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Guerre civile en Syrie


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Il y a 5 heures, Boule75 a dit :

Pas forcément, non. Il avait déjà quasiment donné un ordre de repli sous son premier mandat avant que les "adultes" ne lui fasse changer d'avis. Cette fois-ci : plus d'adultes dans la pièce. Essaiera-t-il d'en tirer profit, par exemple, en négociant quelque chose avec la Turquie contre l'abandon des kurdes ? Même pas sûr parce que 1. c'est compliqué et donc ennuyeux et 2. parce qu'il agit par postulat idéologique et soucis du coup d'éclat.

L'avis d'Israël, par exemple, pourrait l'influencer, si ce pays juge dans son intérêt qu'une zone sous contrôle ami existe encore aux confins du nord de l'Irak. Mais les kurdes, ce qui reste de Daesh, etc : balec.

On ne sait pas ce qu'il y aura d'adultes dans la pièce, ni même si les évènements attendront qu'il y ait Trump dans la pièce avant de devoir décider. Quant à Israël ils apprécient les FDS en qui ils voient les meilleurs "alliés" de facto possibles en Syrie. Un peu présomptueux donc de prédire ce qui va se passer et ce que décideront les US.

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Il y a 4 heures, Patrick a dit :

Quelles nations, hors-monde Arabe ou faisant partie de celui-ci, vont discuter sereinement avec les "djihadistes modérés" de HTS?

Cela dépend de la place qu'ils tiendront, mais je ne suis pas inquiet pour cela, il y aura des gens pour discuter avec eux!

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Il y a 4 heures, Patrick a dit :

les talibans ont bénéficié de soutiens externes, notamment russes, pour prendre très rapidement le pouvoir.

On se demande bien ce que les Russes n'ont pas rendu possible dans le monde! :happy: Je ne crois pas que les Talibans aient eu besoin de quoi que ce soit de plus que ce qu'ils ont trouvé dans les stocks de l'ANA...

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Il y a 22 heures, Joab a dit :

Ce sont qui se sont ralliés à Deraa qui sont en train de se retourner contre Assad. On a connu plus brillant.

Cela a été brillant car c'est ce qui a permis la reconquête de la plupart de la Syrie par Bachar, après avoir sauvé le régime, excusez du peu. Leur faire aimer Bachar aurait relevé du miracle, plus de la stratégie!

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Le 06/12/2024 à 14:24, Coriace a dit :

C'est une lutte à mort pour tous les non sunnites et pour tous les sunnites non radicaux. C'est loin d'être terminé. Pour l'UE ça semble autrement plus crucial que le Mercosur mais visiblement a Bruxelles on l'a pas compris. 

En ordre de grandeur on parle d'une petite dizaine de millions de personnes qui vont devoir partir ou mourir si les islamistes gagnent

A croire que le contexte politique qui a présidé à la plus grande émigration de l'histoire de la Syrie a déjà été oublié. Pour ceux qui ont la mémoire courte, on assiste en ce moment même à son effondrement. La "méthode" Assad a contraint 13 millions de syriens à quitter leur logement, dont 4 millions trouvèrent refuge à l'étranger, principalement Turquie et UE. Nous valant au passage une belle crise migratoire, pas totalement étrangère à la montée l'ED partout en Europe.

Baril bomb sur les civils, on avait déjà oublié ce que c'était ?  Il y avait des chrétiens à massacrer à Alep, mais à date, ils sont laissés tranquille. Et les seuls à agresser les kurdes en ce moment sont téléguidés par Ankara, pas les sunnites du HTS. Alors on peut bien crier au loup avec HTS, mais il leur faudra d'abord battre cette triste performance et c'est clairement pas la voie que ça prend pour l'instant.

Le 06/12/2024 à 21:52, Pol a dit :

La nature a horreur du vide, le retrait des troupes du régime amène les autres groupes ou certaines cellules endormies à prendre l'initiative de combler ce vide.

Il faut comprendre que la Syrie est un "fruit'" (pourri) de compromis entre nations étrangères.

Assad a été sauvé par la Russie et l'Iran, il a très vite été simplement le représentant permettant d'offrir une légitimité, une influence ainsi que des facilités à ces deux pays. 

Alors même si on se dirigera vers une situation bordélique, la sortie de l'Iran et de la Russie du jeu syrien va amener des contraintes en moins pour l'ensemble des autres acteurs. On acte la fin de la présence russe en Méditerranée, la fin de son influence en Syrie, des contraintes qu'elle pouvait imposer, que ce soit aux occidentaux, aux turcs, aux israéliens et aux forces en présence. C'est la fin de l'influence iranienne qui va perdre son dernier allié "étatique" de la zone, un pays par lequel elle pouvait trouver une base arrière qui comptait pour beaucoup dans le soutien au Hezbollah.

On va sans doute entrer dans une période de flottement, soit à la surprise générale une chute d'Assad amènera une certaine réconciliation/entente soit on va entrer dans la loi du plus fort. En tout cas il n'y a plus de barrières et on pourrait voir venir des interventions étrangères qui chercheront à influencer divers acteurs du terrain ou comme pour les israéliens, pour réduire du potentiel militaire.

 

Il y a 22 heures, Ciders a dit :

Il l'est déjà. A voir si le Hezbollah peut tenir sans soutien iranien. Je pense qu'il en a les capacités.

Le problème, c'est qu'ils ont vraiment combattu à Hama et qu'ils s'y sont fait tailler en pièces. Et que le nombre d'unités qu'ils ont encore sous le coude se réduit à grande vitesse. Dans celles qui paraissaient avoir le plus de valeur opérationnelle, la 25è Division (forces spéciales) a été bien malmenée à Hama, la 4è Division blindée a laissé des plumes entre Hama et Deraa. Toutes les unités sur la côte sont virtuellement intransportables et resteront là-bas. Il va rester les unités prétoriennes comme la Garde Républicaine ou la 30è Division mécanisée... mais dans quel état sont-elles ? Et surtout, sont-elles aptes à combattre ?

 

Quoi ? Comment ? L'Iran s'ingère à un niveau assez fin dans les affaires Libanaises et Syriennes ? Je croyais qu'il n'y avait qu'Israël capable d'une telle perfidie, que les autres avaient un agenda local; que l'Iran était une menace surcotée. On m'aurait menti ?

Il y a 11 heures, Coriace a dit :

La Turquie qui annexe de facto une partie de la Syrie, avec l'aide des Islamistes (l'AKP / MHP est il autre chose qu'un état islamiste ceci dit), occupe toujours le nord de Chypre, ce qui devrait lui interdire d'ouvrir le moindre chapitre dans l'adhésion a l'UE, occupe toujours Kars, après le génocide Arménien, s'en tire comme d'hab très bien. 

Cet état répugnant (je ne vais pas mentionner les génocides des Grecs Pontiques, ni des Assyriens, ni des Zoroastriens debutés au début du siècle dernier par l'état turc lui meme et poursuivi en ce début de siècle par ses proxys) , admettons le, a une politique étrangère qui lui reussit. On sait qu'elle est bâtie sur des pattes d'argile (les Kurdes sont un problème, l'opposition islamiste aux kemalistes en est un autre, l'économie est relativement branlante) et pourtant elle ne montre pas de signes de faiblesse structurelle. C'est admirable

Les turcs s'en sortent bien, ils sont les plus forts dans la région, Assad a creusé sa propre tombe en conduisant son pays au suicide lors de la guerre civile de 2014. Aujourd'hui, plus personne ne veut mourir pour ce régime toxique, et le contrepouvoir naturel à l'hégémonie turc n'est plus.

Une leçon d'impérialisme et de contre-impérialisme à méditer... 

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Il y a 15 heures, Patrick a dit :

Quelles nations, hors-monde Arabe ou faisant partie de celui-ci, vont discuter sereinement avec les "djihadistes modérés" de HTS?

