Alexis Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 Le 16/10/2023 à 00:01, olivier lsb a dit : - Biden: Mais bon Dieu nous sommes les Etats-Unis d'Amérique, la nation la plus puissante au monde et la plus puissante de l'Histoire de l'Humanité. On peut se charger des deux conflits et maintenir notre niveau de défense. Nous avons la capacité et l'obligation de le faire. Sinon... Qui d'autre ? Joe Biden a raison en ce qui concerne la capacité des Etats-Unis à le faire. La question est la volonté. Et lorsqu'il déclare "nous avons l'obligation de...", il exprime son opinion. Qui a beaucoup de poids pour encore au moins un an - même s'il ne peut pas tout faire, notamment si le Congrès des Etats-Unis ne l'aide pas. Dans un an, c'est à voir. Plus important encore, dans trois ans, cinq ans et après. Car la capacité de la Russie à continuer la guerre, voire à l'intensifier, s'ils ne parvenaient pas encore à leurs fins, ne fait guère de doute. [HS ON] Nation "la plus puissante de l'Histoire", c'est une déclaration un peu exaltée. En termes absolus c'est une évidence du simple fait que la puissance de l'Humanité est bien plus grande qu'autrefois. En termes relatifs, je peux imaginer un certain nombre de personnes dans la pièce tousser plus ou moins discrètement. Un certain nombre d'empereurs romains pour commencer, ainsi qu'un certain nombre d'empereurs chinois. Sans oublier un certain Truman, qui dirigeait un pays vers 1950. Voire un certain Clinton, qui dirigeait le même pays vers 1995. C'était sans doute le même pays, mais il était plus puissant en termes relatifs à l'époque. [HS OFF] Il y a 6 heures, olivier lsb a dit : Il se passera la même chose qu'avec la Russie en ce moment: une opposition sur tous les fronts, des saisies d'actifs dans tous les sens, un blocage immédiat des visas et des naturalisations, des transferts d'argent de la diaspora, une solidarité de l'UE qui sera à mobiliser mais qui est loin d'être impossible (il n'y a cas comment ça s'est fait sur la Russie, alors qu'on parle d'un pays avec un immense pouvoir de nuisance et de corruption). Lorsque la Lituanie en 2022 a été frappée par les sanctions économiques de la Chine pour avoir laissé ouvrir une représentation diplomatique de Taiwan à Vilnius, l'UE a réagi par des déclarations. Pour faire face à ces mesures, la Lituanie s'est retrouvée... entre Lituaniens. Lorsqu'une frégate française a été visée par des bâtiments turcs en 2020 pour avoir voulu appliquer une résolution de l'ONU, il n'y a même pas eu de déclarations. Et les avions inconnus qui quelques jours plus tard ont frappé les forces turques en Libye n'étaient sans doute pas allemands ni italiens. La "solidarité" de l'UE n'est pas exactement impressionnante. Le 12/10/2023 à 20:09, Heorl a dit : Je pense que c'est lié à l'après-conflit. Dès que le conflit sera réglé et le danger russe écarté pour bien des années, les États-Unis s'empresseront de se retourner vers le Pacifique, et à ce moment-là l'Ukraine aura bien besoin de s'entendre surtout avec l'Europe, notamment pour faciliter son accession. Je ne comprends pas la relation logique entre "le conflit sera réglé" et "le danger russe écarté pour bien des années". La guerre russo-ukrainienne aura une fin, c'est entendu, quelle que soit cette fin. Pourquoi serait-ce lié à un danger russe "écarté" ? 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Heorl Posté(e) le 17 octobre 2023 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 17 octobre 2023 (modifié) il y a 35 minutes, Alexis a dit : Je ne comprends pas la relation logique entre "le conflit sera réglé" et "le danger russe écarté pour bien des années". La guerre russo-ukrainienne aura une fin, c'est entendu, quelle que soit cette fin. Pourquoi serait-ce lié à un danger russe "écarté" ? Je ne suis pas dans la tête des décideurs, mais j'imagine qu'ils considèrent qu'à moyen terme la Russie va perdre la guerre et que son outil militaire sera dans un tel état qu'elle ne pourra représenter un danger avant des années. Dès lors il convient de déjà placer des pions pour gagner la paix. Ça ne coûte rien et ça permet d'aller encore plus loin dans l'intégration européenne. Et oui, contrairement à toi je pense sérieusement que la Russie n'a plus les moyens de vaincre l'Ukraine. Que ce soit en termes d'hommes, de matériels, d'expérience et d'attrition, je pense sérieusement que les FAR sont sur une longue pente descendante dont ils ne peuvent pas remonter à court terme pour des raisons structurelles, alors que les FAU font lentement le chemin inverse grâce à une plus grande plasticité dans le commandement et le cadre des missions. Modifié le 17 octobre 2023 par Heorl 5 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
olivier lsb Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 (modifié) il y a une heure, Alexis a dit : Lorsqu'une frégate française a été visée par des bâtiments turcs en 2020 pour avoir voulu appliquer une résolution de l'ONU, il n'y a même pas eu de déclarations. Et les avions inconnus qui quelques jours plus tard ont frappé les forces turques en Libye n'étaient sans doute pas allemands ni italiens. Je ne connaissais pas du tout cette "anecdote", je me permets un micro HS que tu pourras gérer, si vous en avez l'obligeance très cher, en réponse caché :) Auriez-vous une source ou un article sur ce sujet ? Il y a 6 heures, Stark_Contrast a dit : Cela ressemble à un nivellement par le bas. Il n'est guère encourageant de dire "la Chine est pire". La question est de savoir s'il faut ouvrir une brèche, quelles seront les réactions des gens et les conséquences possibles. Il ne faut vraiment pas jouer avec cela. Cela constituera un affront plus grand aux économies mondialisées que Donald Trump ne peut l'imaginer. En fin de compte, les gens n'investiront que là où ils ont confiance. Et depuis les confins de l'internet, c'est ce que certains soupçonnent d'être le but de l'exercice. Faire en sorte que l'UE paraisse moins digne de confiance et que d'autres le soient peut-être davantage. Cela pourrait créer des blocs économiques beaucoup plus forts au sein des BRICS. Il s'agit bien sûr d'une théorie non confirmée. Je n'ai pas la boule de cristal ni la confiance de certains. En fin de compte, nous savons pourquoi cette option est explorée si facilement aujourd'hui et c'est parce que les États-Unis se retirent et que l'UE ne peut pas se permettre d'aider l'Ukraine seule. Même l'idée que les BRICS sont d'une certaine manière des ennemis est vraie, mais vous leur donnez maintenant une cause commune. Ils peuvent ne pas s'aimer, mais quel est l'intérêt d'appartenir à un bloc économique si un étranger peut s'emparer de vos actifs et que vous ne vous rassemblez pas ? Il pourrait s'agir d'un cri de ralliement économique, sans parler du fait qu'il nuit à la crédibilité de l'UE quant à ce qu'elle prétend être. Dans le fond, je déplore et je n'aurais certainement pas encouragé l'émergence du monde "transactionnel", qui s'impose à tous les états désormais. Les logiques d'ordre et de respect des règles communes ou des consensus ont volé en éclat depuis longtemps, c'est un fait. Certains diront même depuis la guerre en Irak, mais ce serait taquin. Les seuls à y croire encore un peu sont les Européens, mais nous n'avons pas le poids géopolitique pour refuser de voir les nouvelles règles du jeu et continuer d'imposer celles que l'on voudrait. La saisie des avoirs Russes, c'est une transaction spécifique, dont le choix est imposée par la Russie à l'UE. Ce n'est pas un changement des règles, je pense que c'est ainsi qu'un accord politique visera à légitimer et circonscrire tout risque et crainte à ce sujet. Heureusement, difficile de voir en la Chine ou dans le Brésil des alternatives géopolitiques sérieuses pour qui voudrait investir. Car tout le monde joue le même jeu et c'est ce qui nous sauvera, car on sera en relatif toujours mieux positionné sur le droit et le respect de la propriété. L'UE prétend être beaucoup de choses qui sont souvent contradictoires mais toujours bien intentionnées. Et sur la question du conflit Russo-Ukrainien, une de ces contradictions finira par pousser à la confiscation des actifs Russes, dans une espèce de volonté de faire prévaloir la paix sur la propriété. Modifié le 17 octobre 2023 par olivier lsb 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. olivier lsb Posté(e) le 17 octobre 2023 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 17 octobre 2023 Je vais peut être malgré moi relancer le débat très très inflammable et incendiaire sur les cadences du Rafale, et je ne me risquerais même pas d'interpréter le chiffre donné par le MinArm. Alors je le pose là. Et 40 Mistrals / mois, je trouve çà pas vilain comme rythme de production. 