrique et au Moyen-Orient, en particulier, lui est très utile pour contrer les attaques terroristes. Mais la France a également rencontré des succès face à la Russie et à la Chine. Et surtout, il rappelle certes les difficultés à décrypter les intentions Russes, en matière de renseignement politique. Mais sa dernière phrase sonne presque comme une désignation de responsabilité, quant à savoir qui des Services ou du PR ont commis une erreur d'appréciation / décision sur les projets d'invasion de l'Ukraine par la Russie. Car on l'a vu en long en large et en travers dans le docu de Lagache, la confiance du PR envers sa capacité à négocier et convaincre VVP. Citation Comment expliquez-vous que la France n’ait pas cru à une attaque de Poutine contre l’Ukraine, contrairement aux Etats-Unis ? Toute la question est de savoir si ce sont les dirigeants français ou leurs services de renseignement qui ne pensaient pas que Poutine attaquerait. Les services de renseignement éclairent la prise de décision, en présentant l’information et son évaluation, ils ne disent pas aux politiciens ce qu’ils doivent faire. Je ne dispose pas d’assez d’informations pour savoir si vos services de renseignement se sont trompés ou si le président Macron a tranché lui-même, en se disant : « Je connais Poutine, il ne va pas le faire. » 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
christophe 38 Posté(e) le 19 novembre 2022 Share Posté(e) le 19 novembre 2022 (modifié) Le 18/11/2022 à 10:52, Fenrir a dit : J'ai commencé l'ouvrage "Les moujiks" de Romain Mielcarek qui commence par un tamponnage de l'auteur par un agent de LA GRU. C'est passionnant. cut ce n'est pas le meme bouquin (que j'ai) Modifié le 19 novembre 2022 par christophe 38 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Boule75 Posté(e) le 19 novembre 2022 Share Posté(e) le 19 novembre 2022 Il y a 23 heures, olivier lsb a dit : Et surtout, il rappelle certes les difficultés à décrypter les intentions Russes, en matière de renseignement politique. Mais sa dernière phrase sonne presque comme une désignation de responsabilité, quant à savoir qui des Services ou du PR ont commis une erreur d'appréciation / décision sur les projets d'invasion de l'Ukraine par la Russie. Car on l'a vu en long en large et en travers dans le docu de Lagache, la confiance du PR envers sa capacité à négocier et convaincre VVP. Comment expliquez-vous que la France n’ait pas cru à une attaque de Poutine contre l’Ukraine, contrairement aux Etats-Unis ? Toute la question est de savoir si ce sont les dirigeants français ou leurs services de renseignement qui ne pensaient pas que Poutine attaquerait. Les services de renseignement éclairent la prise de décision, en présentant l’information et son évaluation, ils ne disent pas aux politiciens ce qu’ils doivent faire. Je ne dispose pas d’assez d’informations pour savoir si vos services de renseignement se sont trompés ou si le président Macron a tranché lui-même, en se disant : « Je connais Poutine, il ne va pas le faire. » Et surtout, surtout, la question est mal posée et orientée (anti-Macron, pour changer) : de quels choix, de quelles options disposaient les dirigeants occidentaux le 23 février 2022, qu'auraient-ils bien pu faire de plus, en quoi leurs actions auraient-elle été différentes s'ils avaient été persuadés que la Russie allait tenter de prendre l'Ukraine ? Ils ont à répétition discuté, signalé qu'ils aideraient l'Ukraine, qu'une attaque ne serait pas tolérée, répété sur tous les tons que les troupes russes, bien que menaçantes depuis des mois, n'étaient pas en position d'attaquer correctement, A partir de l'été 2021, certains auraient pu opter pour la stratégie du piéton imprudent et, en accord avec l'Ukraine, déployer des troupes sur place, c'est vrai. Avec quel support des opinions, quelles réactions à Moscou ou Pékin, quels effets sur place et dans nos pays, quelles suites dans la durée ? Allons-y pour l'uchronie, mais on peut affirmer que les russes auraient immédiatement affirmé être soumis à siège en règle par l'OTAN et auraient tout fait pour que, d'incidents en attentats, compromission forcée avec des oligarques ukrainiens bien corrompus / infiltrés, à