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Identité nationale


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"Il n'y a plus de place pour l'ambigüité et la duplicité: ou le citoyen est marocain, ou il ne l'est pas, a-t-il souligné. Fini le temps du double jeu et de la dérobade. L'heure est à la clarté et au devoir assumé. Ou on est patriote ou on est traître. Il n'y a pas de juste milieu entre le patriotisme et la trahison".

Discourt du Roi du Maroc cette semaine : http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-40842051@7-60,0.html

Si on remplaçait marocain par français, je me demande ce que certains diraient.

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sinon pour en revenir à la question...

certaines compagnies/bataillons font chanter à leur soldat l'hymne national au moins une fois par semaine.

le règlement impose de plus à tous les soldats de saluer leur drapeau s'ils passent devant*.

Et bien sûr interdiction formelle de toucher à celui-ci sans gants et casque.

Bref, l'armée s'appuie quand même assez sur l'identité suisse. Faut dire que c'est à peu près le seul point commun entre un habitant du fin fond de la suisse primitive (Schwytz, Uri, Unterwald) et un habitant d'une grande ville internationale type Genève...  :lol:

*règle pas vraiment appliquée... et qui serait de toute façon impossible à appliquer vu qu'à peu près toutes les tenues de l'armée suisse arborent fièrement un drapeau suisse bien rouge sur une des manches...

D'ailleurs, même le fusil doit en avoir une (gravée), si je me rappelle bien... :lol:

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Le problème du sujet est qu'il est vachement glissant surtout au sein de l'armée. Pour moi l'identite nationale est surtout liée à la fierté d'être français et d'être prêt à se battre pour. Malheureusement l'armée française a le moral plus qu'en bas des chaussettes. La réforme passe plus que moyennement et les invraisemblances du système sont de moins en moins supportables. Aujourd'hui l'Etat-major impose une durée de 8 mois entre 2 opex. En sachant qu'une opex dure en moyenne 6 mois, que l'afgha passe à 8 mois plus 6 mois de mise en condition, on arrive dans certains régiments  à ce que des compagnies ne puissent envoyer personnes. Je connais au moins un cas où le seul qui serait apte un armurier qui n'est pas dans la spé de la compagnie donc pas projetable dans le contexte de la compagnie.

Bref la fierté en prend un coup. De toute façon, j'ai bien l'impression que c'est un débat qui ne servira à rien si ce n'est justifier la création d'emploi de complaisance, la version actuelle des emplois fictifs, pour créer des groupes de "réflexion" sur l'identité nationale qui pondront un truc qui dira tout et son contraire totalement indigeste qui sera dénoncé par la gauche comme du fascisme et par l'extrême droite comme trop mou. De toute façon cela fait des années que l'on parle d'apprendre la marseillaise à l'école. Faudrait déjà que les profs la connaissent tout comme nos représentants nationaux (cf le petit journal ou le grand journal de la semaine dernière où des députés ont été incapables de réciter l'hymne nationale quand ils n'inventaient pas tout simplement les paroles). Et puis y a bien un truc qui m'énerve c'est d'entendre ces crétins de bobos parisiens bien pensant qui pensent qu'il faudrait changer les paroles. Mais merde c'est un chant guerrier c'est pas fait pour vendre du muguet. Mais bon si on arrêtait de la chanter comme les enfants de la croix de bois et que les gars se mettaient à sucer des cailloux et boire de la bière on arriverait peut-être à faire comprendre ce que représente ce chant.

Ah voilà ça fait du bien

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Franchement le terme identité me semble assez moisi voir terriblement glissant ... si c'est du patriotisme, du respect des institutions et de la constitutions, et de l'esprit de la république, si c'est pour faire siennes les principe élémentaire de liberté égalité fraternité ... je vois ce que vient foutre l'identité.

C'est juste de la citoyenneté bien assumé rien de plus, du moins ca devrait etre ca.

Identitaire moi ca me fait penser a légion 88 :lol:

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Et puis y a bien un truc qui m'énerve c'est d'entendre ces crétins de bobos parisiens bien pensant qui pensent qu'il faudrait changer les paroles. Mais merde c'est un chant guerrier c'est pas fait pour vendre du muguet. Mais bon si on arrêtait de la chanter comme les enfants de la croix de bois et que les gars se mettaient à sucer des cailloux et boire de la bière on arriverait peut-être à faire comprendre ce que représente ce chant.

