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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires


Messages recommandés

il y a 27 minutes, g4lly a dit :

Depuis deux jours les ukrainiens tentent des offensives secondaire vers Glushkovo depuis le sud et l'est, sans résultat.

Mais la partie ouest du saillant "Koursk" est littéralement éteinte. Les russe sont en train de couper le saillant en deux d'est en ouest avec encore un gros risque d'isolement de troupe ukrainienne au nord de Lyubimovka ...

La position de Sudzha aussi pourrait finir isolée par un découpage nord sud ... et vu le rythme des opérations russes ça pourrait être rapide. Comme il n'y avait pas de lignes établis ni d'ouvrage défensive ça reste du mouvement et dans petit périmètre comme celui là ça peut aller très vite. Seul avantage pas de ligne donc pas d'étanchéité, les fantassins ukrainiens arrivent à rompre l'isolement et à regagner leur camp la plupart du temps, mais en laissant du matos derrière.

---

La Russie lance la menace ASAT ... satellites qui guideraient les missiles qui frapperaient la Russie et donc seraient des cibles légitimes car participant directement à la guerre. Il faudrait fouiller la source exacte pour voir les mots employé, mais il me semble que le terme "opération spécial" n'a pas été employé ici, mais bien le terme guerre, a priori celle de l'Ukraine contre la Russie, dans l’hypothèse ou l'Ukraine pourrait utiliser des missiles capable de bombarder des centaines de kilomètre à l'intérieur de la Russie.

Le combo menace nucléaire et menace ASAT ... pourrait laisser supposer à un usage EMP dans l'espace, visant donc les satellites, notament ceux servant à guider les missiles à communiquer avec ou à collecter du renseignement.

je pense que cette menace contre des satelites est beaucoul plus réaliste qu'une réponse nucléaire, reste a voir si ca pourrait forces les américains et britaniques a changer leur position, vu qu'ils ont déja approuvé l'utilisation de missiles sur le sol russe

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Il y a 15 heures, olivier lsb a dit :

Les assauts se suivent et se ressemblent. Les deux camps conservent de la ressource malgré tout. 

 

 

Sinon c'est faux l'attaque n'a pas été repoussé... Hostre est russe depuis hier au moins.

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il y a 15 minutes, g4lly a dit :

Sinon c'est faux l'attaque n'a pas été repoussé... Hostre est russe depuis hier au moins.

oui, et les pertes non pas été en vain, car la prise de ce village il y'a un chaudron en formation (avec ukrainisk de l'autre côté)

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"« Dans la nuit du 11 au 12 septembre de cette année, le capitaine d'un navire civil battant pavillon étranger, en dehors des eaux territoriales de notre pays, mais dans la zone économique exclusive de la Roumanie, à environ 30 milles nautiques (environ 55 km) de la ville de Sf. Gheorghe, en route de Tchernomorsk (Ukraine) vers Istanbul (Turquie), a transmis un message radio informant qu'il y avait eu une explosion à bord du navire. Le capitaine du navire a demandé un changement d'itinéraire vers Constanța afin d'évaluer les conséquences », a déclaré la Garde côtière jeudi soir.

Selon la société britannique de sécurité maritime Ambrey, le vraquier battant pavillon de Saint-Kitts-et-Nevis, qui avait quitté le port ukrainien de Ciornomorsk, a été touché par un missile lancé par la Russie et a subi des dommages sur son côté bâbord, notamment sur l'une de ses cales et sur une grue."

https://hotnews.ro/reactia-mae-dupa-ce-rusii-au-lovit-o-nava-ucraineana-in-zona-economica-a-romaniei-in-marea-neagra-o-escaladare-fara-precedent-1790080

 

 

Modifié par Zalmox
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il y a 36 minutes, Zalmox a dit :

"« Dans la nuit du 11 au 12 septembre de cette année, le capitaine d'un navire civil battant pavillon étranger, en dehors des eaux territoriales de notre pays, mais dans la zone économique exclusive de la Roumanie, à environ 30 milles nautiques (environ 55 km) de la ville de Sf. Gheorghe, en route de Tchernomorsk (Ukraine) vers Istanbul (Turquie), a transmis un message radio informant qu'il y avait eu une explosion à bord du navire. Le capitaine du navire a demandé un changement d'itinéraire vers Constanța afin d'évaluer les conséquences », a déclaré la Garde côtière jeudi soir.

Selon la société britannique de sécurité maritime Ambrey, le vraquier battant pavillon de Saint-Kitts-et-Nevis, qui avait quitté le port ukrainien de Ciornomorsk, a été touché par un missile lancé par la Russie et a subi des dommages sur son côté bâbord, notamment sur l'une de ses cales et sur une grue."

https://hotnews.ro/reactia-mae-dupa-ce-rusii-au-lovit-o-nava-ucraineana-in-zona-economica-a-romaniei-in-marea-neagra-o-escaladare-fara-precedent-1790080

 

 

Il me semble que la ZEE définit des droits d'exploitation (en dehors de la colonne d'eau et la surface), et ne sont en aucun cas des eaux territoriales qui sont elles souveraines (convention de Montego Bay). C'est correct ? Dans ce cas c'est peut être pas cool mais c'est légal non ? Et dans ce cas là vidéo a donc un titre bien putaclick...

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Le fait nouveau c'est que la Russie attaque au KH-22 des navires civils qui ne sont pas ukrainien, en dehors des eaux ukrainiennes, sans aucun motif à part les punir d'avoir chargé des céréales en Ukraine. 

Si j'ai bien suivi, un navire battant pavillon turc a été touché aussi.

Modifié par Rivelo
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il y a 33 minutes, Rivelo a dit :

Le fait nouveau c'est que la Russie attaque au KH-22 des navires civils qui ne sont pas ukrainien, en dehors des eaux ukrainiennes, sans aucun motif à part les punir d'avoir chargé des céréales en Ukraine. 

Si j'ai bien suivi, un navire battant pavillon turc a été touché aussi.

C'est un peu complexe, comme souvent.

il n'y avait pas de frappe pendant le corridor accordé par la Ru. Et pendant l'accord bilatéral. 

Ensuite l'accord n'a plus été renouvelé, la Ru avait bien signalé le "risque". 

Au début de l'accord rendu caduque, il était sans doute délicat pour affréter un navire prêt à prendre ce risque, puis petit à petit l'oiseau à fait son nid, le frêt s'est installé à petit niveau. 

Il s'agit d'une piqure de rappel, pour les affrétés et affréteurs, et les assu, que certains trajets sont pas si recommandables. Un peu comme en mer rouge finalement. 

 

Et surtout ( hasard fortuit ou pas du tout ???  ) je pencherai pour "pas de hasard".....

