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Ukraine 3


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Il est aussi temps me semble-t-il de faire un premier petit bilan de la rébellion du Donbass téléguidée par Moscou :

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La population des deux entités autoproclamées – les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk – s’est réduite de plus de moitié. Les banques ont fermé, remplacées pour la RPD par une sorte de banque centrale qui permet depuis un peu plus de six mois de payer de temps à autre les militaires, fonctionnaires et retraités après que l’embargo décrété par Kiev eut très largement appauvri une population assez âgée. Sur les quelque 2,5 millions d’habitants qui restent, un million de retraités serait à décompter. La crise du rouble (devise russe), devenue l’unique monnaie dans la région, n’arrange pas non plus les affaires des habitants de l’oblast de Donetsk. Même si les salaires ont été multipliés par deux, l’augmentation des prix pour les produits de première nécessité fait que la vie est aujourd’hui quatre à cinq fois plus chère pour les habitants. La solidarité est donc le mode économique le plus usité ces derniers temps.

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"La résolution de la crise ukrainienne pourrait être accélérée par des facteurs économiques"

Mathieu Boulègue - 12/02/2016

La situation de Kiev va-t-elle rester gelée ?

Non, un élément de taille pourrait faire évoluer la situation dans les prochains mois. Pour commencer, les Etats-Unis sont revenus dans le jeu diplomatique ukrainien depuis mai 2015. Et ce sur demande de la Russie. La raison de ce revirement, c’est la situation financière de la Fédération. Essoufflée par la crise mondiale, elle doit en plus payer pour le redéveloppement de la Crimée, et pour maintenir le Donbass dans une zone grise. Face à la chute du rouble et du pétrole, il est possible que Moscou ait fait un choix tactique: se débarrasser du Donbass, en le rendant à l’Ukraine. Mais sous certaines conditions, notamment une autonomie avancée pour les territoires séparatistes.

Ainsi, la résolution de la crise ukrainienne pourrait être accélérée par des facteurs économiques. La Russie a fait ses calculs : la facture pour maintenir la zone séparatiste urkainienne se monte à environ un milliard. La Fédération n'a plus d'intérêt à maintenir le gel de la situation en Ukraine, et serait soulagée que Kiev cotise pour la réhabilitation de la zone séparatiste. Voilà qui pourrait expliquer le ballet diplomatique russe et américain: la Russie chercherait à brader le Donbass. On verra sans aucun doute une résolution allant dans ce sens dans un prochain "sommet de Minsk II".

Qu’est ce qui bloque encore les accords ?

La Russie souhaite une décentralisation forcée de l’Ukraine, avec un statut spécial pour le Donbass. Cependant, la volonté de Moscou est bloquée par les conflits au sein de l’arène parlementaire sur le statut spécial du Donbass. Le peuple ukrainien devrait, avec la réforme, accepter que cette région pro-russe disparaisse dans une zone grise, ce qui est impensable pour beaucoup de citoyens. N’oublions pas qu’une grande partie de la population en veut aux défenseurs du séparatisme, largement orchestré par Moscou. Ce sont ces crispations qui conduisent aujourd’hui au gel des réformes prévues par Minsk II.

- See more at: http://info.arte.tv/fr/essoufflee-par-la-crise-la-russie-renonce-au-donbass#sthash.OKnjSvBA.dpuf

 

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Ça contribuera à rapprocher la région du reste de l'Ukraine, vu que la situation y est également dramatique économiquement (ne parlons pas de la classe politique ukrainienne, toujours aussi désespérante). Mais je crains que les deux populations conservent une rancune tenace à l'encontre de l'autre "côté".

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Il y a 4 heures, DAR a dit :

Il est aussi temps me semble-t-il de faire un premier petit bilan de la rébellion du Donbass téléguidée par Moscou :

"La résolution de la crise ukrainienne pourrait être accélérée par des facteurs économiques"

Mathieu Boulègue - 12/02/2016

La situation de Kiev va-t-elle rester gelée ?