l'usure, trahisons d'Orban, opportunisme d'Erdogan, agitation des fronts intérieurs des opinions occidentales, la dite mission devienne un cauchemar dans la durée et se finisse piteusement avec, au final, une Ukraine et une Europe plus vulnérables encore. Sait-on au juste quelles analyses ont été soumises à Zelensky ou à certaines personnes de l'EM ukrainien, ce qui lui a été donné pour lui permettre de préparer ses forces ? Est-on certain que des manœuvres de retardement des offensives russes n'ont pas été mis en œuvre pour laisser encore de la place à la diplomatie, sans lesquelles l'offensive russe aurait été déclenchée au début de l'hiver ? Non. Ce qu'on voit, ce sont des puissances occidentales qui se sont largement coordonnées, l'Ukraine qui s'est malgré tout préparée, la Russie avec laquelle un dialogue a été mené jusqu'au bout mais qui a quand même fini par attaquer, une Biélorussie contenue pour le plus grand déplaisir de Moscou et, globalement, une grande solitude de la diplomatie russe. Les évaluations des SR français ou allemands étaient-elles si différentes de celles des américains, le PR était-il certain que la Russie n'attaquerait pas ? A-t-il trompé Zelensky sur ce point, s'est-il véritablement trompé lui-même ? Rien ne l'indique. S'il avait fallu faire différemment : quoi ? Ça glose. 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
olivier lsb Posté(e) le 19 novembre 2022 Share Posté(e) le 19 novembre 2022 il y a 18 minutes, Boule75 a dit : Et surtout, surtout, la question est mal posée et orientée (anti-Macron, pour changer) : de quels choix, de quelles options disposaient les dirigeants occidentaux le 23 février 2022, qu'auraient-ils bien pu faire de plus, en quoi leurs actions auraient-elle été différentes s'ils avaient été persuadés que la Russie allait tenter de prendre l'Ukraine ? Ils ont à répétition discuté, signalé qu'ils aideraient l'Ukraine, qu'une attaque ne serait pas tolérée, répété sur tous les tons que les troupes russes, bien que menaçantes depuis des mois, n'étaient pas en position d'attaquer correctement, A partir de l'été 2021, certains auraient pu opter pour la stratégie du piéton imprudent et, en accord avec l'Ukraine, déployer des troupes sur place, c'est vrai. Avec quel support des opinions, quelles réactions à Moscou ou Pékin, quels effets sur place et dans nos pays, quelles suites dans la durée ? Allons-y pour l'uchronie, mais on peut affirmer que les russes auraient immédiatement affirmé être soumis à siège en règle par l'OTAN et auraient tout fait pour que, d'incidents en attentats, compromission forcée avec des oligarques ukrainiens bien corrompus / infiltrés, à l'usure, trahisons d'Orban, opportunisme d'Erdogan, agitation des fronts intérieurs des opinions occidentales, la dite mission devienne un cauchemar dans la durée et se finisse piteusement avec, au final, une Ukraine et une Europe plus vulnérables encore. Sait-on au juste quelles analyses ont été soumises à Zelensky ou à certaines personnes de l'EM ukrainien, ce qui lui a été donné pour lui permettre de préparer ses forces ? Est-on certain que des manœuvres de retardement des offensives russes n'ont pas été mis en œuvre pour laisser encore de la place à la diplomatie, sans lesquelles l'offensive russe aurait été déclenchée au début de l'hiver ? Non. Ce qu'on voit, ce sont des puissances occidentales qui se sont largement coordonnées, l'Ukraine qui s'est malgré tout préparée, la Russie avec laquelle un dialogue a été mené jusqu'au bout mais qui a quand même fini par attaquer, une Biélorussie contenue pour le plus grand déplaisir de Moscou et, globalement, une grande solitude de la diplomatie russe. Les évaluations des SR français ou allemands étaient-elles si différentes de celles des américains, le PR était-il certain que la Russie n'attaquerait pas ? A-t-il trompé Zelensky sur ce point, s'est-il véritablement trompé lui-même ? Rien ne l'indique. S'il avait fallu faire différemment : quoi ? Ça glose. J'entends ce que tu dis, mais je n'y répondrais que partiellement, pour éviter le HS. Au demeurant, pour moi ce n''était pas le sens de la pique adressée au PR par Douglas London. La question centrale, en lien avec