C’est un message populaire. Rob1 Posté(e) le 22 juin C’est un message populaire. Share Posté(e) le 22 juin 1 1 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ciders Posté(e) le 22 juin Share Posté(e) le 22 juin On va finir par arriver plus vite que prévu au monde d'Idiocracy. Avec un superordinateur défectueux (comme celui de l'univers de V pour Vendetta) en lieu et place du pouvoir. 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 23 juin Share Posté(e) le 23 juin Il y a 16 heures, Ciders a dit : On va finir par arriver plus vite que prévu au monde d'Idiocracy. Avec un superordinateur défectueux (comme celui de l'univers de V pour Vendetta) en lieu et place du pouvoir. On y est déjà en plein avec la fin du gouvernement de homme et la "dictature" de la gouvernance par les nombres Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 23 juin Auteur Share Posté(e) le 23 juin Il y a 8 heures, g4lly a dit : On y est déjà en plein avec la fin du gouvernement de homme et la "dictature" de la gouvernance par les nombres Est-ce que tu pourrais préciser ce que tu appelles "gouvernance par les nombres" ? Est-ce qu'on n'a pas toujours gouverné par les nombres, en tout cas depuis qu'on a ce qu'on appelle des "civilisations", c'est à dire des sociétés humaines dotées de systèmes d'écriture ? Est-ce que les plus anciennes tablettes cunéiformes ne sont pas des comptes ou des inventaires ? L'écriture inca, le quipu n'était-elle pas avant tout un système de notation des nombres, dans un but comptable ? On parle "d'économie palatiale" : https://fr.wikipedia.org/wiki/Économie_palatiale Une économie de palais, économie de redistribution ou encore économie palatiale[1], est un système d'organisation économique dans lequel une part substantielle de la richesse passe par le contrôle d'une administration centralisée, le palais. Ensuite le palais diffuse et redistribue la richesse vers la population. Il était traditionnellement justifié par le principe que le palais était le plus à même de distribuer efficacement les richesses au profit de la société. La civilisation mycénienne succède à la civilisation minoenne. La connaissance de l'organisation politique de la société mycénienne est meilleure à l'échelle locale, grâce aux sources administratives en linéaire B provenant des palais de Pylos et de Cnossos, ou encore de Thèbes[9]. Les produits des terres agricoles environnantes ont été collectés, enregistrés et stockés dans les palais, comme en témoignent le grand nombre de magasins et de pithos (pots de stockage) récupérés. La découverte de tablettes en Linéaire A et Linéaire B, répertoriant les produits dans les zones d'archives du Palais de Knossos, suggère une bureaucratie très organisée et un système de tenue de registres qui contrôlait tous les produits entrants et sortants. À Pylos, des archives similaires montrent que le palais prélevait des taxes en nature sur des membres des communautés rurales, sans doute en tant que redevance contre l'attribution de terres palatiales[10]. De plus, la métallurgie est également documentée à Pylos par une série de tablettes qui montre que le palais distribuait du bronze à des forgerons qui devaient ensuite rendre le produit fini. L'écriture et les nombres, c'est des technologies. Mais si on remonte encore plus loin, même les singes savent compter. On parle de "compétence numérique" chez les primates non humains. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 23 juin Share Posté(e) le 23 juin Il y a 1 heure, Wallaby a dit : Est-ce que tu pourrais préciser ce que tu appelles "gouvernance par les nombres" ? Est-ce qu'on n'a pas toujours gouverné par les nombres, en tout cas depuis qu'on a ce qu'on appelle des "civilisations", c'est à dire des sociétés humaines dotées de systèmes d'écriture ? Est-ce que les plus anciennes tablettes cunéiformes ne sont pas des comptes ou des inventaires ? L'écriture inca, le quipu n'était-elle pas avant tout un système de notation des nombres, dans un but comptable ? On parle "d'économie palatiale" : https://fr.wikipedia.org/wiki/Économie_palatiale Une économie de palais, économie de redistribution ou encore économie palatiale[1], est un système d'organisation économique dans lequel une part substantielle de la richesse passe par le contrôle d'une administration centralisée, le palais. Ensuite le palais diffuse et redistribue la richesse vers la population. Il était