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Tout ce qui a été posté par Rochambeau
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Effectivement, le gênois Andrea Doria: http://fr.wikipedia.org/wiki/Andrea_Doria
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Voici une anecdote du front Est, ou la 5e compagnie de la Charlemagne ont bluffé environ 3000 soldat soviètique http://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/le-front-de-l-est-f26/replis-en-fanfare-des-ss-francais-t3868.htm
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Source: http://www.freebelgians.net/pages/sujet.php?id=fb1&su=127
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barbaros pacha vous voyez maintenant ceux sa fait d'entendre des s*** sur l'histoire militaire de son pays... Bon, passons: http://www.planet-turquie-guide.com/ottoman.htm http://www.euratlas.net/AHP/grand/gr1600.htm http://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_ottoman http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9clin_de_l%27empire_ottoman http://fr.wikipedia.org/wiki/Dynastie_ottomane http://www.monde-diplomatique.fr/2003/04/LAURENS/10102 http://www.passion-histoire.net/phpBB_Fr/viewtopic.php?t=11845 http://www.air-defense.net/Forum_AD/index.php?topic=9380.0 Soliman le Magnifique: http://fr.wikipedia.org/wiki/Soliman_le_Magnifique Bataille de Mohács (1526): http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Moh%C3%A1cs_%281526%29 Bataille de Szigetvár: http://fr.wikipedia.org/wiki/Szigetv%C3%A1r
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Oui, généralement on en faisait des esclaves. Pour Spartacus, il y a ça: "Appien indique sans grande précision que Spartacus a servi dans une légion, qu'il a été fait prisonnier de guerre et vendu. On peut supposer qu'il ait été enrôlé comme auxiliaire, et qu'il soit un déserteur repris et vendu comme gladiateur." Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Spartacus
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Les armes et leur évolution durant la seconde guerre mondiale
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Zamorana dans Histoire militaire
Non ce ma pas choqué... mais au vue de ceux que réserver Hitler a la France moi je dis ouf... Et puis malgrés leurs problèmes mécanique ils ne restent pas moins des belle bêtes. -
Les armes et leur évolution durant la seconde guerre mondiale
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Zamorana dans Histoire militaire
Heureusement vous voulez dire... je vous rappel qu'ils étaient les "méchant". -
Les armes et leur évolution durant la seconde guerre mondiale
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Zamorana dans Histoire militaire
Parce que c'est du matériel allemands donc forcément meilleur :P. Ben ma source: http://secondeguerre.net/articles/chars/de/ld/ch_tigreroyal.html -
Les armes et leur évolution durant la seconde guerre mondiale
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Zamorana dans Histoire militaire
Eh bien le blindage du Tigre Royale est je crois de 180 mm avec un canon Pak 43 L/71 de 88 mm (qui avait une bonne reputation). En avaient-ils les moyens, surtout que la construction de Tigre Royale est longue.(et au vue de la situation) -
Les armes et leur évolution durant la seconde guerre mondiale
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Zamorana dans Histoire militaire
D'un point vue technique ils ont chacun leurs inconvénients et avantages, c'est le genre de débat qui tourne en rond... En même temps on sait que l'équipage et la tactique jouent beaucoup dans un affrontement, en gros je préfère être dans un Tigre Royale que dans un M26 Pershing... -
Bon, il serait intéressant de voir comment a évolué les conditions des prisonniers de guerre a travers les siècles. Alors je commence par les prisonniers du premier empire: Russie: http://www.napoleon1er.org/forum/viewtopic.php?t=9436 Gênes: http://www.napoleon1er.org/forum/viewtopic.php?t=3968 Les pontons anglais : http://www.napoleon1er.org/forum/viewtopic.php?t=8585 Jaffa: http://www.napoleon1er.org/forum/viewtopic.php?t=2494 L'Orient: http://www.napoleon1er.org/forum/viewtopic.php?t=5237 http://www.napoleon1er.org/forum/viewtopic.php?t=5244 Cabrera: http://www.napoleon1er.org/forum/viewtopic.php?t=9152 http://www.napoleon1er.org/forum/viewtopic.php?t=11217 http://www.napoleon1er.org/forum/viewtopic.php?t=1469 Prisons françaises: http://www.napoleon1er.org/forum/viewtopic.php?t=2797 Prisonniers de guerre: http://www.napoleon1er.org/forum/viewtopic.php?t=11502&postdays=0&postorder=asc&highlight=prisonniers+++guerre+autrichiens&start=0
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Histoire militaire de la France
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Rochambeau dans Histoire militaire
La stratégie des moyens, espace de rationalité La stratégie des moyens, depuis la présidence du général de Gaulle et la part considérable prise par le nucléaire, occupe aujourd’hui une place de premier plan dans la culture stratégique française. Le Général attachait une si grande importance aux programmes nucléaires qu’il acceptait les difficultés qu’ils causaient à sa politique étrangère94. Le général Gallois a bien souligné l’importance accrue, jusqu’à devenir primordiale selon lui, de la stratégie des moyens95. C’est en se dotant, seule, de l’arme atomique que la France a pu à nouveau prétendre à l’indépendance96. Il y a une tradition française de la stratégie des moyens : celle des "ingénieurs du Roy" et des "armes savantes". De la guerre d’Indépendance à la guerre de Sécession, les Américains admiraient d’abord dans le système militaire français les écoles du génie, de l’artillerie et des fortifications. Ils bâtirent West Point sur le modèle français en y formant avant tout des ingénieurs97. La connaissance du français y était alors considérée comme indispensable pour la lecture des plus importants ouvrages scientifiques. Les diplômés de West Point découvraient ainsi les oeuvres de Bardet de Villeneuve, Bélidor, Carnot, Cormontaigne, Tronson du Coudray, Gay de Vernon, La Martillière, Montalembert, Vauban98. La stratégie des moyens assure des "espaces de rationalité ou de moindre incertitude" : le savoir scientifique et technologique recherche des capacités accrues d’effets physiques, mesurables et vérifiables expérimentalement, donc prédictibles – toutes choses étant égales par ailleurs99. Bien que se fondant sur une dialectique des incertitudes, la dissuasion nucléaire dispose de scénarios mieux "probabilisables" que ceux de la défense classique100. Pierre-M. Gallois a souligné que les forces de la représaille devaient "être créditées d’une mise en oeuvre quasi automatique". "Il faut que l’adversaire sache qu’à partir du moment où certaines hypothèses se trouvent vérifiées, certains indices fournis et certains critères atteints, la puissance ainsi menacée met en branle, automatiquement, la machinerie de ses représailles" 101. L’effort consenti par la France pour se doter de ses propres moyens nucléaires n’est pas sans incidence sur son attitude face au désarmement. Source: http://www.stratisc.org/strat_053_Colson.html Opération Darguet: http://www.air-defense.net/Forum_AD/index.php?topic=9340.0 -
