Sovngard Posté(e) le 8 septembre 2019 Share Posté(e) le 8 septembre 2019 (modifié) Même si ces navires de guerre ne sont plus d'actualité, ils méritent tout de même un fil de discussion approprié. Pour donner une idée de leur grandeur : Une photo du HMS Vanguard à Portsmouth Point en 1960, deux ans avant son démantèlement : Une des tourelles du cuirassé japonais Mutsu, récupérée pour la ferraille, après la Seconde Guerre mondiale : Un peu de lecture : Battleship Bismarck: A Design and Operational History de William H. Garzke Jr., Robert O. Dulin Jr., William J. Jurens et James Cameron The British Battleship 1906-1946 de Norman Friedman U.S. Battleships: An Illustrated Design History de Norman Friedman The Littorio Class: Italy's Last and Largest Battleships 1937-1948 de de Erminio Bagnasco et De Toro, Augusto French Battleships, 1922-1956 de Robert Dumas et John Jordan Le cuirassé du futur, en 1940 : Modifié le 8 septembre 2019 par Sovngard 2 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
ARPA Posté(e) le 8 septembre 2019 Share Posté(e) le 8 septembre 2019 Je trouve ça bizarre le "cuirassé du futur" en 1940. 70 000 tonnes (donc hors traités) mais avec des canons (18 ?) de 14'' ou 356 mm comme s'il fallait respecter les traités de désarmement (comme la classe King Georges V qui elle respectait aussi les 35 000 tonnes) mais pas complètement. Sinon ce qui est impressionnant avec les cuirassés, c'est aussi le très faible nombre de cuirassés "modernes" (post 1922) qui ont été construit et encore plus qui ont survécus à la seconde guerre mondiale. Les Japonais n'ont eu que 2 cuirassés, coulés avant l'armistice. Les Italiens 3, mais les 2 ayant survécu à la seconde guerre mondiale seront donnés aux anglais et aux américains qui s'empresseront de les couler. Les cuirassés allemands ont tous été coulés. Les cuirassés anglais ont eu un armement artificiellement réduit (calibre de 356 mm alors qu'ils avaient du 406 mm et le Vanguard a réutilisé des canons de la guerre précédente) La flotte de cuirassés modernes et performants d'après guerre se limite quasiment aux cuirassés américains et aux 2 cuirassés français pas vraiment finis. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
pascal Posté(e) le 8 septembre 2019 Share Posté(e) le 8 septembre 2019 Il y a 2 heures, ARPA a dit : c'est aussi le très faible nombre de cuirassés "modernes" (post 1922 trois raisons parmi d'autres -les traités de Washington et Londres 1 qui sont respectés par l'ensemble des signataires jusqu'en 1935 (dénonciation par le Japon lors des négociations de Londres 2 qui devait prolonger les vacances navales jusqu'en 1942) les Américains font alors jouer la clause de sauvegarde d'abord sur le calibre - South Dakota puis tonnage - Iowa -les limitations de tonnages globaux de ces traités qui empêchent d'en construire généralement plus de 2 (exemple France et Italie avec leurs 35 000 t) -le fait qu'excepté les Nelson chaque nouvelle construction doit remplacer un bâtiment d'au moins 20 ans ... -le coût de ces engins Il y a 6 heures, Sovngard a dit : Un peu de lecture : liste à laquelle je rajouterais http://www.caraktere.com/yamato.htm Désormais épuisé mais trouvable peut être sur le marché de l'occase 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
ARMEN56 Posté(e) le 9 septembre 2019 Share Posté(e) le 9 septembre 2019 (modifié) Le general arrangement du BB62 New jersey https://maritime.org/doc/plans/bb62.pdf Document sur la conception des appareils à gouverner de ces bestioles http://www.battleshipnc.com/wp-content/uploads/2016/05/Steering-the-Battleship-North-Carolina.pdf Je reste stupéfait sur l’avance technologique US NAVY de l’époque dans le domaine de l’hydraulique de puissance des actionneurs . Ceci dit , la forte tendance manoeuvrabilité de leurs navires a toujours été à 2 safrans , alors que 1 safrans sur les nôtres. Nous sommes passés à 2 safrans à partir des FLF sur actionneurs tout hydraulique en séparation mécanique des ensembles bâbord et tribord mais avec synchronisation logicielle adaptée au STAF . Or ces BB WW2 de l’USNAVY y étaient aussi ; “The port and starboard rooms are not connected in any way, mechanically, hydraulically, or electrically. Instead their respective steering gear systems operate independently but in synchronization with the ship’s steering wheel(s). In addition, the port and starboard rams and the steering gear power units are in separate rooms”. Bref on a cru inventer des concepts qui existaient déjà , Modifié le 9 septembre 2019 par ARMEN56 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
pascal Posté(e) le 9 septembre 2019 Share Posté(e) le 9 septembre 2019 On note dans la conception du "cuirassé du futur" le gros travail réalisé sur l'évacuation des fumées et gaz de propulsion. Les circuits d'évacuation et leur cheminement constituaient un des points importants de la conception générale, de l'agencement des superstructures et du positionnement de l'armement (arc de battage). Dégager les superstructures des cheminées (ou pour le mois réduire leur nombre) permettait de résoudre un certain nombre de problèmes mais créait d'autres contraintes. Ainsi passer de 2 à 1 cheminée signifiait simplifier le design des superstructures améliorer les arc de tir ... mais pouvait signifier l'abandon de la disposition alternée rue de chauffe turbines ou bien un cheminement très encombrant des conduites dans le flotteur ... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Sovngard Posté(e) le 9 septembre 2019 Auteur Share Posté(e) le 9 septembre 2019 (modifié) Il y a 19 heures, ARPA a dit : Je trouve ça bizarre le "cuirassé du futur" en 1940. 70 000 tonnes (donc hors traités) mais avec des canons (18 ?) de 14'' ou 356 mm comme s'il fallait respecter les traités de désarmement (comme la classe King Georges V qui elle respectait aussi les 35 000 tonnes) mais pas complètement. À l'époque, leur tout nouveau Mk. VII de 14 pouces (356 mm) était vu comme plus performant que l'ancien Mk. I de 16 pouces (406 mm). Le Mk. II de 16 pouces prévu pour armer la classe Lion aurait été le meilleur choix. Il y a 6 heures, pascal a dit : On note dans la conception du "cuirassé du futur" le gros travail réalisé sur l'évacuation des fumées et gaz de propulsion. Les circuits d'évacuation et leur cheminement constituaient un des points importants de la conception générale, de l'agencement des superstructures et du positionnement de l'armement (arc de battage). Dégager les superstructures des cheminées (ou pour le mois réduire leur nombre) permettait de résoudre un certain nombre de problèmes mais créait d'autres contraintes. Toute cette tubulure ne compliquerait-elle pas l'évacuation des fumées (problème de tirage) ? Et ces deux grands conduits creux qui courent sur presque toute la longueur du navire ne poserait-il pas un problème dans l'intégrité de la cloison anti-torpilles ? Modifié le 9 septembre 2019 par Sovngard Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
ARMEN56 Posté(e) le 9 septembre 2019 Share Posté(e) le 9 septembre 2019 Il y a 2 heures, Sovngard a dit : Toute cette tubulure ne compliquerait-elle pas l'évacuation des fumées (problème de tirage) ? Bonne remarque Sur les navires de guerre de ce genre , la complexité des circuits ( nombreuses pertes de charge , en ligne ou singulières ( échangeurs ) imposaient un tirage forcé par turbo ventilateurs Pour le principe , on en parle dans ce lien illustrant une architecte prop de cuirasser US différente de celle du BB62 , https://www.okieboat.com/Propulsion plant.html Sur les anciens liners steamer à 4 cheminées genre Mauretania , les chaudières étaient alimentées via en tirage naturel je pense ( cheminée haute ) Nos anciennes barcasses vapeurs avaient des chaudières alimentées en air comburant en vase clos 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
ARPA Posté(e) le 9 septembre 2019 Share Posté(e) le 9 septembre 2019 Il y a 3 heures, Sovngard a dit : À l'époque, leur tout nouveau Mk. VII de 14 pouces (356 mm) était vu comme plus performant que l'ancien Mk. I de 16 pouces (406 mm). Le Mk. II de 16 pouces prévu pour armer la classe Lion aurait été le meilleur choix. A l'époque, les japonais ont développé des canons de 18 pouces pour leurs Yamato. La même technologie du 14 pouces sur des canons de 18 aurait permis d'augmenter significativement la puissance des cuirassés anglais. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
ARMEN56 Posté(e) le 14 septembre 2019 Share Posté(e) le 14 septembre 2019 très intéressant compte-rendus essais mer dont ceux de 1985 IOWA-NEW /JERSEY ( j'aurais aimé être à bord ) http://www.navweaps.com/index_tech/tech-104_BB61_Sea_Trial.pdf - du monde pour réaliser tout çà ; 20 à 30 personnes - 3 runs sur un base de 1 mile nautique ( çà évite de faire des règles de trois ) et 3 passes pour annuler effet du courant et profondeur de 80 à 150 m pour annuler effet de fond - Les chiffres ; cf conso mazout 66 m3/h à 31 nds pour full power de 186000 en SHP ( CV) , pas d’indications chiffrées sur tout ce qui est manoeuvring . Normal vu que ces données étaient tactiques (BB en service en 1985 ) et non critèrisée OMI comme aujourd’hui . - Sinon cf tableau VI , la LA N°2 pompe moins que les autres en puissance ( fainéante ) 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
kotai Posté(e) le 14 septembre 2019 Share Posté(e) le 14 septembre 2019 Si je me souviens bien, les CV etaient accompagné de cuirassé d'une part par leurs radars et d'autre part la DCA. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
pascal Posté(e) le 15 septembre 2019 Share Posté(e) le 15 septembre 2019 Il y a 21 heures, kotai a dit : Si je me souviens bien, les CV etaient accompagné de cuirassé d'une part par leurs radars et d'autre part la DCA. ... à partir d'octobre 42 date d'entrée en service des North Carolina puis des South Dakota. Les cuirassés rapides 27 ou 33 noeuds (Iowa) ont grosso merdo la même DCA qu'un Essex (du 127 au 20 mm) et les mêmes radars ils leurs apportent le surcroît de leur artillerie, ainsi que les croiseurs. En 43/44 un croiseur léger Cleveland c'es 12 x 127 mm 16 ou 24 x 40 mm plus une trentaine de 20 mm pareil pour les destroyers qui vont souvent perdre un affut de TLT pour embarquer des Bofors 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
ARMEN56 Posté(e) le 16 octobre 2019 Share Posté(e) le 16 octobre 2019 (modifié) Lien sur les formes et silhouette de navires Cuirassés , croiseurs , PA WW2 , navires à haut degré de vitesse caractérisés par leur fort coeff de finesse en rapport avec les perf propulsive . Fins aussi à l’arrière , finesse des œuvres mortes vives à ce niveau résultant d’un safran unique dans le prolongement du plan mince de quille . Le passage à 2 safrans sur les BB a modifié la donne hydro des stern d'arrivée d'eau aux hélices , suffit de voir les écarts de design (*) entre un BB48 West Virginia et un BB62 New-Jersey , ceci dit ne sais pas dire ce que çà donnait en écart de diamètre tactique , d'ailleurs même question que je me pose aussi entre un Clem ( 1 safran) et un CdG ( 2 safrans) https://www.history.navy.mil/content/history/nhhc/research/library/online-reading-room/title-list-alphabetically/s/ship-shapes-anatomy-and-types-of-naval-vessels.html Silhouettes Warships à comparer à celles des navires marchands de l’époque https://www.history.navy.mil/research/library/online-reading-room/title-list-alphabetically/m/merchant-ship-shapes.html (*) Genéral arrangement BB48 et BB62 ici https://maritime.org/doc/plans/index.htm Modifié le 17 octobre 2019 par ARMEN56 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. ARMEN56 Posté(e) le 1 novembre 2019 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 1 novembre 2019 (modifié) Pour votre information , extrait du cours de Mr H Amiot Ingénieur en chef du génie maritime ( 1951) Début Le navire de ligne Son évolution SOMMAIRE 2,1 - LE DEPLACEMENT DU NAVIRE DE LIGNE - Les avantages d’un fort déplacement - Les inconvénients d’un fort déplacement - Conclusions 2,2 - DE LA MARINE A VOILE A L'APPARITION DE L'ARTILLERIE A TIR RAPIDE - Les navires de ligne de la marine à voiles - Apparition de l’obus explosif et de la cuirasse -L’éperon - La course entre artillerie et cuirasse 2,3 LE REGNE DE L'ARTILLERIE MOYENNE - Du "Charles Martel" au Suffren - La protection Bertin - Les "Patrie" et la "Démocratie" 2,4 - LE REGNE DE L'ARTILLERIE PRINCIPALE. LES DREAD-NOUGHT - Les "Danton" - Du "Jean-Bart" aux "Flandre" - La fixité de la répartition des poids 2,5 LES CUIRASSES POST JUTLANDIENS - Les enseignements de la guerre 1914-1918 2,52 - La conférence de Washington 2;53 - Les cuirasses de poche allemands - Les "NELSON", "RODYEY" - Les refontes de cuirasses pré-Jutlandiens - Les cuirasses de 35 000 t/Washington français - Les caractéristiques communes des cuirasses de 35 000 t/w 2,6 LES GRANDS CUIRASSE DE PLUS DE 40 000 T DE LA GUERRE 1939-1944 2,7 — LA REFONTE DU JEAN—BART 2,8 — L AVENIR. AVANT-PROPOS Pendant longtemps le navire de ligne ou "capital ship" des anglais a constitué , grâce à ses moyens offensifs, à sa capacité d’encaissement et à ses qualités de propulsion , le plus puissant moyen de la guerre navale, celui qui était seul capable d’affronter les navires de sa classe et de surclasser tous les autres navires , en principe sur tous les théâtres d’opérations. Tant que la lutte a été purement navale ce navire de ligne a été souverain sur mer, les escadres s’organisaient autour de lui; Il était l’épine dorsale des forces navales. Depuis le développement de l’arme aérienne transformant la guerre sur mer en une lutte aéro-navales, les nécessités de l’attaque comme de la défense aérienne imposent de joindre au bâtiment de ligne: plateforme d’artillerie – le porte-avions;: plateforme d’aviation. Le navire de ligne n’est plus le navire intégral qui se suffit dans l’offensive comme sans la défensive: en règle générale, il ne peut plus se passer du porte-avions, II arrive même que le porte-avions joue un rôle prépondérant, que ,parfois pour des opérations particulières, il soit autonome et constitue le seul centre des forces navales. Mais, normalement ce porte-avions doit être soutenu et protégé contre les attaques navales par le navire de ligne. Le navire de ligne demeure - avec son artillerie principale puissante et précise se multiple artillerie de défense contre avions, sa protection et son endurance - élément capital de la puissance sur mer. Demain verra peut être une plateforme protégée d’aviation, armée d’engins à pilotage automatique ou téléguidé, assurer seule la double mission actuelle du porte-avions et du navire de ligne. Elle réalisera alors sous une forme nouvelle la synthèse maxima des forces offensives et défensives utilisables sur mer, que tend à représenter le capital ship. C’est là pour l’instant encore domaine d’anticipation. 