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Russie et dépendances.


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https://www.nytimes.com/interactive/2023/12/29/world/europe/russia-ukraine-war-censorship.html

La répression de la liberté d'expression en Russie faisait autrefois la une des journaux du monde entier. Aujourd'hui, elles sont de moins en moins remarquées. L'une des raisons en est l'ampleur : Au cours de chacun des 530 jours de guerre pour lesquels nous disposons de données presque complètes, 13 affaires en moyenne ont été portées devant les tribunaux concernant des personnes opposées à la guerre, et ce uniquement en vertu de la loi sur la discréditation.

Cette analyse remet en question l'idée selon laquelle le sentiment d'opposition en Russie est concentré au sein de l'élite de Moscou, de Saint-Pétersbourg et d'autres grandes villes. Les documents montrent que deux tiers des affaires ont été jugées par des tribunaux situés dans des villes de moins d'un million d'habitants.

Dans la petite ville d'Iglino, dans l'ouest de la Russie, Zaynulla Gadzhiyev, un conducteur de train à la retraite aujourd'hui âgé de 76 ans, a prédit sur sa page de médias sociaux que "rien ne sauvera la Russie de l'effondrement".

M. Bespokoyev, 22 ans, professeur particulier, a traversé une station de métro de Saint-Pétersbourg en portant le manteau que son grand-père portait pendant la Seconde Guerre mondiale et sur lequel M. Bespokoyev avait écrit : "J'ai mal et j'ai peur. Je ne veux pas de la guerre".

À Novossibirsk, en Sibérie, Marina Tsurmast, une journaliste locale, a gribouillé "Bucha" en rouge sur un morceau de papier et l'a collé sur un stand d'exposition célébrant l'anniversaire de l'annexion de la Crimée par la Russie. Des policiers l'ont arrêtée sur le champ.

Le juge chargé de l'affaire de Mme Tsurmast, la journaliste, a estimé qu'elle avait "déformé les véritables objectifs" de la guerre menée par M. Poutine. Un juge de Saint-Pétersbourg a estimé que M. Bespokoyev, le tuteur, avait porté atteinte "à l'autorité, à l'image et à la confiance dans l'utilisation des forces armées de la Fédération de Russie". Quant à M. Gadzhiyev, conducteur de train à la retraite, il a été cité pour avoir "sapé la confiance dans les décisions des autorités de l'État de la Fédération de Russie concernant la conduite de l'opération militaire spéciale".

Tous trois ont été condamnés à une amende de 30 000 roubles, soit environ 500 dollars à l'époque. Au cours des trois premiers mois de la guerre, les données montrent qu'au moins 1 662 autres Russes ont fait l'objet de poursuites pour avoir tenu des propos anti-guerre.

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La censure, oui ou non ?

L'institut d'étude de l'opinion publique en Russie le VTsIOM a publié aujourd'hui une enquête qui confirme le soutien de la majorité de la population à une censure d'Etat - comme il y a 15 ans, quoique avec quelques nuances. L'étude est là - en russe, naturellement, mais comme toujours la traduction automatique fonctionne bien :smile:

Les résultats sont détaillés, et on demande aux sondés de donner leurs raisons pour demander / refuser une censure, mais voici le résultat général

Pensez-vous que les médias russes (télévision, presse écrite, etc.) ont besoin ou non d’une censure d’État ? (2008 / 2023)

Certainement nécessaire 26 / 24

Plutôt nécessaire 32 / 39

Probablement pas nécessaire  16 / 17

Certainement pas nécessaire 8 / 13

J'ai du mal à répondre 18 / 7

En quinze ans, il y a donc surtout beaucoup moins d'indécis, et à la fois le total des "Oui" et des "Non" a augmenté. Mais la majorité reste du côté des "Oui", qui restent en gros deux fois plus nombreux que les "Non"

Les raisons données par les sondés sont intéressantes. Elles sont résumées dans cet article (on peut aussi lire l'étude directement)

Les experts du VTsIOM ont dressé le portrait d’un Russe typique favorable à la censure. Le plus souvent, il s'agit d'une femme de plus de 45 ans, ayant fait des études secondaires ou secondaires spécialisées, des revenus élevés ou moyens (selon l'évaluation personnelle), vivant dans une petite ville ou une zone rurale. Sa source d'information préférée est la télévision. Ou encore, il combine le visionnage de programmes télévisés avec des flux provenant de sources Internet.