traditionnellement justifié par le principe que le palais était le plus à même de distribuer efficacement les richesses au profit de la société. La civilisation mycénienne succède à la civilisation minoenne. La connaissance de l'organisation politique de la société mycénienne est meilleure à l'échelle locale, grâce aux sources administratives en linéaire B provenant des palais de Pylos et de Cnossos, ou encore de Thèbes[9]. Les produits des terres agricoles environnantes ont été collectés, enregistrés et stockés dans les palais, comme en témoignent le grand nombre de magasins et de pithos (pots de stockage) récupérés. La découverte de tablettes en Linéaire A et Linéaire B, répertoriant les produits dans les zones d'archives du Palais de Knossos, suggère une bureaucratie très organisée et un système de tenue de registres qui contrôlait tous les produits entrants et sortants. À Pylos, des archives similaires montrent que le palais prélevait des taxes en nature sur des membres des communautés rurales, sans doute en tant que redevance contre l'attribution de terres palatiales[10]. De plus, la métallurgie est également documentée à Pylos par une série de tablettes qui montre que le palais distribuait du bronze à des forgerons qui devaient ensuite rendre le produit fini. L'écriture et les nombres, c'est des technologies. Mais si on remonte encore plus loin, même les singes savent compter. On parle de "compétence numérique" chez les primates non humains. http://pombo.free.fr/supiot2015.pdf 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rendbo Posté(e) le 23 juin Share Posté(e) le 23 juin Il y a 1 heure, Wallaby a dit : Est-ce que tu pourrais préciser ce que tu appelles "gouvernance par les nombres" ? J'interpète différemment le propos d' @g4lly : les nombres ne sont pas la finalité mais un outil de mesure de la réalité. Ce qui prime est la direction et les valeurs mise en avant par une société, ce qu'applique la volonté politique du gouvernement des hommes, et non le compte à zéro/positif (économique mais pas que). Nous sommes sur un forum militaire, donc pour illustration nous prendrons ce vaste sujet qu'est : "Notre souveraineté et nos moyens militaires sont ils une variable d'ajustement comptable ?" Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 23 juin Auteur Share Posté(e) le 23 juin il y a 29 minutes, g4lly a dit : http://pombo.free.fr/supiot2015.pdf Merci. Je ne connaissais pas. Une recension par Jacques Le Goff ici : https://shs.cairn.info/revue-projet-2015-6-page-90?lang=fr (21 janvier 2016) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 23 juin Auteur Share Posté(e) le 23 juin il y a 33 minutes, rendbo a dit : J'interpète différemment le propos d' @g4lly : les nombres ne sont pas la finalité mais un outil de mesure de la réalité. Ce qui prime est la direction et les valeurs mise en avant par une société, ce qu'applique la volonté politique du gouvernement des hommes, et non le compte à zéro/positif (économique mais pas que). Nous sommes sur un forum militaire, donc pour illustration nous prendrons ce vaste sujet qu'est : "Notre souveraineté et nos moyens militaires sont ils une variable d'ajustement comptable ?" Ou peut-être qu'une déclinaison militaire du problème, ce serait : est-ce que l'objectif chiffré de x% du PIB consacré à la défense, notamment dans l'OTAN garantit une bonne défense ? Par exemple en Angleterre où « Une enquête réalisée l'année dernière a révélé que seuls 11 % des jeunes âgés de 18 à 27 ans seraient prêts à prendre les armes pour défendre la Grande-Bretagne, 48 % d'entre eux affirmant qu'il s'agit d'un « pays raciste » ». https://forum.air-defense.net/topic/21512-royaume-uni/page/51/#comment-1812546 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
gustave Posté(e) le 23 juin Share Posté(e) le 23 juin Il y a 10 heures, Wallaby a dit : Est-ce que tu pourrais préciser ce que tu appelles "gouvernance par les nombres" ? Est-ce qu'on n'a pas toujours gouverné par les nombres, en tout cas depuis qu'on a ce qu'on appelle des "civilisations", c'est à dire des sociétés humaines dotées de systèmes d'écriture ? Est-ce que les plus anciennes tablettes cunéiformes ne sont pas des comptes ou des inventaires ? L'écriture inca, le quipu n'était-elle pas avant tout un système de notation des nombres, dans un but comptable ? Il y a la capacité à dénombrer, et gouverner par les nombres (la statistique serait plus exacte). Cette (r)évolution semble émerger au XIX siècle avec le gonflement des populations urbaines et la nécessité de les gérer (faut-il les aider? laisser faire la sélection naturelle? etc...). Il y aurait eu alors une rupture dans le rapport au nombre, qui auparavant était largement concurrencé par le symbolique et le qualitatif. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
