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L'armée romaine tardive et l'armée byzantine


Tancrède

Messages recommandés

Un de mes sujets préférés. Avant de commencer à délayer à mon aise, je vais brièvement lancer le sujet, laisser les passionnés lancer leurs premiers jets, et entrer dans la danse plein pot.

Pour préciser: ce sujet concerne l'armée romaine après sa grande mue du IIIème siècle, principalement sous Dioclétien. Cela implique non seulement l'armée d'occident, mais aussi celle de l'empire d'orient: elles sont similaires, mais il faut bien noter que cette armée continue à exister après la chute de l'empire d'occident, et ne disparaîtra qu'avec la réforme de l'armée byzantine aux VIIème-VIIIème siècles, qui deviendra l'armée dite thématique.

Il s'agit donc de l'armée duale répartie en Limitanei/Comitatenses dont je veux parler ici, qui a été le modèle militaire romain/byzantin des années 260 jusqu'au milieu du VIIème siècle, soient pas loin de 4 siècles. Pour comparaison, l'armée "traditionnelle" ou "classique" romaine, celle qu'on a dans nos imaginations, n'a en fait duré comme modèle que pendant 2 siècles, de la réforme de Marius au début du Ier siècle avant JC à la fin du Ier siècle après JC. Pendant le IIème siècle et la première moitié du Ier, le modèle est hybride: si la Légion traditionnelle reste en théorie le modèle dominant, de fait elle se bat peu et cesse de représenter la majorité des effectifs, au profit des unités auxiliaires qui deviennent permanentes et font l'essentiel du boulot tant par leur nombre que par leur disponibilité, leur versatilité (essentiellement des troupes légères de guerriers entraînés à tout, mais encadrés par des officiers romains ou romanisés, disciplinés et employés dans le cadre de vraies tactiques et stratégies) , leurs spécialisations (archers, cavaliers, fantassins légers pouvant aussi opérer en batailles rangées) et leur efficacité.

De fait, la Légion s'est alors refermée sur son savoir-faire unique d'infanterie lourde, perdant progressivement la versatilité qui a fait sa force.

La réforme de Dioclétien tient autant compte de cette évolution structurale de l'armée romaine que de l'évolution des menaces (accroissement des attaques de peuples cavaliers et de la redoutable opposition des armées d'archers montés, pression accrue et simultanée aux frontières, inadaptations de certains matériels....).

C'est donc cette armée duale qui est le sujet aujourd'hui: c'est sans doute l'un des modèles les plus pertinents jamais créés dans l'Histoire, à l'efficacité globale excellente malgré de grands revers plus dus à des erreurs de commandements, et qui pourtant reste mal connu et sans réelle place dans l'imaginaire.

Tout ce qui concerne cette armée est concerné par ce sujet: implications économiques et sociales, matériels, efficacité, coût, recrutement, politique, stratégie, batailles....

Il existe des débats très tranchés chez les historiens, souvent du fait d'une documentations incomplète et d'approches idéologiques fondamentales reposant sur le sujet beaucoup plus vaste des causes et raisons de la chute de l'empire romain d'occident. On a ainsi un école décriant fortement cette armée, la désignant comme peu efficace et moins aguerrie, et une autre la montrant comme excellente mais trop peu nombreuse, et donc n'ayant pu se remettre du choc d'Andrinople, et impossible à recréer ou accroître rapidement quand la menace augmentait. Il existe un 3ème courant, moins important, qui la détache totalement de la chute de l'empire (je penche en fait pour celle-ci) et qui renvoie à d'autres causes fondamentales de chute: l'empire avait déjà vécu des défaites militaires catastrophiques, parfois même en italie ou à Rome même, et s'en était remis rapidement. Je crois plus à un mélange de raisons de long terme concernant la désunion de la société romaine (notamment l'égoïsme accru des élites, leur déconnexion totale vis-à-vis de la population, leur refus de payer l'impôt, leur antimilitarisme forcené) et un relatif affaiblissement démographique et économique à l'ouest (mais rien d'insurmontable), et de raisons purement conjoncturelles survenues dans un laps de temps très court: défaite d'Andrinople avec des menaces accrues juste après imposant l'engagement massif d'unités barbares constituées et loyales à leurs seuls chefs, gel du Rhin en 410 et passage massif des Vandales et des peuples qui se sont agglomérés à eux....

Bref, je suis un fan de cette armée fondée sur des unités territoriales, qui restent des légions, aux frontières, et des unités d'intervention réparties dans les grands centres de l'empire, avec un noyau d'élite de l'élite (notamment les vexillations et auxilia palatinae) cantonné dans les deux capitales. Les unités d'intervention, ou Comitatenses (unités dites "d'accompagnement"; comprenez "accompagnement de l'empereur", lorsqu'il doit aller renforcer un théâtre d'opérations qui fait face à une menace majeure), sont sans doute ce que l'empire romain a compté de plus efficace en matière militaire: il s'agit d'unités bataillonnaires (500 à 1000h en moyenne) dérivées de l'unité romaine de manoeuvre par excellence, la cohorte (historiquement autour de 580 à 600h). Elles recouvrent de nombreuses spécialités: archerie montée et cavalerie légère, cavalerie lourde cataphractaire, infanterie d'assaut et infanterie de piquiers, archers. Ce sont des professionnels très aguerris (20 ans de service dans le comitatenses! Contre en moyenne 6 à 12 ans dans les légions de César!) et leur entraînement est l'aboutissement de toute l'histoire romaine: plus long et extrêmement poussé. Le matériel est issu des grandes réformes économiques du IIIème siècle, issu de manufactures impériales spécialisées et de grands ateliers privés sous contrat permanent obéissant à des chartes de contrôle qualité draconiennes.

Bien sûr, cette armée n'est pas exempte de défauts et de mauvais fonctionnements, mais au global, il s'agit de l'outil militaire le plus évolué et le plus technique de toute l'Antiquité, mais aussi, pour une bonne part, de tout le Moyen Age: il faudrait attendre les bouleversements militaires du XVIème siècle et de l'époque Louis-quatorzienne pour qu'un Etat européen dispose d'un outil aussi complet, technique, aguerri et versatile, offrant une telle lattitude stratégique.

L'armée aux frontières, de son côté, bien que moins poussée, est très loin des clichés habituels l'assimilant à un tas de miliciens locaux incompétents: il s'agit de soldats entraînés régulièrement, bien encadrés, engagés pour 24 ans, et dont, à terme, un bon tiers ira rejoindre les rangs des comitatenses. Il s'agit de professionnels très sollicités en permanence par les raids continuels sur le limès: tribus celtiques et germaines sur le Rhin et le Danube, Sarmates, Goths et Avars sur le Danube, Pictes sur le Mur D'Hadrien, berbères et touaregs en Afrique du Nord, caucasiens en Anatolie, et bien sûr, l'éternel grand adversaire parthe/perse/farsi au Moyen Orient. Ces unités développent un grand savoir-faire de combat d'infanterie légère, tout en gardant leur aptitude à la guerre de manoeuvre en grandes unités, puisque leur devoir fondamental est de faire face à l'invasion, agissant avec les comitatenses en cas de bataille majeure (les comitatenses ne sont là que pour les renforcer ponctuellement).

L'estimation moyenne de l'armée romaine (occident et orient, comitatenses, limitanei, lètes et fédérés) du IVème siècle est d'environs 450 000h (dont 350 000 pour les seuls comitatenses et limitanei), ce qui implique un volant annuel d'environs 25-30 000h (les lètes et fédérés ne sont pas comptés, leur recrutement opérant autrement), équitablement réparti entre les deux branches (les comitatenses servent un peu moins longtemps, mais sont un peu plus nombreux).

Le recrutement s'appuie, outre le volontariat, sur un impôt des proprios fonciers (généralement pas contents d'envoyer des pégus ou des esclaves forts et vigoureux, donc ils envoient leurs déchets et corrompent l'examinateur  :lol:) et l'hérédité de la charge militaire dans les familles de soldats, pour un ou deux fils maximum (rarement plus d'un dans les faits, les besoins sont couverts). Les comitatenses, particulièrement, n'ont aucun problème de recrutement: la mobilité interne de l'armée les irrigue des meilleurs éléments aguerris des limitanei qui font ainsi leur progression après quelques années d'expérience, les volontaires issus des élites ne manquent pas pour les unités prestigieuses, et les volontaires "barbares" abondent. Les limitanei ont plus de mal, mais pas tant que ça fondamentalement: là encore, les barbares (individuellement et non en groupes constitués) assurent le turn over, mais aussi l'ensemble des populations des provinces frontalières, très mobilisées pour leur défense. L'antimilitarisme est surtout le fait des régions centrales, et avant tout l'Italie. Selon les études récentes, l'armée restait romaine (3/4 des soldats et 2/3 des officiers sont issus de l'empire); mais elle était surtout gauloise, hispanique, panonienne, germaine, illyrienne, syrienne, anatolienne.... Et pas vraiment italienne (l'Italie est l'endroit où on recense nombre de cas de fils de vétérans se coupant le pouce pour éviter le recrutement: d'où le mot "poltron" qui est en fait une abbréviation de "pollex troncatus"), cisalpine, nord-africaine ou grecque.

Critiquez, discutez, questionnez, et surtout, amenez vos connaissances....

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Bon, je fais un peu de buzz, ça a pas l'air de passionner les foules pour l'instant....

