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[USA] Armement et doctrine nucléaires


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il y a 2 minutes, Patrick a dit :

En effet, l'accord AUKUS associant vente de sous-marins, financement australien de chantiers navals US, présence de nouvelles bases US en Australie, est non seulement une très bonne affaire pour l'Amérique, mais en plus de cela, l'Australie faisant partie des 5 eyes, et étant désormais un allié encore plus proche des USA, elle aurait nécessairement eu accès à certaines informations croustillantes à propos du niveau technologique américain. Informations qui étaient peut-être par ailleurs déjà connues, ou bien, chose inimaginable, sont simplement fausses, ce qui de la part d'un menteur comme trump serait absolument incroyable. Ou pas.

Pas du tout évident. Les Américains ayant démontré leurs capacités à pipeauter en grandes pompes, notamment sur le programme F-35. Allons donc demander aux Britanniques comment ça se passe pour Rolls Royce par exemple.

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il y a 58 minutes, Patrick a dit :

Est-ce que ça a empêché les négociations AUKUS en cours secrètement? Non.
Est-ce que biden arrivé au pouvoir a mis une râclée aux australiens pour avoir eu accès à ces informations et rien fait pour empêcher leur dissémination? Non.
Est-ce que suite à la découverte du pot-aux-roses il y a eu une réaction épidermique de Washington condamnant les faits? Non.
Est-ce que l'accord pour fournir 3 Virginia a été revu? Non.
Est-ce que les australiens ont manifesté en retour un désir d'à nouveau changer de partenaire-fournisseur? Non.

Je te laisse conclure mais je te donne ma conclusion personnelle: non ce n'était pas un problème que trump balance n'importe quoi à ce type, ça faisait partie du jeu qui se déroulait en coulisse visant à convaincre les australiens, en se servant du milliardaire en question comme d'un "yesman" avec un bon réseau et une bonne capacité d'influence mais surtout une image "lisse" auprès des gens du sérail australien, ce qui évitait à trump de devoir se mettre en avant pour faire la promo des SNA US et des technologies associées auprès desdits australiens, surtout à une époque où le deal avec la France tenait encore en apparence debout, ce qui aurait sinon risqué de créer une crise diplomatique plus tôt que prévu.

Bref les cris d'orfraie autour de ce non-événement sont encore une fois du vent venu des anti-trump qui cherchent désespérément de nouveaux angles d'attaque pour le décrédibiliser encore plus qu'il ne s'est déjà décrédibilisé. Sauf que ça n'a aucune prise sur son électorat, et qu'en plus de ça la suite des événements donne même raison à la méthode, et pire, prouve que ça n'a absolument pas dérangé le pouvoir démocrate. En effet, l'accord AUKUS associant vente de sous-marins, financement australien de chantiers navals US, présence de nouvelles bases US en Australie, est non seulement une très bonne affaire pour l'Amérique, mais en plus de cela, l'Australie faisant partie des 5 eyes, et étant désormais un allié encore plus proche des USA, elle aurait nécessairement eu accès à certaines informations croustillantes à propos du niveau technologique américain. Informations qui étaient peut-être par ailleurs déjà connues, ou bien, chose inimaginable, sont simplement fausses, ce qui de la part d'un menteur comme trump serait absolument incroyable. Ou pas.

Et donc, en quoi cet homme d'affaires australien faisant dans les emballages carton avait besoin de savoir des infos confidentielles sur des sous-marins ? Oui, tu as encore esquivé ma question.

Pour le reste, je ne sais pas si ca sert de discuter, mais si tu veux vraiment mon avis je n'esquive pas.

1) Est-ce que ca a facilité les négociations AUKUS en cours secrètement ? Non. (source : mes connaissances des dessous des négos qui sont aussi nulles que les tiennes.) Donc ce point ne prouve rien.
2) Biden ne peut pas blâmer l'Australien d'avoir reçu des infos confidentielles (seulement celui qui n'aurait pas dû les donner) ni de les avoir diffusées, s'il n'était pas tenu par une forme de contrat de confidentialité vis-à-vis des USA.
3) Dans mon hypothèse où il n'y a pas de rapport entre la fuite Trump et l'accord AUKUS, Washington n'a pas de raison de réagir épidermiquement à la découverte d'un non-pot-aux-roses. Donc ton argument ne favorise pas plus ton hypothèse que la mienne.
4) Dans mon hypothèse où il n'y a pas de rapport entre la fuite et l'accord AUKUS, les USA n'ont aucune raison de revoir l'accord lorsque la fuite est révélée.
5) Dans mon hypothèse où il n'y a pas de rapport entre la fuite et l'accord AUKUS, les Australiens n'ont aucune raison de revoir l'accord lorsque la fuite est révélée.