En attendant, on ne discutait plus (officiellement) avec Assad  depuis Fabius MAE, alors il va bien falloir qu'on se reconnaisse des interlocuteurs en Syrie. Après tout, tant que ça reste chez eux, ils font bien ce qu'ils veulent. 

Daech, le Hezbollah l'Iran et AQPA nous ont attaqué sur sol français, jamais le MUJAO, l'ISWAP, Boko Haram, les talibans ou AQMI. Ces derniers ne sont pas exactement ce que j'appellerais des gens recommandables, mais ils poursuivent à leur façon un agenda politique local, en instrumentalisant la religion à leur profit. And so what ? 

Pour avoir vu en Bachar un héraut de la lutte contre les islamistes, on a pactisé, ou tout du moins accommodé (la position de la France étant la moins critiquable à ce sujet pour le coup) avec ses crimes de guerre, ses armes chimiques, son narco-état, sa contribution à la déstabilisation du proche orient, sa crise migratoire exportée en Europe, le porte avion russe au MO et en Afrique. 

Au regard de ce bilan, si HTS veut juste voiler ses femmes en Syrie, leur accorder une demi part d'héritage en moins et que tout le pays se soulève comme un seul homme pour cette politique: grand bien leur fasse ! S'ils nous allègent du fardeau de la politique d'Assad, je crois qu'on pourra s'entendre, à défaut de s'admirer. 

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il y a 3 minutes, olivier lsb a dit :

En attendant, on ne discutait plus (officiellement) avec Assad  depuis Fabius MAE, alors il va bien falloir qu'on se reconnaisse des interlocuteurs en Syrie. Après tout, tant que ça reste chez eux, ils font bien ce qu'ils veulent. 

Assez contradictoire dans l'idée de refuser de discuter avec Bachar au motif qu'il martyrise son peuple en discutant avec d'autres qui peuvent bien faire ce qu'ils veulent chez eux, même si sur le fond je suis d'accord avec toi.

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il y a 43 minutes, gustave a dit :

Assez contradictoire dans l'idée de refuser de discuter avec Bachar au motif qu'il martyrise son peuple en discutant avec d'autres qui peuvent bien faire ce qu'ils veulent chez eux, même si sur le fond je suis d'accord avec toi.

A date, rien ne prouve que HTS a commis ou va commettre les mêmes crimes de guerre qu'Assad. Quand je dis qu'ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent, je renvoie à ce qu'un groupe islamiste conservateur prendrait comme décision politique sur le plan domestique (un peu à l'image des talibans) et qui nous hérisse le poil parce qu'on ferait pas la même chose à leur place, dont acte. Mais on s'en fout, c'est chez eux et y'a pas mort d'homme. Et si je suis profondément (et à vie) choqué qu'on ait pu tuer des français pour la politique qu'on mène chez nous (laïcité & co), c'est pas pour commencer à vouloir dire aux autres ce qu'ils devraient faire chez eux. Dans les limites internationalement admises de tout ce qui va relever des crimes de guerre et crimes contre l'Humanité, on s'entend

Assad, on a coupé les ponts et fermé l'ambassade depuis les baril bombs et les armes chimiques. Je pense que ça a été une erreur, mais je comprends. 

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il y a 36 minutes, gustave a dit :

On se demande bien ce que les Russes n'ont pas rendu possible dans le monde! :happy: Je ne crois pas que les Talibans aient eu besoin de quoi que ce soit de plus que ce qu'ils ont trouvé dans les stocks de l'ANA...

Je parle de la campagne de piratage de numéros de téléphones et d'appels massifs des familles des soldats de l'ANA les incitant à ne pas s'interposer...

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il y a 9 minutes, Patrick a dit :

Je parle de la campagne de piratage de numéros de téléphones et d'appels massifs des familles des soldats de l'ANA les incitant à ne pas s'interposer...

Jamais entendu que c'était le fait des Russes. Un lien?

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il y a 50 minutes, olivier lsb a dit :

A croire que le contexte politique qui a présidé à la plus grande émigration de l'histoire de la Syrie a déjà été oublié. Pour ceux qui ont la mémoire courte, on assiste en ce moment même à son effondrement. La "méthode" Assad a contraint 13 millions de syriens à quitter leur logement, dont 4 millions trouvèrent refuge à l'étranger, principalement Turquie et UE. Nous valant au passage une belle crise migratoire, pas totalement étrangère à la montée l'ED partout en Europe.

Baril bomb sur les civils, on avait déjà oublié ce que c'était ?  Il y avait des chrétiens à massacrer à Alep, mais à date, ils sont laissés tranquille. Et les seuls à agresser les kurdes en ce moment sont téléguidés par Ankara, pas les sunnites du HTS. Alors on peut bien crier au loup avec HTS, mais il leur faudra d'abord battre cette triste performance et c'est clairement pas la voie que ça prend pour l'instant.

il y a 39 minutes, olivier lsb a dit :

Pour avoir vu en Bachar un héraut de la lutte contre les islamistes, on a pactisé (la position de la France étant la moins critiquable à ce sujet pour le coup) avec ses crimes de guerre, ses armes chimiques, son narco-état, sa contribution à la déstabilisation du proche orient, sa crise migratoire exportée en Europe, le porte avion russe au MO et en Afrique.

Au regard de ce bilan, si HTS veut juste voiler ses femmes en Syrie, leur accorder une demi part d'héritage en moins et que tout le pays se soulève comme un seul homme pour cette politique: grand bien leur fasse ! S'ils nous allègent du fardeau de la politique d'Assad, je crois qu'on pourra s'entendre, à défaut de s'admirer. 

Je t'ai connu plus prudent et moins catégorique.

Les émigrations pour causes réelles, c'est maintenant. Des centaines de milliers de chrétiens sont déjà en train de fuir vers Damas, Latakié, Tartous... Et comme la russie abandonne Assad, ça ne va pas bien se passer.

Il n'y a aucune confiance à avoir non plus dans les islamistes de HTS (ex al nosra, les copains de daesh dont les deux QG étaient côte à côte à Alep) ou de la SNA (ex FSA dont on connait le fiasco et qui a avantageusement été remplacée par les Syrian Democratic Forces alliées aux Kurdes).

D'autre part la vraie question c'est le pétrole. Pour l'instant ce sont les SDF aidés par les Américains qui tiennent les champs. Mais à terme l'affrontement direct est inévitable. Dès le départ il y a eu des frappes US sur certains rebelles.

il y a 23 minutes, olivier lsb a dit :

A date, rien ne prouve que HTS a commis ou va commettre les mêmes crimes de guerre qu'Assad.

Tu es bien sûr de toi...

il y a 23 minutes, olivier lsb a dit :

Quand je dis qu'ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent, je renvoie à ce qu'un groupe islamiste conservateur prendrait comme décision politique sur le plan domestique (un peu à l'image des talibans) et qui nous hérisse le poil parce qu'on ferait pas la même chose à leur place, dont acte. Mais on s'en fout, c'est chez eux et y'a pas mort d'homme.

J'imagine que les victimes de ces groupes terroristes islamistes depuis un bail n'étaient pas des hommes...

il y a 23 minutes, olivier lsb a dit :

Assad, on a coupé les ponts et fermé l'ambassade depuis les baril bombs et les armes chimiques. Je pense que ça a été une erreur, mais je comprends. 

De toutes façons Assad ça pourrait être bientôt terminé, dans les jours à venir. Et le reste de son pouvoir avec. La vacance va laisser un grand vide.

Non le vrai sujet c'est à quel point la chute de ce régime nationaliste Arabe va avoir des effets pervers sur d'autres dans le monde et surtout dans la région...

 

il y a 10 minutes, gustave a dit :

Jamais entendu que c'était le fait des Russes. Un lien?