2 2 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Patrick Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 il y a 12 minutes, olivier lsb a dit : Je vais peut être malgré moi relancer le débat très très inflammable et incendiaire sur les cadences du Rafale, et je ne me risquerais même pas d'interpréter le chiffre donné par le MinArm. Alors je le pose là. Et 40 Mistrals / mois, je trouve çà pas vilain comme rythme de production. Les Rafale n'ont rien à voir avec "l'économie de guerre". Hypocrisie. Les Mistral je ne pense pas non plus, il y a des commandes export à honorer. Les radars idem. GM200, 400, Air Master C, RBE2, ce n'est pas pour l'Ukraine. 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shorr kan Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 il y a 22 minutes, olivier lsb a dit : Je vais peut être malgré moi relancer le débat très très inflammable et incendiaire sur les cadences du Rafale, et je ne me risquerais même pas d'interpréter le chiffre donné par le MinArm. Alors je le pose là. Et 40 Mistrals / mois, je trouve çà pas vilain comme rythme de production. Révélation Mastic ou pas mastic, telle est la question ! 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Alexis Posté(e) le 17 octobre 2023 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 17 octobre 2023 Il y a 2 heures, olivier lsb a dit : Je ne connaissais pas du tout cette "anecdote", je me permets un micro HS que tu pourras gérer, si vous en avez l'obligeance très cher, en réponse caché :) Auriez-vous une source ou un article sur ce sujet ? Comment ça, vous ne lisez pas tout le forum, cher confrère ? C'était le 5 juillet 2020. On en a parlé plusieurs pages sur le fil Libye à partir d'ici. A ce jour, l'origine de l'attaque est indéterminée. Certes, elle a eu lieu quelques jours après l'intimidation d'une frégate française par trois frégates turques. Mais il ne s'agit certainement que d'une coïncidence. Ce qui est certain, c'est que quelqu'un a joué à "Un coup je dégaine un coup je cogne" avec M. Erdogan, qui en était fort marri. Il ne savait pas d'où venait le coup. Révélation 1 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Heorl Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 Il y a 3 heures, olivier lsb a dit : Je ne connaissais pas du tout cette "anecdote", je me permets un micro HS que tu pourras gérer, si vous en avez l'obligeance très cher, en réponse caché :) Auriez-vous une source ou un article sur ce sujet ? Dans le fond, je déplore et je n'aurais certainement pas encouragé l'émergence du monde "transactionnel", qui s'impose à tous les états désormais. Les logiques d'ordre et de respect des règles communes ou des consensus ont volé en éclat depuis longtemps, c'est un fait. Certains diront même depuis la guerre en Irak, mais ce serait taquin. Les seuls à y croire encore un peu sont les Européens, mais nous n'avons pas le poids géopolitique pour refuser de voir les nouvelles règles du jeu et continuer d'imposer celles que l'on voudrait. La saisie des avoirs Russes, c'est une transaction spécifique, dont le choix est imposée par la Russie à l'UE. Ce n'est pas un changement des règles, je pense que c'est ainsi qu'un accord politique visera à légitimer et circonscrire tout risque et crainte à ce sujet. Heureusement, difficile de voir en la Chine ou dans le Brésil des alternatives géopolitiques sérieuses pour qui voudrait investir. Car tout le monde joue le même jeu et c'est ce qui nous sauvera, car on sera en relatif toujours mieux positionné sur le droit et le respect de la propriété. L'UE prétend être beaucoup de choses qui sont souvent contradictoires mais toujours bien intentionnées. Et sur la question du conflit Russo-Ukrainien, une de ces contradictions finira par pousser à la confiscation des actifs Russes, dans une espèce de volonté de faire prévaloir la paix sur la propriété. Bombardement de la base turque d'al-Watiyah en Lybie. Pas de morts, destruction de matériels assez coûteux et la seule chose qui ait publiquement fuité c'est que les radars ont détecté des "avions à aile delta" avant la frappe. Autrement dit, des avions de fabrication française, car seuls des Rafales et des M-2000 étaient présents dans le coin à cette époque, et seules la France et l'Égypte les opéraient. La Turquie n'a plus tenté de nous provoquer frontalement pendant les mois qui suivirent. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Titus K Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 Une part non négligeable de l'export record Allemand vers le Kyrgyzstan n'arrive jamais au kyrgyzstan 1 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
olivier lsb Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 Il y a 8 heures, Patrick a dit : Les Rafale n'ont rien à voir avec "l'économie de guerre". Hypocrisie. Les Mistral je ne pense pas non plus, il y a des commandes export à honorer. Les radars idem. GM200, 400, Air Master C, RBE2, ce n'est pas pour l'Ukraine. Les rafales clairement pas, les mistrals peut être un peu plus : avait on le carnet de commande pour justifier un doublement de la production ? Difficile à dire. Et de toute façon à 200% d'accord, faut d'urgence arrêter avec l'économie de guerre : c'est soit du foutage de gueule pour les ukrainiens... Soit on a vraiment de quoi s'inquiéter si c'est ça le niveau de notre production d'économie de guerre 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 il y a 10 minutes, olivier lsb a dit : Et de toute façon à 200% d'accord, faut d'urgence arrêter avec l'économie de guerre : c'est soit du foutage de gueule pour les ukrainiens... Soit on a vraiment de quoi s'inquiéter si c'est ça le niveau de notre production d'économie de guerre Absolument. Pendant la seconde guerre mondiale, le budget de la défense américain est à 40% du PIB. Je n'ai pas de source pour l'URSS, ni pour la France pendant la première guerre mondiale, mais de mémoire la part du PIB pour la défense allait jusqu'à 50%. La France est aujourd'hui à 2% du PIB pour la défense. Les Etats-Unis sont à 4%. Israël un peu plus de 5%. La Russie à 6% - elle était en-dessous de 3% en 2021. Poutine est très loin d'avoir mis la Russie en économie de guerre. Alors Macron, pensez ... 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
capmat Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 Il y a 9 heures, Patrick a dit : Les Rafale n'ont rien à voir avec "l'économie de guerre". La guerre en Ukraine est un fragment des guerres en général sur le globe terrestre. Dans la conscience du ministre de La Défense il y a l'ensemble des fragments...... qui ont tendance a se multiplier. 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Stark_Contrast Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 8 hours ago, olivier lsb said: I didn't know this "anecdote" at all, I'll allow myself a HS microphone that you can manage, if you're so kind, very dear, in hidden response :) Do you have a source or an article on this subject? Basically, I deplore and I certainly would not have encouraged the emergence of the "transactional" world, which is now imposed on all states. The logic of order and respect for common rules or consensus has been shattered for a long time, that is a fact. Some would even say since the war in Iraq, but that would be teasing. The only ones who still believe in it a little are the Europeans, but we do not have the geopolitical weight to refuse to see the new rules of the game and continue to impose those we would like. The seizure of Russian assets is a specific transaction, the choice of which is imposed by Russia on the EU. This is not a change of the rules, I think that this is how a political agreement will aim to legitimize and circumscribe any risk and fear on this subject. Fortunately, it is difficult to see in China or Brazil serious geopolitical alternatives for those who would like to invest. Because everyone is playing the same game and that is what will save us, because we will be relatively always better positioned on the law and respect for property. The EU pretends to be many things which are often contradictory but always well-intentioned. And on the question of the Russo-Ukrainian conflict, one of these contradictions will ultimately lead to the confiscation of Russian assets, in a kind of desire to make peace prevail over property. J'espère vraiment que le traducteur est défectueux parce que cela semble insensé. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 Il y a 10 heures, Heorl a dit : Je ne suis pas dans la tête des décideurs, mais j'imagine qu'ils considèrent qu'à moyen terme la Russie va perdre la guerre et que son outil militaire sera dans un tel état qu'elle ne pourra représenter un danger avant des années. Dès lors il convient de déjà placer des pions pour gagner la paix. Ça ne coûte rien et ça permet d'aller encore plus loin dans l'intégration européenne. Et oui, contrairement à toi je pense sérieusement que la Russie n'a plus les moyens de vaincre l'Ukraine. Le fait que nous ayons des opinions différentes n'est pas ce qui me surprend. Ce qui me surprend, c'est que tu n'y mets pas de conditionnel - enfin du moins tu n'en mettais pas dans le post auquel je répondais. Je pense que le plus probable est que la Russie parvienne à imposer sa volonté en Ukraine, mais je ne dirai pas que c'est absolument certain. Je ne vois pas comment qui que ce soit pourrait être certain de son opinion dans un sens comme dans l'autre Si je pensais comme toi, je n'écrirais pas "Dès que le conflit sera réglé et le danger russe écarté pour bien des années", mais quelque chose comme : "Si comme je le pense l'Ukraine finit par l'emporter et par écarter le danger russe pour bien des années, ..." Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
