Wallaby Posté(e) le 25 septembre Share Posté(e) le 25 septembre https://www.spiked-online.com/2025/09/24/chinas-scramble-for-africa/ La présence chinoise est palpable dans toute l'Afrique. Ses entreprises sont des acteurs actifs dans plus d'un tiers des 231 ports commerciaux africains. Le commerce sino-africain est passé d'environ 200 milliards de dollars en 2013 à 295 milliards de dollars en 2024. En revanche, le commerce américain avec l'Afrique a chuté de manière spectaculaire. Les importations africaines vers les États-Unis sont passées de 93 milliards de dollars en 2011 à seulement 37 milliards de dollars en 2021, la valeur des exportations américaines vers l'Afrique étant également en baisse. Le retrait américain d'Afrique ne se reflète pas seulement dans les statistiques économiques. Prenons l'exemple des consulats, qui jouent un rôle essentiel dans l'établissement de relations avec les pays étrangers. Les États-Unis ont réduit de 24 % leurs missions diplomatiques en Afrique. Dans le même temps, les puissances non occidentales renforcent agressivement leur présence diplomatique. Après une augmentation de 62 % au cours de cette période, la Chine est désormais en tête avec 65 missions, dépassant les 56 missions américaines. Ce changement reflète l'évolution de l'influence de ces pays à travers l'Afrique. La Chine a clairement remporté la bataille diplomatique pour obtenir le soutien de l'Afrique aux Nations unies. Les pays africains votent systématiquement avec la Chine sur toutes les questions importantes. Avec l'Afrique soutenue par la Chine représentant 28 % des votes à l'Assemblée générale des Nations unies, Pékin dispose désormais d'un droit de veto effectif sur de nombreuses initiatives internationales, bloquant ainsi les objectifs politiques américains. Une étude récente de l'université Chapman révèle un autre aspect du rôle de la Chine en Afrique : la croissance de son influence médiatique. Les médias d'État chinois exploitent désormais 37 bureaux de presse à travers le continent et emploient 500 journalistes rien qu'au Kenya. Des milliers de journalistes africains sont formés en Chine afin de « bien raconter la narration chinoise ». Les médias occidentaux, en revanche, n'ont jamais été aussi faibles dans les pays africains. La BBC a fermé plusieurs services en langues africaines. Voice of America, la chaîne internationale financée par l'État américain, a pratiquement cessé ses activités. Pourtant, la domination chinoise sur l'Afrique est loin d'être totale. Après tout, il existe toujours des liens humains très forts entre l'Afrique et sa diaspora. Quelques faits illustrent cette réalité. La diaspora africaine (en tenant compte de la traite transatlantique des esclaves) compte environ 350 millions de personnes. La grande majorité vit dans les Amériques, en particulier aux États-Unis, au Brésil, en Colombie et en Haïti. Il existe également d'importantes communautés en Europe, notamment en France et au Royaume-Uni. La Chine n'accueille qu'une infime partie de la diaspora africaine. L'année dernière, la Banque mondiale a averti que plusieurs pays africains étaient au bord de l'effondrement économique en raison des dettes qu'ils avaient contractées auprès de créanciers chinois. Dans 54 des 120 pays en développement pour lesquels la Banque mondiale dispose de données pertinentes, les paiements au titre du service de la dette envers la Chine dépassent désormais le montant total des remboursements dus au Club de Paris (un groupe de 22 pays de l'OCDE et de prêteurs de premier plan, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et la France). De nombreux pays africains découvrent trop tard que la Chine n'est pas tant un donateur bienveillant qu'un créancier impitoyable. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Polybe Posté(e) le 25 septembre Share Posté(e) le 25 septembre il y a une heure, Wallaby a dit : https://www.spiked-online.com/2025/09/24/chinas-scramble-for-africa/ La présence chinoise est palpable dans toute l'Afrique. Ses entreprises sont des acteurs actifs dans plus d'un tiers des 231 ports commerciaux africains. Le commerce sino-africain est passé d'environ 200 milliards de dollars en 2013 à 295 milliards de dollars en 2024. En revanche, le commerce américain avec l'Afrique a chuté de manière spectaculaire. Les importations africaines vers les États-Unis sont passées de 93 milliards de dollars en 2011 à seulement 37 milliards de dollars en 2021, la valeur des exportations américaines vers l'Afrique étant également en baisse. Le retrait américain