Non, un élément de taille pourrait faire évoluer la situation dans les prochains mois. Pour commencer, les Etats-Unis sont revenus dans le jeu diplomatique ukrainien depuis mai 2015. Et ce sur demande de la Russie. La raison de ce revirement, c’est la situation financière de la Fédération. Essoufflée par la crise mondiale, elle doit en plus payer pour le redéveloppement de la Crimée, et pour maintenir le Donbass dans une zone grise. Face à la chute du rouble et du pétrole, il est possible que Moscou ait fait un choix tactique: se débarrasser du Donbass, en le rendant à l’Ukraine. Mais sous certaines conditions, notamment une autonomie avancée pour les territoires séparatistes.

Ainsi, la résolution de la crise ukrainienne pourrait être accélérée par des facteurs économiques. La Russie a fait ses calculs : la facture pour maintenir la zone séparatiste urkainienne se monte à environ un milliard. La Fédération n'a plus d'intérêt à maintenir le gel de la situation en Ukraine, et serait soulagée que Kiev cotise pour la réhabilitation de la zone séparatiste. Voilà qui pourrait expliquer le ballet diplomatique russe et américain: la Russie chercherait à brader le Donbass. On verra sans aucun doute une résolution allant dans ce sens dans un prochain "sommet de Minsk II".

Qu’est ce qui bloque encore les accords ?

La Russie souhaite une décentralisation forcée de l’Ukraine, avec un statut spécial pour le Donbass. Cependant, la volonté de Moscou est bloquée par les conflits au sein de l’arène parlementaire sur le statut spécial du Donbass. Le peuple ukrainien devrait, avec la réforme, accepter que cette région pro-russe disparaisse dans une zone grise, ce qui est impensable pour beaucoup de citoyens. N’oublions pas qu’une grande partie de la population en veut aux défenseurs du séparatisme, largement orchestré par Moscou. Ce sont ces crispations qui conduisent aujourd’hui au gel des réformes prévues par Minsk II.

Je m'interroge sur la source de Mathieu Boulègue quand il affirme que pour Moscou "la facture pour maintenir la zone séparatiste ukrainienne se monte à environ un milliard".

Sur l'évolution maintenant, comme toujours tout est possible sur le principe.

Cela dit ce que dit cet analyste est que la Russie s'apprête à abandonner les accords de Minsk II, d'une part parce que le pouvoir de Kiev ne souhaite pas les appliquer ("statut spécial pour le Donbass" effectivement prévu par les accords, plus généralement "gel des réformes prévues par Minsk II") en dépit du fait qu'il s'y est engagé. D'autre part parce que l'application de ces accords coûterait trop cher à Moscou en terme de soutien humanitaire (le "milliard" par an dont parle Boulègue, auquel il faut rajouter le soutien aux 700 ou 800 000 Ukrainiens de l'est qui se sont réfugiés en Russie pour fuir la répression de Kiev)

Très franchement, sachant que Moscou a consacré beaucoup de ressources, en termes notamment d'acceptation de sanctions économiques, afin de défendre ce qu'elle percevait comme ses intérêts dans la guerre civile ukrainienne, j'ai quelques doutes que les résultats obtenus en terme notamment de neutralisation forcée de l'Ukraine empêchée de devenir une base avancée des Etats-Unis aux frontières de la Russie soient abandonnés juste pour économiser "un milliard" par an.

 

 

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Il y a 6 heures, DAR a dit :

Mathieu Boulègue - 12/02/2016 : la Russie chercherait à brader le Donbass. On verra sans aucun doute une résolution allant dans ce sens dans un prochain "sommet de Minsk II".

Sauf que la Russie n'a jamais dit qu'elle voulait annexer le Donbass. Minsk 2 est un accord de compromis. Il est un peu dans la logique des choses que chaque camp cherche à présenter ce compromis comme une grande victoire. En employant le terme "brader", Mathieu Boulègue présente le compromis comme une défaite des Russes et des Séparatistes et participe de cette façon à la promotion de Minsk 2 dans le camp occidental, rendant ainsi l'accord acceptable dans la partie la plus anti-russe de l'opinion française.

 

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Dans tous les cas pour le Donbasse ça ne change pas grand chose. Je ne pense pas qu'ils aient un jour pensé intégrer la Russie (et la Russie ne l'a sûrement jamais voulu). Quant à réintégrer l'Ukraine, vu le boxon qui y règne, ça ne doit pas être très intéressant.