olivier lsb Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 Il y a 1 heure, Stark_Contrast a dit : J'espère vraiment que le traducteur est défectueux parce que cela semble insensé. Negative ! I am Olivier and I approve this translation 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
olivier lsb Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 (modifié) Il y a 2 heures, capmat a dit : La guerre en Ukraine est un fragment des guerres en général sur le globe terrestre. Dans la conscience du ministre de La Défense il y a l'ensemble des fragments...... qui ont tendance a se multiplier. "Les sanglots longs des 3 Rafales de l'automne fragmentent sa conscience d'une langueur monotone" Capmat, discours à la gloire du MinArm, 2023 Modifié le 17 octobre 2023 par olivier lsb 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
olivier lsb Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 (modifié) Un câble télécom a été endommagé en Baltique. Ca commence à faire beaucoup, mais surveiller tout ce bazar avec une acteur hostile mais compétent en la matière et qui joue quasiment à domicile, pas une sinécure. Modifié le 17 octobre 2023 par olivier lsb 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. olivier lsb Posté(e) le 17 octobre 2023 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 17 octobre 2023 (modifié) Par névrose mono-sujet, je me suis farci, pour moi et bien sur pour vous chers collègues, les 20 minutes d'articles sur le prochain bouquin de Sylvie Kauffman, « Les Aveuglés. Comment Berlin et Paris ont laissé la voie libre à la Russie ». Dans un livre à paraître mercredi 18 octobre chez Stock, l’éditorialiste au « Monde » décrypte, à travers des témoignages et des épisodes-clés, ce qui a empêché les Européens de percevoir la réalité de la Russie de Vladimir Poutine. Nous en publions de larges extraits, centrés sur la période ayant précédé l’invasion de l’Ukraine. L'article original https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/16/comment-emmanuel-macron-et-angela-merkel-se-sont-leurres-sur-vladimir-poutine-lisez-les-extraits-des-aveugles-de-sylvie-kauffmann_6194670_3232.html Citation [En décidant d’envahir l’Ukraine le 24 février 2022, Vladimir Poutine pulvérise l’ordre européen. Il oblige aussi Français et Allemands à s’interroger : pourquoi leurs dirigeants se sont-ils si lourdement trompés au sujet du chef de l’Etat russe ? Pour répondre à cette question, Sylvie Kauffmann, dans son enquête « Les Aveuglés. Comment Berlin et Paris ont laissé la voie libre à la Russie » (Stock), revient notamment au tout début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, en 2017. A l’époque, ce jeune président aux ambitions diplomatiques affirmées est convaincu de pouvoir « arrimer la Russie à l’Europe ». Bonnes feuilles.] Poutine et nous Vladimir Poutine le sait : depuis le général de Gaulle, qui l’a équipée de l’arme nucléaire, la France se voit comme « une puissance dotée », l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, qui peut donc traiter à ce titre d’égal à égal avec les autres puissances. C’est la grande différence avec l’Allemagne, dont la puissance est d’abord économique. Avec la fin de la guerre froide et la disparition de l’Union soviétique, les structures sur lesquelles reposait l’organisation de la sécurité en Europe s’effacent les unes après les autres. Une nouvelle ère s’est ouverte. Chaque président français ambitionne de mettre sur pied « une nouvelle architecture de sécurité en Europe ». Emmanuel Macron ne saurait manquer à l’appel. A cette ambition il en ajoute une autre, ouvertement déclarée, celle de faire de l’Europe un acteur géopolitique. Pour lui, le temps où les Etats-Unis et l’URSS, ou maintenant la Russie, géraient la sécurité de l’Europe par-dessus la tête des Européens est révolu. L’Europe doit être à la table des négociations. Il faut « engager la Russie ». Trois semaines à peine après son élection, le jeune président français reçoit [son homologue russe] Vladimir Poutine à Versailles, le 29 mai 2017. (…) Le contexte est délicat : il y a l’Ukraine bien sûr, mais aussi la Syrie, où l’aviation russe bombarde allègrement hôpitaux et autres cibles civiles sous couvert de lutte antiterroriste. Les Français, engagés dans la lutte contre Daech [l’acronyme arabe de l’Organisation Etat islamique], constatent que les forces russes ne tiennent absolument pas parole dans le ciblage des structures de Daech. La priorité de Moscou, et elle sera couronnée de succès, c’est le retour de la Russie dans la région et la consolidation du régime de Bachar Al-Assad. (…) Il y a aussi le sujet épineux des interférences des services russes dans la campagne électorale française. Echaudés par l’ingérence russe d’une ampleur sans précédent qui a perturbé la campagne présidentielle américaine de 2016, les Français ont pris des mesures préventives ; cela n’a pas empêché le piratage des comptes e-mail du QG de campagne de Macron et les opérations de désinformation sur sa vie privée. Mais Macron veut renouer et prend prétexte de l’exposition sur Pierre le Grand au Grand Trianon de Versailles pour inviter Poutine. Tous les fastes de la République, et de la monarchie, sont déployés. A la conférence de presse qui suit l’entretien, transparaît la ligne que Macron entend mener avec Moscou : dialogue mais fermeté. (…) Le ton est apprécié des critiques de Poutine. Le dialogue se poursuit les mois suivants, au téléphone ou au gré des sommets du G20. Macron, selon un témoin de ces échanges, « a l’impression que le courant passe entre Poutine et lui ». En 2018, il se rend au forum de Saint-Pétersbourg, le grand show économique de Poutine, des contrats sont signés avec le CAC 40, les affaires marchent. Le chef de l’Etat français se félicite de la « vision historique et stratégique » qu’a, d’après lui, le président russe de la relation avec l’Europe. Car Macron en est convaincu : « Il faut arrimer la Russie à l’Europe. » En fait, la volonté de dialogue prend le pas sur l’exigence de fermeté. Macron ne résiste pas à la tentation de maintenir son voyage en Russie pour la demi-finale et la finale de la Coupe du monde de football – remportée par la France – en juillet 2018, malgré les tensions sur l’affaire Skripal, ancien agent double victime d’une tentative d’empoisonnement, ainsi que sa fille, en Grande-Bretagne. Les relations avec Poutine sont cordiales, les deux hommes se tutoient. Macron échafaude un plan plus ambitieux : il faut passer du bilatéral au « stratégique », à l’échelle européenne. Est-ce l’ambition de trop ? Ou bien l’erreur de méthode, avec cet exercice solitaire du pouvoir qui marque trop souvent les initiatives du président ? Macron décide de lancer son reset à lui, baptisé de manière un peu grandiloquente « initiative de confiance et de sécurité ». Le coup d’envoi est donné par l’invitation lancée à Vladimir Poutine pour des entretiens au fort de Brégançon sur la Côte d’Azur, le 19 août 2019, quelques jours avant un sommet du G7 que la France accueille à Biarritz. (…) Le soleil d’août tape très fort sur les deux délégations installées sur la terrasse. On sue au sens propre et au sens figuré et, lorsqu’on passe enfin à table à 23 heures, on respire un peu mieux. Rien de fructueux ne sort de ces heures de discussions, sinon le projet d’un nouveau sommet en « format Normandie » sur la question du Donbass, pour réunir à Paris Macron, [Angela] Merkel [la chancelière allemande], Poutine et le nouveau venu à Kiev, le président Volodymyr Zelensky, qui vient d’être élu et que le président russe prend pour un clown puisqu’il est comédien. Pas découragé pour autant, Macron affirme sa volonté de « construire une nouvelle architecture de sécurité et de confiance entre l’Union européenne et la Russie », dans ce « moment historique » de « recomposition de l’ordre international ». Il y a deux problèmes dans cette initiative de Brégançon. Le premier, c’est qu’elle est complètement à contre-courant de la dynamique interne observée avec constance à Moscou, répressive, expansionniste et révisionniste. Le groupe paramilitaire russe Wagner a déjà pris ses quartiers en République centrafricaine pour en évincer les Français ; à plusieurs reprises ces derniers mois, quand Macron l’interroge sur ce sujet, Poutine répond évasivement, prétend ne pas être au courant, dit