nemo Posté(e) il y a 4 heures Share Posté(e) il y a 4 heures il y a une heure, christophe 38 a dit : ok, merci pour cette précision... mais, depuis 1957.... il y a eu des marées hautes et des marées basses.. je veux dire qu'il n'y a plus d'hommes politiques de cette époque qui vivent encore... mes mentalités de l'époque... ce ne sont pas les générations d'apres qui en sont responsables ou comptables (et, pour ma part, en general, je trouve que c'est facile de juger avec nos yeux d'aujourd'hui (nos connaissances également) les faits du passé... comme nos petits enfants jugeront avec leurs yeux ce que nous avons fait... (particulierement ce que nous pensons etre des succès qui, à leurs yeux, seront peut etre de graves erreurs) Je parle pas porter à jamais des stigmates pour les erreurs du passé. Encore faut-il que ce soit reconnu comme des erreurs. On nous parle encore "des bienfaits de la colonisation" ce qui montre que certains sont loin d'avoir intégrer de quoi il s'agit vraiment. Cela me rappelle un représentant US (républicain) qui il y a quelques années parlait de la chance qu'avait constitué l'esclavage pour les noirs vu que cela leur permettait d'être citoyen US aujourd'hui. Sans rire. Je parlais de gens qui était enfant ou jeune adulte à l'époque, il y en encore pas mal tout de même. Mais surtout comme tu le sais bien tout ça disparait pas de la mémoire collective comme ça aussi bien coté ex-indigène que coté ex-colon. Et les conséquences courent encore. 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) il y a 2 heures Share Posté(e) il y a 2 heures Paradoxalement, le statut coutumier de certaines terres a permis de les protéger de la colonisation. C'est le cas des îles Loyauté. De toutes les îles Loyauté. Renonçant au cantonnement, l’Algérie coloniale impose la propriété privée aux populations arabes, tandis que la Nouvelle-Calédonie coloniale élabore une notion de propriété collective qui est censée correspondre aux normes des sociétés kanak. Ralliant l’opinion de ses collaborateurs, [le gouverneur] Guillain renonce finalement à son article 2 et légitime ainsi une interprétation erronée des hiérarchies kanak. Le chef est alors confirmé dans son rôle éminent et devient l’unique élément individualisé, représentant le groupe indifférencié. Il est désormais acquis que la société mélanésienne est, par essence, collectiviste, fonctionnant sur le mode d’un « communisme primitif ». Ce travail de relecture du monde mélanésien, qui s’amorce en 1862, conduit à la notion de « tribu » (...) Celle-ci est définitivement fixée par l’arrêté du 22 janvier 1868 qui prévoit de réserver à chaque « tribu » une portion de son ancien territoire, portion incommutable et inaliénable. Refusant d’appliquer en Nouvelle-Calédonie le sénatus-consulte de 1863 [qui privatise le sol algérien], Guillain maintient, contre l’avis de son ministère de tutelle, le principe de la propriété collective kanak permettant l’organisation des réserves. Le 06/12/2021 à 14:22, Wallaby a dit : https://books.openedition.org/editionsmsh/2788 (2000) De l’idée de cantonnement à la constitution des réserves - La définition de la propriété indigène. La Nouvelle-Calédonie apparaît comme un cas tout à fait exceptionnel : le seul et unique territoire où ont été créées de véritables réserves indigènes sur le modèle des réserves indiennes aux États-Unis ou des réserves aborigènes en Australie. L’exemple est intéressant car ce modèle de réserves est, au xixe siècle, largement dénoncé en France comme le symbole de l’oppression coloniale britannique ou américaine, divergeant en tous points d’une colonisation française supposée respectueuse des populations indigènes. Renonçant au cantonnement, l’Algérie coloniale impose la propriété privée aux populations arabes, tandis que la Nouvelle-Calédonie coloniale élabore une notion de propriété collective qui est censée correspondre aux normes des sociétés kanak. Ralliant l’opinion de ses collaborateurs, [le gouverneur] Guillain renonce finalement à