2.1 LE DEPLACEMENT DU NAVIRE DE LIGNE Le navire de ligne a un fort déplacement. Jusqu’à l’apparition des grands porte-avions récents, c’était celui des navires de guerre qui avait le plus fort déplacement. Son déplacement a cru au long des années, dans toutes les marines et de façon continue - sauf arrêts momentanés issus de limitations politiques dont la plus caractéristique a été celle apportée par le traité de Washington. On considère communément ce gonflement continu comme la simple conséquence de la concurrence des impérialismes nationaux et comme exclusivement ruineux. En fait, au delà de la surenchère militaire, apparaît une tendance imposée par la seule technique et qui vise à assurer non seulement la plus forte puissance unitaire mais le meilleur rendement de la tonne construite et, par suite, en un certain sens l’économie maxima. Cette loi technique de croissance découle essentiellement du fait géométrique et mécanique que le poids de protection à épaisseur donnée de blindage et la puissance de propulsion croissant moins vite que le déplacement. Mats les considérations qui jouent en ce domaine sont nombreuses et diverses, en partie contradictoires et elles méritent une analyse détaillée avant d’aboutir à la conclusion. LES AVANTAGES D'UN FORT DEPLACEMENT. Un fort déplacement a certains avantages intrinsèques a) qualités nautiques. Les dimensions de la mer étant absolues et identiques pour tour les navires les navires de plus grands déplacements sont relativement moins influences par l’état de la mer. Toutes choses étant égales par ailleurs, ils possèdent une meilleure stabilité de plateforme: avantage essentiel pour l’emploi de l’artillerie. Par ailleurs, Ie navires de plus grandes dimensions a un franc bond plus élevé, et de ce fait en général, mouille moins: son artillerie qui au surplus, a hauteur de commandement plus forte, est moins gênée par la mer Enfin, le gros bâtiment conserve également plus aisément sa vitesse par mauvais temps. (En ce qui concerne la giration, si les bâtiments étaient semblables et de même degré de vitesse, le diamètre de giration varierait comme les dimensions linéaires. En fait, pour une vitesse absolue donnée, le degré de vitesse baisse plutôt légèrement avec le déplacement et surtout la réduction de L/p aidant, les facultés évolutives variant peu avec Ie déplacement). b) Vitesse et distance franchissable. Les considérations du chapitre précédent ont montré que la résistance à la marche à vitesse absolue donnée croit moins vite que le déplacement. Pour un même pourcentage de déplacement total affecté a la propulsion (ou, si on veut, pour un même poids de propulsion par tonne), vitesse maxima et distance franchissable sont accrues, c’est-à-dire meilleures qualités stratégiques. (on a déjà remarqué en outre que la vitesse se conservait mieux par mauvais temps). Pour de mêmes caractéristiques de propulsion, le poids relatif de propulsion diminue. c) Protection. La protection aérienne à épaisseur donnée de blindage croit proportionnellement aux surfaces, donc correspond a un pourcentage de déplacement total décroissant quand Ie déplacement croit. La protection sous-marine à l’égard d’une charge donnée d’explosif nécessite pour être efficace d’être à une distance suffisante entre les cloisons de protection et le bordé d’éclatement, distance qu’il n’est possible de réaliser pratiquement qu'au delà de certaines dimensions du navire. La croissance actuelle des charges unitaire des bombes, torpilles et mines et Ies perfectionnement de ces engins conduisent à développer de plus en plus la protection sous-marine et motivent de plus en plus un accroissement de déplacement. On peut présumer que, dans la mesure où la bombe atomique est redoutable par sa puissance explosive, son apparition provoquera une montée importante du déplacement des navires protégés. d) Armement. Toutes conditions de programme étant identiques par ailleurs et bien que Ie % de poids de coque croisse en principe légèrement avec le déplacement, le % du poids utilisable pour l’armement ainsi que les surfaces des hauts croissent avec le déplacement. Seuls les grands déplacements peuvent porter les puissantes tourelles modernes. Mais de plus et surtout: à même nombre total de bouches à feu dans la force navale: la réunion d'un plus grand nombre d’entre elles par un même navire améliore beaucoup la conduite de tir donc sa précision et son efficacité même temps, qu’elle facilite la concentration du feu sur un même objectif. e) Etendue de cible. La cible est réduite par l’accroissement des déplacements unitaires pour un même déplacement total de la force navale. Au total: et en résumé: on peut dire que l’accroissement de dépIacement accroit la puissance militaire. LES INCONVENIENTS D’UN FORT DEPLACEMENT. a) Poids de coque Nous avons vu au Chapitre précédent que: pour deux navires semblables: le poids de la charpente résistant à la flexion longitudinale sur houle varie comme D^4/3 (sauf gain pour les raidisseurs évitant le flambement pour les grandes épaisseurs). Pour les grands bâtiments: comme le tirant d'eau varie peu en raison de la limitation imposée par les ouvrages, L/p et dans une moindre mesure: L/c croissent. Si on ne tient pas compte de la rareté des grandes houles et de leur plus faible valeur d’escarpement normal: les éléments longitudinaux doivent varier encore plus vite que D^4/3 En fait: dans l’évolution des navires de ligne bien qu'en raison de l’accroissement des vitesses: la finesse ait cru: et que: par suite L ait cru plus vite que D^1/3,l’accroissement de résistance des aciers et la modification du mode de calcul (voir plus loin) ont masqué la loi de croissance et maintenu le % de poids de coque à une valeur a peu près constante. Toutes choses restant égales par ailleurs: on peut estimer que le poids de charpente longitudinale croit plus vite que D et que le % de poids de coque croit quand D croit. Il existerait donc une limite théorique au delà de laquelle il n’y aurait plus avantage à accroitre le déplacement: malgré le gain sur le % de protection et de propulsion. Si cette limite existe véritablement: elle est loin d’être pratiquement atteinte b) Installations terrestres. La croissance du déplacement se traduit par des sujétions de dimensions pour les chantiers de construction, les ports, les bassins de radoub. Elle peut imposer des travaux publics considérables. De plus, elle, limite les possibilités de production, de stationnement (facilité de l’information ennemie), et de réparation (en particulier en cas d'avarie de combat). c) Répartition des forces. La nécessité dune répartition des forces impose, quelle que soit leur taille individuelle, la réalisation d’un certain nombre d’unités. d) Risque de perte. La probabilité qu'un navire reçoive des impacts est accrue quand le déplacement augmente. Mais à tonnage total donné, Ie risque d’atteinte-diminue plutôt quand le déplacement croit et, de plus, les conséquences d'une atteinte sont très diminuées. Au total, la probabilité de perte est techniquement moindre. Mais le coup malheureux, toujours possible, a des conséquences plus grandes (d’autant quelles correspondent à une fraction de puissance navale plus importante). De plus, l'importance du navire justifie l’emploi d'une arme couteuse, à son échelle (bombe atomique). De toutes façons pour maintenir à la mer, disponibles, un nombre donné d’unités, faut un certain nombre d'unités supplémentaires et plus les unités sont importantes plus la majoration ainsi nécessaire est forte en valeur absolue et en valeur relative. (1) et même quant à son appréciation mathématique, qui comme on sait s'exprime par Ie produit de la probabilité par l'importance du risque. f) Dépenses. Lee dépenses de construction, de combustible, d’entretiens de personnel correspondant a une unité croissent avec le déplacement de cette unité: le fait frappe et amène à considérer communément les grandes unités comme ruineuses. Mais à tonnage total donne: les dépenses ci-dessus énumérées: ou si on veut les dépenses par tonne correspondantes décroissent nettement avec le déplacement: le grand bâtiment est dune certaine façon économique par rapport au petit bâtiment. La nécessite d’avoir un certain nombre minimum d’unités limite aux Marines fortes la possibilité de posséder des navires de ligne; mais ce n’est pas emploi désavantageux des crédits que de construire de tels navires. CONCLUSIONS. a) Les navires de fort déplacement possèdent une supériorité intrinsèque des points de vue nautique, militaire et même économique par rapport aux unités moins importantes: cette supériorité-pour une part, ne peut être annihilée par la réunion d’un nombre, si grand soit-il , de navires de déplacement moindre. Le déplacement le plus grand techniquement possible à l'époque de la construction est celui qui permet le bâtiment le plus puissant et le plus efficace à la tonne construite. Si lourde qu’en soit la charge; c’est ce déplacement qu’il est techniquement souhaitable d’atteindre. II faut l’adopter sans lésiner si sa réalisation ne se heurte pas à des impossibilités financières. Le plus grand gaspillage des crédits est celui qui aboutit à la construction d’une unité surclassée dès sa construction. Toutefois, les nécessités stratégiques et même tactiques obligent à multiplier les unités et ceci peut amener: en raison des limites de possibilité budgétaires à limiter le déplacement. b) Les limitations de programme et de déplacement qu’ont souvent imposées la limitation des dépenses soit pour une raison particulière; soit pour un ensemble de nations à la suite d'une entente (traité de Washington par exemple) ont toujours conduit à une sorte de régression du bâtiment de ligne. Sans doute ces limitations peuvent apporter un stimulant au progrès technique ou susciter la réalisation de solutions originales qui momentanément troublent l’équilibre des forces (par exemple cuirassés de poche allemande du traite de Versailles) mais ces réalisations ne contredisent pas a la loi générale; celle-ci se vérifie à nouveau des que les limitations cessent. On le constate expérimentalement en traçant le graphique des dép1acements en fonction du temps (1) et même quant à son appréciation mathématique, qui comme on sait s'exprime par Ie produit de la probabilité par l'importance du risque. c) Les discussions sur les armes futures et en particulier sur l'arme atomique ne manqueront pas de remettre une fois encore en discussion l’opportunité du capital ship. Si l’avenir doit modifier les données actuelles du problème et en particulier accroitre le risque d’avarie majeure, ii est permis de penser qu'il accroitra du même coup l'intérêt du grand déplacement seul capable de permettre de joindre une véritable endurance à encaisser a une forte puissance offensive, à l’échelle moderne, et particulièrement apte à bénéficier de la propulsion atomique. un marine ne peut et ne pourra être forte sans capital ship. Ceci reste en particulier vrai même en tenant compte du développement de l’aviation: le témoignage des hautes autorités américaines (Al NIMITZ) à l’issue de la longue guerre aéro-navale du Pacifique est formel sur ce point. 2.2 DE LA MARINE A VOILE A L’APPARITION DE "ARTILLEBIE A TIR RAPIDE LES NAVIRES DE LIGNE DE LA MARINE A VOILES. Les batailles navales de l’antiquité n’ont pas donné de préface à l’histoire du bâtiment de ligne: elles ont été plus des luttes entre des armées montées sur des flottes qu’entre des navires. Seule la trière grecque de 130 tonnes a eu son arme propre, l’éperon. C’est le développement de l’artillerie navale au XVI siècle qui marque le début du navire de ligne dans la Marine à voile. Grand voilier de plusieurs milliers de tonnes, ce navire est garni sur plusieurs ponts de multiples gros canons en sabords .C’est avec ses canons qu’il cherche à couler bas ou à démâter son adversaire. L’abordage ne figure pas dans les combinaisons tactiques normales; ni de Tourville, si de Suffren, ni de Nelson: il n’est qu’une tentative désespérée, exigeant une rare habileté de manoeuvre et un extrême audace. Centre le boulet rend qui n’agit que par sa masse, la résistance défensive est suffisamment assurée par le rapprochement des membrures et le renforcement de l’épaisseur du bordé de bois qui oppose au boulet un massif élastique, et qui, si il est traversé se referme partiellement derrière le boulet en ne laissant qu’une faible voie d’eau facile à aveugler. Le type n’évolue guerre jusqu’a la fin de la moitié du XIV è siècle seules s’effectuent des mises au point d’ordre constructif. Le guerre de Crimée commence avec des navires qui, très au point dans leurs détails, ne diffèrent pas dans leur type des navires de ligne de Tourville. "La "Ville de Paris', (1851) de 5030 t, porte 114 canons repartis sur trois ponts et 4 500 m2 de voilure; le pourcentage de poids consacré à l’artillerie y atteint 10,7 %, la forte construction de ses murailles en bois constitue sa seule protection. APPARITION DE L'OBUS EXPLOSIF ET DE LA CUIRASSE. Le développement industriel au milieu du 19 siècle apporte à la marine: l'artillerie rayée à projectiles creux chargés d’explosif (général Paixhaus), le blindage et, simultanément, la propulsion à vapeur par hélice (Sauvage et Normand). Devant la précision du tir, l'augmentation du poids des projectiles et de leur pouvoir de perforation, en bref l'efficacité de la nouvelle artillerie, les navires en bois ne tiennent plus. La Guerre de Crimée le montre. Elle manifeste du même coup le succès des batteries flottantes ; pontons d'artillerie en bois portant un blindage de fer forgé (de 100 mm sur une muraille en bois de 200 mm) engagées dans l'attaque du front de mer de Sébastopol (1855) En 1858, on réalise en France sur les plans de Dupuy de Lome, le premier bâtiment de haute mer cuirassé: la frégate cuirassée "Gloire", remarquable par ses diverses innovations: 5 675 tonnes - 80m,5 x 17 m x 8m, 45 - machine alternative de 2 500 CV - vitesse 12,3 n - 36 canons rayée de 160 mm, lançant à presque 6 000 m des projectiles de poids doubles de ceux des boulets de même calibre - construction en bois, blindage en fer de 120 mm d'épaisseur (820 tonnes) sur matelas de bols de 76 mm, s'étendant sur toute la longueur de la coque et sur une hauteur de 2 m sous la flottaison, 5,40m au-dessus. Bien que frégate cuirassée, la "Gloire" marque le début du navire de ligne cuirassé. Elle ouvre une longue période de supériorité des conceptions architecturales françaises. L'Angleterre suit aussitôt l'initiative de la "Gloire" avec le "Warrior" (1859): 9000 t - 115 m 14,35 n , de construction métallique, avec blindage de 112 mm de fer sur matelas de bois de 450 mm s'étendant sur la moitié de sa longueur. Peu après les succès des bâtiments cuirassés .dans les ba.. tailles navales de rades et de fleuves de la guerre de sécession (bataille d'Hampton Roads en 1862) - en particulier le succès du "Monitor" du suédois ERICSSON, recouvert d'une cuirasse formant carapace (et doté d'une tourelle) confirment définitivement l'intérêt du cuirassement. L'EPERON a) Pendant une courte période après son apparition, la cuirasse surclasse nettement le canon: elle résiste aux boulets ronds sans vitesse des canons lisses, et aux projectiles trop fragiles de la première artillerie rayée En même temps, la propulsion à vapeur favorise la manoeuvre et ressuscite l'idée de la lutte à l'éperon des galères. DUPUY de LOME réalise les premiers navires de ligne à éperon, avec les "Magenta" et "Solferino" (1859): navires à éperon, avec blindage de flottaison (3 m de hauteur) et réduit central surélevé groupant l'artillerie en deux étages (54 canons de 16). Quelques éperonnages sont réussis dans la Guerre de sécession (1861-1864). Un éperonnage décide de la bataille de Lissa (1866) pendant la guerre italo-autrichienne. Ces éperonnages sont d'autant plus efficaces que les cloisons étanches n'existent pas dans les flottes en bois; ils entraînent donc d'un coup la perte du bâtiment abordé. L'éperon est alors considéré Comme l'arme décisive. Il faudra la bataille de Yalu de la guerre sino-japonaise (1894), où les escadres reprennent le combat d'artillerie en ligne de file parallèle, pour rétablir à sa place définitive l'artillerie et faire abandonner l'éperon. b) -L'usage de l'éperon change la tactique et amène à adopter l'ordre de front en vue du combat de pointe. Corrélativement, apparait une nouvelle disposition de l'artillerie, oui désormais doit pouvoir tirer en pointe, indépendamment des manoeuvres du bâtiment (puisque celles-ci sont désormais inspirées par l'éperon et non comme antérieurement au service du tir des batteries latérales), et qui, en