Le citoyen russe typique qui ne soutient pas la censure est un homme de moins de 35 ans, avec une éducation secondaire incomplète et une situation financière précaire. Dans le même temps, un tel hipster gagne son existence dans la capitale ou dans une ville d'un million d'habitants et consomme activement du contenu Internet.

Les femmes sont un peu plus nombreuses que les hommes à souhaiter une censure, et les personnes éduquées sont plus nombreuses que les personnes moins éduquées (ce point m'a surpris au premier abord)

Les sociologues du VTsIOM ont également énuméré les raisons qui poussent les Russes à renoncer à la liberté de la presse au profit du contrôle de l'État. Ainsi, 44 % des personnes interrogées considèrent la censure comme « un mécanisme permettant d’assurer la stabilité et l’ordre dans la société afin d’éviter la panique ».

Le deuxième argument est la protection contre les fausses nouvelles. C'est ce qu'affirment 20 % des personnes interrogées favorables à la censure.

10 % pensent que le filtre d'information de l'État améliorera le niveau culturel de la société. 9 % soutiennent la censure dans les médias, car elle est censée protéger les téléspectateurs et les lecteurs des informations négatives et immorales et de la propagande de comportements déviants.

A noter que la deuxième raison donnée par ceux qui souhaitent une censure... est la même que donnent les partisans de la lutte contre les "fake news" en Occident. Eh oui, la lutte contre les fausses nouvelles c'est important ! La reprise de Twitter par Elon Musk est une catastrophe de ce point de vue, cet homme ne lutte pas assez pour la censure contre les fausses nouvelles :happy: !

L'article donne aussi les arguments des opposants à la censure. Je ne les recopie pas, ils sont ceux que nous connaissons - je l'espère - tous.

Enfin, une conclusion intéressante de cette étude

"De tels chiffres indiquent qu'il existe dans la société un concept d'hyperconfiance à l'égard de l'État", a commenté Sergueï Markelov à propos des résultats de l'étude.

Le stratège politique a expliqué comment cela fonctionne au niveau de la psyché humaine. Cette situation peut survenir dans une société où le niveau d’anxiété est élevé. Plus une personne consomme d’informations, sur Internet, dans les journaux ou à la télévision – peu importe –, plus elle devient nerveuse. En conséquence, le psychisme ne peut pas faire face et une idée logique apparaît : vous devez trouver quelqu'un de grand et de fort qui vous aidera à vous calmer.

- Les gens demandent à l'État : « Protégez-moi des contrefaçons. Moi-même, je n'arrive pas à comprendre où est le mensonge et où est la vérité. Déterminez-le pour moi et assurez-vous que ce n'est pas moi qui gère mon anxiété", a expliqué Markelov. "Cela crée un sentiment de contrôle et de compétence. En réalité, bien sûr, il s’agit là de pseudo-contrôle et de pseudo-compétence. Mais pour celui qui prône la censure, les pensées sont très importantes : « Je sais exactement ce qui se passe » ou « Je sais exactement quels mots utiliser pour couvrir ces damnés Américains ».

Une hyperconfiance envers l'Etat. Je ne vois pas de description plus claire. Un fait de mentalité notable. Et à quel point commode pour Vladimir Poutine !

D'aucuns vont jusqu'à suggérer que le président russe en serait si satisfait qu'il n'a pas attendu les résultats de l'étude pour agir, et qu'il existe en fait déjà une censure des médias en Russie...

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Il y a 2 heures, Alexis a dit :

"De tels chiffres indiquent qu'il existe dans la société un concept d'hyperconfiance à l'égard de l'État", a commenté Sergueï Markelov à propos des résultats de l'étude.

Le stratège politique a expliqué comment cela fonctionne au niveau de la psyché humaine. Cette situation peut survenir dans une société où le niveau d’anxiété est élevé. Plus une personne consomme d’informations, sur Internet, dans les journaux ou à la télévision – peu importe –, plus elle devient nerveuse. En conséquence, le psychisme ne peut pas faire face et une idée logique apparaît : vous devez trouver quelqu'un de grand et de fort qui vous aidera à vous calmer.