Vu la méthode utilisée à l'époque, très russe dans l'esprit, et le fait que les talibans se soient rendus à Moscou ensuite pour officiellement rassurer sur leurs intentions à l'égard du Tadjikistan, pour moi ça me semble assez clair non?

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il y a 25 minutes, Patrick a dit :

Je t'ai connu plus prudent et moins catégorique.

Les émigrations pour causes réelles, c'est maintenant. Des centaines de milliers de chrétiens sont déjà en train de fuir vers Damas, Latakié, Tartous... Et comme la russie abandonne Assad, ça ne va pas bien se passer.

Ceux d'Alep sont laissés tranquille, les autres, je sais pas si on arrive vraiment à les identifier dans le flot des déplacements de population, qu'on a vu partir en masse de Homs il est vrai. Je reste pourtant prudent et factuel: à date, il n'y a pas de crimes réguliers commis contre les civils, quels qu'ils soient. Je laisse bien volontier un point d'interrogation pour l'avenir, je reste mesuré mais optimiste: les discours ont changé, les factions rebelles sont nombreuses en Syrie mais sont toutes alliées pour l'instant. Ca suppose nécessairement que les politiques les plus extrêmes ont du être écartées pour favoriser le consensus le plus large. Aujourd'hui, c'est ce qu'on observe.  

Assad père et fils avaient le don de massacrer, au delà même de la ligne de front, par l'arme aérienne entre autre.  

Citation

Il n'y a aucune confiance à avoir non plus dans les islamistes de HTS (ex al nosra, les copains de daesh dont les deux QG étaient côte à côte à Alep) ou de la SNA (ex FSA dont on connait le fiasco et qui a avantageusement été remplacée par les Syrian Democratic Forces alliées aux Kurdes).

Le SNA est l'agent d'une puissance (Turquie) si je dis pas de bêtise, pour le meilleur et le pire. HTS, je maintiens mon parallèle avec d'autres groupes dont je ne partage absolument pas les idées, mais qui ont le bon goût de ne pas s'ingérer directement ou indirectement (par les conséquences de leurs politiques) dans les affaires de la société française ou européenne. Par rapport à un narco état (les ravages de la drogue et du blanchiment, je développe ?) qui a considérablement contribué aux flux migratoires qu'on connait en europe, ainsi qu'à l'hubris des russes, ma balance penche sérieusement.   

Citation

D'autre part la vraie question c'est le pétrole. Pour l'instant ce sont les SDF aidés par les Américains qui tiennent les champs. Mais à terme l'affrontement direct est inévitable. Dès le départ il y a eu des frappes US sur certains rebelles.

On est d'accord. 

Citation

Tu es bien sûr de toi...

A aujourd'hui, oui. Je dois bien admettre que ça fait pas si longtemps que cette affaire a démarré et a pris des proportions vertigineuses. 

Citation

J'imagine que les victimes de ces groupes terroristes islamistes depuis un bail n'étaient pas des hommes...

Je fais un essai sur une situation prospective post guerre civile, si tu me ramènes aux victimes des crimes de guerre durant la guerre civile, alors personne ne peut réellement gouverner en Syrie, à part peut être les kurdes: bonne chance. 

Citation

De toutes façons Assad ça pourrait être bientôt terminé, dans les jours à venir. Et le reste de son pouvoir avec. La vacance va laisser un grand vide.

Non le vrai sujet c'est à quel point la chute de ce régime nationaliste Arabe va avoir des effets pervers sur d'autres dans le monde et surtout dans la région...

Effets pervers ou bénéfiques, je prends le pari qu'ils seront plus bénéfiques que pervers. 

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il y a 6 minutes, olivier lsb a dit :

Ceux d'Alep sont laissés tranquille, les autres, je sais pas si on arrive vraiment à les identifier dans le flot des déplacements de population, qu'on a vu partir en masse de Homs il est vrai. Je reste pourtant prudent et factuel: à date, il n'y a de crimes réguliers commis contre les civils, quels qu'ils soient. Je laisse bien volontiers un point d'interrogation pour l'avenir, je reste mesuré mais optimiste: les discours ont changé, les factions rebelles sont nombreuses en Syrie mais sont alliées pour l'instant, ça présuppose que les politiques les plus extrêmes ont du être écartées pour favoriser le consensus le plus large. Aujourd'hui, c'est ce qu'on observe.  

Assad père et fils avaient le don de  massacrer, au delà même de la ligne de front, par l'arme aérienne entre autre.  

Tout le monde a massacré durant la guerre à la hauteur des moyens dont il disposait, Bachar se trouvant donc en tête. Si on est honnête certains groupes rebelles des débuts ne l'ont pas fait, mais ils ont assez rapidement disparu de la scène globale. Les seuls qui se sont distingué par leur comportement et ont survécu sont les Kurdes et leurs alliés. Le gel des affrontements a conduit les acteurs à limiter ces comportements (avec une poursuite de la répression policière du régime et du quasi banditisme ethnique de la SNA) et notamment le HTS à adopter une gouvernance qu'il faut bien qualifier de moindre mal à Idlib...

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Pourquoi je suis modérément optimiste pour l'avenir de la Syrie ? Il faut comprendre ce qu'a été l'après guerre civile, et qui connait un regain de tension qui, contrairement aux années 2013 - 2016, part pour être un point final d'une durée bien plus courte. 

Le Monde a publié en septembre dernier un ensemble de reportages passionnants, Carnets de Syrie, balayant les principales facettes de la vie civile depuis la fin de l'épisode chaud de la guerre civile. 

7 reportages, réalisés sous fausse identité, permettent d'abord de se rendre compte de l'état de délabrement total des structures sociales, de l'économie, des infrastructures et du régime politique. Ce que la guerre civile n'avait pu détruire, le pourrissement du régime d'Assad, laissé politiquement mort vivant après l'intervention russe, a fini par achever ce qui restait encore debout à l'époque. 

Corruption, secteur bancaire inexistant, drapeau iranien, investissements réduits à néant, travail des femmes, rester ou émigrer, insécurité, mal logement, cet article balaie assez largement et dépeint une situation qui, avec le recul, sont les dernières heures d'un régime qui chancellera 3 mois plus tard. 

Les articles sont assez longs à reprendre (beaucoup de photos), dites moi si certains titres vous tentent plus que d'autres, je tâcherais de les mettre à disposition en priorité.

Révélation

Épisode 2/7

En Syrie, la jeunesse rongée par la tentation de l’étranger

Publié le 16 septembre 2024

Épisode 3/7

 Les chrétiens de Syrie, une communauté en voie d’effacement

Publié le 17 septembre 2024

Épisode 4/7

 A Souweïda, fief des druzes de Syrie, le règne de l’anarchie

Publié le 17 septembre 2024

Épisode 5/7

Sur le littoral syrien, la saison estivale minée par la crise économique

Publié le 19 septembre 2024

Épisode 6/7

Après la guerre, les Syriennes en première ligne

Publié le 20 septembre 2024

Épisode 7/7

 A Homs, la moisson amère des paysans syriens


https://www.lemonde.fr/international/article/2024/09/15/syrie-voyage-dans-un-pays-exsangue_6318179_3210.html

Citation

Syrie : voyage dans un pays exsangue

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Reportage« Carnets de Syrie » (1/7). Reconstruction au compte-gouttes, délitement économique et social, millions de déplacés… A Alep, à Homs, à Palmyre comme dans la banlieue de Damas, pour la population de ces territoires sous contrôle du régime de Bachar Al-Assad, la vie quotidienne est un calvaire.

L’imposante silhouette de la citadelle d’Alep se découpe sous le clair de lune. Des vendeurs de barbe à papa et de maïs grillé hèlent les familles syriennes endimanchées, qui arpentent la promenade longeant les douves. D’une terrasse couverte s’échappent les notes d’un concert de musique traditionnelle, joué pour une poignée de privilégiés de l’élite alépine. Dans les cafés aux guirlandes lumineuses, l’odeur des narguilés se mêle à la voix entêtante de Sabah Fakhri, gloire disparue de la chanson arabe, originaire de la ville. Le temps d’une soirée d’été, chacun tente d’oublier les blessures de la guerre et l’âpreté de la crise économique.