cherchant la perforation s'oriente vers le gros calibre. Accroissement des champs de tirs, croissance des poids unitaires des pièces s’accordent pour en faire réduire le nombre et faire passer progressivement des batteries latérales nombreuses aux pièces en réduit à pan coupé puis aux pièces en tourelles - disposition qui survivra à l'ordre de front et subsistera après le retour à la ligne de file, LA COURSE ENTRE ARTILLERIE ET CUIRASSE. Les progrès de la métallurgie de la 2ème moitié du 19e siècle servent simultanément l'artilleur et l'ingénieur dans leur lutte. Cette lutte entraîne une croissance parallèle du calibre des-canons et de l'épaisseur des plaques. a) — L'accroissement des calibres la naissance des tourelles barbettes. Les vitesses initiales des pièces d'artillerie restent faibles en raison de la fragilité des corps de canons, réalisés alors en fonte ou en acier non fretté. L'accroissement de puissance de l'artillerie est demandée à l'accroissement des calibres. Il s'accompagne de poids élevés. Le 42 cm français, de 22 calibres, lance un obus de 900 kg et pèse lui même jusqu'à 75 tonnes (45 cm — 23 calibres-poids de 100 à 120 tonnes, livré par ARUSTRONG à l'Italie po-ir ses Dandolo, Italia, Lepanto). (La vitesse de 500 m/sec avec un projectile de 900 kg correspond sensiblement à une perforation de l'ordre de 0,85m dans le fer doux). La croissance du poids unitaire des pièces impose la réduction de leur nombre et corrélativement la recherche d'une utilisation meilleure par accroissement des champs de tir. On passe d'abord de la disposition en batteries latérales à la disposition en batteries centrales dans un réduit central parfois à pans coupés. Puis la tourelle naît sur le "Monitor" d'ERICSSON (1861), bientôt suivi de réalisation anglaises. En France, on adopte la tourelle-barbette où la pièce sur plateforme tourne à l'intérieur d'un blindage fixe formant parapet circulaire, disposition plus légère que la tourelle. Les frégates type Océan (1865) de 8000 t, reçoivent 4 canons de 270 en sabords dans un réduit et 4 canons de 240 en deux tourelles barbettes l'une de chasse , l'autre de retraite. Bientôt la tourelle barbette est universellement utilisée pour les gros calibres. Simultanément, on remplace le chargement des pièces par la bouche par le chargement, plus commode et plus rapide, par la culasse. b) - L'accroissement d'épaisseur des plaques de blindage et la réduction des surfaces protégées . Bien qu'à l'époque considérée, le fer se soit substitué au bois dans la construction des navires et permette la réalisation de cloisonnements étanches, on cherche toujours à éviter de façon absolue la perforation, encore tenue, à tort, pour décisive. Le blindage reste réalisé en fer doux, l'acier étant jugé encore trop fragile. On cherche le blindage imperforable par accroissement d'épaisseur: la cuirasse de l'"Inflexible", doyen des "cidatels chips' anglais atteint 0m,61 en deux épaisseurs. Mais malgré un accroissement considérable des déplacements (V. ci-après) et le maintien à peu près invariable des exigences de vitesse et de distance franchissable, l'accroissement des poids disponibles pour la protection ne suffit pas pour permettre de tripler ou quadrupler l'épaisseur des anciennes cuirasses sans réduire leur développement. Dans les monitors, la solution est radicale. Le flotteur est ceinturé tout autour de la flottaison, d'un blindage de très faible hauteur, dont le can supérieur correspond a un pont légèrement blindé place à quelques décimètres seulement au-dessus de l'eau (0m,30 à 0m, 60). L’artillerie est montée en tourelles. Les oeuvres mortes ont disparu, seuls subsistent des tambours d'accès et de ventilation, cheminée et passerelle. La réserve de stabilité transversale est assurée par une très grande largeur, mais ces plateformes n'ont aucune qualité nautique: elles sont conçues pour un service de gardes côtes. Sur les bâtiments de haute mer, il faut conserver des oeuvres mortes, en acceptant que, sur de vastes espaces, elles soient décuirassées et vides de personnel au combat. En France, on conserve une cuirasse de ceinture complète sur toute la longueur de la flottaison, avec pont blindé à faible hauteur au dessus de l'eau, suivant disposition des monitors. Initialement on place dans la partie milieu, un réduit central cuirassé, strictement établi pour loger la grosse artillerie et qui n'assure qu’un léger appoint à la réserve de stabilité transversale. Progressivement eue, on abandonne le réduit qui n'assure qu'une utilisation médiocre de l'artillerie (les 4 pièces d'un "Redoutable " n'ont guère à elles toutes que le champ de battage d'une pièce unique en tourelle sans angle mort: elles ne peuvent tirer que successivement dans une évolution) et qui constitue une vaste cible et une concentration dangereuse d'artillerie qu'un seul projectile suffirait à mettre toute entière hors de combat. Finalement, on aboutît à l'installation de tourelles, et à une disposition très analogue à celles des monitors dont les tourelles auraient été surélevées et entourées à leur base d'une superstructure légère (v "Magenta" 1880). La réduction de cuirassement ainsi réalisée est dangereuse pour la stabilité transversale: en cas de perforation des superstructures légères, la situation est plus mauvaise que sur les monitors du fait du poids dans les hauts créés par ces superstructures. Certains bâtiments construits avec le pont blindé à hauteur de flottaison ont fait naître le nom de "cuirassés chavirables. Même pour les bâtiments dont le can supérieur de cuirasse reste à 0,m60 ou même 1 m au dessus de l'eau, le danger de chavirement reste grave. En Angleterre, à partir de 1874, peu après, une réalisation italienne de même principe sur le "Diulio" et le "Dandolo" (1873), la solution adoptée est différente. La flottaison est décuirassée aux extrémités mais en y réalisant une tranche cellulaire; le réduit central est largement développé sous le nom de Citadelle: c’est lui qui assure toute la réserve de stabilité garantie par la cuirasse. La longueur de citadelle croît progressivement du tiers de la longueur sur l'"Inflexible" (1874) doyen des citadel slips, jusqu'au deux tiers de la longueur sur les "Royal Sovereign" (18891,: avec anneaux surélevés et renforcés au droit des deux tourelles barbettes de gros calibres qui arment ces derniers navires aux deux extrémités de la citadelle (on notera l'apparition d'une puissante artillerie moyenne). L'inconvénient du décuirassement des extrémités est le risque de fortes modifications d'assiette, gênantes pour la vitesse et dangereuses en tant qu'elles font émerger des parties extrêmes de carène dépourvues de protection et, en croissant , amènent l'envahissement des ponts et l'évanouissement de la stabilité transversale de formes. Au total, la réduction des surfaces cuirassées est toujours dangereuse. On ne peut songer à assurer, dans des limites de déplacement acceptables, la résistance complète à la perforation. Il faut accepter la perforation éventuelle et profiter de la construction métallique adoptée en France depuis le "Redoutable" (1872) pour adopter des dispositions propres à atténuer les effets de la perforation c'est à dire le compartimentage. c) La croissance des déplacements En France, les déplacements doublent , en passant de 5 700 tonnes de la "Gloire" aux 11 900t du "Formidable" (1879). Le "Magenta." (1880) de 10580 t, 10600 CV de puissance, 16 n, ceinture de flottaison de 450 mm au centre, 290 et 200 aux extrémités, reçoit 4 canons de 34 en tourelles barbettes, à tir très lent, et, innovation, récente, deux batteries latérales de 8 pièces de 138 à tir rapide en sabord qui inaugurent le règne de l'artillerie moyenne. En Angleterre, où dès le début, la classe "Azincourt" est de 10500 t, les derniers citadelle -ships dépassent 14 000 t. 2.3 LE REGNE DE L'ARTILLERIE MOYENNE De la bataille du YALU (guerre sino japonaise 1894) jusqu'à celle de TSOUSHIMA (guerre russe japonaise 1904) règne le dogme de la puissance destructrice de l'artillerie moyenne à tir rapide. Cette artillerie a fait son apparition dans la deuxième moitié du 19° siècle. Sa puissance est telle qu'on voit le cuirassé, à superstructures peu protégées, engagé à faible distance (3 à 4 000m) par le feu de l'artillerie moyenne et réduit à l'état d'un flotteur limité par la cuirasse, naviguant à faible vitesse et si désemparé qu'il suffit pour l'achever d'un coup d'éperon, d'une torpille ou d'un coup de gros calibre à faible distance. Le navire de ligne doit dès lors être armé de nombreuses pièces d'artillerie moyenne à tir rapides pour désemparer l'adversaire et de quelques grosses pièces pour l'achever. Parallèlement, on renonce progressivement à la protection absolue limitée à une faible surface pour chercher la sécurité dans une combinaison de blindage assez développée et de cloisonnements DU CHARLES MARTEL AU SUFFREN. A partir du "Charles Martel", l'artillerie principale est installée en tourelles fermées invulnérables (en général deux tourelles doubles , une en chasse, l'autre en retraite). Bientôt on réalise des pièces d'artillerie principale à tir relativement rapide (1 coup 1/2 à la minute) en acceptant de limiter le calibre à 305 mn. L'artillerie moyenne à tir très rapide (5 à 6 coups/minute) est du plus gros calibre possible (140 mm sur le "Charles Martel",190 mm sur le "Suffren"). On l'installe si possible en tourelle, sinon en casemates blindées. On conserve l’éperon. On pousse la vitesse à 18 n. Jusqu’au "Suffren", la protection reste celle du "Magenta", type monitor. Le blindage des hauts est inexistant ou insuffisant. Il eut fallu protéger embases de cheminées, manches à air, artillerie moyenne en couvrant les superstructures, entre les deux tourelles extrêmes d’un blindage suffisant pour arrêter les projectiles explosifs d’artillerie moyenne: Un tel blindage existe sur le croiseur cuirasse "Dupuy de Lôme". On ne peut le réaliser sur les cuirasses - pas plus qu’on ne peut accroitre suffisamment le nombre de pièces d’artillerie moyenne , en raison d' une limitation a priori du déplacement à la valeur de 12000 t au delà de laquelle on considère que l’on atteint au mastodonte impensable. Entre autres inconvénients, il en résulte une insuffisance de la réserve de stabilite transversale en cas d’avarie de combat. LA PROTECTION BERTIN Des calculs et expériences effectués sur petits modèles au cours de la construction des cuirassés antérieurs au "Suffren" montrèrent qu'un navire, rasé au pont blinde avec 0,50 m de franc bord avait une réserve de stabilité insuffisante. BERTIN, étudiant la stabilité après avaries de combat, proposa, des 1872, de réaliser la protection suivant les principes ci après: - le système de protection doit protéger la flottabilité, la stabilité initiale et la réserve de stabilité; - le blindage de ceinture doit avoir une hauteur suffisante au dessus de la flottaison pour assurer une réserve de stabilité suffisante en cas de destruction des haut non protégés: cette hauteur (de l’ordre de 2 m) doit être déterminée par l’étude de la stabilité après un certain nombre d’avaries de combat;- - faute de pouvoir faire un blindage de ceinture suffisant pour éviter la perforation, il faut réaliser un ensemble ceinture -pont blindé inferieur susceptible d’éviter les dégâts dans le navire dus à un projectile de rupture; - le blindage de ceinture étant perforable, il faut constituer une tranche cellulaire assurant une limitation de la flottaison inférieure afin de sauvegarder flottabilité et stabilité. L’énoncé de ces principes correspond à une avance nette des conceptions françaises par les conceptions étrangères (bien que l’Angleterre ait déjà appliqué le compartimentage cellulaire). Leur application ne s’effectua que bien des années après. Les architectes navals anglais les adoptèrent plus tôt et un anglais a pu dire d’un grand architecte naval anglais 'Sir William WHITE' était de la belle école française, mais il a surpassé ce qui avait été fait en France". LES "PATRIE" ET LA "DEMOCRATIE". Les cuirasses type "Patrie" (1900) sont les premiers cuirassés dotes de la nouvelle disposition de la protection, avec caisson Bertin comportant cuirassement latéral de la tranche cellulaire, léger pont blindé a la fois au dessus et au dessous de la tranche cellulaire et cuirassement des réduits et tourelles. (La classe des "Majestic" anglais en 1894 avait inauguré cette disposition sur les navires de ligne anglais). Ils reçurent en outre un dispositif de protection sous-marine, déjà réalisé sur le "Henri IV" a la suite d’une expérience faite à Lorient en 1894. Leur armement est la base de l’artillerie moyenne » Leur artillerie principale est constituée de 2 tourelles doubles de 305 comme sur les précédentes classes. La "Démocratie", qui suit les "Patrie", est le dernier cuirassé français où l'artillerie moyenne a le rôle essentiel: cette artillerie y est constituée de 10 canons de 194. Les Anglais limitent leur calibre moyen, à celui de 6 pouces (152mm), qui est le plus fort qu'on puisse charger à bras. Leur formule traduit bien la conception qui a dominé toute cette période "the smallest big gun and the biggest mean gun". 2.4 LE REGNE DE L'ARTILLERIE PRINCIPALE - LES DREADNOUGHT Le progrès du matériel influe progressivement sur les idées tactiques. Les enseignements de la guerre russo—japonaise (1904-1905) — bataille de Tsoushima — achèvent de bouleverser les idées antérieures sur le combat naval. Les progrès de chargement réalisés dans l'artillerie moyenne se sont étendus aux gros calibres. Le développement de la torpille a créé une arme redoutable qui impose, par prudence, l'accroissement des distances de combat. Or, aux grandes distances, le gros calibre assure une efficacité plus grande du coup heureux — nécessairement rare et une meilleure précision de tir. L'arme de combat entre navires cuirassés devient donc exclusivement l'artillerie de gros calibre, qui permet le combat à des portées de l'ordre de 10000 m. Le réglage rapide du tir à ces distances, et la rareté des coups au but imposent le tir par salve, donc la multiplication du nombre de ces pièces d'artillerie principale. L'artillerie moyenne n'est plus envisagée que pour la dépense contre les torpilleurs. L'abordage n'est plus envisagé et l'éperon est abandonné. Les tubes lance torpilles sous—marin sont conservés, mais, aux distances de combat prévues, la probabilité d'impact est si faible que leur utilité sur les navires de ligne est contestée. Ces conceptions trouvent leur aboutissement dans la réalisation, par l'Angleterre, sous l'énergique impulsion de lord Fisher, et dans un temps record du "Dreadnougt" de 17 900 t armé de 10 canons de 305 , propulsé à 21 noeuds par turbine a vapeur et doté d’une protection sous-marine. Ce remarquable bâtiment, qui entre eu service en 1906, surclasse d'un coup tous les cuirassés à flot. Pendant quarante années les progrès de la Marine de guerre avaient résulté de la concurrence entre la France et, l'Angleterre. Au cours de cette périodes le .déplacement des cuirassés avait été mesuré si parcimonieusement qu'il subsistait des défectuosités graves et une fâcheuse incertitude sur leurs qualités militaires: le hasard des points frappés jouant alors une influence excessive sur l'issue d'un engagement. Les derniers cuirassés atteignant 15 000 t retrouvent seuls l'ensemble des qualités certaines et bien assurées, qui, vers 1860, avaient constitué le mérite de la "Gloire" et du "Monitor" dans le cadre des moyens de leur époque. On eut pu concevoir que ce déplacement marque un palier prolongé. Mais à ce moment précis, la rivalité maritime surgit violente du coté de l'Allemagne et c'est ce qui détermine de la part de l'Angleterre le bond de puissance que représente le "Dreadnought". (1) Le dreadnought ouvre l'ère de la primauté de l’artillerie principale qui dure encore. Il constitue le prototype des capital ships modernes. ll est directement le modèle de tous les cuirasses construits jusqu'en 1914, oui ne différeront guère de lui que par de légers accroissements de puissance qui les feront désigner parfois sous le nom de super-dreadnought - On doit signaler qu'avant le dreadgnouht anglais, les Etats—Unis avaient mis en projet les premiers cuirassés à calibre unique (huit 305): ils ont toujours revendiqué le mérite d’avoir conçu ce nouveau type de bâtiments. A partir du dreadnought, jusqu'en 1914 et même jusqu'en 1918, on constate: la croissance régulière du calibre de l'artillerie de l’artillerie principale France: 305 (Jean-Bart") — 340 ("Provence") Angleterre: 305 — 334 — 381 ("Queen Elisabeth") Etats—Unis: 305.