kalligator Posté(e) le 31 août 2019 Share Posté(e) le 31 août 2019 Incroyable comme elle fait très très jeune on lui donnerais 12 ans au max Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 31 août 2019 Share Posté(e) le 31 août 2019 https://en.wikipedia.org/wiki/Business_Roundtable Le 19 août 2019, la Business Roundtable a publié une nouvelle "Déclaration sur l'objet d'une société". Signé par près de 200 directeurs généraux dont Jeffrey Bezos d'Amazon, Tim Cook d'Apple, Mary Barra de General Motors et Safra Catz d'Oracle, le groupe cherche à " s'éloigner de la primauté des actionnaires ", un concept qui existait dans les principes du groupe depuis 1997, et à " inclure un engagement envers toutes ses parties prenantes ". Il note que "les entreprises jouent un rôle vital dans l'économie" en raison des emplois, de la promotion de l'innovation et de la fourniture de services essentiels. Mais elle place les intérêts des actionnaires au même niveau que ceux des clients, des employés, des fournisseurs et des communautés. "Chacune de nos parties prenantes est essentielle ", dit l'énoncé. "Nous nous engageons à leur apporter une valeur ajoutée, pour le succès futur de nos entreprises, de nos communautés et de notre pays." Cela a été commenté dans la presse économique comme étant un tournant post-néolibéral. Je ne suis pas sûr toutefois que beaucoup de gens aient relevé le "notre pays", qui semble indiquer un tournant nationaliste. 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Tancrède Posté(e) le 31 août 2019 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 31 août 2019 59 minutes ago, Wallaby said: https://en.wikipedia.org/wiki/Business_Roundtable Le 19 août 2019, la Business Roundtable a publié une nouvelle "Déclaration sur l'objet d'une société". Signé par près de 200 directeurs généraux dont Jeffrey Bezos d'Amazon, Tim Cook d'Apple, Mary Barra de General Motors et Safra Catz d'Oracle, le groupe cherche à " s'éloigner de la primauté des actionnaires ", un concept qui existait dans les principes du groupe depuis 1997, et à " inclure un engagement envers toutes ses parties prenantes ". Il note que "les entreprises jouent un rôle vital dans l'économie" en raison des emplois, de la promotion de l'innovation et de la fourniture de services essentiels. Mais elle place les intérêts des actionnaires au même niveau que ceux des clients, des employés, des fournisseurs et des communautés. "Chacune de nos parties prenantes est essentielle ", dit l'énoncé. "Nous nous engageons à leur apporter une valeur ajoutée, pour le succès futur de nos entreprises, de nos communautés et de notre pays." Cela a été commenté dans la presse économique comme étant un tournant post-néolibéral. Je ne suis pas sûr toutefois que beaucoup de gens aient relevé le "notre pays", qui semble indiquer un tournant nationaliste. J'ai surtout l'impression que cela relève d'un habillage altruiste d'une réalité purement corpo-politicienne: le groupe en question est un groupe exclusivement composé de CEOs, cad en langage clair, de "chefs de l'exécutif" de grandes sociétés, par opposition aux actionnaires qui, directement ou par des représentants, sont le pouvoir législatif et les "citoyens" ou élus des "citoyens"/propriétaires. C'est un coup d'échec pour que les dits CEOs essaient de s'arroger plus de prérogatives dans le mix au nom de "valeurs" et entités plus abstraites. Non qu'elles soient nécessairement abstraites en soi (la nation, "l'intérêt général", la main d'oeuvre, les communautés d'implantation....), mais dans le sens où elles ne peuvent réellement avoir une représentation efficace, légitime ou qui "pèse" dans le processus de décision. En l'état de telles déclarations, ce serait le dit PDG qui déterminerait la politique en ce sens, soit un "power grab" aux dépends du conseil d'administration, un peu plus vers l'idée d'un patron-monarque tenu par des "obligations" (que, pour l'essentiel, lui seul détermine avec des apparences de consultation avec des entités extérieures... A grands coups de com) qui lui donnent plus de marge de manoeuvre par rapport aux actionnaires. Il est possible que certains d'entre eux croient à ce soudain besoin "d'altruisme" et de "valeur ajoutée sociale" de l'entreprise, mais outre le fait que cela implique plus nécessairement un processus sans doute plus autoritaire dans la boîte (et plus de budgets et activités discrétionnaires), on est plus en face de patrons qui sont en train de devenir de vrais petits seigneurs féodaux. Déjà que nos patrons du CAC ont en général plus de pouvoir dans leur boîte que les patrons US, et que les tentatives de plus de gouvernance partagée/transparente ne sont jamais allées nulle part, on voit la tendance générale dans la mentalité de ces gens. C'est juste le Game of Thrones corporate: faut pas se fier à ce que dit la bande annonce. Aucun d'entre eux n'a la fibre humanitaire ou citoyenne dès qu'il s'agit de leur ambition et de leur "bottomline". Les requins ne se mettent pas soudainement au tofu. 5 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Conan le Barbare Posté(e) le 1 septembre 2019 Share Posté(e) le 1 septembre 2019 "les requins ne mangent pas de tofu" j'adore ! 