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Relations et Rivalité Chine / Etats-Unis


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Quand l'espionnage industriel tourne mal : l'improbable panne d'une machine ASML en Chine

https://www.lesnumeriques.com/cpu-processeur/quand-l-espionnage-industriel-tourne-mal-l-improbable-panne-d-une-machine-asml-en-chine-n244238.html

Une tentative présumée de rétro-ingénierie sur une machine de lithographie néerlandaise ASML se serait soldée par un échec coûteux pour la Chine. Cet incident soulignerait à la fois la détermination de Pékin à contourner les sanctions américaines et l'immense complexité de la technologie des semi-conducteurs.

Selon un rapport récent, des techniciens chinois auraient endommagé une machine de lithographie DUV (Deep Ultraviolet) d'ASML en tentant de la désassembler pour en percer les secrets. L'objectif n'était pas de copier cet équipement spécifique – qui représente une génération de machine plus ancienne – mais de comprendre ses subtilités pour développer leur propre technologie et fabriquer des puces plus avancées.L'incident aurait été découvert lorsque les techniciens chinois, incapables de remonter ou de réparer la machine, ont dû faire appel à ASML pour une intervention. Une fois sur place, les équipes d'ASML auraient constaté que la panne n'était pas due à une usure normale, mais bien à une tentative de démontage et de remontage.

Le contexte de la guerre technologique

Cet événement s'inscrit dans la guerre technologique que se livrent les États-Unis et la Chine. Depuis 2018, Washington a imposé des sanctions strictes, empêchant la Chine d'accéder aux puces informatiques les plus performantes et, surtout, aux machines nécessaires pour les fabriquer, notamment les systèmes de lithographie EUV (Extreme Ultraviolet) les plus avancés d'ASML.Ces restrictions bloquent la Chine sur des technologies de puces plus anciennes (avec des finesses de gravure plus grandes, donc moins performantes), ce qui freine ses ambitions, notamment dans la course à l'intelligence artificielle, très gourmande en puces de pointe. Conséquence : actuellement, la Chine parvient à fabriquer des puces avec une finesse de gravure de 7 nm (grâce à son entreprise SMIC), alors que les leaders du marché comme TSMC produisent déjà en 2 nm.

L'imitation face à une complexité extrême

La Chine a bâti une grande partie de son écosystème high-tech en s'inspirant ou en copiant des technologies étrangères pour raccourcir les cycles de développement. Cependant, cet incident présumé démontre que la rétro-ingénierie des systèmes de lithographie d'ASML est une tâche d'une tout autre ampleur.Contrairement à d'autres conceptions industrielles, la précision extrême requise par ces machines les rend exceptionnellement difficiles à copier. Tenter de les désassembler sans une compréhension approfondie de leur fonctionnement peut facilement entraîner des dommages irréversibles sur cet équipement coûteux.Si cet échec montre à quel point les sanctions américaines sont efficaces pour créer un goulot d'étranglement technologique, il révèle aussi l'importance que revêt cette mission pour Pékin. La Chine semble déterminée à maîtriser cette technologie, mais d'après cet incident, elle a encore un long chemin à parcourir avant de combler son retard.

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Dan Wang (4 septembre 2025) Ce que les Chinois veulent faire, c'est juste maintenir les choses dans un état vraiment stable, et juste patienter jusqu'à l'effondrement de l'Occident.

Le 01/10/2025 à 21:48, Wallaby a dit :

4 septembre 2025. Dan Wang, auteur de “Breakneck: China’s Quest to Engineer the Future”

06:42 En 2002, tous les 9 membres du comité permanent du politburo avaient un diplôme d'ingénieur.

24:43 Parce que je pense qu'il existe encore une opinion largement répandue aux États-Unis selon laquelle la désindustrialisation a été très néfaste, et pas seulement pour des régions comme la Pennsylvanie ou le Michigan, où elle a été particulièrement durement ressentie. On constate également une perte assez évidente de savoir-faire industriel qui se traduit par le déclin de grandes entreprises manufacturières américaines telles qu'Intel, Boeing, les constructeurs automobiles de Detroit et, aujourd'hui, de plus en plus, Tesla. Ils ont connu principalement de mauvaises nouvelles au cours des derniers trimestres et des dernières années. Dans le cas de Detroit, depuis plusieurs décennies, les grands fabricants ne fonctionnent pas très bien. Et si l'on examine les débuts de la pandémie de COVID, les fabricants américains n'étaient pas très doués pour fabriquer des produits simples, même des produits nécessaires comme des cotons-tiges et des masques en coton, et ils n'ont pas vraiment été capables de réorganiser leurs chaînes d'approvisionnement afin de produire des matériaux essentiels.

25:39 Si l'on examine la base industrielle de défense américaine après, les États-Unis ont expédié beaucoup de munitions à l'Ukraine pour l'aider à se défendre contre la Russie, les États-Unis n'ont pas vraiment été en mesure de reconstituer leurs stocks de munitions. Si l'on examine les navires de la marine américaine, toutes les classes de navires ont désormais pris du retard. 

29:38 Nous ne pouvons pas gagner une guerre sans drones et munitions, et aujourd'hui il semble que les États-Unis ne soient pas en mesure de les produire en quantités.

1:02:27 Ce que les Chinois veulent faire, c'est juste maintenir les choses dans un état vraiment stable, et juste patienter jusqu'à l'effondrement de l'Occident.

C'est une rhétorique à la mode :

https://www.scmp.com/news/china/diplomacy/article/3329966/chinese-state-media-says-us-dying-within-beijing-drafts-next-5-year-plan (22 octobre 2025)

Les médias d'État chinois affirment que les États-Unis « se meurent de l'intérieur » alors que Pékin élabore son prochain plan quinquennal

Un commentaire souligne la « polarisation politique » et les récentes manifestations à grande échelle contre Donald Trump, affirmant que les droits de douane ont eu un « effet boomerang » sur les Américains.

 

Modifié par Wallaby
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Les États-Unis maintiennent un avantage en termes de soft power avec leurs universités qui restent pour les Chinois un précieux symbole de prestige, notamment ceux qui « vont cueillir des fleurs à l'étranger pour faire du miel en Chine » :

https://www.scmp.com/news/china/science/article/3329898/return-china-cancer-researcher-wang-qianben-reunites-esteemed-scientific-family (22 octobre 2025)

Le récent retour en Chine du chercheur en cancérologie et professeur Wang Qianben marque les retrouvailles d'une famille de scientifiques chinois très performants et l'aboutissement d'un parcours de plusieurs décennies pour Wang Qi, chercheur renommé en médecine traditionnelle chinoise (MTC) à Pékin.

Dans les années 1970, Wang Qi a donné à ses fils nouveau-nés des prénoms chargés d'ambition : Wang Qianfei (« voler vers l'avant ») et Wang Qianben (« courir vers l'avant »). Aujourd'hui, tous deux sont revenus des États-Unis en tant que scientifiques émérites pour diriger d'importants instituts de recherche nationaux en Chine, après avoir étudié la médecine de pointe dans les meilleures institutions américaines, notamment les universités Johns Hopkins, Duke et Harvard. Leur retour à Pékin a permis à Qianfei et Qianben de retrouver leur père, lui-même académicien estimé de l'Académie chinoise d'ingénierie, pour incarner un dévouement unique à la fois à la sagesse traditionnelle chinoise et à la science mondiale moderne.

Le frère aîné, Wang Qianfei, a obtenu un doctorat en médecine cellulaire et moléculaire à l'université Johns Hopkins. Il est revenu en Chine en 2009 et occupe le poste de directeur adjoint de l'Institut de génomique de Pékin à l'Académie chinoise des sciences.

Les recherches de Wang Qianfei portent sur la génomique du sang et des tumeurs, en particulier l'analyse génomique de l'évolution clonale des tumeurs sanguines. Sur cette base, il mène des recherches cliniques en médecine régénérative. Wang Qianben est revenu en août pour occuper divers postes universitaires, notamment celui de directeur de l'Institut des sciences médicales fondamentales et de vice-doyen de la Faculté de médecine fondamentale du Peking Union Medical College, le plus prestigieux établissement d'enseignement médical de Chine.

En 1994, Wang Qianben a obtenu son diplôme du département de médecine clinique de l'Université des sciences médicales de la capitale https://en.wikipedia.org/wiki/Capital_Medical_University ]. Il a ensuite mené des recherches en immunologie clinique à l'hôpital de l'amitié sino-japonaise https://en.wikipedia.org/wiki/China–Japan_Friendship_Hospital ] pendant trois ans avant de partir pour les États-Unis. En 2002, il a obtenu un doctorat à l'université du Maryland, à Baltimore, puis a effectué des recherches postdoctorales au Dana-Farber Cancer Institute, à la Harvard Medical School. Il a commencé sa carrière universitaire au département de biochimie moléculaire et cellulaire de l'université d'État de l'Ohio en 2008, où ses recherches ont principalement porté sur les mécanismes transcriptionnels et épigénétiques à l'origine des cancers hormono-dépendants. En décembre 2017, il a rejoint le département de pathologie de la faculté de médecine de l'université Duke en tant que professeur titulaire, et a été nommé professeur émérite Banks Anderson Snr l'année dernière. À Duke, son équipe a travaillé à la mise au point d'une nanoparticule capable d'administrer une nouvelle thérapie génique directement aux cellules cancéreuses avancées de la prostate, offrant ainsi un traitement potentiellement plus sûr et plus efficace. Wang Qianben a également reçu une subvention de 3,06 millions de dollars américains sur cinq ans de la part du National Cancer Institute américain, effective depuis le 1er janvier.

