Neptune

J'ai parcouru succinctement le rapport des sénateurs Jean-Pierre Chevènement et Gérard Larcher intitulé "Mali : comment gagner la paix ?" et je ne peux qu'en conseiller la lecture tant son analyse sur les aspects politiques, diplomatiques, militaires, stratégiques, historiques et géographiques de la situation actuelle au Mali et plus largement au Sahel est remarquable. Ce rapport est vraiment excellent en ce qu'il tire les premières leçons de l'opération Serval, et fournit les orientations capitales permettant de transformer la victoire militaire en succès politique, tout en revenant sur les spécificités du Mali et du Sahel. Le retour minutieux sur Serval, ses premiers RETEX, et surtout les enseignements à en tirer pour la réflexion stratégique sur nos capacités sont passionnants, tout comme l'analyse critique sur le service minimum d'une Union européenne qui fait porter le poids de la protection de ses intérêts en Afrique par la France. La partie sur l'épineux problème Touareg a le mérite de remettre les pendules à l'heure en cassant lieux communs et clichés souvent repris par les médias. Enfin, les perspectives proposées pour acquérir la paix au Mali sont particulièrement pertinentes. http://www.senat.fr/rap/r12-513/r12-513_mono.html Apparemment, on bosse bien du côté de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat. =)

Justement, l'OTAN a fait décoller deux F-16 danois déployés sur la base de Šiauliai d'où ils assuraient la police du ciel des pays baltes, base de Šiauliai où les Mirage F1 français viennent de prendre leurs quartiers. En revanche, on ne sait pas ce que ce scramble a donné. A un mois près, c'étaient les F1 CR français qui faisaient la chasse aux Su-27 russes. =D

Que la Suède ne soit pas en mesure de défendre la totalité de l'espace aérien à la mesure de la vastité de son territoire, c'est somme toute compréhensible. Qu'elle se révèle incapable d'assurer une défense aérienne efficace au-dessus de sa capitale et de son plus grand bassin de population, ce n'est pas acceptable. Dans le cas qui nous intéresse, il ne s'agit ni plus ni moins d'une simulation de bombardement sur des cibles stratégiques dans la région de Stockholm et dans le sud du pays, simulation qui a d'ailleurs été un succès total pour les Russes qui n'ont pas rencontré la moindre opposition. On n'est pas dans le modèle typique du jet étranger qui s'égare plus ou moins intentionnellement dans l'espace aérien d'un pays tiers, et que deux bombardiers stratégiques russes escortés par quatre chasseurs aient tout leur temps pour dire coucou à Stockholm n'est pas très rassurant. :| Ceci est d'autant plus étonnant que la Suède a été vantée ces dernières années comme un modèle d'armée moderne, qui conciliait efficacité opérationnelle et budget maîtrisé. S'il ne faut évidemment pas jeter le bébé avec l'eau du bain, force est de constater qu'il y a un truc qui a foiré quelque part. Le Centre for Eastern Studies avance quelques explications qui confirment les propos de Chris : l'argent est bien le nerf de la guerre ! ;) http://www.osw.waw.pl/en/publikacje/ceweekly/2013-04-24/sweden-s-reaction-to-a-simulated-russian-attack A noter que côté polonais, l'humeur n'est pas à la rigolade. Le pays profite de cet incident pour dénoncer le retour en force de la Russie dans la région, notamment incarné par des manœuvres militaires à ses frontières ainsi que par le déploiement envisagé de chasseurs russes en Biélorussie. http://www.scotsman.com/news/international/russia-criticised-for-mock-attack-on-sweden-1-2906351

De l'intérêt d'une permanence opérationnelle vraiment opérationnelle. Ils sont bien mignons les Suédois à nous montrer des photos du Gripen ravageant tout sur son passage avec une charge en armement air-air pléthorique, mais encore faut-il qu'ils puissent faire décoller leurs zincs pour des missions de police du ciel. Il est quand même invraisemblable que la Suède soit totalement prise au dépourvu face à une violation de son espace aérien par plusieurs appareils militaires étrangers qui n'a rien d'une simple petite morsure sur les frontières. On aurait pu croire qu'à la suite de ce camouflet particulièrement gênant, l'armée de l'air suédoise ait pris les mesures nécessaires pour ne plus voir un tel scénario se répéter, et on apprend qu'un mois plus tard, les Russes remettent ça avec un avion espion qui vient zieuter un exercice militaire, sans aucun appareil à lui opposer. Deux fois, ça commence à faire... Une problématique de plus à ajouter aux réflexions sur les forces armées suédoises engagées par les déclarations tonitruantes de son CEMA.