ce topic, n'est pas ce qu'on aurait pu faire de plus ou différemment vis à vis de l'Ukraine avant conflit. Pour donner de l'eau à ton moulin (position que je rejoins en partie), même les Américains ont été en quelque sorte emmerdés par leur propre renseignement, ne voulant pas totalement en tirer les conséquences. C'est VZ qui le dit, c'était dans un article WaPo ou NYT partagé il y a quelques temps, quand il retorqua aux Américains en substance "si vous me dites qu'une guerre arrive, alors envoyez moi des armes en masse". Ce que les US ont refusé de faire au début, d'où son appel désormais Historique, à j+3 depuis en Kiev, en ayant montré qu'il ne s'enfuirait pas "'I don't need ride, I need ammunition". Donc oui même les Américains n'ont pas fait mieux en terme de préparation, avec un bien meilleur renseignement que nous. MAIS.... et c'est la fin du HS Ukraine Les US à l'échelon politique, ont cru en leur renseignement et l'ont communiqué. Chez nous, il subsiste un flottement quant à savoir si la DGSE a foiré la compréhension des intentions, ou bien si des scenario s'approchant du conflit actuel, ont bien été proposés, avec une probabilité pas déconnante, mais in fine réfuté par le politique. Est-ce la faute des services s'ils ont échoué à convaincre le PR ? Ou bien une faute 100% politique ? Question difficile, mais faut bien admettre qu'il y a quelques questions à poser et comprendre, et qu'il serait bien trop facile de les évacuer en disant "on aurait de toute façon rien pu faire de mieux ou de plus". Ca c'est faux, on le voit aujourd'hui sur les questions énergétiques, de prépa opé des anciens matériels ou des industries défense en mode économie de guerre. Mais ce serait un nouveau HS et je vais m'arrêter là :) 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Boule75 Posté(e) le 19 novembre 2022 Share Posté(e) le 19 novembre 2022 (modifié) il y a 29 minutes, olivier lsb a dit : J'entends ce que tu dis, mais je n'y répondrais que partiellement, pour éviter le HS. Au demeurant, pour moi ce n''était pas le sens de la pique adressée au PR par Douglas London. La question centrale, en lien avec ce topic, n'est pas ce qu'on aurait pu faire de plus ou différemment vis à vis de l'Ukraine avant conflit. Pour donner de l'eau à ton moulin (position que je rejoins en partie), même les Américains ont été en quelque sorte emmerdés par leur propre renseignement, ne voulant pas totalement en tirer les conséquences. C'est VZ qui le dit, c'était dans un article WaPo ou NYT partagé il y a quelques temps, quand il retorqua aux Américains en substance "si vous me dites qu'une guerre arrive, alors envoyez moi des armes en masse". Ce que les US ont refusé de faire au début, d'où son appel désormais Historique, à j+3 depuis en Kiev, en ayant montré qu'il ne s'enfuirait pas "'I don't need ride, I need ammunition". Donc oui même les Américains n'ont pas fait mieux en terme de préparation, avec un bien meilleur renseignement que nous. MAIS.... et c'est la fin du HS Ukraine Les US à l'échelon politique, ont cru en leur renseignement et l'ont communiqué. Chez nous, il subsiste un flottement quant à savoir si la DGSE a foiré la compréhension des intentions, ou bien si des scenario s'approchant du conflit actuel, ont bien été proposés, avec une probabilité pas déconnante, mais in fine réfuté par le politique. Est-ce la faute des services s'ils ont échoué à convaincre le PR ? Ou bien une faute 100% politique ? Question difficile, mais faut bien admettre qu'il y a quelques questions à poser et comprendre, et qu'il serait bien trop facile de les évacuer en disant "on aurait de toute façon rien pu faire de mieux ou de plus". Ca c'est faux, on le voit aujourd'hui sur les questions énergétiques, de prépa opé des anciens matériels ou des industries défense en mode économie de guerre. Mais ce serait un nouveau HS et je vais m'arrêter là :) A mon avis (c'est une conviction qui me semble cohérente, pas une certitude appuyée sur des faits) tout le monde a cru dans le renseignement US et dans la forte probabilité d'un déclenchement des hostilités, mais côté fr+de (et même uk et ukr et us ! ) on a accepté jusqu'au bout la possibilité qu'au final le conflit