C’est un message populaire. johnsteed Posté(e) le 20 mai 2021 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 20 mai 2021 (modifié) Je ne savais pas où publier ces souvenirs alors j'ai pensé que la création de ce fil serait approprié. L’aéronavale au début des années 60 Au début des années 60, mon père était un jeune engagé dans l’aéronavale. Il s’occupait des équipements du poste de pilotage sur « étendard IVP », la MCO dirait-on aujourd’hui de la flottille 16F basés à Hyères. Bien plus tard une fois désengagé, marié et moi débarqué, mon père m’a raconté quelques histoires que ma mémoire va essayer de vous restituer pour ce qu'il en reste avant que je ne les oublie. Je n’avais pas dix ans. De là où il est, mon père lira peut être ses souvenirs… La 16F était commandé par un certain Bernard Klotz. Ses supérieurs adoraient faire défiler les troupes et les avions le week-end mais Klotz et pas mal de ses gars dont mon père détestaient ça. Un avion c’est fait pour être opérationnel et voler, pas pour être briqué pour défiler. Alors Klotz se débrouillait toujours pour envoyer ses gars et ses avions dans tous les coins de la France ou de l’Europe. N’importe quel meeting ou autre prétexte faisait l’affaire pourvu que l’on échappe aux corvées d’apparat dont raffolent certains hauts gradés. Piloter un étendard avec une jambe dans le plâtre Il y avait 4 brins sur le Foch et le brin idéal était le n°2 (ou 3, je ne sais plus). Selon les conditions et les procédures, un passage crosse rentrée puis sortie, les pilotes faisaient plusieurs tentatives pour apponter. Parmi tous ces pilotes il n’y en avait 3 ou 4 qui prenaient systématiquement les brins du premiers coup, quelque soit la météo, de jour comme de nuit. Parmi eux, Klotz et un certain Johann….qui prenaient systématiquement le n°2. Ma mémoire a disséminé les autres noms au fil du temps. Quand le Foch partait en mission, il quittait la rade de Toulon puis récupérait ses flottilles en passant un peu au large d’Hyères. Cette fois là, par mauvais temps, un des pilotes n’avait pas réussi faire apponter son étendard après plusieurs tentatives. A court de carburant, le pilote rentre à la base. Klotz, présent sur le Foch avec une jambe dans le plâtre se fait ramener à Hyères par hélicoptère. Une fois sur place, ils s’échangent. le pilote embarque dans l’hélicoptère pour le retour tandis que Klotz monte dans l’Etendard, cap sur le Foch. Il y arrive la nuit tombante par une sale météo et accroche le brin n°2 du premier coup. Avec une jambe dans le plâtre ! Vous avez dit règlement ? « - Un jour, je l’ai vu aller chercher et ramener un étendard qu’un gars n’avait pas réussi à faire apponter, avec une jambe dans le plâtre ». Aujourd’hui qui imagine un pilote approcher un Rafale à moins de 20 mètres dans les mêmes conditions…? Les petites manies des pilotes Parfois des Etendard au moment de partir en mission depuis la base de Hyères voyaient le décollage annulé au dernier moment. Météo, retard imprévu, point fixe qui ne tient pas, problème technique au dernier moment sur la checklist. Retour au hangar. Et puis au moins une fois, en examinant l’avion mon père a constaté quelque chose de curieux dans le cockpit. La commande de train était en position rentrée… !? Quelques discussions avec les pilotes permirent d’éclaircir cette curiosité. Une des coquetteries des pilotes consistait à décoller « au trim », une pratique totalement en dehors des procédures. Le train d’atterrissage ne rentre que lorsque les amortisseurs sont totalement détendus. Certains pilotes en manque d’amusements, passaient la commande « train rentré » au moment de l’alignement pour décoller pendant le point fixe. A l’approche de V2, ils jouaient sur le trim pour lever l’avion juste suffisamment pour détendre les amortisseurs. L’appareil prenait du badin train rentré à altitude quasi