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Cela chauffe en Centrafrique.


Messages recommandés

il y a 20 minutes, Kelkin a dit :

Tirer sur l'ONU, c'est les trois quarts du cursus Wagner. Faut bien éloigner les gêneurs...

On ne peut pas prétendre qu'ils pensaient que c'était des rebelles ou je ne sais quoi, les égyptiens même bronzés ne vont pas ressembler aux locaux.

Il y a en RCA un pouvoir qui est totalement verrouillé et sanctuarisé, usant d'étrangers (dont les russes) pour se protéger et éviter des coups d'états. L'ONU est un problème pour ce pouvoir qui cherche à dominer. Ils deviennent une mafia qui prend confiance en elle et va pousser de plus en plus dans l'excès afin d'obtenir ce qu'elle veut.

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Le 05/11/2021 à 19:47, Polybe a dit :

Il est de notoriété publique que - comme dans pas mal de pays de la région - trainer devant ou photographier la présidence c'est sanction immédiate. A vérifier quand même si certains n'ont pas fait une erreur (d'itinéraire par exemple...), joués ou que sais-je...

Forcément quand c'est par cette même rue que ton gouvernement c'est fait renversé en 1979, ça laisse méfiant !

Ils ne traînaient pas : ils étaient sans arme dans un bus siglé ONU en provenance de l'aéroport, où ils venaient d’atterrir, en direction de leur casernement.

Modifié par Boule75
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Il y a 10 heures, Boule75 a dit :

Ils ne traînaient pas : ils étaient sans arme dans un bus siglé ONU en provenance de l'aéroport, où ils venaient d’atterrir, en direction de leur casernement.

Et ils roulaient - apriori - dans une zone où tout le monde sait que ça tire à vu. Ou les mecs sont des paranoïaques de l'espionnage, et tireront à vu sur qui prend une photo. Si la consigne ne leur a pas été diffusé, il y a aussi une faute de leur côté.

Il y a 10 heures, gargouille a dit :

Oui mais ça pouvait être un subterfuge.

...dans le narratif du pays, oui, hélas...

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  • 3 weeks later...

Un ministre emprisonné pour crimes de guerre libéré par une unité de la gendarmerie !

Bouba Ali Hassan, ex chef de guerre, ministre de l'Elevage et de la Santé animale, avait été arrêté le 19 novembre sur ordre de la  Cour pénale spéciale. Il devait être présenté vendredi à des juges d'instruction «mais l'unité chargée de son extraction a été empêchée d'accéder au lieu de sa détention» puis «il a été reconduit par la gendarmerie nationale à son domicile», assure la CPS dans un communiqué.

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/centrafrique-un-ministre-incarcere-pour-crimes-de-guerre-presumes-exfiltre-par-des-gendarmes-20211126

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  • 2 months later...

Curieux :  L'équipe de protection rapprochée du général Marchenoir, chef d'état-major de la Force de la Minusca, composée de quatre militaires français, a été arrêtée cet après-midi (lundi 21 fevrier) à l'aéroport de Bangui. 

Il semblerait qu'il y  ait eu une mauvaise interprétation de la présence de cette équipe car au même moment le président de la RCA arrivait, mais  cela montre bien la dégradation de nos relations . Le problème serait "en cours de règlement."

https://www.alwihdainfo.com/RCA-4-gardes-du-corps-francais-du-chef-d-etat-major-de-la-MINUSCA-arretes_a111530.html

Avec une bonne dose de désinformation sur les réseaux sociaux 

 

 

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Il y a 3 heures, Scarabé a dit :

Franchement ça fait combin de temps que nous avons des troupes sur place ? Pour faire quoi ?  

C'est exactement la question qu'i faut se poser. Quel sont les intérêts qui ont piloté notre intervention sur place ? quels en sont les mécanismes ? Je ne me suis pas intéressé à ce sujet car on aurait pas assez d'une vie pour analyser toutes les conneries qui nous sont servies dans les médias. 

Officiellement, on a sauvé ce peuple contre une poussée de musulmans radicaux qui voulaient destabiliser le pays et renverser le gouvernement, sur un fond de guerre civile entre musulman et chrétien. 

Bon... On peut déjà se dire que le discours officiel nous offre la vision qui légitimise l'intervention auprès du grand public et de la sphère internationale, c'est du flan. Qu'en est il réellement derrière ? Je suis sûr que des journalistes ou des connaisseurs ont déjà donné leur vision et qu'on doit pouvoir en trouver des traces. Faut juste trouver le temps de s'y intéresser. 