ne soit pas déclenché, et on a tout fait pour rechercher cette issue sans pour autant céder à la Russie. On n'a pas fermé la porte, on a endossé le rôle de ceux qui recherchaient une solution pacifique, même si l'hypothèse d'un déclenchement du conflit semblait forte. Je n'imagine pas qu'après avoir répété publiquement "n'attaquez pas, M. Poutine" pendant des semaines on ait pu avoir la certitude que la Russie n'attaquerait pas, au niveau des services comme à celui de la Présidence et qu'on ai trompé Zelensky sur ce point. C'est le reproche sous-jacent fait à Macron, à la DRM et à la DGSE depuis fin mars par certains : il me semble totalement creux. Modifié le 19 novembre 2022 par Boule75 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rob1 Posté(e) le 19 novembre 2022 Share Posté(e) le 19 novembre 2022 Le 18/11/2022 à 11:43, olivier lsb a dit : Mais sa dernière phrase sonne presque comme une désignation de responsabilité, quant à savoir qui des Services ou du PR ont commis une erreur d'appréciation / décision Je pense qu'il ne faut pas surinterpréter sa phrase, les Américains disent très littéralement ce qu'ils veulent dire : Citation Je ne dispose pas d’assez d’informations pour savoir si vos services de renseignement se sont trompés ou si le président Macron a tranché lui-même Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
mgtstrategy Posté(e) le 1 décembre 2022 Share Posté(e) le 1 décembre 2022 http://www.air-defense.net/forum/topic/822-les-services-de-renseignements-dans-le-monde/?do=findComment&comment=1592456 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
collectionneur Posté(e) le 2 décembre 2022 Share Posté(e) le 2 décembre 2022 https://www.lexpress.fr/actualite/societe/ministres-deputes-journalistes-ces-francais-identifies-comme-des-espions-russes-par-la-dst_2184476.html Dans La DST sur le front de la guerre froide (Mareuil Editions), Raymond Nart (ex-directeur adjoint de la DST), Jean-François Clair (ex-directeur adjoint de l'anti-terrorisme) et Michel Guérin (ex-chef de l'inspection générale de la DST) révèlent les preuves et les témoignages obtenus par le contre-espionnage français sur la compromission de plusieurs journalistes et hommes politiques éminents, parlementaires ou ministres. .....Nart, Clair et Guérin reviennent sur le cas de Claude Estier, président du groupe socialiste au Sénat entre 1988 et 2004. Une enquête de L'Express, en 2016, démontre qu'il a existé un dossier à son nom auprès des services secrets roumains, qui le considéraient comme leur agent, de 1982 à 1986. En 1999, au moment de la sortie du KGB contre l'Ouest (Fayard), un livre issu des archives de Vassili Mitrokhine, transfuge du KGB, plusieurs médias nationaux avancent que l'agent dénommé "Giles" ou "Gilbert", décrit comme "un proche du futur président François Mitterrand", n'est autre que Claude Estier, qui dément avec force. Il est précisé que ce traître a "été recruté en 1955 par le StB tchécoslovaque", puis par le KGB l'année suivante. Selon Mitrokhine, "Giles" "continua à fournir" au KGB des "informations" considérées comme "issues de l'entourage immédiat de François Mitterrand", au moins jusqu'en 1981. Les agents de renseignement révèlent partager cette piste de longue date : "Claude Estier était considéré par la DST comme un agent soviétique." A l'appui de cette conviction, ils fournissent de nouveaux éléments de son "dossier" au sein du contre-espionnage français. Il comporte des renseignements fournis spontanément par "un couple de dirigeants de la FGDS", la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, sorte de Nupes des débuts de la Ve République, entre 1965 et 1968. Cet article est réservé aux abonnés... 