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Ukraine : les oubliés de la guerre du Donbass

Sébastien Gobert Envoyé spécial dans le Donbass

Je me souviens des Allemands en 1941… Ce n’était pas aussi terrible que ce que nous vivons aujourd’hui." Anna Grigorievna, 83 ans, est à bout de nerfs. En pleurs, son visage ridé encadré par un foulard délavé, elle exhibe son passeport intérieur ukrainien. "Notre village de Jovanka dépend administrativement du canton de Gorlovk a (Horlivka en ukrainien, NdlR). L’hôpital, les services sociaux, tout est là-bas. C’est juste derrière la colline, à dix minutes d’ici… A vol d’oiseau, du moins. Par voie terrestre, il est aujourd’hui impossible de passer la ligne de front entre les territoires ukrainiens et séparatistes. Et quand on essaie d’aller à Bakhmout (nouveau nom de la ville d’Artemivsk, en territoire ukrainien, NdlR) , ils disent que nous sommes enregistrés à Gorlovka, en République populaire de Donetsk (RPD) , et ne nous laissent pas passer. Nous n’avons plus rien… Et, en plus, l’armée nous bombarde chaque nuit, sans justification aucune" , se lamente-t-elle.

"De tous les côtés"

Autour d’elle, les quelque 300 habitants de Jovanka, des personnes âgées pour la plupart, s’émeuvent à l’unisson, même si beaucoup reconnaissent que "les tirs viennent de tous les côtés" . Un an après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu décidé à Minsk, le 12 février 2015, les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe font état d’une situation apaisée sur la majorité du front, à l’exception de quelques secteurs exposés, cibles permanentes de duels d’artillerie. Jovanka et la petite ville de Zaïtsev, attenante, sont parmi ces points chauds. Chaque camp se rejette la responsabilité des attaques. Selon Alexander Hugh, chef de la mission de l’OSCE, elles sont perpétrées des deux côtés, "même si le côté non gouvernemental bloque plus souvent nos inspections que les Ukrainiens" .

Quelle que soit l’origine des bombardements, "nous dormons dans nos caves" , assène avec nervosité Maria Petrovna, une autre habitante. "On nous dit d’attendre. Mais combien de temps ? Là, on nous dit que c’est la paix. Nos maisons sont détruites, sans eau, sans électricité, nous avons à peine de quoi manger. Et on répète qu’il faut juste attendre que la situation s’améliore. On se moque de nous !"

"Le cessez-le-feu n’a fait qu’empirer les choses pour nous : les armées ne peuvent plus avancer, alors notre village sert de défouloir" , commente un homme, couvert d’une toque en fourrure et de lunettes à double foyer. (...)

 

Suite: http://www.lalibre.be/actu/international/ukraine-les-oublies-de-la-guerre-du-donbass-56d46ee03570ebb7a8d7e142

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Déclaration du commandant rebelle Alexandre Khodakovski qui déclarerait que la Russie les a trahis:

 

J'ai essayé de comprendre le texte avec google trad, mais bon c'est pas fameux, j'ai l'impression qu'il explique le processus qui l'a amené à la guerre, mais je n'ai pas l'impression qu'il dit en quoi ils ont été trahis par la Russie, même si il dit bien à la fin être déçu et avoir sa confiance trahis.

Modifié par Dino
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il y a 22 minutes, Dino a dit :

Déclaration du commandant rebelle Alexandre Khodakovski qui déclarerait que la Russie les a trahis:

 

J'ai essayé de comprendre le texte avec google trad, mais bon c'est pas fameux, j'ai l'impression qu'il explique le processus qui l'a amené à la guerre, mais je n'ai pas l'impression qu'il dit en quoi ils ont été trahis par la Russie, même si il dit bien à la fin être déçu et avoir sa confiance trahis.

D'après ce que je comprends il dit que lui et ses camarades rebelles ont défendu les intérêts de la Russie en Ukraine contre les intérêts des USA (qui étaient défendus "inconsciemment" par les démocrates ukrainiens, dit-il), et il semble amer que la Russie les récompenserait bien peu de ces sacrifices faits à son profit.