zéro avant de tirer sur le manche. Il valait mieux pas qu’il y ait une mauvaise rafale… Mais une fois, un pilote s’est retrouvé en position très délicate. Au moment de tirer sur le manche, la butée d’incidence s’est déclenchée à zéro degré. Pour éviter que l’avion ne cabre trop au décollage au risque que la queue de l’avion touche le sol, il existe un dispositif qui limite l’angle d’incidence. Sur Etendard il s’agit d’une sorte de compas que les techniciens règlent au bon angle. Lorsque la cellule atteint cette limite, un vérin vient donner comme des coups de marteau dans le manche pour empêcher le pilote de câbler davantage son avion. Mais cette fois là, le vérin tapait alors qu’il était encore à l’horizontale. Pas moyen de tirer sur le manche… Faute de parvenir à décoller le pilote applique les procédures. Sortir la crosse: trop tard ! les brins d’arrêts sont déjà 10m derrière. Sortie du parachute de freinage. Mais hors limite aussi. L’avion va finir sa course en bout de piste dans l’herbe près de la route qui borde la base. Le pilote s’éjecte in extrémis et s’en sort sain et sauf. Toutes les procédures ont bien été appliquées mais à chaque fois 10m trop tard. La cellule est très endommagée et ramenée au hangar. Toute l’équipe est présente en rang d’oignons dans un silence de cathédrale pendant qu’un haut gradé ausculte les instruments. Entre temps le pilote a lâché à mon père qu’il n’avait pas tenté un décollage du trim. En revanche, c’est bien mon père qui était en charge du réglage de la sonde du limiteur d’incidence. Pendant que l’analyse des quelques instruments, il sentait la transpiration et tout le stress l’envahir. C’était interminable. Soudain le gradé se retourne et fixe mon père. Avant de lâcher…: «…. Il est bien réglé…. » Ouf…Intérieurement et extérieurement aussi, mon père respire…. L’enquête sur le crash n’a jamais permis d’élucider les causes de l’accident. Panne non reproductible. Fumer en travaillant De retour de missions sur le taxiway, on pouvait parfois apercevoir certains pilotes rouler verrière légèrement ouverte. Là aussi, les phases de maintenance ont révélé les raisons sans la moindre ambiguïté. Les instruments puaient le tabac. Bien que ce soit interdit, les pilotent « s’en grillaient une » ou même plusieurs pendant les missions. Les traces de graisses dans le cockpit présentent des risques d’incendies avec l’oxygène mais certains passaient outre. Pour passer inaperçu, ils ventilaient le cockpit verrière entr’ouverte histoire de disperser les fumées et les odeurs. Mais pas pour tout le monde. 4 Etendard au tapis la même semaine Un jour un Etendard en retour de mission ne parvient pas à sortir son train. Après avoir tenté les manoeuvre habituelles, il tente une ressource. La technique consiste à prendre un peu d’altitude puis à piquer vers le sol et faire une ressource. Au maximum des g encaissés, il envoie toute la pression hydraulique possible sur les vérins de sortie du train. Mais rien n’y fait, il va falloir se poser sur le ventre. Son équipier le suit de peu en parallèle mais annonce peu avant passer sur la réserve: 300 kg de pétrole, 10 minutes de vol. L’Etendard en panne de trains se pose sur le ventre abimant la cellule et le pilote s’en sort. Son équipier dégage en bout de piste et entame un tour supplémentaire pour se représenter en finale d’atterrissage. Mais alors qu’il survole la plage en bordure de l’aéroport, extinction moteur faute de carburant et trop loin de la piste. Le pilote s’éjecte et l’avion se crashe à quelques centaines de mètres de la plage. La même semaine un quatrième Etendard est tombé pour des problèmes de carburant faut d’avoir demandé un ravitaillement en vol au bon endroit. J’en ai oublié les détails. Mais je me souviens de cette phrase. « J’ai vu quatre Etendard aller au tapis la même semaine…. » Modifié le 20 mai 