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rob1 Posté(e) le 2 décembre 2022 Share Posté(e) le 2 décembre 2022 Il y a 3 heures, collectionneur a dit : Cet article est réservé aux abonnés... Lol. Révélation Le dirigeant de la FGDS en question était un "ancien déporté, homme de presse", ce qui peut laisser penser à plusieurs profils. Ce couple a révélé que lors d'une visite commune avec Claude Estier à Moscou, celui-ci "avait quitté à différentes reprises la délégation, en fournissant à chaque fois, alors que personne ne lui demandait rien, des explications alambiquées". De surcroît, "Estier avait eu antérieurement des relations de nature indéterminées avec l'ambassade d'URSS et consignées à la DST", écrivent les chasseurs d'espions. "Hernu, un agent de l'Est" Le cas Hernu est tranché de la même façon. A la suite des révélations de L'Express, en 1996, établissant que Charles Hernu, ministre de la Défense de François Mitterrand, avait été un espion bulgare puis roumain pendant dix ans, jusqu'en 1963, la famille de l'ancien maire de Villeurbanne s'était mobilisée pour lui rendre honneur, avec notamment la publication d'un livre, Affaire Hernu. Histoire d'une calomnie, signé d'un de ses fils. Las, les cadres de la DST réaffirment leur conviction que l'ancien ministre était un agent étranger : "Il est désormais établi de manière certaine que Charles Hernu a été pendant une partie de sa carrière politique un agent de trois services du bloc de l'Est", à savoir la Bulgarie, la Roumanie, et l'URSS, via le KGB. Si les rencontres entre Hernu et les deux services secrets des Balkans avaient été documentées dans L'Express, Nart, Clair et Guérin révèlent que l'homme politique a aussi été "en relation" avec la résidence du KGB à Paris. Ils précisent aussi qu'Hernu était rémunéré "20 000 à 30 000 francs par contact" avec ses officiers traitants roumains, c'est-à-dire à peu près l'équivalent d'un Smic et demi d'aujourd'hui (soit environ 2400 euros). Quant à "ses campagnes électorales", elles étaient "financées". Cependant, les auteurs relèvent aussi avec honnêteté que durant son passage au gouvernement, vingt ans plus tard, "la politique de la France a été résolument antisoviétique". Lorsque Jacques Fournet, directeur de la DST, transmet le dossier Hernu à François Mitterrand, en 1992, celui-ci refuse de consulter les documents. "Il a dit au directeur de la DST Jacques Fournet "qu'il ne voulait plus en entendre parler, que c'était les affaires d'Hernu et de mettre ces documents dans un coffre", relatent les cadres de la DST. Puisais, l'éminence grise Le troisième membre de l'administration Mitterrand à avoir été convaincu d'espionnage au service de l'URSS est moins connu. Pas moins intéressant. Harris Puisais a été tour à tour le plus fidèle collaborateur de Pierre Mendès France, un militant acharné de l'union de la gauche au sein du PS, puis "l'éminence grise" de Pierre Bérégovoy - la formule est du Monde - , dans ses fonctions de ministre de l'Economie et des Finances, à partir de 1985 et jusqu'à son décès, en 1989. De 1981 à 1984, Puisais est aussi chargé de mission auprès du ministre des Affaires étrangères, Claude Cheysson, spécialisé dans les rapports avec les pays de l'Est. Nart, Clair et Guérin le présentent comme "l'un des relais financiers" du PS"... et un "agent du KGB" à Paris. Ils ne détaillent pas leurs soupçons, mais racontent que l'intéressé était "un intime" de Nikolaï Tikhonov, chef du gouvernement soviétique de 1980 à 1985, et était surnommé "le colonel" au Quai d'Orsay. On peut en revanche deviner leur source, puisqu'ils révèlent que Puisais "a fait sur le tard un bout de son chemin avec la DST". Ce qui laisse entendre qu'il s'était épanché sur ses proximités passées. En 1983, il avait fait condamner l'hebdomadaire économique La Vie française, coupable de l'avoir présenté comme un agent soviétique. Plus surprenant, nos retraités de la DST citent également deux grands gaullistes. Sans certitude, mais avec de forts soupçons. Le nom de Pierre Sudreau n'était encore jamais sorti. Le voir mêlé à une affaire d'espionnage est un choc eu égard à ses états de service : grand résistant torturé à Fresnes en 1943, à seulement 24 ans, il est repéré par le général de Gaulle à la Libération. "Mais c'est un gosse, il n'a pu être un chef responsable !", s'écrie le "grand Charles" lors d'une réception, selon le récit qu'en fait Sudreau dans ses mémoires. Renseigné sur ses agissements, le chef du gouvernement provisoire aurait ensuite déclaré : "Qu'il serve l'Etat comme Jean Moulin". A 27 ans, Pierre Sudreau est nommé directeur général-adjoint du SDECE... l'ancêtre de la DGSE ! Et en juin 1958, le général de Gaulle le fait