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Attentat à la voiture piégée contre l'ambassade de France à Tripoli. Deux gardes français blessés, dont un grièvement ainsi que d’importants dégâts matériels, selon un premier bilan. Les premières photos circulent sur Twitter. http://www.bfmtv.com/international/lambassade-france-a-tripoli-visee-un-attentat-498746.html https://pbs.twimg.com/media/BIg_MLHCcAAdWVO.jpg:large

Question de profane : y aurait-il un intérêt à faire subir aux F1 CR français une rénovation similaire, ou sont-ils tellement à bout de potentiel qu'il vaut mieux les bazarder comme prévu ?

Entériné en loucedé au Sénat, l'accord entre la France et la république de Maurice refait parler de lui à l'Assemblée nationale, par la voix du député Philippe Folliot. http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/04/11/a-l-assemblee-on-debattra-de-l-ilot-perdu-de-tromelin_3157181_823448.html Étonnant qu'un tel accord pouvant faire jurisprudence passe inaperçu, notamment parce qu'on touche au nerf de la guerre : la ZEE française.

La France est bien partie pour avoir un nouveau détachement militaire permanent en Afrique. Laurent Fabius a promis le maintien d'une force française d'appui de 1 000 hommes stationnés au Mali, tout en se gardant bien, cette fois-ci, d'annoncer une échéance de son retrait total. http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/04/05/le-mali-promet-des-elections-en-juillet_3155016_3212.html

Déterrage de topic pour la bonne cause : opération d'envergure menée sur 4 jours, fin mars, contre l'orpaillage illégal en Guyane. Une compagnie du 3e REI, 30 gendarmes, un CASA, 3 Puma, un Fennec et un EC-145 de la gendarmerie ont été engagés dans le cadre de l'opération Awara visant au démantèlement d'un vaste site d'orpaillage accueillant 600 personnes. http://www.97320.com/Operation-AWARA_a6116.html

A noter, cette rectification de Philippe Chapleau. Il semble donc que les CAESAR aient donné certainement plus de voix que l'on ne l'imaginait.

Les moudjahidines volant en F-117 américain, l'empire des mécréants... Ils ne sont décidément plus à une contradiction près. :lol:

Avec quel argent ? Rosoboronexport semble oublier que le budget des forces armées maliennes tourne autour de 70 millions de $ lors des années fastes. Que le Mali décide de se fournir en matériel rustique et bon marché auprès de la Russie, pourquoi pas, d'autant que les Français et Européens n'ont plus grand chose à proposer qui remplit ces critères. L'objectif le plus impérieux est aujourd'hui d'apprendre à l'armée malienne à remplir sa mission la plus basique : se battre correctement, ce qui est la tâche de l'EUTM Mali. Au titre d'un équipement fondamental, un package made in Russia armes + munitions + blindés de transport de troupes n'est pas dénué de sens. En revanche, on ne peut que sourire à la simple évocation d'une commande d'avions de combat et de systèmes radar de défense antiaérienne (quelle utilité ? Aux dernières nouvelles, les jihadistes n'ont pas la maîtrise du ciel). Soit les Russes se sont enflammés, soit c'est un coup de Sanogo qui a demandé un devis exorbitant en prenant ses désirs pour des réalités... =)

Ça faisait un moment que l'escalade n'avait pas été aussi loin ; voilà que la Corée du Nord veut redémarrer son site nucléaire de Yongbyon, aux applications plus militaires que civiles. Du côté de Pékin, on commence à être sérieusement agacé par les rodomontades de cet allié encombrant.

Concernant une éventuelle réduction des commandes du Rafale, un peu de bon sens comptable signé Merchet : http://www.marianne.net/blogsecretdefense/Moins-de-Rafale-Pourquoi-il-est-urgent-d-attendre_a999.html

