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Les services de renseignements dans le monde


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Messages recommandés

Des articles scientifiques en accès libre (pour une durée limitée) sur le renseignement d'Israël, du Hamas et du Hezbollah : https://www.tandfonline.com/journals/fint20/collections/Israeli-Hamas-and-Hezbollah-Intelligence

Et un sur (encore !) Gérard de Villiers, l'auteur de la série de livres SAS : https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/02684527.2023.2291874

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  • 4 weeks later...

Un politicien belge d’extrême droite qui travaille pour les services secrets chinois; Passera t'il en jugement ou non ? En décembre, on disait que non car le code pénal belge ne prévoyait pas les agents d'influence mais un article le 10 janvier indique que le parquet fédéral à ouvert une enquête :

https://www.lemonde.fr/international/video/2024/01/21/chine-comment-un-espion-de-pekin-a-recrute-un-homme-politique-europeen_6212130_3210.html?utm_source=pocket-newtab-fr-fr

Pendant au moins trois ans, Frank Creyelman, un homme politique belge d’extrême droite, s’est vu confier des missions par un officier de renseignement chinois. « Le Monde », avec le « Spiegel » et le « Financial Times », s’est procuré leurs échanges....

Collecter des informations sur Charles Michel et les institutions européennes, recruter des sources ou encore influencer le débat public sur la crise du Covid-19 ou Hongkong : les missions de Frank Creyelman étaient nombreuses. Pendant au moins trois ans, l’homme politique belge d’extrême droite a reçu de nombreuses consignes de la part de son officier traitant chinois.

Les centaines de messages entre les deux hommes récupérés par Le Monde, le Spiegel et le Financial Times montrent les thématiques chères à Pékin, comme les Ouïgours – la minorité musulmane opprimée dans la région du Xinjiang, le Covid-19 ou encore les manifestations prodémocratiques à Hongkong. Les échangent, qui couvrent la période 2019-2022, mettent également à nu les différentes stratégies d’influence utilisées par cet agent chinois, qui se fait appeler « Daniel Woo ».

https://www.7sur7.be/belgique/espionnage-chinois-le-parquet-federal-ouvre-une-enquete-sur-l-ancien-parlementaire-vlaams-belang-frank-creyelman~aae76398/?referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2F

Reportage trouvé par @jojo (lo savoyârd)

 

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Aller, encore (une pour changer) ...

"Parlement européen. Une espionne russe siégeait en tant qu’eurodéputée lettone

Le Parlement européen a annoncé mardi avoir ouvert une enquête sur une eurodéputée lettone, accusée par une enquête de la presse d’avoir mené des activités d’espionnage au profit de Moscou ces deux dernières décennies."

https://www.ouest-france.fr/europe/ue/parlement-europeen-une-espionne-russe-siegeait-en-tant-queurodeputee-lettone-29a3af18-c03d-11ee-9812-c8f10941541a

Modifié par jojo (lo savoyârd)
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Un "espion" chinois arrêté en Inde ...

https://www.ladepeche.fr/2024/02/02/arrete-en-inde-et-emprisonne-pendant-8-mois-le-calvaire-dun-pigeon-soupconne-detre-un-espion-chinois-11738979.pindéfectible. 

Le pauvre ... :biggrin:

Mais numériquement indétectable.

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  • 2 weeks later...

Un réfugié afghan de haut rang en Angleterre depuis 2000 travaillant pour le MI6 travailler également comme espion pour la Russie. Il aurait rencontrer des premiers ministres et même le Prince Charles jusqu'à qu'il soit déchu de sa nationalité britannique en 2019. Et lors de la chute de Kaboul est retourné au Royaume uni !

https://www.lefigaro.fr/international/royaume-uni-un-refugie-afghan-accuse-d-espionnage-pour-la-russie-20240211

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(theinsider 01.02.24)

L'assistant d'extrême droite du Bundestag et son officier traitant du FSB, rappeur

Un assistant pro-russe d’un législateur allemand d’extrême droite qui a tenté de faire échouer l’envoi de chars de combat par Berlin vers l’Ukraine est un agent des renseignements russes, peut désormais révéler The Insider. De plus, son maître est un rappeur.

Citation

Vladimir Sergienko, 52 ans, est le conseiller d'origine ukrainienne d'Eugen Schmidt, député du Bundestag du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD). L'Insider et Der Spiegel ont rapporté en août que Sergienko était devenu suspect en Allemagne après que sa correspondance par courrier électronique et par SMS avec un agent présumé du FSB connu uniquement sous le nom d'« Alexei » ait été révélée.

 

Le vrai nom d’Alexei peut désormais être révélé : Ilya Vechtomov, né en 1987, officier du Cinquième Service du Service fédéral de sécurité (FSB) de Russie, l’une des agences qui ont succédé au KGB de l’ère soviétique. Bien que le FSB soit en grande partie responsable des activités de sécurité intérieure et de contre-espionnage en Russie, le Cinquième Service, créé dans les années 1990, fait office de bras de renseignement extérieur. (Le 29 janvier, The Insider a révélé qu'au moins un officier du FSB du Cinquième Service avait servi de conseiller à Tatjana Ždanoka, une députée européenne lettone. Suite à la publication de cet article, il a été annoncé que Ždanoka faisait l'objet d'une enquête interne du Parlement européen.)

 

Diplômé en assurance complexe de la sécurité de l’information de l’Université technique d’État Kalachnikov d’Ijevsk, l’identité de Vechtomov a été confirmée grâce à des métadonnées téléphoniques. Cela montre qu'il est en communication constante avec des dizaines d'autres membres connus du FSB, dont Vladimir Petrovsky, chef de la neuvième division du Département d'information opérationnelle (DOI) du Cinquième Service. «Alexei» a également été associé à Vechtomov grâce à des noms d'utilisateur, des mots de passe et des avatars partiellement superposés qu'il a recyclés entre ses deux identités. La Neuvième Division est responsable de la collecte de renseignements sur l’Ukraine, le pays que Vladimir Poutine a chargé le Cinquième Service de déstabiliser politiquement avant l’invasion à grande échelle de la Russie le 24 février 2022.

 

« Depuis sa création, le Cinquième Service a ciblé de hauts responsables et des membres du renseignement ukrainiens dans le but de créer un réseau efficace pour saper l’État ukrainien », a déclaré à The Insider le général Valeriy Kondratyuk, ancien directeur des services de renseignement militaires et étrangers ukrainiens. « Cependant, le Cinquième Service a échoué lors de la première étape de l’invasion à grande échelle. L’aide militaire internationale à l’Ukraine est désormais sa principale cible. Le Cinquième Service cherche à saper la confiance occidentale en Ukraine et à empêcher par tous les moyens possibles l’afflux d’armes vers notre pays.»

 

Des données de voyage divulguées montrent que Vechtomov lui-même – utilisant un certain nombre d’identités alternatives, dont celle d’« Ilya Vekshin » – a recruté et rencontré secrètement d’autres Ukrainiens, généralement en Biélorussie voisine ou dans des destinations de vacances en Turquie, avant l’invasion de 2022. . Les noms alternatifs ont été découverts par The Insider grâce au mauvais savoir-faire de Vechtomov. Il a laissé de nombreuses traces croisées entre ses différents pseudonymes.

 

Dans un rebondissement surréaliste, The Insider a également découvert qu'Ilya Vechtomov, également connu sous le nom de « Ilya Vekshin » ou « Alexei », possède une quatrième identité secrète : celle du rappeur Fox D'Liss. Vechtomov a même investi dans du matériel publicitaire pour promouvoir son trio de rap, OSII, fondé en 2003, notamment en publiant des vidéos de leurs performances live sur YouTube et en diffusant leurs rythmes sur Apple Music. Le groupe Chekist Vanilla Ice, fer de lance de la pénétration du pouvoir législatif fédéral allemand, s’est même produit lors d’un festival de musique hip-hop à Moscou quelques semaines seulement avant le début de la guerre.

