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Amérique latine : l'armée en guerre contre les cartels de drogue


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Soit dit en passant, ca fait plus de deux siècles que Beccaria a démontré que la dissuasion du crime par la terreur avec des peines très lourdes est inefficace, ce qui est confirmé par les études statistiques très sérieuses (que ce soit sur le sujet de la drogue ou d'autres). Au delà d'un certain seuil, ca ne fait qu'enfermer le criminel dans une attitude jusqu'au boutiste (avec des gangs qui augmentent eux aussi aussi leur niveau de violence) et empêcher toute réinsertion. La réinsertion n'étant pas là pour faire plaisir aux bobo humanistes bien pensants mais bien car c'est la solution la plus efficace pour diminuer le niveau de criminalité. Idéalement la prison devrait être un dernier recours compte tenu de son caractère hautement criminogène.

Mais les mythes ont la vie dure.  :O

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delà d'un certain seuil, ca ne fait qu'enfermer le criminel dans une attitude jusqu'au boutiste

La dissuasion/peur de la punition existe néanmoins, et doit exister, de même que le fait de devoir écarter les vrais éléments criminels de la société pour longtemps voir toujours. Il est aussi assez généralement constaté que les "vrais" criminels ne sont pas récupérables ni réinsérables, ce pourquoi il faut insister sur la distinction criminels/délinquants (de divers degrés, à distinguer et traiter différemment dans des lieux différents) et ne pas laisser les délinquants devenir le pool de recrutement des criminels dans les "académies" que sont les prisons qui, par ailleurs, estampillent à vie même les petits délinquants (peu de perspectives en en sortant, plus un certain ostracisme qui facilite encore plus le retour vers une vie criminelle). 

C'est d'ailleurs assez édifiant de voir ce qu'était la prison comme concept avant la fin du XVIIIème siècle (et les "idées des lumières" globalisantes, simplificatrices, artificielles, théoriques et sans grande visée pragmatique): elle ne marquait pas tant que ça et ne formait pas des criminels.

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Baisse de la consommation de cocaine et d' ''herbe'' en Europe, trop cher... :

http://fr.myeurop.info/2011/11/16/crise-la-cocaine-coupee-a-l-austerite-3860

En 2010, 4,8% des 15-34 ans en auraient consommé contre 6,1% en 2009. Du coup, entre 2004 et 2009, le tarif de sa vente au détail dans l’Union européenne a chuté de 21% en moyenne,

Le cannabis suivrait la même tendance que la cocaïne. S’il reste la drogue la plus répandue d’Europe avec 22,5 millions de consommateurs estimés en 2010, et si au moins 78 millions d’Européens entre 15 et 64 ans - soit un Européen sur cinq - en ont déjà consommé dans leur vie, elle reculerait de manière importante auprès des collégiens et lycéens.

La proportion des élèves britanniques à avoir au moins fumé un joint est passé de 40% en 2000 à 22% en 2010. Seules exceptions, la Bulgarie, l’Estonie, la Finlande et la Suède, où la consommation continuerait à progresser.

Concernant le Mexique, Edgardo Buscaglia, chercheur à l’Institut technologique autonome de Mexico (Itam) et directeur du Centre international de développement juridique estime l’argent des cartels mexicains a infiltré 81 % de l’économie mexicaine que les dits cartels ont passé des alliance avec les mafias turques et indiennes et pour [barry McCaffrey, le monsieur anti-drogue de Bill Clinton, les revenus annuels de la drogue des cartels mexicains aux États-Unis sont supérieurs à 25 milliards de dollars par an, dont ils rapatrient quelque 10 milliards au Mexique, ce qui en fait la quatrième rentrée de devises après le pétrole, le tourisme et les remesas (les virements des migrants).

Lire les articles suivants :

http://www.atlantico.fr/decryptage/narcotrafiquants-mexicains-drogue-cartels-capitalisme-bonnes-feuilles-134181.html

http://www.atlantico.fr/decryptage/cartels-drogue-narcotrafiquants-mexicains-afghanistan-heroine-bonnes-feuilles-134186.html

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Baisse de la consommation de cocaine et d' ''herbe'' en Europe, trop cher...

C'est la concurrence des drogues de synthèse produites proche des lieu de consommation qui produit cet effet je pense. L'avantage des drogue de synthèse c'est quelle peuvent être produite dans n'importe quel appart' cave ou grenier, et donc a deux pas de la zone de chalandise, ce qui épargne les souci de transport et des passages de frontière ... Pour contrer cela les colombien avait fait chuter massivement le prix de la cocaïne de manière a en faire une drogue grand public, et ça avait bien marché durant la fin des année 90.

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Consumérisme, surinformation, sollicitation permanente de toute part, stress et rythme de la vie courante, toxicité de l'environnement urbain et domestique, mode d'alimentation, absence d'exercice en quantité suffisante, isolement de l'individu, solitude, jugement social, contraintes des normes sociétales, monoparentalité et éclatement familial, nombrilisme/individualisme....Non, c'est pas dire bonjour au voisin qui changera grand-chose; là, c'est de l'ordre du vœu pieu. On est pas calibrés pour vivre en agglomérations de millions d'habitants, surtout avec le rythme de vie moderne.

MMmm pour vivre à la campagne le consumérisme (l'hyperconsommation y est d'ailleurs hallucinante...), stress et le rythme de la vie courante, l'isolement de l'individu, la solitude, le jugement social (passe temps favori..., j'ai encore rien vu de pire que l'esprit de village en terme de jugement social péremptoire), l'éclatement familial et le nombrilisme ne sont pas spécifiques au mode urbain, même en termes de proportion. Un Soubeyrand sera aussi dangereux/chiant à la campagne qu'en ville.