Ah voilà ça fait du bien

Effectivement la marseillaise est un appel a la guerre civile ... et a la guerre contre nos voisins européen et les francais royaliste qui veulent soutenir le pouvoir, contre les "terroristes revolutionnaires".

Alors forcément si c'est fondateur de notre république ... c'est assez particulier comme chant, et a l'heure de l'Europe ca semble déplacé vu de nos voisins.

La version officielle actuelle déjà pas mal expurgée

La Marseillaise

Premier couplet

Allons enfants de la Patrie,

Le jour de gloire est arrivé !

Contre nous de la tyrannie,

L'étendard sanglant est levé, (bis)

Entendez-vous dans les campagnes

Mugir ces féroces soldats ?

Ils viennent jusque dans vos bras

Égorger vos fils et vos compagnes !

Refrain :

Aux armes, citoyens

Formez vos bataillons

Marchons, marchons !

Qu'un sang impur

Abreuve nos sillons !

Couplet 2

Que veut cette horde d'esclaves,

De traîtres, de rois conjurés ?

Pour qui ces ignobles entraves,

Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)

Français, pour nous, ah ! quel outrage

Quels transports il doit exciter !

C'est nous qu'on ose méditer

De rendre à l'antique esclavage !

Refrain

Couplet 3

Quoi ! des cohortes étrangères

Feraient la loi dans nos foyers !

Quoi ! ces phalanges mercenaires

Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)

Grand Dieu ! par des mains enchaînées

Nos fronts sous le joug se ploieraient

De vils despotes deviendraient

Les maîtres de nos destinées !

Refrain

Couplet 4

Tremblez, tyrans et vous perfides

L'opprobre de tous les partis,

Tremblez ! vos projets parricides

Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)

Tout est soldat pour vous combattre,

S'ils tombent, nos jeunes héros,

La terre en produit de nouveaux,

Contre vous tout prêts à se battre !

Refrain

Couplet 5

Français, en guerriers magnanimes,

Portez ou retenez vos coups !

Épargnez ces tristes victimes,

À regret s'armant contre nous. (bis)

Mais ces despotes sanguinaires,

Mais ces complices de Bouillé,

Tous ces tigres qui, sans pitié,

Déchirent le sein de leur mère !

Refrain

Couplet 6

Amour sacré de la Patrie,

Conduis, soutiens nos bras vengeurs

Liberté, Liberté chérie,

Combats avec tes défenseurs ! (bis)

Sous nos drapeaux que la victoire

Accoure à tes mâles accents,

Que tes ennemis expirants

Voient ton triomphe et notre gloire !

Refrain

Couplet 7

(dit couplet des enfants)

Nous entrerons dans la carrière

Quand nos aînés n'y seront plus,

Nous y trouverons leur poussière

Et la trace de leurs vertus (bis)

Bien moins jaloux de leur survivre

Que de partager leur cercueil,

Nous aurons le sublime orgueil

De les venger ou de les suivre

Refrain

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C'est juste de la citoyenneté bien assumé rien de plus, du moins ca devrait etre ca

Plus on limitera l'identité française et l'enseignement de ce qu'est être français à ça, plus les populations vivant en France seront juste ça: des populations. Je conseille de lire parallèlement les identités meurtrières d'Amin Maalouf, et les derniers bouquins de Régis Debray sur la sacralité républicaine, les groupes humains et les communautés identitaires.

Le problème est qu'une citoyenneté bien assumée, c'est juste être républicain, pas être français. Olus on le niera en affirmant que le tryptique suffit à définir, plus les gens se réfugieront dans les micro-identités communautaires, régionales, liguistiques, culturelles, religieuses.... Il y a là un besoin nié par la bien-pensance généralisée, et comme pour tout besoin, la nature comble le vide dont elle a horreur. Et le problème est précisément qu'une communauté s'impose comme source de légitimité, et là est le vrai danger communautariste: chaque groupe demandera ses lois au nom de son identité, son traitement particulier.... Tout en continuant à déblatérer qu'ils sont de bons citoyens payant leurs impôts et répétant "liberté, égalité, fraternité".

Une communauté nationale est la seule forme d'identité qui rassemble face à ces identités communautaires qui divisent: la question n'est pas de nier leur légitimité culturelle qui ressort avant tout de la sphère privée, de l'affect, des choix et du droit de chacun. Mais passé l'aspect culturel et familial (ou "communautaire" au sens de rassemblements et d'associations culturelles ou autres), il y a un holà qui doit demeurer, et ce holà ne peut pas se décréter qu'avec la seule rigueur de la loi et de la soumission aux règles seules de la citoyenneté.