Pendant que ses fils étaient à l'étranger, Wang Qi accumulait également les succès dans son domaine, analysant les théories de la MTC et, en 2019, étant élu académicien de l'Académie chinoise d'ingénierie. En utilisant des méthodes scientifiques modernes pour classer et résumer les textes traditionnels de la médecine chinoise, Wang Qi a créé une branche unique de la MTC : la théorie constitutionnelle de la médecine traditionnelle chinoise, un domaine interdisciplinaire émergent basé sur la théorie de la MTC pour guider la prévention des maladies, le traitement et le rétablissement de la santé. C'est le sujet dont la famille discutait le plus lors de chaque appel téléphonique ou lors des visites des fils en Chine, selon China Education News en 2013. Les deux frères ont mis à profit leurs connaissances en biologie moléculaire et en génomique pour apporter un soutien à distance aux recherches de leur père. Chaque fois qu'ils revenaient en Chine, ils expliquaient les dernières méthodes et concepts de recherche étrangers aux étudiants de Wang Qi à l'université de médecine chinoise de Pékin, à l'invitation de ce dernier, selon le rapport de China Education News. Les frères ont été profondément impressionnés par leur père qui prenait des notes avec le sérieux d'un élève du primaire, selon le rapport.

Il y a une sorte de paradigme de la transmission des savoirs, de translatio studiorum, comme il y a pu y avoir de la Grèce à la Rome antiques, ou du monde hellénistique puis arabe vers le Moyen-Âge latin.

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https://www.foreignaffairs.com/china/against-china-xi-jinping-jonathan-czin (21 décembre 2025)

L'ironie douloureuse pour les États-Unis est que sous Xi, le système politique opaque de la Chine, dans lequel les responsables ont tout intérêt à dissimuler leurs erreurs plutôt qu'à les admettre, s'est révélé capable de reconnaître franchement bon nombre de ses faiblesses et de prendre des mesures pour y remédier, sans doute même plus efficacement que le système américain, réputé souple et adaptable. L'ascension de la Chine sous Xi remet en question non seulement la puissance américaine, mais aussi un principe fondamental de la société ouverte américaine, à savoir que l'ouverture au débat et à la remise en question est le fondement d'un système capable de s'autocorriger.

Quelle que soit l'évaluation que l'on fait de son leadership, Xi a identifié bon nombre des vulnérabilités de la Chine et mobilisé les ressources nécessaires pour tenter de rendre le pays plus résilient. Le succès de Pékin dans sa riposte à la guerre commerciale menée par Washington suggère que la stratégie de Xi fonctionne.

[Xi] a tenté de remédier à ce qu'il considère comme le mal sous-jacent en inversant complètement la libéralisation. Le mandat de Xi peut être décrit comme ce que le chercheur Carl Minzner appelle une contre-réforme : ramener le parti à son essence léniniste de contrôle politique et social et le réorganiser non pas pour la révolution ou la réforme, mais pour une marche disciplinée vers la puissance technologique, industrielle et militaire afin de renforcer la position géopolitique de la Chine.

Pour la plupart des observateurs extérieurs, cette contre-réforme est dangereuse car elle met de côté la stratégie éprouvée qui a permis à la Chine de sortir de la pauvreté et d'accéder à la puissance, et introduit de nouveaux risques politiques liés à un régime autoritaire. Mais les actions de Xi sont motivées par sa prise de conscience des faiblesses les plus pressantes que les dirigeants du parti considèrent comme une menace pour la Chine, notamment la corruption interne et le rôle inconfortable du principal rival de la Chine, les États-Unis, dans le soutien à la prospérité de la Chine. Plutôt que de pousser à une plus grande ouverture économique, Xi a préféré concentrer son pouvoir politique et ses ressources considérables sur le renforcement de la résilience de la Chine face aux menaces qui ont émergé en partie des réformes passées. Ce sont ces problèmes profondément enracinés, et non l'intervention excessive de l'État ou la politique autoritaire, que Xi considère comme un obstacle au progrès de la Chine dans sa course pour rattraper les États-Unis.

En 2020, après avoir suspendu pendant la majeure partie de ses deux premiers mandats ses efforts visant à dégonfler progressivement le marché, Xi a fait éclater la bulle immobilière en imposant des restrictions sur les emprunts des promoteurs immobiliers, qui ont sapé le cœur même de leur modèle économique. Les ventes immobilières sont passées de 18 % du PIB à la mi-2021 à 7 % en 2025, et la construction de nouveaux logements a chuté de 70 %.

Depuis son arrivée au pouvoir, Xi s'est attaché en priorité à mettre de l'ordre dans les désordres hérités de ses prédécesseurs plus libéraux, quels qu'en soient le coût et les éventuelles réactions négatives. Ces mesures sans précédent ont suscité beaucoup de grognements et de consternation, mais n'ont pas eu de réelles répercussions politiques pour Xi, ce qui témoigne de la solidité de sa position.

Xi a également cherché à accroître la résilience en concentrant sans relâche la politique économique sur le renforcement des capacités de fabrication de haute technologie de la Chine. Xi a stimulé les secteurs technologiques et industriels chinois en y injectant des ressources tout en négligeant la macroéconomie. Le processus a été coûteux, mais il a porté ses fruits. Selon une analyse de Bloomberg portant sur 13 technologies clés, la Chine est en tête ou compétitive à l'échelle mondiale dans 12 d'entre elles.

En remédiant aux problèmes dont il a hérité, Xi s'est créé de nouveaux problèmes, tant pour lui-même que pour le parti. Il a notamment annulé l'une des réalisations phares de l'ère post-Mao : l'institutionnalisation d'un processus de transfert pacifique du pouvoir à un successeur. Xi a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels et a transformé la vice-présidence, qui était de facto un apprentissage pour accéder à la fonction suprême, en une sinécure pour les fonctionnaires à la retraite. Il a également refusé d'autoriser tout autre civil à siéger au sein de l'organe militaire suprême du parti. Sans la possibilité de se constituer une base de soutien au sein de l'armée en siégeant dans cet organe, le successeur éventuel de Xi aura du mal à se maintenir au pouvoir et son mandat risque d'être de courte durée.

Le défi de la succession sera difficile, mais il est peu probable qu'il provoque l'effondrement du PCC, qui a survécu à des crises bien plus profondes telles que la Révolution culturelle et la répression de Tiananmen en 1989. La véritable question est de savoir si la contre-réforme de Xi a sapé la capacité du parti à tirer les leçons de ses erreurs.

Le PCC a un passé sordide marqué par des erreurs extravagantes et catastrophiques, telles que la campagne d'industrialisation du Grand Bond en avant, qui a entraîné une famine généralisée de 1959 à 1962. Mais dans l'ère post-Mao, le parti s'est révélé être une institution d'apprentissage incroyablement efficace. Bien qu'il commette encore des erreurs graves, comme le fait de ne pas avoir préparé les infrastructures de santé à faire face à la recrudescence des infections après la levée généralisée des restrictions liées à la COVID-19, il commet rarement deux fois la même erreur. Les dirigeants du parti ont été pris au dépourvu lorsque Trump a lancé sa guerre commerciale lors de son premier mandat, les obligeant à réagir dans la précipitation. Cependant, lorsque Trump a dévoilé ses droits de douane dits « Liberation Day » au début de son deuxième mandat, en 2025, Pékin était prêt à riposter avec une série de contre-mesures.

L'incapacité des États-Unis à remplir les fonctions gouvernementales les plus élémentaires, telles que l'adoption du budget fédéral dans les délais impartis, renforce la confiance de Xi dans sa contre-réforme. À l'instar de Xi, l'administration Trump estime que le pouvoir exécutif est devenu trop diffus et a pris des mesures énergiques pour centraliser et personnaliser l'autorité exécutive du président. Le pouvoir exécutif de plus en plus incontrôlé et déséquilibré aux États-Unis ressemble à celui d'autres républiques troublées et polarisées dirigées par des populistes qui ont gouverné l'Amérique latine pendant une grande partie du XXe siècle. Mais alors que le projet de Trump s'écarte du fonctionnement prévu du système américain, la consolidation du pouvoir de Xi est conforme à l'ADN opérationnel du PCC, qui tend à renforcer plutôt qu'à limiter le pouvoir du dirigeant suprême. Il en résulte que Trump génère une instabilité politique et des troubles qui sapent la capacité des États-Unis, tandis que la centralisation de Xi a renforcé la résilience de la Chine.

Depuis un quart de siècle, l'idéologue en chef du parti est Wang Huning, un théoricien politique dont la visite aux États-Unis à la fin des années 1980 l'a inspiré à écrire un livre intitulé America Against America (L'Amérique contre l'Amérique), sur les contradictions qu'il a observées. Wang a détecté ce qu'il a appelé des « courants sous-jacents de crise » aux États-Unis et a souligné les effets corrosifs de l'individualisme américain et de l'isolement qu'il engendre.

Les responsables et analystes chinois disposent également d'un ensemble de preuves de plus en plus riche sur lequel s'appuyer pour évaluer le dysfonctionnement et le déclin des États-Unis. Depuis la fin de la guerre froide, les États-Unis ont très mal géré pratiquement toutes les crises nationales auxquelles ils ont été confrontés. Chacune d'entre elles a entamé la confiance du public dans les États-Unis, tant au niveau national qu'international. En réponse aux attentats du 11 septembre, les États-Unis ont lancé, sous de faux prétextes, une guerre destructrice et coûteuse en Irak qui a sapé la volonté ou la capacité du pays à faire face à des défis futurs plus redoutables, tels que la Chine. En réponse à la crise financière de 2008, Washington a sauvé le secteur financier, mais pas ses victimes, aggravant ainsi les inégalités et générant une désillusion au sein de la population.

Alors que les stratèges à Washington débattent pour savoir si la Chine a atteint son apogée, leurs homologues chinois mènent un débat similaire au sujet des États-Unis et parviennent à des conclusions étonnamment similaires. Les médias d'État chinois ont diagnostiqué chez les États-Unis une « anxiété hégémonique », suggérant que Washington ne peut pas faire face à la possibilité d'un monde multipolaire. Et tandis que des penseurs américains tels que Hal Brands ont fait valoir dans leurs analyses de la Chine qu'une puissance qui a atteint son apogée est susceptible de réagir de manière violente, les observateurs chinois concluent indépendamment que c'est Washington qui est anxieux de préserver sa position et qui est de plus en plus disposé à employer tous les moyens nécessaires pour maintenir sa prééminence.