collectionneur Posté(e) le 23 juin Share Posté(e) le 23 juin @Wallaby Durant les années 1930, on a eu de telles sondage en Angleterre sur le nombre d'étudiants près à défendre leur pays après l'hécatombe de la Grande Guerre. Et en 1939/1940, ils ont pourtant combattu les Allemands. 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
herciv Posté(e) le 24 juin Share Posté(e) le 24 juin (modifié) Il y a 11 heures, gustave a dit : Il y a la capacité à dénombrer, et gouverner par les nombres (la statistique serait plus exacte). Cette (r)évolution semble émerger au XIX siècle avec le gonflement des populations urbaines et la nécessité de les gérer (faut-il les aider? laisser faire la sélection naturelle? etc...). Il y aurait eu alors une rupture dans le rapport au nombre, qui auparavant était largement concurrencé par le symbolique et le qualitatif. Je m'intéresse de très près à l'histoire de Toulon et il y a des points intéressant de ce point de vue. En fait ta considération sur cette rupture n'est qu'un problème de champ de vision. Les villes du XVème siècles très autonomes, très autarciques vivaient très largement avec un rapport au nombre très poussé. La gestion des parcelles, l'enregistrement des transaction commerciales devant notaires (40 notaires à Toulon pour une ville de 450 familles), l'attractivité de la ville par l'industrie ou la réputation. Tout çà ce sont des méthodes de gestion qu'on retrouve à une autre échelles maintenant mais qui préexistait très largement avant. Modifié le 24 juin par herciv 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 24 juin Auteur Share Posté(e) le 24 juin (modifié) Aux États-Unis, la technocratie fait son entrée par la grande porte dans la politique au moment de l'ère progressiste. Qui est une réforme de la période précédente où il y avait beaucoup de corruption, beaucoup d'incompétence. Le 01/08/2017 à 19:58, Wallaby a dit : Et même plus tôt : c'est même l'essence du "progressisme" de l'ère Teddy Roosevelt-Wilson, qui critiquait la toute-puissance des partis, corrompus. Au fond, soutiennent les progressistes (...) il faut enfin que des experts, des techniciens, et non des politiciens, prennent en charge les problèmes de santé, les questions sociales, la gestion des étouts, le pavage des rues, le contrôle des moyens de communication, etc. Il arrive - rarement - que les progressistes réclament la municipalisation des compagnies des eaux, de l'électricité et du gaz, comme à San Francisco en 1898. Deux types de réformes institutionnelles sont appliqués. Le premier est né à Galvelston (Texas). La municipalité se compose d'une commission qui comprend en général cinq personnes élues et chargées de gérer les affaires. Les responsabilités sont localisées et rien n'empêche qu'un maire soit alors revêtu d'une autorité symbolique. L'autre type apparaît à Staunton (Virginie). Le conseil municipal élu désigne un manager qui fait office de syndic et tient le rôle du pouvoir exécutif, même si le maire continue d'exister, là aussi à titre symbolique. Le manager et les membres de la commission ont en commun de n'être pas des politiques, mais des administrateurs qui ont été choisis pour leurs qualités de gestionnaires. André Kaspi Les Américains, 1. Naissance et essor des Etats-Unis, 1607-1945, Seuil, Points Histoire 1986 p255-256. - https://fr.wikipedia.org/wiki/Ère_progressiste https://en.wikipedia.org/wiki/Progressive_Era Les progressistes étaient de fervents modernisateurs, croyant que la science et la technologie étaient la grande solution aux défauts de la société. Ils considéraient l'éducation comme la clé permettant de combler le fossé entre la société actuelle, gaspilleuse, et la société future, éclairée par la technologie. Le progressisme se caractérise notamment par une attitude favorable à l'égard de la société urbaine et industrielle, la croyance en la capacité de l'humanité à améliorer l'environnement et les conditions de vie, la croyance en l'obligation d'intervenir dans les affaires