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il y a une heure, Rob1 a dit :

Et donc, en quoi cet homme d'affaires australien faisant dans les emballages carton avait besoin de savoir des infos confidentielles sur des sous-marins ? Oui, tu as encore esquivé ma question.

Pour le reste, je ne sais pas si ca sert de discuter, mais si tu veux vraiment mon avis je n'esquive pas.

1) Est-ce que ca a facilité les négociations AUKUS en cours secrètement ? Non. (source : mes connaissances des dessous des négos qui sont aussi nulles que les tiennes.) Donc ce point ne prouve rien.
2) Biden ne peut pas blâmer l'Australien d'avoir reçu des infos confidentielles (seulement celui qui n'aurait pas dû les donner) ni de les avoir diffusées, s'il n'était pas tenu par une forme de contrat de confidentialité vis-à-vis des USA.
3) Dans mon hypothèse où il n'y a pas de rapport entre la fuite Trump et l'accord AUKUS, Washington n'a pas de raison de réagir épidermiquement à la découverte d'un non-pot-aux-roses. Donc ton argument ne favorise pas plus ton hypothèse que la mienne.
4) Dans mon hypothèse où il n'y a pas de rapport entre la fuite et l'accord AUKUS, les USA n'ont aucune raison de revoir l'accord lorsque la fuite est révélée.
5) Dans mon hypothèse où il n'y a pas de rapport entre la fuite et l'accord AUKUS, les Australiens n'ont aucune raison de revoir l'accord lorsque la fuite est révélée.

Je te réponds ici:

 

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  • 4 weeks later...

Du nouveau dans l'Arsenal Nucléaire US

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/10/31/pres-d-un-milliards-de-dollars-pour-le-mk21a-qui-transporter-24207.html

"Après la bombe B61 dont le Pentagone a annoncé le développement de la version 13 (voir autre fil ), un autre développement dans l'arsenal nucléaire US a été annoncé lundi soir.

L'équipementier US Lockheed-Martin a été choisi pour le programme de développement et de fabrication du véhicule de rentrée MK21A qui transportera la tête nucléaire W87-1, dont le développement avait un temps été abandonné avant d'être relancé.  ...  La tête nucléaire W87-1 remplacer la tête W78 à partir de 2030. Voici le plan de développement et d'entré en service diffusé en 2022... Ce véhicule de rentrée équipera le missile Sentinel. Ce missile balistique intercontinental à ogive nucléaire est lancé depuis le sol; il doit remplacer le Minuteman III à compter de 2030.:. Le LGM-35A Sentinel était à l'origine appelé "Ground Based Strategic Deterrent (GBSD). Il est fabriqué par Northrop Grumman."

Genèse: 

us-sen10.jpg

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il y a 37 minutes, Ronfly a dit :

Après, s'ils testent des "nouveautés" de pilotage pour le prochain missile, ce n'est pas déconnant que ça merde.

En soit, prendre une base très connue et éprouvée, et tester des nouvelles briques techno dessus, je trouverais ça une approche plutôt saine, et très pragmatique à l'américaine.

Pour éviter de balancer un truc avec plein de truc à déverminer dans tous les sens. Le tout étant que les choses soient claires dès le début pour gérer la pression politique.

 

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Russie, maintenant USA, et bien décidément, les "grands" de la guerre froide, ce n'est plus ce que c'était!

Sur la question des têtes nucléaires il est quand même curieux de voir qu'à part la W87-1 et la W76-2 qui ne sont "que" des adaptations d'armes existantes, il n'y a toujours pas de vraie nouvelle tête nucléaire conçue sans essais nukes qui soit prévue aux USA avant la W93 qui ne va entrer en service qu'à la fin des années 2030! À se demander à quoi sert le pendant américain du programme simulation... Je rappelle que la TNA est entrée en service en France en 2009, 5 ans avant les tous premiers tirs du Laser MegaJoule à Cadarache, donc ne reposant que sur les mesures de la dernière campagne de test de 96.

J'imagine qu'il doit y avoir un choix pragmatique de la part des américains là-derrière, portant sur la garantie et la sécurité de fonctionnement des armes existantes, mais c'est quand même assez surprenant.