Tout au plus en effet y souffre-t-on de sous information et s'y ennuie-t-on comme des rats morts. Pour l'activité physique à moins d'être fermier et vivre à l'heure des poules la différence est bien mince...

Par contre qu'entends-tu par sollicitation de toutes parts ?

Plus dans le sujet, le big stick ne demeure-t-il pas essentiel face à des activités de production de drogues dures ? Parce que prévention et traitement coûtent également une sacré paquet de fric mine de rien...

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Dans l'absolu oui, c'est une dépense, mais la question est de la rapporter à une efficacité mesurée autant qu'il est possible, et c'est là justement que les multiples études sur le sujet de la part d'organismes très différents ont abouti à des conclusions unanimes: la "war on drugs" est une dépense aussi faramineuse qu'inutile, l'ensemble prévention-désintox a une efficacité certifiée sur les populations de "consommateurs", et encore plus si on sort la majijuana de l'équation. Légalisée, elle cesse d'alimenter les populations carcérales en effectifs importants et pas vraiment dangereux pour la plupart -chose qui coûte cher, surtout avec les prisons privatisées aux USA- et surtout cela fait disparaître toute une infrastructure criminelle (les réseaux de production, de blanchiment et de distribution de majijuana, interpénétrés avec les réseaux de drogues dures).

Par contre qu'entends-tu par sollicitation de toutes parts

La pub sur tous types de support (exposition consciente et inconsciente), le bruit et autres nuisances, les contraintes de la vie urbaine, le fait de devoir aller à droite à gauche à toute berzingue et dans un environnement urbain lui-même stressant.... L'attention est captée à tout moment par mille et un trucs (la plupart inutiles et non recherchés) dans les grandes agglomérations, le contact est permanent, les niveaux moyens de stress trop élevés par rapport à ce pourquoi l'organisme est fait. Cumulé sur des années, c'est une réalité médicale et psychologique déterminante.

l'éclatement familial et le nombrilisme ne sont pas spécifiques au mode urbain, même en termes de proportion. Un Soubeyrand sera aussi dangereux/chiant à la campagne qu'en ville

A des niveaux moins contraignants, tous facteurs confondus.... Les concentrations de population, c'est la même chose, mais en surmultiplié, par le simple effet quantitatif. Que l'être humain soit souvent un enfoiré nombriliste à la cambrousse ou en ville, c'est un fait, mais la grande ville est caricature ces phénomènes et en multiplie les occurrences, dans un nombre d'heures par jour qui est le même où qu'on se trouve.

Et pour être prosaïque, en terme de mesure d'impact sur une population nationale, les populations rurales ne sont plus statistiquement importantes dans les pays développés :-[.

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Juste une question: si on légalise le cannabis, on coupe les ailes aux réseaux de drogue. Mais ça risque pas de faire perdre son appel au produit et donc de  faire se tourner les gens vers d'autres drogues plus dures éventuellement? De plus, les gens qui vivaient du deal vont pour part essayer pour part de trouver un job légal, mais beaucoup risquent de chercher un autre moyen de faire des tunes. Que disent les diverses études là-dessus?

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Mais ça risque pas de faire perdre son appel au produit et donc de  faire se tourner les gens vers d'autres drogues plus dures éventuellement?

J'ai tendance à penser que les gens ne pourront pas prendre de l'héro, du crack ou de l'exta comme ils prenaient de l'herbe... Ou alors cela fera baisser rapidement le chômage... Les conséquences de la consommation de ces drogues sont autrement plus fortes et immédiates que pour l'herbe.

Le risque de "retournement" vers la coke est plus fort par contre. Mais c'est aussi plus cher comme produit.

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Le journaliste Philippe Chapleau à trouvé un contrat du gvt américain intéressant.

Les ''contractors'' vont servir à la chasse au ''narco terroriste'' à travers 3 continents dont le Mexique :

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2011/11/22/la-lutte-contre-les-narco-terroristes-s-externalise.html

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La situation s'aggrave considérablement au Mexique :

Il y a des zones du territoire mexicain qui vivent presque entièrement sous le joug du crime organisé. Cette perte de contrôle des autorités, longtemps circonscrite au nord du pays, est, selon les experts, en train de s’étendre à plusieurs autres Etats, comme Veracruz, Michoacán, Guerrero et Nuevo León.

L’Etat du Tamaulipas, sur le golfe du Mexique, à la frontière avec les Etats-Unis, reste l’exemple le plus emblématique d’une région hors la loi. Les terribles Zetas y disputent le terrain à leurs anciens alliés du Cartel du golfe et l’extrême violence a particulièrement touché les civils : fusillades en pleine rue, extorsion de fonds, exode forcé, enlèvements et massacres de voyageurs. "Nous ne pouvons pas circuler sur nos routes. Plusieurs journalistes ont été exécutés. Il y a régulièrement des groupes de détenus qui s’évadent de prison. Nous n’avons pas l’impression qu’il y ait un gouvernement ici."

«Les gens ne sortent plus dans les rues. Mais la population doit autant se protéger des criminels que de l’armée et de la police».

Ciudad Mier est devenu l’un des symboles de la dévastation du Tamaulipas. «Petite ville, grande mort», titrent les journaux : des démographes américains y ont en effet comptabilisé 2013 assassinats pour 100 000 habitants, alors que la moyenne nationale est de 31. Cela en fait la deuxième municipalité la plus violente du pays. Or, pendant le mois de mai, Ciudad Mier s’est éteinte : 90% de ses 6 000 habitants ont fui aux Etats-Unis, lassés par les éternels affrontements entre cartels. Restent les maisons criblées de balles et les rues désertées.

http://www.liberation.fr/monde/01012374384-le-tamaulipas-etat-fantome-livre-a-la-violence-des-narcos

Ebranlé par de nouveaux massacres, le Mexique s’interroge sur la capacité de l’Etat à maîtriser la situation.