 

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Il y a 2 heures, Scarabé a dit :

Il faut se casser de ces pays. Au moins si ils se tuent entre eux . ils ne nous accuserons pas de génocide. 

Franchement ça fait combin de temps que nous avons des troupes sur place ? Pour faire quoi ?  

Ne sous-estime pas leur hypocrisie. :rolleyes:

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https://www.defense.gouv.fr/actualites/communaute-defense/efg-le-detachement-d-appui-operationnel-de-bangui-change-de-chef-et-de-nom (26 juillet 2021)

Après avoir procédé à la cérémonie entre le lieutenant-colonel Sébastien Baron, quittant son commandement et le lieutenant-colonel Thomas Debesse, prenant le commandement, le général de division Jean-Pierre Perrin a indiqué que le Détachement d’appui opérationnel (DETAO) de Bangui devenait désormais la Mission logistique (MISLOG) à Bangui. Le général a précisé que les missions des militaires français restaient inchangées, en dehors du volet relatif au partenariat militaire opérationnel avec les FACA qui reste suspendu. Cet arrêt est réalisé en attendant qu’un certain nombre de conditions politiques soient satisfaites et que les autorités centrafricaines en fassent éventuellement la demande à la France. 

Pôle opérationnel de coopération, les EFG (Élément français au Gabon) complètent la formation des militaires des pays partenaires de la communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) durant leur mise en condition avant engagement dans des opérations intérieures ou extérieures. Près de 10 000 stagiaires sont répartis chaque année au sein de plus de 200 stages hautement spécialisés. Les EFG sont également un point d’appui opérationnel et logistique (Base de Soutien Interarmées de Théâtre – BSIAT) en Afrique centrale pour la conduite éventuelle d’une opération par l’armée française ou pour le transit des forces.

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2021/07/26/le-detachement-d-appui-operationne-de-bangui-devient-une-mis-22335.html (26 juillet 2021)

Une appellation qui traduit mieux la réalité de l'engagement principal des forces françaises qui demeure celui du bon fonctionnement du camp de M’Poko au bénéfice de toutes les unités qui l’occupent comme EUTM et la MINUSCA.

Par ailleurs, la présence de centaines de paramilitaires russes reste un sujet de contentieux. Moscou ne reconnaît officiellement la présence que de 1 135 "instructeurs non armés" mais les ONG opérant sur le terrain, la France et l'Onu affirment qu'une partie d'entre eux sont des hommes du groupe privé russe de sécurité Wagner, ce que dément Moscou.

Sur ces SMP russes, lire le récent rapport du CSIS: "Russia’s Corporate Soldiers: The Global Expansion of Russia’s Private Military Companies". https://www.csis.org/analysis/russias-corporate-soldiers-global-expansion-russias-private-military-companies

https://www.defense.gouv.fr/english/operations/actualites2/mislog-bangui-portrait-de-l-adjudant-nicolas-conducteur-de-travaux-au-sein-de-la-mission-logistique-bangui (11 février 2022)

La Mission logistique Bangui est aux ordres des Éléments français au Gabon (EFG). Installée sur le camp de M’Poko, elle a pour mission d’assurer un soutien à EUTM-RCA (Mission de formation de l’Union européenne en République centrafricaine) et aux militaires français insérés au sein de la MINUSCA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique).

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https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/02/25/republique-centrafricaine-l-arrestation-de-quatre-legionnaires-de-l-armee-francaise-revelatrice-des-tensions-entre-bangui-et-ses-partenaires-occidentaux_6115297_3212.html

Les quatre légionnaires de l’armée française opérant sous la bannière de la Minusca, la mission des Nations unies en Centrafrique, arrêtés lundi 21 février à Bangui, ont été remis en liberté, jeudi 24 février, après d’intenses tractations menées par des diplomates onusiens et, plus discrètement, français. Le parquet a classé l’affaire, sans suite.

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20220227-en-prenant-la-tête-de-la-minusca-kigali-avance-ses-pions-en-centrafrique

La diplomate rwandaise Valentine Rugwabiza devrait arriver au mois d’avril pour prendre la tête de la Minusca, la mission de maintien de la paix des Nations unies dans le pays. Avec cette nomination, Kigali renforce son poids dans les instances onusiennes, mais aussi son influence en RCA.