A l’attention de nos lecteurs

Les « carnets de Syrie » sont une série de reportages réalisés à l’été 2024. Pour des raisons de sécurité, certaines des personnes ­citées s’expriment sous pseudonymes. Pour ces mêmes raisons, le nom des auteurs de ces reportages n’est pas mentionné.

Surplombant la ville, la citadelle médiévale a été le théâtre de la bataille qui opposa, de juillet 2012 à décembre 2016, les forces loyales au président syrien, Bachar Al-Assad, retranchées derrière les murailles et dans les quartiers ouest d’Alep, aux rebelles qui contrôlaient le centre historique et les quartiers orientaux. Au terme de deux sièges et au prix de combats dévastateurs, l’armée du régime, soutenue par l’aviation russe et des milices chiites proches de l’Iran, avait fini par reprendre la ville.

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Vue sur la citadelle et sur la vieille ville détruite d’Alep (Syrie), durant l’été 2024. « LE MONDE »

Les stigmates de ces affrontements sont encore visibles dans les immeubles éventrés du quartier fantôme qui jouxte la citadelle et dans les ruines noircies du souk. Sur près de 3 millions d’habitants que comptait la cité avant la guerre, plus de 30 000 sont morts – en grande majorité des civils – et 1 million ont fui, selon le décompte réalisé par l’ONG Violation Documentation Center, le Centre de documentation des violations en Syrie. La moitié des logements ont été détruits ou endommagés, principalement dans les quartiers est. Le tiers du centre historique, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, a été réduit en cendres. Ce qui reste est fortement dégradé. Le séisme qui a endeuillé le nord-est de la Syrie et la Turquie voisine, le 6 février 2023, a encore assombri ce triste tableau.

La ville martyre, antique et prospère cité au carrefour des routes de la soie, poumon économique de la Syrie avant la révolution de 2011, a perdu une partie de son héritage culturel et de son tissu industriel. « C’est une part de notre âme, de l’identité de la ville qui a disparu, se désole un artiste alépin. Les enfants ne connaîtront pas cette histoire ; ça me fait mal de voir ma cité divisée et démolie. »

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La citadelle et la vieille ville détruite d’Alep (Syrie), durant l’été 2024. « LE MONDE »

Au petit matin, des ouvriers recrutés par l’agence des Nations unies pour le développement déblaient des gravats à l’entrée du souk. L’immense marché couvert, qui abritait des milliers d’échoppes et plusieurs dizaines de caravansérails vieux de plusieurs siècles, commence à peine à reprendre vie. Des chantiers de réhabilitation, commencés dès 2017, sous la houlette de la Fondation Aga Khan, avec l’Unesco et le controversé Syria Trust for Development dirigé par l’épouse du président Al-Assad, ont restauré quelques allées marchandes. La Fondation Akhmad Kadyrov, liée au dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov et à Moscou, a rendu à la mosquée des Omeyyades son minaret de 45 mètres de haut, détruit par des bombardements, en 2013.

Dans le souk Al-Harir (« marché de la soie »), une vingtaine d’échoppes seulement ont rouvert leurs portes neuves en bois massif et exposent tissus et fils multicolores. Othman, 36 ans, a repris le commerce familial en 2020, après quatre ans d’exil en Russie, mais les clients sont rares. « J’ai sabordé mon avenir en revenant ici à la demande de mon père, fulmine-t-il. En ville, on ne voit que des cheveux gris, des personnes âgées. Où sont les jeunes ? Partis en Allemagne, en Europe, en Turquie… »

Ses étals sont garnis de bobines de fil, mises à l’abri avant l’incendie qui ravagea le souk en septembre 2012. Les affaires sont mauvaises : « Avant la guerre, le souk était bondé. On faisait environ 600 dollars [545 euros] par jour, aujourd’hui ça ne dépasse pas 100 dollars. » Durant les combats, les Alépins ont pris leurs habitudes ailleurs. Ils reviennent peu à peu au souk, mais avec la crise économique, ils regardent à la dépense.

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Les destructions dues à la guerre, dans le vieux souk d’Alep (Syrie), durant l’été 2024. « LE MONDE »

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Restauration d’un magasin du vieux souk d’Alep (Syrie), durant l’été 2024. « LE MONDE »

Les grandes familles commerçantes d’Alep se déchirent entre héritiers prêts à relancer leur affaire et ceux qui veulent tout liquider. « Beaucoup ont quitté la Syrie et ne veulent pas revenir, poursuit Othman. D’autres attendent une reprise économique. » Le gouvernement veut obliger ceux qui ne rouvrent pas leurs échoppes à les louer. Cela inquiète un marchand de savons : il lui faut 3 000 euros pour refaire ses trois boutiques, il ne possède que la moitié de la somme. « La réouverture du souk est un signal positif, mais pour relancer l’économie de la ville, nous avons besoin des riches entrepreneurs, explique un vendeur de vêtements. Eux seuls ont les moyens d’ouvrir de grandes usines et d’y employer des jeunes. »

Système délétère

Les négociants et les industriels les plus fortunés d’Alep ont transféré leurs entreprises en Egypte, en Turquie ou dans les pays du Golfe. La grande cité marchande syrienne n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les usines sont détruites. La corruption prolifère sur fond d’économie de guerre. Contrebandes et contrats douteux profitent aux seigneurs de guerre, à l’oligarchie syrienne et aux parrains iraniens et russes du régime Al-Assad. Ce dernier, maître des deux tiers du territoire depuis 2018, puise l’une de ses principales ressources dans le trafic de captagon, une drogue de synthèse qui inonde les pays de la région. Ce système délétère prospère depuis la mise au ban du gouvernement syrien en raison de la répression exercée contre son peuple.

La Russie et la République islamique d’Iran, elles aussi sous embargo international – la première pour la guerre qu’elle mène en Ukraine depuis février 2022, la seconde en raison de son programme nucléaire –, n’ont pas les moyens de financer la reconstruction. Les sanctions mises en place par Washington contre Damas, depuis 2020, dans le cadre de la loi « Cesar » – du nom du transfuge de l’armée syrienne qui a fait sortir clandestinement plus de 50 000 photographies attestant la torture massive pratiquée dans les prisons –, ont achevé de décourager les investisseurs de Chine ou du Golfe, des pays qui ont renoué avec Damas.

Coupée du système bancaire international, l’économie est à l’arrêt. Les Nations unies estiment qu’en 2024 près de 90 % des 23,5 millions de Syriens vivent sous le seuil de pauvreté. Tout est rationné : l’électricité et l’eau, l’essence et le gaz, le mazout, le riz, et même le pain. Mais tout s’achète sur le marché noir. La dévaluation de la livre syrienne, de près de 100 % de sa valeur sur le marché noir depuis le début du conflit, en 2011, a engendré une hyperinflation. Le pouvoir taxe toujours plus, et réduit les subventions publiques.

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Un vendeur de ballons face à la citadelle d’Alep (Syrie), durant l’été 2024. « LE MONDE »

Sans l’aide de la diaspora syrienne et des rares ONG actives en Syrie, beaucoup ne pourraient pas garder la tête hors de l’eau. « A Alep-Ouest [restée sous contrôle du régime], la situation économique était meilleure pendant la guerre, affirme un notable alépin. Le but des sanctions est de détourner les gens du régime, mais ça ne fonctionne pas. Certes les critiques sont nombreuses contre le gouvernement, à cause de la corruption, mais toute opposition ou pensée politique féconde a été écrasée. Finalement, c’est nous, les habitants, qui sommes punis et abandonnés. Les Syriens sont devenus un peuple de mendiants, alors que nous étions fiers et hospitaliers. »

La division que la guerre avait imposée entre l’ouest et l’est d’Alep se perçoit encore, visuellement et mentalement. A l’Ouest, les traces des combats ont été effacées. Les toits sont constellés de panneaux solaires que les habitants et les commerçants ont installés, en s’endettant ou avec l’aide d’ONG, pour pallier les coupures d’électricité qui durent vingt-deux heures par jour. A l’Est, les quartiers détruits sont laissés à l’abandon.