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Wallaby Posté(e) le 2 septembre 2019 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 2 septembre 2019 https://www.fastcompany.com/90394048/uh-oh-silicon-valley-is-building-a-chinese-style-social-credit-system (26 août 2019) De nombreux Occidentaux sont troublés par ce qu'ils lisent sur le système de crédit social de la Chine. Mais il s'avère que de tels systèmes ne sont pas propres à la Chine. Un système parallèle est en train de se développer aux États-Unis, en partie grâce aux règles utilisateur de la Silicon Valley et de l'industrie de la technologie, et en partie grâce à la surveillance de l'activité des médias sociaux par les entreprises privées. Voici quelques-uns des éléments du système de crédit social américain en pleine expansion. Compagnies d'assurance Le Département des services financiers de l'État de New York a annoncé plus tôt cette année que les compagnies d'assurance vie peuvent baser leurs primes sur ce qu'elles trouvent dans vos messages sur les médias sociaux. Cette photo d'Instagram vous montrant taquiner un grizzli à Yellowstone avec un martini dans une main, un seau de frites au fromage dans l'autre, et une cigarette dans la bouche, pourrait vous coûter cher. D'un autre côté, un message sur Facebook vous montrant en train de faire du yoga pourrait vous faire économiser de l'argent. (Les compagnies d'assurance doivent démontrer que les preuves sur les médias sociaux indiquent un risque, et non une discrimination de quelque nature que ce soit - elles ne peuvent pas utiliser les postes sociaux pour modifier les primes fondées sur la race ou l'invalidité, par exemple). L'utilisation des médias sociaux est un prolongement des questions sur le mode de vie habituellement posées lors d'une demande d'assurance vie, telles que la question de savoir si vous pratiquez l'escalade ou d'autres sports d'aventure. Dire "non", mais poster ensuite des photos de vous-même en train de faire l'ascension en solo libre de El Capitan, pourrait compter comme un "oui". PatronScan Une société appelée PatronScan vend trois produits -kiosk, ordinateurs de bureau et systèmes portatifs - conçus pour aider les propriétaires de bars et de restaurants à gérer leurs clients. PatronScan est une filiale de la société canadienne de logiciels Servall Biometrics, et ses produits sont maintenant en vente aux États-Unis, au Canada, en Australie et au Royaume-Uni. PatronScan aide à repérer les fausses cartes d'identité et les faussaires. Lorsque les clients arrivent à un bar utilisant PatronScan, leur identifiant est scanné. L'entreprise tient à jour une liste de clients répréhensibles conçue pour protéger les lieux contre les personnes qui ont déjà été expulsées pour "bagarre, agression sexuelle, drogue, vol et autres mauvais comportements", selon son site Web. Une liste "publique" est partagée entre tous les clients de PatronScan. Ainsi, une personne qui est bannie par un bar aux États-Unis pourrait l'être par tous les bars aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada qui utilisent le système PatronScan pendant un an au maximum. (PatronScan Australia garde un système séparé.) C'est aux propriétaires et gérants des bars qu'il appartient de juger quel type de comportement peut être inclus dans une liste PatronScan. Les propriétaires de bars peuvent ignorer l'interdiction, s'ils le souhaitent. Les données sur les clients non fautifs sont supprimées en 90 jours ou moins. Aussi : PatronScan permet aux bars de garder une liste "privée" qui n'est pas partagée avec d'autres bars, mais sur laquelle les mauvais clients peuvent être gardés jusqu'à cinq ans. PatronScan a un procédure d'appel, mais c'est à l'entreprise qu'il revient d'accorder ou de refuser ces appels. Uber et Airbnb Grâce à l'économie de partage, les possibilités de voyage se sont étendues bien au-delà des taxis et des hôtels. Uber et Airbnb sont des leaders dans le transport et l'hébergement des voyageurs. Mais il existe de nombreuses entreprises de covoiturage et d'hébergement d'égal à égal qui offrent des services similaires. Airbnb, un important fournisseur d'hébergement et d'activités touristiques, s'est vanté en mars dernier d'afficher plus de 6 millions d'inscriptions dans son système. C'est pourquoi une interdiction d'Airbnb peut limiter les options de voyage. Airbnb peut désactiver votre compte à vie pour la raison de son choix et se réserve le droit de ne pas vous en donner la raison. Le message standard de l'entreprise comporte l'affirmation que "Cette décision est irréversible et affectera tous les comptes dupliqués ou futurs. Veuillez comprendre que nous ne sommes pas obligés de fournir une explication pour les mesures prises à l'encontre de votre compte." L'interdiction peut être basée sur quelque chose que l'hôte informe Airbnb en privé de quelque chose qu'il croit que vous avez fait en restant chez lui. Les concurrents d'Airbnb ont des politiques similaires. Il est maintenant facile de se faire bannir par Uber, aussi. Chaque fois que vous sortez de la voiture après un tour Uber, l'application vous invite à noter le conducteur. Ce que beaucoup de passagers ne savent pas, c'est que le conducteur reçoit maintenant aussi une invitation à vous noter. Dans le cadre d'une nouvelle politique annoncée en mai : Si votre note moyenne est "nettement inférieure à la moyenne", Uber vous bannira du service. WhatsApp Vous pouvez aussi être banni des applications de communication. Par exemple, vous pouvez être banni sur WhatsApp si trop d'autres utilisateurs vous bloquent. Vous pouvez également être banni pour envoi de spam, menaces, tentatives de piratage ou d'ingénierie inverse de l'application WhatsApp, ou utilisation du service avec une application non autorisée. WhatsApp ne représente pas grand chose aux États-Unis. Mais dans une grande partie du monde, c'est la principale forme de communication