(Re)structuration du tissu industriel européen de défense

[Bechar06]

il y a une heure, Titus K a dit :

Roxel devient une filiale a 100% détenue par MBDA suite au rachat des 50% que Safran détenait

Cela peut laisser présager une acquisition de X ? par Safran... Quel X ?  Je ne vois pas mais Safran est assez diversifié et peut donc faire de la croissance externe en beaucoup d'endroits ?

Où serait un vide ou une lacune à combler de Safran ?  

[Titus K]

Audition de KNDS en commission défense  -->

https://videos.assemblee-nationale.fr/video.16207541_67ac5368097ea.commission-de-la-defense--auditions-diverses-12-fevrier-2025

[Titus K]

https://videos.assemblee-nationale.fr/video.16253747_67b4a59430360.commissions-des-affaires-economiques-de-la-defense-et-des-affaires-etrangeres--mm-sebastien-lecor-18-fevrier-2025

Lecornu :

"2025 promet, de ce que je ressens, je rentre d'IDEX [...]  2025 va être aussi une année hors norme je pense en matière d'exportation d'armes au regard des prospect"

Modifié le 18 février par Titus K

[Picdelamirand-oil]

Ursula von der Leyen dévoile un plan de près de 800 milliards d'euros pour la défense européenne et l'aide à l'Ukraine

Il prévoit notamment de mettre quelque 150 milliards de prêts à disposition des 27 pays de l'UE pour financer le renforcement de leurs capacités militaires.

Citation

Ursula von der Leyen a également confirmé sa volonté d'encourager les Etats membres à dépenser davantage pour leur défense, sans souci du respect des règles budgétaires de l'UE, qui les obligent à limiter leur déficit public à 3% de leur PIB.

 

Modifié le 4 mars par Picdelamirand-oil

[Myrtil]

Elle déploie 5 points mais la presse ne parle que du chiffre global. Hors, 650 milliards ne sont qu'une projection d'augmentation des dépenses par les pays pendant 4 ans, budget sorti du cadre de contrainte des 3%.
Par contre, elle a un troisième point qui pour le moment est peu explicite qui tourne vraisemblablement autour d'achats communs dont les règles ne sont probablement pas encore tranchées.

 

25 minutes ago, Picdelamirand-oil said:

Ursula von der Leyen dévoile un plan de près de 800 milliards d'euros pour la défense européenne et l'aide à l'Ukraine

Il prévoit notamment de mettre quelque 150 milliards de prêts à disposition des 27 pays de l'UE pour financer le renforcement de leurs capacités militaires.

 

[Clairon]

Y aurait-il moyen de faire un inventaire des priorités absolues pour ce fond commun ?

1° Dôme de fer Européen > donc avec des systèmes made in Europe ... Quitte à sacrifier le MICA VL au profit du CAMM/CAMM ER si ça permet d'imposer le SAMP/T

2° Observation, écoute, GE, détection : nouvel Awacs Européen, satellites (Ariane 6 devrait remarcher incessement), avions de GE/écoute, stations de "grandes oreilles"

3° Artillerie sol-sol longue portée Européenne

4° Armement aéroporté européen et en particulier SAED

Clairon

[Picdelamirand-oil]

il y a 20 minutes, Clairon a dit :

Y aurait-il moyen de faire un inventaire des priorités absolues pour ce fond commun ?

1° Dôme de fer Européen > donc avec des systèmes made in Europe ... Quitte à sacrifier le MICA VL au profit du CAMM/CAMM ER si ça permet d'imposer le SAMP/T

2° Observation, écoute, GE, détection : nouvel Awacs Européen, satellites (Ariane 6 devrait remarcher incessement), avions de GE/écoute, stations de "grandes oreilles"

3° Artillerie sol-sol longue portée Européenne

4° Armement aéroporté européen et en particulier SAED

Clairon

Oui mais j'espère qu'on peut acheter des drones à  la Chine pour avoir son parapluie?

[Bechar06]

il y a 53 minutes, Clairon a dit :

Y aurait-il moyen de faire un inventaire des priorités absolues pour ce fond commun ?

1° Dôme de fer Européen > donc avec des systèmes made in Europe ... Quitte à sacrifier le MICA VL au profit du CAMM/CAMM ER si ça permet d'imposer le SAMP/T

2° Observation, écoute, GE, détection : nouvel Awacs Européen, satellites (Ariane 6 devrait remarcher incessement), avions de GE/écoute, stations de "grandes oreilles"

3° Artillerie sol-sol longue portée Européenne

4° Armement aéroporté européen et en particulier SAED

Clairon

Qui va arbitrer entre les différents domaines de besoins  ( que tu explicites ou d'autres ? )

Qui va arbitrer sur la concurrence interne à l'Europe entre industriels ?  et entre pays européens  fournisseurs ? 