Il y a 2 ou 3 jours, une plate forme ru en mer noire ( large Crimée ) aurait été attaquée par les ukr. Sujet mer noire, réponse mer noire, c'est pourtant assez limpide !!!

Pour ceux qui en douteraient ( comme olivier par exemple ), l'escalade est toujours possible, et avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de marches non encore gravies. 

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Ou peut-être plus sûrement que les Russes ayant échoué à placer la côte ukrainienne sous blocus essaient une nouvelle fois de taper au hasard des cargos pour "faire pression".

Mais je conçois qu'il vaut mieux dire que les Russes ont "consenti" et que derrière les Ukrainiens ont "attaqué". La prochaine étape étant sûrement "mauvaise récolte en Europe, Russie hypermégapuissant agricolement parlant = GROSSEUH CATASTROPHEU EN VUE". Peu ou prou le scénario habituel.

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https://www.zeit.de/politik/ausland/2024-09/krieg-ukraine-kursk-offensive-weitreichende-waffen (13 septembre 2024)

« L'élan ukrainien à Koursk s'est arrêté ».

La situation de l'armée ukrainienne dans la région russe de Koursk évolue également de manière menaçante. Des unités ukrainiennes y ont pénétré par surprise début août. Elles s'étaient rapidement emparées d'un territoire de plus de 1.300 kilomètres carrés et de près de 100 localités, dont la petite ville de Soudja. Mais la contre-offensive russe, attendue depuis longtemps, a commencé mardi soir. Le ministère russe de la Défense a fait savoir jeudi que des unités de la force Nord progressaient. Elles auraient repris dix localités en l'espace de deux jours.

« L'élan de l'offensive ukrainienne à Koursk s'est arrêté. Nous voyons maintenant de plus en plus de contre-attaques et d'attaques russes », explique Markus Reisner, colonel de l'armée autrichienne, qui analyse intensément la guerre en Ukraine depuis le début. « Actuellement, les Russes tentent d'encercler les forces ukrainiennes avec deux brigades d'infanterie de marine dans un mouvement en tenaille, attaquant par l'ouest et par l'est ».

L'Ukraine a utilisé ses unités les plus combatives pour cette offensive. Elles devaient en fait forcer la Russie à retirer du Donbass des unités expérimentées sur la ligne de front afin de les utiliser à Koursk. Cet objectif n'a été que très partiellement atteint. Le régime de Moscou a poursuivi sans relâche son attaque sur Pokrovsk, dans le Donbass, d'où il n'a guère retiré de troupes significatives pour contrer les attaques ukrainiennes.

Au lieu de cela, les dirigeants russes ont retiré des unités du groupe de manœuvre Server, déployé au nord de Kharkiv. La deuxième plus grande ville d'Ukraine, située au nord-est, était également soumise à une forte pression russe. Cela a désormais changé. « Les attaques russes y ont donc pratiquement cessé », constate Reisner. « Les Russes procèdent systématiquement à Koursk et à Kharkiv. Ils font de la reconnaissance et combattent les cibles identifiées avec de l'artillerie et des bombes planantes ». Selon lui, l'objectif est d'user les Ukrainiens et de les forcer à se rendre.

Les formations ukrainiennes tentent encore de conserver le territoire conquis dans la région de Koursk. « Les Ukrainiens résistent ou tentent de gagner des positions défensives favorables. Pour cela, ils doivent abandonner de grandes surfaces libres et prendre possession de forêts, de hauteurs ou de localités. Celles-ci se prêtent mieux à un combat d'arrière-garde », explique Reisner. « Le problème est la supériorité aérienne russe actuelle ainsi que les mesures de brouillage électronique des Russes. Cela pose de plus en plus de problèmes aux Ukrainiens. Ils essaient de rester mobiles et agiles ».

Selon la chaîne Telegram Rybar, proche de l'armée russe, les combats se déroulent principalement autour de Snagost, une localité située à l'ouest du territoire contrôlé par l'Ukraine. L'armée ukrainienne y avait détruit plusieurs ponts afin de rendre plus difficile la progression de l'armée russe. Mais entre-temps, les Russes ont apparemment construit plusieurs pontons sur lesquels leurs unités peuvent traverser la rivière Sejm.

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L'opération ukrainienne en direction de la zone industrielle de Niu-York était bien une opération de sauvetage, les ukrainiens ont quitté leur position dans Niu-York depuis.

A Toretsk les russes continue d'avancer le long du chemin de fer depuis la prison.

Dans le saillant "Koursk" l'offensive est->ouest russe se consolide ... avec comme effet le risque de couper littéralement le dispositif ukrainien en deux et d'isoler nombre d'élément au nord de la route 38K.

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https://www.theguardian.com/world/2024/sep/13/the-game-continues-evacuating-casualties-and-bombing-bridges-in-kursk

On espérait également que la Russie serait obligée de réorienter ses forces vers la ville de Pokrovsk, dans la région du Donbas, pour faire face à l'incursion. Mais cela ne s'est pas produit, les troupes russes continuant d'avancer progressivement dans la région. Pokrovsk étant en difficulté, le bien-fondé de l'utilisation de tant de forces pour tenir Koursk est de plus en plus remis en question.

S'exprimant mercredi, Ivan a déclaré que la ligne de front à Koursk était élastique, avec des batailles de rue régulières sur les bords. « Ces derniers jours, nous avons vu beaucoup de mouvements - à certains endroits, nous les avons déplacés, à d'autres, ils nous ont déplacés. C'est très dynamique », a-t-il déclaré.

« Nous avons reçu l'ordre strict de ne pas parler de la stratégie sur le front de Koursk et, pour être honnête, nous ne le savons pas nous-mêmes », a déclaré un officier qui se bat sur place.

Mais comme la Russie a apparemment stoppé l'avancée de l'Ukraine et entamé sa propre contre-offensive, le maintien des territoires pris au début de l'offensive pourrait avoir un coût humain élevé pour l'Ukraine, en particulier à l'approche de l'hiver. « Il pourrait être plus difficile de conserver un territoire au cours de l'automne et de l'hiver. Pour l'instant, les lignes d'arbres permettent de se dissimuler, mais il sera plus facile pour la Russie d'identifier les positions ukrainiennes une fois que les feuilles seront tombées », a déclaré Rob Lee, chercheur principal à l'Institut de recherche sur la politique étrangère (Foreign Policy Research Institute) aux États-Unis.

Travailler à l'intérieur de la Russie pose d'autres problèmes, en raison du manque d'infrastructures logistiques ukrainiennes. Plus les forces de Kiev avancent, plus il est difficile d'approvisionner la ligne de front et d'évacuer les blessés et les morts.