d'Afrique ne se reflète pas seulement dans les statistiques économiques. Prenons l'exemple des consulats, qui jouent un rôle essentiel dans l'établissement de relations avec les pays étrangers. Les États-Unis ont réduit de 24 % leurs missions diplomatiques en Afrique. Dans le même temps, les puissances non occidentales renforcent agressivement leur présence diplomatique. Après une augmentation de 62 % au cours de cette période, la Chine est désormais en tête avec 65 missions, dépassant les 56 missions américaines. Ce changement reflète l'évolution de l'influence de ces pays à travers l'Afrique. La Chine a clairement remporté la bataille diplomatique pour obtenir le soutien de l'Afrique aux Nations unies. Les pays africains votent systématiquement avec la Chine sur toutes les questions importantes. Avec l'Afrique soutenue par la Chine représentant 28 % des votes à l'Assemblée générale des Nations unies, Pékin dispose désormais d'un droit de veto effectif sur de nombreuses initiatives internationales, bloquant ainsi les objectifs politiques américains. Une étude récente de l'université Chapman révèle un autre aspect du rôle de la Chine en Afrique : la croissance de son influence médiatique. Les médias d'État chinois exploitent désormais 37 bureaux de presse à travers le continent et emploient 500 journalistes rien qu'au Kenya. Des milliers de journalistes africains sont formés en Chine afin de « bien raconter la narration chinoise ». Les médias occidentaux, en revanche, n'ont jamais été aussi faibles dans les pays africains. La BBC a fermé plusieurs services en langues africaines. Voice of America, la chaîne internationale financée par l'État américain, a pratiquement cessé ses activités. Pourtant, la domination chinoise sur l'Afrique est loin d'être totale. Après tout, il existe toujours des liens humains très forts entre l'Afrique et sa diaspora. Quelques faits illustrent cette réalité. La diaspora africaine (en tenant compte de la traite transatlantique des esclaves) compte environ 350 millions de personnes. La grande majorité vit dans les Amériques, en particulier aux États-Unis, au Brésil, en Colombie et en Haïti. Il existe également d'importantes communautés en Europe, notamment en France et au Royaume-Uni. La Chine n'accueille qu'une infime partie de la diaspora africaine. L'année dernière, la Banque mondiale a averti que plusieurs pays africains étaient au bord de l'effondrement économique en raison des dettes qu'ils avaient contractées auprès de créanciers chinois. Dans 54 des 120 pays en développement pour lesquels la Banque mondiale dispose de données pertinentes, les paiements au titre du service de la dette envers la Chine dépassent désormais le montant total des remboursements dus au Club de Paris (un groupe de 22 pays de l'OCDE et de prêteurs de premier plan, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et la France). De nombreux pays africains découvrent trop tard que la Chine n'est pas tant un donateur bienveillant qu'un créancier impitoyable. Sauf que pour les migrants (légaux, je précise), la Chine est désormais la destination de choix, et l'Europe la substitution faute de mieux. La barrière de la langue n'aide pas. Pour les ports, on pourrait parler des ports français par contre... L'analyse des médias chinois en Afrique est assez intéressante. On peut parler d'échec relatif des chinois dans ce domaine. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 27 septembre Share Posté(e) le 27 septembre https://www.telos-eu.com/fr/de-la-democratie-en-afrique.html (27 septembre 2025) Ousmane Ndiaye, L’Afrique contre la démocratie : mythe, déni et péril, 2025 Ousmane Ndiaye prend notamment comme cible Alain Foka, un ancien journaliste de RFI devenu un critique déterminé du colonialisme français et un partisan acharné du panafricanisme. Sur son canal YouTube qui compte un million d’abonnés, il pourfend la démocratie et fait l’éloge des militaires qui ont pris le pouvoir au Mali, au Niger, en Guinée ou au Burkina Fasso et ont su rejeter les Français coupables d’ingérences permanentes. L’auteur raconte qu’à la 23e conférence de l’Union Africaine qui eut lieu à Addis Abeba en 2023, la rumeur persistante, relayée par la plupart des participants était ce rejet d’une démocratie néocoloniale alors que la priorité pour les Africains était de se nourrir grâce à l’efficacité de régimes autoritaires. Or sur 65 ans d’histoire depuis son indépendance, le Mali a été gouverné pendant 39 ans par des militaires qui ont été incapables de vaincre les mouvements djihadistes. La