@Picdelamirand-oil je sais bien que ce n'est pas ton domaine direct, mais vu que tu as été concerné au premier chef, y-a-t-il un élément qui ne soit évidemment pas CD/SD/TSR que tu puisses communiquer pour expliquer cet état de fait?

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il y a une heure, Patrick a dit :

 5 ans avant les tous premiers tirs du Laser MegaJoule à Cadarache, donc ne reposant que sur les mesures de la dernière campagne de test de 96.
 

Le Laser Mega Joules est au Barp, dans le 33.

Et ce n'est qu'une brique du vaste programme "SIMULATION" que tu cites.

Modifié par Eau tarie
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Il y a 1 heure, Eau tarie a dit :

Le Laser Mega Joules est au Barp, dans le 33.

Et ce n'est qu'une brique du vaste programme "SIMULATION" que tu cites.

Il y a également le supercalculateur Tera 1000 et l'installation AIRIX notamment qui participe à simulation.

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Il y a 1 heure, Eau tarie a dit :

Le Laser Mega Joules est au Barp, dans le 33.

Tu as raison évidemment. Je n'ai aucune idée de pourquoi j'ai écris Cadarache. :mellow:

Il y a 1 heure, Eau tarie a dit :

Et ce n'est qu'une brique du vaste programme "SIMULATION" que tu cites.

Certes, mais il est présenté par le CEA comme la brique essentielle, alors que ce n'est pas vraiment le cas si on en juge par l'historique des TNA et TNO.

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Le CEA a aussi le Supercalculateur EXA 1 "CEA-HF" qui est plus récent que le Terra 1000, il était 20 eme au monde je crois la dernière fois que j'ai regardé

https://www-hpc.cea.fr/fr/EXA.html

EDIT : 22ème, voila le classement --> https://www.top500.org/lists/top500/list/2023/06/

Modifié par Titus K
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il y a 31 minutes, Patrick a dit :

Tu as raison évidemment. Je n'ai aucune idée de pourquoi j'ai écris Cadarache. :mellow:

Certes, mais il est présenté par le CEA comme la brique essentielle, alors que ce n'est pas vraiment le cas si on en juge par l'historique des TNA et TNO.

Je vois ce que tu veux dire.

Il faut dire aussi que le budget de mise à jour des têtes et vecteurs est partie ya 3 ans vers la securisation de l'espace.

Ca me paraît un bon choix dans la hiérarchie des risques pour notre sûreté. Mais tout se discute.

 

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il y a 42 minutes, Patrick a dit :

Certes, mais il est présenté par le CEA comme la brique essentielle, alors que ce n'est pas vraiment le cas si on en juge par l'historique des TNA et TNO.

Cela  dépend de ce que tu veux faire, et à quel point tu veux innover.... et de la qualité déjà obtenue dans les algorithmes de simulation du fait de l'exploitation des essais nucléaires. Les Américains ont fait 1054 essais nucléaires et les Français 210 mais je pense qu'on exploitait plus complètement chaque essai, on est toujours un peu contraint par les finances par rapport aux Américains et ça nous oblige à affiner les méthodologies.

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  • 1 month later...
Il y a 2 heures, ywaDceBw4zY3tq a dit :

 

Merci, mais le résultat obtenu me semble contre-intuitif.

Au vu de l'échauffement cinétique, tout objet hypersonique propulsé devrait facilement se traquer simultanément en imagerie multispectrale via les fenêtres de transparence IR courte, moyenne, longue + lumière visible, voire même UV, non?
Ce qui devrait réduire nettement les soucis de signal parasite (sauf forte couverture nuageuse)

(sans même parler du sillage , probablement lumineux, aussi vu des énergies en jeu).

 

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  • 4 weeks later...

Pour ceux que ca intéresse, interview de John L Tucker, qui au sein de l'équipe d'oppenheimer faisait partie du projet Alberta (qui cherchait à garantir qu'un dispositif de bombe atomique pouvait être largué par un avion)
 

 

 

 

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Octobre 2023
 

Le rapport de la commission sur la posture stratégique appelle à une large prolifération nucléaire

https://fas.org/publication/strategic-posture-commission-report-calls-for-broad-nuclear-buildup/


Le 12 octobre, la Commission sur la posture stratégique a publié son rapport tant attendu sur la politique nucléaire et la stabilité stratégique des États-Unis. La Commission, composée de 12 membres, a été désignée par le Congrès en 2022 pour procéder à une évaluation des menaces, envisager des modifications du dispositif des forces américaines et formuler des recommandations.