« Sur ce front, on se sent beaucoup plus en danger que sur les autres », explique Tetiana Romaniuk, infirmière volontaire de 33 ans du bataillon des Hospitaliers, qui est stationnée près de la frontière et entre régulièrement en Russie pour évacuer les blessés.

La nuit précédente, elle était en mission pour récupérer les corps de soldats ukrainiens tués. « Nous avons roulé sans lumière et, tout au long du trajet, j'étais terrifiée à l'idée que quelqu'un surgisse des buissons et nous tende une embuscade », a-t-elle déclaré.

Finalement, un soldat ukrainien s'est matérialisé dans l'obscurité et a dit qu'il leur montrerait où se trouvaient les corps. En l'absence de réception radio, qui avait été brouillée par les Russes, l'équipe n'a pas pu vérifier si le soldat était légitime et a craint qu'il ne s'agisse d'un leurre russe envoyé pour les attirer dans un piège. Mais ils n'avaient pas d'autre choix que de le suivre. Ce n'était pas un piège, et ils ont récupéré les corps, repartant rapidement, toujours en se méfiant de la menace des drones d'attaque russes qui planent au-dessus d'eux. Parfois, ils doivent attendre plusieurs jours avant de pouvoir évacuer les blessés ou les morts en toute sécurité.

« Les blessures légères se transforment en blessures graves pendant l'attente de l'évacuation, et les blessures graves, sans accès à une aide qualifiée, peuvent malheureusement entraîner la mort. C'est le problème d'une attente aussi longue pour les évacuations », a déclaré Mme Romaniuk.

À Kiev, une source sécuritaire a déclaré qu'une évaluation complète de l'opération Koursk et de son utilité ne serait possible qu'à une date ultérieure.

« Personne ne doute que la manière dont l'opération a été menée a été absolument brillante. Elle a remonté le moral des troupes, montré que nous pouvions agir dans le secret et pris tout le monde par surprise. Mais l'analyse finale de l'opération ne sera faite que dans quelques semaines ou quelques mois, lorsque nous saurons si nous sommes capables de tenir ce territoire », a déclaré la source.

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Guerre en Ukraine : « A Kharkiv, tout le monde a un cousin en Russie »

Dans cette ville de l’est de l’Ukraine, où une frappe russe a fait cinq morts le 30 août, nombreux sont ceux qui ont des parents de l’autre côté de la frontière, située à quelques dizaines de kilomètres. Certains sont brouillés, d’autres maintiennent un lien, mais la blessure est profonde et les familles se déchirent.

Les esprits ne bégaient pas une seconde, les index se tendent sans hésiter. « De ce côté », « Derrière les arbres, là », « Vers là-bas »… Pour montrer où se trouve la Russie, personne, dans cette cour d’immeubles, n’a de problème d’orientation. Il était 15 h 10, vendredi 30 août, quand une « bombe guidée » a explosé sur l’immeuble 2D du quartier Industrialnyi, à Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine. A la question de savoir d’où venait cet engin, bien plus précis qu’un missile air-sol, tous, dans la cour du 2D, indiquent la même direction : l’est. La frontière est à 35 kilomètres à vol d’oiseau, à vol d’obus.

Au moment où la frappe trouait le soleil de l’après-midi et décapitait un immeuble entier à quelques blocs de chez eux, Tetyana se trouvait dans la « cour », comme on appelle ici les squares entourés de bâtiments d’habitation, et son mari, Mykola, pas loin. « Notre propre immeuble a bougé, raconte ce gardien de lycée de 50 ans, la paume sur une de ses oreilles, bourdonnante depuis la déflagration. J’ai pensé à ma mère, qui vit chez nous, tout là-haut, et j’ai monté quatre à quatre les escaliers pour vérifier qu’elle allait bien. » Ce jour-là, seul le 2D, à 150 mètres de leur immeuble, est en flammes. Tetyana, employée au dépôt de livres de Vivat, l’une des grandes maisons d’édition de Kharkiv, s’est empressée de rassurer la famille avant que les réseaux sociaux annoncent la nouvelle. Elle a prévenu tout le monde, sauf sa cousine Angelina, à Moscou.

Angelina a grandi dans le même quartier qu’elle ; elle a aussi fréquenté la même école, la « 119 », avant de partir s’installer chez le voisin russe avec son mari. Mais, au printemps 2022, quand l’armée de Poutine a tenté de « prendre » Kharviv, que les missiles pleuvaient sur cette agglomération de 1,5 million d’habitants et que Tetyana a envoyé les photos des chars et des destructions à Angelina, celle-ci a rigolé : évidemment des images « bidonnées ». « Elle m’écrivait : “On va vous protéger”, poursuit Tetyana. Depuis, pour moi, c’est fini. J’ai arrêté WhatsApp et Viber avec elle. La télé russe et les chaînes Telegram lui ont bouffé le cerveau en un rien de temps. » Le couple note avec ironie que l’appartement conservé par cette même cousine dans les quartiers nord, les plus exposés, n’a jamais été touché en deux ans et demi de conflit.

« Tout le monde ici a un cousin en Russie », dit Mykola, le mari. Kharkiv est la plus grande cité russophone hors des frontières de la Russie, et la cour de l’immeuble 2D, semblable à tant d’autres dans l’espace postsoviétique, en témoigne. Cette cour, c’est aussi une petite Ukraine de l’Est en miniature, un précipité de ces régions où les histoires de famille, d’un côté et de l’autre des lignes de front, créent des situations plus marquées encore qu’ailleurs en Ukraine – brouilles, déchirements, solidarités particulières. Certains continuent à se parler, mais pour ne rien se dire, ou alors des banalités lourdes de sous-entendus : « Dis bonjour autour de toi », « Embrasse la famille », « Comment va la santé ? », « Prenez soin de vous tous »… D’autres ont rompu le fil.

https://www.lemonde.fr/international/article/2024/09/13/guerre-en-ukraine-a-kharkiv-tout-le-monde-a-un-cousin-en-russie_6315597_3211.html

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Il y a 14 heures, ksimodo a dit :

C'est un peu complexe, comme souvent.

il n'y avait pas de frappe pendant le corridor accordé par la Ru. Et pendant l'accord bilatéral. 

Ensuite l'accord n'a plus été renouvelé, la Ru avait bien signalé le "risque". 

Au début de l'accord rendu caduque, il était sans doute délicat pour affréter un navire prêt à prendre ce risque, puis petit à petit l'oiseau à fait son nid, le frêt s'est installé à petit niveau. 

Il s'agit d'une piqure de rappel, pour les affrétés et affréteurs, et les assu, que certains trajets sont pas si recommandables. Un peu comme en mer rouge finalement. 