On ne crée pas de l'appartenance ainsi, donc pas du vivre ensemble. La logique décrite ci-avant, c'est celle des empires ou des fédérations, et elle dure peu et manque de solidité à moins d'être contrainte par la force ou d'évoluer vers une forme d'unitarisme (ce pour quoi le fédéralisme est un mythe: tout consitutionaliste vous montrera que le fédéralisme mène soit à la division soit vers un unitarisme sous apparence de fédéralisme).

Le fait est que l'identité proprement française sera en partie culturelle, faite des apports composites des régions qui composent la France et des populations immigrées, mais aussi et avant tout historique: c'est l'histoire du collectif, de la langue, de l'Etat, de l'agglomérat qui forme la nation et des actions impliquant l'ensemble, toutes choses qui dictent un "esprit" national, une façon spécifique de voir les problèmes qui se posent par ailleurs à toute nation (et que chacune voit différemment selon sa situation et sa culture), des problèmes spécifiques.... Je veux pas faire mon Barrès, mais c'est vraiment "la terre et les morts", soit la géographie et l'histoire communes, qui nous font avant tout, modèlent ce que nous pensons et notre façon de le penser....

Et ce tronc commun, on refuse de plus en plus de l'enseigner; contrairement à d'autres, j'ai aucune honte à voir enseigner "nos ancêtres les gaulois" même à des gosses d'immigrés récents, parce que c'est vrai. En devenant français, on acquiert des ancêtres gaulois parce que c'est le passé du collectif auquel on adhère. S'il fallait se fier à la génétique, de toute façon, aucun d'entre nous ne serait foutu de dire où se trouvaient ses bâtards d'ancêtres pendant la Guerre des Gaules, ce qui enlève toute pertinence à une autre forme d'argument.

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Un article sur SLATE.fr : http://www.slate.fr/story/12691/identite-nationale-lemotion-ne-depasse-pas-le-cadre-national

Identité nationale: l'émotion ne dépasse pas le cadre national

Dans un livre sur l'histoire du nationalisme publié en 1983, Imagined Communities, le politologue Benedict Anderson a popularisé l'idée selon laquelle le nationalisme est un construit social, fruit d'un long développement pour imposer le concept de nation comme allant de soi. Pour Anderson les nations sont des «communautés imaginées». Son questionnement initial est simple : comment se fait-il que les gens adhèrent à l'idée de nation, se sentent - dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui - Français, alors qu'étant plus de 65 millions, ils ne rencontreront jamais, ni n'entendront jamais parler de l'immense majorité de leurs concitoyens?

La nation, une communauté imaginée

Pourtant le sentiment national existe bel et bien. On fait partie d'une nation alors même que cette communauté, entendue comme un ensemble d'interactions en face à face entre individus, n'existe pas. Ce sentiment est le résultat d'un travail à l'issue duquel la nation a gagné une évidence que nul ne saurait remettre en cause. De nombreux sociologues et historiens ont montré comment la création de la nation a permis de donner rétroactivement un caractère national à ce qui n'en avait pas: la tradition, le folklore, l'histoire, la géographie, l'art, la langue... Au point qu'on parlera même d'invention de la tradition.

Avec l'apparition des Etats européens, la dimension culturelle du nationalisme est devenue un enjeu primordial pour cimenter le sentiment d'appartenance. L'idée générale était de nationaliser tout un patrimoine (événements, héros, paysages, œuvres d'art), de lui donner une étiquette nationale avec une pression suffisante pour que l'image-nation s'impose peu à peu dans l'esprit d'un Breton, d'un Corse, d'un Parisien. Cette construction a si bien fonctionné qu'une simple carte postale suffit aujourd'hui pour identifier instantanément le pays concerné (le village français et son clocher, les collines toscanes...) Les symboles nationaux, les images représentatives de la nation, les clichés ont été si finement travaillés qu'ils sont à présent intégrés par tous. « Si les identités nationales allemande, italienne ou française ne font aujourd'hui aucun doute, c'est qu'un énorme travail de création identitaire et d'éducation au national a été accompli depuis deux siècles  » (Anne-Marie Thiesse, « La fabrication culturelle des nations européennes », Sciences Humaines, novembre 2000). Il y avait à l'époque tout un tas de talentueux Séguéla rompus à l'art de fixer l'identité visuelle de la nation, de « charter », comme disent les communicants, les contours nationaux.