Au début de la guerre froide, le stratège George Kennan craignait que les États-Unis ne perdent confiance en leur propre système si les démocraties européennes succombaient à l'Union soviétique. Aujourd'hui, le défi est tout autre : la perte de confiance des États-Unis dans leur propre système pourrait être la cause plutôt que la conséquence de leur défaite face à la Chine. En revanche, la contre-réforme menée par Xi Jinping, notamment les purges incessantes et les retombées de l'effondrement du secteur immobilier, n'a pas entraîné de crise de confiance en Chine. Au contraire, Xi Jinping a plutôt gagné en confiance, car il peut se prévaloir de résultats tangibles sous la forme de percées technologiques.

En effet, un nombre croissant de responsables à Washington emploient une rhétorique digne de la guerre froide lorsqu'ils évoquent la Chine, mais se montrent peu enclins à s'attaquer à des tâches difficiles et coûteuses, telles que la rénovation de la base industrielle de défense et le renforcement des chaînes d'approvisionnement clés, qui aideraient les États-Unis à devancer la Chine. Si cette dynamique se poursuit, les États-Unis se retrouveront à poursuivre ce que l'on pourrait appeler une stratégie « Roosevelt inversée » : parler haut et fort de la puissance américaine tout en brandissant un bâton de plus en plus petit. Alors que Xi s'est montré discipliné et méthodique dans ses efforts pour renforcer la position stratégique de la Chine, les États-Unis se sont montrés distraits et incohérents.

Jonathan A. Czin est titulaire de la chaire Michael H. Armacost en études de politique étrangère et membre du John L. Thornton China Center à la Brookings Institution. Il a été directeur pour la Chine au Conseil national de sécurité de 2021 à 2023 et a précédemment occupé le poste de membre du Senior Analytic Service au sein de la Central Intelligence Agency.

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https://www.ft.com/content/a1882789-d283-4bf9-a3df-19b1b7ce9799 (China upgraded missiles using UAE technology, Biden spies said, 25 octobre 2025)

En 2022, les agences de renseignement américaines ont obtenu des informations selon lesquelles les Émirats arabes unis auraient fourni à Huawei une technologie qui, selon elles, aurait été utilisée par la Chine pour étendre la portée de ses missiles air-air, donnant ainsi à ses avions de combat un avantage sur les avions de guerre américains.

Selon six personnes proches des services de renseignement sous l'administration Biden, la technologie qui aurait été transférée à la Chine par G42, le groupe phare des Émirats arabes unis spécialisé dans l'intelligence artificielle, aurait été utilisée pour améliorer les missiles à longue portée tirés depuis des avions de combat.

Deux de ces personnes ont déclaré que cette technologie avait été transmise à Huawei. L'une d'entre elles et une autre personne ont précisé que les missiles chinois étaient les variantes PL-15 et PL-17.

G42, dont les actionnaires comprennent Microsoft, Silver Lake et le fonds souverain des Émirats arabes unis Mubadala, a contesté les informations des services de renseignement américains, affirmant rejeter catégoriquement les « allégations fausses et diffamatoires » provenant de « sources dont les motivations et les intentions sont douteuses ».

Six autres personnes proches du dossier ont déclaré que cette information avait été révélée alors que les agences de renseignement américaines détectaient des preuves plus larges indiquant que les Émirats arabes unis, un allié américain essentiel au Moyen-Orient, semblaient se rapprocher de la Chine.

Des responsables américains ont estimé que la technologie partagée avec Huawei, qui pouvait être à double usage, donnerait aux avions de combat chinois encore plus de temps pour cibler les avions de combat américains dans toute guerre concernant Taïwan, renforçant ainsi l'avantage que l'APL avait acquis sur l'armée américaine. Il s'agissait là d'un autre exemple illustrant que la Chine commençait à éclipser les États-Unis dans certains systèmes d'armement.

« L'industrie chinoise de la défense a passé les années 2010 à construire et à livrer des missiles air-air, notamment les PL-15 et PL-17, qui ont surpassé leurs équivalents américains en termes de portée et de technologies de guidage avancées », a déclaré un ancien expert senior de la CIA spécialisé dans l'armée chinoise.

Au début de l'année 2023, la Maison Blanche a envisagé d'ajouter G42 à la liste dite « liste des entités », selon plusieurs personnes proches des discussions, ce qui aurait rendu difficile pour les entreprises américaines de lui vendre des technologies.

Les États-Unis ont envoyé des hauts responsables aux Émirats arabes unis pour informer le cheikh Tahnoon que son pays devait choisir entre les États-Unis et la Chine pour son industrie de l'IA. Un ancien responsable a déclaré que la secrétaire au Commerce de l'époque, Gina Raimondo, avait en fait dit aux hauts responsables des Émirats arabes unis qu'« au prochain écart, c'est carton rouge ».

Par exemple, les Émirats arabes unis ont accepté de retirer la technologie Huawei de leurs centres de données. Fin 2023, après des mois de discussions difficiles avec les responsables américains, G42 a déclaré qu'il rompait ses liens avec les groupes chinois afin de pouvoir se concentrer sur la coopération avec les États-Unis dans le domaine de l'IA.

Sous l'administration Trump, les relations entre les États-Unis et les Émirats arabes unis se sont renforcées. Abu Dhabi s'est engagé à devenir un partenaire majeur de Stargate, un projet de 500 milliards de dollars mené par OpenAI visant à créer d'énormes centres de données.

Le plan a été convenu lors de la visite du président Donald Trump à Abu Dhabi en mai. Il permettrait aux entreprises américaines de fournir des puces avancées aux Émirats arabes unis. Mais l'administration n'a pas délivré la plupart des licences requises, ce qui a frustré les responsables émiratis.

Deux personnes proches du dossier ont déclaré que l'administration Trump était consciente des inquiétudes concernant une éventuelle fuite de technologies américaines vers la Chine, mais qu'elle estimait avoir intégré suffisamment de garde-fous dans son projet.

Cependant, certains responsables de la sécurité et législateurs américains restent inquiets à l'idée de partager la technologie américaine en matière d'IA avec les Émirats arabes unis en raison de la Chine.

« Les Émirats arabes unis et la Chine entretiennent un partenariat technologique étroit, et au printemps dernier, les responsables émiratis ont renforcé ces liens lors d'une visite en Chine », a déclaré John Moolenaar, président républicain de la commission Chine de la Chambre des représentants.

« Je me réjouis de la perspective d'une collaboration technologique plus étroite entre les États-Unis et les Émirats arabes unis, mais cela doit s'accompagner d'un choix vérifiable et irréversible des Émiratis en faveur des États-Unis. »

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https://responsiblestatecraft.org/trump-xi-big-deal/ (28 octobre 2025)

Pour les Américains ordinaires, les enjeux sont tangibles. Une mère dans l'Ohio qui perd son fils à cause d'une overdose ne se soucie pas des droits de douane. Un agriculteur dans l'Iowa qui ne peut pas vendre son soja à la Chine ne se soucie pas des règles relatives aux semi-conducteurs. Un accord qui allégerait ces pressions aurait un impact bien au-delà de la Washington.

Pour le monde, les enjeux sont encore plus importants. Si les États-Unis et la Chine parviennent à gérer leur rivalité sans sombrer dans la guerre, cela créera un précédent pour la concurrence entre grandes puissances au XXIe siècle. Dans le cas contraire, le reste du monde sera contraint de naviguer dans un ordre de plus en plus instable.

Les pourparlers de Séoul permettront de déterminer si les deux gouvernements continuent de voir l'intérêt de la diplomatie, et pas seulement de la confrontation. Le succès ne signifiera pas une amitié totale. Il signifiera la coexistence : des garde-fous, des mesures d'application et des accords partiels qui empêcheront la relation de sombrer dans la crise.

Dans l'état actuel des choses, Trump et Xi seront apparemment tentés de viser les gros titres. Mais ce qui importe davantage, c'est la durabilité. Mieux vaut un accord modeste qui tient la route qu'un accord ambitieux qui s'effondre. Le monde n'a pas besoin de théâtre. Il a besoin d'une base pour gérer la relation la plus importante de notre époque.

Denis Simon a été professeur à la Fuqua School of Business de l'université Duke de 2015 à 2022 et vice-chancelier exécutif de l'université Duke Kunshan en Chine de 2015 à 2020.

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à l’instant, Wallaby a dit :

https://responsiblestatecraft.org/trump-xi-big-deal/ (28 octobre 2025)

Pour les Américains ordinaires, les enjeux sont tangibles. Une mère dans l'Ohio qui perd son fils à cause d'une overdose ne se soucie pas des droits de douane. Un agriculteur dans l'Iowa qui ne peut pas vendre son soja à la Chine ne se soucie pas des règles relatives aux semi-conducteurs. Un accord qui allégerait ces pressions aurait un impact bien au-delà de la Washington.

Pour le monde, les enjeux sont encore plus importants. Si les États-Unis et la Chine parviennent à gérer leur rivalité sans sombrer dans la guerre, cela créera un précédent pour la concurrence entre grandes puissances au XXIe siècle. Dans le cas contraire, le reste du monde sera contraint de naviguer dans un ordre de plus en plus instable.

Les pourparlers de Séoul permettront de déterminer si les deux gouvernements continuent de voir l'intérêt de la diplomatie, et pas seulement de la confrontation. Le succès ne signifiera pas une amitié totale. Il signifiera la coexistence : des garde-fous, des mesures d'application et des accords partiels qui empêcheront la relation de sombrer dans la crise.