 

Et surtout ( hasard fortuit ou pas du tout ???  ) je pencherai pour "pas de hasard".....

Il y a 2 ou 3 jours, une plate forme ru en mer noire ( large Crimée ) aurait été attaquée par les ukr. Sujet mer noire, réponse mer noire, c'est pourtant assez limpide !!!

Pour ceux qui en douteraient ( comme olivier par exemple ), l'escalade est toujours possible, et avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de marches non encore gravies. 

La Russie avait signalé "le risque" ? Le "risque" de ? Qu'une mauvaise météo fasse malencontreusement tomber une pluie de missiles, avec aucune responsabilité nulle part :rolleyes:

Ce que je disais sur les escalades, ce n'est pas qu'elles restent impossible, c'est que la Russie n'a plus les moyens de faire face aux représailles et que de nombreuses options d'escalades restent ouvertes à pleins de pays. Rendez-vous compte par exemple que le pays hors Ukraine, qui à date a abattu le plus de Shahed, c'est la Biélorussie... Et on voudrait me faire croire que les occidentaux sont à court d'options ? 

Qui ça impressionne qu'un navire civil Turc chargé ras la gueule de grains, se fasse attaquer par un missile russe ?  Qui ça peut bien emmerder ? Qui pense que c'est un calcul malin de la part des russes de se faire des inimitiés avec les pays du grand Sud-Global x BRICS  ? 

C'est effectivement, de leur part, donner le bâton pour se faire battre par aveuglement.  

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il y a 34 minutes, olivier lsb a dit :

Qui ça impressionne qu'un navire civil Turc chargé ras la gueule de grains, se fasse attaquer par un missile russe ?  Qui ça peut bien emmerder ? Qui pense que c'est un calcul malin de la part des russes de se faire des inimitiés avec les pays du grand Sud-Global x BRICS  ? 

Si tu as cette vision, c'est que lis trop l'imMonde et pas assez d'autres choses. Le grain nourricier ukr, nourricier du sud global, ça fait 2 ens et demi que c'est de l'histoire ancienne. Bon ok, 1 bateau ici ( UN ). 

Quand au pavillon, tu devrai savoir depuis au moins la mer rouge, qu'il y a 20 pays en jeu sur un navire. Le pavillon, le proprio de surface, le vrai proprio, l'équipage officiers, l'équipage marins ouvrier, le pays de départ, l'arrivée, etc....

Le corridor, depuis la fin de l'accord, il avait repris à tous petits flux. En douce quelque part. Et là, une opé sur plate forme, et 24 heures aprés un rappel que la mer noire n'est pas sûre au départ d'Odessa, tu ne trouves pas qu'il y coïncidence ? Comme tous pays en guerre, l'ukr peut bien escorter les navires avec des navires anti missiles. Ah non, elle peut pas sur ses propres moyens....Voilà, c'est juste un coup de sifflet pour signaler que la fin de la récrée, les bateaux en "liberté", et bien ça peut se terminer, c'est tout. 

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Il y a 12 heures, g4lly a dit :

Guerre en Ukraine : « A Kharkiv, tout le monde a un cousin en Russie »

Dur cet article. 

 « Peuples frères, ils disaient. [...] Franchement, des “frères”, ça fait ce genre de choses ? »


https://www.lemonde.fr/international/article/2024/09/13/guerre-en-ukraine-a-kharkiv-tout-le-monde-a-un-cousin-en-russie_6315597_3211.html

Citation

Guerre en Ukraine : « A Kharkiv, tout le monde a un cousin en Russie »

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Par Ariane Chemin (Kharkiv (Ukraine), envoyée spéciale) Publié hier à 18h24, modifié hier à 18h33 (republication de l’article du 13 septembre 2024 à 06h30)

Temps de Lecture 15 min. Read in English

Article réservé aux abonnés

ReportageDans cette ville de l’est de l’Ukraine, où une frappe russe a fait cinq morts le 30 août, nombreux sont ceux qui ont des parents de l’autre côté de la frontière, située à quelques dizaines de kilomètres. Certains sont brouillés, d’autres maintiennent un lien, mais la blessure est profonde et les familles se déchirent.

Les esprits ne bégaient pas une seconde, les index se tendent sans hésiter. « De ce côté », « Derrière les arbres, là », « Vers là-bas »… Pour montrer où se trouve la Russie, personne, dans cette cour d’immeubles, n’a de problème d’orientation. Il était 15 h 10, vendredi 30 août, quand une « bombe guidée » a explosé sur l’immeuble 2D du quartier Industrialnyi, à Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine. A la question de savoir d’où venait cet engin, bien plus précis qu’un missile air-sol, tous, dans la cour du 2D, indiquent la même direction : l’est. La frontière est à 35 kilomètres à vol d’oiseau, à vol d’obus.

Au moment où la frappe trouait le soleil de l’après-midi et décapitait un immeuble entier à quelques blocs de chez eux, Tetyana se trouvait dans la « cour », comme on appelle ici les squares entourés de bâtiments d’habitation, et son mari, Mykola, pas loin. « Notre propre immeuble a bougé, raconte ce gardien de lycée de 50 ans, la paume sur une de ses oreilles, bourdonnante depuis la déflagration. J’ai pensé à ma mère, qui vit chez nous, tout là-haut, et j’ai monté quatre à quatre les escaliers pour vérifier qu’elle allait bien. » Ce jour-là, seul le 2D, à 150 mètres de leur immeuble, est en flammes. Tetyana, employée au dépôt de livres de Vivat, l’une des grandes maisons d’édition de Kharkiv, s’est empressée de rassurer la famille avant que les réseaux sociaux annoncent la nouvelle. Elle a prévenu tout le monde, sauf sa cousine Angelina, à Moscou.

Angelina a grandi dans le même quartier qu’elle ; elle a aussi fréquenté la même école, la « 119 », avant de partir s’installer chez le voisin russe avec son mari. Mais, au printemps 2022, quand l’armée de Poutine a tenté de « prendre » Kharviv, que les missiles pleuvaient sur cette agglomération de 1,5 million d’habitants et que Tetyana a envoyé les photos des chars et des destructions à Angelina, celle-ci a rigolé : évidemment des images « bidonnées ». « Elle m’écrivait : “On va vous protéger”, poursuit Tetyana. Depuis, pour moi, c’est fini. J’ai arrêté WhatsApp et Viber avec elle. La télé russe et les chaînes Telegram lui ont bouffé le cerveau en un rien de temps. » Le couple note avec ironie que l’appartement conservé par cette même cousine dans les quartiers nord, les plus exposés, n’a jamais été touché en deux ans et demi de conflit.