électronique. Ne pas être autorisé à utiliser WhatsApp dans certains pays est aussi punissant que de ne pas être autorisé à utiliser le système téléphonique en Amérique. Qu'est-ce qu'il y a de mal avec le crédit social, de toute façon ? L'attribut le plus troublant d'un système de crédit social n'est pas qu'il est envahissant, mais qu'il est extralégal. Les crimes sont punis en dehors du système judiciaire, ce qui signifie aucune présomption d'innocence, aucune représentation légale, aucun juge, aucun jury et souvent aucun appel. En d'autres termes, il s'agit d'un système juridique alternatif où l'accusé a moins de droits. Les systèmes de crédit social sont un moyen de contourner les complications agaçantes du système juridique. Contrairement à la politique du gouvernement chinois, le système de crédit social qui émerge aux États-Unis est appliqué par des entreprises privées. Si le public s'oppose à la façon dont ces lois sont appliquées, il ne peut pas élire de nouveaux dirigeants. Un nombre croissant de " privilèges " sociétaux liés au transport, à l'hébergement, aux communications et aux tarifs que nous payons pour les services (comme l'assurance) sont soit contrôlés par des entreprises technologiques, soit affectés par la façon dont nous utilisons les services technologiques. Et les règles de la Silicon Valley pour pouvoir utiliser leurs services sont de plus en plus strictes. Si les tendances actuelles se poursuivent, il est possible qu'à l'avenir une majorité de délits et même certains crimes seront punis non pas par Washington, D.C., mais par Silicon Valley. C'est une pente glissante qui nous éloigne de la démocratie et nous rapproche de la corporatocratie. En d'autres termes, à l'avenir, l'application de la loi pourrait être déterminée moins par la Constitution et la loi que par les accords de licence d'utilisateur final. 4 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Chronos Posté(e) le 2 septembre 2019 Share Posté(e) le 2 septembre 2019 (modifié) Le 01/09/2019 à 00:37, Tancrède a dit : J'ai surtout l'impression que cela relève d'un habillage altruiste d'une réalité purement corpo-politicienne: le groupe en question est un groupe exclusivement composé de CEOs, cad en langage clair, de "chefs de l'exécutif" de grandes sociétés, par opposition aux actionnaires qui, directement ou par des représentants, sont le pouvoir législatif et les "citoyens" ou élus des "citoyens"/propriétaires. C'est un coup d'échec pour que les dits CEOs essaient de s'arroger plus de prérogatives dans le mix au nom de "valeurs" et entités plus abstraites. Non qu'elles soient nécessairement abstraites en soi (la nation, "l'intérêt général", la main d'oeuvre, les communautés d'implantation....), mais dans le sens où elles ne peuvent réellement avoir une représentation efficace, légitime ou qui "pèse" dans le processus de décision. En l'état de telles déclarations, ce serait le dit PDG qui déterminerait la politique en ce sens, soit un "power grab" aux dépends du conseil d'administration, un peu plus vers l'idée d'un patron-monarque tenu par des "obligations" (que, pour l'essentiel, lui seul détermine avec des apparences de consultation avec des entités extérieures... A grands coups de com) qui lui donnent plus de marge de manoeuvre par rapport aux actionnaires. Il est possible que certains d'entre eux croient à ce soudain besoin "d'altruisme" et de "valeur ajoutée sociale" de l'entreprise, mais outre le fait que cela implique plus nécessairement un processus sans doute plus autoritaire dans la boîte (et plus de budgets et activités discrétionnaires), on est plus en face de patrons qui sont en train de devenir de vrais petits seigneurs féodaux. Déjà que nos patrons du CAC ont en général plus de pouvoir dans leur boîte que les patrons US, et que les tentatives de plus de gouvernance partagée/transparente ne sont jamais allées nulle part, on voit la tendance générale dans la mentalité de ces gens. C'est juste le Game of Thrones corporate: faut pas se fier à ce que dit la bande annonce. Aucun d'entre eux n'a la fibre humanitaire ou citoyenne dès qu'il s'agit de leur ambition et de leur "bottomline". Les requins ne se mettent pas soudainement au tofu. N'est-ce pas là aussi le retour d'un balancier ayant outrageusement profité à des structures d'actionnariat des années 80 à aujourd'hui, notamment en empêchant les entreprises d'adopter toute forme de politique à long terme, de réinvestissement, de capitalisation interne et de croissance un minimum saine et à favoriser des appels de marge systématique ? Au fond la puissance relative des CEO et des conseils d'administration (souvent pléthoriques, on se souviendra de Kodak*, d'IBM et de General Electric pour ne citer que ces entreprises) était la norme du siècle dernier plus que l'exception avec tous les excès que cela pouvait avoir. La question est de savoir si ces excès étaient plus néfastes que ceux qui se sont développés ces quarante dernières années. Compte tenu de la destruction des tissus industriels en Occident à cette même époque et en partie à cause de cela, une réponse tranchée me paraît difficile. S'agissant des patrons du CAC 40, le problème ne résiderait-il pas plutôt dans la mollesse de l'actionnariat et ce d'autant plus que, contrairement aux USA, celui-ci n'est que minoritairement constitué de fonds d'investissement mais bien de l'Etat, qui pour le coup ne semble pas avoir de stratégie actionnariale ? *Kodak qui ne savait plus vraiment ce qu'elle inventait, y compris l'appareil photo numérique. Pareil pour IBM