Qui va choisir Solution européenne d'abord ?  Vus à vis du minimum de recours aux solutions  & armements US ? 

Au moins 3 QUI-s ! 

Allez STP TRUMP programme nous un nouveau bon coup d'ici 4 ou 5 jours ! 

[Clairon]

il y a 29 minutes, Bechar06 a dit :

Qui va arbitrer entre les différents domaines de besoins  ( que tu explicites ou d'autres ? )

Qui va arbitrer sur la concurrence interne à l'Europe entre industriels ?  et entre pays européens  fournisseurs ? 

Qui va choisir Solution européenne d'abord ?  Vus à vis du minimum de recours aux solutions  & armements US ? 

 

1er Principe : Europa first, donc si ça existe en Europe et que c'est en terme de perf/prix acceptable (par plus cher de 20 à 30 %)

2e Principe : si il y a concurrence avec des systèmes au rapport prix/efficacité semblables (par ex. IRIS-T vs CAMM/CAMM ER) on prend d'abord la solution soit déjà la plus répandue, ou la plus "multi-pays" entrainant donc des retombées dans plusieurs pays, donc le cas donné CAMM ER plutôt qu'IRIS-T car adopté/présent en UK-Ita-Pol vs seulement DE

Il faut aussi peut-être voir la dispo immédiate ou proche d'une solution, si on a déjà 3 usines fabricant le CV90 en Europe et qu'on peut monter à X exemplaires par mois assez vite, peut-être d'abord choisir cette solution plutôt qu'une autre demandant de partir de zéro ...

Analyse des retombées complètes : le camion Arquus d'accord le chassis et l'assemblage sont français, mais la cabine est peut-être portuguaise, et le moteur suédois 

Donnant-donnant : ok pour le char Léopard, mais avec canon Ascalon et optique Safran, et missiles MMP et ASMP/T comme standard européen ... Il y aura en effet des révisions et décisions qui détendront ça et là certains sphincters ...

Clairon

[herciv]

Le principe principal. Ne surtout pas fabriquer un acteur unique et monopolistique au risque de faire un LM bis.

Le principe 2 avoir une dga ultra costaud qui donne le la et faite d'un corps d'ingenieur militaire et que les militaires ne soit la que comme invité.

Modifié le 4 mars par herciv

[Bechar06]

Il y a 2 heures, herciv a dit :

Le principe principal. Ne surtout pas fabriquer un acteur unique et monopolistique au risque de faire un LM bis.

Le principe 2 avoir une dga ultra costaud qui donne le la et faite d'un corps d'ingenieur militaire et que les militaires ne soit la que comme invité.

Voilà une proposition intéressante qui aurait donc aussi une mission d une concurrence minimale mais non trop ouverte, de pilotage des Bitd européennes : une DGA Européenne ! Mais attention à la structure de représentation des pays la dedans... passer d abord par qq pays leaders ? 

[gianks]

https://aresdifesa.it/leonardo-e-baykar-technologies-creano-una-joint-venture-per-lo-sviluppo-di-tecnologie-unmanned/

Leonardo et Baykar Technologies créent une joint-venture pour développer des technologies sans pilote
Un protocole d'accord (MoU) entre Baykar Technologies et Leonardo pour le développement de technologies sans pilote a été signé aujourd'hui à Rome, en présence du ministre de la Défense Guido Crosetto.

L’accord s’appuie sur les synergies industrielles et les complémentarités des deux entreprises dans le domaine des technologies sans pilote. La conception, le développement, la production et la maintenance de systèmes aériens sans pilote constituent le champ d'activité de la joint-venture basée en Italie.

Le partenariat s'appuiera sur les plateformes sans pilote avancées de Baykar, qui ont prouvé leur efficacité opérationnelle sur les marchés internationaux, et sur l'expérience de Leonardo dans la conception de systèmes de mission et de charge utile et la certification aéronautique associée en Europe. Le marché européen – comprenant les chasseurs sans pilote, les drones de surveillance armés et les drones d’attaque en profondeur – devrait atteindre 100 milliards de dollars au cours des dix prochaines années.