qu’il va se renseigner… Le second problème, c’est que l’Elysée a mené cette opération seul dans son coin, sans y associer aucun de ses partenaires européens, tout en la présentant comme une démarche pour l’Europe. Poutine s’en doute un peu, puisqu’il pose la question à Macron : « Est-ce que tu vas arriver à convaincre les autres Européens ? » Mais Macron a fait de sa capacité personnelle de séduction et de persuasion un instrument essentiel de sa diplomatie, bien que la manœuvre ait échoué avec Trump, quelques mois plus tôt à Washington. Pourquoi s’encombrer de vingt-six partenaires quand on est le meilleur ? Même Berlin a été tenu à l’écart. Evidemment, les Allemands sont furieux. « On était un peu étonnés, voire choqués », reconnaît un haut diplomate allemand sur un ton qui fleure bon l’euphémisme. Le téléphone entre Berlin et Paris sonne beaucoup dans les jours qui suivent, pour des conversations « très franches et très directes » entre gens qui ont pourtant l’habitude de travailler ensemble. Au bout du fil, les diplomates français défendent loyalement l’initiative de l’Elysée, mais leurs interlocuteurs à Berlin discernent « un certain malaise ». Certains de ces diplomates du Quai d’Orsay avaient vivement suggéré à l’Elysée de mettre au moins Berlin dans la boucle mais avaient été éconduits : « Ce n’est pas ce que souhaite le président. » Les Allemands sont furieux parce qu’ils craignent que cette façon de découpler la sécurité européenne et la sécurité américaine offre à Poutine l’occasion de diviser l’Alliance. Et ils sont furieux parce qu’ils se doutent que les Européens de l’Est vont très mal le prendre. En réalité, Berlin partage l’essentiel de l’approche de Macron sur cette Russie qui, « qu’on le veuille ou non, ne disparaîtra pas de la carte » et avec laquelle il faut trouver un modus vivendi. Mais les Allemands trouvent la méthode « tellement maladroite » qu’elle risque, disent-ils, de tout compromettre. Ils sont d’autant plus vexés que leurs partenaires d’Europe centrale et orientale ne croient pas une seconde que Berlin n’était pas au courant ! Echaudés, Polonais et Baltes soupçonnent une nouvelle manœuvre franco-allemande dans leur dos, mise en scène grâce à un jeu de rôle dans lequel Paris prétendrait prendre les devants alors que Berlin tirerait les ficelles avec Moscou. Macron charge Pierre Vimont, diplomate chevronné et spécialiste des missions délicates au point qu’on le surnomme le « couteau suisse du Quai d’Orsay », d’aller panser les plaies et vendre son initiative dans les chancelleries. Les Allemands l’accueillent gentiment mais leur religion sur le reset français est déjà faite : ça ne marchera pas. Les Baltes et Centre-Européens ne se montrent pas mieux disposés. « Il y avait trop de doutes sur nos intentions dans le dialogue franco-russe, reconnaît aujourd’hui un diplomate impliqué dans cette opération. On a trop tenu pour acquise la confiance de nos partenaires, et on a présumé que leurs intérêts de sécurité correspondaient aux nôtres. » Au passage, Emmanuel Macron hérisse une autre catégorie de partenaires : son propre corps diplomatique. Le scepticisme d’une partie du Quai d’Orsay à l’égard de son initiative est remonté jusqu’à lui. Fin août, lorsque les ambassadrices et ambassadeurs se retrouvent pour leur réunion annuelle, il les tance à l’Elysée comme un maître d’école sermonne ses élèves. Il soupçonne un « Etat profond » de chercher à « décrédibiliser la parole présidentielle » et, en gros, de saboter son projet. « Je sais que beaucoup d’entre vous se sont formés dans la défiance envers la Russie, assène-t-il. En général sur ce sujet, on écoute le président et on fait comme d’habitude. Je ne saurais trop vous conseiller de ne pas suivre cette voie. » Erreur. « J’ai trouvé ça profondément injuste, témoigne l’un des diplomates présents, résumant le sentiment général. Au Quai on peut avoir ses idées, mais on est loyal. » L’accusation creuse le fossé entre l’Elysée et le Quai d’Orsay, problème structurel de la Ve République. D’autant plus que les travaux de « l’architecture de confiance et de sécurité » ont beaucoup de mal à démarrer, côté russe. Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères, et Florence Parly, ministre des armées, vont servir d’éclaireurs. Ils s’envolent pour Moscou pour relancer les consultations « 2 + 2 » avec leurs homologues russes, qui étaient interrompues depuis [l’annexion, en 2014, de] la Crimée. Une façon, pensent-ils, de tester la bonne volonté de Moscou. Leurs directeurs politiques accompagnent les ministres, la délégation est conséquente. « Tiens, l’Etat profond qui descend de l’avion », ironise un témoin. Les choses se présentent plutôt bien de prime abord. Après les deux rencontres bilatérales, tout le monde se retrouve pour déjeuner dans une maison d’hôte officielle. « Un déjeuner à la russe », note un participant français : la vodka coule à flots, on trinque sur fond de scènes de chasse impériales accrochées aux murs. Ils sont tous là, Sergueï Lavrov, le ministre des affaires étrangères, Sergueï Choïgou, celui de la défense, Igor Kostioukov, le chef du GRU, le renseignement militaire… du beau linge. Les Français présentent plusieurs propositions concrètes de coopération – les sujets de « déconfliction » ne manquent pas. Les Russes avaient laissé entendre que les deux ministres français seraient reçus par Poutine dans l’après-midi, mais la rencontre n’a pas lieu : c’est un premier signe qui alerte les Français. Ils dînent le soir à l’ambassade avec des représentants de la société civile russe, journalistes, historiens de l’association Memorial, dont le courage les impressionne ; ils regagnent Paris le lendemain. Les semaines suivantes, ils relancent régulièrement leurs interlocuteurs officiels à Moscou. « Mais les Russes n’embrayent pas. On leur proposait des dates, ils ne donnaient pas suite. » Les mois passent… et il ne se passe rien. « Il y avait le décorum, mais rien derrière. » Un coup pour rien. (…) Zelensky renverse la table Macron arrache quand même l’accord de Poutine pour venir à Paris le 10 décembre 2019 pour un « sommet Normandie », de ceux que prévoient les accords de Minsk sur le Donbass. C’est la première fois que le président russe rencontre le nouveau président ukrainien, élu huit mois plus tôt – ce sera d’ailleurs la seule. Les Allemands se disent que ce cadre-là, avec Merkel et Macron, est plus recommandé pour cette première rencontre : « Connaissant un tout petit peu Poutine, on se disait qu’il allait manger Zelensky tout cru au petit déjeuner si on les laissait seuls ! » La préparation de ce sommet coûte d’interminables heures de pourparlers laborieux aux diplomates concernés mais, le moment venu, il se passe quelque chose d’inattendu à l’Elysée : Zelensky renverse la table – au sens figuré. Il remet en cause les accords qui, au moment où ils ont été signés en 2015, étaient beaucoup plus favorables à la Russie qu’à l’Ukraine puisque l’armée ukrainienne était en position de faiblesse. Or depuis, elle s’est renforcée, notamment grâce à l’entraînement dont ses hommes ont bénéficié auprès des Britanniques et des Américains. Le petit comédien n’a plus envie de se faire marcher sur les pieds. « Je vois bien le texte, déclare-t-il, mais si on continue comme ça, ça va prendre des dizaines d’années. Et moi je n’ai pas le luxe du temps. » La réunion est bouleversée. Poutine est furieux mais il ne le montre pas. La séance donne lieu à des échanges intéressants entre le président russe et la chancelière allemande, qui se connaissent maintenant depuis douze ans. « Ecoutez, je vais vous dire la vérité, commence Poutine. – Mais Vladimir, j’espère que tu dis toujours la vérité ! l’interrompt Angela Merkel, faussement ingénue. – Angela, rétorque-t-il. Tout le monde ment, moi je mens, toi tu mens, Emmanuel ment, même M. Zelensky va mentir, c’est normal ! » Sergueï Lavrov, qui avait sans doute garanti à son président que tout était ficelé, devient très nerveux en voyant la négociation partir à vau-l’eau. Il se lève, se met à courir à droite et à gauche. « Il voulait négocier avec nous des amendements au texte qui avait été préalablement agréé », dit un participant, amusé. « Bref, c’était un peu le bordel. » A l’issue d’une longue journée, les divergences entre Zelensky et Poutine transparaissent assez clairement lorsque les quatre leaders rencontrent la presse. Ils ont au moins un accord sur des échanges de prisonniers, qui aura lieu, et promettent de se réunir à nouveau dans le même format à Berlin quatre mois plus tard. Dans l’intervalle, leurs ministres et conseillers sont censés aplanir les difficultés. Il n’y aura pas de nouveau sommet, ni à Berlin ni ailleurs. En mars 2020, le Covid-19 fait son apparition en Europe et Poutine se claquemure au Kremlin, à Sotchi ou dans une autre de ses résidences. Le rêve du président russe d’accueillir le 9 mai, pour le 75e anniversaire de la victoire soviétique dans