Dans l'état actuel des choses, Trump et Xi seront apparemment tentés de viser les gros titres. Mais ce qui importe davantage, c'est la durabilité. Mieux vaut un accord modeste qui tient la route qu'un accord ambitieux qui s'effondre. Le monde n'a pas besoin de théâtre. Il a besoin d'une base pour gérer la relation la plus importante de notre époque.

Denis Simon a été professeur à la Fuqua School of Business de l'université Duke de 2015 à 2022 et vice-chancelier exécutif de l'université Duke Kunshan en Chine de 2015 à 2020.

L'illusion d'être encore en position de négocier. Pas avec Trump.

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https://www.newstatesman.com/international-politics/2025/10/how-xi-jinping-bullied-donald-trump (31 octobre 2025)

Ces décisions équivalent à un accord de la Chine pour reprendre « immédiatement » l'achat de soja américain, que Pékin avait suspendu en réponse aux droits de douane imposés par Trump en avril à l'occasion du « Jour de la libération », portant préjudice aux agriculteurs américains. Trump a écrit sur les réseaux sociaux que Xi avait accepté de « lancer le processus d'achat d'énergie américaine », suggérant qu'une « transaction à très grande échelle pourrait avoir lieu concernant l'achat de pétrole et de gaz provenant du grand État de l'Alaska ». Plus important encore, Pékin a également accepté de suspendre pendant un an les contrôles à l'exportation qu'il avait annoncés le 9 octobre sur les terres rares, ce qui avait incité Trump à menacer d'imposer des droits de douane supplémentaires de 100 % sur tous les produits chinois, ce qui équivaut à un embargo commercial virtuel.

En échange, Trump a réduit les droits de douane qu'il avait imposés à la Chine en raison de son rôle présumé dans la production de fentanyl – les États-Unis affirment que les produits chimiques utilisés pour fabriquer cette drogue proviennent de Chine – de 20 % à 10 %, dans l'espoir que Pékin « travaillera très dur » pour réduire ces exportations de produits chimiques. Cela permettra de réduire le taux global des droits de douane sur les exportations chinoises vers les États-Unis de 57 % à 47 %.

Trump a également discuté des semi-conducteurs avec Xi, convenant que le fabricant américain de puces Nvidia pourrait négocier ses propres accords avec Pékin, tout en suggérant que les États-Unis conserveraient un rôle dans toute discussion future. « J'ai dit que cela relevait vraiment de vous et de Nvidia, mais que nous étions en quelque sorte l'arbitre », a raconté Trump lors du long vol de retour vers Washington. On ne sait pas exactement ce que cela signifie concrètement. Il a insisté sur le fait qu'ils n'avaient pas parlé des puces les plus avancées de Nvidia, que la Chine cherche depuis longtemps à acquérir et que Washington cherche tout aussi longtemps à bloquer. Ils n'ont pas non plus abordé la question sensible de Taïwan, qui a fait l'objet d'une campagne de pression militaire concertée de la part de la Chine ces derniers mois. « Taïwan n'a jamais été évoqué », a déclaré Trump. « Cela n'a pas été discuté. »

Les mesures réciproques finales comprenaient l'accord des États-Unis de suspendre pendant un an les frais portuaires qu'ils avaient récemment commencé à facturer aux navires chinois, la Chine faisant de même pour les navires américains. Washington suspendra également les contrôles à l'exportation qu'il avait annoncés en septembre sur les filiales des entreprises chinoises déjà inscrites sur la liste noire américaine, les empêchant ainsi d'accéder à certains produits et technologies de pointe fabriqués aux États-Unis.

Avec Trump, toute géopolitique doit bien sûr être traduite en termes de « deals ». Mais le terme le plus approprié pour qualifier ce qu'il vient de convenir avec Xi est celui de trêve. Et une trêve décidément précaire. Les grandes victoires qu'il revendique ne sont guère plus qu'un retour au statu quo qui prévalait avant qu'il ne lance sa guerre commerciale mondiale le jour du « liberation day ». En d'autres termes, Trump a largement réussi à éteindre l'incendie qu'il avait lui-même allumé.

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https://www.lowyinstitute.org/the-interpreter/america-shouldn-t-pivot-asia (28 octobre 2025)

Pour certains, la clé pour empêcher la domination chinoise en Asie réside dans le fait de s'assurer que Pékin ne soit jamais en mesure de prendre le contrôle de Taïwan. En réalité, une grande partie de la posture militaire actuelle des États-Unis dans la région vise à dissuader de manière crédible la Chine de tenter de réaliser ce désir ancien.

Mais les avantages que la Chine tirerait d'une unification avec Taïwan sont bien trop modestes pour faire pencher la balance du pouvoir régional en faveur de Pékin. Pour atteindre ce point de basculement, la Chine devrait avoir au moins le Japon et probablement aussi l'Inde et la Corée du Sud comme États vassaux, ce qui est peu probable dans un avenir proche compte tenu de la taille, de la géographie, de la capacité industrielle et de la puissance militaire croissante de ces pays.

La fin du projet américain de « pivot vers l'Asie » sera une déception pour certains, notamment les alliés de la région qui espèrent que les États-Unis continueront à leur garantir leur sécurité, les entrepreneurs du secteur de la défense qui cherchent à tirer profit du renforcement militaire américain, et les membres des cercles de politique étrangère américains qui rêvent encore de la primauté des États-Unis. Néanmoins, cela permettrait de tenir au moins deux des promesses électorales du président américain Donald Trump – donner la priorité aux intérêts américains et éviter les engagements étrangers coûteux et inutiles – et améliorerait la situation dans la région en réduisant les risques de confrontation entre les États-Unis et la Chine. Il est temps pour les États-Unis de se recentrer sur leur territoire.

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il y a 8 minutes, Wallaby a dit :

https://www.lowyinstitute.org/the-interpreter/america-shouldn-t-pivot-asia (28 octobre 2025)

Pour certains, la clé pour empêcher la domination chinoise en Asie réside dans le fait de s'assurer que Pékin ne soit jamais en mesure de prendre le contrôle de Taïwan. En réalité, une grande partie de la posture militaire actuelle des États-Unis dans la région vise à dissuader de manière crédible la Chine de tenter de réaliser ce désir ancien.

Mais les avantages que la Chine tirerait d'une unification avec Taïwan sont bien trop modestes pour faire pencher la balance du pouvoir régional en faveur de Pékin. Pour atteindre ce point de basculement, la Chine devrait avoir au moins le Japon et probablement aussi l'Inde et la Corée du Sud comme États vassaux, ce qui est peu probable dans un avenir proche compte tenu de la taille, de la géographie, de la capacité industrielle et de la puissance militaire croissante de ces pays.

La fin du projet américain de « pivot vers l'Asie » sera une déception pour certains, notamment les alliés de la région qui espèrent que les États-Unis continueront à leur garantir leur sécurité, les entrepreneurs du secteur de la défense qui cherchent à tirer profit du renforcement militaire américain, et les membres des cercles de politique étrangère américains qui rêvent encore de la primauté des États-Unis. Néanmoins, cela permettrait de tenir au moins deux des promesses électorales du président américain Donald Trump – donner la priorité aux intérêts américains et éviter les engagements étrangers coûteux et inutiles – et améliorerait la situation dans la région en réduisant les risques de confrontation entre les États-Unis et la Chine. Il est temps pour les États-Unis de se recentrer sur leur territoire.

Abandonner Taïwan n'aurait que des inconvénients pour les Américains :

  • défaite symbolique
  • défaite idéologique
  • défaite stratégique

La Corée et le Japon se réaligneraient forcément vers la Chine et potentiellement la Russie et dans tous les cas, tendraient à s'éloigner d'un pays qui n'a pas protégé un allié. La Chine n'y gagnerait peut-être pas immédiatement d'un point de vue économique mais le nationalisme chinois en sortirait renforcé et ses forces armées tireraient profit d'une nouvelle tête de pont vers l'est (sans parler des eaux territoriales et du problème des Paracels).

Et qui écouterait encore les Américains ? Après la débandade afghane, l'Ukraine soutenue comme la corde soutient le pendu et l'Iran ? Et quoi en compensation, le retour vers la doctrine Monroe et les pronunciamento en Amérique latine ? 

Modifié par Ciders
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Il y a 2 heures, Wallaby a dit :

https://www.lowyinstitute.org/the-interpreter/america-shouldn-t-pivot-asia (28 octobre 2025)

Pour certains, la clé pour empêcher la domination chinoise en Asie réside dans le fait de s'assurer que Pékin ne soit jamais en mesure de prendre le contrôle de Taïwan. En réalité, une grande partie de la posture militaire actuelle des États-Unis dans la région vise à dissuader de manière crédible la Chine de tenter de réaliser ce désir ancien.

Mais les avantages que la Chine tirerait d'une unification avec Taïwan sont bien trop modestes pour faire pencher la balance du pouvoir régional en faveur de Pékin. Pour atteindre ce point de basculement, la Chine devrait avoir au moins le Japon et probablement aussi l'Inde et la Corée du Sud comme États vassaux, ce qui est peu probable dans un avenir proche compte tenu de la taille, de la géographie, de la capacité industrielle et de la puissance militaire croissante de ces pays.

La fin du projet américain de « pivot vers l'Asie » sera une déception pour certains, notamment les alliés de la région qui espèrent que les États-Unis continueront à leur garantir leur sécurité, les entrepreneurs du secteur de la défense qui cherchent à tirer profit du renforcement militaire américain, et les membres des cercles de politique étrangère américains qui rêvent encore de la primauté des États-Unis. Néanmoins, cela permettrait de tenir au moins deux des promesses électorales du président américain Donald Trump – donner la priorité aux intérêts américains et éviter les engagements étrangers coûteux et inutiles – et améliorerait la situation dans la région en réduisant les risques de confrontation entre les États-Unis et la Chine. Il est temps pour les États-Unis de se recentrer sur leur territoire.

sans compter sur la déflation de la population chinoise qui, d'ici moins d'une génération, aura beaucoup diminuée

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Il y a 4 heures, Ciders a dit :

La Corée et le Japon se réaligneraient forcément vers la Chine et potentiellement la Russie et dans tous les cas, tendraient à s'éloigner d'un pays qui n'a pas protégé un allié.