Les deux entreprises, toutes deux actuellement engagées dans le développement et la production de systèmes de drones (UAV), de systèmes électroniques, de charges utiles, de C4I (commandement, contrôle, communications, ordinateurs et renseignement), d'intelligence artificielle, de systèmes de mission intégrés, d'équipements et de services spatiaux, assureront l'interopérabilité au sein d'écosystèmes multi-domaines.

Avec la signature de l'accord, Leonardo et Baykar entendent poursuivre conjointement des opportunités sur les marchés européens et internationaux, en exploitant également de nouvelles synergies dans le secteur spatial.

« Avec Baykar – déclare Roberto Cingolani, PDG et directeur général de Leonardo – nous créons un nouvel acteur de référence dans les technologies sans pilote, qui jouera un rôle de plus en plus central dans l’avenir de la Défense. Aujourd’hui, nous signons une nouvelle alliance internationale qui permet un bond en avant significatif dans le domaine des systèmes sans pilote, ouvrant de nouvelles opportunités de marché, notamment en Europe. L’industrie de la défense est confrontée à des défis sans précédent tels que les systèmes sans pilote, l’intelligence artificielle, les chasseurs de sixième génération, la cybersécurité et l’espace. Dans ce scénario, nous sommes convaincus que la coopération technologique est nécessaire et urgente pour accélérer les progrès et assurer la sécurité mondiale.

Selçuk Bayraktar, président et directeur technique de Baykar, a déclaré : « En tant que leader mondial dans le développement, la production et l'exportation de drones armés, Baykar s'est toujours efforcé de repousser les limites de l'innovation dans l'aviation sans pilote. La compétence mondialement reconnue de Leonardo dans les systèmes C4I et son énorme savoir-faire dans les technologies d’intelligence artificielle rendent cette collaboration encore plus significative. Le partenariat stratégique avec Leonardo marque une étape importante dans l’expansion de notre empreinte technologique et le renforcement de notre présence dans le monde entier. Baykar combinera les technologies d’IA éthiques avec les immenses capacités de Leonardo en matière d’intelligence artificielle pour développer des solutions de nouvelle génération qui définiront l’avenir des systèmes aériens sans pilote. Ensemble, cette synergie conduira à la suprématie aérienne ultime pilotée par l’IA pour l’avenir des capacités défensives. »

Les sites Leonardo impliqués dans les activités développées par la Joint Venture seront ceux de Ronchi dei Legionari, centre spécialisé dans le secteur des avions sans pilote, de Turin et de Rome Tiburtina, respectivement pour les aspects liés à la production et pour le développement de technologies multi-domaines intégrées, et de Nerviano pour l'offre de solutions communes pour le secteur spatial.

[Bechar06]

il y a 57 minutes, gianks a dit :

Leonardo et Baykar Technologies créent une joint-venture pour développer des technologies sans pilote

Si cela rapproche la Turquie de l'Europe ... 

[Neuron]

Il y a 1 heure, Bechar06 a dit :

Si cela rapproche la Turquie de l'Europe ... 

la Turquie souhaiterait participer à la force européenne en Ukraine. 

[Paschi]

 

[Pakal]

Les start up israéliennes en ordre de bataille pour récupérer une partie de la manne de l'augmentation des budgets de la défense partout en Europe:  Salon "Europe Days" à Tel Avis avec la participation d'Airbus !

https://defence-network.com/europe-days-in-tel-aviv/

[Titus K]

Pour aujourd'hui --> https://www.ouest-france.fr/bretagne/lorient-56100/reprise-de-la-fonderie-de-bretagne-le-contexte-de-rearmement-favorable-a-europlasma-528939f2-fb33-11ef-84e6-97a4d0833d6d

Reprise de la Fonderie de Bretagne : le contexte de réarmement favorable à Europlasma

L’offre de reprise de la Fonderie de Bretagne par l’industriel fabricant de corps d’obus, Europlasma, a le soutien du ministère de l’économie, selon nos informations. Elle coïncide avec les annonces du président Macron en matière de réarmement de la France. Les offres de reprises seront examinées par le tribunal de commerce le 12 mars 2025.

[Ronfly]

On lâche nos fleurons...

https://www.lindependant.fr/2025/03/12/elle-equipe-les-rafales-les-chars-leclerc-ou-encore-les-sous-marins-nucleaires-lentreprise-lmb-aerospace-pourrait-devenir-americaine-la-france-se-12563564.php

..."Fondée il y a plus de 60 ans, l’entreprise française pourrait être rachetée par l’Américain Loar Group. Une situation qui inquiète jusqu’au plus haut sommet de l’État, dans un contexte international tendu, notamment en raison de la guerre en Ukraine..."