la « Grande Guerre patriotique », Trump, Macron, Merkel et d’autres grands de ce monde s’écroule. Le défilé sur la place Rouge est annulé. (…) En réalité, ce sommet de décembre 2019 à Paris a probablement produit un résultat imprévu : Poutine y a pris conscience de la dimension politique du personnage Zelensky. Il a compris qu’il ne pourrait pas « le manger tout cru au petit déjeuner » comme le craignaient les Allemands. Macron avait, sur ce point, assez bien joué. Sur les conseils de l’ambassadrice de France en Ukraine, Isabelle Dumont, qui avait regardé tous les épisodes de la série télévisée Serviteur du peuple dans laquelle l’acteur Volodymyr Zelensky jouait le rôle d’un professeur devenu président malgré lui, puis avait suivi, fascinée, sa campagne électorale, le président français a invité le candidat iconoclaste à l’Elysée, en 2019, avant même qu’il soit élu. Une relation personnelle a donc pu s’établir à ce moment-là entre les deux présidents. Elle va permettre de contrebalancer, au moins un petit peu, la carte Poutine que Macron jouera à fond, jusqu’au désastre de février 2022. Merkel mord la poussière Certains pensent que c’est à partir de ce sommet de Paris que Poutine commence à concevoir l’invasion de l’Ukraine à grande échelle. Son ressentiment à l’égard du tournant européen des Ukrainiens et de leurs élites est aggravé par l’isolement imposé par la pandémie, qu’il applique de manière particulièrement draconienne. Quelles informations du terrain remontent jusqu’à lui ? Impossible de le savoir vraiment : le Kremlin est de plus en plus opaque. De son côté, Angela Merkel s’inquiète. L’arrestation et l’emprisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny dès sa descente d’avion à Moscou, en janvier 2021, après son séjour en Allemagne où il a été soigné pour son empoisonnement au Novitchok, est un très mauvais signe, qui renforce sa préoccupation. En Russie, l’étau se resserre encore autour des ONG, de plus en plus réprimées. En mai, trois ONG allemandes ont été bannies de Russie, entraînant un gel du « dialogue de Saint-Pétersbourg », structure formée en 2001 pour favoriser les échanges entre sociétés civiles des deux pays. La chancelière s’ouvre de son inquiétude lors d’apartés informels avec d’autres leaders en marge du G7 de Carbis Bay, dans les Cornouailles, du 11 au 13 juin 2021. Elle a un pressentiment. Il faut maintenir le contact avec Moscou, comme au temps de la guerre froide, plaide-t-elle. Quelques jours après le G7, le 16 juin 2021, le président Joe Biden plante là ses amis européens et s’envole pour Genève pour y rencontrer Vladimir Poutine. Il n’a associé aucun d’entre eux à cet entretien sur le sol européen. Depuis leurs capitales respectives, Emmanuel Macron et Angela Merkel observent ce sommet avec un soupçon d’amertume : lorsque eux parlent avec Poutine, leurs partenaires d’Europe centrale crient à la trahison, mais lorsque c’est le président des Etats-Unis qui le fait, plus personne ne dit rien. Le 18 juin, Macron va voir Merkel à Berlin. C’est la première fois depuis un an que la chancelière le reçoit chez elle, puisque la pandémie a empêché les échanges physiques ; tout le monde porte encore un masque. Devant la presse avant leurs entretiens, Merkel explique qu’ils vont préparer le sommet européen des 24 et 25 juin, une semaine plus tard ; elle dit explicitement qu’il y sera question de la Russie et qu’à ce propos elle est en faveur de contacts avec Moscou, autres que ceux, très limités, qui existent dans le cadre des accords de Minsk. Personne ne prête attention à cette phrase. Pourtant, la chancelière a bien une idée derrière la tête, qu’elle soumet ce soir-là au président Macron au cours d’une longue discussion, de façon à la transformer en idée franco-allemande. Cette idée, c’est d’inviter Poutine, pour la première fois depuis l’annexion de la Crimée, à un sommet Russie-Union européenne, c’est-à-dire avec les vingt-cinq autres dirigeants des Etats membres. Paris trouve l’option du sommet 27 + 1 bien généreuse pour un Poutine qui n’a pas bougé depuis 2014, et pense qu’un sommet avec les seuls présidents des institutions européennes suffirait. Mais Macron ne peut qu’approuver l’idée de rouvrir le dialogue avec Moscou : il s’y essaie en vain depuis 2019. Et il ne va pas contrarier Angela si près de la sortie… Dans la foulée, Merkel appelle Vladimir Poutine et aussi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Le 22 juin, Poutine signe dans Die Zeit une tribune tout en douceur, appelant au « rétablissement d’un partenariat à part entière avec l’Europe ». Merkel oublie juste de parler de ce qui est devenu un « projet franco-allemand » aux autres Européens, qui le découvrent, furieux, la veille du Conseil européen. Car dans toutes les réunions préparatoires du Conseil européen que Charles Michel a organisées, comme il le fait avant chaque sommet, cette idée n’a jamais été émise. Le président du Conseil européen attache beaucoup d’importance à ce travail de préparation, il sait à quel point la chancelière déteste l’improvisation. Le Conseil européen, c’est l’organe de l’Union qui réunit les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement. La discussion y est très libre, chacun donne son avis avant de passer au vote ; le travail en amont réalisé par le président et son équipe avec les Etats membres est donc crucial pour désamorcer les conflits possibles et assurer le bon déroulement des débats. Ce Conseil de juin n’avait pas échappé à la règle ; une dernière réunion en visioconférence avec Ursula von der Leyen [la présidente de la Commission européenne], Angela Merkel et Emmanuel Macron avait permis de caler les choses. Tout paraissait en ordre. Charles Michel était serein. Or deux jours avant le sommet, au cours d’une dernière visioconférence, Merkel crée la surprise en annonçant que Macron et elle vont proposer un sommet avec la Russie. C’est le fruit de la rencontre du 18 juin à Berlin. La présidence du Conseil essaie de désamorcer l’affaire, redoutant la réaction des Etats membres. « Dire aux Baltes tout à coup : “Angela et Emmanuel proposent d’inviter Poutine pour une réunion au Conseil européen”, ça ne va pas marcher, ils ne sont absolument pas préparés », expliquent les responsables européens aux conseillers de Merkel. En vain. Les Allemands s’obstinent. C’est le dernier Conseil de la chancelière avant les élections fédérales de septembre, qui la verront quitter le pouvoir après seize ans de règne non seulement sur l’Allemagne mais aussi sur le Conseil européen. Elle veut passer en force. La veille du sommet, un article du Financial Times lève le voile sur l’initiative de Merkel et Macron sur la Russie. Les leaders des Vingt-Sept arrivent à Bruxelles, un peu crispés pour certains. La réunion s’ouvre, à huis clos comme d’habitude, dans une atmosphère tendue. Merkel prend la parole. Elle rappelle l’histoire des relations entre la Russie et l’UE. Cela fait seize ans, dit-elle, qu’elle observe Poutine et qu’elle voit son régime se durcir. Il a pensé qu’il pouvait consolider son pouvoir en s’appuyant sur l’économie, mais il a réalisé qu’il ne connaissait rien à l’économie et est retombé sur ses fondamentaux : la sécurité et les services secrets. « Il nous considère comme des ennemis, dit-elle. Je n’ai aucune illusion, mais nous devons lui parler. Les Américains le font. Nous, nous sommes la cible de manœuvres de déstabilisation et nous nous privons de cet outil. » Macron prend le relais avec cet argument familier : il faut parler à Poutine, « nous ne pouvons pas nous contenter d’être les spectateurs passifs d’un dialogue américano-russe alors que nous sommes les premiers concernés ». (…) A son tour Mario Draghi, le premier ministre italien, s’exprime, mais beaucoup plus sobrement. Il se contente de dire qu’il soutient l’initiative. Mark Rutte, le premier ministre néerlandais, dit qu’il n’est pas opposé à un tel sommet mais que lui-même n’y participera pas. Depuis la tragédie du vol MH17 et ses 298 morts, dont plus de la moitié de Néerlandais, les Pays-Bas font partie des grands brûlés de la relation avec la Russie. Silence. Embarrassés, les fonctionnaires du Conseil découvrent que « M&M », Merkel et Macron, veulent introduire en douce dans le communiqué final une ligne sur ce sommet UE-Russie, qui n’a pas été mentionné au cours des consultations préalables. C’est alors que Kaja Kallas se lance. La première ministre estonienne, qui vient tout juste de fêter ses 44 ans, n’est au pouvoir que depuis cinq mois ; c’est son premier Conseil en présentiel, puisque tout se passait sur écran jusque-là. Elle n’est pas encore l’étoile montante de la nouvelle Europe, mais elle en a l’audace ; son expérience d’avocate l’a habituée à soutenir ses arguments, qu’elle formule dans un anglais parfait. Blonde, fine, elle n’a pas les pudeurs vestimentaires de la génération de femmes dirigeantes qui l’a précédée ; Kaja Kallas assume sans inhibition une