En construisant ces communautés on a finalement créé des liens émotionnels forts entre individus du même groupe - qui pourtant ne se connaissent pas - tout en excluant ceux qui n'entrent pas dans cette culture nationale ainsi construite, labellisée.

Les émotions dépassent-elles le cadre national ?

Aujourd'hui les flux humains et économiques sont mondiaux. La culture se standardise et s'américanise au point que le monde pleure de concert la mort du roi de la Pop. Au point aussi que chacun tremble simultanément devant sa télévision en regardant s'effondrer les tours de Manhattan. Les émotions elles-mêmes seraient devenues universelles et instantanées...Dans la revue Ravages Paul Virilio écrit :

« Aujourd'hui la mondialisation et l'universalisation des écrans favorisent la synchronisation des émotions à l'échelle de millions de gens. Nous passons de la standardisation des opinions, qui correspondait à la communauté d'intérêts des classes sociales, à la synchronisation générale des affects. C'est-à-dire à une communauté d'émotions qui débouche sur un communisme mondial des passions. »

Oui, mais sommes-nous déjà à l'heure du communisme mondial des passions? De la synchronisation des émotions entre les habitants de toutes les nations ? L'imaginaire mondial a-t-il déjà remplacé le vieux sentiment d'appartenance nationale ? Les différentes couches d'appartenance se superposent sans doute dans la tête de chacun, en fonction de son histoire, de sa sensibilité... On peut se sentir plus ou moins Marseillais, Français, Européen, citoyen du monde, en fonction du moment, de l'humeur et de l'enjeu...

Mais il y a une limite à cette idée d'un lien émotionnel supranational. Du moins, tant que les médias continueront à se caler sur cette réalité imaginaire du fait national, les choses ne changeront pas beaucoup. Pourquoi ? Parce qu'on ne s'émeut pas avec la même intensité pour un Français que pour un être humain qui aurait le mauvais goût de porter une autre nationalité. Les médias, qui sont des outils d'intégration de masse par excellence, fonctionnent sur l'empathie, sur la peur, et sur la distinction entre un « Eux » et un « Nous » dont le cadre de référence est souvent national. Quand une prise d'otages a lieu dans quelque recoin troublé du globe, c'est par leur nationalité que les journalistes distinguent les victimes. Quand un avion s'écrase, le décompte se fait globalement, puis par statut occupé dans l'appareil (passagers / personnel naviguant), mais surtout par nationalité...

«Un Airbus A310 de la compagnie Yemenia, transportant des passagers en provenance notamment de Roissy et de Marseille, entre Sanaa (Yémen) et Moroni (Comores), a disparu dans la nuit de lundi à mardi entre le Yemen et les Comores avec 153 personnes à bord, dont 11 membres d'équipage et 66 Français» (20 Minutes).

Quand une jeune femme est emprisonnée en Amérique latine (comme Florence Cassez, mais aussi Samantha Ziegler, libérée cette semaine, à qui Le Parisien consacrait une page dans son édition du mercredi 4 novembre), on s'apitoie sur son sort plus que si elle était autochtone. Elle est française, donc elle a grandi avec une certaine idée de la justice et du respect de l'homme, donc pour elle une incarcération dans un pays moins préoccupé par les droits de l'homme doit être d'autant plus difficile à supporter...

Un décès de Français compte toujours plus

Dans tous ces exemples, l'importance relative donnée aux victimes est uniquement fonction de leur appartenance nationale. Dans ces exemples le téléspectateur, le lecteur ou l'auditeur vibre avec la nouvelle, le reportage ou l'article parce qu'il est mis en position d'empathie. Il s'identifie à la Française ou au Français dont il est question. Ce que les journalistes appellent avec un cynisme justifié la «Loi du mort / kilomètre». En gros, en cas de décès, un Français vaut médiatiquement toujours plus qu'un autre être humain.

Mais les termes de l'équation ne se limitent pas à un «nous» Français contre un «eux» étrangers... Dans le cas de la presse locale un habitant de la ville, du territoire vaut plus que quelqu'un qui vient de l'autre côté de la départementale. Au niveau international un Européen vaut plus qu'un non-Européen, un Nord-Américain plus qu'un Asiatique ou un Africain, etc. Un train qui déraille et fait deux morts en France, c'est la une d'un journal. Le même train en Allemagne passe dans les pages internationales, et en Bolivie il devient une courte brève... Et si c'est en Chine, il est probable que le sujet saute purement et simplement. On pourrait se demander combien de morts l'accident devrait causer pour remonter en une en fonction de l'éloignement culturel et géographique des êtres concernés: 10, 25, 50, 210 ?