D'abord une bibliographie pour ceux que le sujet peut intéresser:

- La fin de l'armée romaine, de Philippe Richardot

- Histoire de Byzance de Jean Claude Cheynet

- L'armée romaine tardive de Yann Le Bohec

- les oeuvres de Yves Modéran, Michel Carrié, William Treadgold

Les deux grands points de débat sur cette armée sont sa valeur réelle et la barbarisation. Le point particulier de la barbarisation est aujourd'hui pratiquement écarté comme cause d'inefficacité ou de faiblesse: on peut estimer assez précisément les effectifs dits barbares (cités plus haut), mais surtout, on sait maintenant que l'armée romaine créait encore son propre esprit de corps intégrateur des éléments étrangers. Un exemple parmi une multitude consiste en l'épitaphe d'un soldat: "j'étais citoyen franc, mais soldat romain". Et des barbares correctement intégrés en tant qu'individus, faisant le parcours de formation normal, ne posaient aucun problème à l'unité de l'armée ou à son esprit combatif, fut-ce contre les peuples de ces soldats. Ce qui posera problème, c'est l'intégration de corps constitués barbares avec leurs propres chefs, ne répondant qu'à l'empereur (au gré de leurs intérêts et de leurs ambitions), au lendemain d'Andrinople. Théodose, dernier maître unique de l'empire, règlera la question très rapidement en Orient en relançant activement le recrutement et la formation de citoyens dès les années 380, ce qui sauvera effectivement l'empire d'orient. En occident, ce ne fut pas possible aussi vite, et le Vème siècle verra une armée romaine réduite opérant aux côtés de vastes contingents barbares (Gépides, Ostrogoths, Wisigoths, Francs, Huns, Hérules) qui se tailleront des royaumes réduisant d'autant les capacités de l'empire d'occident à relever une armée et à reprendre le contrôle de son territoire.

Le point de l'inefficacité est le lieu des controverses historiques les plus acrimonieuses. Les détracteurs de l'armée romaine tardive se fondent avant tout sur les commentaires de contemporains, et les thuriféraires démontent ces témoignages qui sont le fait d'aristocrates devenus par essence antimilitaristes et antifiscaux: à partir du IVème siècle, il faut dire que l'empereur préside de fait 2 administrations séparées, l'armée et l'appreil d'Etat. Ces 2 mondes sont désormais imperméables, et si l'élite de l'empire s'accapare les fonctions politiques et juridiques, elle n'a pas accès aux hautes charges militaires, réservées aux couches plus modestes, aux franges les plus basses de l'élite, et à des chefs barbares romanisés (notamment francs, goths et sarmates ou alains: des hommes comme Richomer, Arbogast, Bauto ou Stilicon sont de parfaits exemples d'intégration réussie d'hommes méritants). On notera que les romains essaient d'éviter le recrutement de grands aristocrates barbares.

Du coup, l'armée devient une concurrence autant qu'un coût auquel l'égoïsme croissant des élites provinciales et impériales ne veut pas concourir, renvoyant la charge financière de la défense sur les "classes moyennes", le prolétariat urbain et surtout la petite paysannerie, accablée d'impôts.

Par ailleurs, l'armée et le peuple sont les lieux de propagation du christianisme, au contraire de l'aristocratie majoritairement païenne et incitant à un "retour aux valeurs antiques". C'est autant une formule creuse qu'un réel thème de discussion qui se cristallisera autour de la personne de Julien L'Apostat: il y a de réelles craintes de ceux qui croient aux vertus de la religion traditionnelle, avant tout fonctionnarisée et ouverte, et qui craignent les dangers potentiellement totalitaires, absolus et obscurantistes du monothéisme. Mais le christianisme est aussi le lieu de condamnation de la polarisation extrême des richesses et du fonctionnement univoque de l'économie, de plus en plus corrompue et ne profitant qu'aux grands propriétaires terriens asservissant une part croissante de la paysannerie en se contentant de "campagnes de communication" vantant les vertus de la vie simple et noble du paysan (et la paysannerie qu'ils asservissent dans le latifundium ne vit vraiment rien de beau ou de noble). Le christianisme naissant lance la lutte contre cette oligarchie économique qui met en exergue de pures valeurs matérialistes de réussite auxquelles, de toute façon, elle fait tout pour que personne d'autre que ses membres n'aient accès.

C'est dans ce contexte de propagandes diverses qu'il faut lire les commentaires de Végèce, Zosime ou Ammien Marcellin: ceux qui écrivent appartiennent généralement à l'élite provinciale ou impériale, et sont assez franchement opposés à l'Etat et à la nécessité de la défense du territoire, ne voulant pas souscrire à la charge fiscale qu'ils perçoivent comme rognant leurs privilèges, qui plus est pour un cursus honorum militaire qui leur est désormais fermé.

Particulièrement lié à l'idéologie de ces aristocrates est l'attachement, réel ou prétendu, à l'idée d'une armée de conscription renvoyant aux traditions républicaines. Mais cette idée était illusoire, du moins pour ce qui concernait l'armée mobile, tant le niveau de technicité que la variété des savoirs-faires exigés par les nouvelles menaces impliquaient la nécessité de professionnels. La conscription n'est par ailleurs pas totalement absente de cette armée, via les lètes et fédérés, peuples installés dans des provinces frontalières et devant rendre le service armée de défense de leur province.

Un autre angle de ce débat est "qualité versus quantité": l'empire aurait choisi le nombre sur la valeur, après les problèmes rencontrés au IIIème siècle, où les effectifs étaient trop étalés sur toutes les frontières, et incapables de pouvoir résister isolément par manque d'effectifs. L'armée que forme Dioclétien atteint les 380-400 000h à la fin du IIIème siècle, et peut-être les 500 000 à la fin du IVème siècle (même si à ce stade, elle implique de forts contingents barbares en occident). Jamais Rome n'a eu de tels moyens.

Reste par exemple des thèmes pertinents sur certaines faiblesses de l'armée: à certains moments, son entretien pose problème, tant pour la régularité de la paie des soldats que pour la logistique des grands cantonnements permanents, qu'on doit parfois installer en arrière des frontières pour pouvoir les approvisionner. Sous le Haut Empire, la log suivait et était acheminée aux légions où qu'elles soient. mais il s'agit plus de défauts et problèmes conjoncturels, par ailleurs plus liés à l'empire d'occident qu'à l'orient.

Un des choix les plus problématiques fu l'extrême poussée qualitative des Comitatenses: leur coût était faramineux, et leur perte, moins facilement et rapidement remplaçable. On devine l'impact de la défaite d'Andrinople sur un tel outil. Un gros tiers des Comitatenses a été perdu sur l'ensemble de cette campagne (dont plus de 20 000h dans la seule bataille d'Andrinople). Mais qui a étudié la bataille d'Andrinople sait que la défaite est bien plus dû à un mauvais commandement (de l'empereur Vlens lui-même, qui le paiera de sa vie) et à une heureuse conjonction d'événements pour les Goths, qu'à une mauvaise qualité des troupes.

Encore une fois, Rome a subi bien des désastres auparavant, et de plus grande ampleur, avec les armées "citoyennes et vertueuses du temps jadis": Cannes ou Carrhae comptent parmi les plus fameux exemples.

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Sujet technique

Réclamant de solides références historiques et littéraires

Exposé initial et développement, argumentés longs et touffus.

Passionnant certes mais il faut derrière avoir les capacités pour rebondir intelligemment sur un sujet aussi pointu et bien amené...

Ce n'est pas un fil de discussion qui s'aborde de la même manière que celui consacré aux dames à grands nichons et gros flingues (ou l'inverse selon les préférences)

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n'est pas un fil de discussion qui s'aborde de la même manière que celui consacré aux dames à grands nichons et gros flingues (ou l'inverse selon les préférences)

Pas d'accord: le sujet mentionné demande beaucoup de recul  :lol:.

Mais un sujet même un peu pointu peut aussi plus simplement impliquer de poser des questions, de faire des comparatifs avec d'autres organisations militaires, contemporaines ou d'autres époques, à des polémiques sur le palmarès quand on ne connaît pas bien l'outil.... Bref, une approche dite à la Sciences Po: quand on sait pas, on fait comme si  :lol:. Et au fond, on en sait toujours un peu.

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Je m'y connais pas à ce point là en ce qui concerne l'Empire romain, pas frapper  =D

Un autre angle de ce débat est "qualité versus quantité": l'empire aurait choisi le nombre sur la valeur, après les problèmes rencontrés au IIIème siècle, où les effectifs étaient trop étalés sur toutes les frontières, et incapables de pouvoir résister isolément par manque d'effectifs. L'armée que forme Dioclétien atteint les 380-400 000h à la fin du IIIème siècle, et peut-être les 500 000 à la fin du IVème siècle (même si à ce stade, elle implique de forts contingents barbares en occident). Jamais Rome n'a eu de tels moyens.

et une autre la montrant comme excellente mais trop peu nombreuse, et donc n'ayant pu se remettre du choc d'Andrinople, et impossible à recréer ou accroître rapidement quand la menace augmentait.

N'est-ce pas du au cout énorme et du temps considérable de formation ? J'ai entendu dire qu'il fallait à peu près six ans pour former une légion. Le train devait être impressionnant. Lorsqu'une invasion barbare était repoussée, une autre arrivait mais ce sont les mêmes qui devaient y faire face, sans avoir forcément pu reconstituer les effectifs. Peut-on dire que l'Empire a perdu dans une longue guerre d'attrition ?