élégance très féminine. Tous les yeux se tournent vers l’Estonienne, qui attaque Merkel de front. « Un sommet sur quoi, demande-t-elle. Pour quoi faire ? » Lorsque, en mai 2023, deux ans plus tard, je demande à Kaja Kallas, chez elle à Tallinn, quels souvenirs elle a de ce Conseil de juin 2021, ses yeux pétillent aussitôt : « Oh, j’ai beaucoup de souvenirs ! C’est un Conseil que je n’oublierai jamais ! » Car c’est à une démolition dévastatrice de la proposition franco-allemande qu’elle se livre. « Elle l’a fusillée, dit un témoin, le ton était très dur. C’est un peu son tempérament. » « J’ai juste dit que ce n’était pas bien, raconte-t-elle, faussement modeste, et j’ai argumenté. » L’argument massue : « On a toujours dit qu’on n’aurait pas de sommet avec Poutine tant qu’il n’aurait pas rendu la Crimée. Or les conditions ne sont pas remplies, alors de quoi aurons-nous l’air ? Cela voudra dire que notre parole ne vaut rien ! » Merkel prend très mal cette contestation. Contrairement à son habitude, selon plusieurs témoins, elle s’énerve, sort de ses gonds, « devient toute rouge ». La discussion se poursuit mais Kaja Kallas n’en démord pas. Un participant décrit « une lame de fond, sur la forme et sur le fond » ; « ça a été assez douloureux ». Viktor Orban, le Hongrois, connu pour son penchant pro-Poutine, revient sur la thèse de Merkel selon laquelle Poutine ne connaît rien à l’économie : « C’est vrai, il n’est pas économiste, dit-il. Mais il a parfaitement compris ce que signifie, d’un point de vue stratégique, le contrôle de la production des matières premières. » Ce coup de pied de l’âne à l’Allemagne, allusion à la dépendance de Berlin à l’égard du gaz russe, ne fait sans doute rien pour arranger l’humeur de la chancelière. Finalement, raconte Kaja Kallas, Mario Draghi dit : « Elle a raison », en se tournant vers elle, et la proposition est abandonnée. « Vous avez dû être une sacrée avocate ! » lui glisse-t-il après la réunion… Pourtant, lorsqu’elle quitte la salle, la jeune première ministre est effarée par ce qu’elle vient de faire : « Je me suis dit que je venais de pulvériser les relations de mon pays avec l’Allemagne ! » La conférence de presse habituelle des présidents du Conseil et de la Commission est reportée, sans explication. Merkel fait quand même savoir qu’il n’y a pas d’accord pour une rencontre directe des dirigeants européens et russe. « Personnellement, j’aurais aimé une avancée plus audacieuse », reconnaît-elle. Mais personne ne soupçonne la violence de l’affrontement qui vient de se produire au Conseil. Le lendemain, à sa grande surprise, les collègues de Kaja Kallas lui tapent dans le dos pour la féliciter. Sa surprise s’accroît lorsqu’elle reçoit, plus tard, un coup de fil d’Angela Merkel qui, grande dame, tient à s’excuser. Kaja Kallas s’excuse aussi de s’être emportée. Les deux femmes déjeuneront ensemble pour dissiper tout malentendu. Kaja Kallas l’ignore, mais la chancelière appelle aussi les deux autres dirigeants baltes et leur dit regretter d’avoir lancé son initiative sans les consulter. C’est Merkel ! A chaud, à l’issue du deuxième jour du Conseil, la chancelière s’avoue quand même « attristée » par l’expérience qui montre, dit-elle, que les Etats membres « n’ont pas suffisamment confiance les uns envers les autres ». Un commentaire lucide et lourd de sens. L’épisode, en réalité, symbolise presque à lui seul le basculement au sein de l’UE et la revanche des « terres de sang ». Les pays de l’ex-Europe communiste s’étaient habitués à ne pas élever la voix. Ce jour-là, le 24 juin 2021, « Merkel a mordu la poussière et Kallas l’a terrassée », résume un des participants. Pour son dernier sommet européen, la chancelière du pays le plus puissant de l’Union a été mise en échec par une rébellion menée par la jeune cheffe de gouvernement d’un pays d’un million et demi d’habitants, aux confins orientaux de l’Union. Et la discorde avait pour objet, bien sûr, la Russie. Le doute sur la politique russe du tandem franco-allemand ne cessait de monter parmi les pays d’Europe centrale et orientale. Cette démarche hâtivement préparée dans leur dos a été la manœuvre de trop. Comment Merkel a-t-elle pu se tirer ainsi dans le pied, elle si prudente, si organisée ? Est-ce la perspective de son départ de la chancellerie qui l’a incitée à précipiter les choses ? Elle a déjà trébuché six mois plus tôt en forçant le passage, à la fin de la présidence allemande de l’Union européenne, d’un accord très contesté sur les investissements avec la Chine, scellé à la faveur d’un sommet en visioconférence avec le président chinois, Xi Jinping, le 30 décembre 2020. Mauvais calcul : les relations avec Pékin se sont ensuite tellement détériorées que l’accord a été suspendu avant même d’entrer en vigueur. Peut-être la chancelière rêvait-elle de quitter le pouvoir sur un triple succès géopolitique, le sommet euro-chinois avec Xi en décembre 2020, un sommet avec Joe Biden prévu en juillet 2021 et finir en beauté sur un sommet euro-russe avec Poutine en septembre. En fait de triple succès, elle quitte finalement la scène européenne sur un double échec. Signe des temps, il concerne la Chine et la Russie. (…) Le 22 août, la chancelière est à Kiev pour dire au revoir à Volodymyr Zelensky. Le cœur n’y est pas. Les Ukrainiens fêtent deux jours plus tard le 30e anniversaire de leur indépendance ; elle a préféré venir avant. Ils auraient voulu qu’elle reste pour participer à une conférence internationale sur la Crimée ; elle choisit de s’éclipser. Les échanges sont polis, mais Zelensky ne peut s’empêcher de remuer le couteau dans la plaie de Nord Stream 2. Jusqu’au dernier jour, le gazoduc aura empoisonné la politique d’Angela Merkel à l’Est. L’horizon s’assombrit de plus en plus. La chancelière quitte Kiev sans avoir réussi à rassurer l’Ukraine. Je ne reviens pas sur des éléments désormais bien établis, comme le déroulement de l'invitation de Versailles ou ce qu'on a appelé le format de Brégançon. En revanche, quelques passages ont retenu mon attention et constituent des éléments nouveaux. Le PR s'obstine dans une approche solo de son grand projet de refonte d'architecture de sécurité Européenne. Les Allemands sont furax car ne sont pas mis au courant ni dans la boucle, et leurs motivations sont assez intéressantes. L'épisode explique beaucoup l'attitude des pays de l'Est vis à vis de notre politique, laquelle semble toujours autant ignorer l'existence des pays ex URSS: Citation Les Allemands sont furieux parce qu’ils craignent que cette façon de découpler la sécurité européenne et la sécurité américaine offre à Poutine l’occasion de diviser l’Alliance. Et ils sont furieux parce qu’ils se doutent que les Européens de l’Est vont très mal le prendre. En réalité, Berlin partage l’essentiel de l’approche de Macron sur cette Russie qui, « qu’on le veuille ou non, ne disparaîtra pas de la carte » et avec laquelle il faut trouver un modus vivendi. Mais les Allemands trouvent la méthode « tellement maladroite » qu’elle risque, disent-ils, de tout compromettre. Ils sont d’autant plus vexés que leurs partenaires d’Europe centrale et orientale ne croient pas une seconde que Berlin n’était pas au courant ! Echaudés, Polonais et Baltes soupçonnent une nouvelle manœuvre franco-allemande dans leur dos, mise en scène grâce à un jeu de rôle dans lequel Paris prétendrait prendre les devants alors que Berlin tirerait les ficelles avec Moscou. Chacun à sa manière a désavoué l'initiative du PR: Allemand, Est-Européens, Quai d'Orsay Citation Macron charge Pierre Vimont, diplomate chevronné et spécialiste des missions délicates au point qu’on le surnomme le « couteau suisse du Quai d’Orsay », d’aller panser les plaies et vendre son initiative dans les chancelleries. Les Allemands l’accueillent gentiment mais leur religion sur le reset français est déjà faite : ça ne marchera pas. Les Baltes et Centre-Européens ne se montrent pas mieux disposés. « Il y avait trop de doutes sur nos intentions dans le dialogue franco-russe, reconnaît aujourd’hui un diplomate impliqué dans cette opération. On a trop tenu pour acquise la confiance de nos partenaires, et on a présumé que leurs intérêts de sécurité correspondaient aux nôtres. » Au passage, Emmanuel Macron hérisse une autre catégorie de partenaires : son propre corps diplomatique. Le scepticisme d’une partie du Quai d’Orsay à l’égard de son initiative est remonté jusqu’à lui. Fin août, lorsque les ambassadrices et ambassadeurs se retrouvent pour leur réunion annuelle, il les tance à l’Elysée comme un maître d’école sermonne ses élèves. Il soupçonne un « Etat profond » de chercher à « décrédibiliser la parole présidentielle » et, en gros, de saboter son projet. « Je sais que beaucoup d’entre vous se sont formés dans la défiance envers la Russie, assène-t-il. En général sur ce sujet, on écoute le président et on fait comme d’habitude. Je ne saurais trop vous conseiller de ne pas suivre