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  • 1 month later...

http://www.opex360.com/2022/04/09/letat-major-des-armees-denonce-une-degradation-continue-de-la-situation-securitaire-en-centrafrique/

« Je reste consterné par l’augmentation constante des atteintes aux droits humains et des violations du droit international humanitaire perpétrées par toutes les parties au conflit, y compris le recours excessif à la force. […] J’exhorte les autorités nationales à prendre des mesures vérifiables et immédiates pour prévenir les graves violations des droits de l’homme commises par les forces de sécurité nationales et autre personnel de sécurité, notamment les atteintes visant les minorités ethniques et religieuses », avait ainsi dénoncé Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, dans son dernier rapport sur la situation en Centrafrique.

Les forces françaises présentes en Centrafrique « observent une dégradation lente mais continue de la situation économique et surtout sécuritaire » et les « opérations coups de poing menées par les Forces armées centrafricaines et leurs partenaires de Wagner, émaillées de violences, sont suivies le plus souvent par un départ des FACa, incapables d’occuper et de contrôler les zones d’évolution des groupes armés », explique l’EMA.

La conséquence est que les rebelles reviennent rapidement dans les zones que les FACa sont incapables de tenir, comme cela a récemment été le cas dans l’est de la Centrafrique, relève l’État-major des armées. Et cela d’autant plus que le groupe Wagner se concentre surtout sur la « prédation des ressources minières ».

 

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https://www.france24.com/fr/vidéo/20220408-centrafrique-des-investisseurs-parient-sur-son-immense-potentiel-agricole

Faute d'exploiter ses millions d'hectares de terres arables, la Centrafrique souffre de la faim. Mais une poignée d'investisseurs privés tentent de faire changer les choses. Ils ont fait le pari de développer l’agriculture dans la région de la Lobaye, aux portes de Bangui, relativement épargnée par les multiples crises sécuritaires qui secouent le pays et réputée pour sa fertilité.

https://www.france24.com/fr/vidéo/20220408-centrafrique-des-investisseurs-parient-sur-son-immense-potentiel-agricole

(en espérant que cela profite un peu aux centre-africains)

Modifié par Paschi
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  • 1 month later...

Reportage sur ce qu'on peut appeler comme une colonisation de la RCA par Wagner, façon East India Company. En gras les passages les plus intéressants ou cocasses.

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/06/08/comment-la-centrafrique-est-devenue-le-laboratoire-de-la-propagande-russe-en-afrique_6129431_3212.html

Citation

Comment la Centrafrique est devenue le laboratoire de la propagande russe en Afrique

Les mercenaires du Groupe Wagner, installés au coeur du pouvoir à Bangui, organisent des manifestations contre l’ONU et la France, et contrôlent les medias pour étouffer leurs exactions contre des civils.

Par Carol Valade(Bangui, correspondance) et Clément Di Roma

« Nous allons soutenir la Russie jusqu’à notre dernier souffle ! » Ce 5 mars 2022, à des milliers de kilomètres de l’Ukraine, alors envahie par les forces de Moscou depuis un peu plus d’une semaine, des dizaines de manifestants brandissent le drapeau russe dans les rues de Bangui, capitale de la République centrafricaine.

« Les Russes ont demandé à l’Ukraine d’arrêter ses attaques, mais les Ukrainiens n’ont pas obéi, alors la Russie a été obligée d’attaquer l’Ukraine, c’est ça qu’il faut comprendre », expliquent les organisateurs, membres de « Galaxie nationale », une association proche du pouvoir. La propagande russe s’affiche sur les pancartes : « Russie et Centrafrique contre le nazisme ». Un peu en retrait, des hommes blancs masqués observent la scène depuis leur véhicule aux vitres fumées. A Bangui, pourtant, chacun connaît leur appartenance.

Les mercenaires du Groupe Wagner, société sans existence officielle mais présente partout où le Kremin a des intérêts, sont au cœur du pouvoir centrafricain, protégeant un gouvernement favorable à Moscou. En quelques années, le pays est devenu le laboratoire d’une propagande agressive et multiforme.

Les premiers Russes sont arrivés début 2018. La France venait de mettre un terme à l’opération française « Sangaris » (2013-2016) sans réussir à éteindre les braises de la guerre civile. Bangui signe alors un accord de défense avec Moscou, qui enverra au fil du temps jusqu’à 2 000 « instructeurs » pour former une armée nationale en débandade et sous-équipée.

Les Wagner assurent la protection rapprochée du président Faustin-Archange Touadéra et mènent des combats acharnés pour le contrôle des sites miniers dans l’intérieur du pays. Au prix de graves exactions sur les civils, largement documentées par les Nations unies : tortures, viols, exécutions sommaires, ciblage ethnique.