— 351 Allemagne: 280 — 305 — 380 ("Baden"). (Cet accroissement des calibres s'accompagne d'un accroissement des distances de tir); la croissance des déplacements (qui s'effectue en respectant sensiblement la loi de similitude avec proportionnalité du déplacement au cube du calibre); la croissance des Vitesses absolues, corrélative, à pourcentage de poids de propulsion à peu près constant , de la croissance des déplacements et du progrès technique des appareils propulsifs. Nous passerons en revue l'évolution du cuirassé en France du Dreadnought à la guerre de 1914-1918. LES "DANTON". Un partage d'influence s'établit d'abord en France entre les deux écoles, l'ancienne préférant le plus petit calibre efficace, tirant plus vite, avec des pièces plus nombreuses, la nouvelle souhaitant, à poids total égal, le plus gros calibre possible. Il aboutit aux "DANTON", solution de compromis, dépassée et abandonnée dès les, séries suivantes. L'artillerie des "Danton" comprend: 4 x 305 et 12 x 240 en tourelles doubles (on notera qu'en plus de son défaut de puissance, le double calibre a des inconvénients pour le réglage de tir et pour l'approvisionnement en munitions). La protection comporte, en plus du caisson blindé, une protection d'oeuvres mortes d'épaisseur limitée à celle strictement nécessaire pour faire éclater les obus de semi--rupture de gros calibres dans les plaques et provoquer l'explosion des obus de rupture à faible distance au delà des plaques. La guerre russo-japonaise a attiré l'attention sur l’intérêt de la protection sous-marine: le "Cesarevitch" ; bâtiment russe construit par les Forges et Chantiers de la Méditerranée à la Seyne (1899-1902) , et muni d'une cloison pare torpilles de 30 mm a résisté à une explosion sous-marine. Dès lors une telle protection est reproduite sur les bâtiments russes postérieurs ainsi que sur d'autres marines, En France on décide d'entreprendre des expériences conduites par GAYDE. L'essai d'un caisson représentant une tranche du "Danton" conduit à un échec. La déception qui suit fait abandonner, à tord, les recherches de protection sous-marine jusqu’à la mise en chantier des "Flandre". On crut à cette époque que la solution du problème était hors de proportion avec les moyens dont on pouvait disposer. Les expériences reprises ultérieurement montrèrent :simplement que les idées de base de la protection "Danton" étaient bonnes et que seule était insuffisante la distance de la cloison pare torpilles au bordé. L’encombrement des chaufferies s'oppose à l’époque à l’accroissement de cette distance. DU "JEAN BART" AU "FLANDRE". l'évolution du navire de ligne s'effectue en France comme à l'étranger d'une façon continue dans les réalisations successives des "JEAN B.ART" (1910), des "BRETAGNE" (1912) et des "FLANUE" (1914) qui deviennent progressivement de "Super-dreadnought", La croissance de leur déplacement et de leurs dimensions est liée à la réalisation d'un programme de travaux maritimes voté avec le programme naval de 1912 et qui accroit les dimensions des ports et bassins. Le calibre d’artillerie reste de 305 sur le "Jean-Bart". Il atteint 340 sur les "Bretagne" (avec groupement en 3 tourelles doubles; dont l’une au milieu entre. cheminées a un champ de tir médiocre et sera supprimée dans la refonte de 1931 du bâtiment) et reste à 340 sur les "Flandre" (avec groupement en 3 tourelles quadruples). (Fig. 2/42) Sur les "Flandre; la protection sous-marine reparaît. La construction des "Flandre", interrompue en 1914,-1918/ est définitivement abandonnée après 1918/ sauf pour l’un des bâtiments, transformé en porte avions, le "Béarn". LA FIXITE DE REPARTITION DES POIDS. En examinant la répartition des poids entre les grands termes du déplacement dans les navires de ligne des différentes époques on est frappé de la fixité de cette répartition, sauf à remarquer une légère augmentation de poids d'artillerie et une légère réduction du poids de propulsion. Le poids de propulsion diminue légèrement, non par suite d'une réduction de vitesse, mais au contraire en dépit d'une augmentation (qui correspond d'ailleurs sensiblement à V/ √L constant), grâce à l'accroissement du déplacement et à la réduction du poids par cheval. (V tableau qui suit ) Même les cuirassés, allemands de la guerre 1914-1918, en dépit d'une puissance de propulsion exceptionnellement élevée, ont une répartition de poids voisine de celle des autres cuirassés: ils bénéficient simplement, grâce à l’audace de la Marine allemande, d’appareils plus poussés du type croiseur. La fixité du poids de coque reste assurée en dépit de la croissance du déplacement (qui justifieraît théoriquement, toutes choses étant les égales par ailleurs, un accroissement relatif de ce poids de coque), pour deux motifs: - l'emploi d'acier de résistance de plus en plus grande, - l'adoption d'un code de calcul plus poussé, qui adopte comme fibre haute le pont supérieur, alors que dans les premiers navires à caisson blindé, on considère le navire comme rasé au pont blindé supérieur. Grace à cette convention, le rapport L/c égal à 13 pour les premiers bâtiments cuirassés, reste sensiblement à cette valeur sur les "Flandre" et Bretagne" malgré, la grande longueur de ceux-ci (11 serait passé à 16 environ en conservant l'hypothèse ancienne). Cette convention est justifiée. Le taux de charge admis correspond à une marge de sécurité importante par rapport à la limite élastique statique. Il est tout à fait improbable que le navire avarié gravement rencontre la houle limite correspondant au calcul du taux de charge et, même si il la rencontrait, ce serait pour peu de temps, donc dans des conditions qui ne mettent pas en jeu le degré de charge limite à la fatigue par efforts alternés (qui fixe effectivement la valeur maximum du taux de charge admissible ). LA STABILITE TRANSVERSALE ET LA TRANQUILLITE DE PLATEFORME. Le ρ- a peu changé du "Charles Martel", à la "Bretagne" et même à la "Flandre" (1m,45): - ρ- a augmenté en première approximation on comme l²/p (où ρ a peu varié) mais, en fait moins vite que l²/p en raison de l'affinement des formes. - le centre de gravité a monté du fait de la montée des pièces d'artillerie. A l'égard de la période de roulis, l'Inertie des masses a cru par suite de l'accroissement de la largeur et de l'accroissement de la hauteur des tourelles. Au total, la période double de roulis propre est de 14 sec environ pour les "Charles Martel" et de 18 sec pour la "Bretagne". 2.5 LES CUIRASSES POST JUTLANDIENS LES ENSEIGNEMENTS DE LA GUERRE 1914-1918 Après que les premiers engagements navals de la guerre 1914-1918 (bataille des Falklands) eurent été marqués de brillants succès pour les croiseurs de bataille, la bataille du Jutland révèle l'écrasement des croiseurs de bataille anglais ("Queen Mary", "Invincible" et "Indefatigable" coulés après explosion) et même allemands ("Lutzow","Derflinger","seydlitz", annihilés malgré la remarquable endurance de ceux ci) par les bâtiments de ligne et démontre définitivement l'importance essentielle de la protection. Secondairement, elle montre la nécessité de la protection des tourelles, l'efficacité du tir à grande distance et la nécessité corrélative du renforcement des ponts blindés, l’intérêt du développement de la conduite de tir. En même temps les preuves d'endurance des chaudières des torpilleurs favorisent, dans toutes les marines, l'évolution vers les appareils moteurs légers donc vers les plus grandes vitesses à poids de propulsion constant, à l'imitation des bâtiments allemands. Le "Hood" projeté en 1915 comme croiseur de bataille avec une puissance propulsive destinée à donner à ses 36 300 t la vitesse de 33 noeuds, est réalisé à la fin de la guerre avec 5 000 t. de plus de blindage que prévu initialement, ce qui lui assure une protection de cuirassé. Il atteint ainsi un déplacement considérable pour l'époque, de 4 2000 tonnes et constitue un modèle hors série, un type hybride qui marque une étape vers une sorte de fusion en un seul type du navire de ligne et du croiseur de bataille, telle qu'elle apparaitra sur les bâtiments de 35 000 t ultérieurs. LA CONFERENCE DE WASHINGTON. En 1922, la Conférence de Washington aboutit, entre autres, à une limitation du tonnage des bâtiments de ligne (35 000 tonnes anglaises pour un déplacement type ultra lège baptisé depuis déplacement Washington) à une limitation du calibre des pièces d’artillerie principale (406-m) de ces 'bâtiments et à la suspension des programmes de construction des navires de ligne jusqu'en 1931. Ainsi que nous l’avons déjà mentionné pour les navires de la. période allant du "Charles Martel" au "Suffren", ces limitations sont néfastes, du point de vue architectural non seulement parce qu’elles empêchent de constituer le navire maximum qui doit être le navire de ligne à son époque, mais parce que le programme n’est jamais amputé à proportion des limitations de déplacement et qu'ainsi il faut faire tenir I’ensemble dans un déplacement insuffisant, au prix de défauts, pas toujours visibles mais certains. LES CUIRASSES DE POCHE ALLEMANDS, Le traité de Versailles a imposé à l’Allemagne une limitation de tonnage (10 000 t) et de calibre (280). Dans ce cadre, la Marine allemande construit le "Deutschland" (1929). bâtiment moyennement protégé mais doté d’une vitesse de 28 noeuds, qui en fait un petit croiseur de bataille et lui permet d'échapper aux cuirassés de l'époque? alors que son armement et sa protection lui permettent de surclasser tous les croiseurs existants, et qui fut surnommé "cuirassé de poche". Ce navire, hors série, précipite la reprise de construction des grands cuirassés. LES "NELSON" "RODNEY". Avant de parler des cuirassés de 35 000 t produits à la reprise des constructions, après les "vacances navales" de 1922 à 1931, il convient de citer le "Nelson" et le "Rodney", commandés par l'Angleterre en 1922 et dont les caractéristiques, fixées avant la Conférence de Washington: ont servi de base aux limitations de celles—ci. Bâtiments de 33 500 t, très fortement protégée, armés de 3 tourelles triples de 406 (toutes trois placées sur l'avant) et de 6 tourelles doubles de 152, avec tour de commandement et de conduite de tir, propulsés par 45 000 CV à la vitesse de 23 noeuds, ces unités sont très puissantes, mais leur poids de propulsion par tonne est très faible. LES REFONTES DE CUIRASSES PRE—JUTLANDIENS. Pendant les vacances navales, toutes les marines cherchent à valoriser leurs anciens navires de ligne en renforçant les ponts blindés, accroissant les angles de tir des pièces principales* et de l'armement D C A, renforçant parfois la protection sous—marinee modernisant les appareils moteurs et «accroissant les vitesses. LES CUIRASSES DE 35000 t WASHINGTON FRANCAIS. Après l'apparition du "Deutschland", la France riposta par la réalisation du "Dunkerque" (1930) et du "Strasbourg" (1934), bâtiments de ligne d'un déplacement limité à 26 500 t, armés de deux tourelles quadruples de 330 et d'une puissance de 117 000 CV correspondant à un poids de propulsion par tonne de 7 % seulement et leur assurant une vitesse de 29 ,5noeuds. Mais, dès 1925, l'Italie met en chantier un navire de 35 000 t (le "Littorio") (i) et dès lors, toutes les Marines réalisent des bâtiments atteignant ce tonnage limite. En fait ce navire annoncé comme de 35 000 t Washington, atteignait 41 000 t Washington La France met en chantier en 1936 et achève en 19 39 le "RICHELIEU" puis, avec un décalage, son homologue le "JEAN-BART" Leur déplacement à l'achèvement atteint, en pleine charge, 48 700 t au grand plein de mazout. Leur protection est très forte . Elle comporte: - un caisson cellulaire avec blindage de ceinture de 340 mm inclinée sur la verticale, ponts blindés .supérieur de 170 et inférieur de 40 mm; limité à une fraction de longueur du bâtiment, avec traverses; - des caissons latéraux de protection sous-marine, définis à la suite d'une longue série d'études, d'essais sur petits modèles confirmés par un essai sur caisson au 1/5 et comportant un bordé mince extérieur d'éclatement et une série de cloisonnements (dont un épais de 30 mm, dît cloison pare torpilles), occupant au total une largeur de plus de 5 m et qu'on peut garantir comme efficace pour des charges d'explosif de 300 kgs; - une forte protection de l'artillerie. Au total, le % de protection est très élevé (39 %, dont 29 pour le flotteur). L'incorporation à la charpente travaillante des ponts et cloisons blindés permet en compensation un léger gain sur le poids de coque proprement dit, malgré la finesse du (L/ 3√w)>7 La soudure assure des gains de poids de coque. L'armement principal, entièrement concentré à l'avant comme sur les "Nelson", comporte deux tourelles quadruples de 380, puissantes, fortement protégées (ainsi que leurs assises) . Sur les bâtiments suivants — GASCOGNE — dont la construction a été arretée par la guerre il était prévu une répartition de l'artillerie entre l'avant et l'arrière. L'armement secondaire est de 9 x 152 AA et 12x100 AA en tourelles. Le pourcentage de poids affecté à la puissance offensive reste assez faible (15%). La propulsion, assurée par 4 lignes d'arbres à turbine à vapeur à simple réduction, atteint la puissance de 150 000 CV et assure 31 ,5 n au bâtiment. En dépit des apparences elle correspond, quant à l'équilibre des caractéristiques — et du fait de la finesse élevée de la coque et surtout du progrès des appareils propulsifs — à un pourcentage de propulsion faible 14 %), comparable à celui des cuirassés de 1912 . LES CARACTERISTIOUES COMMUNES DES CUIRASSES DE 35000 t.W. Les navires de ligne anglais ("King George V", "Prince of Wales", "Anson", "Duke of York", "Howe"), américains (North Carolina", "Washington") et italiens ("Littorio"„ "Vittorio" Veneto") de la même époque sont très analogues. Par rapport aux super-dreadgnoughts les cuirassés de 35 000 tw correspondent à un accroissement notable de déplacement. La protection est de type voisin de celle de RICHELIEU"(2). Leur artillerie principale varie légèrement dans les différentes marines. Les Anglais adoptent sur leurs navires 10 x 356, dont 8 en tourelles quadruples, - les Américains, le 406 en tourelles triples, — les Italiens, le 381 en tourelles triples. L'artillerie moyenne est très développée: elle comporte de nombreuses tourelles d'artillerie contre avions d'un calibre qui varie entre le 100 AA et le 152 AA avec soit deux calibres ("Richelieu"), soit un seul (le 134 des cuirassés anglais). La conduite de tir est basée sur la télécommande à partir de télépointeurs et de télémètres optiques. Un grand effort est fait pour accroitre la sécurité et l'endurance au combat. 