Modifié par Bat
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C'est ce que je comprends, mais ce qu'il l'attendait en retour n'est pas clair. Il y a deux passages qui me font penser que leur volonté était d'être annexé à terme par la Russie, mais bon la traduction google n'est pas super compréhensible, du coup... ^^

Citation

Да, были моменты, когда народ поддался крымской эйфории, и поверил в возможность такого сценария и у нас, но не я.

Traduit en:

Oui, il y avait des moments où les gens ont succombé à l'euphorie de la Crimée, et croyaient en la possibilité d'un tel scénario, et nous avons, mais je ne le font pas. 


 

Citation

Но на пути встали как раз политики, и тогда даже то малое, на что мы рассчитывали – независимость до момента созревания ситуации по нашему вхождению в состав России, - оказалось под угрозой. Никогда наша риторика не менялась, и кто пробует уличить меня в этом – глубоко неправ.

Traduit en:

Mais sur le chemin que nous avons eu juste la politique, et puis même le peu de ce que nous attendions - l'indépendance jusqu'à la maturation de la situation dans notre entrée en Russie - était sous la menace.Jamais notre discours n'a pas changé, et qui essaie de me rattraper dans ce - profondément tort.

 

Modifié par Dino
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Je reconnais que ce n'est pas clair, d'autant que je maîtrise trèèès mal le Russe et que c'est trèèès ancien comme souvenirs, mais avec mes vagues rudiments et un traducteur, je dirais:

Citation

Да, были моменты, когда народ поддался крымской эйфории, и поверил в возможность такого сценария и у нас, но не я.

Oui, il y avait des moments quand les gens (le peuple) a cédé à l'euphorie criméenne et on a cru à un tel scénario [dans le contexte: annexion par la Russie], mais pas moi. [mais je ne comprends pas pourquoi: parce qu'il ne le souhaitait pas ou pensait que ça n'était pas possible, au sens de "l'Occident/Kiev ne laissera pas faire"?]

Citation

Но на пути встали как раз политики, и тогда даже то малое, на что мы рассчитывали – независимость до момента созревания ситуации по нашему вхождению в состав России, - оказалось под угрозой. Никогда наша риторика не менялась, и кто пробует уличить меня в этом – глубоко неправ.

Sur la route il n'y a eu que de la politique, même sur le peu que nous avions escompté —(à savoir) l'indépendance (autonomie?) jusqu'au moment où on serait prêts (suffisamment mûrs) pour notre inclusion à la Russie— et ça s'est révélé un danger [pour nous, je suppose]. Jamais notre discours [sur cette question?] n'a changé et qui essaye me montrer/me dire le contraire a profondément tort. [je suppose qu'il répond implicitement aux critiques internes selon lesquelles ce que veulent les rebelles sécessionnistes n'est pas très clair et que leur discours a varié au gré des circonstances, ce qui n'est pas forcément faux puisque selon les groupes et les périodes, ils ont réclamé l'autonomie, l'indépendance, l'annexion, etc.]

Et ce n'est pas forcément plus clair :wink: sur sa position à lui quand à ce qu'il attendait de Tonton Vladimir!

Modifié par Bat
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La première phrase montre en tout cas l'influence très importante de l'annexion de la Crimée sur la suite des événement en donnant l'espoir aux rebelles de connaître le même sort que la Crimée avec espoir d'annexion et les poussant en prendre les armes en ce sens.

Modifié par Dino
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il y a 31 minutes, Dino a dit :

C'est ce que je comprends, mais ce qu'il l'attendait en retour n'est pas clair. Il y a deux passages qui me font penser que leur volonté était d'être annexé à terme par la Russie, mais bon la traduction google n'est pas super compréhensible, du coup... ^^

Ceci étant, ce n'est peut-être pas clair pour lui non plus (?). Si on prend un peu de recul, c'est une posture de déception relativement "classique" à l'issue d'une situation conflictuelle longue: on se fait des alliés, des trucs se passent, on met plein d'espoirs dedans, puis les choses traînent, s'enlisent, les camarades se déchirent sur la stratégie à adopter ou les objectifs et on dit qu'on a été "trahis" tout en ne sachant pas exactement ce qu'on voulait (mais en étant convaincu que l'allié aurait dû faire quelque chose même si on ne sait pas quoi). Ou par défaut: on n'a pas gagné, donc c'est que ceux qui nous ont aidé ne l'ont pas fait assez, même si on ne sait pas ce que "gagner" aurait signifié car le statut quo ante bellum était de toute façon impensable. On l'observe dans des grèves longues, dans les revendications actuelles des agriculteurs, etc., pourquoi pas chez des rebelles ukrainiens?