2021 par johnsteed 7 14 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. johnsteed Posté(e) le 28 février 2022 Auteur C’est un message populaire. Share Posté(e) le 28 février 2022 (modifié) Je poursuis dans l'évocation de mes souvenirs... L’Ecosse passe à l’Ouest. Les avions de la 16F étaient régulièrement envoyés dans toutes sortes d’exercices militaires et meetings aériens en Europe. Cette fois là, un Etendard IVP était attendu en Ecosse du côté d’Edimbourg. Parti en solo de Hyères, par une météo nuageuse sur toute l’Europe le pilote a mis le cap au nord. J’ignore pourquoi le pilote n’a pas utilisé le VOR. Peut être s’agissait il de s’entrainer. Toujours est t-il qu’après quelques heures de vol, l’Etendard a été intercepté par la chasse… suédoise ! Les avions sont équipés de systèmes de navigation et d’un compas de secours. Tout ce qui est magnétique est compensé par rapport aux masses métalliques présentes dans la cellule qui perturbent les instruments. Mais cette fois là, la compensation n’avait pas bien été effectuée ou alors simplement oubliée. En se fiant à un compas mal compensé, le cap avait dévié de quelques degrés. Or même avec une petite déviation, au bout de près de 2000 km, ça commence à faire pas mal. Au point de se retrouver chez les suèdois plutôt que chez les écossais… Là où ça a fait du foin, c’est que si tout s’était passé selon les règles, il aurait du se faire repérer bien plus tôt. En effet il avait traversé successivement les espaces aériens de la Belgique, de l’Allemagne et des Pays Bas sans jamais se faire intercepter…. Et la suède l’a fait gentiment savoir à l’OTAN qu’elle passoire elle était. Dans mes souvenirs, on m’avait rapporté que quelques cloches avaient sonnés un peu partout… Missions de reconnaissance à l'Est. Les pilotes de la 16F effectuaient des missions de reconnaissances qui ne relevaient plus du tout de l’exercice. En pleine guerre froide, il s’agissait d’aller régulièrement récolter des informations derrière le rideau de fer. L’Etendard IVP de reconnaissance était fait pour ça. La tactique était bien rodée. Les Etendard partaient de Hyères ou du Foch, passaient par la mer adriatique et survolaient la Yougoslavie d’alors. Ils s’engouffraient à basse altitude dans les alpes autrichiennes pour se cacher des radars, et déboulaient au dernier moment en Tchécoslovaquie avant que l’interception n’ai eu le temps de réagir. Dans les années 60 les Awacs n’existaient pas encore. Ils effectuaient le plus vite possible une grande boucle anti-horaire qui les remontaient toujours en rase motte vers l’Allemagne de l’est. La trajectoire était calculée pour survoler les cibles à photographier prévues par la mission avant de foncer vers l’ouest. Les radars du pacte de Varsovie disposés le long du du rideau de fer guettaient les avions susceptibles de pénétrer leur espace aérien, pointés vers l’ouest. A la frontière entre les deux Allemagne, toute l’attention concentrée sur ce qui leur faisait face, ils prêtaient beaucoup moins d’attention à ceux qui arrivaient dans leur dos à très base altitude. Le temps de réagir, les Etendards traversant les radars à rebours se retrouvaient immédiatement en Allemagne de l’ouest où ils avaient le choix de se poser ou de retrouver un ravitaillement en vol. Au retour, le dépouillement des photos réservait quelques surprises. Parmi les objectifs de la mission se trouvaient des clichés supplémentaires. Bien souvent les pilotes revenaient sur un sujet de discussion commun à tous. Ils étaient unanime pour considérer que les plus beaux paysages survolés se situaient sur la côte yougoslave. Peu urbanisés, préservés, splendides, des merveilles de petits villages. Tellement beaux qu’ils shootaient en passant pour ramener des souvenir et spéculer d’un temps futur où le rideau de fer tomberait et où ils pourraient afin les visiter ou y habiter… L’état major exploitait les photos de la mission. Les pilotes rêvaient en regardant les photos d’un futur lieu ou s’établir une fois la paix revenue. Je vous joins une photo de l'époque que j'ai retrouvée dans les documents familiaux. Modifié le 8 mars 2022 par johnsteed 5 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