2, 6 LES GRANDS CUIRASSES DE PLUS DE 40 000 T DE LA GUERRE 1939-1945 Dès avant 1939, toutes les marines engagent la réalisation de cuirassés dont certaine dépassent les limites de Washington: "Littorio" et Vittorio Veneto" italiens de 41 00 t/W "Bismark" allemand de 42 000 t/W, "Yamato" japonais de 63 000 t/w (avec canons de 457 mm), puis, postérieurement à 1939, "Iowa" américain 45 000 t/w (canons de 406), "Vanguard" anglais 42 500 t/w (canons de 380 de 1916 disponibles). Les Allemands mirent sur cale; mais pour les abandonner en 1940, des unités de 54 000 tw armés de VIII 406, à très grande largeur (37 ni), "9. Propulsion Diesel (165 000 CV, 30n,4) et distance franchissable considérable (16 000 milles a 19 n). Ils firent projets de ba'timents encore plus importants 64 000 tw et 84 000 t7; correspondant respectivement à un accroissement de la protection du fond (double vaigre) et des ponts. caractéristiques comparées de cuirassés modernes Les Américains mirent de même sur cale et abandonnèrent en 1942 des bâtiments de 55 000 t/w, armés de trois tourelles triples de 457, avec un blindage vertical de l'ordre de 450 et une vitesse de 33 n. Les bâtiments les plus récents sont caractérisés par un renforcement de la protection contre les projectiles aériens (sur le "Iowa" P.B.S de 180, P.B.I de 40 : pont supérieur de 40) et contre les mines (grande largeur, double vaigre), un accroissement considérable de l'artillerie légère antiaérienne (sur le "Iowa" outre 20 x 127 AA, 20 x IV Bofors de 40, 40 pièces de 20) l'addition de la détection électromagnétique et le développement considérable de la conduite de tir basée sur cette détection, l'installation de centres d'informations pour la conduite des opérations, un léger accroissement de la vitesse. LA REFONTE DU "JEAN-BART" A la Libération, la France a entrepris la refonte du "Jean-Bart", sur les bases suivantes: - accroissement de l'artillerie légère contre avions (12 matériels doubles de 100 contre 6 antérieurement prévue - 14 matériels doubles de 57 - 20 matériels doubles de 20); - modernisation de la conduite. de tir par utilisation de la détection électromagnétique et réalisation de la poursuite automatique pour l'artillerie légère contre avions; - installation d'équipements radars et de centres d'information avec modification corrélative des passerelles; - accroissement notable des effectifs; - changement de la coque extérieure (bordé léger) de façon à réaliser une sorte de bulge et un accroissement de volume de carène correspondant à la surcharge qui ramène sensiblement la flottaison en déplacement moyen à hauteur du PBI et à accroitre la largeur de caisson sous-marin, en reportant le bordé d'éclatement à plus grande distance de la cloison épaisse pare-torpilles; - grâce à une légère réduction de mazout embarqué (qui était surabondante) le déplacement en charge complète n’est pas sensiblement modifié (48 900) bien que le déplacement lège (avec toute l'eau douce) soit voisin de 42 000 t et le déplacement moyen de 45 343 t. - La vitesse maximum réalisée avec les nouvelles formes de coques, malgré un déplacement plus grand, reste celle du premier armement. 2.8 L’AVENIR La menace de l'aviation conduira à accroître l'armement aérien et son efficacité, à. augmenter le cuirassement horizontal et à réduire les installations légères des hauts, trop-vulnérables à l'effet de souffle des bombes même légères. La menace du sous-marin et plus généralement des engins à trajectoire sous-marine: des torpilles acoustiques et des mines conduira à renforcer la protection latérale sous-marine (en particulier largeur) et celle des fonds (double vaigre renforcé). Plus loin encore, la menace atomique amène à concevoir un bâtiment de grandes dimensions en quelque sorte refermé sur lui-même pour échapper à la fois aux ébranlements des ondes de choc lui parvenant par la mer, aux souffles aériens à l'intense rayonnement et aux contaminations radioactives subséquentes. Le développement des fusées et armes nouvelles conduira à repenser le problème et en premier lieu celui de l'artillerie secondaire: déjà un cuirassé américain non achevé vient d’être transformé en plateforme lance engins téléguidés. FIN C'est de l'extraction de texte à partir du cours papier , des erreurs possibles Modifié le 2 novembre 2019 par ARMEN56 1 5 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
BPCs Posté(e) le 1 novembre 2019 Share Posté(e) le 1 novembre 2019 (modifié) Il y a 2 heures, ARMEN56 a dit : Demain verra peut être une plateforme protégée d’aviation, armée d’engins à pilotage automatique ou téléguidé, assurer seule la double mission actuelle du porte-avions et du navire de ligne. Elle réalisera alors sous une forme nouvelle la synthèse maxima des forces offensives et défensives utilisables sur mer, que tend à représenter le capital ship. C’est là pour l’instant encore domaine d’anticipation. Prémonitoire, quelques 70 ans en arrière Modifié le 1 novembre 2019 par BPCs 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
kalligator Posté(e) le 2 novembre 2019 Share Posté(e) le 2 novembre 2019 Pour la petite histoire étant tout petit j'avais visité le Jean Bart à Toulon...aucun souvenir si ce n'est celui des frites qu'on avait mangé à bord... 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
ARMEN56 Posté(e) le 13 novembre 2019 Share Posté(e) le 13 novembre 2019 Dans la prolongation du cours " évolution navire de ligne " voici celui de "l'évolution des croiseurs" du même auteur , je n'ai pas trouvé meilleur emplacement , si on pouvait modifier le titre ( ici on parle cuirassé et autres navires) « COURS D’ARCHITECTURE NAVALE TOME III CONCEPTION DU NAVIRE EVOLUTION DU CROISEUR SOMMAIRE 3,1 - LA SPECIALISATION DES NAVIRES DE GUERRE 3,2 - LES MISSIONS DU CROISEUR 3,21 - Mission de corsaire (harcèlement des lignes de communication) 3,22 - Missions d'escadre 3,23 - Missions diverses 3,3 - LES DEBUTS DU CROISEUR 3,31 - La naissance du croiseur. Le Congrès de Paris 3,32 - Les premières réalisations 3,33 - Les catégories 3,4 - ,LES CROISEURS LOURDS 3,41 - Les débuts des croiseurs cuirassés – - 1 Les cuirassés croiseurs - 2 Les premiers croiseurs cuirassés 3,42 l’apparition des croiseurs protégés - 1 La formule de protection par pont blindé et tranche cellulaire - 2 Les premières applications - 3 L'extension des croiseurs 3,43 - La reprise des croiseurs cuirassés (1890-1908) - 1 Le "Dupuy-de-Lome - 2 Les grands croiseurs cuirassés français – - 3. Les croiseurs Ansaldo - 4. L'apogée des croiseurs cuirassés 3,44 - Les croiseurs de bataille 3,45 - Les croiseurs lourds postérieurs aux Traités de Washington et de Londres 3,5 - LES CROISEURS MOYENS 3,51 - La croissance des déplacements 3,52 - L'ère des croiseurs protégés - 1. Le "Sfax" - 2. Les croiseurs "Armstrong" - 3. Les croiseurs anglais type "Dido" - 4. Les croiseurs français de 2ème classe - 5 Les grands croiseurs à tranche cellulaire 3,53 - Les croiseurs rapides de la guerre 1914-1918 – - 1. La renaissance du croiseur moyen - 2. La protection moderne type croiseur - 3. Les progrès techniques - 4. Les réalisations 3,54 - Les croiseurs du Traité de Washington (1922) 3,55 - Les croiseurs du Traité de Londres (1930) 3,56 - Les croiseurs de la guerre 3,57 - Les croiseurs antiaériens de l'après-guerre 3,58 - Les croiseurs de commandement et de lutte contre sous-marins 3,59 - Considérations sur les caractéristiques des croiseurs moyens - 1. Armement - 2. Propulsion - 3. Coque et protection - 4. Devis de poids 3,6 - LES CROISEURS LÉGERS 3,61 - Les corvettes à hélices 3,62 - Les croiseurs des 2e et de 3e classes 3,63 - Les croiseurs torpilleurs - Le "MILAN" (1886) 3,64 - Les croiseurs ARMSTRONG 3,65 - Les croiseurs légers français de 1900 3,66 - Les croiseurs éclaireurs anglais de 25 n 3,67 - Les croiseurs légers de 30 n 3,68 - Petits croiseurs légers rapides de l'entre deux guerres - 1. Les contre-torpilleurs français - 2. Les contre-torpilleurs allemands - 3. Les croiseurs légers italiens - 4. Les croiseurs légers anglais 3,69 - Les croiseurs légers de la guerre 3,1 LA SPECIALISATION DES NAVIRES DE GUERRE Un des principes fondamentaux de l'art militaire vise la concentration des forces dans les tâches principales: il a comme corollaire l'économie dans l'emploi des moyens, qui conduit à leur spécialisation. Dans la guerre navale, il y a évidemment intérêt, à affecter, si possible, à chaque mission ,le navire de puissance strictement suffisante pour assurer l'exécution satisfaisante de la mission. Le croiseur résulte de cette spécialisation. Le navire de ligne doit, autant que possible, être réservé à l'action décisive d'établissement ou de maintien de la maîtrise de la mer par la lutte contre les navires de ligne ennemis. Les missions de harcèlement des lignes de communication, de reconnaissance, d'éclairage et la lutte contre les unités ennemies exerçant les mêmes actions n'exigent pas le navire de ligne. Elles définissent le croiseurs Toutefois, l'application de la spécialisation est limitée par le souci que chaque type soit utilisable à plusieurs tâches. Il en résul-te une certaine complexité dans la définition de toute classe de navire et de celle du croiseur en particulier. 3,2 LES MISSIONS DU CROISEUR 3,21 MISSION DE CORSAIRE HARCELEMENT DES LIGNES DE COMMUNICATION) La guerre navale comporte le harcèlement des lignes de communication de l'ennemi et la défense des siennes propres. Cette double mission - "course" au commerce ennemi et "croisière" contre la course adversaire - constitue la tâche essentielle des "croiseurs". Ceux-ci sont donc des bâtiments rapides et à grand rayon d'action, assez puissamment armés et assez gros pour tenir la mer, mais pas trop cependant pour ne pas titre trop coûteux et pouvoir satisfaire à l'exigence du nombre (à proportion même de l'étendue des lignes de communication à défendre). 3,22 MISSIONS D’ESCADRE Si la maitrise de la mer exige l'action des navires de ligne, ceux-ci ont besoin d'auxiliaires qui assurent leur éclairage par tous les temps, contrebattent l'éclairage adverse et fassent écran contre des assaillants légers (torpilleurs, avions si possible). C'est encore un des rôles des croiseurs. Il exige des caractéristiques analogues à la course et à la croisière. 3,23 MISSIONS DIVERSES. Enfin, de nombreuses missions particulières (stations lointaines, bombardements côtiers par exemple) incombent aux croiseurs, suppléants les navires de ligne pour ces tâches secondaires. 3,3 LES DEBUTS DU CROISEUR 3,31 LA NAISSANCE DU CROISEUR. LE CONGRES DE PARIS. Dans ses missions d'escadre, le croiseur succède aux anciennes frégates et corvettes qui, dans la Marine à voiles, accompagnaient les navires de ligne. Mais, à proprement parler, son type naît du Congrès de Paris (1856), qui proscrit la guerre de course pratiquée par des bâtiments privés, opérant comme corsaires pour leur compte avec simple agrément royal, et qui amène les marines à créer des navires de guerre spécialement conçus pour la course: les croiseurs. Sur le plan technique, cette naissance coïncide avec le début de la propulsion à vapeur, réalisée d'abord à roues (le "Sphinx", 1830), puis, bientôt, par hélice (la "Pomone", 1842). 3,32 LES PREMIERES REALISATIONS, a) - A son début, le type est représenté par des frégates et corvettes à hélices: - corvettes type "Phelegeton" de 1850t (1850) - frégates type "Audacieux" de 3 800t (1852) - programmes de 1857 et 1864. Mais, très vite, les exigences de vitesse et de distance franchissable amènent une croissance de déplacement de ces navires, d'autant que les poids par cheval et consommation des machines de l'époque sont énormes. Après les grandes corvettes américaines de 4 0001, les corvettes anglaises "Inconstant" de 5 800t (1866)et les corvettes "Active" et "Volage"; analogues, mais de 3 000t, la Marine française établit, en 1871, un programme de base distinguant les croiseurs de 1e, 2e et 3e classe, correspondant, en principe, à des déplacements respectifs de plus de 4 000t, plus de 2 000t et moins de 2 000t. b) - Simultanément, la Marine française conçoit, en riposte aux croiseurs, le cuirassé de croisière, destiné au service en stations lointaines ou à la guerre aux communications. Les premières réalisations ("Belliqueuse" de 3 750t en 1863), sont des réductions de cuirassé plutôt que des bâtiments de course. Mais des réalisations postérieures ("General Admirai" russe de 1873) consacrent l'avènement du croiseur-cuirassé: type hybride, tantôt exalté, tantôt critiqué, qui sacrifie une part de la puissance offensive et défensive du cuirassé pour se rapprocher de la vitesse du croiseur. c) - Très vite, dès 1872, - devant l'infériorité des croiseurs cuirassés - BERTIN lance l'idée d'une protection de croiseur, limitée à un simple pont blindé avec tranche cellulaire, plus légère, à môme efficacité que le cuirassement de flottaison; l'Italie et l'Angleterre, dès 1880, la France en 1882 réalisent, suivant cette formule, des "croiseurs protégés" conservant vitesse et distance franchissable des croiseurs. 3,33 LES CATEGORIES. Ainsi, dès le début de son évolution, le type croiseur comprend en fait des navires très différentes. Le compromis entre les exigences correspondant aux diverses missions du croiseur, l'opposition entre d'une part la puissance (offensive et défensive) nécessaire au succès et à la sécurité dans l'action et, d'autre part, la légèreté indispensable à une réalisation en nombre suffisant, enfin l'influence des conditions politiques, stratégiques, tactiques et techniques conduisent à des équilibres de caractéristiques - traduits par les répartitions de poids très variables selon les réalisations. L'évolution du type est, de ce faite difficile à suivre. En gros, et pour simplifier, on peut distinguer schématiquement trois grandes catégories: - les croiseurs lourds, comprenant croiseurs cuirassés et grands croiseurs fortement protégés, où l'équilibre entre l'armement et la protection s'écarte peu de celui du navire de ligne; - les croiseurs moyens, à protection faible, quand elle existe, - les croiseurs légers, de faible déplacement, peu ou pas protégés, voisins des grands contre-torpilleurs, où armement et protection sont sacrifiés à la vitesse. Ces trois troncs ont des ramifications entremêlées: tel croiseur moyen à protection poussée ou tel petit croiseur relativement bien protégé pour sa taille peut être rattaché à l'une ou à, l'autre des catégories, aussi bien dans l’évolution historique que dans son équilibre interne. Enfin, la recherche de la puissance imposée par la concurrence internationale, conduit à un accroissement continu de déplacement (corrélatif d'ailleurs d'une amélioration du rendement à la tonne). De ce faite le déplacement de chaque catégorie varie dans le temps et la notion de déplacement, toute relative, complique la classification, d'autant plus que, périodiquement, le souci d'économie conduit à revenir à un déplacement faible et fait apparaître de nouveaux rameaux sur les troncs principaux 3,4 LES CROISEURS LOURDS 3,41 LES DEBUTS DES CROISEURS CUIRASSES. - 1, Les cuirassés croiseurs Les bâtiments cuirassés que la France conçoit en 1865, sous des appellations diverses: cuirassés de croisière, de station, de 2e rang, comportent répartition de poids très voisine de celle des cuirassés, pour un déplacement réduit. De ce fait, ils ne peuvent qu'être médiocres simultanément à l’égard de l'armement, de la protection et de la propulsion. Tels furent: en 1863, la "Belliqueuse" de 3750 t (semblable aux cuirassés "Flandre" de 6 000t) - puis suivant programme révisé de 1872, la série "Duguesclin", "Bayard" (contemporains réduits de I' Amiral Duperré"), de 6 000t, ceinture de 200 mm, vitesse de l'ordre de 14 n, canons de 24 en barbettes. - 2 les premiers croiseur cuirassés. En 1873 les Russes (Amiral Popoff) lancent le "General Admiral " de 4 600 t, que sa. Finesse (L/B = 5,85) et sa puissance par tonne (F/D= 0,97 CV/t) classent nettement à mi-chemin entre le cuirassé de croisière et le croiseur de l'époque et qui constitue la première réalisation du type hybride - et toujours discuté - du croiseur cuirassé. Les Anglais sont lents à s'intéresser ce nouveau type leurs possibilités en bâtiments de premier rang sont assez larges pour leur permettre de les opposer au loin aux croiseurs cuirassés, nécessairement inférieurs. Leurs "Shannon", "Nelson" et "Northampton" (surtout les deux derniers) ne sont que des navires d'escadre légèrement réduit s. Mais, en 1885, l' "Impérieuse" et le "Warspite" de 8 400t et surtout les "Aurora" de 5 600t à forte puissance par tonne ( F/D 1,55 CV/t), à protection par caisson blindé central (prolongé par un pont blindé d'extrémités) confirment la formule du croiseur cuirassé. 