Vers la Chine je ne sais pas, l'un comme l'autre savent qu'ils se feraient boulotter que ce soit au niveau du commerce, du droit et des valeurs. Par contre je me demande quel est le degré de frictions entre ces deux pays (au delà des affichages nationalistes) qui permettrait ou pas de créer plus de synergie entre eux.Avec les mêmes besoins et un ennemi commun, nécessité peut faire loi non ?

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à l’instant, rendbo a dit :

Vers la Chine je ne sais pas, l'un comme l'autre savent qu'ils se feraient boulotter que ce soit au niveau du commerce, du droit et des valeurs. Par contre je me demande quel est le degré de frictions entre ces deux pays (au delà des affichages nationalistes) qui permettrait ou pas de créer plus de synergie entre eux.Avec les mêmes besoins et un ennemi commun, nécessité peut faire loi non ?

Boulotter est sûrement un terme trop fort. Ne serait-ce que parce que la Chine payerait un prix beaucoup trop élevé pour les dominer (je ne parle même pas d'un point de vue militaire) et que l'intérêt en serait nul. Et d'autre part parce que la Chine n'en a ni le besoin ni la légitimité. A la rigueur, ça pourrait se discuter pour la Corée mais une péninsule plus ou moins vassalisée ou neutralisée leur suffirait largement.

Pour une forme de rapprochement nippo-coréen, j'y crois... non, pas du tout. Il y a trop de problématiques à régler entre les deux pays et la menace chinoise n'est pas suffisante pour les amener à se serrer les coudes. Surtout qu'ils sont concurrents dans de nombreux domaines et qu'il existe un racisme latent entre les deux peuples. 

Il y a 2 heures, christophe 38 a dit :

sans compter sur la déflation de la population chinoise qui, d'ici moins d'une génération, aura beaucoup diminuée

Beaucoup, ça reste à voir. Même s'ils passent à 800 millions, ça laisse de la marge. Là où le Japon et la Corée, ça ne va pas du tout. 

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il y a 17 minutes, Ciders a dit :

Boulotter est sûrement un terme trop fort. Ne serait-ce que parce que la Chine payerait un prix beaucoup trop élevé pour les dominer (je ne parle même pas d'un point de vue militaire) et que l'intérêt en serait nul. Et d'autre part parce que la Chine n'en a ni le besoin ni la légitimité. A la rigueur, ça pourrait se discuter pour la Corée mais une péninsule plus ou moins vassalisée ou neutralisée leur suffirait largement.

Pour une forme de rapprochement nippo-coréen, j'y crois... non, pas du tout. Il y a trop de problématiques à régler entre les deux pays et la menace chinoise n'est pas suffisante pour les amener à se serrer les coudes. Surtout qu'ils sont concurrents dans de nombreux domaines et qu'il existe un racisme latent entre les deux peuples. 

Beaucoup, ça reste à voir. Même s'ils passent à 800 millions, ça laisse de la marge. Là où le Japon et la Corée, ça ne va pas du tout. 

https://www.nationalgeographic.fr/culture/magazine-reportage-peuples-demographie-chine-le-declin-demographique-sociologie-asie-inde

 

Citation

Ces sept dernières années, le nombre des naissances a été presque divisé par deux, passant de 18 millions en 2016 à 9,6 millions en 2022. Même si ce chiffre se stabilise, la population chinoise diminuera malgré tout de 50 % ou plus d’ici à 2100.

https://www.lecho.be/opinions/general/la-demographie-chinoise-implique-que-la-chine-sera-vieille-avant-d-etre-riche/10560217.html

Citation

Les dernières projections démographiques des Nations unies prévoient que la population chinoise diminuera de 60% d'ici 2100, pour atteindre moins de 600 millions d'habitants.

 

 

Pour avoir un comportement d'envahisseur, il faut quand meme avoir de la population, du nombre.

Dans le nombre restant, qui pourrait aller de 600 à 750 millions d'habitants, si on segmente, combien de jeunes (non scolarisés), combien de "mineurs", combien de vieux (age de la retraite, sédentaires, usés..), 

bref, sur le nombre d'habitants, si on exclut les scolaires, les vieux, tous ceux necessaire à la vie d'une societé, il reste combien de militaires ? 

donc, du coté ambitions militaires, (moi), je pense que c'est "maintenant", c'est à dire jusqu'à 2050, avant que la décrue de la population ne se voit trop et ne se ressente pas (pour que les adversaires ne le sentent pas non plus)

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il y a 1 minute, christophe 38 a dit :

Pour avoir un comportement d'envahisseur, il faut quand meme avoir de la population, du nombre.

Justement, Taïwan est une île chinoise. Ce n'est pas comme si la Chine envahissait un autre pays.

Le conflit sino-taïwanais est une relique de la guerre civile chinoise (1927-1949).

Si tu veux parler de l'invasion chinoise de Formose, il faut remonter à Koxinga au XVIIe siècle :

330px-Taiwan-17th-Century.jpg

source https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Taïwan#Koxinga_et_le_royaume_de_Tungning_(1661-1707)

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il y a 25 minutes, christophe 38 a dit :

Dans le nombre restant, qui pourrait aller de 600 à 750 millions d'habitants, si on segmente, combien de jeunes (non scolarisés), combien de "mineurs", combien de vieux (age de la retraite, sédentaires, usés..), 

Ca fait quand même le double de la population américaine actuelle. Et avec une population deux fois moindre, les Américains prétendent, ou en tout cas une partie d'entre eux prétendent à la suprématie mondiale. 

Donc il ne serait pas particulièrement étonnant qu'une population chinoise de 600 millions d'habitants prétende à la suprématie mondiale.

D’autre part la population américaine aussi va chuter à partir de 2080 : https://www.census.gov/newsroom/press-releases/2023/population-projections.html

Et je ne parle pas des alliés asiatiques de l'Amérique, comme le Japon, la Corée du Sud...

Mais je te suis quand même dans l'idée que les populations qui ont peu d'enfants par famille sont moins belliqueuses que les autres. C'est ce qu'expliquait Gérard Chaliand :

De toute façon nous, nous avons opté pour perdre le moins de gens possibles, c'est d'ailleurs parfaitement compréhensible si on a un peu une évaluation de la démographie dans le monde : aujourd'hui ça représente quoi, ce qu'on appelle les Occidentaux, même en mettant les Russes dedans ? 12% de l'humanité ? C'est tout. Il y a un siècle c'était 33 [%]. Alors quand vous avez perdu une telle proportion, vous commencez à être très économes de vos forces, dans la mesure où pour un Somali qui a sept gosses et peut en risquer deux, nous on ne veut pas en risquer un seul, parce qu'on en a un virgule deux. 

Le 08/03/2023 à 17:21, Wallaby a dit :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-matins/l-europe-a-t-elle-les-moyens-de-reinventer-sa-politique-militaire-2663109 (9 juin 2014)

Gérard Chaliand présente son livre sur l'héroïsme : Le temps des héros, Récits épiques de l'humanité.

01:23:53 En ce qui nous concerne, nous, Occidentaux, je dis que nous sommes dans une époque qui est post-héroïque. C'est très net. Ça ne nous intéresse plus. Nos héros sont, en définitive, des gens qui font des exploits sportifs. En ce qui concerne les autres sociétés, qui sont dans un rythme complètement différent, et qui n'ont pas changé d'éthique, pour eux, dans le cadre de la guerre, oui, il y a des héros.

01:26:31 Sur l'Ukraine je pense que nous avons comme Vladimir Poutine lui-même fait beaucoup de propagande. 

01:27:03 Les Polonais, ils appartiennent à l'OTAN. Personne ne touche à un pays qui fait partie de l'OTAN. Faut être sérieux. La propagande, c'est la propagande. Les pays Baltes, ils ne risquent rien non plus. (...) L'Ukraine, elle, c'est quelque chose qui est disputé. Et c'est disputé non pas depuis 3 mois ou 4 mois. En 2004, il y a eu une révolution orange, et si on retourne à 1991, date de l'effondrement de l'Union Soviétique, pour l'observateur serein, et j'espère que j'appartiens à cette catégorie-là, c'est à dire qui ne vend pas une politique, mais qui observe les faits, la politique américaine a été de repousser l'ex-URSS aux frontières de la Russie. Cela a été fait systématiquement, en reprenant dans l'OTAN tous ceux qui avaient appartenu au pacte de Varsovie, et ensuite à se disputer à la fois l'Ukraine, très important, la Géorgie, voire même le Kighizstan. Pourquoi l'Ukraine ? Parce que d'abord c'est 25% de la population slave, et plus ou moins russophone. Brzezinski qui a pondu un admirable bouquin, parce qu'il était rigoureux, dit dans Le Grand Échiquier : "sans l'Ukraine, la Russie n'est plus qu'une puissance de deuxième ordre, avec l'Ukraine, c'est potentiellement quelque chose de dangereux". Donc on s'est battu pour que l'Ukraine passe à l'Ouest. Et effectivement à l'heure actuelle, une bonne partie de l'Ukraine, à mon avis, est pour l'Ouest, et Mr Poutine essaie de sauver les meubles comme il le peut.

01:54:06 Moi je crois au courage. Le héros, si vous voulez, c'est une figure qui était absolument nécessaire à l'heure où la force physique primait de façon complète. Après tout, je le dis par exemple dans mon bouquin, c'est un monde d'hommes, les héros. C'est l'homme, le mâle, dans la société, qui se porte comme défenseur de l'honneur de la tribu, c'est lui qui est doté de pouvoirs merveilleux, c'est lui que les dieux vont aider. Et c'est lui qui doit prouver jusqu'à sa capacité de mourir pour le groupe, qu'il a le courage.