Il parlait de la France là?

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il y a une heure, clem200 a dit :

Bha on est pas le total opposé ? 

Absolument :bloblaugh:

une société où le niveau d’anxiété est élevé. Plus une personne consomme d’informations, sur Internet, dans les journaux ou à la télévision – peu importe –, plus elle devient nerveuse. En conséquence, le psychisme ne peut pas faire face et une idée logique apparaît : vous devez trouver quelqu'un de grand et de fort qui vous aidera à vous calmer.

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Il y a 5 heures, g4lly a dit :

Absolument :bloblaugh:

une société où le niveau d’anxiété est élevé. Plus une personne consomme d’informations, sur Internet, dans les journaux ou à la télévision – peu importe –, plus elle devient nerveuse. En conséquence, le psychisme ne peut pas faire face et une idée logique apparaît : vous devez trouver quelqu'un de grand et de fort qui vous aidera à vous calmer.

C'est bien ce que je dis

Les français ont trouvé le ralage et les anti dépresseur, pas un gouvernement sauveur 

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Le 30/12/2023 à 12:03, Ciders a dit :

Probable aussi que la mère de la fille naturelle de Poutine (la ressemblance était étonnante et pareil, la fille s'était retrouvée bien dotée du jour au lendemain) soit concernée.

Dans tous les cas, n'oubliez jamais que si le roi est Très-Chrétien, il peut quand même avoir dix enfants illégitimes et coucher successivement avec quatre sœurs. Ça ne pose aucun souci moral.

4 compagnes recensées ici :

https://nypost.com/2022/04/06/here-are-all-the-women-who-have-won-vladimir-putins-black-heart/

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Le 10/01/2024 à 00:32, g4lly a dit :

il existe dans la société un concept d'hyperconfiance à l'égard de l'État

Il parlait de la France là?

Je dirais plutôt qu'il ne s'exprimait pas très précisément. Ce qui semble exister en Russie c'est une hyperconfiance à l'égard du Gouvernement.

En France nous sommes plutôt spécialistes de la confiance à l'égard de l'Etat, même si en pratique nous pensons le plus souvent que le Gouvernement manie fort mal cet Etat. En somme, l'Etat est révéré du moins sur le principe - quand il s'agit de respecter les limitations de vitesse par exemple le principe peut devenir assez théorique :happy: - tandis que le Gouvernement quelle que soit sa couleur est généralement regardé comme une collection de branleurs et d'abrutis. Et en écrivant cela je me mets dedans naturellement...

 

Sinon, voici un commentateur russe qui regarde ailleurs - c'est-à-dire ici - et ce faisant révèle pas mal de sa manière de penser. 

Où nous apprenons que la caractéristique personnelle la plus remarquable de Gabriel Attal est son orientation sexuelle - il est appelé "premier ministre-homosexuel" - que les deux personnages mis en avant par les deux principaux partis français Attal et Bardella ont en commun non seulement d'être arrivés par les relations de couple mais encore de ne pas être vraiment français vu leurs ascendants étrangers. Et que le fait que Attal n'a pas grand-chose à voir avec son ancêtre russe héros de la guerre contre Napoléon est suffisamment prouvé par le fait qu'il est homosexuel :rolleyes: ... Pas de doute, il y a quelques obsessions qui se devinent ici :happy: !

Bardella a maintenant 28 ans et Attal 34 ans, tous deux étaient attachés de presse (Bardella dans le parti et Attal dans le gouvernement). Certes, Bardella est contre le mariage homosexuel et Attal est devenu le premier Premier ministre d'orientation homosexuelle, mais tous deux sont en réalité liés à leurs supérieurs : Bardella est marié de manière non officielle avec la nièce de Marine Le Pen, et Attal est dans un " "Union civile" avec Stéphane Séjournet, secrétaire général de Macron. "Renaissance" (longtemps et l'un des plus proches conseillers de Macron). Aujourd’hui, cependant, on dit que Séjournet et Attal se sont déjà séparés, mais cela ne change en rien le mécanisme de sélection du personnel de Macron.