son article 2 et légitime ainsi une interprétation erronée des hiérarchies kanak. Le chef est alors confirmé dans son rôle éminent et devient l’unique élément individualisé, représentant le groupe indifférencié. Il est désormais acquis que la société mélanésienne est, par essence, collectiviste, fonctionnant sur le mode d’un « communisme primitif ». Ce travail de relecture du monde mélanésien, qui s’amorce en 1862, conduit à la notion de « tribu » (...) Celle-ci est définitivement fixée par l’arrêté du 22 janvier 1868 qui prévoit de réserver à chaque « tribu » une portion de son ancien territoire, portion incommutable et inaliénable. [À Paris,] le ministère, cependant, ne s’en tient pas là car c’est au fond la notion même de propriété collective qu’il conteste. Celle-ci, affirme-t-il, a maintenu l’agrégation de la tribu, l’influence excessive des chefs et l’indivision du sol. [Elle] a, par conséquent, ajourné la constitution de la propriété individuelle, base de toute société civilisée, et placé les naturels en dehors du mouvement général des transactions, c’est-à-dire de l’action bienfaisante de la colonisation (Dauphiné 1989 : 304). Refusant d’appliquer en Nouvelle-Calédonie le sénatus-consulte de 1863 [qui privatise le sol algérien], Guillain maintient, contre l’avis de son ministère de tutelle, le principe de la propriété collective kanak permettant l’organisation des réserves. On ne peut en aucun cas soupçonner Guillain d’une indigénophilie cachée qui l’amènerait à vouloir protéger les Kanak contre les appétits de la colonisation. Les conflits, manipulations, répressions et refoulements qui se développent sous son « règne » en témoignent assez clairement. Entre 1862 et 1870, les expéditions militaires touchent plusieurs points de la colonie et, en dépit du nombre restreint de victimes, sèment la désolation sur leur passage, provoquant la fuite des populations, la destruction des villages et des plantations. L’enjeu essentiel, pour l’administration de Guillain, consiste surtout à dégager de nouveaux terrains pour la colonisation en repoussant les Kanak. L’enjeu est loin de se limiter à la seule organisation des travaux forcés aux antipodes, puisqu’il s’agit de jeter les bases d’une « nouvelle société » qui, sur le modèle de l’Australie voisine, accueillera condamnés et « honnêtes » migrants. La terre est l’élément essentiel du programme : terre rédemptrice que l’on offrira aux bagnards ayant donné des gages de bonne conduite, terre salvatrice offerte aux pauvres et prolétaires qui ne peuvent, en France, échapper à leur condition. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’accorder des petits lopins de terre à des individus encadrés par une instance administrative. Un tel programme a le mérite d’être absolument cohérent avec le développement d’une colonisation bureaucratique fondée sur la petite propriété. On peut alors avancer l’idée que l’organisation des réserves indigènes a servi la cause d’un programme de colonisation bureaucratique incompatible avec l’application immédiate des lois du marché, symbole d’une économie « moderne ». Entre une logique coloniale bureaucratique [qui encadre la petite propriété] et une logique économique capitaliste [qui permet les transactions, les concentrations, et les grandes propriétés], l’État français révèle la fragilité de sa politique calédonienne et les incohérences même de ses stratégies de colonisation. Curieusement, ce personnage complexe, [le gouverneur Guillain] d’obédience saint-simonienne, qui a profondément marqué le destin de la Nouvelle-Calédonie, reste encore méconnu. On connaît bien sa politique et le contexte dans lequel elle s’inscrit, mais on connaît mal l’homme lui-même, ses pensées, dires et écrits. - source : 17 mai 2024 à 15:07 https://www.lemonde.fr/politique/live/2024/05/21/en-direct-nouvelle-caledonie-le-point-sur-la-situation-en-fin-de-journee_6233400_823448.html 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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