 

Sergienko, né en 1971, est lui-même originaire de Lviv, ville de l’ouest de l’Ukraine. Cependant, l’essentiel de son travail législatif dans son Allemagne d’adoption a eu pour objectif d’aider la Russie à conquérir son pays natal. Dans une réponse envoyée par courrier électronique au Spiegel, Sergienko a nié tout lien avec les services de renseignement russes ou avec Vechtomov. «Les liens avec la Russie sont une fiction et pour moi, l'interlocuteur en question, Ilya Vechtomov, n'existe pas. Les accusations selon lesquelles je serais un agent d'influence de Moscou sont infondées et ne reflètent pas la réalité.»

 

Mais les communiqués de Sergienko avec Vechtomov racontent une tout autre histoire.

 

En sa qualité d'assistant du député de l'AfD, Schmidt, Sergienko a contribué à la rédaction de discours pour le législateur et d'autres membres de l'AfD. Le parti, qui détient 83 des 736 sièges au Bundestag, est connu pour son idéologie ultranationaliste et xénophobe, son opposition à l'Union européenne et à l'OTAN et son attachement à l'actuel occupant du Kremlin. Sur le plan institutionnel, l’AfD a fait campagne contre les sanctions imposées à Moscou après le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine.

 

Fervent partisan de la guerre russe, Sergienko s’est adressé à la télévision d’État russe pour plaider en faveur de la capitulation de l’Ukraine. Il a également fait circuler des théories du complot fébriles : par exemple, selon lequel Berlin complotait pour assassiner le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et Scholz télégraphiait un « code nazi » en acceptant soi-disant d’envoyer 88 chars Léopard en Ukraine. (Le nombre 88 est utilisé par les néo-nazis comme raccourci pour « Heil Hitler », car « h » est la huitième lettre de l’alphabet.) Cela peut être considéré comme un cas de projection. En novembre 2023, Sergienko a assisté à une conférence « Paix avec la Russie » organisée par une publication d'extrême droite, le magazine Compact, à Magdebourg, en Allemagne. Sa proposition selon laquelle tout homme politique allemand préconisant une aide à la sécurité à l’Ukraine devrait être « rayée du paysage politique » a été accueillie avec enthousiasme par les participants.

 

Les récits de voyage montrent que Sergienko s'est rendu en Russie dix-huit fois depuis le début de la guerre. Il s’est même envolé pour Moscou le 23 février 2022, veille du début de l’invasion. Puis, le 6 juin 2023, Vechtomov a organisé pour Sergienko et un haut responsable de l’AfD, Bernhard Ulrich Oehme, un voyage d’une journée à Sotchi. Le voyage n’a pas été rendu public jusqu’à présent.

 

Dans un courriel adressé au Spiegel, Schmidt a déclaré que Sergienko avait été embauché « en réaction directe aux reportages effrayants » que le magazine allemand, ainsi que d'autres médias, avaient publiés « en relation avec la guerre en Ukraine et envers la Russie ». citoyens de langue allemande. Concernant les allégations concernant les contacts avec les services de renseignement… je fais référence au fait que je ne commente pas les allégations sans fondement.»

 

Un ancien collaborateur d'un autre député du Bundestag a déclaré à The Insider que Sergienko aurait eu un accès à la fois formel et informel à une multitude d'informations privilégiées sur la politique allemande. "Une fois à l'intérieur du Parlement, vous êtes libre d'aller où vous voulez", a déclaré l'ancien assistant, qui a requis l'anonymat. « Si vous êtes aide-soignant, vous avez plus d'accès car vous n'avez pas besoin d'un guide. La seule partie interdite est le niveau présidentiel ou la société parlementaire, le club privé.»

 

De plus, le plus grand parti d'opposition au Parlement se voit toujours confier la présidence de la commission des crédits, l'un des organes décisionnels les plus sensibles du corps législatif. Jusqu'aux élections fédérales de 2021, lorsque Schmidt, le patron de Sergienko, a remporté son siège, ce parti était l'AfD, ce qui signifie qu'un espion russe qui circulait dans les cercles du parti serait probablement au courant d'informations récentes et pertinentes, en particulier dans les mois critiques qui ont précédé le scrutin. guerre en Ukraine.

 

Des fuites de communications montrent qu’après le début de la guerre à grande échelle, Sergienko a pris des mesures directes visant à entraver les efforts défensifs de l’Ukraine, et il les a prises à la demande de son responsable du FSB. Sous la direction de Vechtomov, Sergienko a lancé une action en justice visant à arrêter – ou au moins à ralentir – l'aide de sécurité allemande à Kiev en affirmant que le chancelier Scholz n'avait pas reçu toutes les approbations nécessaires du Bundestag avant de s'engager à envoyer des chars de combat principaux Leopard 2 à Kiev. Ukraine. Le 1er mars 2023, Sergienko a envoyé un message à Vechtomov au sujet de ses efforts : « Le travail du gouvernement sera entravé. Cette situation est avantageuse pour nous car soit les chars seront livrés beaucoup plus tard que prévu, soit une injonction du tribunal sera prononcée. Pour maintenir ces actions, nous avons besoin des éléments suivants : approbation, soutien médiatique, soutien financier. Un membre du Bundestag signera un contrat pour préparer le procès. Les demandes des députés et les réponses du service scientifique du Bundestag seront utilisées séparément.»

 

Sergienko a demandé 93 000 $ à Vechtomov pour financer la campagne judiciaire, écrivant le 1er mars au responsable du FSB que cela coûterait « [a]pproximativement 25 000 euros par mois (estimé 2 à 3 mois pour l'examen, la même durée pour l'assistance juridique, c'est-à-dire l'injonction de livraisons). Le projet de loi sera émis par un prestigieux cabinet d'avocats [regroupant] plusieurs avocats spécialisés. Frais supplémentaires de traitement et de représentation (environ 10 000 euros). Les noms complets des collègues concernés (députés du Bundestag) seront fournis.»

 

Le 3 mai, Vechtomov a envoyé un message à Sergienko : « Au fait, en ce qui concerne les mesures actives, quelque chose a-t-il progressé ? (Les mesures actives, un concept de renseignement de l’ère soviétique, font référence à une guerre politique contre l’Occident.) Sergienko a répondu : « Nous suivons la feuille de route. Pas facile mais nous y allons.

 

En juillet, le groupe parlementaire AfD a en effet déposé une plainte auprès de la Cour constitutionnelle fédérale allemande, alléguant que le gouvernement ne pouvait envoyer aucune aide militaire à l'Ukraine – pas seulement des chars, mais aussi des équipements non létaux tels que des couvertures en laine et des sacs de couchage – sans le Approbation du Bundestag. Cependant, la fraction parlementaire de l’AfD a nié tout lien entre ce procès et les communiqués de Sergienko avec Vechtomov. Dans une réponse au Spiegel, le groupe a insisté sur le fait qu'il assumait seul les frais du procès intenté dans la ville de Karlsruhe. En outre, selon le représentant légal de l'AfD, l'objectif de cette affaire n'était pas de retarder les expéditions de chars vers l'Ukraine, mais plutôt de clarifier les droits constitutionnels du Bundestag en matière d'assistance à la sécurité des pays étrangers.