Histoire militaire de la France
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Rochambeau dans Histoire militaire
Tentation du dogmatisme et “doctrine du réel” Au cours du XIXe siècle, la tradition rationaliste française s’était prolongée à travers l’influence de Jomini et de ses "principes de la guerre". La défaite de 1870 amena à se poser des questions et provoqua un engouement, forcé, pour la pensée militaire allemande. Mais les Français gardaient leurs qualités et leurs défauts. Un maître comme le général Lewal "mettait tant d’ardeur à défendre l’étude et la logique qu’il ne pouvait accorder la moindre attention à ce qui lui paraissait irrationnel" 83. Le rationalisme d’un Ardant du Picq se traduisait par une lucidité sans illusion, annonçant parfois celle d’un Pierre-M. Gallois. Le général de Gaulle, dans Le fil de l’épée, a souligné les faiblesses d’une pensée militaire trop teintée de rationalisme : "Il semble que l’esprit militaire français répugne à reconnaître à l’action de guerre le caractère essentiellement empirique qu’elle doit revêtir. Il s’efforce sans cesse de construire une doctrine qui lui permette, a priori, d’orienter l’action et d’en concevoir la forme, sans tenir compte des circonstances qui devraient en être la base. (...) Sans doute, l’esprit français y est-il plus particulièrement porté par son goût prononcé de l’abstraction et du système, son culte de l’absolu et du catégorique qui lui assurent de clairs avantages dans l’ordre de la spéculation, mais l’exposent à l’erreur dans l’ordre de l’action" 84. Après 1870, l’étude des succès prussiens et la volonté de revenir à Napoléon persuadèrent toute une génération militaire que l’offensive avait une valeur transcendante : "Engagée dans cette voie, la pensée militaire allait marcher d’abstraction en abstraction. Elle avait quitté le terrain de la réalité guerrière, elle allait transformer en doctrine une métaphysique absolue de l’action" 85. Charles de Gaulle a sans doute mis le doigt sur une défaut propre à la culture stratégique française lorsqu’il a exprimé ce souhait : "Puisse la pensée militaire française résister à l’attrait séculaire de l’a priori, de l’absolu et du dogmatisme" 86 ! La culture stratégique française peut heureusement trouver en elle-même l’antidote : ce que le général de Gaulle appelle la "doctrine du réel". Avant 1914, le colonel Pétain avait souligné le danger d’arrêter a priori la forme de toute action de guerre87. Sa conduite dans la Grande Guerre correspondra à sa désapprobation des conceptions absolues. Pour de Gaulle, il y a là une autre tradition, beaucoup plus saine, de la pensée militaire française. Il souligne le refus du dogmatisme chez le maréchal de Saxe, chez Napoléon, Marmont, Bugeaud, Foch88. Ce dernier, qui fut un si grand modèle pour de Gaulle, a bien synthétisé une certaine culture stratégique française. Depuis qu’Edward Luttwak a souligné le caractère paradoxal de toute bonne stratégie, il est peut-être plus aisé de comprendre le "paradoxe fochien" : "un mélange de généralisations métaphysiques abstraites, presque abstruses, avec un bon sens réduit à son principe le plus élémentaire, et une indépendance par rapport aux solutions toutes faites" 89. Un juste équilibre, bien français dirons-nous, de rationalisme et d’empirisme. La stratégie de dissuasion nucléaire d’aujourd’hui subirait-elle l"’attrait séculaire" du dogmatisme ? Ce n’est pas l’impression que donnent les traités d’André Beaufre et de Lucien Poirier. Pour le premier, "la stratégie ne doit pas être une doctrine unique, mais une méthode de pensée permettant de classer et de hiérarchiser les événements, puis de choisir les procédés les plus efficaces" 90. Le second a rappelé que si les "fondements théoriques et doctrinaux étaient nécessaires pour préparer les armées à leurs futures missions et pour guider l’action, au moins dans sa phase initiale, la guerre réelle démentait fréquemment les règles de conduite stratégique établies dans l’incertitude sur les données contingentes du conflit et sur les futures initiatives ou réactions adverses" 91. Peut-être la pensée de Pierre-M. Gallois, plus catégorique et plus jusqu’au-boutiste dans sa logique, encourrait-elle plus facilement ce reproche. A l’occasion de la guerre du Golfe, d’aucuns ont crié que la doctrine militaire française s’est "figée autour de la dissuasion nucléaire à laquelle elle a tout sacrifié" 92. Nous ne ferons que poser la question. En tout cas, un Valéry Giscard d’Estaing s’en souciait déjà en 1979 : C’est mon idée fondamentale : il ne faut jamais, pour assurer la sécurité d’un pays, se fonder sur un seul raisonnement, parce que l’histoire est plus imaginative et plus fertile qu’on ne le pense. Quand nous regardons notre histoire militaire des soixante-dix dernières années, nous voyons que les raisonnements qui étaient à la base de nos systèmes de défense ont toujours été contournés (...) Il faut être capable de faire face à la diversité des situations de défense. Donc, priorité à l’arme de dissuasion et, en même temps, équipement de nos forces terrestres, maritimes et aériennes pour être capables de faire face à la diversité des situations de défense 93. -
Histoire militaire de la France
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Rochambeau dans Histoire militaire