..."Sur son site internet, elle précise également qu’elle propose "une large gamme de ventilateurs et de solutions de refroidissement hautes performances de qualité militaire" pour les drones, les chars, les avions ou encore les sous-marins nucléaires français..."

[Alberas]

il y a 20 minutes, Ronfly a dit :

On lâche nos fleurons...

https://www.lindependant.fr/2025/03/12/elle-equipe-les-rafales-les-chars-leclerc-ou-encore-les-sous-marins-nucleaires-lentreprise-lmb-aerospace-pourrait-devenir-americaine-la-france-se-12563564.php

..."Fondée il y a plus de 60 ans, l’entreprise française pourrait être rachetée par l’Américain Loar Group. Une situation qui inquiète jusqu’au plus haut sommet de l’État, dans un contexte international tendu, notamment en raison de la guerre en Ukraine..."

..."Sur son site internet, elle précise également qu’elle propose "une large gamme de ventilateurs et de solutions de refroidissement hautes performances de qualité militaire" pour les drones, les chars, les avions ou encore les sous-marins nucléaires français..."

-On nous parle d'une PME de 75 salariés et de 40 Meur de CA, qui serait endettée (ça c'est normal si elle est en croissance) et dont le prix de cession serait de 365 Meur, 10 fois le chiffre d'affaire! : Ca parait démesuré.

L'explication (pour moi) est dans l'identité de l'acheteur. LOAR group est une holding d'entreprises travaillant chacune dans une niche technique de l'aéronautique. Il fonctionne comme un grossiste en quincailleire spécialisée. 

Au 1er abord, c'est positif pour la PME française, car ça lui ouvre un marché plus important. Mais pour rentabiliser son achat, LOAR Group va ceratienement fortement augmenter les prix.

Et après ...

Tout ceci pose quand m^me le problème de la pérennité d'une PME de 75 employés sur un marché de niche. Pas simple.

[herciv]

il y a 11 minutes, Alberas a dit :

Tout ceci pose quand m^me le problème de la pérennité d'une PME de 75 employés sur un marché de niche. Pas simple.

EH bien çà veut dire qu'il va y avoir une intégration des acteurs. Il n'y a plus besoin de Petite PME mais de grosses pour produire en série et être capable d'investir pour s'équiper.

[Ronfly]

https://fr.finance.yahoo.com/actualites/défense-entreprises-françaises-face-au-062655627.html?guccounter=1&guce_referrer=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8&guce_referrer_sig=AQAAAMkuz2oKz7ixt3yaazzqFrDdjqKyC8yfzF831pBVgiaR3B6zBiVAvfT7pqUTpLLIsYC8jWoQM4erN9ZJrk5LzOG4vrmav1kshckMyWdKeNLEfDmWFuyfw7Q_mdJRltNoXxpJcRCdzM1Ff-yjAxeCeVjaEJg3Q9JW5sENUhr4VI0I

..."- "Maillon faible" -

"Une limite importante, c'est celle du personnel, ajoute-t-il: trouver des chaudronniers compétents pour les fabrications de base sur des matériaux aluminiums, par exemple, est "difficile".

Autre défi, "la souveraineté de l'approvisionnement", pointe Guillem Monsonis, dont l'entreprise constitue depuis des années des stocks de poudre explosive pour nourrir sa production. La vigilance est particulièrement de mise sur les "goulets d'étranglement" potentiels si de nombreux industriels doivent répondre en même temps à l'explosion de leurs carnets de commande.

Au-delà des capacités, le secteur se pose surtout la question de l'objectif final de cette accélération.

"On ne peut pas faire des montées en cadence pour redescendre ensuite, c'est impossible", note Philippe Keryer, pour qui la "visibilité à long terme" est fondamentale.

"Si on embauche, il faut qu'on puisse avoir du boulot à donner derrière", abonde Guillem Monsonis, dont l'entreprise a engagé "500 personnes par an en moyenne" depuis le début de la guerre en Ukraine...."

[Alberas]

il y a 7 minutes, herciv a dit :

EH bien çà veut dire qu'il va y avoir une intégration des acteurs. Il n'y a plus besoin de Petite PME mais de grosses pour produire en série et être capable d'investir pour s'équiper.