FATac Posté(e) le 1 mars 2022 Share Posté(e) le 1 mars 2022 (modifié) Il y a 9 heures, johnsteed a dit : PS aux admins du site: Pas moyen d'afficher l'image directement sur le forum.... Il semble y avoir des limitations vraiment pas pratiques. C'est à vous décourager de poster. Du coup je vous donne le lien mais bon, pas propre... Un tout petit peu de technique : ton hébergeur (imgbb) fournit un lien qui n'est pas intégrable. Il faut alors maniper un peu : Tu regardes la section de ton image, sur la page imgbb Tu prends le champ HTML Tu en copies le contenu Et tu l'intègres ici, mais en éliminant tout ce qui précède "https..." et tout ce qui suit "...jpg". Et tu fais "entrée" derrière En l'occurrence, ici, tu ne prends que "https://i.ibb.co/4ZJWpMm/Etendard-IVP-16-F-2.jpg" Et voila (si ça veut bien marcher) : Modifié le 1 mars 2022 par FATac 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Hirondelle Posté(e) le 1 mars 2022 Share Posté(e) le 1 mars 2022 (modifié) Ca sert à tout la Force Aérienne Tactique. Jolis récits Johnsteed, j'espère que tu en as beaucoup d'autres à faire. Tu connais, j'imagine, le site de feu Jean Houben qui compile ces histoires aéronautiques (ou aéronavales, hein ?) dans une fantastique bibliothèque en ligne ? http://aviateurs.e-monsite.com/ Tes souvenirs y auraient leur place. Modifié le 1 mars 2022 par Hirondelle 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
pascal Posté(e) le 1 mars 2022 Share Posté(e) le 1 mars 2022 Il y a 9 heures, Hirondelle a dit : Force Aérienne Tactique ici il est plutôt question des pingouins Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Hirondelle Posté(e) le 1 mars 2022 Share Posté(e) le 1 mars 2022 il y a 19 minutes, pascal a dit : ici il est plutôt question des pingouins Je faisais référence à l’aide apportée par FATac ;) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
collectionneur Posté(e) le 3 mars 2022 Share Posté(e) le 3 mars 2022 Je suis vraiment étonné de ces missions a travers le rideau de fer de l'Aéronavale C'est la première fois que lit une telle mission. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rob1 Posté(e) le 5 mars 2022 Share Posté(e) le 5 mars 2022 Le 03/03/2022 à 19:34, collectionneur a dit : Je suis vraiment étonné de ces missions a travers le rideau de fer de l'Aéronavale C'est la première fois que lit une telle mission. Idem. Le mode opératoire est pour le moins étrange. Pour les survols violant un espace aérien étranger, on prend normalement des précautions extrême de secret et de possibilité de démentir. Or ici on aurait violé l'espace aérien, en plus de celui des pays-cibles, de deux pays neutres (Yougoslavie et Autriche) et la nécessité de "mouiller" la RFA dans l'affaire. Et on laisse les pilotes français garder des photos perso des côtes adriatiques... J'ai une impression de l'Etendard comme un appareil à pattes toujours (trop) courtes, quelqu'un sait son autonomie en basse altitude ? Au passage, en regardant les overflights faits par les Américains au-dessus du bloc de l'Est jusqu'à la mésaventure de Gary Powers en 1960, j'ai l'impression qu'ils misaient tous sur la haute altitude. Ensuite on voit des survols en BA lors de la crise de Cuba (RF-8 et RF-101) et au Vietnam. (Bon, ca tient peut-être aussi au type de photos recherchées.) 