Une réflexion stratégique intégrale, rationnelle et capable d’abstraction En contraste avec le travail foisonnant, touffu, mais souvent étroitement technique des Américains, la réflexion des stratégistes français de l’âge nucléaire se caractérise par ses vues larges et cohérentes. Ces stratégistes sont essentiellement des militaires, avec une exception de taille : Raymond Aron. Là aussi, il y a contraste avec les Etats-Unis où la pensée stratégique est dominée depuis 1945 par des civils. Certains travaux d’officiers méritent la considération, comme ceux du général Coats ou de l’amiral Eccles, mais ils n’ont pas été en prise directe avec les décisions stratégiques. Les ouvrages d’Henry Kissinger, de Thomas Schelling ou d’Herman Kahn ont eu plus d’impact sur celles-ci. En France, les études des généraux Ailleret, Gallois, Beaufre et Poirier reflètent dans une très large mesure les choix stratégiques. Le général Beaufre a tenu à distinguer sa réflexion sur la stratégie de celle des Américains où, "sous le signe tout nominal de Clausewitz, on se lance à corps perdu dans la solution d’une cascade de problèmes techniques d’inspiration tactique" 64. Comme l’a reconnu un critique américain, André Beaufre a suivi une tradition plus classique et a conçu la stratégie comme "essentiellement synthétique" 65. Sa contribution principale réside dans sa "conception large et souple de la stratégie" 66. Pour lui, "le raisonnement stratégique doit combiner les données psychologiques et les données matérielles par une démarche d’esprit abstraite et rationnelle" 67. Au centre de son Introduction à la stratégie, il y a un appel à une définition plus globale du champ de la stratégie contemporaine. Certains Américains, tel Bernard Brodie, ont reproché à A. Beaufre une méthodologie indûment abstraite et déductive, insuffisamment appuyée sur des données concrètes et accessibles68. Il n’empêche que les trois ouvrages principaux du général Beaufre, Introduction à la stratégie, Dissuasion et stratégie et Stratégie de l’action ont tous été traduits aux Etats-Unis, ce qui semble indiquer qu’ils comblaient un vide. A propos du troisième, la bibliographie commentée de Foreign Affairs soulignait que "le style succinct et confidentiel de l’auteur avait un impact clarifiant en regard des traités pesants et verbeux qui émanaient trop souvent des auteurs américains" 69. Le général Poirier, par son oeuvre de stratégie théorique, a été le brillant continuateur du général Beaufre. Il remplaça le concept de stratégie totale par celui de stratégie intégrale, plus opératoire car dépassant l’état de guerre. La stratégie intégrale "correspond à l’exécution de la politique dans l’intégralité de son champ, intérieur et extérieur, et pour toutes les nuances du spectre de la dialectique conflictuelle" 70. Après le "magistral corpus de concepts, principes, lois, règles, etc." laissé par le général Beaufre, l’oeuvre de Lucien Poirier approfondit la réflexion en s’interrogeant sur la validité et l’efficacité de l’outillage intellectuel utilisé par le stratège71. Dans la volonté de Lucien Poirier de comprendre comment "cela fonctionne" dans le cerveau du stratège, acteur ou théoricien, on peut voir une quête inlassable du rationnel, appuyée sur une vaste culture philosophique et historique. Certains titres sont significatifs : "Conquête de la rationalité", "Espaces de rationalité ou de moindre incertitude"72. Les Essais de stratégie théorique, Stratégie théorique II et Les voix de la stratégie sont des oeuvres typiquement françaises par leur recherche de la rationalité, leur cartésianisme et leur maniement du discours abstrait. Pour L. Poirier, "l’armement nucléaire et la peur raisonnée ont réintroduit la raison dans la politique et la stratégie" 73. André Beaufre et Lucien Poirier ne sont-ils pas les héritiers de l’"école française" du XVIIIe siècle ? Puységur, Folard, Maurice de Saxe, Turpin de Crissé, Bourcet, Le Roy de Bosroger, Grimoard, Joly de Maizeroy, Guibert étaient, selon l’expression de Lucien Poirier, "malades de la rationalité" 74. L’école allemande, avec Berenhorst, Scharnhorst, Lossau, Ruhle von Lilienstern, Clausewitz, réagit contre la rationalisme français et affirma que le domaine de la guerre débordait celui de la raison75. La pensée militaire allemande a, depuis, été largement étudiée au sein de l’armée française : André Beaufre et Lucien Poirier ont appris la langue de Goethe pour lire Vom Kriege dans le texte. Mais le génie français est bien celui du rationnel et les prédécesseurs ne sont pas désavoués. Guibert en particulier a été l’objet de multiples études, preuve qu’il occupe toujours une place importante dans la culture stratégique française76. En critiquant le "projet à demi conçu" de Montesquieu dans l’Esprit des lois, Guibert laissait percer son cartésianisme et son obsession du rationnel. En même temps, "une postérité de constructeurs est annoncée par la volonté de création d’un homme qui, à vingt-cinq ans, prétend soumettre politique et stratégie à un même centre de vision, les intégrer dans un système de pensée ne se proposant pour objet rien de moins que la totalité socio-politique et celle des situations conflictuelles" 77. Si Guibert trouve encore une résonance en France, c’est parce qu’il a dégagé les lignes essentielles des réformes à entreprendre pour que la nation soit maîtresse de son avenir : défi sans cesse renouvelé et au coeur de la stratégie française à l’âge nucléaire. Autrement dit, sa réflexion, prophétique pour l’époque, a encore valeur d’exemple aujourd’hui78. A côté de Guibert, L. Poirier a beaucoup étudié Jomini et, ici encore, ce n’est sans doute pas un hasard. Jomini, bien que suisse, se rattache à la culture stratégique française. Le souvenir de Descartes s’impose aussi chez Jomini : son Précis de l’art de la guerre débute par un discours sur son itinéraire personnel, véritable "discours de la méthode" où Jomini entend faire la preuve "– la preuve par l’évidence de l’expérience – de l’existence d’un savoir vrai, à la portée de l’entendement dès lors qu’on applique celui-ci à un objet bien défini dans la totalité du réel" 79. Jomini découpe et borne, "dans la totalité du concret, un espace de pertinence et de cohérence de la théorie". "Opération d’esprit cartésien, précise L. Poirier : elle suppose une unité invisible sous la multiplicité visible" 80. Jomini a cru "en la possibilité de réintroduire un peu de raison dans le déraisonnable guerrier ; de borner l’espace de l’irrationnel et de préserver un espace où la pensée politique et stratégique, volontariste, pût construire quelque chose de solide ; de trianguler une île d’ordre et d’intelligibilité dans l’océan du désordre et du non-sens" 81. Telle est aussi l’ambition des stratégistes français de la dissuasion nucléaire. Napoléon fut, on le sait, le meilleur élève de Guibert et sa stratégie opérationnelle fut décryptée par Jomini. Le maréchal Foch opéra une synthèse de l’école stratégique française, basée sur Guibert, Napoléon et Jomini. Il concentra la stratégie en deux règles abstraites : l’économie des forces et la liberté d’action. Comme l’a dit A. Beaufre, celles-ci "par leur abstraction même peuvent s’appliquer à toutes les stratégies" 82. -
Histoire militaire de la France
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Rochambeau dans Histoire militaire