De facto, la Défense contribuera à l'effort de redressement public, mais moins que prévu et vraisemblablement moins que certains autres ministères. Maintenir le budget au même niveau sur 5 ans, c'est réaliser un gel en valeur qui évite une revalorisation annuelle du budget selon l'inflation. Il y aura donc des efforts à faire, surtout qu'il va falloir diluer dans le même budget les 4,8 milliards d'ores et déjà non tenus par la LPM actuelle, ce qui n'est pas rien. Ces efforts seront certainement précisés par le Livre banc. Sur le fond, on ne peut que saluer un engagement tenu par le président : la Défense ne sera apparemment pas la variable d'ajustement des comptes publics. Ce n'était pas ce que les hypothèses Y et Z laissent entendre, bien au contraire, et sur ce point, c'est tout de même un soulagement. La tentation de faire supporter l'essentiel de l'effort aux forces armées était grande à Bercy et auprès de certains politiques. Il semble que Jean-Yves Le Drian se soit bien battu pour défendre la Défense, et le fait d'être un proche parmi les proches du président a dû un peu aider. La bronca de la majorité des sénateurs mais aussi d'un certain nombre de députés, au premier rang desquels la présidente socialiste de la Commission de la Défense, a certainement sonné comme un avertissement à prendre en compte, sous peine de sérieusement compliquer le vote d'une LPM irresponsable. Il ne fait également guère de doute que l'intervention au Mali est tombée à point nommé. Elle a permis de se souvenir que, ô surprise, l'armée de terre sert à quelque chose et que les forces spéciales ne peuvent tout faire ; l'armée de terre sera certainement moins sacrifiée que ne le prévoyait la première mouture du Livre blanc. Elle a aussi sonné comme un rappel douloureux, en ce qu'elle a fourni un diagnostic peu reluisant sur nos lacunes, dont certaines sont pourtant cruciales pour nos ambitions : transport, ravitaillement, renseignement. Plus que le Mali, ce qui a empêché de céder à la tentation du massacre à la tronçonneuse dans le budget militaire, c'est incontestablement notre industrie de défense. On peut ainsi dire merci à une certaine doctrine d'indépendance stratégique, basée entre autres, sur une industrie souveraine d'excellence. A l'heure où le président se dit mobilisé "coûte que coûte" pour la lutte contre le chômage, il aurait été tout simplement irresponsable et suicidaire de liquider la rare industrie sur laquelle la France est leader en Europe, une industrie on ne peut plus stratégique, aux milliers d'emplois qualifiés et non délocalisables. Et quand bien même le taux de chômage serait bas, on ne peut se permettre de se dispenser d'un tel atout stratégique et économique. Le lobbying des entreprises concernées, face à des perspectives très sombres, l'a rappelé. Évidemment, le MINDEF n'échappera pas à un nouveau serrage de ceinture, mais un serrage beaucoup moins douloureux et destructeur que ce que ne laissaient entrevoir les scénarios que proposait Bercy. Eu égard à la situation budgétaire du pays, il était plus que jamais tentant de ponctionner plus que de raison dans le budget de la Défense, ce ministère silencieux où des coupes qui mettraient certaines administrations à feu et à sang passent inaperçues. A ce titre, la décision de François Hollande est plutôt courageuse. On a enfin compris qu'une nouvelle amputation drastique sonnerait le glas d'une "certaine idée de la France". Attendons le contenu de Livre blanc - qui a dû être complètement réécrit - et sa traduction budgétaire via la LPM, mais on peut dire que les meubles sont à peu près sauvés. On pourra aussi faire confiance en la formidable capacité de nos militaires des trois armées de faire plus avec moins.

http://www.actudefense.com/temoignage-comment-les-militaires-francais-mont-sorti-de-bangui-livree-aux-pillages/ Y'en a certains qui ont été contents de voir arriver les militaires français...

Allez, pour continuer dans la série des bonnes nouvelles, le secrétaire général du Conseil supérieur de la réserve militaire suggère que les réservistes passent au bénévolat faute de crédits nécessaires. http://www.lepoint.fr/editos-du-point/jean-guisnel/les-reservistes-appeles-a-passer-au-benevolat-26-03-2013-1645698_53.php Et pendant que l'on songe à faire appel au sens du désintéressement des réservistes, la gabegie anachronique de la deuxième section se porte à merveille du côté des étoilés à la retraite. Curieusement, la suppression de la 2S ne fait pas partie des pistes de réduction budgétaire envisagées... Ce serait pourtant un signal fort de participation au redressement des comptes publics.

Idée initialement envisagée par Jean-Pierre Chevènement au Sénat, puis reprise par Patricia Adam, la présidente (PS) de la commission Défense à l'AN. Pour une fois, une alternative juste est concrète est proposée ; à noter que Le Drian est aussi ouvert à l'idée, le Conseil européen, beaucoup moins. Cette proposition tombe sous le sens. A l'heure où seuls le Royaume-Uni et la France sont les uniques pays européens qui payent pour disposer de forces armées dignes de ce nom ; à l'heure où la France est seule au Mali à conduire une opération coûteuse pour -et en plus toute l'UE ne se gêne pas pour le reconnaître ! -assurer la sécurité de l'Europe, vouloir insérer le budget de la Défense dans l'objectif des 3 % revient à l'assimiler à toutes les dépenses proclamées inutiles par les technocrates bruxellois et faire fi que deux États, et aujourd'hui à plus forte raison, la France financent à grand frais la sécurité d'une Union européenne qui y a renoncé en se plaçant sous parapluie OTANien. En attendant, il n'y a pas mieux pour tuer toute velléité de Défense européenne (et plus largement de croissance) que l'austérité aveugle et généralisée. D'ailleurs, aucun budget régalien ne devrait tomber sous le coup de cette règle arbitraire.