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bechar06 Posté(e) le 5 mars 2022 Share Posté(e) le 5 mars 2022 (modifié) Le 01/03/2022 à 00:11, johnsteed a dit : En pleine guerre froide, il s’agissait d’aller régulièrement récolter des informations derrière le rideau de fer. L’Etendard IVP de reconnaissance était fait pour ça. Moi aussi assez étonné par ces missions au delà du rideau de fer. Et aussi par la distance parcourue pour réaliser cette boucle... Yougoslavie Tchécoslovaquie, Allemagne de l'Est et retour Allemagne de l'ouest. Je ne savais pas l'Etendard aussi endurant MERCI en tous cas Modifié le 5 mars 2022 par Bechar06 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Loïc C. Posté(e) le 5 mars 2022 Share Posté(e) le 5 mars 2022 Bonjour, Je vais évoquer ma propre expérience, ayant servi chez les Pingouins de 1964 à 1970 inclus, notamment à la Flottille 21F, basée à Nimes-Garons et équipée d'Atlantics. On met de côté les missions SAR (sauvetage en mer), sinon... 1) Missions de surveillance aérienne (et photographiques!) en Méditerranée et en Adriatique, quand, dans le seconde moitié des années 60, la flotte soviétique avait pris l'habitude d'y faire des incursions régulières (avec fréquents mouillages et visites de courtoisie dans les ports yougoslaves). Les premiers croiseurs lourds lance-missiles soviétiques étant, alors, très peu connus, les photos étaient soigneusement exploitées, au retour de mission, pour obtenir des infos sur leurs armements, leurs équipements électroniques, etc. Les bâtiments soviétiques étaient, régulièrement, pistés de très-très près, tandis que les canons antiaériens du bord ne leur lâchaient pas les baskets , mais, à ma connaissance, il n'y a jamais eu aucune bavure; ce genre de mission s'effectuaient UNIQUEMENT dans les eaux internationales ou à l'extrême limite des eaux territoriales des membres du Pacte de Varsovie. 2) Missions régulières -durée de 8-10 jours- de surveillance au Tchad (depuis un terrain proche de Djaména), le long de la frontière libyenne - là, par contre, les appareils n'hésitaient pas à pénétrer dans l'espace aérien du désert libyen pour repérer les colonnes rebelles -. A l'époque, la Libye soutenait la rébellion tchadienne - celle qui avait fini par prendre le pouvoir au Tchad et avec laquelle nous avions, pragmatiquement, fait ami-ami. De manière générale, toutes les missions de reconnaissances photographiques, qui étaient menées, à l'époque, se contentaient de flirter dangereusement avec les frontières du Rideau de Fer; "l'affaire" de l'U2 américain, descendu par un missile soviétique, en 1960, avait, alors, fait grand bruit; son pilote s'était pris 15 ans de prison, dans une geôle soviétique! L'USAF (de fait, la CIA) était, alors, la seule armée occidentale qui possédait des appareils capables de voler à une altitude les mettant hors de portée de la chasse soviétique, mais, visiblement pas des missiles SA. Il est possible que, à l'époque, certains Mirage III R aient effectué de très brèves et rapide incursions, au-delà du "Rideau de Fer" - pour les Etendards, je n'en sais rien - mais c'eut été "chaud patate", si l'un d'eux s'était fait descendre par la DCA, l'aviation adverse ou même contraint de se poser. 1 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Loïc C. Posté(e) le 5 mars 2022 Share Posté(e) le 5 mars 2022 (modifié) Il y a 11 heures, Rob1 a dit : J'ai une impression de l'Etendard comme un appareil à pattes toujours (trop) courtes, quelqu'un sait son autonomie en basse altitude ? 600 km! Soyons fous, disons 800, avec des réservoirs supplémentaires et le minimum d'armement (voire pas du tout!) et il n'est pas question que cette distance puisse être effectuée en "radada". Par ailleurs, l'Etendard n'était pas, non plus, un foudre de guerre, question vitesse... mach 0,9 pendant une courte durée et probablement à plus de 10 000 pieds (3000 m). Modifié le 5 mars 2022 par Loïc C. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Loïc C. Posté(e) le 5 mars 2022 Share Posté(e) le 5 mars 2022 Cà ne veux pas dire, pour autant, que nos appareils, Mirage III et Etendards n'avaient pas effectué, de temps en temps, des missions de reconnaissance très risquées (!) au-delà du Rideau de Fer, mais ce n'était en rien la règle. Nos moyens photographiques existants étaient, déjà, d'une très grande résolution et ils nous permettaient, à 3000 m d'altitude, en deçà du Rideau de Fer, tout en restant à l'abri d'une éventuelle réplique anti-aérienne adverse, de disposer, à la louche de +/- 300 kilomètres de profondeur... ce qui était, alors, amplement, suffisant pour s'assurer d'une éventuelle et supposée progression menaçante d'une possible concentration de troupes du Pacte de Varsovie. Accessoirement, même si la France avait, alors, fait sécession avec l'OTAN, nous disposions, néanmoins, dans les années 60, des informations "récoltées" par les premiers satellites d'observation militaires américains. Dès lors, il ne servait rien, sauf pour une supposée gloriole personnelle, que nos équipages d'aéronefs s'aventurent au-dessus du "territoire ennemi, hormis des ordres très spécifiques, eux-mêmes, limités à quelques rares unités, reconnues comme "très pointues"! Dans cette histoire, il convient, aussi, de prendre compte les performances exceptionnelles, pour l'époque, du Mirage III et de sa version "reconnaissance photographique", capable, elle, de voler à plus de Mach 2, soit largement, deux fois plus vite que le moindre de nos Étendards. Au début des années 60, les performances avérées du Mirage III, en tant que chasseur-intercepteur et autres usages, avaient posé de sérieux problèmes, aussi bien, côté américain, que soviétique. Déjà, les "Ricains" avaient fait la gueule et pour cause! Ces "attardés" de français ayant trouvé le moyen, avec des budgets militaires "miséreux", de mettre au point un appareil dont les performances intrinsèques et capacités générales mettaient, sérieusement, à mal les productions en cours ou prévues. Loin de moi l'idée de vouloir me la jouer "cocorico", mais la mise en service, par l'armée française, du Mirage III avait, alors, très sérieusement "perturbé" les productions américaines et soviétiques, qui, jusqu'alors, "se collaient", bêtement, au basket! 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
johnsteed Posté(e) le 8 mars 2022 Auteur Share Posté(e) le 8 mars 2022 (modifié) Le 01/03/2022 à 10:09, FATac a dit : Un tout petit peu de technique : ton hébergeur (imgbb) fournit un lien qui n'est pas intégrable. Il faut alors maniper un peu : Merci Fatac pour l'information. J'aurais du chercher davantage car en plus c'était élémentaire mais il était tard... J'avais fait une tentative refusée car http et non https. Après avoir changé de site j'en ai conclu qu'il y avait d'autres restrictions non mentionnées et j'ai laissé tomber. Le 01/03/2022 à 13:21, Hirondelle a dit : Jolis récits Johnsteed, j'espère que tu en as beaucoup d'autres à faire. Tu connais, j'imagine, le site de feu Jean Houben qui compile ces histoires aéronautiques (ou aéronavales, hein ?) dans une fantastique bibliothèque en ligne ? http://aviateurs.e-monsite.com/ Tes souvenirs y auraient leur place. Je ne connaissais pas du tout. J'irais jeter un oeil. Je n'ai plus beaucoup de récits à faire hélas et les derniers sont plus anecdotiques. Je ne poste que les histoires dont mes souvenirs sont clairs et que j'ai entendues plusieurs fois, souvent de plusieurs personnes. J'espère que je ne relate pas des informations à ne pas diffuser. Je pense que depuis le temps il y a prescription mais au pire dites moi et j'effacerais. Ces histoires datent forcément de la période 1962 - 1967 tout au plus et ne concernent que la 16F. Je les ai entendues autour des années fin 70 début 80 plusieurs fois avec beaucoup plus de détails mais je ne raconte que celles dont je n'ai aucun doute. Bien que très jeune j'étais