La stratégie de dissuasion : une rupture étudiée L’indépendance, le rang et le leadership européen de la France sont assurés par une stratégie militaire de dissuasion dont la spécificité est bien connue : postulat du pouvoir égalisateur de l’atome, dissuasion du faible au fort, objectifs essentiellement anticités, suffisance et proportionnalité à l’enjeu, stratégie de dissuasion totale et globale, fondée sur la volonté du décideur et le consensus national55. La possession par la France d’un armement atomique est la première traduction, sur le plan de la stratégie militaire, de sa stratégie intégrale d’indépendance, d’universalisme et de maintien de son rang. L’instrument nucléaire de la France est pour elle une garantie suprême, "objective" au sens où il ne dépend pas de l’évolution des menaces adverses. La spécificité de la dissuasion française est que ses formes peuvent être adaptées, mais que le concept lui-même demeure, non comme menace, mais comme signe du prix que la France attache à elle-même56. Sans l’arme nucléaire, il n’y aurait peut-être plus de stratégie française indépendante. Le défi d’une force nucléaire nationale a rendu possible un ressaisissement de la pensée stratégique française après la défaite de 1940 et les amers retraits d’Indochine et d’Algérie. L’originalité culturelle de la position française perce à travers une comparaison faite par le général de Gaulle entre la stratégie de dissuasion nucléaire et celle des frontières fortifiées de Vauban57. Ces dernières, modernisées au fur et à mesure, ont continué à protéger la France quand Vauban eut disparu : ainsi en est-il, peut-on dire, de la force nucléaire depuis la mort du Général. La doctrine française de la dissuasion est "essentiellement défensive", même si les armes de cette dissuasion peuvent être qualifiées en elles-mêmes d’offensives58. Si le Parti socialiste français a fini par accepter la stratégie militaire de dissuasion du général de Gaulle, c’est peut-être parce qu’il s’est rendu compte de sa parfaite adéquation avec la culture stratégique française. Le penseur militaire "historique" de la gauche, Jaurès, estimait qu’un concept stratégique, pour être en accord avec l’idée démocratique, ne pouvait être que défensif et dissuasif 59. Pourtant, deux des principaux penseurs français de la dissuasion, les généraux Ailleret et Gallois, ont fortement souligné la rupture entre les stratégies de l’ère nucléaire et celles de l’âge classique60 : "Il n’y a plus de place pour la stratégie des opérations, a écrit Pierre-M. Gallois. Seuls comptent l’état des arsenaux et la stratégie des moyens" 61. La crédibilité de la dissuasion française obligeait d’une certaine manière à souligner cette rupture, mais il y avait aussi, pour un pays au passé militaire aussi prestigieux, un paradoxe. Lucien Poirier le tempéra en écrivant que, par rapport à la recherche stratégique américaine, "l’héritage de la pensée militaire française et européenne donnait, à nos analystes, l’avantage de relativiser ce phénomène de rupture" 62. Lucien Poirier lui-même étudia deux témoins de ruptures, Guibert et Jomini63. Nous en reparlerons. La réflexion sur la stratégie nucléaire des généraux Gallois, Beaufre et Poirier est typiquement française et il est possible de la situer dans une longue tradition de pensée militaire. -
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Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Rochambeau dans Histoire militaire
Valmy, bataille symbole Les célébrations du bicentenaire de la Révolution, lorsqu’elles évoquèrent sa dimension stratégique, se déroulèrent à Valmy. La bataille de Valmy semble, de toutes celles qu’ait livrées la France, la plus invoquée et la plus célébrée. Comme l’a écrit le général Hublot, "quelles qu’aient pu être les premières manifestations de sentiment patriotique chez les combattants des Champs Catalauniques, de Poitiers, Bouvines, Orléans, Denain ... c’est à Valmy, il y a près de deux cents ans, que pour la première fois des soldats français ont arrêté l’envahisseur au cri de "vive la nation !48 ". Mais Valmy n’est-elle pas, plus particulièrement, la bataille symbole de la gauche républicaine ? Jaurès y voyait le triomphe des conceptions qu’il prônait dans L’Armée nouvelle 49. Pour Clemenceau, la victoire avait eu quelque chose d’anormal et de surprenant, qui n’était pas d’ordre matériel mais spirituel50. En 1989, Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense, verra dans Valmy un quadruple symbole : symbole de la dissuasion, symbole de la volonté des Français de prendre en mains leur défense, symbole de ce que la force armée doit protéger sans fléchir le droit des peuples et son incarnation dans la République, symbole enfin des promesses que peut offrir à tout moment le rassemblement des Français51. La France aurait-elle célébré Valmy en 1989 si son président et son gouvernement n’avaient pas été socialistes ? Le général de Gaulle, lorsqu’il évoquait les batailles de la Révolution, citait plus souvent Jemmapes et Wattignies. Valmy apparaît plus timidement dans ses écrits52. Mais Jemmapes est en Belgique, comme Fleurus, et Wattignies est moins connue. Valmy est davantage un symbole. Ce fut la première rencontre, sinon la première bataille, des guerres de la Révolution. Et elle a, plus que les autres, une connotation défensive. Comme l’a dit le général Maurice Schmitt, Valmy demeure "le victorieux symbole de la volonté nationale française de défendre ses valeurs et la patrie" 53. Surtout, Valmy symbolise la stratégie de dissuasion de l’âge nucléaire : "L’épisode militaire du 20 septembre 1792 paraît mineur à ses contemporains et à beaucoup de leurs successeurs peu enclins à admettre que dans la bataille la mêlée ne suit pas nécessairement la canonnade. L’important est que l’acte tactique s’insère dans une bonne stratégie qui lui donne une portée sans rapport avec son poids apparent et que le geste militaire s’associe à une négociation active. Dès lors l’agresseur renonce à une entreprise dont le succès lui apparaît moins probable et le coût plus élevé que dans ses prévisions ; c’est le langage moderne de la dissuasion" 54. -
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Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Rochambeau dans Histoire militaire