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Dans le quartier Industrialnyi, à Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, le 31 août 2024. GUILLAUME HERBAUT / AGENCE VU’ POUR « LE MONDE »

« Tout le monde ici a un cousin en Russie », dit Mykola, le mari. Kharkiv est la plus grande cité russophone hors des frontières de la Russie, et la cour de l’immeuble 2D, semblable à tant d’autres dans l’espace postsoviétique, en témoigne. Cette cour, c’est aussi une petite Ukraine de l’Est en miniature, un précipité de ces régions où les histoires de famille, d’un côté et de l’autre des lignes de front, créent des situations plus marquées encore qu’ailleurs en Ukraine – brouilles, déchirements, solidarités particulières. Certains continuent à se parler, mais pour ne rien se dire, ou alors des banalités lourdes de sous-entendus : « Dis bonjour autour de toi », « Embrasse la famille », « Comment va la santé ? », « Prenez soin de vous tous »… D’autres ont rompu le fil.

Gommer les frappes russes

Le 2D, rue du Deuxième-Plan-Quinquennal, aujourd’hui « décommunisée » et rebaptisée rue Valentyn-Biblyk, du nom d’un ingénieur local, avait pile 50 ans. Il était l’un de ces immeubles bâtis au début des années 1970 pour former des « complexes résidentiels », ainsi qu’on les appelle encore. Dans leurs halls défraîchis où s’écaille la peinture, les boîtes aux lettres en bois vernis alignent des nombres, jamais de noms – peut-être une façon pour l’Etat, autrefois, de dire : « Vous n’êtes que de simples usufruitiers. » A l’époque, tout était conçu pour la communauté, du chauffage collectif à l’ascenseur. Celui du 2D parcourait douze étages, d’autres alentour allaient jusqu’à seize, et l’on se demande parfois si celui dans lequel on monte va terminer sa course. Mais ces machines sont increvables, et, avec la guerre, c’est plutôt la coupure d’électricité que craignent les usagers.

A l’entrée du bloc d’immeubles se trouvent la supérette, le boucher, la pharmacie, le distributeur de billets et les citernes à eau où chacun vient remplir son bidon, puisque l’eau courante n’est pas potable en Ukraine. Evidemment, il y a aussi une aire de jeu pour les enfants, au centre de la cour. Table de ping-pong, arceaux et cage, balançoires, toboggan… L’ancienne Union soviétique en est couverte. Tout n’est plus très jeune dans la cour du 2D, mais le quartier est l’un des plus paisibles de la ville depuis l’invasion russe de 2022. Ce fameux 30 août, dernier vendredi des vacances, les voisins goûtaient presque une forme de tranquillité sous les bouleaux du bac à sable repeint en bleu et jaune – des coups de frais souvent passés après 2014 et la révolution de Maïdan –, quand ils n’étaient pas partis rejoindre leur datcha, ces maisons de bric et de broc qui peuplent la campagne, pour mettre fruits et légumes en bocaux.

C’est une « bombe guidée FAB-500 » qui a fondu sur eux, explique, sur le canal Kyiv 24, une toute jeune reporter blonde à lunettes et strict blazer vert, visiblement une habituée des directs catastrophe de Kharkiv. Le bilan définitif tombe rapidement : cinq morts dans l’immeuble, ainsi qu’une adolescente de 14 ans qui se trouvait dans un square. Plus tard, la journaliste répète : « Permettez-moi de rappeler que ce sont les Russes qui ont attaqué. »

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Devant le 2B, dans le quartier Industrialnyi, à Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, le 2 septembre 2024. GUILLAUME HERBAUT / AGENCE VU’ POUR « LE MONDE »

Tout va toujours très vite en Ukraine après un tir de drone, de missile ou de roquette. C’est un peu comme si le fait de gommer au plus tôt les frappes russes était un moyen d’y répondre. Dès le lendemain, lorsque Le Monde se rend sur place, la cour est à nouveau pleine d’enfants décidés à pédaler à toute blinde sur leurs vélos. Les balançoires volent vers le ciel, les retraités ont repris leur place sur leur banc. Alexandre, un ingénieur en bâtiment de 73 ans, explique qu’une parente vivant à Elista, dans le sud de la Russie, s’est inquiétée pour lui, mais stoppe prudemment les confidences. On ne parle pas de sa famille russe devant n’importe qui.

 

 

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Partie 2

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Les exclus du répertoire

Assise devant son camion, au pied du bac à sable, une équipe de sauveteurs est revenue inspecter les lieux du drame, dans le jour déclinant. « Notre tâche, c’est tout ce que les pompiers ne font pas », explique Dmitriy L., un grand gaillard souriant en tee-shirt kaki. Il exhibe ses mains, impressionnantes, gigantesques, comme si tardivement, sur ses 36 ans, elles avaient grandi avec l’ampleur des crimes à panser. Et soupire : « Les Russes n’apportent que du malheur. »

Tout était si calme, pourtant, du temps où il faisait son service militaire à Hoptivka, le poste-frontière avec la Russie, à 40 kilomètres à peine de Kharkiv. « C’était le point de passage le plus important d’Ukraine », rapporte Dmitriy. En 2012, avant la guerre du Donbass et l’annexion de la Crimée par le Kremlin, 45 000 personnes entraient et sortaient chaque jour par là. Lui-même y a travaillé jusqu’en 2019. « Tout roulait. » Les habitants de Belgorod, la cité russe la plus proche de la frontière, mais aussi d’autres villes comme Koursk ou Orel, se déplaçaient en masse, les dimanches ou l’été, pour acheter tissus, vêtements, faux sacs Vuitton, robes de mariée et jeans en gros au grand marché Barabachovo de Kharkiv. Des bus faisaient même la navette de part et d’autre de la frontière – pour Koursk, c’était le 692 et le 2 306. « Les Russes trouvaient chez nous du lard, de bonnes saucisses, des McDo… Ils venaient ici pour manger, faire la fête, traîner le week-end dans les boîtes de nuit ou au parc Gorki. On reconnaissait leur accent. » Dmitriy lui-même a un oncle de l’autre côté de la frontière, Sacha.

Sacha et sa femme étaient venus de Moscou en Ukraine pour le mariage de Dmitriy. Les deux couples étaient ensuite partis en vacances ensemble à Kherson. Ils avaient aussi pris l’habitude de se retrouver une ou deux fois par an. Et puis, il y a eu 2022… Depuis, un mur les sépare. La rupture s’est installée avec le bombardement de la maternité de Marioupol, le 9 mars. « J’en parlais au téléphone avec la femme de mon oncle. Elle m’a répondu : “[Sergueï] Lavrov nous a expliqué que c’était un fake” », en citant le ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie. Ce jour-là, Dmitriy le secouriste a effacé de son compte WhatsApp le fil entier de leurs conversations.