Deux des plus grandes villes mexicaines ont été secouées la semaine dernière par le spectacle effroyable de piles de cadavres exposées dans leurs rues. Vingt-six corps portant des marques de strangulation et d’asphyxie ont ainsi été abandonnés, jeudi, dans trois camionnettes stationnées aux abords d’un rond-point à Guadalajara (centre du pays). Moins de vingt-quatre heures plus tôt, vingt-six cadavres avaient été retrouvés dans l’Etat du Sinaloa, sur la côte Pacifique. Seize de ces corps, dont trois policiers, ont été retrouvés dans des voitures carbonisées garées dans un quartier résidentiel de Culiacán, la capitale de l’Etat.

Ces massacres en série, auxquels s’ajoutent les deux tueries qui avaient causé 80 morts fin septembre et début octobre dans le port de Veracruz, dans le golfe du Mexique, représentent un nouveau mode de règlements de compte entre les cartels de la drogue. A Veracruz, c’est un gang originaire de Guadalajara qui avait revendiqué l’élimination massive de membres des Zetas, une organisation sanguinaire qui domine l’est du pays. Aujourd’hui, les autorités mexicaines estiment que le massacre de Guadalajara serait une vengeance des Zetas.

Impunité. «Ce qui s’est passé au cours des dernières vingt-quatre heures nous glace le sang. Comment expliquer cinquante cadavres semés par le crime organisé dans seulement deux endroits ?» lit-on dans l’éditorial de vendredi du quotidien Excelsior. Comment ? L’explication émerge, en négatif, de la promesse assurée du ministre de l’Intérieur, Alejandro Poiré : «Ces faits ne resteront pas impunis.» L’impunité récurrente provoquée par la corruption des institutions est la première cause citée par les experts mexicains qui étudient les questions de justice et de sécurité pour expliquer l’invraisemblable violence qui s’abat sur certaines régions du pays. L’absence de justice équitable est presque un lieu commun.

En 2011, le Mexique a atteint la zone dite «d’alarme» au sein du classement mondial des Etats défaillants réalisé par le Fonds pour la paix et la revue Foreign Policy, se situant à la 94e position sur un total de 177 nations passées au crible.

L’étude attribue cette dégradation à trois facteurs : la violence générée par la lutte contre le narcotrafic, les violations des droits de l’homme commises par les forces de sécurité et la non-application de la loi.

http://www.liberation.fr/monde/01012374383-les-cartels-defouraillent-mexico-defaille

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une question bête :

les Mexicains peuvent ils demandé une aide "militaire" aux US pour reprendre le contrôle ?

en gros une sorte de force militaire déployé en appui de l'armée mexicaine ?

certes le Mexique s'est pas Haiti ou autres mais bon ...

z'ont l'air de plus rien gérer ...

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Les américains ont surement autant envie d'aller au Mexique que de repartir faire la guerre en Irak !  :lol:

Politiquement et pour des raisons historiques les mexicains n'accepteront pas des troupes US sur leur sol. Une aide financière oui mais pas question d'autoriser les GI à faire une guerre urbaine à Mexico. On n'est pas dans le jeu Ghost Recon. 

Le Mexique est foutu et sa pourriture va contaminer les USA.

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Faut pas vendre la peau de l'ours mexicain. La Colombie à connut ce type de problème et ne s'est pas effondré, le Venezuela à encore de plus de morts violentes par habitants que le Mexique et n'est pas non plus une état failli.

oui s'est vrai  =)
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  • 3 weeks later...

Parue sur le blog Ring, X. Raufer fait un point sur le miracle brésilien:

Objet de l’adulation : le Brésil, dont de grands médias ne parlent plus que sur le ton de l’extase. « La cinquième puissance économique mondiale » s’ébahit l’un. Ce « gentil géant » est « un Eldorado pour investisseurs » se pâme l’autre, concluant dans un râle que « Dieu est brésilien ». Or pour le criminologue informé, on est quand même loin du conte de fée et le délirant culte brésilâtre semble, au vu des faits, injustifié. Ecoutons les experts brésiliens, lisons les rapports officiels du pays (ce que nul brésilâtre ne paraît jamais faire) ; voyons - surtout - ce que pensent les Brésiliens eux-mêmes de ces flots de doucereuses flatteries.

D’abord, en matière de crime, excellent révélateur social.

Là, le bilan du Brésil est affreux : premier pays du monde pour les décès par armes à feu (31 homicides pour 100 000 habitants à Rio de Janeiro en 2010, en moyenne 2/100 000 dans l’Union européenne…), l’élucidation de ces crimes tendant vers zéro. Depuis 1980, « plus de trois millions de brésiliens ont péri de mort violente - dix fois le nombre de victimes d’Hiroshima et de Nagasaki ». Chaque jour au Brésil, travailleurs sociaux et défenseurs de paysans sans terres sont assassinés par les milices armées des grands propriétaires. Au quotidien, les populations des favelas (mot poli pour bidonville) sont rackettées par de véritables armées criminelles, contrôlant « depuis des décennies » ces coupe-gorge où, rien qu’à Rio, vit 30% de la population locale. Abandonnés par l’Etat, ces malheureux dépendent entièrement des bandits, ou de milices « anti-crime » pires encore dans les faits, pour tout : transports urbains, télévision par câble, bonbonnes de gaz, eau et bien sûr, pour les stupéfiants. Dans les métropoles brésiliennes, miliciens ou gangsters taxent les populations des favelas, imposent des couvre-feu et allouent même les baraquements ! En août 2011 encore, dans une banlieue de Rio, une magistrate (mère de famille de 47 ans) qui s’opposait à cette emprise criminelle sur les favelas, est criblée de balles… par des policiers ripoux au service des gangsters.