Une culture géopolitique “possibiliste”, défensive et terrienne Il n’y a pas, en France, une tradition d’étude de la géopolitique comparable à celles de l’Allemagne ou des Etats-Unis. Le père de la géographie française moderne, Vidal de la Blache, se refusait à distinguer une réflexion géopolitique d’une réflexion géographique globale32. Les "déterministes" anglo-saxons, allemands et soviétiques (Mackinder, Mahan, Ratzel, Haushofer, Lénine) étaient offensifs et mobilisaient des représentations de la dynamique fatale de la croissance des empires, qu’ils soient de type économique, ethnique ou idéologique. L’école française, "vidalienne", insiste au contraire sur la liberté, l’autonomie des sociétés politiques sur une aire géographique définie comme un aire du possible. Elle est "possibiliste" et s’en tient à l’aménagement du territoire acquis33. Réagissant à l’école allemande qui, dans la tradition de Fichte et de Herder, glorifiait l’Etat, les Français virent plutôt les véritables entités naturelles dans les régions géographiques. En 1916, Vidal de la Blache avait publié La France de l’Est où il démontrait que l’Alsace et la Lorraine, annexées par l’Allemagne en 1871, devaient être rattachées à la France. Si tous les Français en étaient convaincus, il n’en était pas de même des dirigeants alliés, en particulier les Américains. Vidal montrait que la langue n’était pas le seul aspect à prendre en considération dans le fait national et qu’il fallait tenir compte de toutes les caractéristiques économiques, sociales, politiques d’un groupe d’hommes et de ses relations profondes avec un centre politique, en l’occurrence Paris. En 1789, le mouvement révolutionnaire avait déterminé en Alsace et en Lorraine une transformation des structures économiques et sociales proportionnellement plus forte que dans d’autres régions françaises. L"’Armée du Rhin" contribua aussi à souder les deux provinces à la France34. Bref, Vidal fondait sa géopolitique non sur le schéma de la conquête universelle, mais sur celui de la révolution. Il territorialisait l’idée d’une structure sociale issue d’une révolution35. Les géographes français de l’entre-deux-guerres n’ont pas tenté de s’opposer aux réclamations territoriales allemandes par des réclamations d’un ordre similaire. Ils ont plutôt opposé des alternatives radicales à la pensée d’Outre-Rhin. Les mérites de la "civilisation" étaient opposés à ceux de la Kultur, la coopération internationale à l’autarcie nationaliste. Les frontières devaient être ouvertes plutôt que fermées, le réalisme devait remplacer l’abstraction et la poursuite de lois universelles. En somme, une approche humaniste était opposée à une approche théologique36. Alors que, comme leurs collègues allemands, les géopoliticiens français des années 1930 voyaient dans le désordre des temps le signe d’un nouveau système mondial en gestation, ils estimaient que celui-ci devrait se fonder sur les principes de l’internationalisme plutôt que sur une nouvelle forme d’impérialisme continental. La géopolitique française se préoccupait plus de garantir la paix que de faire la guerre37. La crainte d’une remontée de la puissance allemande et la conscience des faiblesses économiques et démographiques de la France produisit un état d’esprit nettement défensif qui se refléta dans la stratégie militaire. Après 1945, la réflexion géopolitique française de l’entre-deux-guerres ne fut pas perdue, contrairement à la Geopolitik allemande, totalement discréditée. Elle se retrouva en effet dans les ambitions des promoteurs de la Communauté européenne38. En fait, la version française de la géopolitique est aujourd’hui la seule qui soit légitime pour une démocratie39. L’école vidalienne insistait sur l’unité de l’homme avec son environnement. La valeur "terre" est très présente dans la culture stratégique française. Héritée sans doute de la Rome antique, elle transparaît chez de nombreux hommes de guerre français qui sont autant de versions modernes de Cincinnatus : c’est le maréchal Soult retournant dans son village natal du Tarn pour créer son domaine de Soult-Berg ; c’est Gouvion Saint-Cyr, passionné d’agriculture dans sa propriété beauceronne de Reverseaux ; c’est Bugeaud bien sûr, le "soldat laboureur" du Périgord40. Les généraux de la Révolution et de l’Empire se sont, pour la plupart, engagés en 1792 pour défendre leur terre natale. Ils ont combattu d’abord sur leur frontière : de Lectoure, Lannes est parti défendre les Pyrénées orientales ; l’Alsacien Lefebvre a d’abord servi à l’Armée de la Moselle ; le Meusien Gérard a vu le feu pour la première fois en Belgique, à Neerwinden et à Fleurus ; le Niçois Masséna s’est d’abord battu en Ligurie, etc. Charles de Gaulle aimait les poèmes où Charles Péguy célébrait la terre de France : "Un soldat mesure la quantité de terre où une âme peut respirer, où un peuple ne meurt pas" 41. La valeur terre n’apparaît-elle pas aussi, en filigrane, dans les réflexions d’Alain Joxe sur la stratégie des Etats-Unis ? Ceux-ci, maintenant que le limes impérial entre l’Est et l’Ouest est tombé, exerceront selon lui leur leadership mondial par des interventions "coup de poing", non seulement grâce au pouvoir naval et aérien, mais aussi par le pouvoir spatial et le pouvoir hertzien. L’empire américain ne serait pas un empire terrestre, mais une forme nouvelle d’empire universel maritime, "surgissant de l’unicité de l’économie-monde et du contrôle continu en temps réel que permet le space power". Alain Joxe voit un danger dans l’absence de la valeur terre dans cette domination : cette absence conduirait à l’"empire du désordre" 42. Mais la valeur terre, telle qu’elle provient de la culture stratégique française, a subi des mutations irréversibles depuis l’arrivée de l’arme nucléaire, capable de détruire la terre comme totalité planétaire. François Géré a exprimé de façon remarquable les enjeux de cette nouvelle dimension géostratégique43. Analysant lui aussi les Etats-Unis, "puissance du flux", il a souligné que le territoire américain constituait moins un lieu d’enracinement qu’une surface de déplacement. Le contraste avec la France est implicite : celle-ci est une "entité solide, compacte et enracinée" 44. Dans la logique de la valeur terre, la tradition géopolitique française a inventé la notion moderne de frontière. Au moment de la Révolution fut pensée, puis appliquée, une conception globale de la frontière, comme ligne de coïncidence entre l’Etat et la nation. Ce modèle géopolitique fut promu dans l’Europe des nationalités, en attendant d’être exporté dans ce qui est devenu le Tiers Monde. La France construisit et diffusa, au XIXe siècle, la notion de "frontières naturelles", dont on voulut faire a posteriori l’axe logique de la formation territoriale du pays. Enfin, la France dispose, depuis les années 1960, de "frontières différentielles" : une enveloppe frontalière immédiate borne un sanctuaire stratégique, protégé par la méthode et les moyens de la dissuasion du faible au fort, tandis que des frontières "extérieures" enserrent l’aire volontairement floue des "intérêts vitaux" 45. L’organisation française des frontières est typique des communautés enracinées, latines et catholiques46. Fin 1792, l’abbé Grégoire déclara que la France était un tout et qu’elle se suffisait à elle-même : partout la Nature lui avait donné des barrières qui la dispensaient de s’agrandir, en sorte que ses intérêts étaient d’accord avec ses principes47. Valmy, bataille défensive, venait d’illustrer cette conception. -