Bardella et Attal ont d'ailleurs des racines qui sont loin d'être françaises : alors que Bardella est issu d'une famille italo-algérienne, Attal est un mélange de juifs alsaciens et tunisiens (dont des proches des propriétaires de la célèbre chaîne des Galeries Lafayette), descendants de pairs de France, grecs et même des « Russes blancs d'Odessa ». Il existe encore peu d'informations sur ce dernier, mais parmi les ancêtres de son grand-père maternel, on mentionne le prince Dmitri Golitsyne, héros des guerres avec Napoléon et gouverneur général de Moscou de longue date . Il est clair que tous ces glorieux ancêtres n'ont pas influencé la formation de la conscience du premier ministre homosexuel, bien que sa grand-mère aux racines grecques l'ait élevé dans l'orthodoxie.

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Le 10/01/2024 à 08:08, olivier lsb a dit :

Un billet d'Anna Colin Lebedev, sur l'orthodoxie décroissante de la Russie, qui s'est pourtant tellement réclamée de la défense des valeurs traditionnelles pour mieux s'opposer à l'Europe. Résultat (sondage Kommersant, lien dans l'article) :

- moins de 1% des Russes sont allés à la messe de Noël contre près du double avant 2020

- pas plus de 1% de paroissiens réguliers

- Les russes plutôt adeptes de la déclaration de religiosité (marqueur identitaire, superstition, rumeurs) que d'une véritable pratique

https://colinlebedev.fr/2024/01/08/dans-une-eglise-a-moitie-vide/#

La religion n'est qu'un aspect des traditions, et l'orthodoxie n'est pas la seule religion en russie.

Le mot clef de "tradition" est employé dans le discours officiel russe notamment dans la condamnation de valeurs familales supposément "non traditionnelles", et souvent c'est le couple homosexuel qui est visé par cette expression.

D'où l'idée que peut-être il y a, parmi les traditions que les responsables russes entendent préserver, des traditions soviétiques. Car l'officiellement athée Union Soviétique était aussi très homophobe, l'un n'empêchant pas l'autre. C'est ce que rappelle le film britannico-estonien Firebird, paru en 2021, qui raconte une histoire vraie dans une base soviétique en Estonie dans les années 1970.

À travers le nouveau premier ministre français, Gabriel Attal à la fois homosexuel et russe orthodoxe par sa mère, ancien fidèle de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky de Paris, les Russes pourront trouver matière à réflexion sur la façon de concilier modernité et tradition. (Gabriel Attal a été baptisé dans l’église orthodoxe russe de la rue Daru dans le 8e arrondissement de Paris. Gabriel Attal grandit dans les 13e et 14e arrondissements de Paris, et fréquente la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky pendant son enfance. Cette église, située rue Daru à Paris, est le premier lieu de culte permanent de la communauté russe orthodoxe dans la capitale et demeure le siège de l’Archevêché des Églises orthodoxes russes en Europe occidentale dans la juridiction du Patriarcat de Moscou. La mère de Gabriel Attal, Marie de Couriss, est issue d’une longue lignée de Russes blancs. Par son père, elle descend d’une famille grecque qui émigre en Russie au temps de Catherine II. Sa grand-mère paternelle, Marie Meyendorff, est quant à elle affiliée au grand théologien russe Jean Meyendorff, qui fut un temps directeur du séminaire Saint-Vladimir à New York aux États-Unis. L’arbre généalogique de Marie de Couriss dévoile également de célèbres noms de l’ancienne aristocratie du temps des tsars, dont les Dolgorouky-Krymsky. https://www.la-croix.com/religion/gabriel-attal-un-premier-ministre-aux-racines-orthodoxes-20240110)

 

Modifié par Wallaby
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Oppositions en Russie

Rares heurts entre police et manifestants en Russie après la condamnation d'un opposant bachkir - a Baïmak, dans la république du Bachkortostan, -

17 jan. 2024 AFP

"Quelque 6.000 personnes protestaient devant le tribunal où était jugé le militant Faïl Alsynov, a rapporté cette organisation. Dans des vidéos relayées sur les réseaux sociaux, on pouvait voir une foule de personnes chaudement vêtues jeter des boules de neige par -20°C sur des policiers munis de boucliers et d'autres scandant : "Honte !"."

https://information.tv5monde.com/international/rares-heurts-entre-police-et-manifestants-en-russie-apres-la-condamnation-dun

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https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-enjeux-internationaux/kaliningrad-1991-2024-les-metamorphoses-de-l-enclave-russe-6585754 (17 janvier 2024)

[Benoît Vitkine] affirme que la propagande russe assimilant les Ukrainiens à des nazis n'a pas eu une grande réception au sein de la population. Au contraire, il affirme que l'idée que la Russie soit attaquée par les Occidentaux s'est imposée au sein de la population : "il y a une forme de soumission volontaire qu'eux appelleraient volontiers plutôt loyauté", explique le journaliste.