 

À ce jour, l’Allemagne a envoyé 18 de ses Leopard 2 en Ukraine et a également autorisé d’autres pays européens disposant de stocks de matériel fabriqué en Allemagne à en envoyer des dizaines d’autres à partir de leurs stocks. Ces chars devaient jouer un rôle essentiel dans les efforts de l’Ukraine visant à réaliser des gains territoriaux sur le champ de bataille en 2023, et le retard dans leur livraison a été cité comme l’une des raisons pour lesquelles la contre-offensive finalement décevante de Kiev a démarré si tard.

 

Parmi les autres tâches de Sergienko pour Vechtomov figurait la rédaction d’une lettre au pape François alléguant la « persécution des chrétiens en Ukraine ». La missive n'a pas été signée du nom de Sergienko, mais a été envoyée au nom de plusieurs hommes politiques de l'AfD et d'une ONG pro-russe, Vadar, dont Schmidt siège au conseil d'administration. Sergienko a même envoyé une version russe de la lettre à Vechtomov pour approbation.

 

Tout cela indique une faille majeure dans la sécurité nationale de l’Allemagne. Marc Polymeropolous, ancien officier de la CIA chargé des opérations en Europe et en Eurasie, a déclaré à The Insider que Sergienko est la preuve que « les services de renseignement russes continuent de considérer l'Europe comme leur terrain de jeu. L’Allemagne, en particulier, doit intensifier son jeu de contre-espionnage.»

 

La brèche au Bundestag survient peu de temps après un embarras encore plus important pour Berlin : la révélation d’une taupe du FSB à l’échelon supérieur du Service fédéral de renseignement allemand, ou BND. Carsten Linke, 52 ans, était jusqu'à récemment directeur de la reconnaissance technique au sein du BND, mais il a été arrêté en 2022 pour avoir transmis au FSB des informations détaillées sur l'emplacement des systèmes de fusées d'artillerie à haute mobilité (HIMARS) et des plates-formes anti-aériennes Iris-T sur le champ de bataille ukrainien – le premier système ayant été fourni à Kiev par les États-Unis et le second par l’Allemagne. Arthur Eller, un diamantaire de 31 ans, a ensuite été arrêté par le FBI à Miami pour avoir servi d’intermédiaire entre Linke et le FSB. Eller a ensuite été transféré de Floride à Berlin, où il a été arrêté par la police allemande.

 

Pire encore, selon les responsables du renseignement occidental, Linke n’a même pas été démasqué en tant qu’agent russe par l’Allemagne ; Cet honneur est allé au quartier général des communications du gouvernement britannique, mieux connu sous le nom de GCHQ, une agence de renseignement électromagnétique et l’équivalent national de la National Security Agency des États-Unis.

 

Mais contrairement à Linke et Eller, Sergienko risque désormais directement de perdre sa citoyenneté allemande. Parce que l'Allemagne n'autorisait pas la double nationalité jusqu'à un changement législatif en janvier dernier, Sergienko a déclaré sur sa demande de naturalisation allemande qu'à l'époque, il était uniquement citoyen ukrainien et qu'il avait renoncé à sa citoyenneté russe. C'était un mensonge. Selon les responsables de la sécurité à Berlin, les autorités allemandes ont informé Sergienko que sa naturalisation serait annulée, car un passeport russe avait été trouvé sur lui lors d'un contrôle de sécurité à l'aéroport de Hambourg l'année dernière. The Insider a examiné des copies de ce passeport, ainsi que des images d’un passeport russe interne inclus dans les e-mails de Sergienko. Les deux ont été publiés en 2022.

 

Comme son conseiller en difficulté l'a lui-même confirmé au Spiegel, Sergienko a déposé une plainte auprès du tribunal administratif de Berlin pour contester la révocation de sa citoyenneté allemande. Cette affaire pourrait prendre jusqu'à un an pour être jugée. Entre-temps, les déplacements de Sergienko ont déjà été restreints. Son laissez-passer pour le Bundestag, qui lui permettrait autrement d'accéder facilement à tous les bâtiments du Parlement, est désormais temporairement suspendu, et son « accès incontrôlé » au Parlement national « est actuellement exclu », selon l'administration du Bundestag.

 

Il y a aussi la question des finances de Sergienko. Il a personnellement transporté de l'argent liquide entre Moscou et Berlin et organisé des virements électroniques vers une ONG allemande qui partage sa position pro-Kremlin. « Pouvons-nous transférer de l’argent à une ONG allemande ? J'aurais besoin des coordonnées bancaires », a envoyé un message à Sergienko le 14 avril 2023. Sergienko a répondu : « Oui, nous pouvons transférer vers une ONG allemande. Je vais vérifier auprès de l'auditeur.

 

En avril, il a été arrêté par des agents des douanes allemandes à son retour de Russie et a découvert qu'il transportait 9 000 euros – juste en dessous du seuil de 10 000 euros autorisé pour entrer dans le pays sans déclaration. Sergienko a laissé entendre à The Insider en août qu'il ne voyageait qu'avec beaucoup d'argent en raison des sanctions internationales restreignant l'accès de la Russie au monde financier au sens large : « En tant que soi-disant journaliste, vous devriez en réalité savoir que la Russie est coupée du réseau de paiement international. ," il a dit. "Demandez-vous comment un homme peut voyager aujourd'hui ou rencontrer des membres de sa famille qui n'ont pas de visa pour [l'Allemagne] ou pour la Russie."

 

Les relevés de facturation téléphonique examinés par The Insider et Der Spiegel montrent que Sergienko a également communiqué avec Sargis Mirzakhanian, un membre du Parlement russe qui dirige une organisation connue sous le nom d’Agence internationale pour la politique actuelle, créée en 2014 après l’occupation de la Crimée par la Russie. Cette agence a « payé des milliers d’euros à des politiciens pour qu’ils présentent des résolutions pro-russes aux législatures européennes », selon l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP).

 

Dans un courriel adressé au Spiegel, Sergienko a évoqué la possibilité qu'il puisse avoir droit à une compensation financière de la part du magazine d'information allemand pour les prétendus « dommages » causés à sa réputation en raison de ses précédents reportages sur ses liens avec un officier du FSB alors seulement suspecté. Il a également déclaré que les enquêtes sur de tels liens détournent l’attention du « projet de livre » sur lequel il travaille actuellement. Selon les mots de Sergienko, cette entreprise littéraire vise « à prévenir la Troisième Guerre mondiale ». /g**gltrad

 

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Wolton n'en parlait pas en tout cas dans son livre "le KGB en France". Il évoquait beaucoup le cas de Robert Hersant, qui était semble-t-il très lié à des personnages importants en lien avec le PCF (notamment Albert Igoin), mais je n'ai pas mémoire de celui de Grumbach.

 

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Je ne connaissais pas.

Le nom figurant explicitement dans les papiers de Mitrokhine, c'est étonnant que seul le nom de code BROK ait été publié dans le bouquin Les Archives Mitrokhine écrit avec Christopher Andrew. Peur de poursuites par le concerné ? (il était alors encore en vie)

Je suis retourné voir dans Les Archives Mitrokhine, il parle notamment d'une liste de treize agents importants de la rézidentoura de Paris qui ont reçu des bonus de nouvel an en 1973, 1974 et 1975, sur dix Français, six d'entre eux (dont BROK) étaient journalistes, ce qui montre l'importance relative du travail du KGB dans le domaine* - et que leurs noms de code (ANDRE, ARGUS, NANT, MARS et TUR) sont autant de mystères restant à élucider.

* : tout en reconnaissant que cette liste n'est pas exhaustive : l'agent le plus important dans le domaine scientifique et technique n'y figure pas, car il était payé selon un autre système de bonus. Par ailleurs, Pierre-Charles Pathé n'est pas sur cette liste car il avait perdu en importance, mais il en regagnera peu après.