économiques et sociales, la croyance en la capacité des experts et en l'efficacité de l'intervention de l'État[26][27]. La gestion scientifique, promulguée par Frederick Winslow Taylor, est devenue le mot d'ordre de l'efficacité industrielle et de l'élimination du gaspillage, avec le chronomètre comme symbole[28][29]. Modifié le 24 juin par Wallaby 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Lordtemplar Posté(e) le 24 juin Share Posté(e) le 24 juin (modifié) un exemple parfait https://ukdefencejournal.org.uk/dozens-of-pro-indy-accounts-go-dark-after-israeli-strikes/#comment-955259 Suite aux frappes en Iran, des comptes pro-independence Ecosse n'ont pas poste depuis quelques jours. Tous simultanement, car les serveurs Iraniens avaient des difficultes. "what we are seeing is classic IRGC-linked activity: coordinated accounts posting at regular intervals, linguistic and thematic uniformity across profiles, and sudden synchronous silence. The kicker is infrastructure dependency. These accounts didn’t log off, they were cut off almost certainly because their command-and-control layer, likely hosted through Iranian VPN exit nodes or proxy managed access platforms, went down after the strikes. This kind of abrupt network wide halt is a textbook signature of an externalised influence operation losing its operational backend" "The abrupt and near-simultaneous disappearance of dozens of pro-independence accounts on 12 June 2025 occurred on the same day that Israel launched a series of coordinated air and cyber strikes on Iran. These attacks reportedly targeted infrastructure associated with the Islamic Revolutionary Guard Corps (IRGC), including facilities linked to electronic warfare and cyber operations. Within 48 hours of the strike, large parts of Iran experienced rolling blackouts, fuel shortages, and telecommunications failures. Independent monitoring organisations such as NetBlocks confirmed that internet connectivity across Iran fell to less than five percent of normal levels by 14 June. This was one of the most severe network disruptions in Iran since the 2019 domestic unrest." Modifié le 24 juin par Lordtemplar 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
collectionneur Posté(e) le 24 juin Share Posté(e) le 24 juin @Lordtemplar A mettre sur le fil écosse indépendantiste : 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 25 juin Auteur Share Posté(e) le 25 juin https://www.nytimes.com/2025/05/30/technology/trump-palantir-data-americans.html Trump choisit Palantir pour compiler des données sur les Américains L'administration Trump a élargi le travail de Palantir avec le gouvernement, en diffusant la technologie de l'entreprise - qui pourrait facilement fusionner les données sur les Américains - dans toutes les agences. Cette initiative a permis d'intégrer un produit clé de Palantir, appelé Foundry, dans au moins quatre agences fédérales, dont le D.H.S. et le département de la santé et des services sociaux. L'adoption à grande échelle de Foundry, qui organise et analyse les données, ouvre la voie à M. Trump pour fusionner facilement les informations provenant de différentes agences, ont déclaré les représentants du gouvernement. La création de portraits détaillés d'Américains à partir de données gouvernementales n'est pas une simple utopie. L'administration Trump a déjà demandé l'accès à des centaines de points de données sur les citoyens et d'autres personnes par le biais de bases de données gouvernementales, y compris leurs numéros de compte bancaire, le montant de leur dette étudiante, leurs demandes de remboursement de frais médicaux et tout statut d'invalidité. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
gustave Posté(e) le 25 juin Share Posté(e) le 25 juin Le 24/06/2025 à 09:27, herciv a dit : Je m'intéresse de très près à l'histoire de Toulon et il y a des points intéressant de ce point de vue. En fait ta considération sur cette rupture n'est qu'un problème de champ de vision. Les villes du XVème siècles très autonomes, très autarciques vivaient très largement avec un rapport au nombre très poussé. La gestion des parcelles, l'enregistrement des transaction commerciales devant notaires (40 notaires à Toulon pour une ville de 450 familles), l'attractivité de la ville par l'industrie ou la réputation. Tout çà ce sont des méthodes de gestion qu'on retrouve à une autre échelles maintenant mais qui préexistait très largement avant. Il y a une différence fondamentale (une rupture en fait) entre des sociétés qui s'appuyaient sur des chiffres et des actes mais conservaient une vision du monde très "qualitative" et une société qui se décrit d'abord à travers des statistiques. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 28 juin Share Posté(e) le 28 juin La reconnaissance faciale, puissant outil de contrôle et de répression dans les régimes autoritaires Cette technologie, en plein essor, est utilisée sans frein dans les pays répressifs, qui en ont fait une arme pour surveiller, cibler et réduire au silence les opposants et les minorités. Depuis quelques semaines, les manifestations antigouvernementales en Géorgie ont des airs de carnaval, la liesse en moins. Loup vénitien à paillettes, bandeau noir en dentelle, masque de clown, lunettes géantes en forme de cœur… A Tbilissi, les protestataires rivalisent de créativité pour tenter d’échapper aux caméras à reconnaissance faciale que le régime fait installer massivement depuis le début du mouvement de contestation, en novembre 2024. « On est prudent, il faut éviter d’être identifié par les caméras. Sinon on reçoit une amende de 5 000 laris [1 587 euros] », explique un manifestant anonyme, masque chirurgical et lunettes de soleil sur le nez, malgré la nuit tombée. Visibles aux abords du Parlement, l’épicentre des protestations, la plupart de ces caméras de haute technologie ont été achetées à l’entreprise chinoise Dahua, sanctionnée par les Etats-Unis, en 2019, pour son implication dans la répression des Ouïgours dans la région chinoise du Xinjiang. Selon le ministère de l’intérieur géorgien, 30 nouvelles caméras ont été installées rien qu’à Tbilissi, officiellement pour remplacer celles endommagées pendant les manifestations et « pour assurer une sécurité efficace des actions de protestation ». Leur multiplication en Géorgie, qui a signé un partenariat stratégique avec la Chine en 2023, inquiète les militants de la société civile. L’Association des jeunes avocats géorgiens (GYLA) dénonce une tactique d’intimidation et de contrôle des manifestants, avec un inquiétant « effet dissuasif » au moment où cette ex-république soviétique du Caucase tourne le dos à l’Union européenne (UE) et s’enfonce dans l’autoritarisme. Les images captées lors des rassemblements sont souvent les seules preuves utilisées pendant les procès des manifestants, s’alarme GYLA. « C’est leur nouvelle méthode pour effrayer les gens, remarque Tata Tchankvetadze, experte juridique au sein de cette organisation. En zoomant, ces caméras permettent même de lire ce qui est écrit sur une feuille de papier tenue par un manifestant. Les autorités rassemblent beaucoup d’informations sur nous, qu’elles peuvent utiliser comme elles le veulent. » La Géorgie est loin d’être le seul pays à avoir succombé à l’attrait de cette technologie alimentée par l’intelligence artificielle (IA). « Nous constatons une utilisation de plus en plus répandue des technologies de reconnaissance faciale par tous types de gouvernement », affirme Damini Satija, responsable d’Amnesty Tech, le programme technologie et droits humains d’Amnesty International. D’après plusieurs cabinets de conseil, le marché est estimé à 6,8 milliards d’euros, et pourrait dépasser 15 milliards d’euros en 2030. Qu’ils soient démocratiques ou autoritaires, les Etats sont séduits par la promesse des industriels vantant des gains d’efficacité et des économies de main-d’œuvre dans l’application de la loi et le maintien de l’ordre. Progrès de l’IA Mais, à la différence de l’Europe, en particulier de la France, où la reconnaissance faciale dans l’espace public est une ligne rouge, cette technologie est utilisée sans restriction dans les pays autoritaires, où elle est devenue un puissant outil de contrôle et de dissuasion. De la Chine à la Russie, en passant par l’Ouganda, l’Iran, les Emirats arabes unis ou le Venezuela, tous en ont fait une arme pour surveiller, cibler et réduire au silence les opposants ou les minorités. « Il est difficile d’avoir une vue d’ensemble précise sur les pays qui l’utilisent, parce que c’est souvent fait de façon très opaque, remarque Anna Bacciarelli, spécialiste de l’IA à Human Rights Watch. Il n’existe pas non plus de traité international pour encadrer son usage et poser des lignes rouges. » L’UE est la seule à avoir légiféré avec une