Fin 2010, pour faire bonne figure avant les Jeux olympiques et le Mondial de football, le gouvernement brésilien a timidement entrepris de restaurer l’ordre dans 17 des 1000 favelas de Rio - au prix d’une quasi guerre civile, durant laquelle « des blindés équipés de mitrailleuses de calibre 50 » tiraient à l’aveugle parmi des baraques en planches et tôle ondulée. Or quelques mois plus tard l’armée revient dans ces bidonvilles, entre temps reconquis (corruption + intimidation) par les bandits !

L’économie maintenant. Si les récents précédents newyorkais et irlandais ont un sens, ce pays est en pleine surchauffe - la dimension frauduleuse étant là encore majeure : salaires des patrons plus élevés qu’aux Etats-Unis, mètre carré de bureau plus cher à Sao Paulo qu’à la City de Londres, multiplication des milliardaires locaux, dans un pays parmi les plus inégalitaires du monde où, dit un économiste écœuré, « l’abîme qui sépare le capital du travail atteint précisément le comble de l’obscénité ».

Aux mains d’une gauche factice, entièrement hypnotisée par Goldman-Sachs & co., (banque ayant, rappelons-le, inventé le miroir aux alouettes des « BRIC ») le gouvernement brésilien voit aussi gonfler une énorme bulle du crédit à la consommation - 28% du revenu disponible local servant désormais à rembourser des dettes (16% du revenu des Américains, pourtant extravagants en la matière). Le nombre de brésiliens ayant plus de 3 000 dollars US de dettes a cru de 250% depuis 2004, alors que 150 millions de cartes de crédit circulent désormais dans le pays, trois fois plus qu’en 2008 !

Ajoutons-y une bureaucratie immense et paralytique, une sécurité civile inexis¬tante, une corruption grave, un népotisme et un clientélisme énormes, permettant toutes les fraudes. Et quasiment pas d’infrastructures majeures entreprise depuis trente ans. De grands groupes, dont Carrefour, commencent d’ailleurs à regretter avoir écouté les sirènes médiatiques à propos d’un pays devenu « le cauchemar du N° 2 mondial de la distribution ».

Sur place, les plus optimistes espèrent que l’inévitable et explosive correction ne surviendra pas avant les Jeux olympiques - mais refusent de le certifier.

Tel est le paradis inventé par ce que nous avons baptisé « DGSI » (Davos-Goldman-Sachs-Idéologie). Telles sont les sornettes colportées sans vérifier par des médias sans doute énamourés mais, dans les faits, pousse-au-crime.

Xavier Raufer

http://www.surlering.com/article/article.php/article/pourquoi-le-bresil-
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Comme je l'ai écrit sur le site d'origine de l'article. J'ai un doute sur le fait que le Brésil soit le plus ''violent'' du monde. La criminalité dans certains pays d'Amérique Centrale, Venezuela, Colombie, Mexique me semble bien supérieure. Et je ne parle pas de certains états en faillite d'Afrique ou d'Asie.

Quand au fait que l'on ne met pas en lumière le coté sombre du Brésil ''oh, le jeu de mots  >:('', je suis d'accord.

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  • 1 month later...

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/01/22/cartels-mexicains-le-jeu-trouble-des-autorites_1632525_3222.html

Mexico, Ciudad Juarez (Mexique) et El Paso (Etats-Unis), envoyé spécial - Une ville, deux planètes. Ciudad Juarez, El Paso. Deux mondes séparés par un Rio qui n'a, dans ce coin du Texas, de Grande que le nom, dérisoire ruisseau coulant entre les barrières et fortifications érigées par les Américains pour se protéger des migrants et des trafiquants.

D'un côté, Ciudad Juarez fut longtemps l'épicentre et reste le symbole d'une "guerre de la drogue" qui a fait, depuis la militarisation du conflit en décembre 2006 par le président Felipe Calderon, environ 55 000 morts en cinq ans - ce qui en fait le conflit le plus meurtrier de la planète pour cette période. De l'autre côté, El Paso vient d'être déclarée la ville la plus sûre des Etats-Unis en 2011, pour la deuxième année.

Le fossé entre les deux villes, qui n'en fut qu'une, appelée El Paso del Norte (Le Passage du Nord) lorsqu'elle fut fondée en 1659 par des explorateurs espagnols, est abyssal. Un fossé de sang et de misère. Car Ciudad Juarez, comme presque tout le nord du Mexique, n'a pas pour seule maladie la violence endémique : la pauvreté y est un autre mal quotidien. Violence et pauvreté sont les deux fléaux qui rendent le miroir d'El Paso encore plus brillant, et plus frustrant.

Gustavo de la Rosa est le militant des droits de l'homme le plus célèbre de Ciudad Juarez, actuellement à la tête de la Commission des droits de l'homme de l'Etat de Chihuahua. Il constate que "les plus de 50 000 morts de la guerre et les 10 000 arrestations ont durement frappé les cartels", mais ne voit pas "le gouvernement en profiter pour rétablir son contrôle sur le pays".

Les Etats fédérés, les municipalités, l'armée, les forces de police, la justice sont tous soupçonnés d'entretenir des liens avec le crime organisé. "Un dicton mexicain dit qu'un arbre qui pousse avec un tronc tordu ne se redressera jamais, assène de la Rosa. Or le Mexique n'a jamais été, au cours de son histoire, un Etat de droit."