attentif. Après ma mémoire me joue peut être des tours mais je ne crois pas et en tout cas, je suis sincère sur ce que je partage. La photo que j'ai diffusée fait partie d'un ensemble retreint de clichés (10 max) qui datent de cette époque. Il y avait même une photo d'un de ces "coins superbes" de la côte qu'un pilote avait donné à mon père. Je me souviens l'avoir vue mais à ce jour, je n'ai pas retrouvé le cliché. Il doit être inséré dans un des innombrables livres sur la marine de la bibliothèque familiale... Concernant les missions de reconnaissances, je confirme que plusieurs personnes en ont parlé. Il reste même une de ces personnes encore parmi nous que je dois voir bientôt. Je lui demanderai s'il se souvient encore de quelques détails. Parmi les choses dont j'entends encore les paroles. Dernier ravitaillement au dessus de la mer adriatique. Prochain ravitaillement en vol ou au sol dès le retour en Allemagne de l'ouest à court de carburant. Pour le profil de mission, le passage des alpes se faisait à basse altitude avec deux bidons et les caméras (Omera). Après je ne sais pas. Je me souviens qu'ils parlaient de ces missions comme quelque chose de "gonflé" mais pas unique. Il y a eu plusieurs missions effectuées de la sorte mais concernant les souvenirs certains sur ce cas, je n'en sais pas davantage que ce que j'ai raconté. Je me souviens avoir demandé s'il y avait eu d'autres missions aussi "gonflées" du même genre. La réponse fut que oui mais sans plus. Je pense qu'à l'age que j'avais (+-7-8 ans) ils ne faisaient même pas attention à moi... Dans la même veine mais plus tard, un jour j'avais demandé jusqu'à quelle profondeur un SNLE pouvait lancer ses missiles. C'était du temps de l'Inflexible. J'ai eu une réponse très explicite: "c'est confidentiel, tu n'as pas à savoir". Sauf que pendant que je faisais mes études, j'ai expliqué que la réponse se situait forcément entre deux valeurs assez proches pour telles et telles raisons. J'ai eu droit à un regard noir avec pour réponse un "pas de commentaire" dans le genre "occupe toi de tes fesses"... Bref, j'ai surtout retenu que c'était une info que l'on souhaite garder pour nous. Du coup je ne dis rien... Modifié le 8 mars 2022 par johnsteed 2 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
cracou Posté(e) le 8 mars 2022 Share Posté(e) le 8 mars 2022 Le 08/03/2022 à 17:04, johnsteed a dit : Dans la même veine mais plus tard, un jour j'avais demandé jusqu'à quelle profondeur un SNLE pouvait lancer ses missiles. C'était du temps de l'Inflexible. J'ai eu une réponse très explicite: "c'est confidentiel, tu n'as pas à savoir". Sauf que pendant que je faisais mes études, j'ai expliqué que la réponse se situait forcément entre deux valeurs assez proches pour telles et telles raisons. J'ai eu droit à un regard noir avec pour réponse un "pas de commentaire" dans le genre "occupe toi de tes fesses"... Bref, j'ai surtout retenu que c'était une info que l'on souhaite garder pour nous. Du coup je ne dis rien... En n'ayant strictement aucune compétence, je vois que la bulle d'air doit protéger le missile le temps de remonter (sans se faire écraser) mais en même temps pas trop haut pour que ça marche. Donc mon petit doigt dit 30m. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
mudrets Posté(e) le 9 mars 2022 Share Posté(e) le 9 mars 2022 Un SNLE russe peut lancer jusque 50 m. Pour les Froggies, je ne sais pas Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 9 mars 2022 Share Posté(e) le 9 mars 2022 19 hours ago, cracou said: En n'ayant strictement aucune compétence, je vois que la bull d'air doit protéger le missile le temps de remonter (sans se faire écraser) mais en même temps pas trop haut pour que ça marche. Donc mon petit doigt dit 30m. La pression dea bulle est la même que celle de l'eau autour ... 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