Contrairement à la "Nuclear Posture Review" de l'administration Biden, le rapport de la Strategic Posture Commission, mandaté par le Congrès, est un plaidoyer en faveur d'un renforcement nucléaire des États-Unis.

Il recommande aux États-Unis de se préparer à augmenter le nombre d'ogives déployées, ainsi que leur production de bombardiers, de missiles de croisière à lanceur aérien, de sous-marins lanceurs de missiles balistiques, de forces nucléaires non stratégiques et de capacités de production d'ogives. Il demande également aux États-Unis de déployer des têtes multiples sur des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) basés à terre et d'envisager d'ajouter à leur arsenal des ICBM mobiles sur route.

La seule chose qui semble avoir empêché la Commission de recommander une augmentation immédiate du stock d'armes nucléaires américaines est que le complexe de production d'armes n'a actuellement pas la capacité de le faire.

En se prononçant en faveur d'une augmentation du parc nucléaire américain, la Commission ignore les conséquences d'une probable course aux armements avec la Russie et la Chine (en fait, la Commission n'envisage même pas cette éventualité et ne suggère pas d'autres mesures que l'augmentation du parc nucléaire pour tenter de résoudre le problème).
Si les États-Unis réagissent à la montée en puissance de la Chine en augmentant leurs propres ogives et lanceurs déployés, la Russie réagira très probablement en augmentant ses propres ogives et lanceurs déployés. La menace nucléaire contre les États-Unis et leurs alliés s'en trouverait accrue. La Chine, qui a déjà décidé qu'elle avait besoin de plus d'armes nucléaires pour faire face au niveau actuel des forces américaines (et à celles de la Russie et de l'Inde), pourrait bien répondre aux augmentations américaines et russes en renforçant encore son propre arsenal. Les États-Unis se retrouveraient alors au point de départ, se sentant insuffisants et confrontés à des menaces nucléaires accrues.
 

Cadre et contexte

Le rapport de la Commission s'articule généralement autour de la perspective d'une coopération militaire stratégique entre la Russie et la Chine contre les États-Unis. La Commission met en garde contre le fait de "rejeter la possibilité d'une agression opportuniste ou simultanée de deux pays pairs parce qu'elle peut sembler improbable" et note que "le fait de ne pas l'aborder dans la stratégie et la posture stratégique des États-Unis pourrait avoir l'effet pervers de rendre une telle agression plus probable". La Commission ne reconnaît toutefois pas que le développement de nouvelles capacités pour faire face à cette éventualité très lointaine donnerait probablement un coup d'accélérateur à la course aux armements.

Le rapport reconnaît que la Russie et la Chine sont engagées dans des programmes de modernisation à grande échelle et, dans le cas de la Chine, dans des augmentations significatives de son stock nucléaire. Cela correspond à nos propres évaluations des programmes nucléaires de ces deux pays.
Cependant, les auteurs du rapport suggèrent que ces changements remettent fondamentalement en question les capacités de représailles assurées des États-Unis et déclarent que "la posture stratégique actuelle des États-Unis sera insuffisante pour atteindre les objectifs de la stratégie de défense des États-Unis dans l'avenir...."

La Commission semble fonder cette conclusion, ainsi que ses recommandations en matière de stratégie nucléaire et de structure des forces, sur un raisonnement de contre-force axé sur le nombre : si la Chine renforce son dispositif en déployant davantage d'armes, cela signifie automatiquement que les États-Unis ont besoin de plus d'armes pour "s'attaquer à un plus grand nombre de cibles...."
Toutefois, la capacité de survie des sous-marins lanceurs de missiles balistiques américains devrait permettre aux États-Unis de ne pas avoir à souscrire à ce type de raisonnement.

En 2012, un rapport conjoint DOD/DNI a reconnu qu'en raison de la force sous-marine américaine, la Russie n'obtiendrait aucun avantage militaire contre les États-Unis en augmentant de manière significative la taille de ses forces nucléaires déployées. Dans cette étude de 2012, les deux ministères ont conclu que "la Fédération de Russie [...] ne serait pas en mesure d'obtenir un avantage militaire significatif par une expansion plausible de ses forces nucléaires stratégiques, même dans un scénario de tricherie ou de rupture dans le cadre du nouveau traité START, principalement en raison de la capacité de survie inhérente à la structure de la force stratégique américaine prévue, en particulier les sous-marins lanceurs de missiles balistiques de la classe OHIO, dont un certain nombre sont en mer à tout moment". [Pourquoi cette logique ne s'appliquerait-elle pas également à la Chine ? Bien que l'arsenal nucléaire de la Chine se développe indubitablement, pourquoi modifierait-il fondamentalement la nature de la capacité de représailles assurée par les États-Unis, alors que ces derniers sont confiants dans la capacité de survie de leurs SNLE ?