Remarquable éditorial du Monde intitulé "Armée amputée, France déclassée" qui résume parfaitement en quelques paragraphes les enjeux que posent le Livre blanc et les réductions à venir: http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/03/26/armee-amputee-france-declassee_3147929_3232.html Peut-être est-ce dû au fait que je ne suivais pas autant la question à l'époque, mais j'ai l'impression que la classe politique et surtout les médias généralistes prennent significativement plus conscience de la perspective du déclassement stratégique qu'en 2008. Outre les médias spécialisés Défense, les principaux journaux publient un nombre considérable de tribunes, d'articles et se font le relai des voix très inquiètes bien au-delà de l'armée. Cela n'empêchera certainement pas une saignée irrécupérable, mais c'est mieux que rien...

C'est Jean-Vincent Placé qui va être content ! =D On s'achemine donc vers le contingent de ses rêves : 15 000 hommes projetables, une division par deux du contrat opérationnel par rapport à 2008, et par plus de trois depuis 1994. http://www.marianne.net/blogsecretdefense/En-cas-de-guerre-l-armee-de-terre-n-aura-bientot-plus-qu-une-seule-division-_a991.html

Le vol tactique en Puma plein gaz à quelques mètres du sol est toujours aussi impressionnant. Et le journaliste n'oublie pas de mentionner qu'il s'agit d'une spécialité française ! =D

Très intéressant reportage de France Info aux côtés de l'armée française dans l'Adrar de Tigharghar. Les opérations dans la région étant moins médiatisées ces derniers jours, ce dossier permet de se tenir au courant de l'évolution de la situation sur le terrain. http://www.franceinfo.fr/monde/le-plus-france-info/les-derniers-jours-de-la-guerre-dans-l-adrar-au-mali-930107-2013-03-25 Au travers de témoignages de miliaires du rang, sous-off, officiers supérieurs et généraux, on apprend (ou on se rappelle de) plusieurs éléments relatifs aux opérations lancées il y a plusieurs semaines dans les Ifoghas : La bataille de l'Amettetaï, qui a duré 15 jours, a été le théâtre des combats les plus intenses. 200 jihadistes ont été tués. Un sergent-chef impute leur détermination et leur résilience impressionnantes à l'usage de drogues. Vu sa description, les engagements se faisaient à quelques mètres.Depuis leur déroute, la stratégie des jihadistes est d'abandonner les armes sur place, de partir à dos de chameau et de se fondre parmi la population civile, selon des conversations interceptées par les éléments de guerre électronique.Un démineur du génie déclare avoir trouvé 7 IED aux entrées de vallées.La logistique se résume au strict minimum : eau, nourriture, essence. Les hommes et leur matériel commencent à tirer la langue mais la motivation est intacte malgré les semelles des rangers qui se décollent, la chaleur accablante et les cinq minutes de communication avec la famille en un mois.Criblé de balles, un Tigre a été à deux doigts de se retrouver au tapis.Les Ifoghas et les différents Adrars attenants sont en passe d'être intégralement sous contrôle et nettoyés, le GTIA 3 n'a plus qu'une vallée à prendre."On leur a cassé la gueule" dixit le général Barrera.

Selon Reuters, le contingent sud-africain, dont le dispositif en protection de Bangui a été percé par les rebelles, demanderait l'aide de la France pour s'exfiltrer du pays. http://www.reuters.com/article/2013/03/24/centralafrica-rebels-idUSL5N0CG07Y20130324 Si ce piteux départ précipité venait à se confirmer, ce serait un véritable camouflet pour l'Afrique du Sud qui souhaitait asseoir son leadership sur la région... Côté français, le FELIN est arrivé à Bangui : https://pbs.twimg.com/media/BGJz7mECUAAFibJ.jpg:large

Eliot Higgins, auteur du blog "Brown Moses"qui surveille et répertorie les armes utilisées par les opposants syriens, en particulier par les jihadistes, diffuse des vidéos et des images qui prouveraient que les combattants salafistes utilisent bien des armes achetées à la Croatie par l'Arabie saoudite, comme l'avait évoqué le NYTimes. Si ce soutien en provenance du Golfe n'est pas en soi un scoop exceptionnel, on y voit également ce qui est présenté être une saisie d'un arsenal rebelle comprenant des MANPADs, et plus étonnant, des missiles MILAN. http://brown-moses.blogspot.co.uk/ Difficile d'être catégorique dans la mesure où l'on peut faire dire beaucoup de choses à des images, en particulier celles de la TV d’État syrienne, mais il ne fait guère de doute que la Syrie est plus que jamais un supermarché de l'armement à ciel ouvert. Un portrait de ce blogueur par The Guardian : http://www.guardian.co.uk/world/2013/mar/21/frontroom-blogger-analyses-weapons-syria-frontline