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Du front ukrainien au four à pizza

"Je voulais ouvrir une pizzeria depuis longtemps. Avant la guerre, je travaillais comme pizzaïolo et je me suis dit que, quitte à avoir des employés, pourquoi ne seraient-ils pas des vétérans ? Il leur faut un boulot pour qu’ils se réinsèrent dans la vie civile." Avec sa barbe garnie de "hipster", son bras droit recouvert d’un large tatouage et son tee-shirt noir à tête de mort, Leonid Ostaltsev cache bien son jeu. Ouverte début décembre 2015, sa "Pizzeria Veterano" est pourtant une entreprise très populaire à Kiev, qui dégage des bénéfices appréciables. Au mur, une reproduction de la Cène. Des vétérans de guerre y figurent comme les disciples de Jésus, attablés devant des pizzas.

Il y a encore quelques mois, Leonid Ostaltsev était sur le front, intégré dans une unité spéciale de forces d’intervention. "Je m’étais porté volontaire au début de la guerre. Nous avons été actifs dans plusieurs secteurs. A un moment, j’ai été blessé, j’ai dû passer trois mois à l’hôpital, mais cela s’est bien guéri."

Démobilisé, Leonid se lance dans quelques projets sociaux à Kiev. Il commence à réfléchir sérieusement à ouvrir son propre restaurant, avec l’aide d’un partenaire ukrainien, vivant aux Etats-Unis. Leonid et son ami Raphaël, lui aussi vétéran, obtiennent le local d’un restaurant dans un passage souterrain du centre-ville. "Le resto ne marchait pas bien, donc le propriétaire ne nous demande que 50 % du loyer." Un prix qui ne se refuse pas. Quelques aménagements, une nouvelle décoration faite d’insignes militaires, de photos de vétérans et de posters humoristiques invitant à "faire des pizzas, pas la guerre", et l’ouverture est annoncée sur Facebook. "Ça s’est enflammé très rapidement. Nous sommes rentrés dans nos frais après deux mois et demi d’activité !", s’enthousiasme le jeune homme.

Au contraire de nombreux vétérans, il a ainsi la possibilité, après son service, de subvenir aux besoins de sa famille. Et d’aider d’autres vétérans. Que ce soit à travers l’emploi de huit anciens combattants ou de dons de pizzas. "Quiconque se présente ici comme ancien combattant a droit à une pizza gratuite. On le croit, pas besoin de preuves." Une initiative sociale, doublée de livraisons à un hôpital militaire et à un centre d’accueil à la gare de Kiev. Et pour être sûr que sa générosité ne se transforme pas en un gouffre financier, là aussi, il a un plan. "J’ai lancé une campagne pour récolter de l’argent pour assurer les dons. Pour l’heure, nous avons reçu 150 000 hryvnias. On en a déjà dépensé 120 000 en pizzas gratuites. Concrètement, ça veut dire 1 500 pizzas." (...)

 

Suite: http://www.lalibre.be/actu/international/du-front-ukrainien-au-four-a-pizza-56d9c2d23570ebb7a8f4f242

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Dernier jour du procès Savtchenko en Russie: une grève de la faim et un bras d'honneur

Par AFP , publié le 09/03/2016

La militaire ukrainienne Nadia Savtchenko, jugée en Russie pour le meurtre de deux journalistes en Ukraine, a annoncé mercredi la poursuite de sa grève de la faim, au dernier jour d'un procès où elle a adressé un très explicite bras d'honneur à ses juges.

Paraissant en bonne forme physique malgré plusieurs jours sans boire ni manger, la pilote d'hélicoptère de 34 ans, devenue une héroïne nationale en Ukraine, a assuré qu'elle "poursuivra (sa) grève de la faim et de la soif" et réaffirmé son innocence, défiant ouvertement les juges. Ceux-ci ont annoncé que le verdict serait rendu les 21 et 22 mars. 