d'ailleurs. Modifié le 2 septembre 2019 par Chronos Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 2 septembre 2019 Share Posté(e) le 2 septembre 2019 33 minutes ago, Chronos said: N'est-ce pas là aussi le retour d'un balancier ayant outrageusement profité à des structures d'actionnariat des années 80 à aujourd'hui, notamment en empêchant les entreprises d'adopter toute forme de politique à long terme, de réinvestissement, de capitalisation interne et de croissance un minimum saine et à favoriser des appels de marge systématique ? Au fond la puissance relative des CEO et des conseils d'administration (souvent pléthoriques, on se souviendra de Kodak*, d'IBM et de General Electric pour ne citer que ces entreprises) était la norme du siècle dernier plus que l'exception avec tous les excès que cela pouvait avoir. La question est de savoir si ces excès étaient plus néfastes que ceux qui se sont développés ces quarante dernières années. Compte tenu de la destruction des tissus industriels en Occident à cette même époque et en partie à cause de cela, une réponse tranchée me paraît difficile. S'agissant des patrons du CAC 40, le problème ne résiderait-il pas plutôt dans la mollesse de l'actionnariat et ce d'autant plus que, contrairement aux USA, celui-ci n'est que minoritairement constitué de fonds d'investissement mais bien de l'Etat, qui pour le coup ne semble pas avoir de stratégie actionnariale ? *Kodak qui ne savait plus vraiment ce qu'elle inventait, y compris l'appareil photo numérique. Pareil pour IBM d'ailleurs. Quoiqu'il arrive, la gouvernance d'une grande structure et la vision conflictuelle des intérêts qui s'y retrouvent est la norme: il est rare qu'il y ait un "PDG visionnaire" qui peut mener avec succès une politique de longue haleine, avec le plein soutien du CA ou un CA qui se fait tirer l'oreille. Cela n'arrive qu'avec des fondateurs exceptionnels et/ou particulièrement habiles et obstinés (cf le pré-mentionné Bezos, qui n'a pas fait de bénef avec Amazon pendant quoi? 10? 15 ans? Avant que la sauce prenne pleinement), et l'occasionnel personnage providentiel, ou celui qui arrive quand un faisceau de circonstances exceptionnellement favorables se réunit au bon moment. Pour le reste, il y a de la gestion moyenne, avec des variations en bien et en mal. Il y a certes un tas de mauvaises incitations construites dans le système: résultats de très court terme qui prennent le dessus, souvent parce que la moyenne de durée en poste d'un PDG est elle-même plutôt basse (quelque chose comme 4-5 ans dans les grandes boîtes il me semble), ce qui les attache peu à l'entreprise et incite à une mentalité "après moi le déluge", soit un mercenariat corporate focalisé sur le résultat annuel, voire semestriel, et de faux objectifs à 4-5 ans, avec souvent la plus grande complicité des "movers and shakers" du CA qui sont au final du même vivier, et font le même genre de carrière (tout le monde se renvoyant l'ascenseur sur ce plan: les tirages dans les pattes et poignards dans le dos, c'est juste le quotidien). On a aussi une trop grande centralisation des marchés financiers qui favorisent trop d'homogénéité de mentalités, trop de concentration du pouvoir d'allocation des ressources, avec une part trop grande réservée à ce qu'on appelait jadis la spéculation. Et il y a enfin un problème (issu de ce milieu d'entente) de réglementation et d'application des lois, qui, au fil du temps, a formé un cadre incitant par trop à la triche, à l'exemption, à la déresponsabilisation des décideurs, et à l'absence de transparence. Mais je ne vois pas en quoi les propositions de ce groupe aideraient beaucoup: j'y vois plus un "power grab" par une bande d'ambitieux jouant leur jeu habituel de pouvoir, qui a bien peu de chances d'établir une gouvernance plus vertueuse ou respectueuse des actionnaires tout en permettant des "visions de long terme" (notamment parce que les visionnaires ne sont pas légions). Qu'on agisse d'abord sur les "incentives" des dirigeants, qu'on ne leur accorde pas aussi facilement des rems pharaoniques comme si elles leur étaient dues de droit divin (et attribuées entre gens du même monde), qu'on les force à lier leur fortune à celle des boîtes dont ils prennent le contrôle (et pas sous forme de stock-ops), et qu'on s'outille pour appliquer plus sérieusement les lois et certains principes de base. Et j'aime surtout pas l'idée de patrons-seigneurs pouvant jouer un rôle plus hybride encore entre business et politique, se taillant des images de grands mécènes (avec le fric des autres) et de vastes clientèles sociales/politiques ce faisant. Même sur le simple plan de l'actionnariat, j'imagine que des épargnants et investisseurs seraient pas super joasses à l'idée de voir leurs économies et espoirs servir l'ambition, le délire idéologique ou égomaniaque, ou encore le jeu politique, d'un patron moins contrôlé, qu'il se la pète humanitaire ou joue un jeu cynique avec. Parce qu'à ce niveau, décider de l'allocation des ressources d'une boîte a plus de chances de servir la personne à sa tête qu'autre chose. Et une chose dont je suis sûr, et qui serait un bon indicateur de la réalité d'un tel patron à vision focalisé aussi sur l'utilité sociale de "l'entreprise citoyenne", c'est qu'il ne paiera pas mieux ses employés, surtout vers le bas de l'échelle, et n'améliorera pas le sort des travailleurs de pays à bas coût; ce serait pourtant la vraie utilité sociale d'un tel décideur "reformaté": une entreprise acceptant un plancher sur ce qu'elle peut contraindre dans son processus de production, acceptant pour ce faire un certain plafond sur la rapacité de ceux qui exigent des retours. Hors de ça, ce qu'on verrait en réalité, ce sont de constantes photo-ops autour du dit patron en train d'investir avec munificience dans des projets qui plaisent aux médias (et au secteur de la com' en général, grassement alimenté par ces processus), et qui ont aussi.... Une valeur de court terme (c'est ce qui paie le mieux en matière de com: les vrais trucs utiles sont peu télégéniques). 