Si la peur règne au sein de la population, le journaliste insiste sur la popularité dont bénéficie Poutine, perçu comme un gage de stabilité par les Russes : "faute d'alternative, faute du moindre discours concurrent. Mais il y a également un invariant historique que j'explore dans le livre, de considérer que le destin et la fierté individuelle sont secondaires après celui de l'État."

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https://jamestown.org/program/balance-of-war-in-ukraine-set-to-shift-not-in-russias-favor/ (16 janvier 2024)

Le président Vladimir Poutine reste fermement convaincu que les forces russes progressent régulièrement. Il a effectué son premier voyage de la nouvelle année en Extrême-Orient pour vanter ces succès et faire la publicité des réalisations économiques de la région, qui reste chroniquement déprimée (Rossiiskaya gazeta, 11 janvier). Son inspection d'une serre en Tchoukotka n'a guère rassuré les nombreuses familles de la région de Moscou qui souffrent d'un froid extrême sans accès au chauffage et à l'électricité (Riddle, 12 janvier). L'hiver dernier, l'un des thèmes favoris de Poutine était que le gel de l'Europe avait été causé par l'arrêt de la consommation de gaz russe sur le continent. Cet hiver, il a évité le sujet alors que l'Europe s'est adaptée aux nouvelles réalités de la guerre et que de nombreuses villes russes continuent d'être touchées (Svoboda.org, 11 janvier). Les difficultés rencontrées par Moscou pour fournir un chauffage et une électricité adéquats à sa population illustrent les tentatives de plus en plus douteuses de Poutine pour prétendre que sa guerre ne touche pas les Russes ordinaires et ne perturbe pas leur vie quotidienne (voir EDM, 21 décembre 2023).

Il n'y a pas qu'en Sibérie qu'il fait froid :

https://www.lefigaro.fr/international/les-intemperies-hivernales-aux-etats-unis-ont-fait-au-moins-50-morts-en-une-semaine-20240120

Les intempéries hivernales aux États-Unis ont fait au moins 50 morts en une semaine

En Oregon, 75.000 personnes étaient sans électricité vendredi soir, selon le site Poweroutage.us, et le gouverneur a déclaré l'état d'urgence.

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Le problème c'est que les conditions climatiques sibériennes ou extrême-orientales ne sont pas les mêmes que sur la Côte Ouest. Et surtout, elles sont nettement plus régulièrement froides qu'aux États-Unis.

Les réseaux de chauffage russes sont notoirement anciens et dégradés, souvent peu ou pas entretenus. Le gel fait éclater les tuyauteries et le dégel du permafrost en affecte aussi certaines. Les bâtiments soviétiques sont des passoires thermiques qui n'arrangent rien. Et peu de choses ont été faites pour améliorer la situation depuis 1991. Même si en Chukotka, de l'argent a été versé par l'oligarque qui en avait pris la tête.

Et on parle de Moscou qui a froid. Moscou qui est prioritaire dans les budgets. Mais toutes les villes moyennes, les localités des Terres non Noires ou les patelins perdus dans l'Altai ? Eux n'ont rien eu, rien perçu. Et tout le monde n'en a cure.

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il y a une heure, MIC_A a dit :

Quel beau pays ou il fait bon vivre dans la joie et la bonne humeur.
Avec cette clique au pourvoir ce n'est pas demain que le quidam moyen  s'en sortira , vraiment, ils sont à plaindre !