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  • 1 month later...

Le chef polonais de l'Eurocorps très brutalement rappelé en Pologne... :

https://polanddaily24.com/general-gromadzinski-dismissed-as-eurocorps-commander/politics/39569

"This decision follows a statement released by the Ministry on Wednesday afternoon, indicating that the Military Counterintelligence Service had initiated a control procedure regarding the personal security clearance of General Jarosław Gromadziński [...].”

 

...et son remplaçant immédiatement nommé :

https://polanddaily24.com/new-commander-chosen-for-eurocorps-general-piotr-blazeusz-to-replace-gromadzinski/politics/39601

 

Le lièvre aurait-été levé par les SR tchèques, en pointant du doigt l'AfD allemande (porteurs de valises de billets). Des politiques français (entre autre) apparaitraient également dans l'affaire...

https://www.lopinion.fr/international/en-allemagne-pointe-du-doigt-par-prague-lafd-nie-tout-financement-russe

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Publication d'un livre sur les agents français des services tchécoslovaques pendant la guerre froide, basé sur les archives de Prague :

Citation

On est frappé par la concomitance de la divulgation par L'Express du passé d'agent du KGB de son ancien directeur, Philippe Grumbach, et la publication par Vincent Jauvert d'À la solde de Moscou […] Un ouvrage puisé au robinet des archives des services de Prague, qui marchait, comme Sofia, Varsovie et Berlin-Est, main dans la main avec le grand frère de Moscou.

https://www.passion-histoire.net/viewtopic.php?f=50&t=43428

Mais, comme celui qui l'a posté le note, ces archives ne disent pas forcément toute la vérité.

Au passage, ca me fait découvrir le vrai nom du chiffreur du Quai d'Orsay qui bossait pour le KGB alias « Jour ». En fait les journaux avaient déjà rapporté sa trahison en 1987 (après sa mort) :

https://www.nytimes.com/1987/04/11/world/french-embassy-clerk-was-spy.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1987/04/12/le-chiffreur-francais-agent-du-kgb-aurait-fourni-des-renseignements-importants_4060110_1819218.html

...mais apparemment personne n'avait fait le lien avec le « Jour » des archives Mitrokhine jusqu'à aujourd'hui.

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Un truc que je viens de noter dans un article de theatrum-belli.com : https://theatrum-belli.com/audition-des-directeurs-de-la-drm-dgsi-et-dgse-sur-les-menaces-securitaires-en-afrique/

Lors d'une audition parlementaire, Nicolas Lerner, directeur de la DGSE et ex-DGSI, dit la chose suivante :

"M. Nicolas Lerner. Le sujet de l’information, sensible à l’étranger, l’est encore plus quand on parle du territoire national où, la question du champ d’activité des services ou leur capacité de réponse peut très vite venir télescoper les principes constitutionnels de liberté de conscience et de liberté d’informer. C’est pourquoi je pense salutaire la définition d’un cadre relatif aux opérations de désinformation et à la manipulation de l’information. Le décret portant création de Viginum définit précisément ce qui relève d’une action publique et ce qui tient de la libre opinion. Qu’on le regrette ou qu’on s’en réjouisse, dès lors qu’on reste dans les limites de la loi, on est libre, dans notre pays, de penser que la France mène une politique coloniale en Afrique ou que le président Poutine mène en Ukraine une action salutaire.

Néanmoins, la manipulation de l’information par une manière trompeuse d’influencer l’opinion entre dans le champ d’action du service. Depuis quelques mois, grâce à la création de Viginum et à une attitude beaucoup plus offensive de nos autorités, un moyen d’action existe, parfaitement démocratique, qui est de décrire les manœuvres en cours et de les dénoncer. Ce fut le cas pour deux opérations hostiles. L’une était pilotée par l’Azerbaïdjan. L’autre – les étoiles de David apposées sur des murs parisiens – par la Russie ; nous en sommes convaincus même si une enquête judiciaire est en cours. Le Gouvernement a donc décidé de nommer et de dénoncer les compétiteurs auteurs de ces opérations. Tel est l’état d’esprit actuel, et je partage l’opinion du directeur du renseignement militaire au sujet de l’entremêlement des volets défensif et offensif de notre action : la France, en tout cas ses services, s’est adaptée au nouveau contexte d’agressivité stratégique, dit ce qui est, et répond.

Sur le plan juridique, deux propositions des services soumises à la DPR ont été reprises dans le volet public de son rapport annuel. Un mot, d’abord, sur le cadre général. Le service chargé de la lutte contre l’espionnage et les ingérences est confronté en France à trois comportements. L’espionnage, puni par le code pénal, consiste à récupérer des informations que l’on n’est pas censé avoir. De l’autre côté du spectre, la politique d’influence menée par les États vise à promouvoir leur modèle et leurs valeurs ; ce procédé est légal et la France mène elle-même une politique d’influence à l’étranger. Entre les deux, il y a une zone grise, l’ingérence, autrement dit la volonté d’un État d’agir au bénéfice de ses intérêts ou contre les nôtres en avançant masqué, utilisant à cette fin des relais qui taisent au nom de qui ils parlent. Cette zone grise pourrait être mieux prise en compte par la loi et c’est à quoi tendent nos propositions.

La première tend à créer un registre des représentants d’intérêts étrangers inspiré du Foreign Agents Registration Act américain, récemment décliné au Canada et au Royaume-Uni, pays qui ne sont pas connus pour être des démocraties moins efficaces que la nôtre. Ce dispositif vise à rendre obligatoire la déclaration des liens de soumission ou de dépendance à un État étranger. Cela ne signifie pas que l’on est empêché de mener une activité d’influence mais qu’il faut dire d’où l’on parle et quels liens préexistent. Il s’agit simplement de renforcer la transparence du débat public.

Notre deuxième proposition tend à pénaliser l’ingérence, et la création d’un registre nous y aiderait : toute personne qui ne dirait pas précisément au nom de quels intérêts elle s’exprime pourrait être sanctionnée. C’est sur ce terrain que le Royaume-Uni a récemment avancé.

Ces deux propositions ont retenu l’attention favorable de la DPR.

 

M. le président Thomas Gassilloud. Si l’on vous entend bien, l’ingérence serait alors considérée comme une forme de trahison ?

 

M. Nicolas Lerner. Oui. Le fait d’agir pour le compte d’une puissance étrangère contre nos intérêts ou pour défendre les intérêts de cet État sans le déclarer relèverait alors du crime de trahison, puni de vingt ans de réclusion criminelle."

 

Hâte d'en voir l'application ! ^^

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il y a une heure, Polybe a dit :

Un truc que je viens de noter dans un article de theatrum-belli.com : https://theatrum-belli.com/audition-des-directeurs-de-la-drm-dgsi-et-dgse-sur-les-menaces-securitaires-en-afrique/

Lors d'une audition parlementaire, Nicolas Lerner, directeur de la DGSE et ex-DGSI, dit la chose suivante :

"M. Nicolas Lerner. Le sujet de l’information, sensible à l’étranger, l’est encore plus quand on parle du territoire national où, la question du champ d’activité des services ou leur capacité de réponse peut très vite venir télescoper les principes constitutionnels de liberté de conscience et de liberté d’informer. C’est pourquoi je pense salutaire la définition d’un cadre relatif aux opérations de désinformation et à la manipulation de l’information. Le décret portant création de Viginum définit précisément ce qui relève d’une action publique et ce qui tient de la libre opinion. Qu’on le regrette ou qu’on s’en réjouisse, dès lors qu’on reste dans les limites de la loi, on est libre, dans notre pays, de penser que la France mène une politique coloniale en Afrique ou que le président Poutine mène en Ukraine une action salutaire.