Oui, et c'est là où le groupe américain amène ses dollars

[Borisdedante]

 

Le fabricant suédois de batteries électriques Northvolt fait faillite, 5 000 emplois affectés

Northvolt était considéré comme l'un des espoirs européens du secteur des batteries, notamment pour les véhicules électriques, face aux géants chinois et coréens.

https://www.francetvinfo.fr/economie/industrie/le-fabricant-suedois-de-batteries-electriques-northvolt-fait-faillite-5-000-emplois-affectes_7123644.html 

 

[MrSpirou]

Confirmation que John Cockerill cherche un site de production de véhicules blindés en Belgique (pour arquus ?) . Le site d'Audi Brussels et celui de Caterpillar à Gosselies sont des candidats potentiels. 

https://www.rtbf.be/article/le-patron-du-groupe-cockerill-confirme-son-interet-de-construire-des-blindes-legers-sur-le-sol-belge-11517412

[Picdelamirand-oil]

Livre blanc sur la défense : le pari ambitieux de la Commission européenne pour réarmer l'Europe

Quinze jours après la présentation du plan d'investissement "ReArm EU", la Commission européenne a dévoilé ce mercredi 19 mars sa feuille de route pour booster l'industrie de défense de l'Union et assurer la sécurité du continent sur le long terme. Voici les principaux axes à retenir.

"Des décennies de sous-investissements dans la défense à travers l'UE ont mené à des insuffisances critiques en matière de capacités militaires, des forces armées réduites et manquant de ressources, ainsi qu'une base industrielle de défense fragmentée". Le Livre blanc sur l'avenir de la défense européenne envoie un message clair.

Son contenu a été dévoilé mercredi 19 mars par le commissaire européen à la défense, Andrius Kubilius, et la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. L'Estonienne a rappelé l'urgence et la nécessité pour l'UE d'investir pour sa sécurité, soulignant que la Russie est en économie de guerre et reste une menace pour les années à venir. Et ce, même si un accord de cessez-le-feu est trouvé avec l'Ukraine dans les mois qui viennent.

"Selon certains services de renseignements, la Russie serait même prête à 'tester' des Etats membres de l'UE d'ici trois à cinq ans", confirme un expert de la Commission. De l'autre côté de l'Atlantique, les Etats-Unis revoient leurs priorités stratégiques, en se rapprochant de Moscou et en menaçant de se désengager de l'Otan. Pourtant, les Européens restent dépendants de leur allié historique pour leur sécurité et continuent d'importer la majorité de leurs armes aux américains.

Le constat est donc sans appel : les pays de l'UE doivent investir davantage, vite et mieux pour assurer leur défense. D’autant qu’aujourd’hui, les dépenses européennes dans ce domaine sont bien inférieures à celles des Etats-Unis, de la Russie ou de la Chine.

Le Livre blanc présenté aujourd'hui doit permettre de combler les lacunes des forces armées de l'Union, et identifie pour cela les besoins d’investissement prioritaires. Ces orientations seront financées grâce au plan "ReArm Europe" (Réarmer l'Europe), qui mobilisera jusqu'à 800 milliards d'euros afin de renforcer les capacités de défense européennes d'ici à 2030. L'Otan reste la pierre angulaire de la défense collective du Vieux Continent, rappelle le document. Les efforts de l'UE sur le plan matériel et stratégique pour stimuler sa base industrielle de défense lui permettront de couvrir les besoins des 23 pays de l'UE membres de l'alliance atlantique.

Coopération et préférence européenne

Le marché européen de la défense souffre d’une fragmentation qui nuit à l'efficacité et à la compétitivité du secteur. Les Etats investissent des sommes conséquentes pour leur défense – plus de 2 % de leur PIB pour la plupart -, mais peu d'initiatives communes voient le jour. Pour y remédier, des "projets phares" réunissant au moins deux pays de l'UE seront menés à grande échelle. La Commission a identifié sept secteurs critiques, allant de la défense aérienne et antimissile, à l'intelligence artificielle, en passant par les drones.

Le but : pousser les Européens à investir ensemble, créer des systèmes interopérables (utilisables partout en Europe) et permettre une meilleure coopération en matière militaire. La Commission propose aussi de mettre en place une centrale d'achat commune pour l'armement, sur le modèle des achats conjoints de vaccins lors de la pandémie de Covid-19.

Mais il n’est pas question d'acheter uniquement aux Américains. Désormais, Bruxelles veut offrir un traitement préférentiel aux entreprises européennes en imposant que 65 % de la valeur totale d'un produit soit d'origine européenne. Ainsi, plus de la moitié des composants d'un système d'armement, par exemple les systèmes d'artillerie, devront provenir de l'UE.