En moyenne, les Russes s'en sortent bien :

Il y a 4 heures, Wallaby a dit :

Sur le PIB de la Russie durant les mandats Yeltsine, Poutine I-II, Medvedev et Poutine III-IV voyez le graphique au minutage 56:34 de cette vidéo :

Et cet article du New Statesman :

https://www.newstatesman.com/world/europe/2021/03/why-russians-still-choose-vladimir-putin-s-stability-over-alexei-navalny-s (2 mars 2021)

Malgré tout, la période actuelle est toujours historiquement une bonne période pour vivre dans le plus grand pays du monde. Les Russes contemporains vivent plus longtemps, boivent moins et, aussi étrange que cela puisse paraître, jouissent d'une plus grande liberté personnelle que dans presque toutes les époques de leur histoire. La semi-démocratie embryonnaire de la Russie a peut-être été étouffée, mais comparée aux catastrophes sociales, économiques et culturelles des années 90 de Boris Eltsine ou au cauchemar stalinien - dont on se souvient encore - l'autoritarisme sans imagination mais sans intrusion de Poutine est loin d'être le pire des mondes possibles.

De plus, la Russie de Poutine - bien que profondément corrompue, sans aucun doute - est bien plus que la parodie de démocratie ratée et gangrenée que certains portraits à l'étranger laissent entendre. Chez elle, il s'agit d'un système raisonnablement cohérent qui ne demande qu'une acceptation passive de ses citoyens, tout en promettant en retour un minimum de participation politique, un semblant décent d'ordre public et au moins une chance de prospérité personnelle. Pour les Russes, qui n'ont que rarement bénéficié de ces avantages, ces trois éléments à la fois constituent une proposition historiquement séduisante.

Au fond, le poutinisme s'engage à ne plus jamais faire de la Russie le cobaye d'expériences sociales grandioses. Au lieu de cela, il offre la stabilité, la continuité et le développement à une nation qui a dû régulièrement réapprendre les règles de la société par des dirigeants allant de Pierre le Grand à Eltsine. Pour une population épuisée par les bouleversements idéologiques, entraînée dans ce que l'analyste politique Andreï Kolesnikov appelle "une combinaison familière d'inertie [et] d'apathie", cette simple promesse reste bien plus attrayante que l'appel de Navalny à transformer une fois de plus la Russie, au risque de la rendre méconnaissable.

-

Le 09/01/2024 à 15:17, Wallaby a dit :

https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782073041135-la-defaite-de-l-occident-emmanuel-todd/

Extrait gratuit

Chapitre 1 - La stabilité russe

La solidité de la Russie a été l’une des grandes surprises de la guerre. Elle n’aurait pas dû l’être ; il était facile de la prévoir et il sera facile de l’expliquer.

Pour montrer l’énormité d’une erreur de perception qui s’est étalée sur toutes les années Poutine, partons du titre d’une chronique parue dans Le Monde le 2 mars 2022, signée de Sylvie Kauffmann, éditorialiste du journal : « Le bilan de Poutine à la tête de la Russie est une longue descente aux enfers d’un pays dont il a fait un agresseur. »

Voilà comment le grand journal de référence français décrivait une période qui, après l’effondrement des années 1990, fut précisément celle de la sortie des enfers. Il ne s’agit pas ici de dénoncer, de s’indigner, d’accuser de mauvaise foi – les personnes qui pensent ainsi sont sincères –, mais de comprendre comment de telles absurdités ont pu être écrites alors qu’il était si facile de voir que la Russie allait beaucoup mieux.

Entre 2000 et 2017, phase centrale de la stabilisation poutinienne, le taux de décès par alcoolisme est tombé en Russie de 25,6 pour 100 000 habitants à 8,4, le taux de suicide de 39,1 à 13,8, le taux d’homicide de 28,2 à 6,2. Cela signifie, en chiffres bruts, que les décès par alcoolisme sont passés de 37 214 par an à 12 276, les suicides de 56 934 à 20 278 et les homicides de 41 090 à 9 048. Et c’est un pays qui a vécu cette évolution qu’on nous déclare pris dans « une longue descente aux enfers ».

Comme nous l’apprend David Teurtrie dans son ouvrage de 2021, la Russie a réussi, en l’espace de quelques années, non seulement à atteindre l’autosuffisance alimentaire, mais à devenir l’un des plus importants exportateurs de produits agricoles au monde. Un splendide pied de nez à l’époque soviétique qui fut, comme on sait, marquée par l’échec de l’agriculture.