cette voie. » Erreur. « J’ai trouvé ça profondément injuste, témoigne l’un des diplomates présents, résumant le sentiment général. Au Quai on peut avoir ses idées, mais on est loyal. » Je vais faire le bonheur de certains de confrères de nature plutôt pro-Russe, mais puisque je vous dis que je reste objectif, que je ségrégue toujours faits et opinions. C serait donc bien VZ qui aurait, au moins diplomatiquement (les faits terrain, c'est autre chose), dénoncé le premier les accords de Minsk. Citation La préparation de ce sommet coûte d’interminables heures de pourparlers laborieux aux diplomates concernés mais, le moment venu, il se passe quelque chose d’inattendu à l’Elysée : Zelensky renverse la table – au sens figuré. Il remet en cause les accords qui, au moment où ils ont été signés en 2015, étaient beaucoup plus favorables à la Russie qu’à l’Ukraine puisque l’armée ukrainienne était en position de faiblesse. Or depuis, elle s’est renforcée, notamment grâce à l’entraînement dont ses hommes ont bénéficié auprès des Britanniques et des Américains. Le petit comédien n’a plus envie de se faire marcher sur les pieds. « Je vois bien le texte, déclare-t-il, mais si on continue comme ça, ça va prendre des dizaines d’années. Et moi je n’ai pas le luxe du temps. » La réunion est bouleversée. Poutine est furieux mais il ne le montre pas. La séance donne lieu à des échanges intéressants entre le président russe et la chancelière allemande, qui se connaissent maintenant depuis douze ans. « Ecoutez, je vais vous dire la vérité, commence Poutine. – Mais Vladimir, j’espère que tu dis toujours la vérité ! l’interrompt Angela Merkel, faussement ingénue. – Angela, rétorque-t-il. Tout le monde ment, moi je mens, toi tu mens, Emmanuel ment, même M. Zelensky va mentir, c’est normal ! » Sergueï Lavrov, qui avait sans doute garanti à son président que tout était ficelé, devient très nerveux en voyant la négociation partir à vau-l’eau. Il se lève, se met à courir à droite et à gauche. « Il voulait négocier avec nous des amendements au texte qui avait été préalablement agréé », dit un participant, amusé. « Bref, c’était un peu le bordel. » Le sommet de 2019 à Paris, un mal pour un bien ? Citation En réalité, ce sommet de décembre 2019 à Paris a probablement produit un résultat imprévu : Poutine y a pris conscience de la dimension politique du personnage Zelensky. Il a compris qu’il ne pourrait pas « le manger tout cru au petit déjeuner » comme le craignaient les Allemands. Macron avait, sur ce point, assez bien joué. Sur les conseils de l’ambassadrice de France en Ukraine, Isabelle Dumont, qui avait regardé tous les épisodes de la série télévisée Serviteur du peuple dans laquelle l’acteur Volodymyr Zelensky jouait le rôle d’un professeur devenu président malgré lui, puis avait suivi, fascinée, sa campagne électorale, le président français a invité le candidat iconoclaste à l’Elysée, en 2019, avant même qu’il soit élu. Une relation personnelle a donc pu s’établir à ce moment-là entre les deux présidents. Elle va permettre de contrebalancer, au moins un petit peu, la carte Poutine que Macron jouera à fond, jusqu’au désastre de février 2022. Maintenir le dialogue avec la Russie, quitte à malmener une fois de plus nos partenaires d'Europe centrale. Merkel pas mieux que Macron. On l'a souvent observé, mais ça aide aussi à comprendre leur atlantisme. Certes POTUS s'entretient parfois de l'Europe avec VVP sans consulter à l'Est, mais au moins la position est déjà bien plus exigeante. Citation Pourtant, la chancelière a bien une idée derrière la tête, qu’elle soumet ce soir-là au président Macron au cours d’une longue discussion, de façon à la transformer en idée franco-allemande. Cette idée, c’est d’inviter Poutine, pour la première fois depuis l’annexion de la Crimée, à un sommet Russie-Union européenne, c’est-à-dire avec les vingt-cinq autres dirigeants des Etats membres. Paris trouve l’option du sommet 27 + 1 bien généreuse pour un Poutine qui n’a pas bougé depuis 2014, et pense qu’un sommet avec les seuls présidents des institutions européennes suffirait. Mais Macron ne peut qu’approuver l’idée de rouvrir le dialogue avec Moscou : il s’y essaie en vain depuis 2019. Et il ne va pas contrarier Angela si près de la sortie… Dans la foulée, Merkel appelle Vladimir Poutine et aussi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Le 22 juin, Poutine signe dans Die Zeit une tribune tout en douceur, appelant au « rétablissement d’un partenariat à part entière avec l’Europe ». Merkel oublie juste de parler de ce qui est devenu un « projet franco-allemand » aux autres Européens, qui le découvrent, furieux, la veille du Conseil européen. Car dans toutes les réunions préparatoires du Conseil européen que Charles Michel a organisées, comme il le fait avant chaque sommet, cette idée n’a jamais été émise. Le président du Conseil européen attache beaucoup d’importance à ce travail de préparation, il sait à quel point la chancelière déteste l’improvisation. Le Conseil européen, c’est l’organe de l’Union qui réunit les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement. La discussion y est très libre, chacun donne son avis avant de passer au vote ; le travail en amont réalisé par le président et son équipe avec les Etats membres est donc crucial pour désamorcer les conflits possibles et assurer le bon déroulement des débats. Ce Conseil de juin n’avait pas échappé à la règle ; une dernière réunion en visioconférence avec Ursula von der Leyen [la présidente de la Commission européenne], Angela Merkel et Emmanuel Macron avait permis de caler les choses. Tout paraissait en ordre. Charles Michel était serein. Or deux jours avant le sommet, au cours d’une dernière visioconférence, Merkel crée la surprise en annonçant que Macron et elle vont proposer un sommet avec la Russie. C’est le fruit de la rencontre du 18 juin à Berlin. La présidence du Conseil essaie de désamorcer l’affaire, redoutant la réaction des Etats membres. « Dire aux Baltes tout à coup : “Angela et Emmanuel proposent d’inviter Poutine pour une réunion au Conseil européen”, ça ne va pas marcher, ils ne sont absolument pas préparés », expliquent les responsables européens aux conseillers de Merkel. En vain. Les Allemands s’obstinent. C’est le dernier Conseil de la chancelière avant les élections fédérales de septembre, qui la verront quitter le pouvoir après seize ans de règne non seulement sur l’Allemagne mais aussi sur le Conseil européen. Elle veut passer en force. Lors du même conseil, c'est Kaja Kallas qui démolit Merkel. Avec une argumentation plutôt rationnelle. Et un soutien inattendu d'Orban. Citation Tous les yeux se tournent vers l’Estonienne, qui attaque Merkel de front. « Un sommet sur quoi, demande-t-elle. Pour quoi faire ? » Lorsque, en mai 2023, deux ans plus tard, je demande à Kaja Kallas, chez elle à Tallinn, quels souvenirs elle a de ce Conseil de juin 2021, ses yeux pétillent aussitôt : « Oh, j’ai beaucoup de souvenirs ! C’est un Conseil que je n’oublierai jamais ! » Car c’est à une démolition dévastatrice de la proposition franco-allemande qu’elle se livre. « Elle l’a fusillée, dit un témoin, le ton était très dur. C’est un peu son tempérament. » « J’ai juste dit que ce n’était pas bien, raconte-t-elle, faussement modeste, et j’ai argumenté. » L’argument massue : « On a toujours dit qu’on n’aurait pas de sommet avec Poutine tant qu’il n’aurait pas rendu la Crimée. Or les conditions ne sont pas remplies, alors de quoi aurons-nous l’air ? Cela voudra dire que notre parole ne vaut rien ! » Merkel prend très mal cette contestation. Contrairement à son habitude, selon plusieurs témoins, elle s’énerve, sort de ses gonds, « devient toute rouge ». La discussion se poursuit mais Kaja Kallas n’en démord pas. Un participant décrit « une lame de fond, sur la forme et sur le fond » ; « ça a été assez douloureux ». Viktor Orban, le Hongrois, connu pour son penchant pro-Poutine, revient sur la thèse de Merkel selon laquelle Poutine ne connaît rien à l’économie : « C’est vrai, il n’est pas économiste, dit-il. Mais il a parfaitement compris ce que signifie, d’un point de vue stratégique, le contrôle de la production des matières premières. » Ce coup de pied de l’âne à l’Allemagne, allusion à la dépendance de Berlin à l’égard du gaz russe, ne fait sans doute rien pour arranger l’humeur de la chancelière. Merkel, belle joueuse. Et d'une certaine manière, tapez sur l'Allemagne, ils ne seront peut être pas si obstinés en retour. Citation Le lendemain, à sa grande surprise, les collègues de Kaja Kallas lui tapent dans le dos pour la féliciter. Sa surprise s’accroît lorsqu’elle reçoit, plus tard, un coup de fil d’Angela Merkel qui, grande dame, tient à s’excuser. Kaja Kallas s’excuse aussi de s’être emportée. Les deux femmes déjeuneront ensemble pour dissiper tout malentendu. Kaja Kallas l’ignore, mais la chancelière appelle aussi les deux autres dirigeants baltes