L'existence des cartels de la drogue mexicains n'est pas nouvelle, mais leur influence a pris un essor considérable avec le déclin des cartels colombiens dans les années 1990. Alors qu'ils n'étaient auparavant que des intermédiaires dans le transport de la drogue vers les Etats-Unis, les criminels mexicains sont devenus les parrains latino-américains. Le deuxième phénomène est l'essor d'un marché intérieur du crime dans le nord du Mexique, dû au renforcement brutal, pour cause d'antiterrorisme, des contrôles à la frontière américaine après le 11-Septembre. D'où la construction d'un mur sur lequel viennent buter les trafiquants et les migrants de tout le sous-continent latino-américain. Le troisième phénomène est la militarisation décrétée en décembre 2006, dès son accession à la présidence, par Felipe Calderon.

A Ciudad Juarez, l'armée s'est retirée, après deux années de présence, pour aller guerroyer ailleurs. Le bilan est lourd. A la guerre sans merci à laquelle se livrent dans la région le cartel de Juarez et celui de Sinaloa, devenu l'organisation criminelle dominante au Mexique, se sont ajoutées les violences commises par les militaires.

"Lorsque la guerre a commencé à faire rage entre les cartels de Juarez et de Sinaloa, en janvier 2008, le gouverneur de l'Etat de Chihuahua s'est rangé du côté du cartel de Juarez et a demandé un appui fédéral contre Sinaloa", se souvient de la Rosa. La municipalité de Juarez et sa police étaient pour leur part déjà totalement acquises au cartel de Juarez. Le chef de l'époque du gang Barrio Azteca, principal pourvoyeur d'hommes au bras armé du cartel, La Linea, avait même été, sans gêne des autorités politiques, nommé chef de la police municipale.

L'arrivée de l'armée, en mars 2008, ne s'est toutefois pas traduite, comme l'espéraient les politiciens locaux corrompus et acquis au cartel de Juarez, par un affaiblissement du cartel de Sinaloa, bien au contraire. "L'armée s'est employée, avec des méthodes très radicales, à briser la police municipale. Sa stratégie a consisté à détruire la police afin de rompre un certain équilibre de la corruption, puis à devenir spectatrice, sans intervenir, de la guerre entre cartels", raconte de la Rosa. Ce qui a eu pour effet de renforcer encore Sinaloa.

Cette politique du pire se traduit en chiffres. Alors que la ville connaît à l'époque jusqu'à 250 morts par mois (criminels, policiers et civils), et que le bilan s'établit à 16 000 morts en cinq ans pour l'Etat de Chihuahua, dont 10 000 à Ciudad Juarez et ses banlieues, pas un seul soldat n'est tué. Presque tout le monde à Juarez accuse le gouvernement de Mexico et ses bras armés, l'armée et la police fédérale, d'avoir sciemment favorisé le cartel de Sinaloa. La question est de savoir pourquoi.

"Le gouvernement fédéral ne traque pas Sinaloa, mais on ignore s'il aide le cartel", constate prudemment Pedro Torez, le rédacteur en chef du plus sérieux journal de la ville, El Diario de Juarez. "Je crois que certains décideurs politiques et économiques sont nostalgiques d'un "bon vieux temps", quand un cartel dominait le transport de la drogue vers les Etats-Unis et qu'on ne s'entre-tuait pas ici."

"Le renforcement de Sinaloa est une stratégie du gouvernement depuis le début", pense un autre journaliste de Juarez, spécialiste des enquêtes sur le crime organisé, sous couvert d'anonymat. "Un flic de la DEA (Drug Enforcement Administration, le puissant service fédéral américain de lutte contre la drogue) l'a même admis devant moi. C'est une stratégie commune de Mexico et Washington, destinée à renforcer celui qui est de toute façon déjà le plus fort et à affaiblir les autres cartels jusqu'à leur disparition. Sinaloa a installé ses gens et en a corrompu d'autres partout, au gouvernement de l'Etat de Chihuahua, à la police fédérale, à la police municipale."

Pour certains, la stratégie est d'éliminer d'abord tous les cartels déclinants pour ramener le calme et s'attaquer ensuite au puissant cartel de Sinaloa de Joaquin Guzman, dit "El Chapo" (Le Petit). Pour d'autres, l'explication est que Sinaloa a déjà infiltré le sommet de l'Etat. "Sinaloa a des appuis à la présidence, au gouvernement et dans les milieux d'affaires, estime un analyste à Mexico, lui aussi sous couvert d'anonymat. Car l'économie mexicaine a besoin de l'argent de la drogue, mais sans toute cette violence. Je ne crois donc pas le pouvoir de Mexico lorsqu'il évoque une guerre "contre la drogue". Je crois au contraire à une guerre "pour la drogue", pour le contrôle du business, en l'occurrence par le cartel de Sinaloa."

A Ciudad Juarez, les résultats de cette guerre sont dramatiques. Aux 10 000 morts s'ajoutent les disparus et les blessés. Ceux qui en ont eu le loisir administratif et financier se sont exilés de l'autre côté de la frontière, à El Paso. Beaucoup de maisons sont vides et de nombreux magasins fermés, même si l'activité économique a un peu repris depuis le départ de l'armée.

Dans les bas-fonds de la ville, notamment dans les quartiers du gang Barrio Azteca, durement frappé ces dernières années par les attaques de Sinaloa, la désolation est totale. Des familles miséreuses, le plus souvent au chômage, survivent d'un quelconque petit commerce ou de vente ambulante, ou tombent dans le commerce de la drogue. Elles vivent entre des hôtels de passe et des centres semi-clandestins où les jeunes se shootent. "La drogue est partout, le racket est partout et le meurtre est partout, déclare Sandra, une habitante. C'est le royaume du crime et de l'impunité la plus totale."