La Banque mondiale évaluait, en février 2017, de 6,2 milliards à 7,6 milliards de dollars le coût de la reconstruction d’Alep. Le plan d’urbanisation des autorités syriennes donne la priorité aux zones peu détruites de l’Ouest ou proches du centre-ville, aux infrastructures publiques, aux zones commerçantes et industrielles. Des quartiers sont déjà voués à la destruction et aux promoteurs immobiliers. Les habitants qui ont fui à l’étranger ne pourront pas faire valoir leur droit de propriété.

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Des immeubles portant les stigmates de la guerre, à Sakhour, un quartier de l’est d’Alep (Syrie), durant l’été 2024. « LE MONDE »

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Un poster représentant la famille Al-Assad sur un pare-brise, à Homs (Syrie), à l’été 2024. « LE MONDE »

Une frontière invisible sépare aussi les habitants selon le camp auquel ils appartenaient, de gré ou de force, pendant la guerre. La crise a ensuite creusé la fracture sociale et économique qui existait déjà de part et d’autre de la ville. Les fonctionnaires, les professions libérales et la nouvelle bourgeoisie, concentrés dans l’Ouest. De l’autre côté, les laissés-pour-compte souvent originaires des campagnes, aux traditions conservatrices, ouvriers ou petits marchands s’entassant dans les quartiers historiques et leurs banlieues informelles, dans l’Est.

Familles livrées à elles-mêmes

Un parfum de désolation flotte entre les blocs d’immeubles en parpaings apparents de Sakhour, un quartier du nord-est de la ville, relativement épargné par les combats. Des tas de pierres noircies signalent, ici et là, les bombardements des avions russes et syriens qui ont chassé les rebelles de ce secteur, en novembre 2016. Beaucoup d’appartements sont vides. Des magasins sont ouverts dans la rue principale. Des femmes voilées vendent des galettes de pain, assises à même le sol. Des enfants proposent mouchoirs et babioles aux passants.

« Il y a surtout des femmes et des enfants à Sakhour », note un travailleur social. Selon lui, 50 000 personnes vivent aujourd’hui dans le quartier, sans eau ni électricité. Les hommes ont été tués dans les combats, ou ont fui avec leurs familles. Fichés par les services d’Al-Assad comme proches de la rébellion, indésirables aux yeux du pouvoir, ils ne reviendront peut-être jamais – sauf à imaginer un processus de réconciliation nationale. Ceux qui restent n’osent pas évoquer les années de guerre.

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A Sarkhour, un quartier de l’est d’Alep (Syrie), durant l’été 2024. « LE MONDE »

Il n’y a plus d’usines dans le quartier. Travailler ailleurs n’est pas envisageable, tant le prix de l’essence et des transports a augmenté. Les familles sont livrées à elles-mêmes, seulement aidées par le Croissant rouge syrien et le Service jésuite des réfugiés, une organisation catholique internationale. Ces derniers distribuent des paniers alimentaires, offrent des soins de santé et des cours de soutien scolaire. Beaucoup de femmes sont illettrées. Les adolescents cumulent des années de retard à l’école, à cause de la guerre. Les plus jeunes décrochent, sans savoir ni lire ni écrire, pour travailler. Des filles sont mariées dès l’âge de 10 ou 12 ans. « Il y a beaucoup de violences, d’abus sexuels et de drogues à Sakhour », dit le travailleur social.

« Les Syriens sont tombés dans l’oubli avec les guerres en Ukraine et à Gaza, alors que la crise est plus grave que jamais, déplore-t-il. C’est triste à dire, mais heureusement qu’il y a eu le tremblement de terre : sans l’élan de solidarité internationale qu’il a suscité, on n’aurait pas eu les financements pour poursuivre nos programmes. » Le séisme du 6 février 2023, qui a frappé les habitants d’Alep sans discrimination, a réveillé les traumatismes de la guerre.

La secousse d’une magnitude de 7,8 a surpris Maryam, son mari, Jamal, tous deux quinquagénaires et exerçant une profession libérale, et leurs trois enfants, en plein sommeil. Une partie de leur immeuble d’Al-Aziziyé, dans l’ouest d’Alep, s’est effondrée. Ils ont évacué leur appartement du cinquième étage par l’échelle des pompiers. Les voisins du dessus ont eu moins de chance. La mère et le fils sont morts sur le coup, le père a été grièvement blessé au pied. Dans toute la ville, 997 immeubles ont été endommagés ou détruits, selon une étude du Syrian Center for Policy Research. Selon des sources médicales locales, 444 Alépins sont morts, dont 163 enfants.

« L’Etat nous a promis une compensation de 20 000 dollars, mais on n’a encore rien vu, s’indigne Maryam. Les aides étrangères n’ont pas été utilisées à bon escient. » Elle et les siens ont été hébergés dans l’appartement d’amis partis s’installer au Canada. Jamal a emprunté de l’argent à de la famille en exil pour louer un nouveau logement dans le quartier. « Aucune famille ne survit sans l’aide de proches à l’étranger ou d’associations, même des gens de la classe moyenne comme nous, poursuit-elle. La crise est devenue terrible. »

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Un immeuble détruit par le tremblement de terre à Al-Aziziyé, un quartier de l’ouest d’Alep (Syrie), durant l’été 2024. « LE MONDE »

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Une installation électrique précaire à Sakhour, un quartier oriental d’Alep (Syrie), durant l’été 2024. « LE MONDE »

L’eau et l’électricité se paient à prix comptant à des mafias. Maryam se refuse à mettre ses enfants à l’école publique – « Les classes sont surchargées et l’enseignement déplorable » – ou à se soigner dans des hôpitaux publics – « La qualité des soins laissant à désirer. » Mais le salaire de son mari, 100 dollars mensuels, ne suffit pas. Elle veut quitter la Syrie, alors que Jamal se sent « trop vieux » pour repartir de zéro. Il reste optimiste. « Ah oui, l’avenir est meilleur dans le désespoir ! », rétorque Maryam, amère.

La plupart de leurs amis sont déjà partis ou ont envoyé leurs enfants à l’étranger, pour les protéger de la conscription obligatoire et leur donner une chance de se construire un avenir meilleur. « Dans les quartiers résidentiels, on ne connaît plus personne, abonde le notable d’Alep. Les habitants aisés, la petite et moyenne bourgeoisie : tous sont partis. Ils ont été remplacés par des gens des quartiers défavorisés et des campagnes. » « Il y avait quelque chose de magique à Alep, qui a disparu, poursuit-il. Avant, ceux qui partaient étudier ou cherchaient fortune à l’étranger revenaient mus par la nostalgie, ce n’est plus le cas. Des Syriens de la diaspora, chrétiens comme musulmans, reviennent voir leurs parents et liquident leurs propriétés. Ils partent pour de bon, sans regret. »

En décembre 2016, la victoire militaire du régime s’accompagne de l’évacuation forcée des habitants d’Alep-Est. Si la majorité fuit alors dans la province voisine d’Idlib, 30 000 d’entre eux parviennent à rester dans la ville, dans les quartiers progouvernementaux d’Alep. L’Ouest compte alors, au total, selon les estimations fournies par le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), 400 000 déplacés. Huit ans plus tard, beaucoup y sont toujours installés, notamment dans le quartier populaire arménien de Midane, proche de l’ancienne ligne de front. Ils représenteraient aujourd’hui 20 % de la population du quartier. Les immeubles décatis, aux stores délavés, semblent ployer sous le poids des habitants. La vie déborde dans les rues jalonnées de petits commerces.