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Une équipe de secours au pied de l’immeuble touché, à Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, le 2 septembre 2024. GUILLAUME HERBAUT / AGENCE VU’ POUR « LE MONDE »

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La porte du 2D, dans les décombres du quartier Industrialnyi, à Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, le 2 septembre 2024. GUILLAUME HERBAUT / AGENCE VU’ POUR « LE MONDE »

Pavel I., 34 ans, également dépêché par le ministère de l’intérieur au pied de l’immeuble 2D, a, lui, carrément « viré » de son répertoire le numéro du cousin de sa mère et de sa « pute de femme », comme il dit, visage fermé. Un silence s’installe. Deux ans plus tôt, confie-t-il, il a creusé des tombes à Izioum, cette ville martyre distante d’une centaine de kilomètres, passée au printemps 2022 entre les mains des Russes, puis libérée en septembre suivant. « J’ai vu des femmes et des enfants exécutés de dos, avec des trous dans la tête, j’ai trop de colère et de haine », balaie le sauveteur, mâchoires serrées. Sur son torse, ses mousquetons et ses gants ignifugés font comme une armure. « On ne peut plus se parler. »

Fenêtre sur l’enfer

Le lendemain, une autre équipe de sauveteurs accompagne Nastia, rescapée du 2D, dans les ruines de son appartement. Cette jeune manucure au visage d’enfant porte un short en jean qui laisse voir des jambes badigeonnées de Bétadine, pour soigner les brûlures semées comme des gros grains de beauté par les éclats de la bombe guidée et les braises de l’incendie. A 15 h 10, ce vendredi 30 août, elle était occupée à faire les ongles de sa belle-sœur dans son deux-pièces du cinquième étage. Vernis simple, gel, paillettes, faux ongles… « Je sais tout faire », soupire-t-elle en regardant sa French manucure semi-permanente qui a tenu le choc de l’incendie. « Quand la bombe est tombée sur nos têtes, j’ai hurlé : “Mon bébé !” Heureusement, le 30 août, c’était l’anniversaire de ma belle-mère, qui, pour fêter ça, avait emmené mon fils au Nemo, le delphinarium de Kharkiv. Ma belle-sœur et moi, on a dévalé les cinq étages en moins d’une minute. Puis l’ascenseur s’est effondré. »

Nastia est autorisée à monter dans la carcasse du bâtiment pour y chercher quelques affaires. Son beau-père, Oleg, et sa belle-mère, Nelia, l’ont précédée, pour descendre de la cuisine des bocaux de fruits et de kompot, cette boisson nationale faite de fruits infusés aux jolies couleurs mordorées, comme la Bétadine des jambes de Nastia et, depuis quelques jours, les feuilles de la cour. Les escaliers en béton des cinq premiers étages ont tenu bon, mais, chez Nastia, plus de plafond, et trois murs seulement sur quatre. Un petit manteau à capuche est resté accroché sur une patère de l’entrée. Elle préfère fourrer dans un sac les jouets de bain du bébé. Pile en face du placard à parkas, un trou béant : une fenêtre sur l’enfer d’où se profile l’horizon russe, si lourd de menaces pour tout le quartier.

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La chambre d’un appartement de l’immeuble touché dans le quartier Industrialnyi, à Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, le 3 septembre 2024. GUILLAUME HERBAUT/AGENCE VU’ POUR « LE MONDE »

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Nastia, 23 ans, rescapée de la frappe sur l’immeuble 2D, a récupéré des affaires dans les ruines de son appartement, à Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, le 3 septembre 2024. GUILLAUME HERBAUT / AGENCE VU’ POUR « LE MONDE »

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Le salon d’un appartement après la frappe russe sur Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, le 3 septembre 2024. GUILLAUME HERBAUT / AGENCE VU’ POUR « LE MONDE »

Oleg, le beau-père de Nastia, a « de la famille » à Moscou, et, avec sa femme, confie-t-il en chargeant sa voiture, ils n’ont « jamais rompu les liens ni cessé de communiquer ». Le soir de la frappe, ils ont même envoyé une vidéo de l’immeuble où leur fils vivait avec Nastia. Dans leurs échanges, il n’est question ni de Poutine, ni de Russie, ni de responsabilités, ni même de guerre – Oleg n’a d’ailleurs pas trop envie de parler de l’invasion devant nous. Ils voulaient seulement dire que, ouf, le jeune couple s’en est sorti indemne et que, « heureusement », le bébé n’était pas dans l’appartement. « Après avoir vu nos photos, mes cousins ont envoyé de l’argent pour Nastia et mon fils. Pas directement – les virements entre la Russie et l’Ukraine sont impossibles –, mais par l’intermédiaire d’amis qui partaient en Europe », ajoute-t-il, laissant prudemment le détail du circuit de cette cagnotte improvisée dans le flou. Depuis l’indépendance de l’Ukraine, en 1991, et plus encore depuis la guerre, l’argent russe et les flux financiers sont étroitement surveillés.

Nastia rit. « Bizarrement, elle s’amuse d’un rien depuis le missile, remarquent ses beaux-parents, ce doit être le choc. » Ce fameux jour d’août, cinq personnes sont mortes au-dessus de chez elle. « J’ai vu un monsieur pris par les flammes qui s’est jeté du neuvième trois minutes après l’explosion », assure Alexandre, l’ancien prof de gym de la jeune fille à l’école « 88 », dont le propre immeuble jouxte, à angle droit et à moins de 20 mètres, le 2D. « Je ne sais pas, en revanche, ce qu’est devenu cet autre homme qui promenait parfois son labrador avec moi », s’inquiète encore le quinquagénaire, tee-shirt « Feel good » sur un bermuda troué.

« Il est revenu avec des fleurs »

Ce même vendredi, témoigne son épouse, Inna, une comptable de 48 ans, un soldat s’est présenté en uniforme dans l’une des tentes montées par les secouristes, sur l’aire de jeu. Il arrivait du front avec son sac à dos pour réclamer des nouvelles de sa mère de 71 ans, occupante d’un appartement au dixième étage du 2D. « Je me trouvais dans la tente, décrit Inna, bras et jambes grêlés de brûlures elle aussi. Ce jeune militaire était très nerveux, il voulait pénétrer dans l’immeuble encore fumant, mais les pompiers ne l’ont pas laissé monter. Le lendemain, il est revenu avec des fleurs. » Il les a alors accrochées sur un grillage, en face de l’immeuble étêté, avant de repartir se battre.