D'où un principe de hiérarchisation toujours difficile à admettre: la une est accordée au drame le plus lourd en pertes françaises. Un peu comme si les nouvelles du front étaient toujours aussi populaires en temps de paix. Un Français moyen, disons vous ou moi, a grandi dans ce conditionnement émotionnel qui lui fait craindre et regretter ce qui arrive aux «siens» plus que ce qui advient des «autres»... La «communauté imaginée» est tellement bien installée dans les consciences qu'elle peut nous dicter nos sentiments à l'égard des autres.

On pourrait objecter que cette différence de traitement est liée à un devoir d'information publique: si des Français meurent soudainement dans un accident ou un attentat, s'ils disparaissent, le rôle des médias est de prévenir les autres Français qui pourraient connaître les victimes. Or, dans le cas des accidents, je doute que ce soit par la presse que les familles apprennent le décès d'un proche. Ni que ce soit pour elles que les télés dépêchent des caméras sur place pour filmer la carcasse de l'avion, la queue flottant dans l'océan... Ces images ont plutôt pour fonction de créer un frisson de crainte et un soulagement. Crainte que cela nous arrive. Soulagement que ce soit tombé sur le voisin, qui nous ressemble pourtant au point qu'on aurait pu être à sa place... De nombreuses expressions populaires soulignent cette ambiguïté: «C'est arrivé près de chez vous», «ne croyez pas que ça n'arrive qu'aux autres», etc.

Et l'Europe dans tout ça ?

Notre capacité à nous émouvoir du sort réservé aux autres est limitée. On ne peut pas pleurer tout le temps, pour tout le monde. Avoir des partenaires économiques avec qui nous sommes en interaction quotidienne ne fait pas de nous des mondialistes comme par enchantement. Si elle pacifie les relations entre les nations, l'économie ne créera jamais à elle seule des liens subjectifs forts, dépassant le cadre national. C'est pourquoi, même si les gens peuvent éprouver une réelle solidarité transnationale, ils réservent souvent leur émotion la plus grande à ceux qu'ils pensent être leurs semblables. Tout l'espace médiatique fait en réalité persister cette illusion nationale. Elle semble naturelle à force d'avoir été utilisée comme cadre de référence. On peut souhaiter le bien des gens au-delà de nos frontières, notre empathie profonde est réservée préférentiellement à nos compatriotes.

Je ne nie pas qu'il existe une citoyenneté européenne, un sentiment de faire partie d'un héritage culturel et historique, d'être dans un espace qui ne soit pas seulement un lieu d'échanges matériels, mais aussi une communauté de destin. Mais il y a une adhésion très rationnelle au projet européen qui n'est pas de nature à susciter l'élan d'empathie national, l'émotion pure ressentie vis-à-vis des membres de cette communauté (avec tous les dangers, tous les excès que cela suppose aussi). Je peux soutenir l'O.M. et l'équipe de France: je ne peux pas vibrer pour l'équipe de foot d'Europe, ça n'existe pas. En fait il faudrait inventer un événement culturel qui favorise l'apparition d'une émotion européenne... Quelque chose comme l'Eurovision, mais en mieux.

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L'Eurovision en mieux  :lol:? Pas dur, soit dit en passant. Mais c'est pas ça qui crée le niveau de solidarité affective, sentimentale, psychologique et culturel d'une nation qui a quand même des éléments identifiants autrement plus puissants. Et l'un ne pourra se superposer à l'autre: c'est pas des legos qu'on assemble et auxquels on rajoute des pièces autant qu'on veut.

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L'Eurovision en mieux  :lol:? Pas dur, soit dit en passant. Mais c'est pas ça qui crée le niveau de solidarité affective, sentimentale, psychologique et culturel d'une nation qui a quand même des éléments identifiants autrement plus puissants. Et l'un ne pourra se superposer à l'autre: c'est pas des legos qu'on assemble et auxquels on rajoute des pièces autant qu'on veut.

L'identité nationale étatsunienne c'est quoi par exemple? parce que le sentiment américains existe ... mais qu'il repose peu sur le passé et beaucoup sur l'espoir.

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L'identité nationale étatsunienne c'est quoi par exemple? parce que le sentiment américains existe ... mais qu'il repose peu sur le passé et beaucoup sur l'espoir.