Dettes et insécurité

C’est à Midane que Marwa, son mari, Mohammed, et leurs trois enfants ont cherché refuge après avoir fui leur maison. Originaires de Khan Cheikhoun, localité sunnite de 70 000 âmes, à 100 kilomètres au sud d’Alep, ils sont partis avant que la rébellion s’en empare, en mai 2014. « Mon mari travaille dans l’armée, et il avait peur d’être arrêté par les rebelles qui possédaient des listes de soldats et d’alaouites [minorité religieuse à laquelle appartient le clan Al-Assad au pouvoir] », assure la couturière de 41 ans, vêtue d’une longue tunique fleurie, de sa création, et d’un voile rose. Ballottés d’appartement en appartement, au gré des hausses de loyer, la famille a fini par trouver, en 2021, un modeste logement que Marwa a égayé de deux cages à oiseaux et de rideaux de dentelle.

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Des soldats syriens à Khan Cheikhoun, située sur la route principale reliant Alep à Damas, durant l’été 2024. « LE MONDE »

L’or de sa dot y est passé. La famille vit chichement des commandes de vêtements qu’elle obtient grâce au bouche-à-oreille, de la solde du mari, de l’aide des ONG et des emprunts ; pour payer les études des deux aînés, qui ont passé cette année le brevet pour l’un, le baccalauréat pour l’autre, elle s’est endettée de 4 millions de livres (267 euros). « Je ne me sens pas en sécurité, ma famille n’habite pas là », confie Mohammed. « Ta famille ne nous aide jamais !, le coupe Marwa. Moi, je me sens chez moi à Alep. Nos enfants ont l’école ici. On restera ! De toute manière, c’est partout pareil en Syrie, c’est l’argent qui fait la différence. »

Rentrer à Khan Cheikhoun n’est pas une option. La ville rebelle, bombardée au gaz sarin en 2017, et reprise par les forces du régime, en août 2019, est inhabitable. Là encore, la plupart des habitants ont fui à Idlib, l’enclave rebelle dans le Nord-Ouest syrien, sous la coupe des djihadistes d’Hayat Tahrir Al-Cham. D’autres sont partis en zone gouvernementale, à Alep et à Damas.

Un barrage contrôle l’entrée de Khan Cheikhoun. Des maisons ont été retapées, des antennes-relais et des panneaux solaires installés par les soldats syriens. Mais aussi par des miliciens chiites à la solde de l’Iran, encore nombreux sur le sol syrien, selon des habitants et des experts qui signalent le nom de localités ou de quartiers d’Alep et de Damas sous le contrôle de ceux-ci – sans qu’il ait été possible de le vérifier. Leur présence est visible près de la ligne de front avec l’enclave rebelle d’Idlib. Ainsi que celle de leurs chefs iraniens, comme le montre le grand drapeau de la République islamique, flottant, ostentatoire, au sommet d’une colline surplombant l’autoroute qui mène à Damas, près de Saraqeb, entre Alep et Khan Cheikhoun.

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Un drapeau iranien, aperçu de l’autoroute reliant Alep à Damas, près de Saraqeb, durant l’été 2024. « LE MONDE »

Entre 2011 et 2018, au moins 500 000 Syriens sont morts au cours de la guerre civile. Les dégâts dans le pays se chiffrent en centaines de milliards d’euros, selon l’ONU. L’absence de reconstruction et de réconciliation nationale condamne des millions de Syriens à l’exil. Plus de 6 millions d’entre eux sont réfugiés dans les Etats limitrophes et en Europe, et 7,2 millions sont déplacés à l’intérieur du pays, selon le HCR, dont la moitié dans les zones échappant au contrôle de Damas, à Idlib et dans le nord-est du pays sous contrôle kurde.

Déracinés et en perte de repères, les déplacés sont parfois considérés d’un œil méfiant dans leurs quartiers d’accueil. La guerre a laissé des souvenirs traumatiques et attisé la peur de l’autre. « Trois de nos voisins soutenaient la rébellion. L’un d’eux m’a dénoncé aux combattants, affirmant que je livrais des informations au régime, raconte Georges, un sexagénaire chrétien de Wadi Al-Sayeh, un quartier accolé à la vieille ville de Homs. Heureusement, je connaissais un combattant [de l’opposition] du quartier. J’ai été relâché. Puis ils m’ont de nouveau capturé. » Ses propos s’égarent, et son attention flanche. Les tortures qu’il a subies en détention ont laissé des séquelles.

Après ce second enlèvement, le 15 février 2012, il a fui avec son épouse, Michelle, et leur fille. Homs, la « ville aux pierres noires », située à 200 kilomètres au sud d’Alep, était surnommée « capitale de la révolution » au début du soulèvement syrien. Après la répression qui s’est abattue sur les manifestants, le centre historique et plusieurs quartiers de cette cité de 700 000 habitants, à majorité sunnite, ont basculé aux mains de la rébellion.

« Besoin d’un plan Marshall »

Assiégées par les forces loyalistes, les populations ont évacué les quartiers rebelles un à un, de Baba Amr, en mars 2012, à la vieille ville, en mai 2014, et jusqu’au dernier d’entre eux, Al-Waer, en mai 2017. Des immeubles ont été rasés à l’explosif. Homs a été lourdement endommagée, mais la reconstruction piétine. Dans la vieille ville, plus de la moitié des habitants ne sont pas revenus. D’anciens quartiers rebelles demeurent dans le même état de désolation qu’au sortir de la guerre.

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Un immeuble éventré pendant la guerre, à Khan Cheikhoun, dans la province d’Idlib (Syrie), durant l’été 2024. « LE MONDE »

« Nous nous sentons impuissants face au niveau de destruction et à l’ampleur des besoins », témoigne Vincent Gelot, directeur des programmes en Syrie de L’Œuvre d’Orient, une association française qui soutient les missions locales des chrétiens au Moyen-Orient. « Depuis la fin des combats, nos modestes moyens nous ont permis de réhabiliter une petite centaine d’appartements pour permettre le retour des déplacés, mais c’est d’un “plan Marshall” et de l’aide d’Etats extérieurs que les gens ont besoin », plaide-t-il.

Lire l’enquête : Article réservé à nos abonnés En Syrie, l’aide humanitaire en terrain miné

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Georges et Michelle ont décidé de rentrer à Wadi Al-Sayeh, début 2024. Ce qu’ils ont découvert à leur retour les a déconcertés. Le quartier est fantomatique. Partout des squelettes d’immeubles se dressent, criblés d’impacts de balle et d’obus. Les lieux ont l’air inhabitables. Ici et là, pourtant, des jardinières sont accrochées aux balcons et du linge pend. Au coucher du soleil, des enfants descendent jouer au football. Des voisines sortent des chaises en bas d’un immeuble pour papoter et observer les passants : une femme en jogging rose, au maquillage soigné, promène son chien ; des amies, casquette sur leur voile, en balade ; un adolescent porte sur sa tête un panier en osier rempli de galettes de pain.

La cage d’escalier de l’immeuble de Michelle et Georges est lugubre, à nu, mais sa structure est intacte. Des icônes religieuses ornent les murs de leur trois-pièces, restauré et repeint en jaune coquille d’œuf par des associations chrétiennes. Ils ont récupéré quelques meubles pour remplacer ceux qui leur ont été volés. « Tout ce que je possédais a disparu, explique Michelle. On doit recommencer notre vie de zéro. » Seuls 20 % des habitants du quartier sont revenus, souvent parce qu’ils n’ont pas réussi à louer ailleurs. Le couple de retraités n’a pas retrouvé les sept autres familles chrétiennes de la rue.