politisation à outrance de l’armée rongée par la corruption a constitué le principal obstacle à l’organisation d’élections libres et n’a pas permis de venir à bout des mouvements terroristes qui bénéficient de l’appui d’une partie de la population. Ousmane Ndiaye critique aussi avec vigueur ce qu’il appelle la Kagamephilie, c’est-à-dire le culte que vouent les pays occidentaux au président Kagamé qui aurait gouverné de manière exemplaire, depuis trente ans, le Rwanda. Il voit dans ce comportement la mauvaise conscience du monde qui s’est révélé incapable d’arrêter le génocide des Tutsis. Or, depuis que Kagamé a pris le pouvoir en 1994 d’abord comme vice-président puis depuis 2000 comme président à vie, le calme est revenu dans ce pays. Toutefois, le bilan de cet autocrate est loin d’être brillant. L’opposition est bâillonnée, les médias sont contrôlés et de nombreux adversaires du président ont perdu la vie dans des conditions troubles. Sur le plan économique, le Rwanda reste un des pays les plus pauvres du monde et ne survit que grâce à une aide internationale massive qui semble surtout profiter à la capitale Kigali. Il met aussi en cause la politique de dialogue et d’échanges engagée par le président Macron lors d’une conférence réunissant des jeunes et des intellectuels africains à Montpellier en 2021 et qui ne débouchera sur aucun résultat concret. Un modèle trop souvent cité par eux est celui du capitaine Thomas Sankara qui prit le pouvoir en 1984 au Burkina Faso et fut renversé et assassiné en 1987. Ce dirigeant charismatique qui lutta contre la corruption et promut l’émancipation des femmes acquit une grande notoriété dans les milieux de la gauche européenne. Cependant, il se comporta aussi comme un dictateur impitoyable, n’acceptant aucune opposition. Aujourd’hui, son lointain successeur à la tête du Burkina Fasso, le capitaine Traoré, essaie sans grand succès de le réincarner. Il faut cesser de s’obséder sur l’Europe et sur un calendrier des élections sans cesse reporté, et défendre les libertés publiques, la liberté de critiquer le pouvoir et la défense des droits des citoyens. Pour l'instant, je n'ai pas trouvé beaucoup mieux comme analyse, que celle de Rahmane Idrissa, qui rompt avec la dichotomie junte/démocratie en analysant le phénomène de "démocratie à parti dominant" sous les mandats Issoufou et Bazoum : Le 05/08/2023 à 17:12, Wallaby a dit : https://rahmane.substack.com/p/notes-sur-un-putsch (28 juillet 2023) Rahmane Idrissa Au Niger, un coup d’État n’est pas une surprise, mais une probabilité statistique. Le Niger a donc, c’est le moins qu’on puisse dire, un problème avec son armée. Elle est une armée structurellement putschiste. Les choses (...) m’ont donné l’impression (...) que la source principale du problème se trouvait dans l’ambition du PNDS d’être un parti non pas de compromis, mais de domination. L’arme la plus usitée à cet égard était la possibilité du « nomadisme politique », c’est-à-dire le fait de changer d’allégeance, en tant que député, alors qu’on avait été élu au titre d’un certain parti politique. Il faut noter ici que le Niger du PNDS n’était pas une exception. Le Mali de IBK passait par les mêmes affres. C’est au point que le projet de constitution élaboré dernièrement sous les auspices de la junte de Bamako interdit spécifiquement le nomadisme politique, une clause qui a reçu l’approbation même de nombres d’opposants à ladite junte. Le PNDS a suivi cette voie afin d’arriver à mettre en place une coalition qui lui conférait un statut de parti unique de fait. Le régime, sans être à proprement parler autoritaire, avait un style autoritaire, fruit de la position ultradominante. Une conséquence dangereuse de cette évolution, c’est que si la politique ne peut se faire sur son terrain propre, celui des relations entre partis politiques et des activités au sein des institutions politiques (Assemblée nationale, assemblées régionales et municipalités), elle se ferait là où elle ne doit pas se faire : l’administration, l’armée. De leur côté, les Français, qui avaient besoin d’appuis étatiques pour leur action, nouèrent des liens chaleureux au plus haut niveau avec ce qui, pour eux, était le Niger ; mais qui, pour les Nigériens, était le PNDS. On se rappelle qu’un coup d’État avait échoué contre Bazoum la veille même de son investiture. Au vu du fait que les Nigériens étaient fatigués de la domination du PNDS, cette annonce de coup fut bien accueillie, et son échec suscita une déception très nette dans la population. Le nouveau président fit montre