Dans ce contexte, il convient de rappeler les propos tenus par le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, lors de la cérémonie de passation de commandement du commandement stratégique des États-Unis : "Nous savons tous que la dissuasion nucléaire n'est pas qu'une question de chiffres. En fait, ce genre de raisonnement peut entraîner une dangereuse course aux armements... la dissuasion n'a jamais été une simple question de nombre, d'armes ou de plates-formes".
 

Structure des forces

Bien que le rapport indique que la Commission "a évité de faire des recommandations spécifiques sur la structure des forces" afin de "laisser au pouvoir exécutif et au Congrès le soin de prendre des décisions sur des solutions matérielles spécifiques", la liste des "capacités identifiées au-delà du programme d'enregistrement existant (POR) qui seront nécessaires" ne laisse guère de doute sur ce que la Commission pense être les décisions à prendre en matière de structure des forces.
 

Modifications de la posture stratégique

La Commission conclut que les États-Unis "doivent agir maintenant pour mettre en œuvre des mesures et des programmes supplémentaires [...] au-delà de la modernisation prévue des vecteurs stratégiques et des ogives, qui peuvent inclure des ajustements qualitatifs et quantitatifs de la posture stratégique des États-Unis".

Plus précisément, la Commission recommande que les États-Unis apportent d'urgence les modifications suivantes à leur dispositif de forces nucléaires stratégiques :" [notre contexte et nos commentaires sont ajoutés ci-dessous]

  • Se préparer à télécharger tout ou partie des ogives de couverture du pays [ces ogives sont actuellement stockées ; l'augmentation des ogives déployées au-delà de 1 550 est interdite par le nouveau traité START (qui expire au début de l'année 2026) et inciterait probablement la Russie à augmenter également ses ogives déployées]. 
  • Prévoir le déploiement de l'ICBM Sentinel dans une configuration MIRV [le Sentinel semble pouvoir transporter deux MIRV mais le plan actuel prévoit que chaque missile sera déployé avec une seule ogive].
  • Augmenter le nombre prévu d'armes à distance de sécurité déployées [l'armée de l'air dispose actuellement d'un peu plus de 500 ALCM et prévoit de construire 1 087 LRSO (y compris les missiles en vol d'essai), qui coûtent chacun environ 13 millions de dollars].
  • Augmenter le nombre prévu de bombardiers B-21 et les ravitailleurs qu'une force élargie nécessiterait [l'armée de l'air a déclaré qu'elle prévoyait d'acheter au moins 100 B-21].
  • Augmenter la production prévue de SNLE Columbia et de leurs systèmes de missiles balistiques Trident, et accélérer le développement et le déploiement du D5LE2 [la marine prévoit actuellement de construire 12 SNLE de classe Columbia et une augmentation ne se produirait qu'après l'achèvement du 12e SNLE dans les années 2040].
  • Étudier la possibilité de déployer une partie de la future force ICBM dans une configuration mobile sur route [historiquement, tous les efforts visant à déployer des ICBM mobiles sur route aux États-Unis ont été infructueux].
  • Accélérer les efforts pour développer des contre-mesures avancées aux IAMD de l'adversaire.
  • lancer la planification et les préparatifs pour qu'une partie de la future flotte de bombardiers soit en état d'alerte permanent, à temps pour la date de la capacité opérationnelle totale (FOC) du B-21". [Les bombardiers s'entraînent régulièrement au chargement d'armes nucléaires dans le cadre d'exercices de décollage rapide. La remise en état d'alerte des bombardiers reviendrait sur la décision prise par le président H.W. Bush en 1991 de mettre les bombardiers hors d'état d'alerte. En 2021, le chef d'état-major adjoint de l'armée de l'air chargé de la dissuasion stratégique et de l'intégration nucléaire a déclaré que le maintien de la flotte de bombardiers en état d'alerte permanent épuiserait la force et ne pourrait être maintenu indéfiniment.]
     