01:55:02 Ce temps là est terminé, ici. Pas ailleurs. Moi je vis par exemple en ce moment en Irak, j'ai vécu longtemps en Afghanistan. La figure du héros, la figure du mâle triomphant, c'est l'évidence. Faut comprendre la perception des autres. [Il ne faudrait pas] finir par croire qu'on est les seuls qui pensons le monde, que tout le monde doit suivre la façon dont nous regardons le monde, que nous avons à la fois la morale, le bon droit, le truc, et caetera... Non, non, c'est pas comme ça que ça se passe. La stratégie, c'est de comprendre comment l'autre fonctionne, et de s'adapter à ça. Et je vois qu'en Afghanistan on n'a pas compris ça du tout.

01:58:38 [Rebondissant sur la question des drones] De toute façon nous, nous avons opté pour perdre le moins de gens possibles, c'est d'ailleurs parfaitement compréhensible si on a un peu une évaluation de la démographie dans le monde : aujourd'hui ça représente quoi, ce qu'on appelle les Occidentaux, même en mettant les Russes dedans ? 12% de l'humanité ? C'est tout. Il y a un siècle c'était 33 [%]. Alors quand vous avez perdu une telle proportion, vous commencez à être très économes de vos forces, dans la mesure où pour un Somali qui a sept gosses et peut en risquer deux, nous on ne veut pas en risquer un seul, parce qu'on en a un virgule deux.

Brice Couturier : C'est comme ça que vous expliquez le déséquilibre entre les pertes soviétiques et les forces anglo-saxonnes pendant la deuxième guerre mondiale, puisqu'on est en train de célébrer le D-Day aujourd'hui. Dans "Le Point", aujourd'hui, il y a un certain nombre de portraits de héros du D-Day, par exemple ce fermier qui va chercher avec sa barque des parachutistes américains tombés dans les marais, qui les recueille chez lui, qui se fait fusiller par les Allemands le lendemain, moyennant quoi ils sont sauvés. Est-ce que nous en serions capables encore aujourd'hui, ou est-ce que l'esprit du "zéro morts" fait que comme le disait Marc à l'instant, les Occidentaux aujourd'hui préfèrent tuer à distance, en n'exposant jamais les leurs ?

02:00:05 Je crois qu'on a changé. Nos sensibilités ont effectivement changé, et que nous serions incapables - c'est pas que je le souhaite - de mener une guerre de 14-18 parce que ça se mène avec des paysans, et que nous n'avons plus de paysans. Un certain nombre de guerres se menaient avec les voyous des faubourgs, et les voyous des faubourgs ne sont plus des patriotes. Et caetera. Donc oui, effectivement, on a changé. On ne veut plus payer ce prix-là. Je ne dis pas que c'est mauvais d'être civilisés, au sens où l'on préfère la paix à la guerre, c'est très bien. Moi aussi je suis pour la paix.

Brice Couturier : Les paysans tirés au sort pendans la guerre de 14-18 pour remplacer les fils de bourgeois du VIIe arrondissement, on peut en faire des héros après, mais sur le moment, c'est quand même pas terrible.

Je défends pas du tout les aristos ou les bourgeois qui s'en sont sortis, et qui ont préféré que ce soient les pauvres qui soient au front. Dans "La Grande Illusion" c'est parfaitement montré, si vous voulez : les classes sociales. Il fut un temps où la boucherie des populaires, du populaire, ça ne comptait pas. Ce qu'il fallait sauver, c'est quelques uns. Encore que bon, ça n'empêchait pas que Péguy [mauvais exemple, Péguy est fils de menuisier] et d'autres de mourir au front.

Thierry Pech : pour mourir pour la patrie, il faut des héros qui meurent, il faut une patrie qui applaudit, qui regarde. (...) Le problème n'est pas tellement à mes yeux la tolérance à la violence : elle s'est affaissée, vous dites, bien sûr : ça c'est plutôt une marque du progrès de la civilisation. [Le problème], c'est plutôt notre capacité à nous identifier à un sacrifice héroïque, et à ce qu'il suppose de renoncement au bonheur. Les démocraties se sont tout de même installées, et on installé l'idée qu'on pouvait prendre plaisir à vivre autrement, qu'on n'était pas des troupeaux, soudés autour de destins individuels. Et elles ont des problèmes, je crois, à faire vivre l'idée, à chanter le destin des héros. À faire vivre l'idée qu'on puisse s'identifier collectivement. Qui est le héros de la première guerre mondiale ? C'est un soldat inconnu. Quand Kantorowitz dans Mourir pour la Patrie finit son merveilleux texte en disant : finalement, si on ne sait plus redonner du sens à mourir pour la patrie, alors les guerres ne seront plus qu'un "accident de la circulation politique un jour de fête légale", je cite. Est-ce que le problème des démocraties, c'est pas ça, au fond, d'avoir su renoncer d'une certaine manière à cette violence, et ça c'est un progrès, et en même temps d'être incapable de donner des modèles d'identification à leur population ?

02:03:02 Gérard Chaliand : La réponse c'est que nous ne sommes pas tout seuls. C'est très bien d'avoir une règle du jeu qui est différente, qu'il y ait eu une histoire différente et un niveau de vie différent, simplement nous sommes dans un monde qui est extrêmement conflictuel tout autour, et auquel nous allons être d'autant plus confrontés que ce monde s'est réveillé et que la domination absolue exercée par l'Occident depuis deux siècles et demi vient de prendre fin.

02:04:40 Je vous signale que notre sensibilité à nous en France, n'est pas du tout celle que les Américains ont, et en définitive, les chefs d'orchestre ça reste les Américains, et leur façon de percevoir l'histoire, et leur capacité à réagir est très différente des nôtres.

Donc il faut s'attendre ce que les Américains deviennent de moins en moins belliqueux au fur et à mesure que leur démographie décline. C'est ce que reflètent confusément les positions "America First" de Trump reprises par Jennifer Kavanagh dans le Lowy Interpreter.

Sur le déclin démographique américain :

Le 22/10/2025 à 15:39, Wallaby a dit :

https://www.nationalreview.com/magazine/2021/10/18/can-america-cope-with-demographic-decline/ (18 octobre 2021)

L'Amérique peut-elle s'adapter au déclin démographique ?

Nicholas Eberstadt : https://en.wikipedia.org/wiki/Nicholas_Eberstadt

Au cours de la dernière décennie et même depuis plus longtemps encore, depuis la crise de 2008 et la Grande Récession, les tendances démographiques aux États-Unis ont pris un tournant décisif, passant bien en dessous du seuil de renouvellement des générations.

Les États-Unis ont déjà connu une fécondité inférieure au seuil de remplacement, pendant plusieurs années lors de la Grande Dépression, puis à nouveau pendant la majeure partie des années 70 et 80. Mais le taux de fécondité américain n'a jamais été aussi bas qu'aujourd'hui. En 2019, avant la pandémie de coronavirus, le taux de fécondité total (TFT, qui mesure le nombre de naissances par femme au cours de sa vie) était de 1,71, soit environ 18 % de moins que les 2,1 naissances par femme nécessaires pour assurer la stabilité démographique à long terme. Les taux de fécondité aux États-Unis étaient devenus si bas que même l'Utah mormon était passé sous le seuil de renouvellement.

On peut bien sûr s'attendre à un certain rebond après la pandémie. Mais les prévisions en matière de fécondité sont notoirement peu fiables, car les démographes ne disposent d'aucune méthode solide et précise pour anticiper les naissances futures. Et certains éléments laissent penser que la fécondité aux États-Unis pourrait en réalité continuer à baisser dans les années à venir.

[comparaison internationale]

Par rapport à la plupart des autres démocraties riches — ou à ses principaux rivaux géopolitiques potentiels —, les fondamentaux démographiques des États-Unis restent favorables. Juste avant le covid (2019), le faible taux de fécondité des États-Unis était nettement supérieur à celui de la Russie (1,50 naissance par femme) ou de l'UE-27 (1,53), sans parler du Japon (1,36) et de la Chine (les chiffres exacts pour 2019 ne sont pas encore disponibles, mais selon les rapports officiels, il était tombé à 1,3 en 2020, malgré l'abandon officiel par Pékin de sa célèbre politique de l'enfant unique à la fin de 2015). La main-d'œuvre en âge de travailler (20-64 ans) continue de croître aux États-Unis, alors qu'elle est en baisse depuis des années en Russie, dans l'Union européenne, au Japon et en Chine. Contrairement à la croissance démographique lente mais continue des États-Unis, la population est déjà en déclin au Japon et en Russie ; l'UE prévoit que son dépeuplement commencera en 2027, et celui de la Chine pourrait commencer encore plus tôt. De plus, les États-Unis sont, selon des indicateurs clés, une société plus jeune que n'importe lequel de ces concurrents et devraient vieillir plus lentement qu'eux au cours des prochaines décennies (à l'exception peut-être de la Russie, où les personnes âgées ne semblent pas vivre aussi longtemps).

Mais s'il est certainement possible de maintenir et d'accroître la prospérité dans une société vieillissante et en déclin démographique, cela n'est en aucun cas garanti. Des décennies de dysfonctionnements sociaux et politiques accumulés ont rendu l'Amérique moins bien placée, et peut-être aussi moins capable, de tirer parti des avantages de la nouvelle ère démographique qui s'annonce que nous ne l'étions il y a une génération — alors que, ironiquement, nous bénéficions à l'époque d'une structure démographique plus jeune et d'une croissance démographique plus dynamique qu'aujourd'hui.