Dans cet environnement se développe une véritable "narcoculture". Face à une vie de misère, et pour beaucoup face à l'impossibilité de rêver d'une vie meilleure à El Paso, la fascination pour les narcos et l'argent facile berce la jeunesse. "Le coeur du problème, c'est la pauvreté, l'absence d'éducation, l'absence d'espoir. Les mômes ne s'attendent pas à vieillir", affirme le journaliste et écrivain américain Charles Bowden, éminent raconteur d'histoires des deux mondes qui cohabitent de chaque côté du Rio Grande.

L'universitaire et anthropologue Howard Campbell a pour sa part raconté en introduction de sa remarquable étude intitulée "Drug War Zone", publiée par l'université du Texas, l'une de ces histoires qui fascinent les jeunes Mexicains : le mariage en 2007 d'"El Chapo" Guzman, l'homme officiellement le plus recherché du Mexique, avec la jeune Emma Coronel, reine de beauté de 18 ans dans l'Etat de Durango, rencontrée lors d'un bal de village.

"Une armée de gardes vêtus de noir, masqués et lourdement armés, arrivés sur deux cents motos tout-terrain, a pris la ville. (...) Pendant qu'ils gardaient les dix entrées du village, six avions ont atterri, El Chapo émergeant de l'un d'entre eux, habillé comme toujours d'un jean, d'une veste et d'une casquette de base-ball, un fusil-mitrailleur AK-47 autour de la poitrine et un pistolet à la ceinture. (...) Des hélicoptères patrouillaient pendant que d'autres avions atterrissaient et qu'étaient déchargées des caisses de whisky et des armes (grenades, mitrailleuses, fusils, etc.), ainsi que d'autres gardes vêtus de treillis kaki et de gilets pare-balles." Un récit typiquement à même d'entrer dans la légende et de séduire une jeunesse désemparée.

Les ados veulent de l'argent vite gagné afin de s'habiller "narco", d'avoir des lunettes de soleil "narco", une voiture "narco". "El Chapo", avec ses milliards et sa reine de beauté, est un symbole de l'effondrement du Mexique, mais un modèle pour certains. Des chansons de pop "narco" sont écrites à sa gloire et à celle de ses adversaires d'autres cartels.

Cette fascination pour le monde des narcos ne touche d'ailleurs pas que les délinquants ou les drogués et ne se limite aux classes sociales défavorisées. Des fils de riches y cèdent aussi, même s'ils ont moins tendance à manier le pistolet. "On parle beaucoup des narcos en armes, mais beaucoup moins des narcos en costumes, constate la sociologue Leticia Castillo, de l'université de Ciudad Juarez. Ici, même si certains ne sont pas liés directement à la drogue, presque tous les businessmen sont liés au blanchiment de l'argent de la drogue. Ils installent leurs familles à El Paso et envoient leurs enfants dans les universités américaines, mais ils vivent à cheval entre les deux villes, et sont liés aux politiciens et aux cartels." L'argent de la drogue représente une telle manne qu'il menace de noyer la société mexicaine tout entière.

El Paso, bourgade paisible et miroir déformé de Ciudad Juarez, est le meilleur endroit pour percevoir ce phénomène. "Les hommes les plus discrets des cartels vivent à El Paso, constate Howard Campbell. Ils achètent des maisons et investissent leur argent ici. Depuis la flambée de violence à Ciudad Juarez, la ville connaît un boom économique." L'universitaire ajoute qu'"El Paso a cent ans de tradition dans tous les trafics venus du Mexique, et d'importantes familles américaines sont extrêmement impliquées dans tout ça..."

Charles Bowden confirme avec un sourire ironique que "les types des cartels s'installent de ce côté-ci parce qu'ils aiment bien dormir tranquillement la nuit et envoyer leurs enfants dans de bonnes écoles". Ils restent de toute façon des hommes d'affaires, avec pour objectif le profit maximal. "Commettre des crimes à El Paso serait mauvais pour le business, dit le journaliste. Leur unique objectif est de faire entrer le plus de drogue possible aux Etats-Unis."

Ce jour-là, sur le principal des quatre ponts qui relient les deux villes, empruntés chaque jour par des milliers de véhicules, la police des frontières (El Paso Border Patrol) s'active. Première saisie dans une Volkswagen Golf (42 paquets, 20 kg de drogue) et arrestation de Jovan S., 19 ans, citoyen américain. Deuxième saisie dans une Dodge Stratus (104 paquets, 42 kg de drogue) et arrestation de Francia P., 20 ans, citoyenne mexicaine de Chihuahua. Troisième saisie dans une Chevrolet Blazer (30 paquets, 23 kg de drogue) et arrestation de Ramon P., 20 ans, citoyen mexicain de Ciudad Juarez.

Tandis que la frêle jeune fille à la Stratus rouge, perchée sur ses talons aiguilles, est menottée dans le dos et emmenée, l'officier Roger Maier raconte que ces jeunes passeurs sont payés "500 à 1 500 dollars (400 à 1 200 euros) par voiture", pour une peine, lorsqu'ils sont arrêtés, selon les quantités de drogue saisies et l'attitude devant le juge, d'"un à deux ans de prison la première fois". Récidivistes, ils risquent une peine plus lourde.

Sur 350 millions d'entrées sur le territoire des Etats-Unis chaque année, près d'un dizième (32 millions) s'effectuent par les ponts d'El Paso. Cela est dû à la fois au caractère très particulier de ces deux villes qui n'en font qu'une, et dont certains habitants ont des permis pour effectuer des allers-retours incessants ainsi que des maisons, des commerces, des emplois et de la famille des deux côtés, et au fait que toute l'Amérique du Sud qui ne prend pas l'avion passe par là.