d’une simplicité conviviale avec la population, se déplaça dans les zones affectées par les violences djihadistes pour parler directement avec les victimes – il était d’ailleurs déjà connu pour ses activités dans ce sens en sa qualité de ministre de l’Intérieur –, tint des conférences de presse, parfois même parmi les victimes, et parut généralement décidé à se montrer ouvert et pédagogue. Cela tenait à la fois de son style personnel et du travail d’une bonne équipe de communicants, et cela réussit à lui donner un état de grâce imprévu. Peut-être Bazoum avait-il en effet l’ambition de s’affranchir, si telle est la manière dont les choses doivent être vues. C’est difficile à dire. Un observateur très perspicace m’a affirmé que ce n’était pas le cas, qu’il serait véritablement un « second couteau » dans l’âme. Ce même observateur m’a dit que s’il ne s’affranchissait pas, il serait renversé. Cette remarque date de 2021, de quelque mois après son investiture. Je n’ai pas trouvé d’éléments qui contrediraient ses arguments. Mais qu’il ait raison ou pas, Bazoum avait certainement ses idées bien à lui, des principes – chose rare dans la classe politique nigérienne – et une forme de générosité qui lui donnait un charisme dont était dépourvu son prédécesseur. En février dernier, j’ai rencontré un haut gradé de l’armée nigérienne et suis ressorti de l’entretien avec un sentiment de stupéfaction. L’armée était, apparemment, pleine de gens qui préparaient un coup d’État. Il ne me l’avait pas dit ainsi, il me l’a dit de façon beaucoup plus impressionnante, c’est-à-dire comme si c’était la prémisse de départ de nos discussions (il s’agissait de réfléchir sur comment mettre les militaires au fait de certaines problématiques liées à la question sécuritaire et que le travail universitaire a pu mettre au clair). Je ne me rendais pas compte que les choses en étaient arrivées à ce stade. En posant quelques questions, je compris que ces projets étaient tous liés à l’idée que le pouvoir civil ne pouvait pas régler la crise sécuritaire. Les militaires nigériens avaient observé que les coups d’État de la Guinée, du Mali (deux !), du Burkina Faso (deux !) n’avaient suscité aucune véritable opposition : ils avaient été acclamés par la population, ce qui n’était pas chose difficile ; la CEDEAO n’avait pas réussi à imposer de façon durable et douloureuse des sanctions ; l’Occident s’était tenu en retrait. L’Occident se tient d’autant plus en retrait depuis que la junte malienne a introduit l’ours russe dans l’enclos ouest-africain. Bazoum a résisté jusqu’au bout à la levée des sanctions contre le Mali, non pas, comme le suppose naïvement l’opinion publique malienne, parce qu’il « détesterait » le Mali, mais parce que la junte malienne donnait des idées aux militaires nigériens. Le régime PNDS m’a impressionné une fois dans toute sa carrière : sa gestion de la crise de la Covid-19, que j’ai étudiée pour le compte de l’université de Leyde. Par ailleurs, à cette occasion, le régime a libéré le chef du parti Loumana. Par contraste, la guerre contre le djihadisme n’est pas traitée comme une guerre. [Ce putsch] semble en fait relever d’une catégorie inédite, le putsch opportuniste. De ce point de vue, le putsch réagit moins à une situation intérieure pas spécialement favorable qu’à une situation internationale porteuse. - Le 05/08/2023 à 15:41, Wallaby a dit : https://rahmane.substack.com/p/notes-sur-un-putsch-suite (30 juillet 2023) Rahmane Idrissa L’autre rencontre concerne une haute personnalité de l’UE avec qui j’ai été invité à échanger à La Haye, sous le sceau Chatham House. Je ne peux donc pas le nommer ni indiquer son poste. J’essayai de le convaincre que la démocratie nigérienne était très mal en point et que si l’UE voulait gagner les coeurs des gens, elle devait développer une stratégie d’aide aux contre-pouvoirs et à l’opposition. Je ne réussis qu’à mettre cette personnalité sur la défensive. Il se fit notamment, de façon volubile et un rien hostile, l’avocat des présidents Issoufou et Bazoum, bien que je ne les aie pas mentionnés. Il était manifestement sincère, mais bien moins disposé à m’écouter que l’ambassadeur américain: peut-être me soupçonnait-il d’être un opposant et d’être biaisé pour des raisons politiques. Je mentionne ces rencontres pour souligner la déconnexion qui existait entre les représentants des pays occidentaux (et africains) et le sentiment commun au Niger, déconnexion que j’ai pu personnellement constater. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Polybe Posté(e) le 28 septembre Share Posté(e) le 28 septembre Il y a 16 heures, Wallaby a dit : https://www.telos-eu.com/fr/de-la-democratie-en-afrique.html (27 septembre 2025) Ousmane Ndiaye, L’Afrique contre la démocratie : mythe, déni et péril, 2025 Ousmane Ndiaye prend notamment comme cible Alain Foka, un ancien journaliste de RFI devenu un critique déterminé du colonialisme français et un partisan acharné du panafricanisme. Sur son canal YouTube qui compte un million d’abonnés, il pourfend la démocratie et fait l’éloge des militaires qui ont pris le pouvoir au Mali, au Niger, en Guinée ou au Burkina Fasso et ont su rejeter les Français coupables d’ingérences permanentes. L’auteur raconte qu’à la 23e conférence de l’Union Africaine qui eut lieu à Addis Abeba en 2023, la rumeur persistante, relayée par la plupart des participants était ce rejet d’une démocratie néocoloniale alors que la priorité pour les Africains était de se nourrir grâce à l’efficacité de régimes autoritaires. Or sur 65 ans d’histoire depuis son indépendance, le Mali a été gouverné pendant 39 ans par des militaires qui ont été incapables de vaincre les mouvements djihadistes. La politisation à outrance de l’armée rongée par la corruption a constitué le principal obstacle à l’organisation d’élections libres et n’a pas permis de venir à bout des mouvements terroristes qui bénéficient de l’appui d’une partie de la population. Ousmane Ndiaye critique aussi avec vigueur ce qu’il appelle la Kagamephilie, c’est-à-dire le culte que vouent les pays occidentaux au président Kagamé qui aurait gouverné de manière exemplaire, depuis trente ans, le Rwanda. Il voit dans ce comportement la mauvaise conscience du monde qui s’est révélé incapable d’arrêter le génocide des Tutsis. Or, depuis que Kagamé a pris le pouvoir en 1994 d’abord comme vice-président puis depuis 2000 comme président à vie, le calme est revenu dans ce pays. Toutefois, le bilan de cet autocrate est loin d’être brillant. L’opposition est bâillonnée, les médias sont contrôlés et de nombreux adversaires du président ont perdu la vie dans des conditions troubles. Sur le plan économique, le Rwanda reste un des pays les plus pauvres du monde et ne survit que grâce à une aide internationale massive qui semble surtout profiter à la capitale Kigali. Il met aussi en cause la politique de dialogue et d’échanges engagée par le président Macron lors d’une conférence réunissant des jeunes et des intellectuels africains à Montpellier en 2021 et qui ne débouchera sur aucun résultat concret. Un modèle trop souvent cité par eux est celui du capitaine Thomas Sankara qui prit le pouvoir en 1984 au Burkina Faso et fut renversé et assassiné en 1987. Ce dirigeant charismatique qui lutta contre la corruption et promut l’émancipation des femmes acquit une grande notoriété dans les milieux de la gauche européenne. Cependant, il se comporta aussi comme un dictateur impitoyable, n’acceptant aucune opposition. Aujourd’hui, son lointain successeur à la tête du Burkina Fasso, le capitaine Traoré, essaie sans grand succès de le réincarner. Il faut cesser de s’obséder sur l’Europe et sur un calendrier des élections sans cesse reporté, et défendre les libertés publiques, la liberté de critiquer le pouvoir et la défense des droits des citoyens. Pour l'instant, je n'ai pas trouvé beaucoup mieux comme analyse, que celle de Rahmane Idrissa, qui rompt avec la dichotomie junte/démocratie en analysant le phénomène de "démocratie à parti dominant" sous les mandats Issoufou et Bazoum : - La France, un bouc-émissaire. Le Rwanda, des vendus à la Chine. Choisissait vos armes et votre camp messieurs les africains... 1 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) vendredi à 14:44 Share Posté(e) vendredi à 14:44 Le 22/09/2025 à 13:38, Wallaby a dit : https://www.laciviltacattolica.fr/le-panafricanisme-utopie-ou-realite/ (8 juillet 2025) Le panafricanisme : utopie ou réalité ? L’activiste franco-béninois Kemi Seba (son vrai nom est : Stellio Gilles Robert Capo Chichi) s’est fait remarquer à travers son engagement militant en faveur de la lutte contre le néocolonialisme et pour la promotion de la souveraineté africaine[12]. [12] Kemi Seba est très engagé dans son panafricanisme jugé parfois sévère. Dans son ouvrage, voulant mettre l’accent sur l’autodétermination, il affirme que « la décolonisation a systématiquement échoué, car, à l’image de l’aigle conditionné voulant sortir de sa cage, une fois libres, nous avons voulu nous comporter comme le pigeon auquel le chasseur nous avait dit que nous ressemblions. Nous