Histoire militaire de la France
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Rochambeau dans Histoire militaire
Nécessité des alliés et leadership européen Contre la menace impériale du Habsbourg puis du Hohenzollern, la parade française a consisté, depuis le XVIe siècle surtout, à rechercher à tout prix un "allié de revers". "Ce principe premier de la géostratégie française survit jusqu’à nos jours" écrit André Martel en 197923. Pour la première fois de son histoire, la France ne compte plus d’ennemi potentiel sur ses frontières terrestres. André Martel ajoutait : "Seule la réunification de l’Allemagne, neutralisée ou non, paraît susceptible à court terme d’ébranler ce sentiment de sécurité continentale" 24. Depuis que cette réunification s’est opérée, le retour à une alliance de revers, avec une puissance d’Europe centrale ou orientale, a été évoqué, pour le cas où la France perdrait ses espoirs d’arrimer solidement l’Allemagne à la Communauté européenne25. Depuis 1945 pourtant, que de chemin parcouru sur la voie de la réconciliation avec l’ennemi d’hier ! Quel bouleversement pour une culture stratégique française qui, depuis la défaite de 1870, s’était efforcée de connaître la pensée militaire d’Outre-Rhin. Comme beaucoup d’autres officiers, Charles de Gaulle s’était appliqué à étudier Bismarck, Moltke, Bernhardi, von der Goltz26. Clausewitz fut traduit par de Vatry, commenté par Cardot, Gilbert, Camon, Foch27. Tout ce travail d’étude de l’adversaire pourrait bien n’être pas perdu maintenant que l’on "coopère" avec lui et qu’il existe une brigade franco-allemande. Depuis la défaite de 1870, la France n’envisage plus sa stratégie sans alliés, sauf pour les questions coloniales. Plus encore que l’alliance continentale de revers, la recherche des alliances maritimes de soutien est devenue une caractéristique de la culture stratégique française. Depuis 1815, la France s’entend avec le maître des mers : l’Anglais, relayé depuis 1945 par l’Américain. "Plus qu’une neutralité bienveillante, c’est l’alliance britannique qui a été recherchée ; à n’importe quel prix serait-on tenté d’écrire en évoquant 1919-1939. La relève américaine n’a pas plus changé ce schéma que le glissement à l’Est de l’ennemi continental" 28. Les événements de 1989-1991 ont quelque peu obscurci le jeu. L’allié maritime est toujours là, mais il sera sans doute de moins en moins présent en Europe. Quant à l’adversaire continental, peut-être a-t-il disparu, provisoirement. Les alliances sont nécessaires mais elles ne sont pas éternelles. Le monde change sans arrêt29. Parce que sa voix, si elle reste purement autonome, risquerait d’être à brève échéance inaudible, la France se sent de plus en plus appelée à jouer un rôle moteur dans la construction d’une défense européenne commune30. Celle-ci permettrait à la stratégie française de s’associer la nouvelle puissance allemande et de retrouver un leadership continental, qui n’aurait rien de dominateur, mais ferait entendre la voix de l’Europe. La France est disponible pour contribuer à la sécurité collective du Vieux Continent31. A cet égard, elle privilégie le cadre de l’Union de l’Europe occidentale (UEO). Le traité de Bruxelles, qui l’a instituée en 1948, ne prévoit pas de commandements militaires intégrés, contrairement à l’OTAN. Un des apports possibles de la France à un concept européen de défense réside dans sa culture géopolitique. -
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Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Rochambeau dans Histoire militaire
Indépendance, universalisme et “rang” mondial Le premier objectif de la stratégie française ne fait aucun doute : il s’agit de sauvegarder la capacité de la France à penser et agir par elle-même, de faire en sorte qu’elle soit l’acteur de sa propre liberté. La force du sentiment national reste la première condition d’une stratégie française autonome14. La nécessité de l’autonomie stratégique nationale est périodiquement réaffirmée par tous ceux qui se font "une certaine idée de la France"15. L’autonomie de décision est essentielle dans la culture stratégique française et l’examen du passé lui donne toute sa dimension. La conscience nationale s’est en effet forgée au cours des siècles contre les rêves impériaux, qu’ils viennent de Germanie ou d’Outre-Atlantique, qu’ils soient d’ordre spirituel, idéologique ou culturel. Les rois de France ont toujours lutté contre les prétentions germaniques à revendiquer la succession de l’empire romain, surtout à partir du moment où les Habsbourg ont commencé à détenir héréditairement le titre électif d’empereur16. En le relevant à son profit tout en l’abolissant en Allemagne, Napoléon conjura une menace vieille de dix siècles : cela explique, indépendamment de la virtuosité de l’homme de guerre, la place exceptionnelle qu’il occupe dans la culture stratégique française. Le gallicanisme fut, lui aussi, une réaction à une autre prétention supranationale, celle de la théocratie romaine : toujours, il s’agissait de préserver la souveraineté nationale. Depuis les premiers Capétiens, la souveraineté française ne se partage pas, sinon elle disparaît. C’est à la lumière de cette constante historique que se comprennent le rejet de la Communauté européenne de Défense en 1954, le retrait de l’OTAN en 1966 et la réputation d"’allié difficile et exigeant" que la France garde auprès de ses amis anglo-saxons. La guerre du Golfe a bien montré la persistance, dans toutes les familles de pensée, d’une sensibilité particulière, non conformiste, à l’intérieur du "camp occidental", soucieuse avant tout de maintenir une sorte d"’exception française" ou du moins d’indépendance nationale17. L’opposition française à la guerre, contrairement à celle qui se manifesta aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en Allemagne, ne chercha pas à développer une argumentation juridique ou pacifiste, mais bien un discours politico-stratégique original, différent de celui des Américains. Il y a dans la culture stratégique française un vaste