Modifications de la posture non stratégique

La Commission semble vouloir que les États-Unis renforcent leurs forces nucléaires non stratégiques en Europe et commencent à déployer des armes nucléaires non stratégiques dans la région indo-pacifique : "Des capacités nucléaires de théâtre supplémentaires seront nécessaires en Europe et dans la région indo-pacifique pour dissuader l'adversaire d'utiliser l'énergie nucléaire et compenser la supériorité conventionnelle locale. Ces capacités supplémentaires sur le théâtre devront être déployables, surviables et variables dans leurs options de rendement disponibles. Bien que la Commission ne recommande pas explicitement le déploiement de capacités nucléaires de théâtre lancées depuis le sol ou d'un missile de croisière nucléaire lancé depuis la mer pour la marine, il semble évident que ces capacités s'inscriraient dans la logique de la Commission.

Les États-Unis avaient l'habitude de déployer un grand nombre d'armes nucléaires non stratégiques dans la région indo-pacifique pendant la guerre froide, mais ces armes ont été retirées au début des années 1990 et démantelées par la suite, la planification militaire américaine ayant évolué pour s'appuyer davantage sur des armes conventionnelles avancées pour des options limitées sur le théâtre d'opérations. Malgré le retrait de certains types d'armes nucléaires de théâtre après la guerre froide, le président conserve aujourd'hui un large éventail d'options de riposte nucléaire conçues pour dissuader les Russes et les Chinois d'utiliser des armes nucléaires limitées dans les deux régions, y compris des capacités à rendement faible ou variable. Outre les sous-marins lanceurs de missiles balistiques et les bombardiers à capacité nucléaire opérant dans les deux régions, l'armée de l'air américaine dispose de bombes nucléaires B61 non stratégiques pour des avions à double capacité destinés à opérer dans les deux régions si cela s'avérait nécessaire. La marine dispose également d'une ogive à faible rendement sur ses SNLE - la W76-2 - qui a été mise en service spécifiquement pour fournir au président davantage d'options pour décourager des scénarios limités dans ces régions. On ne voit pas très bien pourquoi ces options existantes, ainsi que plusieurs capacités supplémentaires déjà en cours de développement - y compris l'arme à longue portée de mise à l'écart - seraient insuffisantes pour maintenir la dissuasion régionale. 

La Commission recommande spécifiquement que les États-Unis modifient "d'urgence" leur dispositif nucléaire afin de "fournir au président une gamme d'options de réponse nucléaire militairement efficaces pour dissuader ou contrer l'utilisation limitée de l'énergie nucléaire par la Russie ou la Chine sur le théâtre des opérations". Bien que les plans actuels prévoient déjà de telles options pour le président, la Commission "recommande les modifications suivantes du dispositif de la force nucléaire américaine sur le théâtre des opérations :

Développer et déployer des vecteurs nucléaires de théâtre présentant tout ou partie des caractéristiques suivantes : [notre contexte et nos commentaires sont ajoutés ci-dessous]

  • Déployés à l'avant ou déployables sur les théâtres européen et Asie-Pacifique [les États-Unis disposent déjà de chasseurs à double capacité et de bombes B61 destinés à des opérations sur les théâtres Asie-Pacifique, soutenus par des bombardiers équipés de missiles de croisière à longue portée]
  • Survivre à une attaque préemptive sans génération de force au quotidien
  • Une gamme d'options de rendement explosif, y compris à faible rendement [les forces nucléaires américaines destinées aux options régionales disposent déjà d'une large gamme d'options à faible rendement]
  • la capacité de pénétrer les DMI avancés avec une grande confiance [les avions à double capacité F-35A, le bombardier B-21 et les missiles de croisière lancés par avion sont déjà en cours de développement avec des capacités de pénétration améliorées] 
  • Délai de livraison de l'arme pertinent sur le plan opérationnel (rapidité) [les États-Unis ont récemment mis en service l'ogive W76-2 sur des SNLE afin de fournir une capacité de théâtre rapide dans des scénarios limités et développent actuellement de nouveaux missiles conventionnels rapides].

Contrairement aux armes nucléaires de théâtre à faible rendement des États-Unis, la Commission prévient que le développement par la Chine "d'armes de théâtre à faible rendement pourrait réduire le seuil d'utilisation des armes nucléaires par la Chine".
On peut supposer qu'il en irait de même pour les États-Unis s'ils suivaient la recommandation de la Commission d'augmenter le nombre d'armes nucléaires non stratégiques déployées (ou déployables) dotées de capacités à faible rendement sur le théâtre indo-pacifique.
 