ministre de la Reconstruction. Sudreau, infiltré du KGB ? Les ex-cadres de la DST soupçonnent Sudreau d'avoir été "un agent "d'influence" ou à tout le moins de "désinformation". A l'appui de leurs dires, ils citent ses prises de position souvent favorables à l'URSS et hostiles aux Etats-Unis. Mais aussi ses "relations étonnement suivies avec Gerhard Schramm, chargé d'affaires de la RDA à Paris, ainsi qu'avec son successeur". Ou encore son départ, au bout de cinq mois, du ministère de l'Education nationale, en 1962. "Les explications fournies par l'intéressé sur son départ forcé n'ont pas convaincu les milieux renseignés", écrivent Nart, Clair et Guérin. Ils citent aussi Alain Peyrefitte qui, selon eux, dans son ouvrage C'était de Gaulle, "laisse planer l'ambiguïté sur les raisons réelles du départ d'un ministre dont il tait le nom, mais dont l'identité ne fait pas de doute". En réalité, Peyrefitte insiste à plusieurs reprises sur l'hostilité de Pierre Sudreau à la réforme de l'élection du président de la République voulue par de Gaulle, et laisse entendre qu'il met à ce moment sa démission dans la balance. Pas suffisant pour convaincre nos experts, qui notent, avec regret, que "Pierre Sudreau est décédé le 22 janvier 2012, sans que nous ayons pu résoudre cette affaire". Il a été fait grand-croix de la Légion d'honneur en 1992. Mêmes doutes et même absence de preuves concernant Max Brusset, un autre grand résistant, député-maire de Royan (Charente-Maritime) et cadre du RPF sous la IVe République. "Il se disait proaméricain, mais était en fait proche des Soviétiques, dont un bon nombre d'officiers du KGB", écrivent les chasseurs de "taupes" russes. Et d'ajouter : "Longtemps suivi par la DST, il ne sera jamais interrogé." Les auteurs glissent tout de même que "dans les déclarations de Golitsyne", un transfuge du KGB longuement interrogé par la CIA en 1961-1962 et dont les affirmations se sont souvent vérifiées, "un cas paraissait cependant se rapprocher de son itinéraire et de son profil". Une taupe à l'Elysée ? Les contre-espions paraissent encore plus incertains concernant Pierre Maillard, conseiller diplomatique du général de Gaulle à l'Elysée de 1959 à 1964. "Hypothèse de travail" bâtie à partir des déclarations d'Anatoli Golitsyne, qui affirmait qu'il existait "un espion à l'Elysée", et plus précisément "un agent d'influence", elle ne s'est jamais vérifiée. Certes, Maillard campait sur "la ligne gaullienne d'une "Europe de l'Atlantique à l'Oural" et parallèlement anti-atlantiste", mais cela ne suffit pas à en faire un traître, bien que le Canada l'a suspecté d'être "un agent soviétique". Révélation "Je sais que Saar-Demichel est un espion russe" "Pierre Maillard est décédé le 22 juillet 2018 à l'âge de 102 ans, sans que sa culpabilité ait été formellement établie", en concluent les agents de renseignement. C'est le moins qu'on puisse dire. Pierre Maillard était toutefois en contact régulier avec Franz Saar-Demichel, un ancien cadre du SDECE devenu homme d'affaires et souvent cité comme étant un agent soviétique. Cet entrepreneur était proche de de Gaulle, à tel point que la DST avait prévenu le président de la République. "Je sais que Saar-Demichel est un espion russe [...]. Mais, bien sûr, il ne vole pas des secrets pour les leur passer au coin de la rue [...]. Il leur dit tout ce qu'il sait...", a répondu le chef de l'Etat par écrit, selon les cadres de la DST. Interrogé par le renseignement en 1980, cet intermédiaire bien connu des relations franco-soviétiques n'a pas caché ses relations. "Il y a vingt ans que je vous attendais !", a-t-il déclaré aux fonctionnaires venus à sa rencontre. Il n'a en définitive jamais été inquiété. Desson, le député-espion Les choses étaient tout aussi claires concernant Guy Desson, député SFIO des Ardennes de 1947 à 1958 puis PSU de 1967 à 1968. Interrogé par la DST à son domicile en 1978, il reconnaît des liens avec des personnalités soviétiques - "tous des membres du KGB", avoue-t-il - et le financement de ses campagnes, - il était criblé de dettes, selon Nart, Clair et Guérin. La DST estime "probable" qu'il soit l'agent dénommé "Drom" dans les archives Mitrokhine, c'est-à-dire cet homme