Où alors justement ces auxiliaires, payés pour casser du "barbare" finissaient pas rejoindre le camp des envahisseurs lorsqu'ils étaient devenus assez riches et puissants pour s'emparer des terres. Ya pas si longtemps il y avait une expo à Bonn sur les invasions barbares, on y faisait état de peuples payés à plusieurs reprises, et manifestement très bien pour aller taper sur les envahisseurs. Ces contractors/mercenaires/condotierre ont selon moi provoqué le replis de la Légion sur une seule capacité et le pouvoir romain devenait dépendants d'eux, d'où un racket organisé.

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Période et sujet extrêmement intéressants et cependant peu connus et étudiés... Je m'intéresse plus aux adversaires de l'Empire et à leurs longues migrations...

Aurai tu Tancrède à ta disposition une carte avec les emplacements des garnisons, lieux de commandements, régions militaires, etc...?

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Je suis un peu surpris de l'importance des effectifs!

Quand il va s'agir de reconquérir l'italie occupée par les barbares, pour refusionner empire d'orient et d'occident, les troupes  grecques ne faisaient dans mon souvenirs que qq milliers d'hommes.

Et d'ailleurs l'armée d'andrinople, plus grande armée jamais vue dans les balkans, c'est entre 15 et 25000 hommes.

Et aussi mal équipé que  l'armée  française  aujourd'hui d'ailleurs...

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Justement vous parlez des effectifs.

Dans ces temps anciens des armées peu nombreuses (la logistique était un art difficile surtout sur de longues périodes) pouvaient soumettre des territoires importants portant une population nombreuse.

Sait-on si à cette époque certaines armées ont eu à leur disposition des armes, des matériaux (je pense aux métaux), une organisation ou des moyens susceptibles de leur confèrer un avantage décisif au combat ou dans la manoeuvre le précédent ou le suivant...

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N'est-ce pas du au cout énorme et du temps considérable de formation ? J'ai entendu dire qu'il fallait à peu près six ans pour former une légion. Le train devait être impressionnant. Lorsqu'une invasion barbare était repoussée, une autre arrivait mais ce sont les mêmes qui devaient y faire face, sans avoir forcément pu reconstituer les effectifs. Peut-on dire que l'Empire a perdu dans une longue guerre d'attrition ?

Où alors justement ces auxiliaires, payés pour casser du "barbare" finissaient pas rejoindre le camp des envahisseurs lorsqu'ils étaient devenus assez riches et puissants pour s'emparer des terres. Ya pas si longtemps il y avait une expo à Bonn sur les invasions barbares, on y faisait état de peuples payés à plusieurs reprises, et manifestement très bien pour aller taper sur les envahisseurs. Ces contractors/mercenaires/condotierre ont selon moi provoqué le replis de la Légion sur une seule capacité et le pouvoir romain devenait dépendants d'eux, d'où un racket organisé.

6 ans pour former une légion, ce peut être plausible, mais cela dépend aussi du nombre de vétérans dont on peut disposer, et de l'entraînement moyen des recrues. Il faut faire attention au vocabulaire: ces 6 ans, c'est sans doute pour une légion AVANT le modèle de Dioclétien. La Légion n'est plus l'unité de référence après Dioclétien: elle n'existe plus que pour les limitanei, et encore seulement comme unité théorique en garnison (ils sont plutôt répartis en cohortes). Elles ne sont rassemblées que si, sur leur théâtre d'opérations, une menace majeure apparaît, requérant la formation d'une armée de campagne qui reçoit dès lors l'appui d'un effectifs donné de comitatenses, voire l'appui direct de l'élite du comitatenses, à savoir les unités proprement impériales (vexilatio et auxilia palatinae).

Mais je ne crois pas à l'idée d'une attrition longue trop forte pour les effectifs longs à former. Il faut se rendre compte que l'adversaire aussi a changé: les barbares sont en bonne partie romanisés, surtout pour ce qui concerne les techniques militaires. Sans être aussi professionnels ni aussi équipés ou encadrés, ou encore aussi homogènes que les romains, ils ont fait des progrès. mais surtout, ils sont bien plus nombreux. Et c'est à mettre en corrélation avec l'affaissement démographique de l'empire d'occident après le IIIème siècle, et plus encore les difficultés des rentrées fiscales, tant en raison de cette moindre démographie que plus encore à cause de la reluctance des élites à payer, à particper à la défense. Donc l'adversaire a cru en qualité et surtout en quantité par rapport au Haut Empire, mais l'armée romaine aussi: on est au-dessus de 400 000h dans une armée professionnelle, sans compter les fédérés et lètes. Et la qualité est toujours là.

Fondamentalement, l'entraînement marche bien et le recrutement, quoique parfois épineux, fonctionne bien sur toute la période: et l'équipement est excellent grâce au système des manufactures impériales. Les Romains sont les seuls à pouvoir aligner des régiments entiers de cataphractaires suréquipés là où même les Sarmates ou les Alains n'ont généralement qu'un premier rideau de cataphractaires avec des unités de cavalerie moins protégées derrière; et leurs cataphractaires ont souvent plus des armures en corne ou en os que des armures de métal (cottes de maille ou lamellées pour les romains).

Quand on parle d'auxiliaires et de Légion recentrée sur un métier, on parle de l'armée romaine d'avant Dioclétien, comme je l'ai souligné plus haut, pas de l'armée duale d'après le IIIème siècle. Après cela, les unités barbares constituées n'existent plus dans l'armée romaine: les barbares y servent en tant qu'individus dans des unités régulières de toutes spécialités. Les seuls peuples à combattre pour Rome en tant qu'entité à part sont les fédérés, installés dans une province et chargés de sa mise en valeur et de sa défense: ce sont des paysans soldats faisant une sorte de conscription locale. Les unités constituées de barbares ne font leur retour qu'après Andrinople, quand la ponction sur les comitatenses a été trop forte.

Quand il va s'agir de reconquérir l'italie occupée par les barbares, pour refusionner empire d'orient et d'occident, les troupes  grecques ne faisaient dans mon souvenirs que qq milliers d'hommes.

Et d'ailleurs l'armée d'andrinople, plus grande armée jamais vue dans les balkans, c'est entre 15 et 25000 hommes.

Et aussi mal équipé que  l'armée  française  aujourd'hui d'ailleurs...

Bélisaire mène autour de 35 000h, mais le point est surtout que son effectif a fortement varié le temps de la reconquête: les liaisons navales fonctionnaient bien, et la logistique suivait. Cependant, l'armée d'Andrinople était une bonne armée, sans doute entre 20 et 25 000h, notamment parce que Valens n'a pas voulu attendre que plus n'arrivent. Je rappelle qu'au même moment, les comitatenses sont aussi concentrés en Syrie: quand l'affaire qui mène à Andrinople a éclaté, Valens était en train de préparer une grande campagne contre les Perses. Après presque 2 ans de désordres dans les Balkans (initialement, ces Goths sont des réfugiés accueillis par l'Empire, mais qui seront si mal traités par 2 hauts fonctionnaires corrompus qui détournent toute l'aide humanitaire impériale, qu'ils se révolteront), Valens se décide à intervenir lui-même, mais il doit laisser le gros de son armée au Moyen Orient, et opérer une nouvelle concentration en Thrace pour marcher contre les Goths. Au moment d'Anrinople, le gros des comitatenses de tout l'Empire est donc concentré en 3 points: le Moyen Orient, la Thrace (c'est cette concentration qui disparaîtra) et le nord de l'Italie (c'est la concentration qui devait se joindre au corps de Valens et qu'il n'a pas attendu), en plus des autres garnisons habituelles (où il y a toujours des trucs à faire), des unités au repos/entraînement.... La ponction d'Andrinople a surtout tapé le gros des effectifs à un endroit donné à un moment donné: l'empire en avait encore, mais brutalement, il n'en avait plus assez dans les Balkans à ce moment et ne pouvait pas en faire venir d'ailleurs parce que les besoins des autres théâtres n'avaient pas diminué. Ce qui fut intolérable, c'est la perte sèche de 20 à 25 000h à cet endroit et à ce moment, et le recrutement d'unités barbares constituées fut obligatoire pour rétablir la situation dans les Balkans en cette années 378. Mais dès les années 390-400, Theodose avait rétabli l'armée d'orient dans sa plénitude.

Et l'armée d'Andrinople n'avait rien de mal équipé, même si on peut noter certains travers dans l'équipement individuel: les vétérans ont tendance à ne pas porter l'armure, ou à porter des protections plus légères, afin de n'être pas gênés et d'être plus endurants. Mais il a souvent été reprochés à l'armée de Valens de manquer de matériel: c'est faux, et c'est un fait facilement constatable par les inventaires des manufactures impériales dont la production fonctionne normalement. Donc, non! L'armée romaine des années 370 est mieux équipée que l'armée française aujourd'hui  :lol:!

urai tu Tancrède à ta disposition une carte avec les emplacements des garnisons, lieux de commandements, régions militaires, etc...?

Oui, mais pas sous forme informatique (et j'ai pô de scanner dispo en ce moment). Et j'ai un invetaire de la Notitia Dignitatum recensant l'armée romaine du bas empire unité par unité.