Néanmoins, la manipulation de l’information par une manière trompeuse d’influencer l’opinion entre dans le champ d’action du service. Depuis quelques mois, grâce à la création de Viginum et à une attitude beaucoup plus offensive de nos autorités, un moyen d’action existe, parfaitement démocratique, qui est de décrire les manœuvres en cours et de les dénoncer. Ce fut le cas pour deux opérations hostiles. L’une était pilotée par l’Azerbaïdjan. L’autre – les étoiles de David apposées sur des murs parisiens – par la Russie ; nous en sommes convaincus même si une enquête judiciaire est en cours. Le Gouvernement a donc décidé de nommer et de dénoncer les compétiteurs auteurs de ces opérations. Tel est l’état d’esprit actuel, et je partage l’opinion du directeur du renseignement militaire au sujet de l’entremêlement des volets défensif et offensif de notre action : la France, en tout cas ses services, s’est adaptée au nouveau contexte d’agressivité stratégique, dit ce qui est, et répond.

Sur le plan juridique, deux propositions des services soumises à la DPR ont été reprises dans le volet public de son rapport annuel. Un mot, d’abord, sur le cadre général. Le service chargé de la lutte contre l’espionnage et les ingérences est confronté en France à trois comportements. L’espionnage, puni par le code pénal, consiste à récupérer des informations que l’on n’est pas censé avoir. De l’autre côté du spectre, la politique d’influence menée par les États vise à promouvoir leur modèle et leurs valeurs ; ce procédé est légal et la France mène elle-même une politique d’influence à l’étranger. Entre les deux, il y a une zone grise, l’ingérence, autrement dit la volonté d’un État d’agir au bénéfice de ses intérêts ou contre les nôtres en avançant masqué, utilisant à cette fin des relais qui taisent au nom de qui ils parlent. Cette zone grise pourrait être mieux prise en compte par la loi et c’est à quoi tendent nos propositions.

La première tend à créer un registre des représentants d’intérêts étrangers inspiré du Foreign Agents Registration Act américain, récemment décliné au Canada et au Royaume-Uni, pays qui ne sont pas connus pour être des démocraties moins efficaces que la nôtre. Ce dispositif vise à rendre obligatoire la déclaration des liens de soumission ou de dépendance à un État étranger. Cela ne signifie pas que l’on est empêché de mener une activité d’influence mais qu’il faut dire d’où l’on parle et quels liens préexistent. Il s’agit simplement de renforcer la transparence du débat public.

Notre deuxième proposition tend à pénaliser l’ingérence, et la création d’un registre nous y aiderait : toute personne qui ne dirait pas précisément au nom de quels intérêts elle s’exprime pourrait être sanctionnée. C’est sur ce terrain que le Royaume-Uni a récemment avancé.

Ces deux propositions ont retenu l’attention favorable de la DPR.

 

M. le président Thomas Gassilloud. Si l’on vous entend bien, l’ingérence serait alors considérée comme une forme de trahison ?

 

M. Nicolas Lerner. Oui. Le fait d’agir pour le compte d’une puissance étrangère contre nos intérêts ou pour défendre les intérêts de cet État sans le déclarer relèverait alors du crime de trahison, puni de vingt ans de réclusion criminelle."

 

Hâte d'en voir l'application ! ^^

BRAVO!

Enfin on se réveille.

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il y a 6 minutes, Polybe a dit :

J'imagine que ça doit-être encore voté à l'Assemblée...par les principaux concernés ! :rolleyes::ph34r:

Si ça pouvait permettre de faire un ménage de printemps ça serait pas plus mal, mais en effet il faudra surveiller tout ça.

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Ah, retour sur leu Syndrome de La Havane :

https://theins.ru/en/politics/270425

 

Les accusations sont assez précises. Encore est toujours l'Unité 21955.

Intéressant l'idée que les cibles sont essentiellement ceux qui ont œuvré contre la Russie depuis l'Ukraine.

A noter que les SR US eux avaient déclaré que ça n'était ni une puissance étrangère, ni une arme qui avait fait cela. Les journalistes, contrairement à Bellingcat (dont ils semblent reprendre les méthodes), ne fournissent pas vraiment de preuves. L'enquête parait tout de même solide !

 

Le côté familial des SR russes me laisse songeur...

Modifié par Polybe
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45 minutes ago, Rob1 said:

Pas encore eu le temps de lire, mais y'a l'air d'y avoir des infos là-dedans :

Wirecard fugitive helped run Russian spy operations across Europe

https://www.ft.com/content/c3b50060-aa53-40fd-a698-579e8e1ae67d

Jan Marsalek used agents in Vienna to plot break-ins and assassinations by Russian hit squads, prosecutors claim

 

DeepL:

Quote

Le fugitif de Wirecard a aidé à mener des opérations d'espionnage russes dans toute l'Europe

 

Sam Jones à Berlin

 

Jan Marsalek, directeur de l'exploitation de Wirecard, a utilisé des agents de renseignement compromis à Vienne pour espionner des citoyens européens et préparer des cambriolages et des assassinats par des escadrons d'élite russes. Il s'est également procuré la machine de cryptographie de pointe d'un gouvernement de l'OTAN et a fait passer en contrebande à Moscou des téléphones volés à de hauts fonctionnaires autrichiens.
Ces allégations, fondées sur de nouvelles preuves obtenues par les services de renseignement britanniques, sont contenues dans un mandat d'arrêt de la police autrichienne à l'encontre d'un ancien fonctionnaire de la police et des services de renseignement autrichiens, Egisto Ott.
M. Ott a été placé en garde à vue vendredi dernier.
Le Financial Times a pu consulter une copie du mandat. Le contenu du rapport a été rapporté pour la première fois par le journal autrichien Der Standard. 
Il s'agit des allégations officielles les plus complètes à ce jour, selon lesquelles Marsalek, 44 ans, n'a pas seulement été compromis par la Russie, mais pourrait avoir été l'un des agents de renseignement européens les plus puissants du Kremlin, utilisant sa position de chef des opérations à la tête d'une société cotée au Dax qui a failli racheter la Deutsche Bank, pour faciliter de violentes opérations clandestines sur tout le continent et en Afrique.