courant qui n’accepte pas une conduite dictée et qui exige au contraire un débat, ce qui n’empêche pas de choisir la "solidarité" avec les alliés. L’affirmation de l’indépendance s’accompagne d’un universalisme aux implications stratégiques. Depuis 1789, la France est la patrie des droits de l’homme universel, de "la" liberté et de l’égalité. La volonté de défendre, puis d’exporter, ces idéaux a justifié les conquêtes de la Révolution et de l’Empire. Bien qu’ayant perdu deux fois son statut d’empire, européen puis colonial – le règne de Napoléon III n’ayant pas conféré à la France une dimension impériale au sens d’une extension importante de territoire –, la France garde une culture stratégique à vocation universelle. Les bouleversements des années 1989-1991 soulignent la nécessité durable d’une stratégie qualifiée à l’époque du général de Gaulle de "tous azimuts"18. A cause de ses départements et territoires d’outre-mer, de son siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, en raison aussi des traités qu’elle a conclus avec plusieurs Etats de l’Afrique francophone, la France garde une culture stratégique à vocation mondiale. Elle entend aussi maintenir son "rang" dans le monde. Après deux siècles au moins d’hégémonie continentale, la France a vu son poids stratégique diminuer depuis Waterloo et, plus encore, Sedan, pour des raisons diverses mais principalement démographiques. Cette France, jadis si forte, est devenue faible face à une Allemagne unifiée. Nul n’a mieux compris et exprimé les implications stratégiques de ce renversement que Charles de Gaulle. Lorsque, après la défaite de 1940, il redonna une place à la France parmi les alliés, il n’eut point de cesse que soit reconnue la présence d’un pays dont les Etats-Unis tenaient l’effacement pour acquis19. Un chapitre essentiel des Mémoires de Guerre est intitulé "Le Rang"20. Le mémorandum adressé le 17 septembre 1958 par le général de Gaulle au président Eisenhower et au premier ministre Macmillan montrait qu’une ambition essentielle de la France consistait à accéder à une pleine égalité de rang avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis au sein de l’OTAN21. Le cadre de celle-ci, affirmait le texte, était limité à l’Atlantique nord, "comme si les responsabilités indivisibles de la France ne s’étendaient pas à l’Afrique, à l’océan Indien et au Pacifique, au même titre que celles de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis" 22. Ainsi était posée l’éventualité d’un "directoire" des trois Grands occidentaux. Quarante-trois ans plus tard, les mêmes pays fourniront l’essentiel des troupes rassemblées dans le golfe persique pour contraindre l’Irak de Saddam Hussein à obtempérer aux résolutions du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. La nécessité de s’appuyer sur des alliés est entrée depuis longtemps dans la culture stratégique française. -
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Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Rochambeau dans Histoire militaire
Le concept de culture en stratégie théorique Lorsque le général Jean-Henri Mordacq, chef du Cabinet militaire de Georges Clemenceau, écrivait que le général anglais Robertson n’avait pas une "forte culture stratégique" mais qu’il était doué d’un grand bon sens, il voulait dire que celui-ci n’avait sans doute guère médité Clausewitz ou qu’il ne maniait pas avec dextérité des concepts comme celui de "pivot de manoeuvre" ou de "lignes d’opérations"7. S’appliquant à la France, l’expression "culture stratégique" peut toujours désigner, dans un premier temps, le patrimoine stratégique théorique d’une part, l’expérience stratégique pratique d’autre part : elle désigne à la fois le corpus des textes français de stratégie, oeuvre des "stratégistes", et l’ensemble des décisions prises, au cours de l’histoire, par des "stratèges" français. Une culture stratégique, c’est d’abord l’ensemble des aspects intellectuels liés à la stratégie dans une civilisation, une société, une nation. Mais la véritable définition, "didactique" au sens du Robert, vient de l’anglais puisque ce sont des auteurs américains qui ont parlé, les premiers, de strategic culture. Elle recouvre alors un ensemble de formes acquises de comportement stratégique, dans un société humaine. L’adjectif anglais cultural désigne, par opposition à l’hérédité biologique, ces formes acquises de comportement. L’approche culturaliste en stratégie théorique consistera à faire ressortir l’action de celles-ci, c’est-à-dire du milieu "culturel", sur le stratégiste et, surtout, le stratège. Yitzhak Klein définit une culture stratégique comme "l’ensemble des attitudes et croyances professées au sein d’un appareil (establishment) militaire, à propos de l’objectif politique de la guerre et de la méthode stratégique et opérationnelle la plus efficace pour l’atteindre" 8. Cette définition a le double défaut de limiter la culture stratégique à un "appareil" militaire et de la réduire au temps de "guerre". La stratégie n’est plus la seule affaire des militaires et elle inclut désormais le concept de guerre, depuis l’apparition de l’arme nucléaire et des stratégies de non-guerre élaborées autour d’elle, comme la dissuasion. Une culture stratégique émerge d’un ensemble plus vaste de pratiques internationales, à la fois militaires, diplomatiques et économiques, impliquant une communauté étatique sur la scène extérieure. Il ne s’agit pas d’un mécanisme structuré, mais d’un ensemble de contraintes propres à la culture d’une société et qui conditionnent la "production" de sa stratégie9. La définition d’une culture stratégique est fonction des paramètres retenus pour la caractériser. Quelles sont les sources d’une culture stratégique ? Y. Klein pense qu’il est vain de chercher à établir, en théorie, une liste de facteurs qui devraient influencer la formation d’une culture stratégique10. Il préfère évaluer la qualité d’une culture stratégique en examinant à quel degré les moyens militaires sont bien intégrés aux objectifs politiques. Le niveau opérationnel est pour lui l’élément fondamental d’une culture stratégique, ce qui est normal puisque celle-ci concerne uniquement selon lui les "appareils" militaires. Pour étudier ceux-ci et leurs idées, il faut pour Y. Klein aborder toute la littérature "professionnelle" : manuels officiels, périodiques militaires, mémoires et ouvrages de réflexion personnels. Il faut toutefois distinguer les idées qui se reflètent réellement dans la politique militaire, dans les plans stratégiques, l’entraînement, l’acquisition des moyens. Seul ce qui est mis en application reflète la