Le problème, c'est que la Marine Nationale souffre d'un conservatisme tellement fort que cela perturbe toute sa réflexion sur ses programmes, laissant un écheveau inextricable à arbitrer au niveau politique.
La Marine ne propose pas aux décideurs de vision d'ensemble nouvelle depuis la chute du mur de Berlin. On reste sur un triptyque dissuasion nucléaire (Brest), GAN (Toulon), Outre-Mer (en bricolant avec ce qui reste). Les rares innovations de ces 20 derniers années (FS, FLF, B2M) ont été réalisées au forceps, contre l'avis de la plupart des officiers qui sont persuadé que le remplacement "poste pour poste en mieux" des unités existante reste la seule voie à suivre.Les approches low cost qui permettraient de "faire nombre" et de faire le job dans les missions asymétriques qui sont le quotidien des forces (contrôle des espaces en Outre-mer, affirmation souveraineté, lutte contre la piraterie, lutte contre les trafics, contre les passeurs de migrants, assistance aux ressortissants, renseignement, blocus en tout genre...) sont dédaignées pour concentrer les budgets sur des unités hors de prix que, au final, on ne peut pas se payer en totalité, laissant tout le monde dans l'impasse.
Je suis assez admiratif de l'armée de terre sur ce plan, qui a fait sa révolution culturelle et a concentré tout son effort de lobbying sur un renouvellement à budget maîtrisé ("1 million par véhicule, pas plus") de son parc roulant blindé médian.En se donnant les moyens de cornaquer son fournisseur habituel pour éviter les dérives projets. Avec une vision d'ensemble cohérente de l'utilisation de ces forces devenues polyvalentes (cf le marketing autour de "Scorpion").
Lorsque que l'on verrouille le débat en disant que l'on a besoin d'une frégate avec tel ou tel tonnage, tel ou tel système d'arme high tech, et que l'on continue à parler du PA 2 alors qu'il est évident que l'on a pas les moyens de le construire sans sacrifier l'essentiel, on n'aide pas à mon avis les décideurs à prendre les bonnes décisions, on les embrouille ! De plus, on les oblige à descendre à un niveau d'arbitrage (quel tonnage ? quel radar ?) pour lesquels ils sont incompétents. Et on perd du temps.