Dans ces temps anciens des armées peu nombreuses (la logistique était un art difficile surtout sur de longues périodes) pouvaient soumettre des territoires importants portant une population nombreuse.

Sait-on si à cette époque certaines armées ont eu à leur disposition des armes, des matériaux (je pense aux métaux), une organisation ou des moyens susceptibles de leur confèrer un avantage décisif au combat ou dans la manoeuvre le précédent ou le suivant...

Tu veux dire.... A part Rome?

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s'est marrant ,d'entendre "aide humanitaire impériale" aux profits des goths d'en le sens ou l'on a tendance à joindre l'humanitaire sur du plus récent dans l'histoire .bien que se but étant de plus s'allié les gens que pour un un intérêt humanitaire dans le sens actuelle du terme .

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L'affaire d'Andrinople s'est déclenchée sur un malentendu stupide et cruel: chassés par des migrations énormes de peuples très nombreux et agressifs, des dizaines milliers de Goths réfugiés (pas loin de ce qu'on voit sur les enclaves espagnoles d'Afrique ou les bateaux de réfugiés en Méditerranée) se sont rabattus sur le limès en demandant l'entrée aux Romains, ce à quoi l'Empereur Valens a consenti. Rome a de larges zones désertées demandant un repeuplement agricole, surtout s'il s'agit de peuples constitués, entendez un nombre équivalent d'hommes et de femmes, soit un ensemble prêt à être intégré.

Ces populations ont donc été recueillies par Rome et placés, le long de la frontière, dans des camps d'attente avant une ventilation dans 2 ou 3 provinces, vraissemblablement en Haute Thrace et dans les Balkans. Mais c'est là que tout a commencé à merder: le temps se fait long, et l'aide humanitaire est largement détournée par les élites et fonctionnaires locaux corrompus. Cette aide n'est remplacée, quand elle n'est pas purement et simplement embarquée, par des vivres avariés. La colère monte pendant des mois pour ces réfugiés concentrés dans des camps et encadrés par des troupes peu nombreuses et donc agressives à proportion de leurs faibles effectifs et de l'attente qui leur pèse aussi.

Nombre des Goths présents sont d'anciens soldats romains, par ailleurs.

L'empereur, tout à l'organisation de sa campagne en orient, a pourtant envoyé à plusieurs reprises des directives précises et impératives sur l'aide à apporter à ces populations et le mouvement de répartition à engager pour leur migration sur les nouvelles terres qui leur sont attribuées.

Et un jour, évidemment, ça pète: ils se rebellent, plus dans un mouvement spontané de colère qu'autre chose, et trucident les soldats qui les gardent, puis commencent à piller les villes alentours, à s'équiper sur le butin de guerre et à vivre sur le pays. La réaction impériale est sans ambiguité: des troupes sont envoyées, sous le commandement des mêmes gouverneurs locaux corrompus qui sont largement responsables de la situation. Mais ces troupes sont très insuffisantes et sont battues, notamment parce qu'elles n'ont plus de vivres sur place (les villes et réserves ont été pillées par les Goths, et les villes encore intactes refusent de laisser entrer les soldats, généralement mal vus par les citadins). Pendant plusieurs mois, divers contingents réduits (il n'y a pas eu de grande concentration) sont battus séparément et l'empereur ne reçoit que des informations parcellaires. Enfin, un commandant compétent est envoyé (de l'empire d'occident) mais avec de trop faibles troupes; il parvient à bloquer les Goths, dont le contingent a grossi de vastes effectifs d'esclaves et de paysans-serfs libérés des grands domaines agricoles, pendant les mois d'automne, d'hiver et du printemps 377-378, via du combat de petite infanterie en montagne.

La réaction impériale s'organise enfin pendant ce temps: Valens organise le cantonnement du gros de son armée au Moyen Orient et part vers les Balkans, dispatchant au passage une masse de messagers pour rappeler toutes les unités de comitatenses rapidement rassemblables dans cette zone. De fait, les unités d'Afrique et du Moyen Orient sont indisponibles, et le gros des untiés d'occident ont leurs propres menaces à parer, même si l'empereur d'occident commence à rassembler ce qu'il peut: des d'Espagne, d'Italie et du sud de la Gaule sont rappelées, mais une partie seulement pourra être envoyée à temps à Andrinople.

De fait, quand Valens se lance à l'assaut des Goths, il n'a a sa disposition que ce qu'il a pu rassembler en Anatolie, en Grèce, et ce qui pouvait rester alors dans les Balkans, soit un total de 20 à 25 000h. Il est à noter qu'à ce stade de la campagne, les pertes romaines ont déjà été significatives dans la longue série d'escarmouches et de petites batailles qui se sont déroulées depuis la révolte des Goths: aucune évaluation fiable n'existe, mais généralement, évoquer des pertes de 6 à 8 000h peut sembler assez réaliste. parce qu'en face, on peut parler d'un effectif en mouvement d'au moins 200 000 personnes (il est très difficile d'évaluer la masse de ralliements d'esclaves et serfs des domaines et villes razziées, mais on évoque parfois un effectif double), dont un tiers de guerriers en armes, soit une armée adverse d'au moins 70 000h en tout (à Andrinople en particulier, on pense qu'il y en eut d'abord environs 20 à 30 000, plus le fameux renfort de 10 à 20 000 cavaliers qui arrive en cours de bataille).

La perte totale de cette campagne, pour Rome, est d'environs 25 à 35 000h, essentiellement des comitatenses, mais surtout, c'est l'essentiel des troupes des Balkans, de Grèce et d'Anatolie qui y passe, alors même que rien d'autre ne peut venir. La seule autre concentration immédiatement disponible est le contingent occidental qui ne doit pas dépasser les 10 à 12 000h et qu'on choisit évidemment de ne pas envoyer. L'armée au Moyen Orient est inamovible: les Perses sont mobilisés. Et partout ailleurs, les comitatenses sont en flux tendus. A tout moment, on doit avoir entre 1/4 et 1/3 d'effectifs indisponibles (entraînement, maladies, désertions..... Certaines choses sont éternelles dans les armées); sur un effectif total des comitatenses estimé autour de 180-200 000h, on doit donc avoir en temps normal une armée mobile de 130 à 140 000h, répartis dans les grands centres de l'Empire. Là dessus, en 377-378, on a une concentration d'environs 20-25 000h au Moyen Orient, après que Valens soit parti vers les Balkans avec une dizaine de milliers d'hommes, plus 10-15 000 qui se concentrent lentement en Italie du nord. Ajoutez 7000h perdus (grosso modo) entre 377  et 378 et la concentration finale qui s'ajoute aux 10 000h venus avec Valens (soient 10 à 15 000h de plus pour faire les 20-25 000h d'Andrinople).

Résultats, on a quand même de 57 à 67 000h concernés par les 2 grandes concentrations du moment, autour de l'affaire des Balkans et de celle du Moyen Orient, soit près de la moitié de l'effectif total des comitatenses. Restent environs 60 à 70 000h disponibles répartis dans tout l'Empire, et pour qui les menaces habituelles sont toujours aussi présentes: Francs ripuaires, Alamans, Saxons et Alains sur le Rhin, Berbères et touaregs en Afrique, Sarmates, Huns, Lombards, Gépides, Hérules, et Burgondes le long du Danube, tribus arabes et surtout les Perses au Moyen Orient.... Sans même compter les nécessités internes: missions de police, soulèvements antifiscaux, missions d'escorte, convoyages de fonds....

Bref, la ponction d'Andrinople sur les comitatenses est dure dans l'absolu, mais pas insurpassable: elle n'atteint pas les capacités fondamentales d'entraînement, d'encadrement et d'équipement. En revanche, elle est catastrophique localement et dans cette fenêtre de temps: il n'y a absolument plus aucun effectif disponible pouvant être envoyé pour pacifier les Balkans qui sont à la merci des Goths. Ce qui est encore plus dur est que toute la région ne participe plus à la production de richesses et donc à l'effort fiscal pendant plusieurs années, sans même compter la rupture des axes commerciaux de la région. Le coup est, de ce côté, plus rude pour l'empire d'occident en difficulté économique, et dont l'effort militaire fonctionne en flux tendus permanents. L'Orient est obligé de recourir à des contingents barbares organisés et fonctionnant sous leurs aristocrates, mais Théodose commence à s'en débarrasser immédiatement après son arrivée, graduellement, parce que l'Empire d'Orient a les moyens de s'en affranchir, amis aussi de faire une vraie crasse à l'occident en détournant les Goths vers l'ouest. Bref, l'Empire d'orient s'en remet vite comme Rome s'est toujours remis des catastrophes: on mobilise les efforts, on utilise la richesse et on rebâtit sa marge de manoeuvre militaire, en quantité et en qualité (on constate une croissance nette des vexillations de cavalerie à ce moment).

mais l'empire a été moins solidaires dans ses deux parties: l'occident, alors avec une capacité de récupération moindre, n'a pas été aidé par l'orient, et le mouvement des Goths vers l'ouest s'est ajouté à ses problèmes structurels.