Stratégie

Dans l'ensemble, la Commission suggère que la stratégie nucléaire actuelle des États-Unis est fondamentalement saine, mais qu'elle doit simplement être soutenue par des armes et des capacités industrielles supplémentaires.
Toutefois, en ne recommandant pas de modifier les directives présidentielles en matière d'emploi des armes nucléaires, ni même d'envisager un tel ajustement, qui pourrait remodeler le dispositif des forces américaines afin de mettre moins l'accent sur le ciblage de la contre-force, la Commission a limité sa propre marge de manœuvre pour recommander d'autres options que le simple ajout d'armes supplémentaires.

Trois universitaires ont récemment proposé une stratégie nucléaire révisée qui, selon eux, réduirait les besoins en armes tout en étant suffisante pour dissuader la Russie et la Chine. Le principe central de la réduction de l'accent mis sur la contre-force est similaire à une étude que nous avons publiée en 2009. En revanche, la Commission semble avoir supposé une stratégie nucléaire inchangée et s'est concentrée sur les armes et les chiffres.

Le rapport de la Commission n'explique pas comment elle parvient aux additions spécifiques d'armes nucléaires qu'elle juge nécessaires. Il se contente de fournir des descriptions génériques de la stratégie nucléaire et des listes des augmentations chinoises et russes. La raison pour laquelle cela se traduit par une recommandation d'augmenter l'arsenal nucléaire américain semble être que la liste des catégories de cibles que la Commission estime devoir viser est très large : "Cela signifie qu'il faut mettre en péril des éléments clés de leurs dirigeants, la structure de sécurité qui maintient les dirigeants au pouvoir, leurs forces nucléaires et conventionnelles et leur industrie de guerre.

Cette focalisation numérique ignore également des années d'ajustements apportés à la planification nucléaire afin d'éviter des niveaux de force nucléaire excessifs et d'accroître la flexibilité. Lorsqu'on lui a demandé en 2017 si les États-Unis avaient besoin de nouvelles capacités nucléaires pour des scénarios limités, le commandant du STRATCOM de l'époque, le général John Hyten, a répondu :

"Nous disposons en fait d'options très souples dans nos plans. Ainsi, si quelque chose de grave se produit dans le monde, qu'il faut réagir et que je suis au téléphone avec le secrétaire à la défense, le président et l'ensemble du personnel, ... je dispose en fait d'une série d'options très souples, allant de l'armement conventionnel à l'armement nucléaire à grande échelle, que je peux conseiller au président afin de lui donner des options sur ce qu'il souhaiterait faire... Je suis donc très à l'aise aujourd'hui avec la flexibilité de nos options de réponse... Et la raison pour laquelle j'ai été surpris par cette flexibilité lorsque je suis arrivé au STRATCOM, c'est que la dernière fois que j'ai exécuté ou participé à l'exécution du plan nucléaire, c'était il y a environ 20 ans et il n'y avait pas de flexibilité dans le plan. C'était un plan de grande envergure, énorme, massivement destructeur, et c'est tout ce qu'il y avait. Aujourd'hui, nous avons des réponses conventionnelles qui vont jusqu'aux réponses nucléaires, et je pense que c'est une chose très saine.

Tout en prônant une dissuasion intégrée et une approche "pangouvernementale", la Commission établit néanmoins une dichotomie artificielle entre les capacités conventionnelles et nucléaires : "Les objectifs de la stratégie américaine doivent inclure la dissuasion efficace et la défaite de l'agression simultanée de la Russie et de la Chine en Europe et en Asie à l'aide de forces conventionnelles. Si les États-Unis et leurs alliés et partenaires ne disposent pas de forces conventionnelles suffisantes pour atteindre cet objectif, la stratégie américaine devra être modifiée pour s'appuyer davantage sur les armes nucléaires afin de dissuader ou de contrer les agressions opportunistes ou les attaques de la Russie et de la Chine. l'agression collaborative dans l'autre théâtre".
 

Contrôle des armes

La Commission recommande de subordonner la maîtrise des armements nucléaires à la montée en puissance de l'armement nucléaire : "La Commission recommande qu'une stratégie visant à faire face à la menace de deux puissances nucléaires soit une condition préalable à l'élaboration des limites de contrôle des armes nucléaires américaines pour la période 2027-2035. La Commission recommande qu'une fois qu'une stratégie et les besoins en forces qui en découlent auront été établis, le gouvernement américain détermine si et comment les limites de contrôle des armements nucléaires continuent à renforcer la sécurité des États-Unis".

En d'autres termes, il s'agit d'une recommandation visant à participer à une course aux armements et à déterminer ensuite comment contrôler ces mêmes armements. 