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Le quartier de Wadi Al-Sayeh, presque totalement détruit par la guerre, à Homs (Syrie), durant l’été 2024. « LE MONDE »

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Dans le quartier de Wadi Al-Sayeh, à Homs, durant l’été 2024. « LE MONDE »

« Tous nos voisins ont changé, regrette l’enseignante à la retraite. Ceux d’avant sont partis à l’étranger ou dans les villages de la vallée des Chrétiens [située près de Homs]. Restaurer les maisons coûte cher, alors ils préfèrent les louer pour se faire un peu d’argent. Des appartements ont même été vendus, à bas prix, à de riches musulmans. » Aujourd’hui, leurs voisins sont d’ailleurs tous musulmans. Georges ne peut s’empêcher de faire l’amalgame entre eux et ceux qui jadis l’ont séquestré. « On n’a pas de relation avec eux, car ils ont des traditions différentes, dit-il. J’ai essayé de leur parler, mais ils ne m’ont pas répondu. »

A deux rues de là, à Khalidiya, ancien quartier rebelle repris par les forces loyalistes, en juillet 2013, des déplacés vivent douloureusement leur ostracisation par les habitants de Homs, chrétiens comme musulmans. « Je viens d’une société tribale, généreuse et hospitalière or, ici, j’ai passé plusieurs années sans aucune invitation de mes voisins, dit Khaled, 65 ans, originaire de Palmyre. L’un d’eux ne répondait même pas à mes salutations, c’est inconcevable chez nous ! Je ne me sens pas chez moi à Homs. » L’homme à la carrure imposante dans son jogging anthracite retient des sanglots.

Drapée dans son abaya noire, son épouse, Samia, affiche un sourire poli en resservant du café, le regard voilé de tristesse. Le couple a tout laissé derrière lui – « Une villa de 250 mètres carrés, trois climatiseurs, une voiture » – pour fuir la cité antique de Palmyre, à 150 kilomètres à l’est de Homs, conquise par les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI), en mai 2015. Khaled survit grâce à une maigre retraite. Lui et Samia habitent depuis trois ans dans un rez-de-chaussée, à peine éclairé par un puits de lumière.

Présence russe

L’homme a peur de rentrer chez lui. Il avait essayé, en mars 2016, quand les combattants de l’EI avaient été chassés de la ville par les troupes loyalistes. Six mois plus tard, les djihadistes étaient de retour, et Khaled avait dû fuir de nouveau, avec les autres habitants, à pied, jusqu’à Homs. Certains sont morts en chemin. Palmyre a finalement été libérée, en mars 2017, mais de petites cellules djihadistes sont retranchées dans le désert de la Badiya, tout proche. « Il n’y a pas de stabilité à Palmyre et l’EI y a commis des atrocités, dénonce Khaled. C’est triste de voir le site archéologique en ruine. »

A Palmyre, la porte du temple de Bêl trône au milieu des décombres. Les djihadistes ont effacé toute représentation humaine, décapité les statues, badigeonné les fresques. Des miliciens chiites ont pris leurs quartiers près de la source d’Afqa, où les gamins des environs viennent se rafraîchir et exécuter leurs plus beaux plongeons. Un bataillon russe est toujours posté dans la citadelle, à la vue imprenable sur le désert et ses champs de pétrole. A l’intention des soldats de Moscou, des panneaux en russe ont été placés au niveau de l’important barrage, à l’entrée de la ville. Dans les nouveaux quartiers, où seuls 2 000 des 40 000 habitants d’avant la guerre sont revenus, selon un témoin local, une échoppe discrète vend de la vodka, du whisky et du vin.

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Des enfants se baignent dans la source d’Afqa, à Palmyre (Syrie), contrôlée de 2015 à 2016, puis de décembre 2016 à mars 2017, par des djihadistes de l’organisation Etat islamique. Eté 2024. « LE MONDE »

Les déplacements dans le pays sont étroitement surveillés. Les routes sont ponctuées de barrages, où s’affichent les portraits du président Al-Assad, parfois aux côtés de son frère Maher, chef de la 4e division de l’armée, la garde prétorienne du régime. Chacun des innombrables services de sécurité dispose de ses propres checkpoints. Mais ils sont de moins en moins nombreux, et un petit billet suffit, souvent, à faciliter le passage.

Même l’accès à la Ghouta orientale, dernière enclave rebelle reprise par les forces loyalistes en 2018, s’est fluidifié. Sur la route qui mène aux anciens vergers des faubourgs de Damas, seuls subsistent de petits barrages où des soldats, fatigués, tuent le temps, à l’ombre d’un arbre, un thé et une cigarette à la main. C’était pourtant l’un des principaux foyers de la rébellion, dès 2012, et le théâtre de combats acharnés. En moins de trente minutes de voiture, on passe de l’animation bouillonnante du vieux centre de la capitale, épargné par la guerre, à une succession de champs à l’abandon, de villages détruits et de mosquées éventrées.

L’animation des rues de Nachabiyé, petite bourgade de 12 000 habitants au cœur de la Ghouta, masque mal la pauvreté qui règne ici, comme partout en Syrie. Des efforts ont été déployés pour reconstruire les immeubles, l’hôpital et trois écoles, témoins du volontarisme des responsables municipaux. Pour venir en classe, des enfants des villages voisins doivent parcourir plusieurs kilomètres à pied. Mais beaucoup n’y vont pas, contraints de travailler dans les champs et les commerces, ou de trier les déchets au profit de mafias.

Déstructuration sociale

« Les écoles publiques manquent de professeurs, décrit une travailleuse sociale. Leurs salaires sont si bas qu’ils ne se déplacent pas. Les élèves sont peu impliqués, souvent en proie à une intense détresse psychologique. Les garçons ont souvent des comportements violents et agressifs. » Après avoir vu sa population décimée par la guerre, la Ghouta orientale a renoué avec une démographie galopante – comme ailleurs dans le pays, où le taux de croissance démographique, tombé à – 7 % en 2014, est remonté à 4,9 % en 2023, selon la Banque mondiale.

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A Jamarana, en banlieue de Damas, durant l’été 2024. La crise économique pousse des habitants à fouiller dans les poubelles pour trouver de quoi se nourrir. « LE MONDE »

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Deux hommes, déplacés pendant la guerre, travaillent comme concierges dans un immeuble de Jamarana, en banlieue de Damas, durant l’été 2024. « LE MONDE »

« Beaucoup d’enfants n’ont pas de papiers, précise-t-elle, car ils n’ont pas pu être enregistrés en l’absence du père [qui, seul, dans le droit syrien, transmet la nationalité]. Le gouvernement en dénombre 800 000 dans toute la Syrie. » Privés d’enfance, ils ont été catapultés dans la vie adulte : « Quand il n’y a pas de soutien de famille, les enfants pensent qu’ils doivent travailler. J’ai eu le cas d’un adolescent de 14 ans, dont le père est malade, qui parle à sa mère comme un adulte. Il est venu lui-même enregistrer ses frères et sœurs au soutien scolaire. »

Cette déstructuration sociale revêt un caractère explosif dans les banlieues de Damas, devenues des localités refuges. A Jaramana, porte d’entrée de la Ghouta orientale, la population est passée de 500 000 habitants à 3 millions sous le nombre des déplacés. Des Druzes du sud du pays, ainsi que des sunnites des zones rurales alentour, ont afflué dans cette ville de marchands et d’ouvriers. Jaramana s’est tenue à l’écart du soulèvement de 2011, du fait de sa forte composante druze, une communauté restée majoritairement neutre.

« De riches musulmans sunnites de Deir ez-Zor ont acheté des immeubles entiers pour y loger des familles, et cela crée des tensions avec la population druze », constate l’assistante sociale. Nicole, une chrétienne de 61 ans, pense avec nostalgie à la maison familiale de Bab Touma, à Damas, où elle vivait enfant. « On aimerait bien déménager, mais c’est trop cher de vivre ailleurs ; alors on s’est habitués au bruit, à la promiscuité, on est déjà contents d’avoir un toit sur la tête à Jaramana », dit-elle avec philosophie, sans prêter attention au plafond mangé de moisissures.