avons voulu gérer nos pays comme des Occidentaux, mais en vain, car le fait est qu’ontologiquement, nous ne sommes pas des Occidentaux et ne le serons jamais. Nous avons voulu fonctionner avec leurs mœurs, avec leur grille de lecture politique, que ce soit le marxisme, le léninisme, le socialisme, le radicalisme de gauche, alors qu’aucune de ces notions n’est intrinsèquement adéquate à la façon de fonctionner des Noirs ». Cf. K. Seba, Supra-negritude. Autodétermination, antivictimisation, virilité du peuple, Editions Fiat Lux, Paris, 2013, 215-216. https://www.monde-diplomatique.fr/2024/09/CARAYOL/67464 En Afrique de l’Ouest, le panafricanisme rime désormais avec « dégagisme » M. Seba symbolise les tensions et les contradictions qui traversent les milieux panafricanistes. Nombre de militants dénoncent son orientation prorusse ou encore son discours suprémaciste et viriliste. Mais pour la plupart, il appartient malgré tout à la « famille » panafricaine — tendance Garvey : conservatrice, racialiste et même fasciste, un terme dont le Jamaïcain se revendiquait [Marcus Gravey (1887-1940) promeut le retour des descendants d’esclaves sur le continent africain — ce que l’on appelle le « sionisme noir ». Il soutient l’idée de « races pures » et la nécessité de les séparer. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcus_Garvey]. Pour le journaliste et écrivain sénégalais El Hadj Souleymane Gassama (dit Elgas), M. Seba n’est qu’un « fossoyeur ». Il dénonce l’« enfermement sectaire » dont seraient prisonniers les nouveaux panafricanistes, leur « confusionnisme », et parle d’un « héritage travesti » (12). Sans citer de noms, le politiste Fall ne cache pas, pour sa part, sa crainte de voir le panafricanisme historique dévoyé. « Beaucoup font du sankarisme sans connaître Sankara », estime-t-il. Il déplore une instrumentalisation par des mouvements « néosouverainistes », réactionnaires et nationalistes, qui jouent sur les peurs et l’ignorance pour imposer leurs idées. Au Mali, au Niger, en Guinée et au Burkina Faso, les dirigeants putschistes ont très vite compris l’intérêt de récupérer ce discours. Dénoncer l’impérialisme français, mettre l’accent sur le souverainisme, et donc s’inscrire dans l’idéal panafricain sont les recettes les plus sûres pour eux de gagner en popularité. Et de fait, c’est la mobilisation populaire qui leur a permis, entre autres, de s’éterniser au pouvoir et de résister aux pressions internationales. Au début, aucun d’eux n’était connu pour ses idées révolutionnaires. Mais tous ont fini par se réclamer opportunément de cette mouvance, souvent abusivement. Le colonel Assimi Goïta, au Mali, accueille régulièrement des délégations dites « panafricanistes » (il a reçu MM. Sagna et Seba notamment), et évoque la « vocation panafricaniste du Mali » dans ses discours. Début août 2024, la nomination de M. Seba à un poste de conseiller spécial à Niamey a été perçue par la France comme une nouvelle provocation. Ces dirigeants ont entrepris quelques réformes économiques, visant à répondre aux attentes des populations. Ils ont notamment révisé les codes miniers et renégocié certains des contrats signés avec des multinationales occidentales. Le Niger a ainsi décidé de retirer au groupe français Orano (ex-Areva) le permis d’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren en juin 2024. Au Burkina Faso, le capitaine Traoré a également mis l’accent sur la souveraineté alimentaire : il a lancé une « offensive agropastorale » qui a permis de faire pousser du blé pour la première fois depuis longtemps dans le pays. Mais on est loin du « grand soir » promu par les panafricanistes post indépendance : aucun n’a remis en cause les intérêts de la grande bourgeoisie, ni n’a rompu avec le FMI ou la Banque mondiale. Rares ont été les initiatives visant à augmenter les salaires des plus pauvres ou à lutter contre la corruption. Et tous s’inscrivent dans une forme de conservatisme social : contrairement à Sankara, les droits des femmes et les questions environnementales sont loin d’être une préoccupation pour eux. En d’autres circonstances, ces régimes autoritaires ne seraient pas forcément bien vus par la gauche panafricaniste — elle pourrait même les combattre. Pourtant, après avoir tour à tour exigé de l’armée française qu’elle retire ses troupes, rompu leurs relations diplomatiques avec Paris, quitté la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) — perçue par beaucoup comme un instrument au service de l’impérialisme —, fondé leur propre « confédération », l’Alliance