Inna a filmé sa voiture calcinée et a envoyé la vidéo par WhatsApp à sa cousine ukrainienne de Belgorod, en Russie ; sa manière à elle de montrer qu’elle et son mari ont eu beaucoup de chance de réchapper au désastre. Zoom sur le matelas du lit conjugal brûlé en son milieu, éclaboussé par des éclats projetés au travers des vitres brisées. Tous deux venaient de tourner la clé de l’appartement pour prendre place dans leur voiture avec leur chien. Dans l’appartement balayé, comme toute la cour, par le souffle de la bombe, un fer à cheval en magnet décore le frigidaire, un œil prophylactique veille au-dessus de la porte de la chambre à coucher, et, comme trois sentinelles rescapées du désastre, un trio d’angelots est resté accroché au lustre. « Merci les anges », dit Inna. Sur sa table de chevet se trouvait aussi ce tableau doré « qui a tenu malgré le choc » : une icône russe orthodoxe, vestige d’un autre temps.

Fêtes de Noël, baptême, anniversaire… C’était, avant « tout ça », l’occasion, pour ce couple, de passer la frontière, de partager autrement qu’en FaceTime un bon moment avec les cousins de Russie. La dernière visite de la famille de Belgorod date de 2019, « pour les 45 ans d’Alexandre », se souvient Inna. « Ma cousine était heureuse de revoir Kharkiv, où elle a passé ses trente premières années. Nous, on était allés chez eux en bus, juste avant le Covid. » Ensuite, l’épidémie puis la guerre ont eu raison de la ligne d’autocar Belgorod-Kharkiv. « Oui, les Russes ont commencé, mais à Belgorod, l’immeuble de ma cousine a été touché. Moins gravement que dans notre cour, mais enfin… Dans leur ville aussi, des enfants sont morts. On va faire les calculs pour savoir combien ils en ont tués, eux et nous ? », s’interroge tout haut cette experte-comptable. « Tout ça, c’est de la politique, approuve son mari. Un proverbe ukrainien dit : “Quand les seigneurs s’affrontent, ce sont les paysans qui s’arrachent les cheveux.” » Traduire : « les pauvres trinquent quand les chefs d’Etat se font la guerre ». Le couple veut « la paix » et « la famille réunie, enfin ».

Tiens, revoilà Olena Klimenko, la jeune fille blonde à lunettes et aux yeux bleu clair qui faisait son direct pour Kyiv 24 après la chute du missile. Elle s’accorde une pause sur un banc de la cour du 2D. Agée de 24 ans, Olena a grandi avec ses parents près d’Izioum. Elle venait d’entamer un cursus de journalisme à l’Académie de la culture de Kharkiv quand les troupes russes ont tenté de prendre la ville. Hormis sa mère, tout le monde vit en Russie : côté maternel, près de Rostov-sur-le-Don, la plus grande ville du sud-ouest du pays, mais également au Donbass, la région de son père, conducteur d’engins agricoles. « Ma tante Larissa, la sœur de ma mère, avait épousé un Russe. Ils se sont installés dans un petit village près de Rostov. J’y suis allée jusqu’à l’âge de mes 10 ans, en 2010. J’étais la petite cousine que tout le monde chouchoutait. Ma tante et mes cousins venaient aussi nous rendre visite chez nous, au village. »

 

 

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Partie 3

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« Notre dernière conversation »

Olena dénoue son chouchou et entortille ses longs cheveux blonds entre ses doigts. « Au début de la guerre, reprend-elle, j’ai voulu discuter par Skype avec mon cousin de 34 ans, celui de Rostov, dont j’étais le plus proche. Il a commencé par me demander : “Pourquoi as-tu l’air si déprimée ?” “Mais enfin, tu n’entends pas ?”, j’ai dit. “Il y a plein d’alertes, un missile va peut-être me tomber sur la tête.” Il m’a répondu : “On ne va pas parler de tout ça, si ça se trouve ILS nous écoutent.” Je me suis énervée : “Eh bien, s’ILS nous écoutent, j’ai encore plus de choses à dire, figure-toi.” Ça a été notre dernière conversation. »

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Olena Klimenko, 24 ans, étudiante en journalisme, à Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, le 2 septembre 2024. GUILLAUME HERBAUT / AGENCE VU’ POUR « LE MONDE »

Côté paternel, la famille vient de Donetsk et de Louhansk, les deux régions du Donbass dont les territoires ont été partiellement annexés par la Russie. « Louhansk, j’y ai passé le réveillon de 2012. J’en garde de merveilleuses images, celles de mes yeux d’enfant : cette grande ville, les lumières du Nouvel An, le sapin, les magasins… Puis la guerre a commencé, en 2014. Ils nous envoyaient des vidéos. Leur maison a fini détruite. Nous les avons hébergés un an chez nous, près d’Izioum. J’étais désolée pour eux, mais tant que tu ne vis pas ça dans ta peau, ta chair, ce n’est pas la même chose, je le sais maintenant. »

Le village des parents de la jeune journaliste est occupé au printemps par l’armée russe, en avril 2022. Olena appelle alors sa cousine du Donbass pour trouver du réconfort. « Je lui ai raconté qu’on avait faim, mais que nous refusions l’aide alimentaire, que les Russes me mettaient la pression pour que j’enseigne dans les petites classes de l’école du village, mais que je les avais envoyés balader en disant : “Vous pouvez me tuer, jamais je ne collaborerai avec vous.” » Au téléphone, la cousine soupire : « Tu sais, au début, on pleure, puis on s’habitue. » Ce jour-là, Olena pique une colère noire et se met à hurler devant sa mère : « Je ne veux pas m’habituer ! »

A la libération de son village, Olena prévient ses parents : « Faites ce que vous voulez, moi je ne pars pas d’ici. » Elle rejoint Kharkiv. « Vivre dans une ville bombardée, c’est effrayant. Mais rapporter ce que je vois, faire le métier que j’ai choisi, c’est la seule chose qui m’empêche de devenir folle. J’ai pris cette décision difficile, et désormais c’est ma vie. Je n’éprouve plus les peurs paniques de 2022, quand, pour la première fois, les sirènes ont déchiré le ciel. Je cours sur les lieux des drames, j’interroge les témoins, les militaires, les humanitaires, les sauveteurs, le procureur, je ne montre pas les corps sans l’accord de la famille. » Elle en convient : « Je m’habitue. »

Poèmes sous les bombes

« Depuis que mon village a été occupé, je sais que je peux mourir n’importe quand, donc je veux faire tout tout de suite, vite, maintenant, conclut la journaliste. J’apprends l’anglais. Je ne veux rien rater. » Elle ajoute : « Quand je suis trop en colère, j’invente des poèmes, c’est le cri de mon âme. Je les écris en russe et je les poste sur Facebook, pour qu’eux aussi, là-bas, comprennent bien. »

Olena saisit son téléphone et accepte de réciter tout haut celui qu’elle a appelé Bratskié narody, « peuples frères ».