3,42 L'APPARITION DES CROISEURS PROTEGES. - 1 La formule de protection par pont blindé et tranche cellulaire. Le cuirassement, si il est perforé, met le bâtiment dans une situation dangereuse; il n'est pleinement valable qu'avec une épaisseur suffisante pour le rendre pratiquement imperforable. De ce fait, il est particulièrement difficile à adapter au croiseur, au devis de poids très serré. En 1872, BERTIN établit un projet de corvette de croisière, où il prévoit une tranche horizontale protégée, placée à hauteur de flottaison et subdivisée en cellules étanches. Il accepte la pénétration du projectile ennemi, mais il en limite les conséquences; - vis-à-vis de la flottabilité et de la stabilité, par le cloisonnement serré (transversal et longitudinal) et le bourrage de cet entre pont à cheval sur la flottaison; - vis-à-vis des installations vitales du navire,' par la réalisation, sous la tranche cellulaire, d'un pont blindé couvrant appareil moteur et soutes à munitions. Le navire ainsi protégé est - peut-on dire - suspendu à un radeau pratiquement insubmersible. Sa protection est plus efficace et de poids moindre que le cui-rassement. - 2 Les premières applications. L'idée de la protection par tranche cellulaire est appliquée, en fait, pour la première fois, et très hardiment, sur les bâtiments italiens "Italia" et "Lepanto" de 14 000t (1880), armés comme des navires de ligne avec une vitesse de croiseur. - 3 L'extension des croiseurs. L'application de la formule "pont blindé et tranche cellulaire" est faite en général d'ai:bord au détriment de la protection. Elle se généralise à des croiseurs de taille importante - mais qui ne deviennent pas pour autant des croiseurs lourds (sauf les "Blake" et "Blenheim" anglais de 1889, dont les 9 000t portent un pont blindé atteignant 150 mm). Cependant, durant quelques années, elle met en suspens la formule du croiseur cuirassé. 3,43 LA REPRISE DES CROISEURS CUIRASSES (1890-1908) -1 Le "Dupuy-de-L8me". A la suite d'expériences sur les effets des obus explosifs d'artillerie moyenne à tir rapide, la Marine française reconnaît la nécessité d'une protection des flancs du navire, pas très épaisse, mais assez étendue. Elle lance, en 1890, le célèbre "Dupuy-de-lôme, remarquable par l'originalité de sa protection, combinaison du cuirassement vertical de la "Gloire" et de la protection pont blindé et tranche cellulaire du "Sfax" (1), bientôt généralisée dans toutes les marines et origine de la protection des navires de ligne modernes. - 2 Les grands croiseurs cuirassés français. La conception ainsi réalisée sétend: - en 1899, à la"Jeanne d'Arc" (11 200t - 23 n), - puis aux croiseurs des classes "Geydon" et "Gloire" (moins de 10 000t), - enfin; longuement, dans la série des croiseurs plus puissants, des classes "Jules Ferry", "Renan", "Quinet", qui s'étagent de 12 à 14000t et sur lesquels on réalisa l'unification du calibre par armement en forte artillerie moyenne. Le dernier, le "Waldeck-Rousseau", est lancé en 1908; il porte 14 pièces de 194. (1) croiseur moyen protégé de 1882, décrit ci-après. Le dernier, le "Waldeck-Rousseau", est lancé en 1908; il porte 14 pièces de 194. - 3 Les croiseurs Ansaldo. Parallèlement les croiseurs cuirassés "Guiseppe Garibaldi" et "Varese" sont commandés en 1893 par la Marine italienne aux Chantiers italiens Ansaldo: 7 400t de déplacement, protection genre "Dupuy-de-Lôme", vitesse de 20 n armement puissant (II 250 + X 15 + VI 12). Ils constituent des cuirassés de second rang, très appréciés des Marines secondaires et reproduits à de nombreux exemplaires pour celles-ci - 4 L'apogée des croiseurs cuirassés. L’Angleterre, qui se rallie tard au nouveau type, construit, de 1899 à 1907, trente quatre croiseurs cuirassés. Son exemple entraîne toutes les puissances maritimes. Le début du siècle marque l'apogée du croiseur cuirassé: la construction des navires de ce type absorbe, au total, plus de crédits que celle des navires cuirassés. t Leur déplacement atteint, pour les derniers types, de 14 à 15 000 t . Leur protection est du genre "Dupuy-de-Lôme, mais avec blindage vertical étendu, relativement mince. Leur vitesse est de 3 à 4 noeuds supérieure à celle des cuirassés contemporains. Leur armement est puissant : il est basé, selon les marines, soit sur une forte artillerie moyenne (194 mm sur les croiseurs cuirassés français), soit sur un fort calibre (305 sur les japonais). On aboutit à des navires presqu'aussi armés que les cuirassés contemporains, mais à qui on garde une vitesse et une distance franchissable suffisantes pour jouer le rôle de croiseurs. Vers 1910, le type apparaît comme trop lent, inutilement puissant et couteux pour la guerre de course (à laquelle suffit le croiseur léger) et insuffisamment puissant pour une action en escadre - où le remplace le croiseur de bataille. Le type s'éteint. 3,44 LES CROISEURS DE BATAILLE. a) - En 1904, en Angleterre, parallèlement à la création des navires de ligne type Dreadnought, lord Fisher définit le croiseur de bataille. Ce nouveau type de croiseur cuirassé est conçu pour pouvoir agir comme auxiliaire des navires de ligne dans la ligne de bataille, grâce à un armement de même calibre que ceux-ci; mais on lui conserve sa supériorité de vitesse pour la chasse aux croiseurs, quitte à sacrifier sa protection pour rester à un déplacement voisin-de celui du navire de ligne. Les prototypes "Invincible", "Inflexible" et "Indomptable", construits en 1907 (un an après les Dreadnought), ont: - 17 à 18 000 t (voisin de celui du Dreadnought) - cuirasse de 175 mm - 25 noeuds (21 pour les Dreadnhought) - quatre tourelles doubles de 305 (5 sur les Dreadnhought). De déplacement voisin, presqu'aussi puissants offensivement que les navires de ligne, plus mobiles, ils sont nettement moins protégés. La bataille de Tshoushima (1905) où l'amiral japonais TOGO incorpore ses croiseurs cuirassés dans la ligne de bataille pour leur faire jouer, avec succès, le rôle de bâtiment de ligne, accroit la faveur dont jouit le croiseur de bataille. b) L'Allemagne suit bientôt l’Angleterre. En 1911, elle construit le "Moltke". Elle utilise hardiment un ap-pareil propulsif aussi poussé que celui des croiseurs légers, avec chaudières à petit tubes et turbines conduisant à un poids de 36 Kg/CV (contre 50 kgj sur les croiseurs de bataille anglais). De ce fait, elle réalise un type à vitesse élevée et relativement forte protection et fort armement. c) - Le type se développe en Angleterre parallèlement au cuirassé. Le déplacement devient égal, sinon légèrement supérieur à celui du cuirassé'. Le "Tiger" de 1913 atteint 28 500t , - cuirasse de 229 mm - 105 000 CV et 29 nds - VIII 343 et XII 152 d) La Marine allemande réplique par des navires analogues, un peu mieux protégés, tels le "Derflinger" et le "Lutzow" de 1913, d'environ 30 000 t. e) Au début de la guerre de 1914-1918, les batailles des ,Falk-lands et du Doggerbank sent d'abord des succès éclatants pour les croiseurs de bataille. Elles poussent l'Angleterre à achever les "Repulse" et "Renown", prévus comme cuirassés, en les transformant en croiseurs de bataille par réduction de la protection et gain sur la vitesse (simultanément par allongement de la coque et par utilisation à poids global constant d'un appareil propulsif plus puissant et plus poussé). f) - Mais la bataille du Jutland, où les cuirassés anglais écrasent les croiseurs de bataille allemands malgré leur remarquable endurance, démontre le risque créé par le défaut de protection de ces bâtiment s, qui sont devenus, par ailleurs, si importants et si coûteux que leur construction se réalise au détriment de celle des cuirassés. g) - A l'issue de la guerre 1914-1918, la fortune du type est morte: l'Amirauté anglaise, instruite par les faits, accroit considérablement protection et déplacement du croiseur de bataille "flood" que] le a en construction: elle en fait un super-bâtiment de ligne (i). h) - Par la suite, le bâtiment de ligne post jutlandien unira en fait, dans un déplacement accru, protection*du cuirassé et mobilité du croiseur de bataille. (1) Sur ce bâtiment, le pourcentage de déplacement consacré à l'appareil propulsif, qui était de 21 % sur le "Tiger" et le "Repulse",est réduit à 13 % (le poids par cheval tombant de 38 à 32 Kg/CV et la vitesse restant cependant de 32 n comme sur le "Tiger"9 mais correspondant à un * beaucoup plus faible, en raison de la taille du bâtiment; tandis que le pourcentage de poids consacré à la protection, qui avait été réduit de 27 à 21,5 % en passant du "Tiger" au "Repulse", monte à 33 % (dont 10 pour la -seule protection sous-marine). 3,45 LES CROISEURS LOURDS POSTERIEURS AUX TRAITES DE WASHINGTON ET DE LONDRES. a) - La limitation du déplacement des croiseurs à 10 000t imposée par le traité de Washington fait momentanément disparaître le croiseur protégé. Toutes les Marines se lancent dans la construction de croiseurs moyens, utilisant le maximum du tonnage permis pour faire des bâtiments rapides, démesurément importants pour leur vulnérabilité. Elles s'aperçoivent vite de l'erreur et, progressivement, les croiseurs Washington accroissent leur protection. En France, on aboutit au croiseur "Algérie" (v. ci-après) qui, par sa protection encore faible mais honorable, rejoint presque le croiseur lourd. b) - Parallèlement, la limitation de 10 000 t imposée aux Allemands par leur traité de paix, conduit ceux-ci à un navire de ,combat réduit, type "DEUTSCHLAND". Ce bâtiment est hybride. Il est plutôt cuirassé de 2e rang que croiseur cuirassé, à considérer la répartition de ses poids. Mais, grâce à son appareil propulsif constitué de Diesels poussés (21,3 kg/CV) et à un approvisionnement important en combustible, il a une vitesse de 28 n et une distance franchissable considérable, qui en font un bâtiment de raid susceptible d'échapper aux bâtiments de ligne existants (sauf le "Hood" et le "Nelson"), alors que sa protection et son armement le rendent dangereux pour les croiseurs (1). Né d'une conception trop étroitement limitée et malgré l'ingéniosité de sa réalisation, le type a des faiblesses incontestables; il reste une réalisation particulière, sans lendemain. (1) on sait qu'en fait cependant le "Graff Spee" engagé au Rio de la Plata par trois hardis petits croiseurs anglais ne put, avec ses deux tourelles, que fuir devant ses adversaires c) - La menace créée par le navire corsaire allemand "Deutschland" amène la France à réaliser les "Dunkerque", qu'on peut considérer comme des grands croiseurs lourds, sorte de petits croiseurs de bataille, où l'expérience de la bataille du Jutland conduit à faire des sacrifices relativement considérables à la protection, mais qui en raison de leur taille, restent très insuffisants à la fois comme puissance offensive et comme endurance au combat en face de navires de ligne. d) - Les Japonais mettent sur cale, en 1937, des croiseurs lourds du type "Chichibu" - plutôt cuirassés de second rang que croiseurs cuirassés en raison de leur vitesse - inspirés des "Deutschland". D : 14 000 tw - Vitesse 28/30 n. - 2 x III 305 et 6 x II 127 AA. e) - Les Etats-Unis, en riposte aux précédents, réalisent, en 1941e le type "Alaska", dit "large cruiser". - 24 500 tw / 27 000 t pc - cuirasse verticale de 228 mm - 2 ponts blindés - 35 n - 13 000 milles de distance franchissable - 2 x III 356 — 8 x II 127 AA f) - Dans les dernières réalisations, le croiseur de bataille ou le cuirassé de deuxième rang disparaissent. On conçoit le croiseur lourd comme protégé contre les projectiles des bâtiments légers et surtout contre la bombe d'avion, comme armé de pièces un peu plus puissantes que les bâtiments légers et comme d’une vitesse voisine de celle de ces derniers, avec une distance franchissable très importante pour lui assurer des possibilités d'action prolongée dans les zones stratégiques les plus vastes et les plus éloignées. 3,5 LES CROISEURS MOYENS 3,51 LA CROISSANCE DES DEPLACEMENTS. Dès le début du croiseur, on a cherché à utiliser l'avantage des grands déplacements qui, pour une vitesse donnée exigent une moindre puissance par tonne, afin de réaliser des bâtiments qui, grâce à un armement puissant, une bonne vitesse et une grande distance franchissable, puissent surclasser les petits bâtiments, en particulier dans des zones d'opérations très larges. a) - Les Etats-Unis construisent, en 1865, leurs grandes corvettes type "Wampanvag" (4 000 T - vitesse espérée 17 n, réalisée 15 nds , 5 600 milles à 10 nds - 16 pièces de 254 et 279 mm et un canon rayé de 155 mm). b) - L'Angleterre réplique par 11"Inconstant", construit en 1866 (5 800 t 15 nds 10 canons de 228 et 6 de 178). c) - La France définit, en 1872, trois classes e croiseurs d'a-près leur déplacement et construit les croiseurs de lere classe "Duques-ne" (1876) et "Tourville" (1878): 5 400 T 8.600 CV, 17 n 5 000 mil-les à 10 n (en plus voilure classique) - coque en fer et éperon - sept pièces de 190 sur le gaillard et quatorze pièces de 140 en batterie centrale centrale. 3,52 L'ERE DES CROISEURS PROTEGES. 1 Le "Sfax" La première réalisation en France du navire protégé par pont blindé et tranche cellulaire s'effectue avec le "Sfax" (1882) relativement important comme déplacement, mais qui reste de faible protection. 4 500 t Pont blindé et tranche cellulaire, 16,7 nds 6 pièces de 16 sur le gaillard, 10 pièces de 14 dans la batterie. (La voilure, d'abord importante, n'est conservée ultérieurement QI surface réduite). 2 Les croiseurs "Armstrong". L'industriel anglais, Armstrong utilise la notion de protection nouvelle pour réaliser des croiseurs de taille moyenne, assez rapides et de grande puissance offensive. Construit, pour le Chili, l' Esmeralda" (1883) 3 000 t 6 000 CV/18 nds Pont de 25 mm+ cloisonnement 2 x 265 mm + 6 x 152 mm Le type a la faveur des petites nations à qu'il assure des navires puissants à faible prix, et il est reproduit à de nombreux exemplaires. Il évolue bientôt par l'adoption d'un armement de pièces d'artillerie moyenne à tir rapide, tel le "Piemonte" commandé par l'Italie: 2 640 t 13 000 CV/22 nds pont blindé 6 x 150 mm + 6 x 120 mm + 3 tubes L.T d'une conception hardie, très typique de la Marine italienne. Les croiseurs ARMSTRONG, très remarquables, correspondent à des caractéristiques de puissance offensive outrées par rapport à leur protection. 