[business]

Du côté positif : la création de connaissances pourrait encore progresser rapidement aux États-Unis — ce qui est extrêmement difficile à mesurer — et la création de richesse, beaucoup plus facile à évaluer, se poursuit à un rythme remarquable (au début de cette année, la richesse privée américaine a dépassé les 140 000 milliards de dollars), même si cette réussite reflète sans conteste plus d'une décennie de politiques monétaires accommodantes menées par la banque centrale américaine, la Réserve fédérale.

Pourtant, le dynamisme de notre économie et de notre société est en déclin à certains égards importants et facilement vérifiables : en termes simples, le « bouillonnement » vitalisateur de l'Amérique est en train de s'essouffler. Le ratio entre les start-ups et les nouvelles entreprises par rapport au nombre total d'établissements est en baisse depuis des décennies, tout comme le taux net de création d'emplois par ces nouvelles entreprises. Il en va de même pour la mobilité de la population dans son ensemble. À la veille du covid, le pourcentage d'Américains ayant changé de résidence était à peine la moitié de ce qu'il était 30 ans plus tôt.

Les évaluations du « climat des affaires » global d'un pays sont inévitablement subjectives, mais certaines d'entre elles suggèrent que celui des États-Unis s'est sensiblement détérioré au cours de ce nouveau siècle. L'« Indice de liberté économique » de la Heritage Foundation/Wall Street Journal, par exemple, a fait chuter les États-Unis à la 20e place de son classement (derrière le Canada, le Danemark et les Pays-Bas), les reléguant dans la catégorie des économies « plutôt libres ».

[santé]

Les progrès américains en matière de santé et d'éducation ont pris un mauvais tournant. Les années 2010 ont été une décennie perdue pour la santé aux États-Unis : entre 2010 et 2019, selon les chiffres officiels, l'espérance de vie à la naissance a augmenté de 0,1 an au total ; la catastrophe des opioïdes et les « morts de désespoir » qui l'ont accompagnée ont effacé tous les gains potentiels que ces années auraient pu promettre. En 2019, l'espérance de vie aux États-Unis était inférieure de deux ans à celle du Portugal (le pays le plus pauvre d'Europe occidentale), de plus de cinq ans à celle du Japon et de près de six ans à celle de Hong Kong, le leader mondial en matière d'espérance de vie. Trois décennies plus tôt, en 1989, l'écart entre Hong Kong et les États-Unis était inférieur à deux ans.

[éducation]

En ce qui concerne le niveau d'éducation, le système américain, qui a permis au pays d'atteindre le premier rang mondial en matière d'années de scolarité des adultes tout au long des XIXe et XXe siècles, semble avoir perdu de son efficacité. Entre la fin de la guerre civile et la fin des années 1970, les États-Unis ont presque toujours été le leader mondial en matière de niveau d'éducation, conservant leur avance grâce à une augmentation du nombre d'années de scolarité de leur population plus rapide que partout ailleurs, génération après génération. Au début de l'après-guerre, le niveau d'éducation des hommes et des femmes américains augmentait d'environ un an par décennie. Hélas, au cours des deux dernières décennies, le niveau d'éducation des adultes n'a progressé qu'à peine d'un tiers de ce rythme historique, alors même que d'autres pays ont réussi à nous dépasser. La raison de ce ralentissement brutal reste un mystère, mais les conséquences sont claires : entre autres, le recul du niveau d'éducation des adultes aux États-Unis signifie une baisse du potentiel économique, et ce ralentissement réduit déjà notre revenu national de plusieurs milliers de milliards de dollars chaque année.

[emploi des personnes âgées]

Le taux d'activité des Américains âgés était l'un des rares points positifs du tableau de la population active américaine ces dernières années. De 1993 à 2008, il a augmenté de plus d'un tiers. Mais le taux d'activité des plus de 55 ans a stagné pendant la longue reprise qui a suivi la Grande Récession, ne gagnant qu'un point de pourcentage entre 2008 et 2019.

[emploi masculin jeune]

Depuis plus d'un demi-siècle, les hommes dans la force de l'âge quittent progressivement le marché du travail, et ce n'est pas nécessairement par manque d'emploi. Aujourd'hui, il y a en réalité beaucoup plus de postes vacants dans le secteur privé que d'hommes dans la force de l'âge qui ne travaillent pas et ne cherchent pas d'emploi, et plusieurs millions de ces postes ne nécessitent pas de diplôme universitaire ni de compétences spécialisées.

[comptes publics]

Au moment où nous écrivons ces lignes, la valeur actuelle nette estimée des engagements non capitalisés du système Social Security pour les 75 prochaines années s'élève à 19 800 milliards de dollars, selon son conseil d'administration. Les engagements non capitalisés de Medicare sont encore plus importants, avec une valeur actuelle nette jusqu'en 2092 de plus de 45 000 milliards de dollars, selon les administrateurs du système Medicare l'année dernière.

Actuellement, le Bureau budgétaire du Congrès prévoit que la dette fédérale devrait dépasser 200 % du PIB d'ici 30 ans, soit un endettement à la japonaise qui pourrait très facilement compromettre les performances économiques nationales. [Le même bureau budgétaire prévoit en mars 2025 que la dette fédérale atteindra 156% du PIB en 2055 : https://www.crfb.org/papers/analysis-cbos-march-2025-long-term-budget-outlook ]

Lorsque une majorité des électeurs dépend des prestations sociales, il devient d'autant plus difficile de mettre en œuvre politiquement une réforme de la politique sociale.

Rappelez-vous – si quelqu'un se souvient encore de l'époque d'avant le covid – que les États-Unis affichaient un déficit budgétaire fédéral de près d'un billion de dollars en 2019, alors que le cycle économique était proche de son apogée. À cette époque, Washington avait déjà abandonné toute prétention de discipline budgétaire.

[immigration]

Dans l'ensemble, l'assimilation fonctionne bien en Amérique. L'idée de venir en Amérique pour travailler dur et offrir un avenir meilleur à ses enfants n'est pas seulement un mythe pour les immigrants américains, c'est la norme. Quelle que soit leur race ou leur origine ethnique, les hommes nés à l'étranger en âge de travailler sont plus susceptibles d'être actifs que leurs homologues nés aux États-Unis. Et les jeunes Américains de toutes les origines ethniques ont tendance à avoir un niveau d'éducation plus élevé s'ils ont un parent né à l'étranger. Heureusement pour les États-Unis, le mécontentement et l'aliénation des nouveaux arrivants ne ressemblent en rien à ceux qui préoccupent l'Europe. Contrairement à l'Europe, les enfants d'immigrants aux États-Unis sont moins susceptibles que leurs parents de percevoir une discrimination dans ce pays.

Quelle que soit sa provenance, l'immigration représente désormais une part croissante de la croissance démographique de notre pays — peut-être la moitié ou plus juste avant la pandémie de coronavirus, sans compter les enfants d'immigrés.

Sans immigration, les calculs concluent que les États-Unis commenceraient à se dépeupler dans environ 20 ans, tandis que la main-d'œuvre en âge de travailler commencerait à diminuer presque immédiatement.

Il est impossible pour les démographes de prévoir avec précision les mouvements migratoires, car ceux-ci sont principalement déterminés par des forces politiques et économiques, et non par des régularités démographiques.

En dépit de l'image que nous avons de nous-mêmes en tant que société réputée pour son accueil, les États-Unis ont déjà fermé leurs portes à l'immigration par le passé. Ce n'est que dans les années 1960 que nous avons assoupli les restrictions sévères imposées à l'immigration entre les deux guerres. Bien menée, l'immigration a beaucoup à offrir à l'Amérique, aujourd'hui et demain, mais compte tenu des réalités actuelles, on ne peut exclure une cascade d'erreurs politiques contre-productives qui saboteraient un tel résultat. Un tel fiasco ne ferait qu'accélérer notre rendez-vous avec le déclin démographique, et un tel échec serait en soi un présage inquiétant pour toutes les autres préparations nécessaires pour faire face au vieillissement et à la stagnation démographique.

[déterminants de la fécondité et politiques familiales dans le monde]

Les sociologues et les économistes ont consacré plus d'un siècle d'études aux déterminants et aux prédicteurs de la fécondité. Ces travaux pourraient remplir une petite bibliothèque (voire un CD-ROM). Pourtant, ils sont étonnamment peu concluants. Selon les termes de l'historien social Charles Tilly, « le problème est que nous avons trop d'explications qui sont plausibles en termes généraux, qui se contredisent dans une certaine mesure et qui ne correspondent pas à une partie importante des faits ».

Cela dit, le meilleur prédicteur des taux de fécondité nationaux reste la taille souhaitée de la famille telle que déclarée par les femmes. Ce n'est pas un indicateur parfait, mais il fonctionne très bien d'un pays à l'autre ainsi que dans le temps, bien mieux que le revenu, l'éducation, le statut des femmes, l'accès à la contraception ou la myriade d'autres variables examinées par les spécialistes en sciences sociales.

Dans un sens, cette conclusion est rassurante, voire réconfortante ; elle met en évidence le pouvoir d'action qui est au cœur même de notre humanité. Mais cette correspondance étroite entre les niveaux de fécondité nationale souhaités et atteints ne semble pas prometteuse pour les partisans d'une politique nataliste. Si les modèles de procréation réels sont liés aux intentions et préférences préexistantes, les incitations financières visant à stimuler les taux de natalité risquent d'être coûteuses et de n'obtenir que des résultats démographiques modestes, voire éphémères.

Les efforts déployés par Singapour pour stimuler les taux de natalité, par exemple, ont permis au pays d'atteindre un taux de fécondité total de 1,14 naissance par femme en 2019, soit environ 45 % en dessous du seuil de renouvellement. Peut-être les Singapouriens n'ont-ils pas fait assez d'efforts (ou dépensé assez d'argent) ? En Suède, laboratoire permanent de la politique familiale, les démographes ont inventé le terme « fertilité en montagnes russes » : ils ont découvert qu'après chaque nouvelle allocation pour bébé, les taux de natalité suédois augmentaient, puis redescendaient à leur niveau initial, voire en dessous.