Mais loin des images de décadence, il faut souligner que l'empire d'occident va encore assez bien et règle son problème avec les Goths par un foedus: leur passage est vite réparé et ils s'installent dans le sud-ouest de la France et en Espagne. C'est plus tard, avec le formidable gel du Rhin en 410 qui permet le passage des peuples agglomérés autour des Vandales (il y a des Huns, des Alains, des morceaux de peuples germaniques et celtiques, et les fameux "bagaudes" qui sont en fait des masses d'esclaves évadés, des paysans-serfs insolvables ayant fui l'empire....), que s'amorce réellement le déclin de l'empire d'occident. pour vous montrer un exemple, l'archéologie récente a prouvé que l'essentiel des destructions urbaines occasionnées par les Goths, de même que les destructions occasionnées par les tremblements de terre de la période 370-410, étaient généralement réparées dans l'année ou les deux ans suivants, y compris les bâtiments purement décoratifs ou les vieux temples païens sans pratique régulière. Bref, à cette période qu'on nous a longtemps vanté comme celle de la décadence, il y a encore le fric et le savoir-faire pour rebâtir à toute berzingue non seulement les bâtiments utiles et la voirie, mais aussi les monuments historiques  :O!!!!! La prise de Rome en 410 voit les bâtiments reconstruits assez vite aussi: les bâtiments publics le sont moins, de même que les temples, mais là c'est un choix: on bâtit de nouvelles églises. Les grands bâtiments impériaux et temples païens commencent à être délaissés par idéologie. La déliquescence de l'empire ne commence vraiment qu'à ce moment, avec la place prise par les peuples en mouvements à l'intérieur, conjugués aux efforts accrus des élites pour ne pas payer l'impôt (souvent en accord avec les élites barbares avec qui les élites romaines locales nouent des liens, souvent familiaux): les peuples en mouvements désorganisent les circuits économiques, voire ravagent certaines régions, puis se taillent des fiefs quasi autonomes tout en prétendant aux offices impériales d'un Empire qu'eux-même admirent et croient immortel. Parallèlement, les élites confisquent de plus en plus le produit fiscal, surtout à mesure que celui-ci se réduit face à la baisse économique et démographique.

Résultat, l'Etat central a de moins en moins de moyens et surtout de moins en moins de visibilité: il ne peut plus lever d'argent partout, ni recruter des troupes partout, et l'armée se réduit drastiquement. Cette armée qui se réduit doit pourtant opérer partout et tout le temps; résultat, le recours sans cesse accru aux contingents barbares immédiatement disponibles devient une règle. Et ces gens là s'enrichissent ainsi et restent totalement autonomes face à un pouvoir de moins en moins puissant au sein duquel les rivalités et critiques sont de plus en plus rudes, faisant des chefs barbares les arbitres de ces disputes.

@Tancrède

oui

Simple, seule l'autre superpuissance de l'époque a des moyens de planification militaire, de mobilisation de moyens et donc de logistique comparable, et encore est-ce une puissance plus réduite, mais pouvant quand même résister à l'Empire parce qu'il s'agit d'une puissance locale: les Perses. Ils sont la seule autre vraie puissance organisée de taille significative.

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Bon! Voilà! Pour les amateurs, c'était le moment des belles histoires et des délires de tonton Tancrède.

Assez pour le récit et le contexte: maintenant, je veux faire du technique, parler taille des épées, calibre des lances, pertinence des cols de cottes de mailles et polémique des formes de boucliers; allons dans la logistique des archers et la MCO des cataphractaires! Et aussi l'organisation des unités et les ordres de bataille..... Passke moi j'aime bien çôôô.

Si quelqu'un pouvait me réexpliquer rapidos comment foutre des images, j'en foutrais bien quelques unes, avec des cartes et des organigrammes si j'en trouve en version informatique. Je crois que cette armée romaine IIIème-VIIIème siècles souffre énormément de n'avoir pas vraiment d'image dans nos esprits, par rapport à ses envahissantes versions précédentes, à savoir l'armée de Marius et celle du Haut Empire qui se ressemblent visuellement: ce qui diffère entre ces deux-là est l'importance et l'organisation des unités auxilliaires qui, sous l'armée du haut Empire, deviennent des cohortes permanentes et professionnelles, en effectifs supérieurs aux Légions, où sont aussi intégrés des effectifs de citoyens. l'armée d'après Dioclétien est radicalement différente.

Je ferai un rapide résumé de ces 3 grandes phases de l'armée romaine (grosso modo, l'armée de marius couvre la période qui va de -100 au milieu du Ier siècle, celle du Haut Empire embraye de suite jusqu'au milieu du IIIème siècle, et l'armée duale s'établit des années 250 aux années 260 pour durer près de 4 siècles) pour bien les différencier.

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L'armée de la République tardive créée par Marius (Ier siècle avant JC)

C'est une armée professionnelle, payée en partie sur les fonds de l'Etat et sur ceux des consuls et proconsuls (sur leurs fonds et sur les levées fiscales des provinces qui leurs sont allouées). La nouveauté vient de la fusion des différents types de soldats (jusqu'ici reflet des catégories de citoyens selon l'âge et la richesse: hastati, principes....) en un légionnaire standard formé à tous les métiers. Les classes les plus pauvres sont admises, accroissant énormément la base de recrutement (c'est une révolution: dans le système de pensée de la Ville antique, on pense que celui qui n'a pas de bien à défendre ne peut pas bien se battre), et c'est l'Etat/le consul ou proconsul qui paie l'équipement (avant, il était à la charge des citoyens, selon sa richesse).

La légion marienne est une armée autonome avec toutes les spécialités d'armes et d'appui (infanterie lourde/légère, cavalerie, archerie, mais aussi Génie, architecture, artillerie, pontonniers, fortifications, terrassement....), mais aussi de soutien (administration -avec le soutien éventuel des bureaucraties locales-, récoltes....). Le légionnaire est formé à tout, et pour les spécialités très pointues, quelques-uns le sont et encadrent l'activité des autres. Même le matériel (armures, armes....) est produit et entretenu au sein de la Légion. Quand une Légion établit un camp, c'est une ville où chacun a un ou plusieurs métiers et une minorité sert exclusivement ou par alternance à la protection du camp.

Le service est au minimum de 6 ans en continu pour les conscrits, et de 10 à 20 ans pour les volontaires, véritables engagés professionnels. Les officiers de bas rang, les centurions, sont généralement issus du rang et choisis par le général (juqu'ici, ils étaient élus). Par la suite, la durée de conscription sera aussi étendue à 16 puis 20 ans (pas en continu), dont une période avec le statut de vétéran.

Les 6 tribuns (à peu près équivalents à nos colonels ou à nos chefs de bataillons) qui dirigent la Légion sont nommés par le général et issus de la classe des chevaliers (sauf pour les 4 premières légions, où les tribuns viennent de la classe sénatoriale). Il y a un tribun laticlave qui est le second de la Légion, et 5 tribuns angusticlaves chargés chacun de 2 cohortes et participant à l'EM. Le grand patron de la légion est le Légat.

L'ouverture au volontariat concerne les citoyens pauvres, mais aussi les non citoyens: affranchis et étrangers. La conséquence est de créer une carrière militaire pour toute une frange de population.

La légion a 10 cohortes d'infanterie lourde (avec capacité de combat d'infanterie légère) qui sont l'unité tactique de base: 9 de 480h et une (la première, celle des vétérans, les Evocati) de 800h. Soient 5120h. On y ajoute la cavalerie légionnaire (120h), les exploratores (exploration, espionnage, renseignement dans la profondeur: 120h servant aussi comme cavalerie légère), l'artillerie (50 pièces de toutes tailles, environs 300 à 400h qui servent aussi comme infanterie légère) et les unités rattachées au commandement et à l'intendance (mettons 300h). On arrive au total théorique de la Légion de 6000h.

Sur le plan tactique, 1 cohorte a 6 manipules homogènes de 80h. Chaque manipule est faite de 2 centuries de 80h. Une centurie est dirigée par un centurion, assisté par un optio et un tesserarius (sergent garde, ou sergent serre-file) plus un signifer (porte étendard) et un cornicen (trompettiste) qui sont les points de ralliement et les moyens de communication.

Une manipule est dirigée par le centurion le plus âgé des 2 centuries: les 6 chefs de manipules sont l'EM de la cohorte et sont subordonnés selon un ordre de préséance précis. La 1ère cohorte, celle de 800h, est la seule à avoir 5 centurions uniquement dédiés au commandement de l'unité et non rattachés à une manipule: ils le sont en nom, mais un autre centurion prend leur place pour le commandement opérationnel. Pour ceux qui ont vu la série Rome, Vorenus est nommé préfet dans les Evocati, ce qui est une dignité: il est le représentant des vétérans dans leur ensemble. Il est aussi, par ce biais, centurion Primus Pilus, c'est-à-dire le centurion de la première manipule de la première cohorte dans la XIIIème Légion, donc le chef d'EM de la première cohorte, immédiatement sous un tribun, et de facto, vu la spécificité de la première cohorte, plus souvent directement sous le commandement du Légat commandant la Légion.

De facto, la Légion est faible en cavalerie et en archerie, de même qu'en infanterie légère (de facto, les légionnaires peuvent être l'infanterie légère, mais ils sont très sollicités): on recourt aux auxiliaires alliés, soient des unités de mercenaires spécialisés (archers crétois, frondeurs et lanceurs de javelots espagnols et des Baléares, cavaliers numides, gaulois et germains, infanterie légère gauloise et panonienne....).