culture stratégique11. La précision est d’importance. Elle conduit à effectuer un premier tri dans la masse de la littérature censée refléter une culture stratégique. Il y a des débats et des contradictions dans toute culture stratégique mais celle-ci est abordée dans sa spécificité nationale en ce qu’elle présente de relativement homogène. N’y a-t-il pas moyen, malgré tout, d’énumérer les principaux facteurs qui déterminent une culture stratégique ? Carnes Lord a avancé les suivants : la position géopolitique, les relations internationales, l’idéologie et la culture politique, la culture militaire (histoire, traditions, éducation), les relations civils-militaires et l’organisation bureaucratique et enfin l’armement et la technologie militaire12. Cette liste de facteurs ne doit pas être appliquée comme une formule a priori car chaque culture stratégique est unique et provient d’une expérience spécifique. Mais ces facteurs peuvent aider à cerner les spécificités nationales. Les limites de cet article ne nous permettent pas de tenter une étude globale de la culture stratégique française à la lumière de ces facteurs. Nous poserons simplement quelques hypothèses de travail. En suivant plus ou moins la structure stratégique de Lucien Poirier, du projet politique à la stratégie militaire opérationnelle, nous essayerons de voir dans quelle mesure les grands axes de la stratégie française d’aujourd’hui s’enracinent dans un fonds culturel typiquement national13. Le travail consistera en grande partie à dégager une certaine historicité constitutive d’une culture, à montrer l’enracinement historico-culturel des choix stratégiques français, pour faire ressortir ce qui est permanent, ce qui est le moins susceptible de changer ou ce qui serait le plus difficile à changer. Car le concept de culture stratégique doit avoir comme vertu de faire apparaître ce qui pèse implicitement sur la liberté d’action du décideur stratégique. Elle sera d’autant mieux assurée que ce dernier sera conscient d’un certain nombre de pesanteurs culturelles. D’un autre côté, il pourra tabler sur les forces ou les richesses de sa culture stratégique et celles-ci ne sont pas toujours suffisamment connues : certaines traditions ont été oubliées ou occultées. Dans la mesure du possible, il ne faudra pas aller à l’encontre d’une tendance profondément ancrée dans la culture nationale. Si celle-ci est intériorisée, elle révélera suffisamment de richesses pour que les choix stratégiques soient effectués de la manière la plus judicieuse. "Gnôthi seauton !" -
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Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Rochambeau dans Histoire militaire
LA CULTURE STRATEGIQUE FRANÇAISE Bruno COLSON Pour le général de Gaulle, la première réalité historique était celle des peuples, des Etats, des nations1. A plusieurs reprises, il a émis des considérations générales, justifiées par l’histoire, à propos des particularités de la France et des Français dans le domaine militaire. Il a exprimé ses inquiétudes et ses regrets au sujet de leurs vulnérabilités : "brèche terrible" de la frontière du Nord-Est, qui fait de Paris une "proie si proche, si belle et si facile", "à une étape ou deux du tour de France", fragilité de la démographie, mais aussi faiblesses propres à la nature des Français2. "Il ne semble pas que l’esprit de discipline, le goût d’être liés, les capacités de série qui font la vigueur massive des hordes, nous soient impartis largement" 3. Charles de Gaulle a aussi stigmatisé les méfaits du dogmatisme, des "doctrines d’écoles" dans l’armée française : doctrine des positions en 1870, doctrine de l’"offensive immédiate et irraisonnée, par système" en 1914, de la "percée, entité suprême et comme divine" en 1915-1917, de la défensive en 19394. La France est le pays des "succès inouïs" comme des "revers lamentables" 5. Mais "au total, depuis Brennus jusqu’à Foch, aucune épée n’a pesé plus lourd que notre épée" 6. Le général de Gaulle a esquissé une certaine spécificité française en matière de stratégie. Les réflexions du Fil de l’épée (1932) et de Vers l’armée de métier (1934) s’appuyaient sur une étude de l’histoire et visaient un but précis : l’amélioration de l’instrument militaire de la France. Le général de Gaulle a-t-il pour autant approché le concept d’une "culture stratégique" française ? Si l’expression est couramment employée aujourd’hui, surtout à propos des Etats-Unis, elle nécessite cependant un certain approfondissement théorique. Posons quelques jalons. -
Mythes et arnaques chauvines; gros mythos nationalistes
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Akhilleus dans Histoire militaire
Effectivement, je me suis trompé en c'est "l’Ordre des nouveaux templiers fondé par Lanz von Liebenfels en Autriche avait également pour emblème un svastika de « supériorité aryenne » entouré de quatre fleurs de lys." source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Croix_gamm%C3%A9e Mais aussi utilisait par Société Thulé: http://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_de_Thul%C3%A9 L'ironie dans cette histoire, c'est qu'en Europe la Svastika était un porte-bonheur... -
Histoire militaire de la France
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Rochambeau dans Histoire militaire
LA BATAILLE AÉRIENNE DE VERDUN: http://www.stratisc.org/EAN_4.htm MICHELIN ET L’AVIATION DE BOMBARDEMENT 1911 - 1916: http://www.stratisc.org/EAN_6.htm MARCEL DASSAULT ET HENRY POTEZ: http://www.stratisc.org/EAN_7.htm LE RETOUR DU MOUVEMENT : LES CHARS http://www.stratisc.org/EAN_11.htm -
Mythes et arnaques chauvines; gros mythos nationalistes
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Akhilleus dans Histoire militaire
En fait, je crois que la croix gammé était déjà tres connu, si je me trompe pas les chevaliers teutoniques avaient aussi pour symbole une croix gammé entouré par trois fleurs de Lys. Le mythe sur l'Atlantis a été aussi trés repris par la propagande nazi. -
Histoire militaire de la France
Rochambeau a répondu à un(e) sujet de Rochambeau dans Histoire militaire
Guerre d'Indochine: http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d'Indochine http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19461219 http://www.chez.com/archives/ http://www.anac-fr.com/indo/indo.htm http://240plan.ovh.net/~flottill/cd/sb2c-17.htm http://www.dienbienphu.org/ Guerre d'Algérie: http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d'Alg%C3%A9rie http://guerredalgerie.free.fr/index.htm http://www.air-defense.net/Forum_AD/index.php?topic=7675.0 Chant militaire: http://musique-militaire.fr/