Ceux qui n'ont ni permis spécial ni visa tentent leur chance par le désert. Mais l'officier Scott Hayes raconte à quel point la traversée illégale s'est compliquée depuis le 11-Septembre. Inquiets à l'idée que des terroristes puissent s'infiltrer dans le pays via le Mexique, les Américains ont multiplié murs, barrières et patrouilles, et en profitent pour lutter contre l'immigration illégale et le transport de drogue.

"Dans le secteur d'El Paso, nous avons 290 km de mur pour 140 km encore ouverts, où nous multiplions les patrouilles, raconte Hayes. 2 700 agents travaillent à arrêter les migrants illégaux." Dans le désert, à chaque carrefour et sur chaque colline, des véhicules de la police des frontières sont en position. Ceux qui parviennent encore à passer y réussissent plutôt de nuit.

A l'endroit où le mur s'arrête soudainement par un alignement de tôles vertes, il y a, de l'autre côté, Anapra, l'un des bidonvilles les plus pauvres de Ciudad Juarez. Des familles mexicaines y vivent dans des cabanes, sur des chemins de terre et de sable, au milieu des détritus. A vingt mètres des Etats-Unis. De l'autre côté, les patrouilles scrutent le désert à la jumelle.

A Ciudad Juarez, il y a au moins un homme heureux, ou qui fait semblant de l'être, affirmant contre toute évidence que "les deux villes ne sont presque qu'une seule ville". C'est le maire, Hector Murguia Lardizabal, qui trône dans un immense bureau orné de parures en bois, et qui peste contre "le monde qui ne comprend rien à la situation au Mexique". "Il y a trop de pauvreté dans le pays, mais Juarez a un immense potentiel, grâce à sa situation en bordure des Etats-Unis, dit-il. La délinquance est en baisse et le gouvernement Calderon a beaucoup investi ici, dans les domaines sociaux autant que sécuritaires."

On se pince encore plus lorsque le maire affirme qu'"il n'y a aucune guerre entre cartels, ni pour le contrôle de la drogue" : "Il y a des violences entre des gens qui sont pauvres et délinquants, c'est tout. Les analystes ont la langue bien pendue, mais ils ne vivent pas ici, et ne savent rien de ces prétendus "cartels", comme vous les appelez." Il va jusqu'à assurer que, dans une ville minée par la toxicomanie et le commerce local de marijuana et d'héroïne, "personne ne se drogue ! On n'est pas aux Etats-Unis ! Ces pauvres gens n'ont pas les moyens de se droguer, ce n'est donc pas un problème à Juarez."

Le maire met fin à cet entretien irréel en disant espérer revenir prochainement à Paris pour "dîner à la brasserie Lipp et manger le canard au sang de la Tour d'Argent". Des journalistes et d'autres sources à Juarez et à El Paso confirmeront ensuite deux informations au sujet d'Hector Murguia Lardizabal. La première est que, même s'ils ne savent plus très bien où il se situe dans la guerre entre les cartels de Juarez et de Sinaloa, le maire "fut, durant son premier mandat, corrompu et lié au business de la drogue" ; la seconde est qu'"il a une maison à El Paso, où il vit discrètement la plupart du temps, bien qu'il affirme à ses électeurs habiter à Juarez".

En cette année électorale qui s'ouvre au Mexique, avec une présidentielle et des législatives en juillet, les observateurs se demandent où va le pays. Nul ne voit a priori comment des élections dignes de ce nom pourraient avoir lieu dans le climat actuel. Elles seraient forcément marquées de l'empreinte des narcos.

"A mon avis, le pire est à venir, commente le journaliste Jorge Luis Aguirre, directeur du site Internet La Polaka, qui vit à El Paso après avoir été le premier journaliste mexicain à obtenir l'asile politique aux Etats-Unis, à la suite de menaces de mort. Depuis quatre ans, durant cette guerre, seuls des hommes de main des cartels ont été tués. Mais les chefs sont encore là. Et les vrais chefs, qui sont les politiques, sont encore intouchables. Les politiciens liés au crime organisé ont pris le contrôle du non-Etat qu'est devenu le Mexique, et vont forcément vouloir contrôler les prochaines élections."

"Le Mexique est passé de six à douze cartels de la drogue, présents dans toutes les régions, durant la présidence Calderon. Ils se sont divisés mais ont gagné en puissance. Ils ont pénétré le pouvoir politique au point de contrôler plus de 70 % des 2 200 villes du pays, commente Ricardo Ravelo, journaliste à Proceso et enquêteur le plus connu de Mexico sur le monde de la drogue. Les cartels ont donc plus de contrôle territorial que l'Etat fédéral, qui est fragmenté et en décomposition. On peut aujourd'hui comparer le Mexique à l'Afghanistan : le président et le gouvernement contrôlent la capitale, et le reste du pays appartient aux narcotrafiquants."

Pour Ricardo Ravelo, comme pour beaucoup d'autres experts, le trafic de drogue n'est pas un monde souterrain. "Le gouvernement est le cogouvernant du trafic, dit-il. Tous les organes de l'Etat et beaucoup d'entreprises sont aux mains d'un ou de plusieurs cartels. Les cartels ne sont pas un monde parallèle, c'est le Mexique qui est devenu un narco-Etat."

Edgardo Buscaglia, universitaire à Mexico et à New York et expert mondial du crime organisé, qui travaille aussi sur la Colombie et l'Afghanistan, partage cette analyse. "La transition démocratique mexicaine est pour l'instant un échec. Les cartels ont diversifié leurs activités, pris du poids économique, gagné en influence à l'étranger ; ils financent les partis politiques et les campagnes électorales. Il y a encore une bulle à Mexico, mais pour combien de temps ? Hors de la bulle, c'est l'Afghanistan. Un non-Etat."