En 2012, la Russie produisait 37 millions de tonnes de blé, en 2022 80 millions. En 1980, au moment de l’arrivée au pouvoir de Reagan, la production de blé américaine s’élevait à 65 millions de tonnes. En 2022, elle n’était plus que de 47 millions.

Premier exportateur de centrales nucléaires.

« Concurrence véritable entre les Gafa et leurs équivalents locaux » (Teurtrie)

En avril 2015 était lancé le Système national des cartes de paiement (NSPK), « qui garantit le fonctionnement des cartes délivrées par des banques russes sur le territoire national même en cas de sanctions occidentales » (Teurtrie)

Les sanctions occidentales de 2014, si elles ont causé quelques difficultés à l’économie russe, ont aussi été pour elle une chance : elles l’ont obligée à trouver des substituts à ses importations et à se redéployer en interne. Dans un article d’avril 2023, l’économiste américain James Galbraith a estimé que les sanctions de 2022 ont eu le même effet.

Shlapentokh (1926-2015) était né soviétique, et juif, à Kiev. Il fut l’un des fondateurs de la sociologie empirique en langue russe à l’époque brejnévienne. Son Freedom, Repression, and Private Property in Russia a été publié en 2013 aux Cambridge University Press. Quand on l’a lu, il devient facile de définir le régime de Poutine, non comme l’exercice du pouvoir d’un monstre extraterrestre subjuguant un peuple passif et demeuré, mais comme un phénomène compréhensible, qui s’inscrit dans la continuité d’une histoire générale de la Russie.

Bien entendu, la Russie n’est pas devenue une démocratie libérale.

Le régime de Poutine est surtout remarquable par quelques traits qui, à eux seuls, signent une rupture radicale avec l’autoritarisme de type soviétique. D’abord, comme l’a rappelé James Galbraith, un attachement viscéral à l’économie de marché.

Attachement indéfectible de Poutine à la liberté de circulation. Avec lui, les Russes ont le droit de sortir de Russie et ils le conservent en temps de guerre. Où l’on retrouve l’une des caractéristiques de la démocratie libérale : une liberté totale de sortie.

Absence complète d’antisémitisme.

Ce qui distingue fondamentalement l’économie russe de l’économie américaine, c’est, parmi les personnes qui font des études supérieures, la proportion bien plus importante de celles qui choisissent de suivre des études d’ingénieur : vers 2020, 23,4 % contre 7,2 % aux États-Unis [Japon 18,5 %, Allemagne 24,2 %, France 14,1 %]. Malgré la disproportion des populations, la Russie parvient à former nettement plus d’ingénieurs que les États-Unis. Je suis conscient du caractère partiel de ce calcul, qui ne tient pas compte du fait que les États-Unis importent des ingénieurs.

La disparition de notre aptitude à concevoir la diversité du monde nous interdit une vision réaliste de la Russie. Il était évident que la Russie post-communiste allait conserver des traits communautaires malgré l’adoption de l’économie de marché ; l’acceptation, à des degrés divers, dans toutes les classes de la société – plus forte dans les milieux populaires, plus mitigée dans les classes moyennes –, d’une certaine forme d’autoritarisme et d’aspiration à l’homogénéité sociale.

Il subsiste en Russie suffisamment de valeurs communautaires – autoritaires et égalitaires – pour qu’y survive l’idéal d’une nation compacte et que réapparaisse une forme particulière de patriotisme.

Shlapentokh soulignait, quant à lui, que jamais les conditions de vie en Russie n’avaient été aussi bonnes, liberté comprise, que sous Poutine.

L’arrestation de Mikhaïl Khodorkovski en octobre 2003 fut l’occasion pour l’État et les oligarques de mettre les choses au point. Poutine leur laissa leur argent, et seulement leur argent. En vérité le mot « oligarque », qui inclut la notion de pouvoir (arkhè), ne décrit plus correctement la réalité russe. Il est amusant de constater que la chasse aux « oligarques » russes lancée en Occident depuis le début de l’invasion de l’Ukraine a généralisé outre-Atlantique la notion d’une Amérique vraiment oligarchique. Ses oligarques à elle peuvent, contrairement à leurs confrères russes, intervenir, et massivement on le verra, dans le système politique américain.