Le mandat de 86 pages affirme que Marsalek a chargé Ott et un autre haut responsable de la sécurité, Martin Weiss, chef des opérations de renseignement autrichiennes, de faciliter le travail d'infiltration pour le renseignement militaire russe (GRU) et le renseignement intérieur (FSB) sur le sol européen sur une période d'au moins cinq ans à partir de 2017. Depuis, Weiss a fui l'Autriche et vit désormais à Dubaï. Il n'a pas pu être joint immédiatement pour un commentaire.
Ces révélations renforcent les craintes selon lesquelles Wirecard elle-même, une société de traitement des paiements qui était autrefois la coqueluche de la scène fintech européenne avant d'être révélée comme une fraude par le FT, pourrait avoir été utilisée pendant des années comme un réseau financier clandestin pour payer et faciliter des opérations d'infiltration russes échappant à la détection des services de sécurité de l'OTAN
Les liens obscurs de M. Marsalek avec la Russie et les soupçons de trois agences de renseignement européennes quant à sa qualité d'espion russe ont été révélés pour la première fois par le FT en 2020, peu après l'effondrement de Wirecard.
D'autres détails sur les liens de Marsalek avec Moscou - où il vit aujourd'hui, après avoir fui l'Europe avec l'aide de son réseau autrichien - ont lentement émergé au cours des dernières années, à mesure que les enquêteurs et les journalistes examinaient les débris de Wirecard. 
Le mois dernier, un rapport d'un consortium de médias européens, dont Der Spiegel, ZDF, The Insider et Der Standard, a affirmé que Marsalek avait été recruté dès 2014 par des agents du Kremlin. Le groupe a décrit en détail les relations de longue date de Marsalek avec des agents des services de renseignement russes. 
Le mandat délivré à l'encontre de M. Ott contient de nouvelles informations importantes et indique que l'Autriche - un pays qui entretient des liens étroits avec Moscou, dont les lois sur l'espionnage sont permissives et dont l'establishment politique est miné par la corruption et les scandales ces dernières années - était au cœur du réseau de M. Marsalek. 
Il affirme, en se basant largement sur les preuves fournies à l'Autriche par le MI5 britannique au cours des dernières semaines, que :
-
Ott a utilisé son habilitation de sécurité pour demander à d'autres autorités policières européennes, notamment britanniques et italiennes, des informations policières confidentielles sur des personnes que le gouvernement russe souhaitait suivre. Ott a également utilisé le système d'information Schengen - une base de données sur les visiteurs qui entrent et sortent de l'espace sans frontières de l'Europe - pour suivre les mouvements des individus. Ces personnes comprenaient des dissidents russes, ainsi que des agents de la Russie.
-
Ott a préparé une analyse des "enseignements tirés" pour les services de renseignement russes, à la suite de l'assassinat par le GRU d'un dissident tchétchène dans le centre de Berlin en août 2019. L'assassin russe, Vadim Krasikov, a été capturé et condamné en Allemagne. Il a été proposé dans le cadre d'une tentative d'échange de prisonniers qui a échoué lorsque l'opposant russe Alexei Navalny est décédé dans une prison russe au début de l'année. L'analyse d'Ott s'est appuyée sur sa connaissance des pratiques policières et d'échange de renseignements pour suggérer des moyens permettant aux agents russes d'éviter d'être capturés ou détectés lors de futurs meurtres en Europe.
-
Ott a fourni à Marsalek des informations sur l'adresse et les mesures de sécurité de Christo Grozev, un journaliste d'investigation résidant à Vienne qui a révélé la tentative d'assassinat de Sergei Skripal par la Russie et d'autres opérations du GRU. Marsalek a utilisé ces informations pour coordonner une équipe d'élite d'agents du FSB qui s'est introduite dans l'appartement de Grozev et a volé un ordinateur portable et des clés USB. M. Grozev a quitté Vienne en 2023 après avoir été informé par les services de renseignement que la Russie pourrait préparer une tentative d'assassinat à son encontre.
-
Ott a aidé Marsalek à faire passer en contrebande un ordinateur volé de la SINA à Moscou. On ignore comment Marsalek a obtenu l'ordinateur. Semblable à une machine à énigmes moderne, l'ordinateur portable est l'un des outils cryptographiques les plus avancés utilisés par les gouvernements occidentaux pour transmettre des informations classifiées. L'ordinateur SINA a été envoyé à la "Loubianka", a écrit Marsalek dans un SMS, en référence au siège du FSB.-
Ott a donné à Marsalek le contenu complet des téléphones portables de trois hauts fonctionnaires du ministère autrichien de l'intérieur, dont le chef du ministère responsable de l'ensemble des services de police et de renseignement autrichiens. Les téléphones sont tombés entre les mains d'Ott après avoir été jetés dans le Danube par accident lors d'une excursion en bateau. Les fonctionnaires pensaient que les experts de la police pourraient en récupérer les données. Au lieu de cela, Ott en a reproduit le contenu et l'a transmis à Marsalek, qui a fait transférer les informations sensibles "à Moscou pour une analyse plus approfondie". La presse autrichienne a ensuite publié plusieurs articles très embarrassants d'un point de vue politique, basés sur le contenu des messages WhatsApp des téléphones.
L'avocat d'Ott n'a pas répondu à une demande de commentaire. M. Ott a déjà insisté sur son innocence et a qualifié de "jeux" les éléments de preuve retenus contre lui. Il a admis sa relation avec Marsalek, mais a nié avoir su qu'il avait pu être compromis par la Russie.

La ministre autrichienne de la justice, Alma Zadić, du parti des Verts, a promis jeudi de revoir d'urgence la législation autrichienne sur l'espionnage en réponse à ces révélations.


Le débat sur la modification de la législation autrichienne en matière d'espionnage - qui permet aux agents étrangers d'opérer en toute liberté dans le pays, à condition qu'ils n'espionnent pas l'État autrichien lui-même - dure déjà depuis des mois, mais aucune législation n'a encore été proposée malgré la pression croissante des alliés et des politiciens de l'opposition.
Vienne est l'un des principaux centres d'espionnage politique en Europe. Selon des responsables occidentaux, un tiers des 180 diplomates russes accrédités en poste dans le pays sont des agents secrets infiltrés.

 

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  • 1 month later...
Le 05/04/2024 à 23:29, Rob1 a dit :

Pas encore eu le temps de lire, mais y'a l'air d'y avoir des infos là-dedans :

Wirecard fugitive helped run Russian spy operations across Europe

https://www.ft.com/content/c3b50060-aa53-40fd-a698-579e8e1ae67d

Jan Marsalek used agents in Vienna to plot break-ins and assassinations by Russian hit squads, prosecutors claim

 

Et encore, ce n'est qu'une partie de l'histoire. Même si on va dire que je vois des espions Russes partout. 

Le Spiegel il y a 3 ans, dans le sujet Autriche. La dernière phrase.

Le 27/01/2021 à 10:32, Wallaby a dit :

https://www.spiegel.de/politik/ausland/oesterreich-symptome-gravierenden-systemversagens-a-31d9a2c8-ccf0-4723-871c-786b870ea6b3 (27 janvier 2021)

[...]

L'homme qui dirigeait l'un des départements les plus sensibles de l'Office pour la protection de la Constitution ? Il était lui aussi un complice présumé de l'évasion de Marsalek et, selon les enquêteurs, avait été auparavant un informateur loyal d'informations secrètes - avec un autre collègue du BVT de Carinthie. "Des montagnes d'informations secrètes et de secrets d'État" auraient été transmises au fil des ans à des hommes politiques de différents partis autrichiens, mais surtout à des services étrangers, notamment russes, rapporte le quotidien viennois "Die Presse", en citant des dossiers d'enquête.

Dans la meilleure tradition autrichienne, les deux principaux suspects, ex-procureurs de la constitution, sont politiquement bien liés - l'un à droite, l'autre à gauche. Le troisième camp, le FPÖ, nationaliste de droite, a par contre joué un rôle tellement dévastateur pendant son mandat au gouvernement, qui n'a duré qu'un an et demi, que les services de renseignement des autres pays ont limité au minimum l'échange d'informations avec l'Autriche.

Vu à travers des lunettes partisanes, le flot d'activités criminelles évidentes et de négligences qui fait dresser les cheveux sur la tête ne s'expliquent guère. Beaucoup plus près de nous, on soupçonne qu'il s'agit là de symptômes d'une grave défaillance systémique.

Dans la foulée de l'article du FT que tu as partagé, sur la base du fameux mandat d'arrêt de la police Autrichienne à l'encontre de Ott, ainsi que de quelques renseignements amicalement fournis par des agences occidentales, Politico a sorti un article très complet et assez consternant sur cette affaire Russo-trichienne. 