Ces incitations financières pourraient modifier les décisions concernant la date de la naissance, mais pas nécessairement le nombre total de naissances. Il en va de même pour les primes à la naissance très vantées par le Kremlin, d'un montant de 250 000 roubles pour le deuxième et le troisième enfant : les taux de fécondité de la Fédération de Russie ont certes augmenté temporairement, mais en 2019, ils étaient revenus aux niveaux de 2008, année du lancement du programme.

Par un revirement inattendu du destin, les naissances supplémentaires « achetées » par le programme de Poutine concernaient davantage les Tchétchènes ou d'autres minorités défavorisées pour lesquelles un quart de million de roubles représentait une somme considérable. En effet, toute prime à la naissance forfaitaire aura tendance à être plus attrayante pour les parents ayant le niveau d'éducation et les revenus les plus bas, tandis qu'une prime à la naissance qui égaliserait les « coûts d'opportunité » liés à la maternité pour toutes les tranches de revenus serait si réactionnaire qu'elle serait en pratique inapplicable.

[mentalités]

Pour la même raison que les primes à la naissance à l'étranger ont donné des résultats si modestes, ceux qui s'intéressent à la baisse continue de la fécondité aux États-Unis (le taux de fécondité total a chuté de près de 20 % entre 2007 et 2019) devraient peut-être se concentrer davantage sur les mentalités que sur l'argent.

Commençons par l'évidence. Les milléniaux, qui occupent aujourd'hui la tranche d'âge la plus fertile de la pyramide démographique américaine, ont un état d'esprit très différent de celui de leurs parents baby-boomers. Ils ont vécu une expérience très différente de l'Amérique. Les moins de 40 ans n'ont pas beaucoup de souvenirs d'une Amérique à l'économie dynamique, tirée par le secteur privé. Ils ont atteint l'âge adulte pendant une période historique étrange, marquée par un leadership politique exceptionnellement médiocre : de Clinton à Biden, ils n'ont connu que des présidences de qualité inférieure, qu'elles soient républicaines ou démocrates. Ils vivent dans une Amérique où la confiance du public dans les institutions fondamentales du pays a subi un effondrement spectaculaire et généralisé. Et ce n'est que le début d'une longue liste de différences. Faut-il s'étonner que les attentes et les désirs des milléniaux en matière de famille et d'enfants divergent de ceux de leurs parents de la « Morning in America » ? [le slogan optimiste de la campagne de Ronald Reagan : https://en.wikipedia.org/wiki/Morning_in_America ]

Au début des années 2000, alors que la fécondité aux États-Unis était encore à peu près au niveau de remplacement, j'ai inventé le terme « exception démographique américaine ». À l'époque, la fécondité aux États-Unis était nettement plus élevée qu'en Europe, au Japon et dans pratiquement toutes les autres sociétés démocratiques riches. Des facteurs non économiques semblaient jouer un rôle important dans cet écart de natalité : les valeurs, les attitudes, les priorités. La religiosité était beaucoup plus répandue aux États-Unis que dans l'Europe post-chrétienne. L'écart de fécondité entre les États-Unis et l'Europe s'accompagnait également d'autres différences d'attitude. Les Américains avaient tendance à être plus optimistes quant à l'avenir, plus fiers de leur pays, plus disposés à le défendre ou à se battre pour lui. Bien sûr, il s'agissait là de réponses générales de la population et non de questions destinées uniquement aux futures mères, mais les attitudes et les normes sociales générales ont une incidence sur les choix personnels de chacun d'entre nous.

[« deuxième transition démographique »]

L'Europe offre un exemple concret de la manière dont un changement radical des valeurs peut entraîner un changement radical de la démographie. Dans les années 1980, alors que la plupart des pays d'Europe occidentale avaient atteint un taux de fécondité inférieur au seuil de renouvellement, deux démographes flamands ont diagnostiqué ce qu'ils ont qualifié de « deuxième transition démographique » dans la région. Les symptômes de ce nouvel ordre démographique comprenaient l'augmentation des cohabitations et des partenariats successifs à la place du mariage, l'augmentation du nombre de personnes sans enfant, la diminution de la taille des familles pour celles qui avaient des enfants et le passage à une fécondité plus ou moins permanente inférieure au seuil de renouvellement. Selon leur diagnostic, ce changement social fondamental était dû à une transformation des valeurs, et non à des tendances technologiques ou économiques. Selon leur évaluation, la nouvelle démographie de l'Europe était alimentée par une quête de « réalisation de soi » et d'« autonomie personnelle ». Les anciennes formes familiales et les anciens modèles de fécondité ne cadraient pas très bien avec ces nouveaux impératifs personnels largement acceptés, et ont donc cédé la place.

Au cours des deux dernières décennies, la vision du monde des jeunes et des jeunes adultes américains s'est considérablement européanisée. La religiosité a chuté : dans un sondage Gallup réalisé plus tôt cette année, seuls 36 % des milléniaux ont déclaré appartenir à une congrégation religieuse. L'optimisme quant à l'avenir, la fierté de leur pays et la volonté de le défendre seraient également en déclin, se rapprochant des normes européennes. Faut-il s'étonner que leurs schémas de fécondité suivent la même tendance ? Et les premières indications suggèrent qu'un éloignement encore plus grand de la vision du monde « Morning in America » pourrait se profiler avec la cohorte plus jeune et montante de la génération Z.

[déclin démographique ? et alors ?]

À ce stade, nous devons nous poser la question suivante : qu'y a-t-il de si grave dans une fécondité inférieure au seuil de renouvellement ? Dans l'abstrait, une fécondité inférieure au seuil de renouvellement prolongée pourrait avoir ses avantages : les amis de la Terre invoqueraient le changement climatique et la nécessité de réduire l'empreinte humaine. De plus, s'il s'agit d'une préférence révélée, la taille de la famille, grande ou petite, est un droit naturel qui appartient aux parents concernés, et à personne d'autre. Et comme nous l'avons déjà expliqué en détail, il devrait être tout à fait possible pour une société en déclin de prospérer financièrement.

Il existe toutefois au moins une objection potentiellement sérieuse à la perspective d'un régime de fécondité nettement inférieur au seuil de remplacement aux États-Unis, à savoir le poids moral et idéologique qu'un tel régime est susceptible d'entraîner. Pessimisme, hésitation, dépendance, complaisance, ressentiment et division : pensons-nous vraiment que ces phénomènes seront moins présents dans une Amérique où le nombre d'enfants par famille serait de 1,5 ?

De plus, une Amérique en pleine « deuxième transition démographique » serait-elle vraiment prête à consentir les sacrifices patriotiques incessants nécessaires pour se défendre et défendre ses alliés, ou pour préserver l'ordre économique et politique libéral d'après-guerre dont dépendent si fortement notre prospérité et notre sécurité ? Pour le meilleur ou pour le pire, il n'y a pas de doublure qui attend dans les coulisses si les États-Unis devaient quitter la scène géopolitique et prendre des vacances dans l'histoire — en grande partie grâce à l'influence que la deuxième transition démographique a déjà exercée sur les anciennes grandes puissances.

[Israël]

Le courant sous-jacent qui entraîne aujourd'hui les sociétés occidentales vers un taux de natalité toujours plus bas n'est pas inévitable. Israël en est la preuve. Ce pays, démocratie occidentale prospère et en proie à des conflits, affiche des taux de fécondité bien supérieurs au seuil de renouvellement démographique, avec trois naissances par femme selon les dernières données. De plus, le taux de natalité en Israël a augmenté au cours de la dernière génération, alors qu'il était déjà supérieur au seuil de renouvellement démographique avec 2,9 enfants par femme dans les années 1990. Cette hausse est entièrement due à la communauté juive israélienne, le taux de natalité ayant diminué parmi les Arabes israéliens. Les fidèles ultra-orthodoxes d'Israël sont réputés pour leur fécondité, mais d'un point de vue arithmétique, l'augmentation générale de la fécondité israélienne semble également impliquer une fécondité plus élevée chez les juifs moins pratiquants. Il serait peut-être grossier et simpliste de dire que les Israéliens veulent que leur pays ait un avenir et que leurs descendants en fassent partie, mais une telle interprétation n'est peut-être pas si éloignée de la réalité.

[« grand réveil » ?]

L'expérience israélienne mériterait une attention beaucoup plus grande de la part des démographes, et pas seulement de ceux qui ont des tendances natalistes. Malgré toutes leurs affinités, les États-Unis et Israël auront toujours des sociétés très différentes. Mais l'Amérique possède également un riche héritage religieux. Une partie de cette tradition est constituée par les grands réveils https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_réveil ] qui se produisent de temps à autre.

Notre société incroyablement résiliente a déjà été revitalisée plus d'une fois, et ce n'est pas grâce au gouvernement. Une effervescence spontanée, intellectuellement et spirituellement disruptive, issue de la société civile pourrait offrir une réponse américaine à la culture de la « deuxième transition démographique ». Peut-être. Ce serait une tâche difficile, dont nous ne pouvons prévoir l'issue si elle venait à se produire.

 

Modifié par Wallaby
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il y a 19 minutes, Wallaby a dit :

Justement, Taïwan est une île chinoise. Ce n'est pas comme si la Chine envahissait un autre pays.

Le conflit sino-taïwanais est une relique de la guerre civile chinoise (1927-1949).

Si tu veux parler de l'invasion chinoise de Formose, il faut remonter à Koxinga au XVIIe siècle :

330px-Taiwan-17th-Century.jpg

source https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Taïwan#Koxinga_et_le_royaume_de_Tungning_(1661-1707)

justement, la Chine est tres grande... il faut donc du monde, à proximité des frontieres, pour etre certaine qu'elle ne va pas avoir de probleme avec un de ses voisins (il lui faut garder du monde de disponible...)

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