et leur dit regretter d’avoir lancé son initiative sans les consulter. C’est Merkel ! [...] Pour son dernier sommet européen, la chancelière du pays le plus puissant de l’Union a été mise en échec par une rébellion menée par la jeune cheffe de gouvernement d’un pays d’un million et demi d’habitants, aux confins orientaux de l’Union. Et la discorde avait pour objet, bien sûr, la Russie. Le doute sur la politique russe du tandem franco-allemand ne cessait de monter parmi les pays d’Europe centrale et orientale. Cette démarche hâtivement préparée dans leur dos a été la manœuvre de trop. Comment Merkel a-t-elle pu se tirer ainsi dans le pied, elle si prudente, si organisée ? Est-ce la perspective de son départ de la chancellerie qui l’a incitée à précipiter les choses ? Elle a déjà trébuché six mois plus tôt en forçant le passage, à la fin de la présidence allemande de l’Union européenne, d’un accord très contesté sur les investissements avec la Chine, scellé à la faveur d’un sommet en visioconférence avec le président chinois, Xi Jinping, le 30 décembre 2020. Mauvais calcul : les relations avec Pékin se sont ensuite tellement détériorées que l’accord a été suspendu avant même d’entrer en vigueur. Modifié le 17 octobre 2023 par olivier lsb précisions & orthographe 4 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Heorl Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 (modifié) Il y a 5 heures, Alexis a dit : Je n'ai pas de source pour l'URSS, ni pour la France pendant la première guerre mondiale, mais de mémoire la part du PIB pour la défense allait jusqu'à 50%. La France est aujourd'hui à 2% du PIB pour la défense. Les Etats-Unis sont à 4%. Israël un peu plus de 5%. La Russie à 6% - elle était en-dessous de 3% en 2021. Poutine est très loin d'avoir mis la Russie en économie de guerre. Alors Macron, pensez ... Ces chiffres, en ce qui concerne la Russie, sont trompeurs. Genre, vraiment. L'économie russe fourmille d'entreprises "civiles" qui sont en fait militaires dans des degrés divers. L'industrie militaire en gros, par exemple, c'est littéralement la moitié de la production industrielle russe et un tiers de ses ressources humaines (Source). La Russie était déjà techniquement en économie de guerre, car son économie tourne autour de la guerre. Pour rappel, voici la définition de l'économie de guerre : Citation Parmi les caractéristiques fondamentales de l'économie de guerre, on trouve : Contrôle exhaustif de la politique monétaire visant à éviter les processus d'hyperinflation ; Faveur accordée à l'autarcie au niveau des produits de base et du matériel militaire ; Mesures de réduction de la consommation énergétique ; Incitation à la main-d'œuvre féminine à bas coût pour occuper les postes de ceux qui intègrent l'armée ; Changements dans la politique agricole, qui dirigent les cultures et l'industrie de transformation vers la production de céréales et, en général, vers des produits apportant une grande quantité de glucides. Administration des prix agricoles ; Augmentation de la production de l'industrie lourde et militaire ; Mise en place de mesures de réduction de la consommation privée, qui peuvent inclure le rationnement de l'industrie et des familles. Toutes ces choses étaient déjà plus ou moins présentes en Russie avant-guerre, et le conflit n'a pas du tout permis à la Russie d'aller beaucoup plus loin. Depuis le début, elle est déjà au tacquet. Et on peut le voir depuis plus d'un an, ce tacquet ne suffit pas. Quand la Russie met son budget officiel à 6%, c'est qu'officieusement il doit tourner au-dessus de 20%, et c'est déjà très lourd pour un pays d'être à ce niveau de dépenses. Modifié le 17 octobre 2023 par Heorl Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
gustave Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 il y a 37 minutes, olivier lsb a dit : nos partenaires d'Europe centrale. (..) ça aide aussi à comprendre leur atlantisme. Certes POTUS s'entretient parfois de l'Europe avec VVP sans consulter à l'Est, mais au moins la position est déjà bien plus exigeante. C'est loin d'être toujours vrai... L'atlantisme d'Europe de l'est s'explique surtout par le fait (pas totalement faux) qu'ils considèrent que seule la puissance militaire US les protège de Moscou. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
olivier lsb Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 (modifié) il y a 16 minutes, gustave a dit : C'est loin d'être toujours vrai... L'atlantisme d'Europe de l'est s'explique surtout par le fait (pas totalement faux) qu'ils considèrent que seule la puissance militaire US les protège de Moscou. Il y a de çà aussi beaucoup, mais on va dire que la puissance militaire brute ne vaut rien si elle n'est pas rattachée à un positionnement politique clair. La dessus en démocratie, aux US comme en Europe, le militaire ne pense pas mais obéit à sa tutelle civile. Le meilleur contre exemple de "la puissance militaire US qui protège l'Europe centrale" restant Trump. Notre positionnement politique non seulement n'a pas été clair sur la Russie, c'est un euphémisme mais en plus s'est fait dans le dos de nos partenaires et par le fait accompli, ce qui sont de bien mauvaises manières au sein d'une union politique. Et surtout, venant d'un PR répétant à chaque élection qu'il a pourtant un amour pour l'UE bien supérieur à ses concurrents politiques à domicile. Bref, l'hypocrisie en politique ou en diplomatie n'est pas une découverte, mais on ne pourra pas dire qu'on a fait de gros efforts pour ménager nos chances en cas d'échec de ces initiatives douteuses avec la Russie. Ce qui aurait dû être dès le départ la première, la deuxième, la troisième et la dernière hypothèse. Modifié le 17 octobre 2023 par olivier lsb 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
gustave Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 il y a 9 minutes, olivier lsb a dit : Il y a de çà aussi beaucoup, mais on va dire que la puissance militaire brute ne vaut rien si elle n'est pas rattachée à un positionnement politique clair. La dessus en démocratie, aux US comme en Europe, le militaire ne pense pas mais obéit à sa tutelle civile. Le meilleur contre exemple de "la puissance militaire US qui protège l'Europe centrale" restant Trump. Notre positionnement politique non seulement n'a pas été clair sur la Russie, c'est un euphémisme mais en plus s'est fait dans le dos de nos partenaires et par le fait accompli, ce qui sont de bien mauvaises manières au sein d'une union politique. Et surtout, venant d'un PR répétant à chaque élection qu'il a pourtant un amour pour l'UE bien supérieur à ses concurrents politiques à domicile. Bref, l'hypocrisie en politique ou en diplomatie n'est pas une découverte, mais on ne pourra pas dire qu'on a fait de gros efforts pour ménager nos chances en cas d'échec de ces initiatives douteuses avec la Russie. Ce qui aurait dû être dès le départ la première, la deuxième, la troisième et la dernière hypothèse. Les US n'ont rien à nous envier en matière de "reset" avec la Russie. Pour autant il n'empêche que la seule garantie perçue comme sérieuse en Europe de l'est est leur puissance militaire. Ce n'est pas un choix vu de leur position mais un constat, et ils essaient d'éviter ce qui pourrait conduire à remettre en cause cette protection (base Trump...). Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
olivier lsb Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 il y a 5 minutes, gustave a dit : Les US n'ont rien à nous envier en matière de "reset" avec la Russie. Pour autant il n'empêche que la seule garantie perçue comme sérieuse en Europe de l'est est leur puissance militaire. Ce n'est pas un choix vu de leur position mais un constat, et ils essaient d'éviter ce qui pourrait conduire à remettre en cause cette protection (base Trump...). Oui et non. Oui Obama a proposé un reset en 2009, post invasion de la Géorgie. Et oui Macron a voulu son reset avec Poutine, post Géorgie, post Crimée, post Syrie, post Donbass, post ingérences en tout genre. Ce niveau d'aveuglement (coupable ?), non les américains ne nous l'envient pas. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Arland Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 Il y a 15 heures, olivier lsb a dit : Et 40 Mistrals / mois, je trouve çà pas vilain comme rythme de production. La vache, une journée de conso en temps de guerre, c'est magnifique. Nos clients exports doivent être rassurés. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
gustave Posté(e) le 17 octobre 2023 Share Posté(e) le 17 octobre 2023 il y a 1 minute, Arland a dit : La vache, une journée de conso en temps de guerre, c'est magnifique. Nos clients exports doivent être rassurés. Je doute que l'on tire 40 missiles Mistral par jour en moyenne, sinon c'est que nous avons l'USAF ou la PLAF en face de nous... 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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