1 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shorr kan Posté(e) le 3 septembre 2019 Share Posté(e) le 3 septembre 2019 (modifié) Le 27/08/2019 à 06:20, Snapcoke a dit : Moi je pense surtout Tancrède, que tu devrais être président... ... Si tu veux pouvoir capter son attention, propose lui plutôt un poste de proconsul dans une province romaine ou de légat d'une légion. Go ! Modifié le 3 septembre 2019 par Shorr kan 1 2 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Wallaby Posté(e) le 3 septembre 2019 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 3 septembre 2019 13 décembre 2017. Steve Jobs n'a jamais laissé ses enfants toucher à un iPad, parce qu'il considère que les écrans sont trop addictifs. Version sous-titrée en français : https://www.businessinsider.fr/video-steve-jobs-enfants-ipad 1 2 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shorr kan Posté(e) le 3 septembre 2019 Share Posté(e) le 3 septembre 2019 Quel enfoiré, j'vous jure ! 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Carl Posté(e) le 3 septembre 2019 Share Posté(e) le 3 septembre 2019 Il y a 2 heures, Wallaby a dit : Steve Jobs n'a jamais laissé ses enfants toucher à un iPad, parce qu'il considère que les écrans sont trop addictifs. Version sous-titrée en français : https://www.businessinsider.fr/video-steve-jobs-enfants-ipad Du Steve Jobs tout craché, il a bien mérité son statut de plus grand héros de tout les temps dans les écoles de commerce. Et pendant ce temps là, de l'autre coté de l'atlantique, un certain Hollande F. estimait lui qu'il était pertinent d'endetter encore un peu plus le conseil général de Corrèze (le plus endetté de France) afin d'offrir un ipad a chaque élève de 6ème 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Alexis Posté(e) le 3 septembre 2019 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 3 septembre 2019 Le 27/08/2019 à 14:24, kalligator a dit : D'accord avec Snapcoke : Tancrède fait des post bien complexes bien argumentés même à 4h du mat, je suis sûr qu'il n'est pas humain sûrement un nexus 6 Pas d'accord. Impossible que @Tancrède soit un Nexus 6 : il poste depuis 2006, largement au-delà de l'espérance de vie de quatre ans des Nexus-6. Je penche pour un type Nexus-7, comme Rachael. A mon avis, lui non plus ne sait pas qu'il est un répliquant. (ou alors... Tancrède ne poste pas depuis 2006, ce sont des souvenirs artificiels ? Mais alors, puisque nous avons tous ces souvenirs, ça veut dire que nous sommes tous des répliquants ? Râaaah Philip K. Dick pourquoi a-t-il fallu que tu écrives des romans !) 3 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shorr kan Posté(e) le 3 septembre 2019 Share Posté(e) le 3 septembre 2019 Il y a 2 heures, Alexis a dit : Pas d'accord. Impossible que @Tancrède soit un Nexus 6 : il poste depuis 2006, largement au-delà de l'espérance de vie de quatre ans des Nexus-6. Je penche pour un type Nexus-7, comme Rachael. A mon avis, lui non plus ne sait pas qu'il est un répliquant. (ou alors... Tancrède ne poste pas depuis 2006, ce sont des souvenirs artificiels ? Mais alors, puisque nous avons tous ces souvenirs, ça veut dire que nous sommes tous des répliquants ? Râaaah Philip K. Dick pourquoi a-t-il fallu que tu écrives des romans !) Profitons-en pour rappeler la mort il y a peu, de Rutger Hauer qui dans Bladerunner a si puissamment incarné Roy Batty, leader des replicants en fuite sur Terre. 4 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rendbo Posté(e) le 3 septembre 2019 Share Posté(e) le 3 septembre 2019 ce monologue est juste démentiel... 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
jean-françois Posté(e) le 3 septembre 2019 Share Posté(e) le 3 septembre 2019 surtout quand on sait que c'était une totale improvisation de la part de Hauer. 1 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 3 septembre 2019 Share Posté(e) le 3 septembre 2019 il y a 19 minutes, jean-françois a dit : surtout quand on sait que c'était une totale improvisation de la part de Hauer. On en apprend tous les jours ! Merci. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kelkin Posté(e) le 3 septembre 2019 Share Posté(e) le 3 septembre 2019 En attendant, les répliquants actuels ont encore beaucoup de progrès à faire : Mais bon, c'est un robot russe, donc c'est pas le sujet ici, désolé. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rogue0 Posté(e) le 4 septembre 2019 Share Posté(e) le 4 septembre 2019 Je ne sais plus trop où mettre ça. (criailleries ? usa ? ) A propos du dysfonctionnement des administrations US, voilà qu'on reparle du Département d'Etat US. Il était déjà frappé par des baisses de budget, d'être ignoré par POTUS (logique vu son positionnement America First (et on essaie d'extorquer tous les autres)) , et des vagues de démission en cascade. Voilà que les chefs (et surveillants) nominés par Trump viennent de se faire officiellement réprimander par l'Inspection Générale pour harcèlement du personnel. Pas forcément harcèlement sexuel : juste du harcèlement moral, placardisation, et démission forcée pour ceux jugés comme déloyaux à POTUS..Sources: Révélation Rapport officiel : https://www.stateoig.gov/system/files/esp-19-05.pdf https://foreignpolicy.com/2019/08/15/state-department-watchdog-censures-two-trump-appointees-for-harassing-career-staffers/ https://foreignpolicy.com/2019/09/03/state-department-failed-to-shield-its-diplomats-from-political-reprisals-officials-concede-mari-stull-kevin-moley-international-organizations-inspector-general-report-controversy-diplomacy/ https://foreignpolicy.com/2018/06/13/trumps-vino-vixen-compiles-loyalty-list-of-u-s-employees-at-u-n-state-mari-stull-political-appointee-state-department-international-organization-united-nations-political-retribution-chaos-dysfunction/ Sur quels critères ? Pas de fuites vers la presse... Non, juste avoir bossé sur les sujets LBGTQ, avec les palestiniens, ou escorté une délégation de parlementaires démocrates à l'ONU (je précise : parlementaires démocrates et noirs : le black caucus). Les intéressés (Kevin Moley et Mari Stull) nient tout en bloc, et chargent les médias, et le "Deep State". Le hic pour eux, c'est que ça vient de l'inspection interne ... Rapport officiel : https://www.stateoig.gov/system/files/esp-19-05.pdf Et que les dénégations ont les buzzword habituels du Trumpland... peu crédibles en dehors de ce camp : Révélation "Stull said the report contains “false and misleading information” and was “politically motivated payback” by “Deep State bureaucrats” who opposed Trump." "Delusional State Department ‘Deep State’ opponents of President Trump are paranoid and it is shameful that Foreign Policy Magazine happily promotes their political agenda to destroy the President, His Political Appointees, and thwart his Administration’s policies." Action étonnante : les chefs de carrière du State Department, auraient fait une réunion à huis clos, pour s'excuser auprès du personnel de n'avoir pas pu mieux les protéger de représailles politiques... Mais avouent qu'ils ne peuvent pas virer ledit chefs réprimandé (car nominé par le président, et confirmé par le Sénat) ... Sans commentaire ... 1 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Wallaby Posté(e) le 5 septembre 2019 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 5 septembre 2019 https://www.politico.com/magazine/story/2017/06/30/colorado-springs-libertarian-experiment-america-215313 (30 juin 2017) Colorado Springs, Colorado, 40e ville des États-Unis par sa population, a vécu une expérience libertaire radicale (au sens de zéro impôts, zéro État, ce qu'en France on qualifierait de "libérale") au lendemain de la crise de 2008, puis a commencé à se recentrer à partir de 2015. Pendant la récession, comme presque toutes les autres villes d'Amérique, les revenus de Colorado Springs, qui dépendaient fortement de la taxe de vente, ont diminué. Confrontés à d'énormes pénuries, les dirigeants de la ville ont commencé à sabrer. Il n'y avait plus de service d'autobus le weekend et neuf lignes d'autobus ont été supprimées. Des policiers ont été licenciés tandis que trois hélicoptères de police ont été mis aux enchères en ligne. Les poubelles ont disparu des parcs municipaux, parce que lorsque vous coupez 75 pour cent du budget des parcs, vous n'avez plus personne pour vider les ordures. Pour une ville qui a été fondée lorsqu'un riche industriel a planté 10 000 arbres dans une prairie sans ombre, l'arrosage soudainement épars des pelouses herbeuses de la ville a été un aveu profond et terrible de régression. Pour combler un trou budgétaire de 28 millions de dollars, les dirigeants politiques de Colorado Springs - qui, jusque-là, auraient pu être décrits par la plupart des électeurs comme des conservateurs financiers - ont proposé de tripler les impôts fonciers. Près des deux tiers des électeurs ont dit non. En réponse, les représentants de la ville ont éteint un lampadaire sur trois. C'est à ce moment-là que les gens ont commencé à prêter attention à une ville qui semblait mener une expérience en temps réel de famine financière volontaire. Mais ce n'était que le prélude. La ville ne s'est pas contentée de rejeter une augmentation des impôts. Un peu plus d'un an plus tard, elle a ainsi élu un entrepreneur immobilier au poste de maire qui promit une rupture radicale avec la politique habituelle. Pour une ville qui, comme le pays dans son ensemble, souffrait économiquement, Steve Bach semblait être un homme avec une réponse. Ce qu'il a promis semblait radicalement simple : le gaspillage du gouvernement est à l'origine de la douleur, et si vous dirigez le gouvernement comme les meilleures entreprises, la douleur disparaîtra. Facile. Parce qu'il n'avait jamais occupé de mandat politique et parce qu'il avait été un entrepreneur prospère, les gens étaient enclins à croire qu'il pouvait vraiment réinventer la façon dont une ville était gouvernée. L'émission de radio “This American Life” a fait un segment dépeignant les citoyens de Springs comme des fanatiques ultimes anti-impôts, prêts à payer 125 dollars dans un nouveau programme "J'adopte un lampadaire" pour illuminer leurs propres quartiers, mais pas disposés à dépenser la même chose pour le faire pour toute la ville. Beaucoup de choses ont changé depuis, notamment le fait que l'économie locale, qui a presque noyé la ville comme un bloc de béton attaché autour du cou, est de nouveau à flôt. Les recettes de la taxe de vente ont rendu les bilans excédentaires. Assez pour rallumer les fameux lampadaires. Une des leçons : Il y a un coût réel à économiser de