des États du Sahel (AES), affiché leur volonté de « mutualiser » leurs moyens dans les domaines sécuritaire, agricole ou énergétique et enfin fait part de leur volonté de sortir du franc CFA et de battre une nouvelle monnaie commune, ils bénéficient d’une cote au plus haut dans la galaxie panafricaniste. Alors que certains de leurs camarades sont emprisonnés dans ces pays, de nombreux militants louent le courage des militaires et les présentent comme des exemples à suivre. Pour Pierre Sané, l’ancien secrétaire général d’Amnesty International (1992-2001), « ce n’est pas parce qu’ils portent l’uniforme qu’ils ne sont pas panafricanistes ». Mais une autre question se pose : le panafricanisme « 2.0 », qui s’apparente parfois à un messianisme politique mystificateur, pourrait-il aboutir à une forme de fascisme, ou à une dérive identitaire alimentée par ce que le sociologue Bouamama appelle la « fétichisation de l’Afrique antécoloniale », une sorte de maladie infantile du panafricanisme qui consiste à présenter l’Afrique ancestrale comme un paradis égalitaire ? Voilà qui inquiète les gardiens du temple. « L’Afrique n’échappe pas aux phénomènes que l’on retrouve ailleurs dans le monde, souligne l’un d’eux, qui a souhaité rester anonyme. Partout, la question identitaire s’impose, et partout, la place des anciennes puissances coloniales et de ce que l’on appelle l’“Occident” est remise en cause. Le rejet des formes modernes de l’impérialisme est une étape inévitable, indispensable. Elle ne peut être que radicale, voire violente, puisque les puissances impériales comme la France n’entendent pas partir d’elles-mêmes [*]. Mais si l’on perd de vue que le panafricanisme est avant tout un internationalisme qui promeut la solidarité des peuples par-delà les frontières et les origines, on va droit dans le mur. » [*] C'est contestable au sens où la France est assez clairement partie d'elle-même de Guinée en 1958 conformément au résultat du référendum d'indépendance. Cela l'est également au vu du commentaire du premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga reprochant à la France son « abandon en plein vol » : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/09/26/le-mali-reproche-a-la-france-un-abandon-en-plein-vol-dans-la-lutte-antidjihadiste-au-sahel_6096029_3212.html Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Polybe Posté(e) hier à 07:13 Share Posté(e) hier à 07:13 Il y a 16 heures, Wallaby a dit : https://www.monde-diplomatique.fr/2024/09/CARAYOL/67464 En Afrique de l’Ouest, le panafricanisme rime désormais avec « dégagisme » M. Seba symbolise les tensions et les contradictions qui traversent les milieux panafricanistes. Nombre de militants dénoncent son orientation prorusse ou encore son discours suprémaciste et viriliste. Mais pour la plupart, il appartient malgré tout à la « famille » panafricaine — tendance Garvey : conservatrice, racialiste et même fasciste, un terme dont le Jamaïcain se revendiquait [Marcus Gravey (1887-1940) promeut le retour des descendants d’esclaves sur le continent africain — ce que l’on appelle le « sionisme noir ». Il soutient l’idée de « races pures » et la nécessité de les séparer. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcus_Garvey]. Pour le journaliste et écrivain sénégalais El Hadj Souleymane Gassama (dit Elgas), M. Seba n’est qu’un « fossoyeur ». Il dénonce l’« enfermement sectaire » dont seraient prisonniers les nouveaux panafricanistes, leur « confusionnisme », et parle d’un « héritage travesti » (12). Sans citer de noms, le politiste Fall ne cache pas, pour sa part, sa crainte de voir le panafricanisme historique dévoyé. « Beaucoup font du sankarisme sans connaître Sankara », estime-t-il. Il déplore une instrumentalisation par des mouvements « néosouverainistes », réactionnaires et nationalistes, qui jouent sur les peurs et l’ignorance pour imposer leurs idées. Au Mali, au Niger, en Guinée et au Burkina Faso, les dirigeants putschistes ont très vite compris l’intérêt de récupérer ce discours. Dénoncer l’impérialisme français, mettre l’accent sur le souverainisme, et donc s’inscrire dans l’idéal panafricain sont les recettes les plus sûres pour eux de gagner en popularité. Et de fait, c’est la mobilisation populaire qui leur a permis, entre autres, de s’éterniser au pouvoir et de résister aux pressions internationales. Au début, aucun d’eux n’était connu pour ses idées révolutionnaires. Mais tous ont fini par se réclamer opportunément de cette mouvance, souvent abusivement. Le colonel Assimi Goïta, au Mali, accueille