Ricardo Ravelo craint que "la spirale de la violence ne s'accélère encore et n'atteigne Mexico. Les élites politiques et économiques tentent toujours de préserver leur tranquillité dans la capitale, et laissent d'ailleurs les chefs des cartels y investir, mais je ne crois pas que Mexico puisse rester longtemps à l'abri de cette guerre. C'est pourquoi les milieux d'affaires, qui assistent à la faillite de l'Etat et à la perte de contrôle du pays, deviennent très inquiets et parlent en privé de leur espoir d'une "solution à la Poutine", comme en Russie après les années d'anarchie. Ils espèrent que quelqu'un pourra rétablir une sorte d'ordre ancien, une certaine autorité de l'Etat, avec suffisamment de fermeté pour éliminer les gangs les plus violents et passer des accords avec le cartel de Sinaloa."

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le mariage en 2007 d'"El Chapo" Guzman, l'homme officiellement le plus recherché du Mexique, avec la jeune Emma Coronel, reine de beauté de 18 ans dans l'Etat de Durango, rencontrée lors d'un bal de village.

"Une armée de gardes vêtus de noir, masqués et lourdement armés, arrivés sur deux cents motos tout-terrain, a pris la ville. (...) Pendant qu'ils gardaient les dix entrées du village, six avions ont atterri, El Chapo émergeant de l'un d'entre eux, habillé comme toujours d'un jean, d'une veste et d'une casquette de base-ball, un fusil-mitrailleur AK-47 autour de la poitrine et un pistolet à la ceinture. (...) Des hélicoptères patrouillaient pendant que d'autres avions atterrissaient et qu'étaient déchargées des caisses de whisky et des armes (grenades, mitrailleuses, fusils, etc.), ainsi que d'autres gardes vêtus de treillis kaki et de gilets pare-balles."

Franchement, on se plaint, mais heureux quand même de ne pas être né dans un pays pareil...

Le pire est que le Mexique, ça a toujours été plus ou moins cela, et le reste de l'Amérique latine aussi. Des démocraties de façade et de vraies ploutocraties. Après, en Europe même, peut-on dire que la partie sud de l'Italie (Naples, la Calabre, la Sicile...) bénéficie d'un régime démocratique ? A mes yeux, non également.

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  • 4 weeks later...

Quelques nouvelles toujours aussi réjouissantes (humour noir) :

Un membre du cartel mexicain des Zetas reconnaît 75 meurtres

LEMONDE.FR avec AFP | 30.01.12 | 21h42

Un membre présumé du cartel mexicain de Los Zetas, Enrique Aurelio Elizondo Flores, alias "L'Arabe", 35 ans, a reconnu avoir tué 75 personnes : rivaux, policiers et civils, principalement des passagers séquestrés dans des autobus, a indiqué, lundi 30 janvier, le parquet de l'Etat du Nuevo Leon, dans le nord du pays.

Interpellé le 20 janvier, il a été présenté lundi à la presse. "Bien qu'avec les éléments qu'il nous a fournis on arrive à 75 victimes, nous pensons que nous pourrions atteindre plus de 100 meurtres", a affirmé le procureur du Nuevo Leon, Adrian de la Garza. Les membres de Los Zetas sont accusés par le gouvernement d'être responsables de centaines de meurtres de passagers séquestrés dans des autobus circulant dans le nord du pays vers les Etats-Unis.

"Le détenu a reconnu qu'en mars 2011, ils avaient intercepté un bus et qu'il avait participé personnellement à la mort de 35 personnes. En janvier 2011, ils ont intercepté un autre autobus, avec 50 passagers (...) et il a tiré sur 15 personnes", a ajouté M. de la Garza. Selon le détenu, qui a dit avoir agi avec six autres hommes, le groupe avait ordre d'intercepter des autobus et de tuer les civils qui refusaient de se joindre au cartel.

50 000 MORTS DEPUIS 2006

Enrique Aurelio Elizondo Flores a confessé avoir participé au meurtre de six policiers en avril 2011, ainsi qu'à l'assassinat d'une jeune fille de 16 ans. Il a aussi avoué avoir brûlé et enterré le corps d'une fillette, abattue d'une balle perdue dans un échange de tirs, selon le parquet.

En avril 2011, les autorités ont découvert 193 cadavres dans le village de San Fernando, dans l'Etat de de Tamaulipas (nord-est), dont la majeur partie était des passagers d'autobus séquestrés. Plus de 50 000 personnes ont trouvé la mort au Mexique depuis le début de l'offensive militaire contre les cartels de la drogue lancée par le président Felipe Calderon lors de son arrivée au pouvoir en décembre 2006, selon des estimations de la presse. Ce nombre inclut les victimes d'affrontements entre groupes criminels, entre ceux-ci et les forces de sécurité, ainsi qu'une estimation des victimes civiles.

Zetas drug cartel killed rivals, escaped from Mexico prison

Published February 20, 2012

MONTERREY, Mexico –  Officials say members of the hyper-violent Zetas drug cartel stabbed and bludgeoned 44 members of the rival Gulf cartel to death and then staged a mass escape, apparently with the help of prison authorities.

The governor of the northern state of Nuevo Leon says the prison's director and three other officials have been fired and are under investigation for purportedly helping in the escape.

Gov. Rodrigo Medina said Monday that 30 inmates escaped during the Sunday riot, all of them Zetas. Medina said all the dead were from the Gulf gang.

The two gangs were former allies, but split in 2010 and have been fighting turf battles in Monterrey and elsewhere.

Medina offered a reward for the escaped inmates.

Read more: http://www.foxnews.com/world/2012/02/19/prison-riot-in-mexico-leaves-at-least-20-dead/#ixzz1mw5N4TdG

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