"Peut-être que je vivrai" jusque-là, a lancé Nadia Savtchenko sous les yeux de sa mère et de sa soeur. "Rappelez-vous : ma vie est en jeu. Et je gagnerai. Les enjeux sont élevés et je n'ai rien à perdre". 

"Voilà mon dernier mot!", a encore lancé la militaire avant de bondir sur le banc des accusés et d'adresser un spectaculaire bras d'honneur à ses juges. 

Le procès, qui aura duré quasiment six mois, s'est terminé dans la confusion, plusieurs personnes, dont Nadia Savtchenko, entonnant l'hymne ukrainien. 

La jeune femme avait déjà observé une grève de la faim de plus de 80 jours, qui avait pris fin en mars 2015, mais c'est la première fois qu'elle est en grève de la soif. 

Un de ses avocats, Nikolaï Pozolov, a assuré sur Twitter que le tribunal avait refusé à sa mère et à sa soeur le droit de la voir dans sa cellule. Une équipe médicale ukrainienne a également été empêchée de la voir, a-t-il précisé. 

Le ministère russe des Affaires étrangères a de son côté confirmé que les visites étaient "impossibles" en raison du "comportement provocateur" de Nadia Savtchenko, et a assuré que sa santé "n'est pas alarmante". 

"Il est peu probable que nous puissions la convaincre d'arrêter sa grève", a toutefois prévenu un autre avocat, Mark Feïguine. 

- 'Libération immédiate' - 

De son côté, l'Ukraine a exigé la "libération immédiate" de la pilote. Mais le ministère russe des Affaires étrangères a répété qu'aucun échange entre Nadia Savtchenko et des prisonniers détenus par les autorités ukrainiennes "ne peut avoir lieu avant le jugement du tribunal". 

Berlin a également appelé les autorités russes à libérer "immédiatement" la prisonnière, estimant que son procès est "en contradiction avec l'esprit et la lettre des accords (de paix) de Minsk" pour l'Est de l'Ukraine. 

Au moment où se déroulait le procès plusieurs centaines de personnes étaient réunies devant l'ambassade de Russie à Kiev, brandissant des drapeaux aux couleurs de l'Ukraine et des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire "Libérez Savtchenko". L'ambassade a été visée par des jets d'oeufs. 

Dans le bastion nationaliste de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, le consulat de Russie a été la cible de grenades fumigènes et de feux d'artifice et le drapeau russe a été brûlé, a constaté un journaliste de l'AFP. 

La soeur de Nadia Savtchenko, Vera, a publié un appel au calme sur sa page Facebook, demandant de ne pas "détourner l'attention du problème essentiel, la vie de Nadia". 

Parallèlement, cinq pays membres de l'UE (la Lituanie, la Grande-Bretagne, la Pologne, la Roumanie et la Suède) vont appeler l'Union à sanctionner les responsables russes qu'ils jugent impliqués dans le procès de Nadia Savtchenko, a indiqué mercredi le chef de la diplomatie lituanienne Linas Linkevicius. 

Le Parquet russe a requis 23 ans de prison contre la pilote, jugée depuis l'été dernier par un tribunal de Donetsk, petite ville russe à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne. 

Elle comparaît pour avoir, selon l'accusation, transmis à l'armée ukrainienne la position de deux journalistes russes tués par un tir de mortier dans l'est de l'Ukraine à l'été 2014. 

Arrêtée début juillet 2014 sur le territoire russe selon Moscou, Mme Savtchenko accuse de son côté les rebelles prorusses de l'est de l'Ukraine de l'avoir capturée sur le territoire ukrainien et livrée aux autorités russes. 

Par ailleurs, les ambassadeurs des 28 Etats membres de l'UE sont convenus mercredi à Bruxelles de prolonger jusqu'au 15 septembre les sanctions décrétées contre des personnalités russes et des chefs rebelles de l'est de l'Ukraine pour leur implication dans le conflit. 

Ces sanctions concernent 146 personnes et 37 entreprises ou organisations. Cette décision doit encore être formellement approuvée au niveau ministériel.

 

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