politique socialiste qui "devint agent" du KGB "en 1961" et "reçut une rémunération mensuelle de 1500 francs pendant les douze années suivantes", soit l'équivalent de cinq salaires minimum garantis (Smig) en 1961. Une fortune ! Les auteurs font état d'une opération montée par Desson, sans la dater, à savoir, le financement d'un tract de propagande soviétique : "Un imprimeur-éditeur avec pignon sur rue à Paris avait été sollicité par Guy Desson pour une commande relative à une quantité importante de brochures de propagande en faveur de la politique soviétique, dont le financement était assuré par avance". Les contre-espions français font également des révélations fracassantes sur la rumeur de longue date faisant de Pierre Cot, ministre de l'Air du Front populaire et député pour la dernière fois entre 1967 et 1968, un agent soviétique. La question a fait l'objet d'une polémique importante dans les années 1990 : en 1995, un comité de quatre historiens, parmi lesquels Serge Berstein, sollicité par la famille de l'ancien député radical puis apparenté communiste, a conclu qu'"on ne saurait confondre l'évolution politique de Pierre Cot, favorable aux communistes sans doute dès la fin de 1940 et publiquement en 1944, avec un quelconque statut d'agent soviétique". En réplique, l'historien Thierry Wolton, principal tenant de la thèse de "Pierre Cot espion", a affirmé avoir en sa possession des "archives du ministère des affaires étrangères russe", qui attestent qu'"après guerre" l'ancien ministre était devenu "un informateur régulier de l'ambassade d'URSS à Paris". Pierre Cot financé par l'URSS Les agents de la DST privilégient clairement cette hypothèse, en joignant au dossier une pièce essentielle : un "procès-verbal de la DST du 8 octobre 1945", rédigé par le chef du service à Paris. "Les perquisitions m'ont permis d'établir les faits suivants : Pierre Cot, ancien ministre de l'Air, avait à son domicile des reçus qui établissaient de façon certaine qu'il avait touché de grosses sommes d'argent des Soviets pour financer sa dernière campagne électorale d'avant-guerre", écrit-il. Clair, Guérin et Nart en concluent que "Pierre Cot était un agent d'influence" au service de l'URSS. Côté journalistes, la moisson des agents de la DST se révèle plus maigre. Hormis les cas déjà connus, comme celui d'André Ulmann, les officiers de renseignement livrent leurs doutes sur Paul-Marie de La Gorce, qui finira sa carrière comme chef du service étranger de Radio France, de 1985 à 1993, mais aussi rédacteur en chef, en parallèle, de... la revue Défense nationale (!). Entre 1972 à 1974, il est conseiller à Matignon du premier ministre de Pierre Messmer. Les auteurs révèlent que "la DST le tenait depuis longtemps pour un agent d'influence". Selon eux, il pourrait s'agir d'"Argus", un espion du KGB cité par Mitrokhine. Une opération montée par "Argus" pendant les élections législatives de 1973 fut particulièrement offensive. Selon Mitrokhine, "Argus" s'employa à "désinformer" Pierre Mesmer, chef du gouvernement de la France, afin de "faire perdre des voix à la coalition de droite en semant la discorde entre les gaullistes et leurs alliés". Sa méthode ? Il "raconta à Messmer que Michel Poniatowski, secrétaire général des républicains indépendants, et Jean-Jacques Servan-Schreiber étaient secrètement convenus de saper les positions des candidats UDR". Grâce à ses contacts dans les médias, "Argus" "répandit de semblables informations mensongères dans la presse", notamment sur le prétendu financement américain de certains candidats "atlantistes". Las, la coalition gaulliste perdit certes 101 sièges, mais conserva une large majorité sur la gauche. Parmi les candidats défaits cette année-là, Claude Estier et Guy Desson. 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
mgtstrategy Posté(e) le 2 décembre 2022 Share Posté(e) le 2 décembre 2022 Et des comme ça il y en a eu des centaines... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
clem200 Posté(e) le 2 décembre 2022 Share Posté(e) le 2 décembre 2022 Mais dans tous les camps, ça équilibre ^^ Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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