L'espoir est un des éléments unifiants de toute nation; la République est autant un patrimoine qu'un projet en France. Et aux USA, le premier facteur unifiant est celui de la communauté souveraine; ça c'est l'acte de naissance et il est encore vécu comme ce à quoi les Ricains, au moins en principe, sont d'accord de dire non. Mais c'est aussi la construction ultérieure, et bien avant le rêve américain, il y a la croyance répandue et messianique pour l'image qu'ont d'eux-mêmes les Ricains, de la "Manifest Destiny". Il y a aussi les mythes américains, au premier rang desquels celui de la frontière (plus dur à vivre aujourd'hui évidemment, mais toujours présent dans l'imagerie populaire). Et il y a, évidemment, une forte dimension d'histoire maintenant que les USA ont un peu "vécu": les guerres indiennes, la guerre de sécession, la prohibition, la Grande Dépression, les droits civiques, la guerre du Vietnam.... Il y a de grands moments ou événements qui, pour une raison ou une autre, devinrent par leur retentissement particulier et ce qui a été fait et débattu autour, des moments d'histoire commune à tous les USA (la 1ère Guerre Mondiale, par exemple, n'a pas eu un impact énorme comme "moment" national aux USA, malgré le wilsonisme, malgré l'ingérence dans les affaires mondiales et européennes).

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Le fait que nos politiciens, biens inspirés sur ce coup, nous contraignent à réfléchir à notre identité est révélateur d'un malaise profond pourquoi poser la question si ce n'est que parce que notre identité est menacée. Il ne faut pas se voiler la face, je ne pense pas que la diversité, et son corollaire l'immigration à forte dose, soit un bien pour notre pays. Nous avons, pour des raisons économiques accueillis, en masse, des populations que nous avions colonisées et qui ont accédées, parfois dans la douleur, à l'indépendance. Ces populations ont souvent une culture et une religion que les rendent difficilement assimilables elles ont été, atavisme aidant, logées dans de bonnes conditions je ne parle pas des harkis qui ont eu droit à un traitement indécent, ces citées sont devenues, pour différentes causes, des zones où l'autorité de l'état n'existe plus et où la vue d'un uniforme, même celui de pompier, provoque des émeutes. Les habitants de ces banlieues chaudes sont, en vertu du droit du sol, français mais ne reconnaissent pas leur appartenance à notre pays, ils n'ont aucune idée de l'identité nationale, en général ils n'ont pas d'idées si ce n'est sur le dernier modèle de Nike ou sur comment gagner rapidement de l'argent. Pour résumer, la question de l'identité nationale se pose parce que nous avons trop d' étrangers qui accèdent trop facilement à notre nationalité, que nos politiciens sont largement coupables, par lâcheté et clientélisme, de ce qui nous arrive le point de non retour est atteint et il sera très difficile de rétablir la situation, ce sont des générations qui sont irrécupérables. Dernière réflexion, j'ai passé le certificat d'étude et il y avait une épreuve de chant ou de civisme et chanter la Marseillaise était obligatoire et je n'en suis pas mort.

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L'identité nationale n'est-il pas un ressenti propre à un peuple à un moment donné? A partir de là, peut-on parler d'identité nationale si elle est limitative dans le temps et dans le mode de gouvernement?

J'ai l'impression que pour le gouvernement, il importe de faire adhérer nos concitoyens à la démocratie et à l'Europe en faisant remonter notre histoire à 1789 grand maximum et mieux encore à 1945 avec en projection les débuts de la construction européenne.

La France se résume-t-elle à la République et à son intégration dans l'Europe? Le Français d'aujourd'hui a-t-il pleinement conscience de nos millénaires d'histoire comme aurait pu l'être un Français de la IIIème République?

Que va apporter ce débat de manière concrète? Apprendre la Marseillaise aux écoliers ce qui semblait pourtant aller de soi? Accorder la nationalité française à des étrangers de manière plus sélective?

Il n'y a eu rien de plus stimulant qu'un nationalisme étranger pour mettre ses valeurs et différences en exergue et à l'heure où la France n'a plus d'ennemis déclarés et où la mondialisation touche par dessus tout les pays développés, je ne vois pas ce que cette réflexion pourrait apporter à des Français qui semblent peu concernés.

Selon moi, ce fut une erreur de s'attaquer à l'un des principaux creusets de l'identité nationale, le service militaire. Qu'il soit coûteux ou peu efficace, j'en conviens mais il avait au moins le mérite de fondre les jeunes Français dans un moule que leurs ancêtres avaient emprunté également.

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