L'affaire Wirecard-Marsalek avait déjà largement débordé de son cadre "entrepreneurial" et financier si je puis dire, lorsqu'il est devenu clair que Marsalek contribuait également à recruter des officiers du BvT pour le compte de Moscou. Ce que l'on apprend aujourd'hui dans l'article de Politico, c'est qu'il y a eu également une action coordonnée avec Moscou par Marsalek pour donner au nouveau pouvoir d'extrême droite à l'époque, l'occasion de discréditer pour ensuite "nettoyer" le service de renseignement du pays, en vue d'y placer des chefs favorable au FPÖ.... ainsi qu'à Moscou.

La dernière phrase de l'article du Spiegel d'y il y a 3 ans prend désormais un sens nouveau. 

(En accès libre)

https://www.politico.eu/article/vladimir-putin-austria-spy-service-bvt-government-intelligence-wirecard-jan-marsalek-freedom-party/

On y apprend au passage que Sarkozy assista à un diner en présence, entre autre, de Merkel et Marsalek en 2017. Et que cet événement, dans le contexte que nous connaissons, est jugé suffisamment sérieux avec le recul pour faire l'objet d'une question écrite par le parlement Autrichien au gouvernement fédéral en 2021. 

https://dip.bundestag.de/vorgang/teilnehmerkreis-und-gesprächsinhalte-eines-abendessens-mit-jan-marsalek-im-münchner/274204?f.deskriptor=Staatsoberhaupt&start=25&rows=25&pos=47

Compte tenu de l'implication révélée des services de renseignement étrangers dans Wirecard AG, le gouvernement fédéral dispose-t-il d'informations sur le groupe de participants et sur le contenu des conversations lors d'un dîner à Munich Käfer en avril 2017, auquel ont participé Jan Marsalek, entre autres, l'ancien président français Nicolas Sarkozy. Les anciens conseillers en politique militaire du chancelier Erich Vad, l'ancien chancelier autrichien Wolfgang Schüssel et le général de brigade autrichien Gustav Gustenau.

On ignore le contenu de la réponse.

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  • 2 weeks later...

Article du Monde sur Pravfond, la discrète caisse noire des espions russes et de leurs procès à l’étranger - réservé aux abonnés -

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2024/06/02/pravfond-la-discrete-caisse-noire-des-espions-russes-et-de-leurs-proces-a-l-etranger_6236945_4408996.html

 

Sous couvert d’aider ses ressortissants à l’étranger, cette fondation du ministère des affaires étrangères russe finance des projets de désinformation et la défense légale de suspects d’espionnage.

Fin mars 2024, à Moscou : le vice-ministre russe des affaires étrangères, Mikhaïl Galouzine, préside une réunion importante. A ses côtés sont réunis les membres du conseil d’administration de la Fondation pour le soutien et la protection des droits des concitoyens résidant à l’étranger – « Pravfond » en abrégé. Ensemble, ils signent un document qui donne la marche à suivre pour « participer activement à la mise en œuvre de la politique de l’Etat de la Fédération de Russie à l’égard des compatriotes à l’étranger dans le contexte de la croissance continue des sentiments russophobes ». Etendre le « réseau d’aide juridique aux compatriotes résidents à l’étranger », soutenir des projets pour « combattre la russophobie », ou encore porter assistance aux « ONG russes » à l’étranger. Les objectifs fixés sont nombreux et clairs.

Ce procès-verbal fait partie d’une quarantaine de documents internes à Pravfond, obtenus par DR, la radio-télévision publique du Danemark, auprès d’une source au sein d’un service de renseignement européen et partagés avec Le Monde et plusieurs médias européens. Ils éclairent le fonctionnement de cette organisation discrète opérant depuis la capitale russe, dont les rangs sont peuplés d’anciens membres identifiés des services de renseignement russes et qui est utilisée pour financer des opérations au profit de la Russie et de ses espions.

Sur le papier, pourtant, Pravfond (qui n’a pas répondu aux sollicitations du consortium de médias partenaires) pourrait presque passer pour une organisation caritative. Sur son site Web, la fondation se décrit comme une organisation conçue principalement pour fournir une « aide légale ciblée à des compatriotes et à des organisations de défense des droits de l’homme ». Créée en 2012 par un décret du président russe Dmitri Medvedev, elle voit son budget abondé par le ministère russe des affaires étrangères....

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Il y a 1 heure, collectionneur a dit :

Article du Monde sur Pravfond, la discrète caisse noire des espions russes et de leurs procès à l’étranger - réservé aux abonnés -

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2024/06/02/pravfond-la-discrete-caisse-noire-des-espions-russes-et-de-leurs-proces-a-l-etranger_6236945_4408996.html

 

[...]

Il y a des extraits pdf de documents affichés dans l'article, mais ça je ne peux pas l'afficher sur le forum. 

 

Citation

Pravfond, la discrète caisse noire des espions russes et de leurs procès à l’étranger

Par Damien Leloup, Thomas Eydoux, Lucas Minisini et Maxime Vaudano Publié hier à 19h00, modifié hier à 19h32

EnquêteSous couvert d’aider ses ressortissants à l’étranger, cette fondation du ministère des affaires étrangères russe finance des projets de désinformation et la défense légale de suspects d’espionnage.

Fin mars 2024, à Moscou : le vice-ministre russe des affaires étrangères, Mikhaïl Galouzine, préside une réunion importante. A ses côtés sont réunis les membres du conseil d’administration de la Fondation pour le soutien et la protection des droits des concitoyens résidant à l’étranger – « Pravfond » en abrégé. Ensemble, ils signent un document qui donne la marche à suivre pour « participer activement à la mise en œuvre de la politique de l’Etat de la Fédération de Russie à l’égard des compatriotes à l’étranger dans le contexte de la croissance continue des sentiments russophobes ». Etendre le « réseau d’aide juridique aux compatriotes résidents à l’étranger », soutenir des projets pour « combattre la russophobie », ou encore porter assistance aux « ONG russes » à l’étranger. Les objectifs fixés sont nombreux et clairs.

Ce procès-verbal fait partie d’une quarantaine de documents internes à Pravfond, obtenus par DR, la radio-télévision publique du Danemark, auprès d’une source au sein d’un service de renseignement européen et partagés avec Le Monde et plusieurs médias européens. Ils éclairent le fonctionnement de cette organisation discrète opérant depuis la capitale russe, dont les rangs sont peuplés d’anciens membres identifiés des services de renseignement russes et qui est utilisée pour financer des opérations au profit de la Russie et de ses espions.

Sur le papier, pourtant, Pravfond (qui n’a pas répondu aux sollicitations du consortium de médias partenaires) pourrait presque passer pour une organisation caritative. Sur son site Web, la fondation se décrit comme une organisation conçue principalement pour fournir une « aide légale ciblée à des compatriotes et à des organisations de défense des droits de l’homme ». Créée en 2012 par un décret du président russe Dmitri Medvedev, elle voit son budget abondé par le ministère russe des affaires étrangères.

Les frais d’avocats d’un trafiquant d’armes

« Ciblée », l’aide légale fournie par Pravfond l’est assurément. Les documents comptables que Le Monde et ses partenaires ont pu consulter montrent que l’essentiel du budget ne va pas à des ressortissants russes isolés, mais a surtout servi à financer la défense de personnalités soupçonnées d’être des espions russes ou des personnalités intéressant le Kremlin.