Les déplacements et la pauvreté alimentent la criminalité. « La plupart des familles sont si démunies qu’elles ont honte de vous faire entrer chez elles, insiste la travailleuse sociale. Beaucoup d’enfants ont basculé dans la drogue et la prostitution. » Maria, infirmière de 35 ans, qui ne travaille plus depuis la naissance de ses filles âgées de 2 et 3 ans, se terre dans sa maison. Elle relate avec effroi : « Il y a beaucoup de problèmes avec les habitants venus d’ailleurs, du trafic d’enfants et des enlèvements contre rançon… C’est arrivé à la fille de la voisine, qui a 5 ans. Heureusement, la police l’a retrouvée après une semaine. »

Face à une situation qui ne cesse de se dégrader, des habitants de Jaramana bravent la peur de la répression. Autour de la place des Sabres, en juillet, des dizaines d’hommes ont manifesté, à scooter et en voiture, avec des pancartes portant une inscription lapidaire : « Fini les slogans, on veut manger ! »

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Un vendeur de poisson utilise son pick-up pour présenter sa marchandise, à Jaramana, en banlieue de Damas, durant l’été 2024. « LE MONDE »

 

Modifié par olivier lsb
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Et ben, qu'est ce qui a été le plus rapide ? La chute de Kaboul ou la chute de Damas ?!?

https://www.lemonde.fr/international/live/2024/12/08/en-direct-syrie-le-groupe-islamiste-hayat-tahrir-al-cham-affirme-etre-entre-dans-damas-l-armee-se-retire-de-l-aeroport-international-de-la-capitale_6435701_3210.html
 

04:51 Urgent

Le premier ministre se dit prêt à collaborer avec tout nouveau « leadership »

Le premier ministre syrien, Mohammad Ghazi Al-Jalali, s’est dit prêt à « la coopération » avec tout nouveau « leadership » choisi par le peuple, précisant qu’il serait dimanche matin dans ses bureaux au siège du gouvernement pour toute procédure de « passation » de pouvoir.

« Ce pays peut être un pays normal, construisant de bonnes relations avec ses voisins et avec le monde (…) mais cette question sera du ressort de tout leadership que choisira le peuple syrien, et nous sommes prêts à la coopération et à lui apporter toutes les facilités possibles », a dit le chef du gouvernement, dans une vidéo publiée sur son compte Facebook.

Par ailleurs, un message sur telegram des forces rebelles laisse entendre qu’elles sont en contact avec le premier ministre.

« Il est strictement interdit à toutes les forces militaires présentes dans la ville de Damas de s’approcher des institutions publiques, qui resteront sous la supervision de l’ancien Premier ministre jusqu’à leur remise officielle, et il est également interdit de tirer des balles en l’air », déclare ainsi le chef des rebelles Ahmed Al-Chareh....

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Et ben, voilà. Bachar a finalement été lâché par son état major qui n'en pouvait déjà plus et qui l'a prie de dégager... 

Âpres je ne pense pas que l'on assistera à un effondrement des structures du pays comme en Afghanistan. Les pontes du régime ont leurs maisons, leurs propriétés, leurs terrains, leurs "business" à Damas et dans les environs et si ils ont lâché aussi vite Bachar, c'est surtout par calcul politique... Les rebelles HTC et autres vont devoir négocier avec eux sinon on aura un scénario à l'irakienne. 

Quand au futur de Bachar... lL est en train de préparer son exil et négocier avec un pays allié pour le recueillir lui, sa famille et les membres les plus proches de son clan et leurs familles... Il va y avoir beaucoup de monde à héberger l'intendance. Je sens qu'ils vont réquisitionner un hôtel entier à Téhéran.. 

Modifié par Claudio Lopez
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C'est la fin d'une période très douloureuse pour le peuple syrien. Le fait que le régime qui tombe était soutenu par Moscou montre bien que la situation dans le pays ne peut que s'améliorer. Autre raison de se réjouir, les efforts humanitaires qui bénéficiaient à la Syrie pourront maintenant s'appliquer ailleurs, et d'autres pays en bénéficieront

Un peu comme dans cet exemple du début des années 1990, aide humanitaire transposée d'un pays à l'autre

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(La filiation est directe, HTS était connu autrefois comme "Al Qaeda en Syrie")

 

Saddam Hussein a été suivi par largement pire que lui

Kadhafi a été suivi par largement pire que lui

Ce sera vrai aussi de Bachar el-Assad

Très important : n'accepter aucun réfugié de Syrie, sauf les minoritaires probablement soumis au massacre par les djihadistes (chrétiens, alaouites)

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Bachar en 2014 qui se comparait au capitaine d'un navire: Si les passagers doivent s’en aller, alors il sera le dernier à partir. Sauf qu'entre la théorie et la pratique il y a une différence, en pratique il a fuit le pays. Son premier ministre et selon certains une parti des services secret auraient négocié avec le HTS pour que les combats se terminent. Le premier ministre est resté a son bureau et il a été emmené ce matin dans un hôtel par les rebelles. Même si en tant que premier ministre il doit avoir des cadavres dans les placards (ou plutôt des cimetières complets quand on parle de la Syrie), il a eu le courage de rester pour faire un semblant de transition et que le peut qu'il reste du pays ne s'écroule pas avec que le boss lui s'enfuit. Ce n'est pas dit mais il a peu être négocié une sorte d'amnistie.

Ce ne sera certainement pas la fin des combats en Syrie, il y en a encore un vaste potentiel pour ca malheureusement que ce soit au minimum avec Daseh ou entre les proxi Turque et les Kurdes. 

La question de l'avenir de la Syrie va se poser, est ce le HTS qui va gouverner (ou une simili coalition autour d'eux), ils ont essayé de se rendre présentable avec par exemple les Chrétien à Idlib qui pouvait pratiquer sous conditions leur religion. On verra si le vernis du vaguement présentable craque rapidement et s'ils arrivent à maitriser les djihadistes qui gravitent autour d'eux.

 

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Effectivement, il y a un sacré sac de nœuds entre les différents groupes. Il ne faut pas se leurrer, parmis le HTS, il y a des anciens de Daesh... 

La, où j'ai un peu d'espoir, c'est que toute la Syrie est fatiguée et à genoux avec cette guerre. Personne ne souhaite continuer la guerre et il reste à espérer que chaque faction dispose de leaders politiciens habiles et surtout pas des jusqu'àuboutistes. 

Il va falloir que chaque partie abandonne leurs esprits de vengeance et qu'ils vont devoir faire table rase des crimes commis par le régime et les islamistes... 

Il n'y aura pas de Nuremberg Syrien, car il n'y a pas de vainqueur qui a écrasé l'autre. Les caciques du règime ont du exiger un effacement de l'ardoise pour que Damas ne soit pas défendue 

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Honnêtement, tellement de sang a coulé que des cas de vengeance sont inévitables. Il y a quand même eu des cas de villages sunnites massacrés par des miliciens alaouites.

https://en.wikipedia.org/wiki/Bayda_and_Baniyas_massacres

Ce massacre par exemple a été vraisemblablement perpétré par un chef de milice pro Assad, alaouite et citoyen turc. Je ne parle même pas de ce qui se passait jusqu'à hier dans la prison de Sednaya et dans les différentes prisons des renseignements syriens.

Je pense que les prochaines autorités devront traduire certaines personnes en justice pour éviter la vindicte populaire. Comme disait Danton suite aux journées sanglantes de la Révolution française: "Soyons terribles pour dispenser le peuple de l'être" quitte à ce que ce ne soit que des seconds couteux si un accord a été passé avec les principaux coupables.

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