Cette nouvelle feuille de route doit ainsi faciliter la coopération entre les pays de l'Union européenne… mais pas seulement. La directive européenne sur les marchés publics devrait être révisée pour ouvrir la porte à la participation d'alliés hors-UE : la Norvège, la Corée du Sud, ou encore le Canada. Ces derniers ne bénéficieront pas des fonds européens mais pourront participer à des projets d'armement conjoints avec les pays de l'Union.

"ReArm Europe" : un programme de financement conséquent

Comment financer cette montée en puissance de l'industrie de défense européenne ? Mettre en œuvre une telle stratégie nécessite de grands moyens. Le plan "ReArm Europe", présenté par Ursula von der Leyen début mars, met à disposition des Etats membres plusieurs outils leur permettant d'investir jusqu'à 800 milliards d'euros au total.

A commencer par 150 milliards d'euros sous forme de prêts, contractés par l'Union européenne sur les marchés financiers. Baptisée "SAFE", cette enveloppe sera mise à disposition des Etats volontaires. Un pays qui souhaite investir devra soumettre un plan d'investissement à l'exécutif européen dans un délai de six mois. Les armes "simples" devront majoritairement reposer sur la préférence européenne. En revanche, pour les systèmes de défense plus "complexes", des conditions s'ajoutent. L'autorité de conception devra être européenne et les pays tiers devront conclure un accord international avec l'UE pour délimiter clairement leur participation aux chaînes d'approvisionnement. Un tel accord est en cours de négociation avec le Canada. "L'industrie souhaite augmenter la cadence pour sortir du cercle vicieux d'acheter vite aux américains. Le but ici est d'enclencher beaucoup de contrats en Europe, quitte à le faire sur du plus long terme", détaille un expert à la Commission.

Les 650 milliards restants proviendront des budgets de défense nationaux des Etats membres. Mais ces efforts supplémentaires seront en partie exemptés des règles européennes sur la dette et le déficit. D'ici le printemps 2025, la Commission européenne compte activer une clause dérogatoire au Pacte de stabilité et de croissance. Elle permettra aux Vingt-Sept d'augmenter leurs dépenses de défense sans déclencher de procédure pour déficit excessif de la part de l'exécutif européen.

Autre nouveauté de ReArm EU, la Banque européenne d'investissement pourrait apporter une aide substantielle. Dans une lettre ouvert signée le 31 janvier 2025, plus de 20 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont demandé à l'institution financière de revoir son champ de compétences.

"Les prêts de la BEI sont intéressants pour construire de nouvelles usines, ou acheter de nouveaux équipements de production. Toujours dans l'objectif d'une montée en puissance des capacités industrielles", précise le même expert de la Commission européenne. Le conseil des gouverneurs de la BEI devrait se prononcer sur ce sujet prochainement.

Se réarmer pour et avec l'Ukraine

Pour les Européens, l'urgence n'est pas seulement d'augmenter leurs capacités militaires et de continuer de fournir des armes à Kiev, mais aussi de permettre à l'Ukraine de peser dans les négociations face à la Russie. Depuis février 2022, l'UE et ses Etats membres ont fourni à l’Ukraine environ 50 milliards d'euros d'aide militaire, notamment via la Facilité européenne pour la paix. "Cette aide s'est révélée cruciale mais insuffisante pour mettre fin à l'agression russe", peut-on lire dans le Livre blanc.

Sans investissement supplémentaire et significatif, l'Ukraine ne pourra pas être en position de force ni en capacité de négocier une paix juste et durable, poursuit le document. Le pays aura besoin d'importants moyens pour assurer la viabilité d'un accord de paix et se protéger de potentielles attaques.

Le Livre blanc souligne son intention de rapprocher l'industrie de défense ukrainienne du marché européen, et d'intégrer les priorités de Kiev à celles de l'UE en matière de développement des capacités de défense. Une proposition en discussion dans le cadre de l'adoption du programme européen de soutien à l'industrie de la défense (EDIP). Ce programme est déjà étudié par le Parlement européen et le Conseil de l'UE et pourrait être adopté en mai 2025.

Le Livre blanc sur l’avenir de la défense européenne et son pendant financier, ReArm EU, seront au cœur des discussions des dirigeants de l'UE lors du Conseil européen des 20 et 21 mars.