En 2014, Pravfond a ainsi réglé 260 000 dollars (240 000 euros) de frais d’avocats pour la défense de Viktor Bout, le trafiquant d’armes condamné en 2012 à vingt-cinq ans de prison aux Etats-Unis pour avoir tenté de vendre des missiles et des lance-roquettes aux Forces armées révolutionnaires de Colombie – à l’époque, M. Bout a fait appel de sa condamnation, sans succès. Il sera finalement libéré en 2022 lors d’un échange de prisonniers, contre la basketteuse Brittney Griner. M. Bout est désormais un homme politique élu sous l’étiquette du LDPR, parti ultranationaliste soutien de Vladimir Poutine.

La fondation a aussi budgété, à hauteur de 50 000 euros, la défense de Vadim Krasikov. Cet agent du FSB avait été condamné en 2019 à la prison à perpétuité pour l’assassinat, en plein jour, dans un parc de Berlin, d’un ancien commandant tchétchène réfugié en Allemagne – un meurtre commandité par Moscou, avait estimé le tribunal allemand, malgré les dénégations du Kremlin. Fin 2022, le Wall Street Journal avait affirmé que des discussions préliminaires avaient eu lieu pour échanger M. Krasikov contre le journaliste américain Evan Gershkovich ou l’opposant russe Alexeï Navalny, mort en février.

Outre ces profils très connus, les bilans récents de Pravfond montrent qu’elle a aussi financé, pour des sommes moindres, les défenses de ressortissants russes en Estonie, Pologne, Lettonie, Slovaquie ou République tchèque ; à chaque fois, ou presque, pour des affaires d’espionnage présumé ou d’atteinte à la sécurité nationale. Pravfond ne rechigne pas non plus à financer la défense de ressortissants étrangers, lorsque le dossier lui semble important : « Des fonds ont été alloués pour financer la préparation et le dépôt d’une plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’homme pour le compte de l’homme politique et journaliste [lituanien] bien connu, Algirdas Paleckis, qui est en prison pour “espionnage en faveur de la Russie” », détaille un rapport d’activité de Pravfond pour l’année 2023, transmis au ministère des affaires étrangères.

Depuis juin 2023, Pravfond et son directeur, Aleksandr Ivanovitch Oudaltsov, sont sous le coup de sanctions de l’Union européenne (UE). « La Fondation (…) joue un rôle de soutien important dans la mise en œuvre de la politique de division du gouvernement russe » et apporte un soutien matériel à la guerre en Ukraine, estimait alors l’UE.

L’organisme finance aussi des centres d’aide juridique pour les ressortissants russes à l’étranger dans une vingtaine de pays, qui ont pour certains une activité bien réelle et fournissent des conseils sur des sujets administratifs ou légaux, mais cette activité ne représente qu’une part minime de son budget. En France, elle subventionne à ce titre le Conseil de coordination des compatriotes russes en France, une association dirigée par l’historien Gueorgui Chepelev, qui anime un site Web de fiches de conseils pratiques de droit. L’association a reçu, indique un document de Pravfond, près de 10 000 euros par an en 2018, 2019 et 2021. Contacté par Le Monde, Gueorgui Chepelev n’a pas répondu à nos sollicitations.

 

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Partie 2

Citation

« Organisation paravent » pour le renseignement russe

Si la fondation est directement liée au ministère russe des affaires étrangères, elle l’est aussi à plusieurs services de renseignement. Dans un rapport publié en 2021, le service de renseignement extérieur estonien décrivait Pravfond comme une organisation de façade pilotée par le GRU, le renseignement militaire russe, et notamment son unité 54777, chargé notamment des opérations d’influence. Selon les officiers estoniens, les agents de l’unité 54777 utilisent l’Institut de la diaspora russe, une autre organisation de façade créé par le renseignement militaire, pour piloter le site Web de Pravfond. Cet institut ne fait d’ailleurs guère mystère de ses liens avec la fondation : sur son site Internet, il se présente comme « exécuteur de projet » de Pravfond. Le même institut a été sanctionné par l’Union européenne en juin 2023, étant décrit comme une « organisation paravent » du GRU.

En plus du GRU, Pravfond et ses membres sont également liés au SVR, le service de renseignement extérieur russe. Vladimir Pozdorovkine, aujourd’hui directeur exécutif adjoint de la fondation, était, selon le renseignement intérieur estonien, un important responsable du SVR, et membre du bureau supervisant les missions d’espionnage politique. Anatoly Sorokine, le responsable de la fondation pour le Moyen-Orient, la Moldavie et la Transnistrie, est quant à lui un ancien agent de l’unité 33949 du SVR, historiquement chargée des espions déployés à l’étranger sous couverture. « D’une manière générale, les structures russes comme Pravfond peuvent servir de relais aux services de renseignement russes », détaille au Monde une source issue du renseignement européen.

Le Monde et ses partenaires ont pu consulter une liste des correspondants de Pravfond dans quarante-huit Etats visés par des actions de la fondation. Le responsable pour la France est un certain Andreï Snegov, dont le document précise qu’il est « disponible pour des projets ». En Russie, où il réside, M. Snegov est à la tête de la Fondation internationale pour la dignité humaine et la sécurité, une organisation qui semble proche de Pravfond. L’homme est aussi impliqué dans des organisations de vétérans de guerre et a récemment fait plusieurs déplacements avec Sergueï Babourine, une figure du camp nationaliste, plusieurs fois candidat à la présidentielle.

Lutte contre la « russophobie »

« Caisse de fonds » multicartes, ayant des connexions avec plusieurs services de renseignement comme avec la diplomatie russe, Pravfond est aussi utilisé pour financer des opérations d’influence ou de soft power. Ses documents font apparaître un important volet culturel, attaché à la « lutte contre la russophobie et les tentatives de falsification de l’histoire », comme le décrit un bilan interne pour 2023.

Il a notamment abondé, pendant plusieurs années, des projets liés aux manifestations dites du « régiment immortel » – la célébration des soldats tombés au front durant la seconde guerre mondiale. L’image de ces soldats résistant au nazisme est devenue un élément central de l’image de la Russie que veut imposer Vladimir Poutine. Cet objectif amène parfois la fondation à couvrir les frais de projets étonnants – dont un album de musique patriotique d’un chanteur de pop letton, qui a connu un succès limité.

Depuis l’invasion de l’Ukraine, les objectifs « culturels » de Pravfond ont largement gagné en agressivité. En 2023 et 2024, la fondation a financé des conférences « scientifiques ». Un document de présentation fait ainsi état d’une série de tables rondes à Belgrade et Sarajevo, en mai 2024, pour un budget de 150 000 euros, dont l’objet est « de poursuivre le travail d’étude et de sape du nazisme ukrainien et de ses alliés à l’étranger ». « Il est d’une importance fondamentale que ces critiques ne viennent pas directement du côté russe, mais soient exprimées par des [intervenants] étrangers », détaille le texte. Un Français était présent à l’une de ces conférences : l’avocat Arnaud Delevay, fervent soutien de la Russie. Sollicité par Le Monde, M. Delevay n’a pas donné suite.

La fondation a aussi servi de véhicule pour financer deux sites de propagande – l’un, Golos, à destination du grand public ukrainien, l’autre, Euromore, à destination des russophones en Russie comme à l’étranger – qui dépeignent l’Ukraine comme un pays corrompu et fasciste, soutenu par des gouvernement européens décadents. La décadence de l’Occident et la défense des valeurs traditionnelles ne sont pas des sujets nouveaux pour Pravfond : dès 2014, son budget comportait une subvention de 40 000 euros pour l’association Alliance Europe-Russie de l’eurodéputée lettone Tatjana Zdanoka. Motif affiché : fournir « un soutien légal aux compatriotes », mais aussi « la défense de la jeunesse et la famille ». Début 2024, des enquêtes de presse ont révélé que Mme Zdanoka travaille en sous-main, depuis 2004, pour le compte du FSB.

 

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