loi sur l’IA, adoptée en mars 2024. Tata Tchankvetadze, experte IA auprès de l’Association des jeunes avocats géorgiens, à Tbilissi, le 17 mai 2025. Technologie longtemps balbutiante et confidentielle, la reconnaissance faciale, explorée dès les années 1960 par des scientifiques américains, a pris son envol entre 2010 et 2020 grâce aux progrès de l’IA. La plupart des systèmes fonctionnent en détectant un visage sur une image (photographie ou flux vidéo) et en calculant un certain nombre de points (emplacement des yeux, espace entre le nez et la bouche…) avant de les comparer avec ceux d’autres visages. Le système fournit ensuite un taux de similarité : au-dessus d’un certain seuil, la correspondance est validée. Si la technologie a notamment été développée aux Etats-Unis, c’est la Chine qui, la première, l’a adoptée massivement. Les capacités de reconnaissance faciale sont venues s’ajouter à un réseau dense de caméras de surveillance installées dans le pays. Dès 2005, le ministère de la sécurité publique lance le programme « Skynet », qui vise à installer 20 millions de caméras de surveillance dans les grandes villes. Onze ans plus tard, en 2016, les autorités veulent mieux connecter les millions de caméras supplémentaires : elles lancent le programme « Sharp Eyes » (« yeux perçants »), qui fait de la reconnaissance faciale une priorité. Le nom est emprunté à un slogan popularisé pendant la Révolution culturelle (1966-1976), « le peuple a des yeux perçants », appelant les Chinois à la surveillance mutuelle. Le but, assumé, est d’atteindre une couverture par la vidéosurveillance à 100 %, « sans points aveugles ». Des géants des technologies, comme Alibaba et Huawei, des start-up spécialisées, comme SenseTime et Megvii, et les champions des caméras de surveillance, comme Hikvision et Dahua, respectivement premier et deuxième producteurs mondiaux, proposent tous des outils de reconnaissance faciale. A Shanghaï et dans d’autres métropoles, on voit fleurir, entre 2016 et 2019, des caméras au-dessus des trottoirs, aux carrefours, à l’entrée des résidences. Certaines sont même équipées d’éclairages, pour pouvoir mieux identifier les passants la nuit. Au tournant de 2020, même les villages reculés ou les plages touristiques sont équipés de caméras. Aujourd’hui, il y en aurait entre 550 millions et 650 millions dans le pays. « Quadrillage » du territoire La reconnaissance faciale change la manière de surveiller. « Ce ne sont plus des dizaines de personnes dans une pièce, rivées sur des écrans. Les caméras récoltent des données : la position des gens, plusieurs fois par jour, où ils vont, qui ils rencontrent. Ensuite, ces données sont intégrées avec d’autres sources d’information », décrit Conor Healy, directeur de recherche pour IPVM, un média spécialisé dans les outils de surveillance. Exemple : le 26 novembre 2022, quand des centaines de jeunes se rassemblent dans le centre de Shanghaï pour protester pacifiquement contre l’interminable politique zéro Covid. Au milieu de la foule, on peut voir des agents en civil tendre leur smartphone vers les visages des participants. Le soir même, la police fait preuve de retenue : les arrestations sont rares. Mais, les jours suivants, beaucoup de manifestants sont arrêtés à leur domicile. D’après une enquête du New York Times de décembre 2022, les autorités ont utilisé la reconnaissance faciale et les données de bornage téléphonique des participants pour déterminer leur présence à ces rassemblements. En Géorgie, les manifestants pro-européens se couvrent le visage pour éviter d’être reconnus par les caméras dotées de la reconnaissance faciale et éviter ainsi les amendes, à Tbilissi, le 21 mai 2025. Différents modèles de caméras installés sur l'avenue Roustaveli, à Tbilissi (Géorgie), le 21 mai 2025. La caméra ronde et blanche est celle dotée de la reconnaissance faciale. En Géorgie, les manifestants pro-européens se couvrent le visage pour éviter d’être reconnus par les caméras dotées de la reconnaissance faciale et éviter ainsi les amendes, à Tbilissi, le 21 mai 2025. Si les médias d’Etat chinois vantent les succès de la reconnaissance faciale dans des affaires criminelles, les premières victimes de ces systèmes sont les minorités ethniques, à commencer par les Ouïgours, les Tibétains et les Mongols, que Pékin accuse de séparatisme. Au Xinjiang, le système de camps de rééducation mis en place à