cracou Posté(e) le 9 mars 2022 Share Posté(e) le 9 mars 2022 il y a 52 minutes, g4lly a dit : La pression dea bulle est la même que celle de l'eau autour ... justement :) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 9 mars 2022 Share Posté(e) le 9 mars 2022 1 minute ago, cracou said: justement :) Donc en quoi elle protégerai le missile de la pression? 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Loïc C. Posté(e) le 11 mars 2022 Share Posté(e) le 11 mars 2022 Le 09/03/2022 à 17:26, g4lly a dit : Donc en quoi elle protégerai le missile de la pression? Juste en citant Wikipédia... "La supercavitation est une technique de propulsion sous-marine permettant à un objet de produire un gaz chaud, assez chaud même pour vaporiser l'eau, qui enveloppera l'objet afin de réduire le frottement de l'eau. Il faut savoir que le frottement dans un gaz comme la vapeur d'eau est environ 1 000 fois moindre que dans l'eau." Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 11 mars 2022 Share Posté(e) le 11 mars 2022 2 hours ago, Loïc C. said: Juste en citant Wikipédia... "La supercavitation est une technique de propulsion sous-marine permettant à un objet de produire un gaz chaud, assez chaud même pour vaporiser l'eau, qui enveloppera l'objet afin de réduire le frottement de l'eau. Il faut savoir que le frottement dans un gaz comme la vapeur d'eau est environ 1 000 fois moindre que dans l'eau." Oui mettre un objet dans une bulle réduit la surface "mouillée" ... mais en quoi ça protège et de quoi? Et qu'est ce qui limite la profondeur de tir d'un ICBM sur un SSBM? La pression sur le missile? La longueur du trajet vers la surface? La pression de l'eau dans le tube? La chute de l'eau dans le tube? ... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Loïc C. Posté(e) le 11 mars 2022 Share Posté(e) le 11 mars 2022 Le 11/03/2022 à 14:50, g4lly a dit : Oui mettre un objet dans une bulle réduit la surface "mouillée" ... mais en quoi ça protège et de quoi? Et qu'est ce qui limite la profondeur de tir d'un ICBM sur un SSBM? La pression sur le missile? La longueur du trajet vers la surface? La pression de l'eau dans le tube? La chute de l'eau dans le tube? ... Juste le nécessaire et bref trajet sous l'eau du missile. Çà avait marché, il y a plus d'un siècle, avec les torpilles, qui, dans le meilleure des cas, celui des torpilles allemandes, en 1916, flirtouillaient, déjà, avec les 50 noeuds et qui, tirées à +/- 9000 m, par les flottilles de torpilleurs allemands, dans le cadre de la dernière phase de la Bataille du Jutland (après 18H00), avaient contraint la ligne de file des cuirassées anglais à devoir effectuer un 180° durant 20 minutes, pour les éviter... délai qui avait permis à la Hochseeflotte de profiter de la nuit tombante et, ainsi, disparaitre des "vigies" - certes, à l'époque, le radar n'existait pas, mais les effets de la "supercavitation", eux, étaient, déjà, connus ou, à tout le moins, constatés et exploités -. Oui, tu viens de citer les principales contraintes, mais, sans entrer dans le domaine des performances confidentielles, tu viens, aussi, de citer les limites de l'emploi qui, elles ont été résolues, par l'expérience et la multiplicité des exercices de tirs sous-marins, depuis un bail. J'aurais tendance à penser, mais sans preuve technique sérieuse (je le concède, sans problème!), que les soums les plus récents, y compris ceux qui ont bénéficié de "remise à niveau", devraient pouvoir tirer, sans trop de difficultés, un missile (nucléaire ou non), jusqu'à 100 m de profondeur - vu la vitesse imprimée au missile, c'est "peanuts" .. mouais, enfin, tout est relatif! -. Mais ce genre d'information est, à juste titre, classée "confidentielle". 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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