L'armée "classique" du haut Empire (Ier siècle après JC - milieu du IIIème siècle après JC)

Il s'agit en fait de la même légion, exactement la même, mais elle ne représente désormais que la moitié de l'armée.

Ses seuls changements sont sur le matériel: la cotte de maille ou le buffle en cuir s'effacent devant la lorica segmentata (armure en lamelles plates), le casque ionien est remplacé par le casque dit "Gaulois impérial" (plus couvrant et en fer). L'armement reste le même (gladius et pilum, plus le bouclier en demi-cylindre).

Les processus de nomination changent un peu, dépendant uniquement de l'empereur.

De fait, l'armée du Haut Empire est une armée privée appartenant à l'empereur: comme précédemment, elle est payée par l'Etat et les consuls, mais de fait, il n'y a plus que l'empereur qui a le droit d'en payer. Les proconsuls de provinces sont envoyés avec des unités allouées par l'empereur: ce ne sont plus que des fonctionnaires, et les consuls sont là pour la figuration.

La vraie nouveauté de l'armée à partir d'Auguste est sa composition: Auguste hérite de 60 légions au lendemain d'Actium (on est en 31 avant JC). Il ramène vite ce nombre à 28 (160-170 000h), à effectifs pleins, et les répartit aux frontières, avec quelques concentrations: 8 sur le Rhin, 7 sur le Danube et 4 en Syrie.

Mais parallèlement, les auxiliaires changent massivement: sous César, on ne mentionne que les effectifs de légionnaires dans les batailles (les étrangers, on s'en fout), mais ils représentent en moyenne 1/3 des effectifs légionnaires. A partir d'Auguste, ces auxiliaires dits "alliés", recrutés par les proconsuls le temps d'une campagne, deviennent des unités parfaitement régulières, composées de professionnels issus de l'empire (citoyens pauvres et non citoyens, puis citoyens et étrangers après l'Edit de Caracalla).

Ce ne sont donc plus des alliés mercenaires, mais des soldats réguliers, professionnels (pas de conscrits) et permanents. Leur effectif est désormais équivalent aux effectifs légionnaires: entre 150 et 170 000h. Longtemps, les historiens ne les ont pas comptés en se focalisant sur les légions, ce qui a conduit à dire que l'armée du Haut Empire était étonnamment faible: erreur! L'armée du haut Empire tourne autour de 300 à 350 000h. Et ce sont des bons effectifs: le standard de la Légion reste haut, et les nouvelles unités auxilliaires permanentes sont des professionnels désormais très organisés, versatiles et aguerris.

Ces unités sont chargées de tous les combats dont l'infanterie lourde ne veut pas ou ne peut pas se charger (la Légion n'est plus employée, à cette période, qu'en entier, pour le combat en ligne): combat en montagne, combat d'escarmouches et d'infanterie légère en général, reconnaissance en profondeur, raids.... Cavaliers, fantassins et archers en unités spécialisées ou polyvalentes, telle est leur vocation. On a ainsi des unités du gabarit d'une grosse cohorte (entre 500 et 1000h) qui sont chargés de l'essentiel de l'activité militaire permanente de l'Empire romain du Ier au IIIème siècle, la Légion ne servant qu'aux grands conflits (rares à ce moment: on ne voit guère que quelques grandes opérations en Germanie sous Auguste et Marc Aurèle, en Dacie sous Trajan, et en Syrie sous Hadrien).

Ces unités auxiliaires sont par ailleurs tout-à-fait capables de remporter des victoires contre des armées organisées: ce sont des troupes de première ligne qui n'ont pas eu la chance d'avoir autant de pub que les légions. Mais dès Auguste, elles sont indispensables et les Romains en font des unités permanentes soumises à une discipline analogue à celle des Légions. Ils ont, en fait, réintégré les savoirs-faires des auxiliaires (en partie écartés des légions qui ne peuvent y consacrer assez d'effectifs) et ont forgé de nouvelles unités autour de ces savoirs-faires, mais dans une discipline, un entrainement, un encadrement, un concept d'emploi et une tactique romains.

Pour comparer, je dirais que cela correspond, dans nos armées actuelles, au fait de conserver une Division Blindée classique (la légion) pour le combat de haute intensité, improbable à court terme mais toujours possible, et de développer des brigades médianes et d'infanterie légère très employables.

Je ferais l'armée duale plus tard: je tenais à parler des modèles précédents pour montrer les dynamiques d'évolution.

Gel du rhin ? mais le limes germanium était plus a l'est...

Sous Auguste oui, mais là je parle de 410 après JC, pas du Ier siècle: la frontière est au Rhin depuis la 2ème moitié du Ier siècle après JC.

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La Gaule ne fait pas exception à la baisse démographique, et il faut faire attention avec les épidémies: l'Empire n'en connaît pas de grande entre le IIème siècle après JC et le VIIème siècle. De facto, quand la peste resurgit dans l'empire d'orient, elle y était inconnue depuis 4 siècles!

Petite précision sur mes derniers posts (composés moi-même, lisez-les, ça fait plaisir  ;)): les unités auxiliaires du Haut Empire sont du gabarit de la cohorte, ou d'une cohorte renforcée, et sont appelées cohortes pour l'infanterie (cohortales), et ailes pour la cavalerie (alares).

Pour les comptes globaux de l'armée post-Dioclétien, j'ai omis de préciser qu'ils incluent l'effectif de la marine qui est, sur toute la période, assez stable, oscillant entre 50 et 60 000h à tout moment.

De même, on constate un lent glissement de l'importance des effectifs (pour souligner les difficultés de l'empire d'occident): du IIIème siècle au début du Vème siècle (pendant lequel l'armée d'occident cesse graduellement d'exister), l'empire d'orient pèse de plus en plus lourd dans la répartition de l'armée. C'est là (surtout face aux Perses et sur l'est du Danube) que sont les menaces les plus lourdes, et c'est surtout l'empire d'orient qui est désormais le plus peuplé et surtout le plus riche. Au IVème siècle, il représente environs 60%, voire les 2/3, du total de l'armée romaine.

Le processus du changement

La réforme qui mène à l'armée duale commence sous Dioclétien, dans la 2ème moitié du IIIème siècle, et ne s'achève vraiment complètement que sous Constantin, dans le premier quart du IVème siècle. L'effectif de cette armée culmine sous Constantin qui commanderait ainsi près du double de l'armée de Dioclétien. Les chiffres sont à prendre avec des pincettes et varient fortement suivant la période, mais sous Constantin, on pense qu'un maximum de 550-570 000h a été atteint, marine incluse (certains contemporains parlent de près de 650 000h, voire 730 000h, mais il y a de l'exagération, et surtout un raisonnement à effectifs théoriques). On aurait alors, au plus haut, une armée de terre de près d'un demi-million d'hommes, répartie à raison de 60% pour les limitanei et 40% pour les comitatenses.

Il faut noter que, à tout moment, entre les 2/3 et les 3/4 des effectifs doivent rester aux frontières quoiqu'il arrive: ce n'est pas parce que les Goths foutent le bochson dans les Balkans qu'il faut laisser entrer les autres ailleurs. Et là aussi, quoiqu'il arrive, une partie des comitatenses doit rester à disposition des limitanei en cas de menace sérieuse.

De fait, il s'agirait en fait presque plus d'une armée tripartite que d'une armée duale:

- les limitanei sont aux frontières quoiqu'il arrive, et peuvent opérer des concentrations ponctuelles, localement, pour participer à une campagne (expédition punitive, raid, ou guerre de manoeuvre)

- une partie des comitatenses se trouve en arrière, autour des grands centres des provinces de frontières, prêts à intervenir pour mener une campagne en cas d'invasion. Généralement, une convention prévoit qu'ils ne soient pas appelés à un déploiement hors de leur province.

- l'élite des comitatenses et les scholae palatina (garde impériale et élite de l'élite, appartenant théoriquement aux comitatenses) est concentrée près de l'empereur, dans les deux capitales. C'est le seul élément totalement mobile de l'armée, la pure réserve stratégique.

De la réalité pratique, les comitatenses en garnison dans les grands centres provinciaux sont moins mobiles: ils font souche localement et sont plus dédiés à la défense de leur province. Il existe un épisode célèbre d'unités comitatenses localisées en Gaule à qui on ordonne un déploiement en Syrie, ce qui, en théorie, ne peut pas arriver (ils ne sont pas indisciplinés: c'est prévu dans le contrat). L'empereur doit accéder à leur demande d'amener leurs familles pour l'opération au Moyen Orient (un tel déploiement, à l'échelle d'une vie humaine, implique suvent l'implantation à demeure des soldats dans les garnisons locales ou les territoires éventuellement conquis).

Globalement, la cavalerie est chroniquement trop peu nombreuse dans l'armée romaine, même si on assiste à un net renforcement à partir de Constantin, surtout dans l'empire d'orient (face aux Perses, et en raison de la topographie de vastes régions désertiques à faible densité humaine, notamment en Anatolie orientale). Elle représente environs 10% de l'armée au début du IIIème siècle, puis grimpe un peu pour atteindre, au maximum, les 15-20%. Chez les Limitanei, elle est très faible, ce qui veut dire que sa proportion dans les comitatenses est nettement plsu élevée (sans doute dans les 40%). Et dans la réserve stratégique impériale (élite des comitatenses et scholae palatina), elle doit être majoritaire).