Mais la Russie a une faiblesse fondamentale, qui est sa basse fécondité, trait qu’elle partage à vrai dire avec l’ensemble du monde le plus développé.

La Russie est entrée dans une phase de contraction de sa population masculine potentiellement mobilisable. C’est la raison pour laquelle évoquer une Russie conquérante, capable d’envahir l’Europe après qu’elle aura abattu l’Ukraine, relève du fantasme ou de la propagande. La vérité est que la Russie, avec une population décroissante et une superficie de 17 millions de kilomètres carrés, loin de vouloir conquérir de nouveaux territoires, se demande surtout comment elle va continuer d’occuper ceux qu’elle possède déjà.

L’armée russe a choisi de faire une guerre lente pour économiser les hommes.

Les dirigeants russes sont lucides ; et préserver la souveraineté de leur pays est pour eux une exigence morale. Essayons de nous mettre à leur place. Ils savent que leur population va décliner. Qu’en déduisent-ils ? Non pas, comme le pensaient les Américains, que ce serait une folie d’attaquer, mais que, ce déclin ne devenant dangereux qu’à moyen et long terme, il faut agir au plus vite, parce que plus tard, il sera trop tard.

Mais nous savons aussi que les Russes n’ont pas l’éternité devant eux, et qu’ils devront obtenir, en cinq ans, une victoire définitive. Il leur faut donc abattre l’Ukraine et vaincre l’OTAN dans un délai limité, sans jamais leur permettre de gagner du temps, par des négociations, des trêves ou, pire, par un gel du conflit. Washington ne doit plus se faire d’illusions : c’est la victoire que veut Moscou, rien de moins.

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il y a une heure, MIC_A a dit :

Quel beau pays ou il fait bon vivre dans la joie et la bonne humeur.

Insulter le pouvoir en France c'est pas gratuit non plus ( un peu plus économique que la confiscation des biens ceci étant dit ).

Oui, je sais, je force un peu le trait, c'est mon côté poil à gratter. Juste pour dire qu'entre le 100 % blanc et le 100% noir....

Envoyez les tomates pourries si vous voulez, ce sera juste le signe d'un léger manque de recul. 

https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/100-et-200-euros-d-amende-pour-avoir-insulte-et-fait-des-doigts-d-honneur-a-emmanuel-macron-a-selestat-3559000

A ce tarif, je recommande toutefois d'utiliser des mots longs, ça rendra le ROI à la lettre plus bénéfique. 

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il y a une heure, MIC_A a dit :

Quel beau pays ou il fait bon vivre dans la joie et la bonne humeur.

Le Bhoutant est une monarchie ( tant pis pour la démocratie ), dépense quand même 2% de son PIB dans l'armée ( le bonheur n'exclut pas la méfiance ), on y peurt à 72 ans ( tant qu'on est heureux à 71 et demi pourquoi pas ) et est classé 68 sur la perception de corruption. 

Tout est toujours TRES relatif, selon les priorités de chacun. 

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Si si je vis en France.

Fin de la polémique, j'ai l'impression que la relativité de la posture et de l'analyse n'est pas toujours partagée. 

Vu de certains pays ( et donc certaines cultures ) prendre 200 € sera plus proche de l'attitude Ru, et donc de toute façon inenvisageable. Vu d'autres pays ce sera "pas cher" dans les 2 cas, c'est mieux qu'une tête tranchée. 

L'intensité de la dissuasion est différente sur le quantitatif ( je ne peux que vous rejoindre vu d'un prisme FR ) mais notons qu'il y a dissuasion. 

Fin, terminado. 

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Avoir la gnaque ! La volonté de gagner ! Pour "être le premier" comme le chante Jean-Jacques Goldman

Voici les candidats qui se présentent face à Vladimir Poutine à l'élection présidentielle de mars qui nous parlent de leur volonté de l'emporter.

Attention, ça décoiffe :happy: !

 

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Le 22/01/2024 à 19:22, ksimodo a dit :

Vu de certains pays ( et donc certaines cultures ) prendre 200 € sera plus proche de l'attitude Ru, et donc de toute façon inenvisageable.

:rolleyes:

Lesquels?

Des noms.

Des lieux.

Allez allez. :laugh:

La France est le pays le plus tolérant et le plus laxiste du monde.

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