« Peuples frères, ils disaient.

Nous voulons vous aider, ils répétaient.

Mais en même temps, ils serraient leurs couteaux de plus en plus fort.

Dites, qui vous a appelés ?

Est-ce que nous vous avons demandé de nous aider ?

Les gens vous le hurlent au visage : “Rentrez chez vous !”

Ils s’allongent sur le sol sous les roues de vos chars,

Prêts à sacrifier leur vie pour vous empêcher de pénétrer chez nous,

Et vous continuez à dire que vous allez nous sauver ?

Et vous continuez à tirer des Grad [roquettes] sur nos maisons ?

De quoi voulez-vous nous sauver ?

Vous nous aidez en tuant des enfants ?

Comprenez bien : c’est vous qui avez apporté le malheur.

Maintenant, nous vous fuyons, bien loin.

Nous quittons nos maisons et abandonnons nos villes.

Au lieu de héros, vous êtes devenus des meurtriers

Et vous ne pourrez jamais vous en sortir.

Toutes les vies que vous avez prises, “frères”,

Nous nous en souvenons et jamais ne les oublierons.

Au lieu de laisser nos portes ouvertes,

Nous y accrocherons des cadenas en fonte.

Peuples frères, ils disaient… »

Une sirène mugit tout à coup. Olena poursuit son poème en poussant sa voix :

« Nous voulons vous aider, répétaient-ils

En cachant leurs mains dégoulinant… »

Un missile Iskander explose bruyamment et l’interrompt. Puis un second, vraiment tout près. Olena attrape son sac et fonce rejoindre la foule dans les escaliers du métro. « Ils sont énervés, les Russes, en ce moment », glisse-t-elle sur le quai. Son téléphone indique qu’un centre commercial a été visé, deux jours après l’immeuble 2D. Elle relève à nouveau ses cheveux blonds en chignon haut serré sur sa tête, comme pour se donner l’air mauvais : « Franchement, des “frères”, ça fait ce genre de choses ? »

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Le quartier Industrialnyi, à Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, le 2 septembre 2024. GUILLAUME HERBAUT / AGENCE VU’ POUR « LE MONDE »

 

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Les russes sont repartis à l'attaque de la mine de charbon au nord de Vuhledar avec succes. Il sont déjà fermement installé dans la partie est de la mine de charbon de l'est de Vuhledar.

Les russes sont en train d'encercler le terril d'Ukrainsk.

Coté saillant Koursk les choses avancent vite les russes ont pris le controle de "Darino" et des retenue au sud est de Tostiy Lug ...

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Les russes sont repartis à l'attaque de la mine de charbon au nord de Vuhledar avec succes. Il sont déjà fermement installé dans la partie est de la mine de charbon de l'est de Vuhledar.

Les russes sont en train d'encercler le terril d'Ukrainsk.

Coté saillant Koursk les choses avancent vite les russes ont pris le controle de "Darino", des retenue et de Tostiy Lug ...

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Selon le ministre des affaires étrangères polonais Radosław Sikorski, la Russie a détruit "environ 70%" de la capacité ukrainienne de production d'électricité et de chaleur :mellow:

Nous savons déjà que les Russes ont détruit, estime-t-on, environ 70 pour cent de la capacité ukrainienne à produire de l’électricité et de la chaleur

Pire estimation que j'aie lue jusqu'ici :unsure:

L'hiver sera très dur en Ukraine. Et la capacité de combat pourrait potentiellement en être encore diminuée - ça dépend si les installations militaires obtiennent ou non une priorité pour leurs besoins

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il y a 21 minutes, olivier lsb a dit :

Dur cet article. 

 « Peuples frères, ils disaient. [...] Franchement, des “frères”, ça fait ce genre de choses ? »

Il faut aller voir dans les mythes, dans l'histoire, dans la littérature, dans l'anthropologie : on en trouve tout pleins des exemples.

https://fr.aleteia.org/2022/04/11/pourquoi-la-violence-entre-deux-pays-freres

Nous sommes le plus souvent violents avec ceux qui nous sont le plus proches. Caïn et Abel sont des frères, ainsi que Romulus et Rémus ou qu’Étéocle et Polynice… l’Ukraine et la Russie aussi ! Alors même qu’elle devrait produire des liens de fraternité, de complicité, cette proximité crée la dissension. Comment cela est-il possible ? C’est que l’être humain est mimétique, il désire ce que l’autre désire : sans une sagesse très attentive à ce processus, la rivalité s’insinue dans nos relations, et par un effet de spirale, peut conduire à une lutte acharnée.

La méconnaissance du persécuteur 

La violence d’un conflit a quelque chose d’incompréhensible : on y entre d’une façon irrésistible tant que l’on n’a pas compris son mécanisme. D’abord, le persécuteur a besoin de trouver un bouc émissaire pour expulser la violence qui est en lui. Les "bonnes raisons" du conflit sont inventées pour la rendre légitime. Rappelons-nous les termes utilisés par Vladimir Poutine pour justifier son agression de l’Ukraine et qui touchent à sa "dénazification" : ils ne résistent pas à l’examen. Une victoire de la Russie pourrait instaurer cette version au détriment de la vérité historique. Ensuite, l’aveuglement du persécuteur n’est pas seulement une auto-persuasion, une construction qui masquerait son intention. Cet aveuglement est une méconnaissance : le persécuteur ne se rend pas vraiment compte de ce qu’il fait, il obéit à une injonction qui le dépasse, il est le jouet d’une violence diffuse.

La puissance de la lecture girardienne vient du fait que personne ne peut vraiment échapper à la violence persécutrice. Moi-même, voulant montrer en quoi Vladimir Poutine est le jouet de forces violentes qui le dépassent, je me situe en dehors, au-delà du processus violent que je réprouve. Je pourrais faire croire qu’il est toujours possible de se construire une niche imprenable pour distribuer les bons et les mauvais points. Erreur ! Le plus perspicace en matière de déconstruction de la violence peut se transformer en bourreau du fait même qu’il se croit préservé. C’est donc à une métanoia, c’est-à-dire une conversion du regard que nous convie René Girard : renoncer à l’attitude d’accusateur. Aussi déconcertante que puisse paraître une telle affirmation, et même déraisonnable au premier abord, elle délivre l’humanité du mal qui la ronge, et pour René Girard, l’essentiel du message biblique est là. Une manière de dire, qu’en matière de conflit violent, les techniques ne créent pas la solution, elles ne sont jamais que des pis-aller. La seule voie est intérieure et probablement spirituelle. En sommes-nous capables ?

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