régulièrement des délégations dites « panafricanistes » (il a reçu MM. Sagna et Seba notamment), et évoque la « vocation panafricaniste du Mali » dans ses discours. Début août 2024, la nomination de M. Seba à un poste de conseiller spécial à Niamey a été perçue par la France comme une nouvelle provocation. Ces dirigeants ont entrepris quelques réformes économiques, visant à répondre aux attentes des populations. Ils ont notamment révisé les codes miniers et renégocié certains des contrats signés avec des multinationales occidentales. Le Niger a ainsi décidé de retirer au groupe français Orano (ex-Areva) le permis d’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren en juin 2024. Au Burkina Faso, le capitaine Traoré a également mis l’accent sur la souveraineté alimentaire : il a lancé une « offensive agropastorale » qui a permis de faire pousser du blé pour la première fois depuis longtemps dans le pays. Mais on est loin du « grand soir » promu par les panafricanistes post indépendance : aucun n’a remis en cause les intérêts de la grande bourgeoisie, ni n’a rompu avec le FMI ou la Banque mondiale. Rares ont été les initiatives visant à augmenter les salaires des plus pauvres ou à lutter contre la corruption. Et tous s’inscrivent dans une forme de conservatisme social : contrairement à Sankara, les droits des femmes et les questions environnementales sont loin d’être une préoccupation pour eux. En d’autres circonstances, ces régimes autoritaires ne seraient pas forcément bien vus par la gauche panafricaniste — elle pourrait même les combattre. Pourtant, après avoir tour à tour exigé de l’armée française qu’elle retire ses troupes, rompu leurs relations diplomatiques avec Paris, quitté la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) — perçue par beaucoup comme un instrument au service de l’impérialisme —, fondé leur propre « confédération », l’Alliance des États du Sahel (AES), affiché leur volonté de « mutualiser » leurs moyens dans les domaines sécuritaire, agricole ou énergétique et enfin fait part de leur volonté de sortir du franc CFA et de battre une nouvelle monnaie commune, ils bénéficient d’une cote au plus haut dans la galaxie panafricaniste. Alors que certains de leurs camarades sont emprisonnés dans ces pays, de nombreux militants louent le courage des militaires et les présentent comme des exemples à suivre. Pour Pierre Sané, l’ancien secrétaire général d’Amnesty International (1992-2001), « ce n’est pas parce qu’ils portent l’uniforme qu’ils ne sont pas panafricanistes ». Mais une autre question se pose : le panafricanisme « 2.0 », qui s’apparente parfois à un messianisme politique mystificateur, pourrait-il aboutir à une forme de fascisme, ou à une dérive identitaire alimentée par ce que le sociologue Bouamama appelle la « fétichisation de l’Afrique antécoloniale », une sorte de maladie infantile du panafricanisme qui consiste à présenter l’Afrique ancestrale comme un paradis égalitaire ? Voilà qui inquiète les gardiens du temple. « L’Afrique n’échappe pas aux phénomènes que l’on retrouve ailleurs dans le monde, souligne l’un d’eux, qui a souhaité rester anonyme. Partout, la question identitaire s’impose, et partout, la place des anciennes puissances coloniales et de ce que l’on appelle l’“Occident” est remise en cause. Le rejet des formes modernes de l’impérialisme est une étape inévitable, indispensable. Elle ne peut être que radicale, voire violente, puisque les puissances impériales comme la France n’entendent pas partir d’elles-mêmes [*]. Mais si l’on perd de vue que le panafricanisme est avant tout un internationalisme qui promeut la solidarité des peuples par-delà les frontières et les origines, on va droit dans le mur. » [*] C'est contestable au sens où la France est assez clairement partie d'elle-même de Guinée en 1958 conformément au résultat du référendum d'indépendance. Cela l'est également au vu du commentaire du premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga reprochant à la France son « abandon en plein vol » : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/09/26/le-mali-reproche-a-la-france-un-abandon-en-plein-vol-dans-la-lutte-antidjihadiste-au-sahel_6096029_3212.html Kemi Seba est un exemple éclatant d'une récupération politique au profit d'une vie qui tourne autour de l'arnaque. Attention, je ne nie pas que son racisme est probablement sincère. Mais il est aussi un très bon exemple d'un ignare qui n'apporte rien. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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