partir de 2016 a été soutenu par l’installation d’un « quadrillage » du territoire par la vidéosurveillance et des stations de police mobiles. Les résidences ont été équipées de systèmes d’accès à reconnaissance faciale. Aux portes des villes et des villages, des checkpoints obligent les habitants à scanner leur carte d’identité et leur visage. Dans leur documentation commerciale, plusieurs entreprises comme Huawei, Hikvision, Dahua ou Tiandy ont proposé des outils de « reconnaissance ethnique » capables de prévenir la police si un Ouïgour ou un Tibétain pénètre dans une zone donnée. Pionnière dans l’utilisation à grande échelle de la reconnaissance faciale, la Chine est aussi la première exportatrice mondiale de cette technologie. Grâce à la demande massive de la sécurité publique chinoise, qui permet des économies d’échelle, et à de généreuses subventions, les entreprises chinoises proposent leur produit bien moins cher que la concurrence étrangère. La Chine a même fait des exportations un objectif politique avec les « routes de la soie numériques ». Les solutions de « smart cities » et de « safe cities » bénéficient ainsi de facilités de financement offertes par des grandes banques chinoises. Les entreprises chinoises ont aussi les mains libres pour vendre à n’importe quel régime. « Les Emirats arabes unis ou l’Arabie saoudite, par exemple, se fournissent auprès de la Chine quand ils cherchent des outils pour contrôler la dissidence, car les entreprises américaines sont soumises à des restrictions contre les pays qui malmènent des droits humains », explique Steven Feldstein, chercheur au groupe de réflexion Carnegie Endowment for International Peace, à Washington. « Graves violations des droits humains en Russie » La Russie est également une grande adepte de cette technologie, répandue dans les mégapoles jusqu’aux coins les plus reculés du pays. Plus de 1 million de caméras de surveillance sont installées à travers le pays – dans le métro, la rue et les immeubles résidentiels –, dont la moitié sont connectées à des systèmes de reconnaissance faciale. Le Kremlin met les moyens : depuis 2011, les dépenses liées à l’identification vidéo se sont élevées à 3,6 milliards de roubles (environ 39,1 millions d’euros), dont un tiers (1,2 milliard de roubles) après le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, a calculé The Moscow Times dans une enquête parue en 2023, qui a analysé des milliers d’achats gouvernementaux, un registre de logiciels spécifiques et des bases de données spécialisées. Avec ses 217 000 caméras à reconnaissance faciale, Moscou est désormais l’une des villes les plus surveillées du monde. Dès 2017, la ville a développé un réseau tentaculaire de vidéosurveillance baptisé « Safe City », en s’appuyant notamment sur les entreprises russes NtechLab, Tevian, Kipod et VisionLab. Officiellement destinées à lutter contre la criminalité et le terrorisme, ces caméras servent surtout à identifier et à poursuivre les militants de la société civile et les représentants de l’opposition. Après l’invasion de l’Ukraine, les autorités russes ont encore étendu leur système de surveillance. Des documents secrets du Kremlin, obtenus par l’agence estonienne Delfi en mars 2024, ont révélé que le régime de Vladimir Poutine finançait un projet, à hauteur de 12 milliards de roubles, pour établir un immense réseau national de surveillance alimenté par l’IA d’ici à 2030. La reconnaissance faciale vise à traquer les individus jugés « déloyaux et destructeurs ». Selon l’organisation russe de défense des droits humains OVD-Info, qui recense les arrestations à caractère politique, elle a été utilisée pour arrêter des citoyens ayant assisté aux funérailles de l’opposant russe Alexeï Navalny, le 1er mars 2024, à Moscou. Au moins 19 personnes ont été interpellées ce jour-là, d’après ses calculs. La reconnaissance faciale a aussi été utilisée pour traquer les Russes cherchant à échapper à la mobilisation militaire, selon Human Rights Watch. « La loi russe ne restreint pas de manière significative l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale, déplore l’ONG. Il y a donc peu, voire aucune protection pour les personnes sous surveillance. » En juillet 2023, l’UE a imposé des sanctions contre NtechLab et Tevian pour leur implication dans de « graves violations des droits humains en Russie », notamment des « arrestations et détentions