3 Les croiseurs anglais type "Dido". A la même époque, l'Angleterre adopte des croiseurs un peu plus gros, mieux protégés et de caractéristiques bien équilibrées, tels les "Dido" de 5 600 t. Ces croiseurs sont bientôt suivis du premier croiseur à turbines, qui marque le début de l'évolution vers les vitesses élevées grâce à la réduction du poids par cheval de ce nouvel appareil moteur. - 4 Les croiseurs français de 2ème classe, de 1890. La France reste à des croiseurs de 2ème classe moins remarquables que les "Dido" , dont le déplacement s'élève progressivement au delà de 5 000 T. Après la sortie du "Jurien de la Gravière": 5 700 t tranche cellulaire 8 pièces de 160 elle abandonne le croiseur léger moyen, alors que le type amélioré eut pu servir de modèle pour la réalisation de bâtiments fort appréciables. - 5 Les grands croiseurs à tranche cellulaire. Les Marines dont l'intérêt s'étend à des lignes de communication étendues conçoivent le grand croiseur à protection légère et grand rayon d'action. Leur protection est de même type que sur les croiseurs dits de 2e classe (c'est-à-dire pont blindé avec tranche cellulaire, sans cuirasse latérale) et en général de même importance relative, mais leur déplacement est plus fort et leur armement supérieur. Tels sont successivement: - le neige" français de 1885 (7000 t - 19 nds - armé de canons de 160 et de 140 mm) - les "Blake" et "Blenheim" anglais de 1889 (9 000 t - pont blindé de 150 mm - 21 n, 15 000 milles à 10 n 3 x 2 x 234 mm et 10 x 152 mm) modèles les plus Parfaits du croiseur protégé et qui re-joignent les croiseurs lourda par l'épaisseur de leur pont blindé. - les "Columbia" américains de 1893 (7 400 t 23 n et 2 000 t de charbon) - les bâtiments anglais "Powerful" de 1894 (14 200 t) et "Diadem" (11 000t - enfin, les "d'Entrecasteaux", "Guichen", "Chateaurenault", français de 1896-1898 (plus de 8 000 t de déplacement et vitesse atteignant 24 nds pour les derniers, au prix d'une réduction du calibre d'armement de 240 à 160 mm). Tous ces grands croiseurs sont de puissants corsaires, grâce à leur vitesse, leur distance franchissable et leur armement. Mais ils sont trop faiblement protégés pour résister aux croiseurs ennemis. Devant le développement des croiseurs cuirassés de l'époque, ils disparaissent momentanément. 3,53 LES CROISEURS RAPIDES DE LA GUERRE 1914-1918. 1 La renaissance du croiseur moyen. Vers 1910, la croissance des coûteux croiseurs cuirassés, devenus croiseurs de batailla, laisse place pour des croiseurs moins puissants, susceptibles de satisfaire aux tâches secondaires d'éclairage, de blocus ou de cours; à condition de disposer de l'avantage de vitesse nécessaire. 2 La protection moderne type croiseur. Le logement d'un appareil propulsif puissant — dont l'encombrement reste alors très important — s'accomode mal du pont blindé placé à la flottaison sous tranche cellulaire. Après le retour au blindage vertical des croiseurs cuirassés, on imagine pour le croiseur moyen une protection analogue mais plus légère constituée par un cuirassement en caisson renversé, avec pont blindé à hauteur du can supérieur d'une cuirasse verticale latérale. D'une valeur moyenne, ce type de protection est celui adopté pour les croiseurs depuis -1912. 3 Les progrès techniques. Le croiseur fait application simultanée: - de la réalisation de coques légères, en acier à, hautes caractéristiques, - de la mise au point des appareils propulsifs à mazout et à turbines, moins lourds et moins encombrants, - du système de protection à caisson renversé, - de la production de pièces d'artillerie moyenne à tir rapide, relativement légères, - des avantages des déplacements importants. Au total, la veille de la guerre de 1914 voit l'apparition des croiseurs de 30 n, d'abord sous forme de croiseurs légers puis de croiseurs moyens. 4 Les réalisations. a) - Dès 1912, l'Allemagne construit des croiseurs rapides à cuirassement vertical léger, tels les "Magdeburg", armés de 105 semi-auto-matiques, tirant 20 coups/minute. Ces croiseurs sont suivis, en 1915, des types "Kaln", armés de 150 mm, b) - L'Angleterre lance en 1913, la série des "Arethusa" (3 5001 avec cuirasse de 76 mm - 30 n - pièces de 152 et de 102 et tubes lance-torpilles), type qui sera répété durant toute la guerre avec des accroissements successifs de déplacement, de puissance et d'armement jusqu'aux "Elerald" de 1918 (7 500 t - 33 n - pièces de 152 mm). c) - Durant la guerre 1914-1918, pour parer aux actions lointai-nes des croiseurs corsaires allemands, l'Angleterre construit de grands croiseurs, rapides, à grande distance franchissable et fortement armés. Les "Raleigh" ont 9 750 t , font 30 nds et sont armés de 190 mm, 3,54 LES CROISEURS DU TRAITE DE WASHINGTON (1922). a) - En 1922, le traité de Washington établit une limitation des armements, qui laisse incontr6lée les "forces auxiliaires de surface" en les définissant par la double condition d'un déplacement unitaire lège conventionnel inférieur à 10 000 T et d'un calibre d'artillerie inférieur à 203. La limite est manifestement inspirée par les caractéristiques des croiseurs anglais "Raleigh" (v, ci-dessus) alors que la plupart des Marines ont en chantier des croiseurs moins puissants (aux E.U.: "Omaha"- 7 100t - canons de 152 mm; en France: "Duguay-Trouin" - 8 000' - canons de 152 mm). b) - La concurrence maritime qui s'instaure dans les limites du traité incite les différentes Marines à pousser- leurs croiseurs aux caractéristiques limites à la suite d'ailleurs du Japon. Les séries de croiseurs dite Washington ont tous, en commun, leur déplacement de 10 000 t et leur calibre d'artillerie de 203 mm. Elles diffèrent, selon les Marines et, dans chacune d'elles, avec le temps, en fonction de l'importance accordée à la protection, à la défense antiaérienne, au détriment de la vitesse. Toutes conservent une distance franchissable importante. c) - En France, les sept croiseurs construits portent tous quatre tourelles de 203 et une artillerie de défense contre-avions. Les »Duquesne" et "Tourville" sans aucune protection, font 33,5 nds d) - L'Italie pousse la série des "Trente" vers la vitesse (j6 et même 38 n), puis renforce la protection des "Zara". e) - L'Angleterre reste dès le début à une formule mieux équilibrée Les trois séries successives "Kent", "London", "Dorsethire" diffèrent peu, ont une vitesse modérée (31-32 nds), avec une protection relativement forte. f) - Les Etats-Unis sont très attachés à ce type, qui convient aux grands rayons d'action nécessaires dans le Pacifique. Ils en poussent l'armement, ainsi que le Japon, jusqu'à 9 ou 10 canons de 203. Ils développent les installations d'aviation embarquée de ces croiseurs. Type "Chester": 10 000t - ceinture de 76 mm et 2 ponts blindés de 50 et 25 mm - 3 x III 203 - 4 x 127 AA - 2 catapultes. g) - Si, à travers leurs différences, on cherche à dégager les caractéristiques communes des croiseurs nés du Traité de Washington, on constate que la concurrence maritime à déplacement fixé a poussé les constructeurs vers la recherche de légèreté dans la construction des coques (développement des structures longitudinales, de la soudure et de l'emploi des métaux légers) et des machines (chaudières à fort taux de combustion par m2 - turbines rapides) et vers la réalisation de tourelles d'artillerie moyenne légères et à tir rapide. 3,55 LES CROISEURS DU TRAITE DE LONDRES (1930) a) - L'Angleterre, toujours soucieuse de la sauvegarde de ses lignes de communication, nombreuses et très étendues, a besoin de nombreux croiseurs. Elle constate que les 10 000 t sont inutilement grandes pour les rôles de surveillance des routes ou d'escorte de convoie et trop coûteux pour être multipliés. En 1927, elle construit l’"York "et l'"Exeter" de 8 200t armés de trois tourelles de 203 seulement. En 1930, elle suscite à, Londres une réunion internationale. Cette réunion n'aboutit pas à limiter le déplacement des croiseurs aux 8 000t estimés suffisants pour l'Angleterre, les Etats-Unis désirant maintenir les grands croiseurs pour leurs vastes théâtres d'opérations du Pacifique. Mais, le traité de Londres crée deux sous-classes: - la sous classe A (dits croiseurs lourds), de déplacement maximum 10 000t et calibre maximum 203, soumise à une limitation globale qui arrête pratiquement les constructions nouvelles. - la sous classe B (dits croiseurs légers), dont le plafond de déplacement individuel reste à 10 000, mais de calibre limité à 155 mm, qui reste sans limitation globale et qui englobera tous les croiseurs à construire dans les années suivantes, b) - Les Etats-Unis utilisent la limite de 10 0001 pour construire des croiseurs de la classe B, voisins des croiseurs Washington, mais avec artillerie de calibre réduit, nombreuse, à forte cadence de tir et partiellement antiaérienne: - type "Brooklyn" 10 000t - XV 152 - type "Honolulu", 10 000t - XV 152 c) - Le Japon fait de même avec l'arrière pensée de pouvoir ainsi dépasser son quantum de croiseurs classe A, par remplacement, à la guerre, des tourelles de 152 par des tourelles de 203 (opération réalisée effectivement en 1941 sur les 6 "Mogami") d) - L'Angleterre s'engage dans la voie du croiseur moyen bien équilibré: - type "Leander" (1931) - 7 000 t - type "Birmingham" (9 000t - 6 x II x 152) - type "Fiji" (construits en série avant et pendant la guerre de 1940) (8 000 t) e) - La France réalise la série des "La Galissonnière", bien équilibrés : 7 700-b - ceinture de 105, pont blindé léger - 35 nds -3 x III 152 et 4 x II x 90 - 3 x II TLT. A la veille de 1940, elle entreprend le "de Grasse" un peu plus gros et un peu plus protégé, dont la construction est suspendue et sera reprise en 1951, pour transformation en croiseur C.A. e) - L'Allemagne démarre en 1938, juste avant la guerre, la construction de croiseurs moyens à faible protection - rapides et à grand rayon d'action: type M ; 7 900 Tw protection légère (pont et ceinture) 35 nds , 14 000 milles à 15 nds propulsion Diesel sur arbre central pour la croisière et turbines à vapeur sur arbres latéraux - Total 115 000 CV - 4x II 150 - 4x105 CA - 37 et 20 mm - 6 ou 8TLT 3.56 LES CROISEURS DE LA GUERRE. L'expérience de la guerre accentue la tendance vers le renforcement de la protection - en particulier des ponts - et impose l'accroissement des moyens de détection et de défense antiaérienne, avec développement corrélatif des hauts. Dans leurs constructions neuves, les Marines dépassent le déplacement limite des traités. Les croiseurs sont refondus pour améliorer leur DCA et leur détection. C'est ainsi que les Etats-Unis construisent, durant la guerre, de nombreux croiseurs de le et de 2e classe, et quelques croiseurs antiaériens (v. ci-.après). Les premiers - les "Baltimore" - avec leurs 14 000 Tw (17 000t pc) leur protection (cuirasse de 203 à 150 mm, ponts blindés de 100 et 62mm) - leurs 203 et leur DCA considérable - rejoignent les croiseurs lourds. Les seconds - les "Cleveland" - ont 10 000 t w- 14 000 t pc une protection notable (ceinture de 127 à 76 mm - ponts blindés de 76 et 52 mm) - 33 nds, 7 000 milles seulement - 4 x III x 152 - 4 n II 127 AA 24 x 40 et 19x 20 (plus sur certains d'entre eux, 2 catapultes). Les derniers bâtiments du type sont analogues mais avec une disposition plus satisfaisante des armes de DCA et des superstructures. Parallèlement, les Etats-Unis transforment leurs anciens croiseurs de 10 000 t . Le "Chester" par exemple reçoit 8 x 127 AA, 32 x 40 - 27 x 20, en même temps qu'il subit une refonte complète de mâture et passerelles au bénéfice des radars. Image 23 3,57 _LES CROISEURS ANTIAERIENS DE L'APRES-GUERRE. Les Marines se sont engagées dans la réalisation de croiseurs anti aériens, soutiens de DCA de force navale. Actuellement armés de 152 ou de 127 AA comme calibre maximum pour la DCA éloignée, et de nombreuses pièces de DCA rapprochée et immédiate, avec installations de détection et de conduite de tir très développées, ils seront sans doute dans le futur armés, en outre, de rockets et engins spéciaux contre avions. a) Les Etats-Unis ont démarré la réalisation d'un tel type, juste avant la guerre, avec les croiseurs type "SAN DIEGO", de 6 000 t/W, qui se rattachent aux croiseurs légers (y. § 3,69 ci-après). Les croiseurs lourds "Roanoke" (14 000 tw) et "Des Moines" (17 000 tiq sont eux-mimes croiseurs de DCA, en ce que leurs pièces principales (6 x II x 152 sur les premiers, 3 x III x 203 sur les se-conds) sont des pièces susceptibles de tirer contre avions, à forte cadence de tir, et télécommande radar et leur artillerie rapprochée est constituée de 76 CA (10 x II x 76 CA sur les "Des Moines), indépendamment de nombreux "Oerlikone" de 20. b) - La France achève le croiseur "de Grasse" de 1937 en crolueu DCA, armé de 8 x II x 127, de nombreux 57 CA et de pièces de 20. 3,58 LES CROISEURS DE COMMANDEMENT ET DE LUTTE CONTRE SOUS-MARINS. Le développement de la lutte contre les assaillants aériens et E marins conduit à prévoir des navires chargés spécialement de coordonne l'action des différents moyens de lutte contre l'un ou ,l'autre des types d'assaillants. On conçoit dans ce but des navires d'un déplacement de l'ordre de celui du croiseur moyen et dont les prototypes sont réalisé en fait à partir d'anciens croiseurs. Tels sont - les croiseurs de commandement et d'accompagnement des groupes de porte avions - comme le "Northampton" américain ,doté de larges moyens de transmissions, de détection et de conduite des opérations ainsi que d'une puissante DCA pour leur défense propre. - les croiseurs d'action contre sous-marins, chefs de Killer groupe, équipés de moyens de transmission, de détection sous-marine, de centre opérations et de quelques armes contre sous-marins et contre avions pour leur défense propre. 3,59 CONSIDERATIONS SUR LES CARACTERISTIQUES DES CROISEURS MOYENS. - 1 Armement. Le "Duquesne" de 1873 portait des pièces de 19 et de 14. Ultérieurement, les croiseurs moyens français furent armés de piè-ces à tir rapide de 138, jusqu'au "Jurien de la Gravière" (1896), armé de 164. Les croiseurs 'Washington reçurent du 203, à angle de tir assez élevé pour grandes portées. Le traité de Londres remit en honneur le 152, pour les plus petits des croiseurs moyens. La guerre amena à créer le 152 AA. Mais la nécessité d'un tir AA à cadence rapide conduit actuellement à l'adoption du calibre de 127 AA. Simultanément, l'artillerie de défense aérienne rapprochée se développe, ainsi que la conduite de tir et la télécommande. - 2 Propulsion. a) - Les premiers croiseurs moyens n'étaient pas des navires rapi-des: leur vitesse restait de l'ordre de 1,8 √L Le "Jurien de la Gravière" atteint 2 √L Les croiseurs du programme naval dépassèrent 2,5√L avec une finesse L/ 3√D atteignant de 8,4 à 8,75 et entraînant des tirants d'eau faibles. b) - La croissance de la vitesse (ou plus exactement de V/6√D) n'a ,été possible qu'en raison des réductions de poids, d'encombrement horizontal et de volume par cheval, de l'appareil propulsif. De 1873 à nos jours, le poids par CV et l'encombrement horizontal tombent de 10 à 1. La longueur d'appareil propulsif décroît, en dépit de l'accroissement des puissances. c) - La distance franchissable reste, pour un croiseur digne de ce nom, de l'ordre de 5 000 milles, mais elle est associée à une vitesse de croisière qui est allée en croissant de 12 à 18 nds (On peut grossièrement comparer les caractéristiques de distance franchissable à une même époque par le rapport du stock de combustible consommable à Dˆ2/3 ) 3 Coque et protection. a) - La valeur du rapport de la longueur au creux n'a fait que croitre avec l'affinement des formes. Elle impose de recourir, pour éviter des poids de coque excessifs: à la structure longitudinale, à l'incorporation de la protection dans la structure résistante ainsi qu'à des aciers plus résistants (acier à 50 puis à 60 Kg/mm2) b) - Pour les croiseurs les plus récents, des gains sont faits grâce à la soudure et à l'emploi des métaux légers. Mais, en contre partie, le développement des cloisonnements intérieurs d'emménagement et le renforcement des cloisonnements étanches absorbe une partie des gains. c) - La protection a été assurée, sur tous les croiseurs moyens, depuis le "Sfax", grâce à un pont blindé placé à hauteur de flottaison surmonté d'une tranche cellulaire. Depuis le programme naval 1922, la nécessité de loger des chaudières puissantes alors que les compartiments sont déjà réduits en hauteur en raison de la finesse de la coque (voir ci-dessus en a) impose de remonter le pont blindé dans la région centrale, en développant la cuirasse verticale latérale en abord. Cette disposition n'est pas sans défaut (1), la légère cuirasse latérale ne pouvant prétendre arrêter les obus, alors que le pont blindé pouvait permettre d'éviter la rentrée de l'obus dans les fonds, par ricochet. d) - La protection contre les torpilles n'est possible qu'au prie d'une distance suffisante des cloisons pare-torpilles au bordé extérieur. e) - La sécurité des croiseurs moyens suppose un compartimentage serré et efficace de la cale. (1) Les croiseurs britanniques à protection par tranche cellulaire - réalisée au prix d'une réduction de puissance propulsive - résistèrent au obus de 280 du "Von Spee" au RIO de la PLATA. Les croiseurs italiens à cuirasse verticale furent transpercés par les 380 du "Warspite" au cap MATAPAN. - 4 Devis de poids. La répartition du déplacement entre les grandes rubriques du devis des poids est très variable selon les types de croiseurs moyens. Le poids de machines oscille autour de 20 %. Le poids de combustible au déplacement moyen (1/2 du combustible total) varie de .18 % à 6 %. Le poids de protection du flotteur, très variable, atteint au maximum 17 %. Le poids d'artillerie (avec sa protection) varie de 7 à 20 % 3,6 LES CROISEURS LEGERS Les croiseurs légers sont de petits croiseurs destinés à opérer comme croiseurs plutôt dans les mers d'Europe, comme éclaireurs d'escadre. Ils ne sont pas prévus devoir combattre normalement des navires de grande puissance offensive et défensive. Ce sont des bâtiments de déplacement relativement faible, de puissance de feu limitée, sans protection valable, mais rapides. 