l'argent. Prenez les réverbères. Le fait de les éteindre avait permis à la ville d'économiser environ 1,25 million de dollars. Ce qui n'a pas fait la une des journaux nationaux, c'est ce qui s'est passé lorsque les lumières ont été éteintes. Les voleurs de cuivre, enhardis par la possibilité de travailler sans craindre l'électrocution, firent des heures supplémentaires pour récupérer les fils. Le fait d'éteindre les lumières a peut-être permis d'économiser de l'argent à court terme, mais le coût de la réparation de ce qui a été volé s'est élevé à quelque 5 millions de dollars. Il y a eu beaucoup de réflexion de retour d’expérience au cours de cette demi-décennie. De la crise est né le désir de rupture. De la rupture est né un chaos excessif. Et c'est de là qu'est né un désir de retour des politiciens professionnels. Le mantra de [Steve] Bach sur le chemin de la campagne électorale [de maire de 2011] était un mantra que les électeurs de tout le pays reconnaîtraient du cycle présidentiel de l'année dernière : Diriger le gouvernement comme une entreprise. Il a dit qu'il avait l'intention de "transformer l'administration municipale pour qu'elle fonctionne pour tout le monde - et sans augmentation d'impôt." En fait, il voulait supprimer l'impôt sur les biens personnels des entreprises et accélérer l'obtention des permis par les promoteurs, tout en favorisant la croissance de l'emploi, qu'il a promis par la suite de porter à 6 000 nouveaux emplois par an. Bach se considérait comme un outsider luttant contre "l'esprit de régulation" de la ville. "La seule différence que je vois entre moi et Donald Trump, a-t-il dit récemment à Politico Magazine, c'est que je ne twitte pas. En 2011, Bach a été élu à l'Hôtel de ville avec près de 60 % des voix. Non seulement il a gagné, mais il est arrivé au pouvoir avec des pouvoirs qu'aucun maire de Colorado Springs n'avait jamais exercés. Un référendum approuvé par les électeurs un an plus tôt avait enlevé le pouvoir au conseil municipal et l'avait donné au maire. Il se trouve que ce maire était quelqu'un qui pensait que le compromis politique était un mot vulgaire. Peu de temps après l'élection, deux membres du conseil municipal ont demandé à Bach de leur remettre un rapport hebdomadaire détaillé, comme l'avait fait le précédent directeur municipal. Il a dit non. Le maire ne rendait compte à personne. Le conseil, a-t-il indiqué, lui rendrait compte. Et il l'a montré en prenant en main un deal majeur : le conseil négociait pour se débarrasser de l'hôpital local. Le conseil voulait concéder l'hôpital à une équipe de dirigeants locaux dirigée par le PDG de Memorial Health pour environ 15 millions de dollars sur 20 ans. Bach appelait ça un cadeau. Il a exigé que le conseil ouvre le processus à d'autres soumissionnaires. Finalement, ce processus a mené à un arrangement financier très différent avec l'énorme système de santé de l'Université du Colorado : un bail de 40 ans qui, compte tenu des améliorations aux immobilisations, s'est chiffré à près de 2 milliards de dollars. Vous n'avez pas besoin d'avoir un MBA pour apprécier les avantages de l'accord de Bach. Bach a également eu raison sur une autre affaire qu'il a dénoncée comme mal gérée par le conseil municipal avant qu'il ne soit élu. Le conseil avait approuvé un généreux contrat avec un physicien de l'U.S. Air Force Academy pour développer et mettre en œuvre une technologie d'épuration du charbon de 20 millions de dollars sur la centrale électrique du centre-ville. "C'est juste une mauvaise affaire", a dit Bach. Le coût : environ 150 millions de dollars de dépassement de budget. "Cette ville est si facilement arnaquée ", dit John Hazlehurst, lui-même ancien membre du conseil municipal et maintenant chroniqueur au Colorado Springs Business Journal. "Pourquoi ? Parce qu'on est des ploucs. C'est aussi simple que ça." Mais il y avait un prix à payer pour tous ces prises de bec à la mairie. Bien que l'économie continuait de s'améliorer, et bien que l'externalisation par Bach des travaux ait fait assez pour réparer le budget du parc afin que les arbres soient arrosés et que les lumières soient de nouveau allumées, certains chefs d'entreprise étaient réticents à s'installer en ville ou à se développer. Jan Martin, alors présidente pro-tempore du conseil municipal, a dit avoir entendu la nouvelle que Bach avait congédié le chef de la police de la ville par le bouche à oreille, plutôt que par Bach lui-même. "Il vidait la ville de tout ce savoir accumulé", dit-elle. Hazlehurst, est plus laconique. "Le dysfonctionnement de Bach et celui du conseil étaient intimement liés, dit-il. C'était juste un gouvernement de débutants." La création d'emplois, qui avait été l'un des piliers de la campagne de Bach, n'a jamais pris l'élan qu'il avait promis et, de son propre aveu, Colorado Springs a été à la traîne d'autres villes de taille similaire dans la région comme Albuquerque, Omaha et Oklahoma City. Il n'a jamais réussi à faire abroger la taxe professionnelle. Et son plan phare pour stimuler le tourisme avec un projet à plusieurs volets de musées et un stade en plein air s'est heurté aux vents contraires d'un conseil municipal qui a déclaré qu'il n'était pas suffisamment impliqué dans la planification. En 2015, la dernière année de son mandat, Bach n'adressait plus la parole à aucun membre du conseil municipal, sauf à Bennett. Les deux parties se livraient à des batailles par procuration au beau milieu des réunions du conseil, se querellant sur des broutilles - déplacer de l'argent d'un compte