arbitraires ». Mais cela n’a pas freiné l’essor de cette technologie : trois mois plus tard, le PDG de NtechLab annonçait que son système de reconnaissance faciale fonctionnait dans 60 régions russes, contre seulement cinq en 2021. Et la Russie ne compte pas s’arrêter là. En février, les autorités de Saint-Pétersbourg ont annoncé vouloir installer 8 000 caméras à reconnaissance faciale pour identifier l’origine ethnique des individus afin de « surveiller » les migrants. https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/28/la-reconnaissance-faciale-puissant-outil-de-controle-et-de-repression-dans-les-regimes-autoritaires_6616221_3210.html 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 28 juin Auteur Share Posté(e) le 28 juin Et les nouvelles rames du métro parisien seront entièrement vidéosurveillées... https://www.lefigaro.fr/conjoncture/design-modernise-amenagement-repense-le-mf19-tout-nouveau-metro-parisien-a-ete-officiellement-devoile-20250214 La sécurité y a été fortement renforcée, «grâce à la vidéoprotection à bord de toutes les rames»... 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 28 juin Share Posté(e) le 28 juin il y a 4 minutes, Wallaby a dit : La sécurité y a été fortement renforcée, «grâce à la vidéoprotection à bord de toutes les rames»... On se sent tout de suite protégé sous l’œil de Sauron. Sinon amusez vous sur la novlangue du capitalisme de la surveillance ... Les dispositifs de vidéoprotection filment la voie publique et les lieux ouverts au public : rue, gare, centre commercial, zone marchande, piscine etc. Les dispositifs de vidéosurveillance filment les lieux non ouverts au public : réserve d'un magasin, entrepôts, copropriété fermée etc. 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rendbo Posté(e) mercredi à 08:33 Share Posté(e) mercredi à 08:33 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) mercredi à 10:51 Auteur Share Posté(e) mercredi à 10:51 https://www.prospectmagazine.co.uk/views/lives/70379/mindful-life-why-im-terrified-of-being-spied-on (4 juillet 2025) « Je m'inquiète de plus en plus de l'utilisation croissante des technologies de surveillance dans les services de santé mentale » Les obsessions liées au fait d'être observé, surveillé ou scruté sont courantes chez les personnes souffrant de trouble obsessionnel compulsif (TOC). Plusieurs théories expliquent pourquoi cette peur est si répandue, l'une d'entre elles étant que le manque d'estime de soi conduit les personnes atteintes à craindre que les autres nous examinent aussi sévèrement que nous nous jugeons nous-mêmes. Le manque de sommeil qui accompagne souvent l'anxiété peut également nous rendre hypervigilants et nous faire craindre davantage les motivations des autres. Les personnes souffrant de TOC ne sont pas les seuls fous affligés par cette « scopophobie ». Elle est également présente dans des pathologies telles que la schizophrénie et la dépression post-natale. Pour beaucoup d'entre nous, être observé représente l'une de nos pires craintes, et je ne peux imaginer rien de plus anxiogène que d'être filmé ou enregistré dans mes moments de panique. C'est pourquoi je m'inquiète de plus en plus de l'utilisation croissante des technologies de surveillance dans les services de santé mentale hospitaliers et aigus, des lieux où les personnes sont les plus vulnérables et les moins à même de défendre leurs droits. Le déploiement de technologies de surveillance dans le domaine de la santé mentale est souvent justifié par le fait qu'il s'agit d'un moyen rentable d'assurer la sécurité des patients. Dans les établissements où le risque d'automutilation et de suicide est élevé, l'idée est que les caméras et les capteurs peuvent renforcer la capacité du personnel à surveiller les patients - d'une manière qui est censée être parfois moins invasive que les contrôles de bien-être effectués par des humains. Un exemple est le système Oxevision qui est actuellement introduit dans près de la moitié des services de santé mentale du NHS au Royaume-Uni. Si certains patients apprécient de ne pas être réveillés pour un contrôle de bien-être, beaucoup ont exprimé un profond malaise face à l'atteinte à leur dignité et à leur vie privée que représente ce système, créant ainsi un groupe de campagne appelé StopOxevision. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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