3,61 LES CORVETTES A HÉLICES. On peut attribuer comme premiers ancêtres aux petits croiseurs les corvettes à hélice type "PHLEGETON" (1853) de 1 820 t, d'une vitesse de 11 nds avec leur machine de 400 CV, dont toute l'artillerie (composée de 10 canons de 30) est placée sur le pont des gaillards. Ils dérivent plus directement des corvettes du programme de 1877 qui a suivi le congrès de Paris: bâtiments du type "PHLEGETON" légèrement agrandi de façon à atteindre une distance franchissable de croiseur (4 000 milles) et mieux encore des corvettes rapides du programme de 1864, type "SANE" de 2 000 t, 14 nds, une pièce de 14. 3,62 LES CROISEURS DE 2 ème et 3 ème CLASSES. Leur naissance officielle coïncide avec la création des petits croiseurs de 2ème et surtout de 3ème classe du programme français de 1872 définis dans ce programme par des déplacements inférieurs respectivement à 4 000 et 2 000 t. Les premiers croiseurs de 3e classe de ce programme, du type "ÉCLAIREUR", déplacement 1 650 t, filaient 15 nds avec une voilure de trois mâte barque, aidée d'une propulsion à vapeur et portaient 8 canons de 14 cm: ils étaient capables de bonnes actions de course et de croisière, mais à des distances modérées de leurs bases. Lee plus petits des croiseurs de 2e classe, ceux du type "MAGON déplaçaient 2 250 t et filaient un peu plus de 14 nds La caractéristique essentielle de ces croiseurs légers est la vitesse, et, à vitesse absolue donnée, le pourcentage de poids par tonne décroit très vite quand le déplacement croit, aussi la limite de déplacement des petits croiseurs légers devra subir la loi de croissance habituelle, tandis que chaque progrès des appareils propulsifs devra permettre un recul relatif du déplacement. 3,53 LES CROISEURS TORPILLEURS - LE MILAN (1886). En 1863, Normand construit le "TALISMAN" de 1 333 t , à coque bois, 6 pièces de 14, filant seulement 12 nds. Les mises au point des machines rapides des premiers torpilleurs et les progrès des coques légères en acier permettent les sorties successives: - des croiseurs-torpilleurs type "EPERVIER"(1885) de 1200 t, à coque acier, à léger pont blindé (en dos d'âne, comme sur le "SFAX"), filant 18 nds - du petit croiseur "MILAN" (1886) de 1 550 t à coque acier, armé de 5 pièces de 10, de 8 pièces légères Hotchkiss à tir rapide et de 2 tubes lance-torpilles, filant 18 nds, dont sa distance franchissable remarquable de 5 000 milles fait un véritable croiseur. - enfin, des petits croiseurs de 3e classe, type "COSMAO", de 1 850 t, dérivés du "MILAN" par addition d'un léger pont protecteur, et dont certains dépassent 20 nds 3,64 LES CROISEURS ARMSTRONG. A la même époque (après 1880), l'industriel anglais ARMSTRONG s'inspire de sa réalisation de l'"ESMERALDA" (1883) de 3 000 t, 6 000 CV, 18 nds à pont blindé léger de 25 mm et armé de quelques canons de fort calibre, pour réaliser, avec un armement de 10 à 15 cm à tir rapide, monté à plat pont et une puissance accrue, une classe de petits croiseurs très appréciés. Parmi ceux-ci, citons, livrés à l'Italie, le "DOGALI" et surtout le "PIEMONTE" (1888) de 2 640 t, 13000 CV, 22 nds, armé de 6 pièces de 15 et de 6 de 12 à tir rapide, ainsi que de 3 tubes lance-torpilles. Ces bâtiments déjà cités parmi les croiseurs moyens, en tant que croiseurs protégés (V. § 3,52) sont en fait à la frontière des croiseurs légers auxquels les rattachent la faiblesse de leur déplacement et de leur cuirassement, le calibre de leur armement et leur vitesse. 3,65 LES CROISEURS LEGERS FRANCAIS DE 1900. De 1895 à 1900, la France construit un certain nombre de croiseurs légers, en particulier: - les croiseurs de 3e classe type "LINOIS" (1894) de 2 500 t, à faible rayon d'action; - les croiseurs de 2e classe type "FRIANT"(1893) de 4 500 t, armés d 6 pièces de 164 et de 4 pièces de 100, qui précèdent le "JURIEN DE LA GRAVIERE" plus important - La construction de ces croiseurs légers s'arrête à l'extension du croiseur cuirassé. 3,66 LES CROISEURS ECLAIREURS ANGLAIS DE 25 nds Au début du siècle, les croiseurs cuirassés atteignent la vitesse de 20 n. L'Amirauté anglaise conçoit des croiseurs légers dits croiseur' éclaireurs de 25 n. Ce sont les "SENTINEL" (1904) dont les 3 000 t ne permettent, avec la vitesse demandée, qu'un mince pont blindé, un armement de pièces de 76 mm seulement et un rayon d’action faible. Ils sont bientôt suivis des "BODICEA" de 3 500 t, qui restent sans aucune protection. Leur construction cesse au profit de la classe des "villes" atteignent 4 500 t. 3,67 LES CROISEURS LÉGERS DE 30 nds. a) En Allemagne, dès le début du siècle, la Marine allemande applique de façon hardie les techniques modernes de propulsion, de construction des coques et d'artillerie à la réalisation de croiseur légers rapides, à cuirasse légère verticale et pont blindé supérieur, armés de pièces de faible calibre, à tir très rapide. Elle produit successivement les classes des "villes", en réplique à celles de nom analogue anglaisa - les "MAGDEBURG" (1912), armés de 105 semi-automatiques tirant 20 coups minute, qui se révélèrent bons corsaires mais incapables de résis-ter à des adversaires mieux armés (bataille d'Héligoland en 1916); - les "KOLN" (1915), armés de 150, qui sont déjà des croiseurs moyens b) - En Angleterre, à la veille de la guerre de 1914, les croiseurs de bataille atteignent la vitesse de 30 nds Il devient nécessaire de faire faire un bond à la vitesse des croiseurs légers. Les Anglais lancent la série des croiseurs légers lapides, type "ARETHUSA" (1913) de 3 500 t, avec cuirasse très légère de 76 mm. 2 pièces de 152 et 6 de 102, tubes lance torpilles aériens, 30 nds Pendant la guerre, ils construisent les classe C de 3750/4200 T et D de 4750 (6 pièces de 152.) Ces bâtiments de 29/30 nds sont déjà de vitesse trop faible pour chasser les torpilleurs (dont la vitesse atteint 55 nds), de plus, leur rayon d'action est faible. 3,68 PETITS CROISEURS LEC ERS RAPIDES DE L'ENTRE DEUX GUERRES. Après la guerre de 1914-18, en fait de véritables croiseurs, les différentes grandes nations construisent presque exclusivement des bâtiments qui, même s'ils sont dépourvus de protection, atteignent aux limites de déplacement (10 000 t) et de calibre 203, fixées par le traité de Washington (1922) et constituent donc en fait des croiseurs moyens par leur taille et leur armement Le traité de Londres crée bien une sous classe b, qui limite le calibre à 155, mais conservent la limite de déplacement de 10 000t et, pratiquement, amène la réalisation de bâtiments ayant au moins 7 000 t et légèrement protégée qui se rattachent encore aux croiseurs moyens Il faut repartir des constructions de contretorpilleurs pour retrouver la notion de croiseur léger. - 1 Les contre-torpilleurs français. En 1922, à la reprise des constructions militaires, la Marine française s'engage dans la réalisation d'une longue série de bâtiments, baptisés contre-torpilleurs, dont le déplacement Washington ira croissant progressivement de 2 400 t (série "TIGRE" 1922) à 2930 (série "MOGADOR" 1938), bâtiments sans aucune protection, armés de pièces d'artillerie légère (de 130 à 138 mm sur les derniers) et de tubes lance torpilles, à forte puissance propulsive et grande vitesse (plus de 40 nds pour les derniers). Ces bâtiments apparaissent comme de puissants bâtiments d'éclairage et de raids. On les qualifiera à la fin de la guerre 1940 du titre de croiseurs légers. Ils sont à la limite inférieure de ce type, en particulier en ce qu'ils n'ont qu'un rayon d'action limité. (On citera, pour simple mémoire, l'"EMILE BERTIN" (1931), armé de 3 tourelles triples de 152, dépourvu de toute protection et ayant une vitesse de 34 nds, Ce bâtiment est resté unique de son type, en raison de l'apparition des croiseurs moyens protégés de 7 700 t.) - 2 Les contre-torpilleurs allemands. Le réarmement naval allemand, à partir de 1936, a comporté la construction d'un certain nombre de contre-torpilleurs analogues aux C.T. français mais avec pièces de 150: eux aussi peuvent être considérés comme de petits croiseurs, mais à rayon d'action faible. Les derniers de ces bâtiments, conçus pendant la guerre devaient être propulsés par Diesel et avoir une vitesse maxima de 38 n avec un rayon d'action de 6 500 milles à 19 nds - 3 Les croiseurs légers italiens. En riposte aux C.T. français, l'Italie a réalisé des bâtiments un peu plus importants, mieux armés, mais à peine protégés, d'une vitesse légèrement plus faible et de rayon d'action un peu plus grand mais encore faible. Ce sont les classes: - des "CONDOTIERRI", de 5 000 t/w, très légère protection, 8 pièces de 152, 37 n, croiseurs légers rapides méditerranéens; - des "CONSULI" de 3 360 t/w, armés de 4 grandes tourelles doubles de 132 mm - 4 Les croiseurs légers anglais. L'Angleterre construit — les "ARETHUSA"(1935), de déplacement voisin des GONDOTIERRI", mais plus lents. 3,69 LES CROISEURS LEGERS DE LA GUERRE. a) - Juste avant la guerre, l'Angleterre consciente de la menace aérienne, lance la série des "DIDO" de 6 450t, dérivés des "ABETHUSA", mais armés de 10 pièces de 132 CA, et destinés à assurer la protection contre avions des escadres. b) - Au cours de la guerre, l'Allemagne s'engage dans la réalisation de bâtiments à propulsion par Diesels sur lesquels l'armement d'artillerie principale est antiaérien. Ce sont les "SPAHKREUZER" (1943), de 4800 t/w, sans protection, armés de 3 tourelles doubles de 150 CA, 10 pièces de 37, 8 tubes lance-torpilles, ayant une puissance de 90/95000 CV, une vitesse de 35 nds et un rayon d'action de 7 000 milles à 17 nds Ces bâtiments dont la construction n'a pas été achevée auraient constitué de véritables croiseurs légers. c) - Les Américains incluent dans leur énorme effort naval de la guerre 1940-1944, la réalisation de croiseurs légers rapides type "SAN DIEGO". Déplacement : 6 000 te Puissance 75 000 CV - Vitesse 35 noeuds Blindage latéral léger 8 x II 127 AA - 20 x 40 AA - 12 x 20 AA - 8 T/553. 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. ARMEN56 Posté(e) le 13 décembre 2019 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 13 décembre 2019 (modifié) Modifié le 13 décembre 2019 par ARMEN56 3 2 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
kalligator Posté(e) le 14 décembre 2019 Share Posté(e) le 14 décembre 2019 Superbe, ça avait de la gueule tous ces canons Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
true_cricket Posté(e) le 14 décembre 2019 Share Posté(e) le 14 décembre 2019 @ARMEN56 As tu déjà pensé à écrire un livre sur l'histoire de l'architecture navale? 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
ARMEN56 Posté(e) le 15 décembre 2019 Share Posté(e) le 15 décembre 2019 (modifié) Il y a 22 heures, true_cricket a dit : @ARMEN56 As tu déjà pensé à écrire un livre sur l'histoire de l'architecture navale? Je te remercie, j’ai de quoi puiser en souvenirs et matière biblio MAIS c’est de l’occupation à temps plein qui requière beaucoup de volonté avec de la puissance d’écriture certainement ....pis papi ! papi ! papi !! on m'appelle . Modifié le 15 décembre 2019 par ARMEN56 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
ARMEN56 Posté(e) le 28 janvier 2020 Share Posté(e) le 28 janvier 2020 (modifié) Récemment on parlait du DUNKERQUE sur un autre fil ; voici les relevés lors essais de vitesses et de conso en 1936 sur bases de Penmarc'h ; à noter un nombre important d'essais et des appareils de mesures en panne . A comparer aux données wiki « La vitesse de 15,5 nœuds était atteinte avec 25 % de la puissance sur deux lignes d'arbres, 22,5 nœuds avec la même puissance sur quatre lignes d'arbres, et les deux turbines à haute pression de chacun des quatre groupes étaient mises en route quand la puissance nécessaire atteignait entre 35 et 50 % de la puissance normale. La puissance normale développée était de 112 500 ch, pour une vitesse de 29,5 nœuds. Aux essais de vitesse de mai 1936 pour le Dunkerque, et de juillet 1938 pour le Strasbourg, la vitesse de 31 nœuds a été atteinte et même dépassée aux essais tous feux poussés de la « 9e heure », avec des puissances respectives de l'ordre de 132 000 ch à 135 000 ch. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Dunkerque_(navire_de_ligne) Modifié le 28 janvier 2020 par ARMEN56 1 2 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
kalligator Posté(e) le 29 janvier 2020 Share Posté(e) le 29 janvier 2020 N'a-t-on jamais pensé à relancer un navire de ligne avec de supers canons style AGS ? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
BPCs Posté(e) le 29 janvier 2020 Share Posté(e) le 29 janvier 2020 Il y a 3 heures, kalligator a dit : N'a-t-on jamais pensé à relancer un navire de ligne avec de supers canons style AGS ? Oui, le Zumwalt ... 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
kalligator Posté(e) le 31 janvier 2020 Share Posté(e) le 31 janvier 2020 A oui mais non. Pour une fois qu'ils avaient un canon très haut de gamme ils ne l'ont pas mis en service : prévu uniquement pour les Zumwalt (3 exemplaires) ses munitions fleurtaient avec le million de dollars l'obus... Le mettre sur les destroyers/croiseurs à la place des 127 mm (?) ainsi que sur les LCS (je sais il est assez lourd) ils auraient disposé d'une super puissance de feu à un prix acceptable. Imagine un nouveau cuirassé avec 4-6 tourelles AGS ça aurait de la gueule. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
pascal Posté(e) le 31 janvier 2020 Share Posté(e) le 31 janvier 2020 Il y a 2 heures, kalligator a dit : prévu uniquement pour les Zumwalt (3 exemplaires) ses munitions fleurtaient avec le million de dollars l'obus Ne jamais oublier que si on s'est retrouvé avec 3 Zumwalt c'est en grande partie parce que la stratégie USN a évolué ... Il y a 2 heures, kalligator a dit : Imagine un nouveau cuirassé avec 4-6 tourelles AGS ça aurait de la gueule Un splendide aimant à missiles tirés par des plate-formes dotés d'une grande allonge > à celle de ses canons 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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