Le rapport de la Commission reconnaît l'importance de la maîtrise des armements et note que "le scénario idéal pour les États-Unis serait un accord trilatéral qui permettrait de vérifier et de limiter efficacement toutes les têtes nucléaires et tous les vecteurs russes, chinois et américains, tout en conservant des forces nucléaires américaines suffisantes pour atteindre les objectifs de sécurité et se prémunir contre d'éventuelles violations de l'accord". (p.85) Toutefois, la perspective de voir ce "scénario idéal" se réaliser deviendrait de plus en plus improbable si les États-Unis renforçaient considérablement leurs forces nucléaires comme le recommande la Commission.
 

Capacité et budget

La Commission recommande une révision et une expansion de la capacité de conception et de production des armes nucléaires. Cela inclut le financement intégral de tous les efforts de recapitalisation de la NNSA, y compris les plans de production de fosse, même si le Government Accountability Office a averti que le programme est confronté à de sérieux défis et à des incertitudes budgétaires. La Commission semble ignorer les préoccupations concernant le programme de production de fosse proposé.

Dans l'ensemble, le rapport ne semble pas reconnaître de limites aux dépenses de défense. Parmi toutes les recommandations de la Commission visant à augmenter le nombre de systèmes nucléaires stratégiques et tactiques, il n'y a pratiquement aucune mention des coûts dans l'ensemble du rapport. La mise en œuvre de toutes ces recommandations nécessiterait une somme d'argent considérable, et cet argent devrait venir de quelque part. 

Par exemple, le Congressional Budget Office estime que le développement du SLCM-N coûterait à lui seul 10 milliards de dollars jusqu'en 2030, sans compter 7 milliards de dollars supplémentaires pour d'autres armes nucléaires tactiques et systèmes de lancement. Les sommes nécessaires pour mettre en service de nouveaux systèmes, en plus de répondre à d'autres préoccupations vitales telles que l'IAMD, signifient que le financement serait nécessairement réduit par rapport à d'autres priorités budgétaires. 

Le véritable coût de ces systèmes n'est pas seulement l'importance des fonds dépensés pour les acquérir, mais aussi le fait que leur donner la priorité signifie nécessairement priver de priorité d'autres initiatives de politique intérieure ou étrangère qui pourraient contribuer davantage à accroître la sécurité des États-Unis.

Implications pour le dispositif nucléaire américain

Le rapport de la Commission sur la posture stratégique est, en fait, une réfutation mandatée par le Congrès de la Nuclear Posture Review de l'administration Biden, que de nombreux membres du Congrès ont critiquée pour son manque de fermeté.
Le rapport ne décrit pas en détail sa méthodologie pour parvenir à ses recommandations en matière de renforcement des forces et contient plusieurs affirmations et hypothèses sur la stratégie nucléaire qui ont été critiquées et remises en question par des études récentes. À certains égards, il ressemble davantage à un rapport industriel qu'à une étude mandatée par le Congrès.

Si le rapport ne devrait pas avoir d'impact significatif sur le cycle budgétaire de cette année, il jouera certainement un rôle essentiel dans la justification des augmentations du budget nucléaire pour les années à venir. 

De notre point de vue, les recommandations incluses dans le rapport de la Commission sont susceptibles d'exacerber la course aux armements, de restreindre davantage la fenêtre d'engagement avec la Russie et la Chine sur le contrôle des armements, et de rediriger les financements vers des priorités plus proches.
À tout le moins, avant de s'embarquer dans cette liste de souhaits excessivement ambitieuse, les États-Unis doivent donner suite à toutes les recommandations en suspens du Government Accountability Office visant à corriger leurs processus de planification et de budgétisation, faute de quoi ils risquent de surcharger encore davantage la chaîne de montage. 

En outre, les États-Unis pourraient examiner comment une modification des orientations présidentielles en matière d'emploi pourrait leur permettre d'adopter une posture reposant sur moins d'armes nucléaires.

Modifié par Titus K
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https://www.opex360.com/2024/01/19/dissuasion-les-couts-du-futur-missile-balistique-intercontinental-americain-ont-augmente-dau-moins-37/

Le secretaire adjoint de l'USAF Andrew Hunter a informé le Congrès de l'augmentation à prévoir de 37% du cout du sucesseur au missile balistique Minuteman III pour atteindre les 131 milliards de $. Les facteurs seraient le covid, l'inflation, les changements de matériaux et aux infrastructures C2.

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  • 2 months later...

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