C'est Constantin qui inscrit dans le marbre et achève la réforme engagée par Dioclétien (qui opère, lui, la séparation entre troupes aux frontières et réserve stratégique): les deux entités reçoivent officiellement leur nom en 325. Ce changement est majeur: sous le haut Empire, la classification des unités est faite selon la taille (légions, cohortes et ailes, et on voit lentement apparaître la différenciation entre les légions d'infanterie classique et les légions frontalières). Avec cette réforme, l'armée est classifiée selon la valeur opérationnelle des unités: ça veut moins dire la qualité que la capacité globale en termes stratégiques, et la nature des missions.

Après Constantin, le système se raffine. Les comitatenses se répartissent entre:

- les palatins: garde impériale et troupes d'élite. les unités de la Garde impériale sont appelées Scholes ou Scholae Palatina

- les comitatenses dits "réguliers", en garnison près des 2 capitales et dans quelques grands centres provinciaux, selon la nécessité stratégique

- les pseudocomitatenses: ce sont les unités comitatenses rattachées à une province en particulier, dont le gros des effectifs vient des limitanei ayant prouvé leur mérite et leurs qualités sur une durée donnée (généralement au moins 6 ans)

Ce raffinement est notamment apparu suite à la suppression de la Garde Prétorienne, vaincue par Constantin en 312 (elle avait rallié son dernier adversaire, Maxence, quand il a mis fin à la Tétrarchie ou système à 4 empereurs) et jamais recréée. La composante issue du rang (des Légions) des Prétoriens, les Lanciarii, est préservée et sert de base pour la formation des Palatins. A leurs côtés, les Comites (compagnons) servent de base à la création de la cavalerie palatine et de la cavalerie des comitatenses en général.

Le titre de Comes est vite celui du commandement, révélateur de l'importance accrue de la cavalerie sous le Bas Empire: le commandant de théâtre est à la base le commandant des pseudocomitatenses ou comitatenses locaux, et il est issu des unités de cavalerie. Il a donc le titre de maître des Comites, qui devient rapidement un titre en soi: c'est la naissance du Comte. Parfois, pour des effectifs plus grands et des théâtres plus dangereux, c'est le titre supérieur de Dux (chef, maître) qui est attribué à un personnage de rang plus élevé, avec un statut plus autonome. Les chefs barbares recevront ce titre (Dux Bellum, ou chef/maître de guerre)

On notera que les Comites sont la base fondamentale du titre nobiliaire de Comte: il s'agit à la base d'une fonction militaire, qui deviendra un grade, puis enfin une dignité associée à une fonction (sous Charlemagne) et un titre de noblesse (c'est à ce stade qu'apparaît le titre de marquis, qui différencie les comtes en général des comtes en charge de régions frontalières: ceux-ci reçoivent le titre germanisés de markgraf, ou comtes des marches, dont le plus célèbre fut Roland).

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L'empire byzantin palliait les difficultés de surveillance de ses frontières en organisant les populations proches en milices, armée irrégulière plus efficace que les mercenaires étrangers à mon sens car directement impliqués en cas d'invasion ennemie. C'est la base des thèmes incluant stratiotes, apélatès et akrites. C'est ce système qui a assuré la défense des frontières avec efficacité par de multiples razzias en territoire ennemi dont sauront s'inspirer les turcs avec les ghazis...

thème : http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A8me_(empire_byzantin)

stratiote : http://fr.wikipedia.org/wiki/Stratiote

apélatès : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ap%C3%A9lat%C3%A8s

akrites : http://fr.wikipedia.org/wiki/Akrites

ghazis : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ghazis

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Tu es hors sujet Davout, je l'ai précisé dans le premier post (faut lire  =(): l'armée thématique d'orient n'arrive qu'après ce modèle, quand il devient obsolète, soit à partir du milieu du VIIème siècle et du début du VIIIème (il disparaît aux Xème-XIème siècles). Ici, le sujet ne concerne QUE l'armée romaine tardive et sa continuation sous l'empire byzantin, précisément jusqu'à l'établissement de l'armée thématique.

Pourquoi la réforme?

Le changement de modèle militaire a commencé en réponse à la grande crise de l'Empire au IIIème siècle, crise qui a failli l'emporter comme aucune autre auparavant. La conjonction de crises structurelles (démographie, économie, société....) à des événements intérieurs et extérieurs conjoncturels fut le plus grand danger qu'ait eu à affronter l'Empire: cette crise commence avec la fin de la dynastie des Sévères vers 235, et atteint son point culminant dans les années 260:

- en orient, une partie des territoires romains s'érige en principauté indépendante autour du prince Odenath de Palmyre

- en occident, le général Postumus fait sécession en constituant l'empire des Gaules (Gaules, Espagne et île de Bretagne)

Ces 2 sécessions sont faites au nom même de la romanité, du fait de généraux locaux cherchant à contrer la menace étrangère à leur frontière (Francs en occident, Perses sassanides en orient), que l'empereur (en l'occurrence Gallien) ne prendrait pas assez au sérieux selon eux.

On peut ajouter:

- les invasions Quades, Yazigues et Roxolans (peuples cavaliers iraniens; les roxolans sont sans doute les mêmes qu'on a appelé Sarmates plus tard) dans les provinces balkaniques

- les invasions germaniques sur le haut Danube (Hérules et Wisigoths) et sur le bas Danube (Ostrogoths, ou Goths du Pont), qui atteignent la Grèce. Athènes, Ephèse, Corinthe, Milet et Sparte sont ravagées dans les années 260

Toutes ces menaces sont apparues en même temps, et l'Empire, pendant cette fatale décennie, a littéralement explosé et bien failli ne pas s'en relever.

Face à autant d'adversaires, sans doute coordonnés pour certains d'entre eux, l'armée était désormais trop peu efficace. Elle comptait autour de 300 à 350 000h, comme depuis Auguste (sans la Marine), pour une frontière terrestre continue de plus de 10 000km (sans l'Afrique). Ces effectifs étaient répartis dans 33 légions (environs 180 000h) et le quadruple de corps auxilliaires (150 à 170 000h). Mais il s'agissait de forces d'infanterie, principalement.

Son grave défaut, face à l'évolution de la menace, était donc sa faible capacité de mobilité stratégique pour opérer plusieurs concentrations simultanées: l'adversaire a cru en effectifs et en nombre d'entités, et Rome doit désormais pouvoir faire opérer plusieurs grosses armées simultanément en divers points de l'empire.

La domination absolue de l'infanterie dans cette armée ne fait que souligner le manque de mobilité des effectifs. Face à elle, les peuples germaniques et iraniens (sans compter les solutions stratégiques et tactiques à trouver face à l'adversaire organisé qu'est la Perse) sont des peuples en mouvements, très mobiles et fuyants qu'ils soient à cheval ou à pieds, ne consentant que rarement à la bataille rangée et opérant sur le mode du raid de pillage ou de la guérilla face aux expéditions punitives.

La force de la Légion devenait son handicap (lourde et lente à l'échelon de la "grande tactique", nécessitant de l'espace à l'échelon tactique: elle n'est mobile qu'à l'échelon stratégique, entre théâtres, grâce aux voies romaines et à son autonomie), surtout face à des peuples en grande partie nomades (leur base agricole, quand ils en ont, est souvent loin du limès). Les auxiliaires ont une efficacité limitée sans une légion avec eux, car ils sont répartis sur l'ensemble des frontières, et ils sont impossibles à concentrer en un point sans dégarnir gravement une partie du limès.

Face aux objectifs de pillage limités, mais en d'innombrables points de la frontière, il y a une impasse stratégique pour un empire sédentaire. Et quand, dans les années 260, les peuples barbares opèrent une concentration massive et pénètrent dans les Balkans, l'intérieur de l'empire est vide de troupes et ouvert au pillards (les voies romaines et les grandes villes sans fortifications sont du pain béni). Ils n'ont même pas d'objectif stratégique, ne cherchant qu'à piller: ils peuvent changer de direction selon leur fantaisie, ce qui les rend imprévisibles. Toutes les troupes sont ventilées aux frontières.

Et la conjonction avec des guerres civiles, la crise économique et les comunications coupées ou ralenties par les troubles, ne fait que renforcer les difficultés de l'Empire face à ces menaces.

Ajoutons enfin que le différentiel qualitatif s'est un peu estompé: à force de se faire poutrer par les Romains et d'avoir des hommes qui ont combattu dans les légions, nombre de peuples barbares ont appris à observer. On est loin du niveau moyen d'entraînement, de l'homogénéité, de la qualité moyenne de l'armement, de l'organisation, de la discipline et de l'encadrement (taux d'encadrement, culture tactique et stratégique, permanence des unités) des Romains, mais le progrès est net.

Voilà l'impasse où se trouve l'armée romaine dans les années 260; de facto, nombre d'unités se créent à cette période, mais venant d'initiatives locales ou purement sectorielles, sans réel plan d'ensemble: Aurélien développe l'importance de la cavalerie dans les années 270, et commence à sélectionner certaines unités employées comme réserve stratégique. Probus, dans la même décennie, intègre un nombre croissant de barbares pour pallier la crise des effectifs, et établit le système de ventilation des barabares dans les unités, pour éviter tout problème de loyauté et créer une machine à intégration. C'est Dioclétien qui, à partir de 284, va organiser un changement d'une ampleur sans précédent depuis César et Auguste, dans l'armée comme dans l'Empire en général.