gouvernemental à un autre pour payer les factures - ce qui serait normalement la routine. La ville qui était censée fonctionner comme une entreprise faisait en fait peur aux entreprises. Si chaque élection est un référendum sur le politicien sortant, l'élection de John Suthers a clairement marqué la désaffection de la ville pour Steve Bach. Loin d'être un étranger politique, Suthers avait passé sa vie à travailler au sein du gouvernement, de président des étudiants de son lycée, procureur du district local, chef du département correctionnel, procureur de l'État, jusqu'à procureur général du Colorado, où il a servi pendant dix ans. Suthers était un républicain comme Bach, et il partageait la croyance de Bach de garder les cordons du budget très serrés. Mais contrairement à Bach, il n'allait pas essayer d'étrangler la ville avec. Suthers croyait qu'il y avait une différence fondamentale entre le monde des affaires et le gouvernement - peu importe la force du bureau du maire, il y a encore beaucoup d'autres représentants élus qui ont leur mot à dire. Ainsi, le premier objectif de Suthers après son élection était, dit-il, d'améliorer ses relations avec le conseil municipal. Pour ce faire, il a organisé deux déjeuners de travail mensuels avec traiteur, acquiescé à bon nombre de leurs demandes de personnel et de ressources et, dans l'esprit de beaucoup, les a traités comme des partenaires plutôt que comme des adversaires. Même avec cette mentalité de "small government" encore relativement intacte, trois fois au cours de ses deux premières années en tant que maire, Suthers s'est adressé aux électeurs pour proposer une nouvelle taxe ou pour demander de conserver des excédents fiscaux. Par des marges écrasantes, il a alors persuadé les soi-disant zélotes anti-impôts de Colorado Springs de consacrer 250 millions de dollars à la construction de nouvelles routes, 2 millions de dollars à la construction de nouveaux sentiers dans les parcs et jusqu'à 12 millions de dollars à de nouveaux projets de gestion des eaux pluviales en prévention des inondations. "Les résultats des référendums ont été d'énormes déclarations de confiance", déclare Dirk Draper, directeur de la Chambre de commerce. "Ils ont montré que si la communauté est conservatrice sur le plan financier, elle ne l'est pas radicalement. Si vous pouvez trouver quelqu'un pour expliquer pourquoi cela fait sens de faire des dépenses, les électeurs les autoriseront." Aujourd'hui, Suthers peut pointer du doigt toute une série de points qui suggèrent que Colorado Springs a plus que récupéré. "On est sur la bonne voie", dit-il. Le taux de chômage de la ville est de 2,7 pour cent, un niveau extrêmement bas. Quelque 16 000 emplois ont été créés au cours des 24 derniers mois, un rythme qui dépasse les nobles objectifs de Bach. Les vols à l'aéroport ont augmenté de près de 50 pour cent par rapport à l'année dernière. Et de grands projets ont été ouverts récemment - comme un centre national de cybersécurité qui tire parti de l'écosystème de défense construit autour de l'Académie de l'armée de l'air - ou le seront bientôt, comme le Musée olympique américain prévu pour 2018, une conséquence naturelle du fait que Colorado Springs accueille le centre de formation olympique américain depuis presque 40 ans. Malgré la réputation que Bach s'est faite avec son mauvais caractère, beaucoup de ceux qui se sont battus contre lui sont prêts à reconnaître aujourd'hui le mérite de l'ancien maire. Suthers affirme que l'attention extrême que Bach a accordée au budget a contribué à redresser la situation financière de la ville, et que ses efforts ont contribué à préparer le terrain en vue d'une revitalisation de l'aéroport. Mais par-dessus tout, ce dont les dirigeants de Colorado Springs semblent le plus reconnaissants, c'est que le chaos d'un homme a engendré l'harmonie d'un autre homme. "Steve était l'agent de changement ultime, et ils ont généralement une courte durée de vie", dit M. Bennett. "Sans les lumières qui s'éteignent, on n'aurait peut-être pas eu Steve. Et sans Steve, on n'aurait peut-être pas eu John." 2 1 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
kotai Posté(e) le 6 septembre 2019 Share Posté(e) le 6 septembre 2019 Un exemple à suivre en France! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 6 septembre 2019 Share Posté(e) le 6 septembre 2019 1 hour ago, kotai said: Un exemple à suivre en France! Lequel? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
kotai Posté(e) le 6 septembre 2019 Share Posté(e) le 6 septembre 2019 il y a une heure, g4lly a dit : Lequel? Les fausses bonnes idées comme la une lumière sur trois, et .... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 6 septembre 2019 Share Posté(e) le 6 septembre 2019 il y a 10 minutes, kotai a dit : Les fausses bonnes idées comme la une lumière sur trois, et .... Erhmmm... 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kelkin Posté(e) le 6 septembre 2019 Share Posté(e) le 6 septembre 2019 Il faut faire des bêtises pour se rendre compte que c'était une mauvaise idée ? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Yankev Posté(e) le 6 septembre 2019 Share Posté(e) le 6 septembre 2019 (modifié) Il y a 6 heures, kotai a dit : Les fausses bonnes idées comme la une lumière sur trois, et .... et... ?? Tu n'a pas terminé ta phrase; ne me dis pas que tu était branché sur l'un des deux autres lampadaires !?! Modifié le 6 septembre 2019 par Yankev 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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