Prochain chapitre, le coeur du sujet: l'armée duale ou bipartite.

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Le concept stratégique

C'est une révolution militaire qu'opère Dioclétien: les penseurs militaires romains inventent la défense stratégique en profondeur: la disposition linéaire des troupes le long du limès ne convient plus et n'offre, en l'état des effectifs potentiels, qu'un rideau trop mince et trop réparti pour être efficace face à l'importance des nouvelles menaces. Si l'Empire avait pu faire croître ses effectifs à l'infini, aucun changement de modèle n'eut été nécessaire, mais là on aurait parlé d'un triplement de l'armée (au moins) pour que le modèle ait une pertinence, ce qui était évidemment impossible, tant au regard de la base de recrutement (à moins d'une conscription massive qui aurait été mal vécue) qu'au vu des moyens disponibles (c'est la première puissance économique du monde d'alors, mais pas à ce point).

C'est tout un concept défensif qui est mis en place:

- armée des frontières: limitanei (appelés aussi riparienses)

- armée mobile ou d'accompagnement: comitatenses (plus les scholae palatina)

- premier niveau de défenses fixe: le limès (la fortification n'est pas la même sur toutes les frontières, mais elle est continue, avec de grands pans de hauts murs, parfois sur de grandes distances, même si le Mur D'Hadrien en Angleterre est sans doute le modèle le plus abouti)

- deuxième niveau défensif intérieur: premier réseau de villes fortifiées jouant le rôle de verrou défensif et de point d'appui pour des contre-offensives rapides. Ces villes recouvrent 50 à 100km en arrière du front

- 3ème niveau défensif interne: grandes villes fortifiées et grands camps servant aussi de base arrière, de grandes garnisons de comitatenses, de verrous défensifs ultimes, de points d'appuis de grosses concentrations et de bases logistiques de corps expéditionnaires. Ces villes et grandes bases se trouvent au-delà de la frange couverte par le premier réseau (dépend selon la profondeur du théâtre): il s'agit généralement de capitales de régions, de préfectures ou de diocèses. Ce modèle va avec la réforme administrative de Dioclétien, qui subdivise l'Empire en provinces plus petites et 4 grandes préfectures: Gaules/Espagne/Bretagnes, Italie/Pannonies/Afrique, Illyrie/Grèce/Mésie/Thrace, Orient/Asie/Pont.

Le contrat opérationnel

Les Limitanei:

- opèrent la surveillance et les patrouilles aux frontières

- tiennent le dispositif fortifié

- sont chargés de donner l'alerte dans la profondeur du dispositif

- doivent arrêter les raids et attaques de petite et moyene ampleur

- dissuadent les raids de faible ampleur: mission d'intimidation, gesticulation

- font la police dans la zone de défense (droit commun, lutte contre la contrebande....)

- opèrent des raids punitifs limités au-delà du limès

- assurent la sécurité des voies de communication et la transmission des dépêches gouvernementales (convoyage, escortes, surveillance, police)

- assurent la veille stratégique pour les comitatenses locaux (renseignement, espionnage, reconnaissance)

Bref, il s'agit d'une version militarisée et hardcore d'un ensemble mélangeant la Gendarmerie, les Gardes-Frontières, les douaniers, mais aussi les unités de renseignement dans la profondeur, les unités de reconnaissance et des "comandos" pour opérer de petites actions punitives offensives. Leur capacité à la concentration et à la guerre de manoeuvre est limitée, mais elle existe en ultime recours; elle disparaît pour l'essentiel avec l'établissement des pseudocomitatenses qui spécialise une part de leurs effectifs dans cette fonction, comme appui direct d'intervention au niveau régional. C'est à ce moment, avec le passage de cette part de leurs effectifs dans les comitatenses, que ces derniers deviennent très nettement la majorité de l'armée.

Les Comitatenses:

- sont chargés d'organiser des armées mobiles permanentes au niveau local (pseudocomitatenses, plus quelques unités comitatenses spécialisées)

- doivent pouvoir organiser localement une armée de campagne face à un raid organisé moyen, accueillant des renforts venus d'autres provinces

- doivent pouvoir monter de grands corps d'armées dans des concentrations exceptionnelles, sans mettre en danger la défense aux frontières et la capacité de réponse immédiate

De facto, les comitatenses sont l'armée souple, modulaire et mobile par excellence, avec des unités "plug and play" et une capacité de mouvement rapide impliquant un haut niveau de disponibilité.

Le "contrat opérationnel" implique divers niveaux de menace:

- raids punitifs, menaces organisées moyennes ou limitées: une réaction locale, sous l'autorité d'un comites peut rapidement jeter 2000 à 5000h pour contrer un raid important ou opérer un coup de poing rapide de l'autre côté du Limès

- révoltes ou tentatives d'invasion barbares localisées: des corps de 8 000 à 20 000h peuvent être réunis, principalement avec les ressources locales et, éventuellement, un appui externe. Typiquement, un corps se monte localement, et l'empereur, ou un haut officier, vient avec quelques schola palatinae, comme Julien L'Apostat qui dézingue 50 000 Alamans avec un corps rapidement monté en Gaule, de 20 000h maxi.

- corps expéditionnaire: en réponse à une menace d'invasion, ou comme attaque préventive, voire opération de conquête, l'empereur, et lui seul, décide de monter une grande opération impliquant une armée de campagne. Là, on parle de 65 à 80 000h dans une armée complète, ne réunissant que des unités d'élite, soit les scholae palatina et les unités régulières des comitatenses. En théorie, deux corps de ce type peuvent être mobilisés: un en orient et un en occident (c'est tout le point d'avoir deux capitales et deux groupes de scholae palatina). Mais si c'est possible dans la pratique, les possibilités réelles doivent plutôt concerner 2 corps simultanés de 40 à 50 000h.

On notera que les mobilisations exceptionnelles, soit le contrat opérationnel maximum de 2 corps expéditionnaires, implique un effort particulier de l'Empire pour ne pas dégarnir les défenses pendant ce temps. On suppose que des sommes doivent être débloquées pour accroître le niveau de disponibilité des troupes. Mais la réunion d'un grand corps expéditionnaire de 50, voire 80 000h (ce dernier effectif fut réuni 2 fois sur la période d'avant la chute de l'empire d'occident et aurait pu se faire une 3ème fois: Valens réunissait précisément un effectif de près de 70-80 000h quand l'affaire autour d'Andrinople a commencé), et encore plus de 2, implique une volonté exceptionnelle: une grande guerre contre un adversaire organisé (bref, les Perses), une opération de conquête importante (bref les Perses  :lol:), ou une menace massive et immédiate (les Soviétiques?).

Validité du modèle

Les critiques adressées à ce modèle sur la logistiques sont erronées: certes, la log était amenée aux troupes aux frontières sous le Haut Empire, mais ce modèle implique précisément une défense élastique avec des effectifs réduits sur le Limès. Les Limitanei aux frontières ne sont pas chargés de contrer une invasion massive et sont donc moins nombreux et plus mobiles, et doivent retraiter si une opération massive est envoyée contre eux. la log est concetrée précisément en arrière du front, dans les 2 couches de réseaux défensifs, pour être concentrée dans des points d'appui et de grands centres logistiques. Ce n'est en rien un affaiblissement: c'est une rationalisation de l'effort. On a moins de monde en première ligne.

C'est, à grande échelle, toute l'histoire de l'évolution de l'organisation des tranchées pendant la Grande Guerre.

Les théâtres sont organisés dans chacune des 4 grandes préfectures:

- le limès est tenu par les limitanei, qui patrouillent et véhiculent des messages aussi dans l'épaisseur du 1er réseau défensif. Il opère aussi (reco et rens) dans une certaine profondeur derrière la "ligne" adverse

- les capitales de diocèses frontaliers et bases avancées du 1er réseau défensif ont les unités des pseudocomitatenses, qui vivent de fait aussi sur le limès, assez confondues avec les Limitanei dont ils sont issus

- les capitales de provinces et bases du 2ème réseau défensif ont quelques unités, généralement de cavalerie, des comitatenses réguliers

- les 4 capitales préfectorales et villes moyennes alentours concentrent le gros des unités régulières des comitatenses et quelques scholae palatina, initialement liées aux 4 Augustes et 4 Caesars de la tétrarchie, puis liées aux 4 grands préfets qui leur succèdent quand Constantin abolit la tétrarchie

- les 2 capitales impériales et grands camps alentours concentrent l'élite des comitatenses et le gros des scholae palatina

Prochaine étape: l'organisation des 2 branches de l'armée. Unités, spécialités, matos.

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Si quelqu'un pouvait me réexpliquer rapidos comment foutre des images, j'en foutrais bien quelques unes, avec des cartes et des organigrammes si j'en trouve en version informatique. Je crois que cette armée romaine IIIème-VIIIème siècles souffre énormément de n'avoir pas vraiment d'image dans nos esprits, par rapport à ses envahissantes versions précédentes, à savoir l'armée de Marius et celle du Haut Empire qui se ressemblent visuellement: ce qui diffère entre ces deux-là est l'importance et l'organisation des unités auxilliaires qui, sous l'armée du haut Empire, deviennent des cohortes permanentes et professionnelles, en effectifs supérieurs aux Légions, où sont aussi intégrés des effectifs de citoyens. l'armée d'après Dioclétien est radicalement différente.

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