Un partenaire désintéressé

Mais la Russie se bat aussi sur un autre front : celui de la propagande. « Des réunions secrètes, pour préparer des manifestations, sont organisées à la présidence où siègent les Wagner et les plus hautes autorités centrafricaines », explique un ancien membre du parti au pouvoir, aujourd’hui en exil après avoir dénoncé les manœuvres russes. « Les participants reçoivent une somme d’argent qu’ils distribuent ensuite aux chefs de quartier en prélevant leur part. Chacun perçoit 1 500 francs CFA [environ 2 euros] à l’issue de la manifestation », de quoi survivre une journée de plus dans le second pays le plus pauvre du monde.

« Galaxie nationale » organise ainsi régulièrement des manifestations contre l’ONU et la France. Sous couvert d’anti-impérialisme, l’association cible avant tout les acteurs dont la présence gêne Moscou. Après avoir appelé à « envahir l’ambassade de France à Bangui », son leader, Didacien Kossimatchi, cadre du parti au pouvoir, menaçait, fin mai, dans un communiqué, les militaires français de « sévices corporels » s’ils venaient à s’aventurer dans les rues de la capitale.

La rhétorique antifrançaise trouve un terreau fertile dans les quartiers défavorisés de Bangui, où règne un ressentiment vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale. Dans les couloirs décrépis de l’unique université du pays, Trésor Adoum, un étudiant chargé de mobiliser ses pairs, lance : « Nous avons fait combien d’années avec la France ? Regardez l’état du pays. Nous avons connu combien de coups d’Etat ? Combien de mutineries ? » « L’histoire témoigne que la Russie n’a jamais colonisé un pays africain », renchérit l’un de ses camarades. Face à l’Occident, présenté comme le pilleur des ressources de l’Afrique, Moscou s’affiche comme un partenaire désintéressé, capable de régler tous les problèmes par la force.

« Il y a beaucoup d’en-dessous »

Depuis la présidence, le très secret Bureau d’information et de communication transmet les éléments de langage et désigne les cibles à attaquer. Des membres de Wagner formés à l’Internet Research Agency, l’usine à trolls d’Evgueni Prigojine, un oligarque proche de Poutine, supervisent les opérations. Le message est clair : les Centrafricains sont reconnaissants envers la Russie. Des militaires centrafricains se filment, annonçant vouloir combattre auprès des Russes en Ukraine en signe de remerciement. Dans les quartiers, on apprend aux enfants des comptines pour chanter les louanges des mercenaires.

« Avec la présence russe, dans un court laps de temps nous avons un bon résultat, et ça m’a donné l’envie de tenir le drapeau pour dire merci à la Russie, merci au président Poutine », martèle Trésor Adoum. En janvier 2021, lorsque les groupes armés lancent une nouvelle offensive sur la capitale pour reprendre le pouvoir par les armes, les Russes ont effectivement joué un rôle décisif dans la défense de Bangui.

Un fait d’armes que les mercenaires ont immortalisé en érigeant, en plein centre-ville, un monument grandeur nature figurant des combattants russes protégeant une femme et son enfant. Les visages s’inspirent des héros de Touriste, le premier long-métrage d’action russe tourné en Centrafrique. Le scénario glorifie l’intervention des contractuels de Wagner à grand renfort d’effets spéciaux, de gros calibres et d’empoignades en pleine jungle. « Les Américains se battent pour la démocratie et nous pour la justice », médite en russe l’un des protagonistes. Touriste est produit par une société détenue par Evgueni Prigojine.

Lors de la première du film, au stade de Bangui le 10 mai 2021, les acteurs centrafricains ont défilé devant des milliers de personnes, sur le tapis rouge, des étoiles plein les yeux. Pour Mac Armel Degoto, Mélo de son nom de scène, c’était le plus beau jour de sa vie. Dans Touriste, il joue « le rôle du méchant », l’ancien président Bozizé, qui tente de reprendre le pouvoir par les armes. Mais, au lieu de la carrière internationale dont il rêvait, l’expérience lui a laissé un goût amer. « Ils m’ont donné 35 000 francs CFA [environ 50 euros] et je n’ai plus jamais entendu parler d’eux », lâche-t-il aujourd’hui. Devant sa petite maison qui suinte la misère, Mélo ironise : « J’ai joué un président, mais je n’ai même pas de quoi me payer le taxi. » Effleurant du doigt son nom sur une affiche du film, il reconnaît que, dans la « guerre de communication » actuelle, tout n’est pas dit : « Il y a beaucoup d’“en-dessous”… »

Massacres à huis clos

Les « en-dessous », ce sont les victimes des exactions russes. A Bangui, la plupart des témoignages sont étouffés par crainte des représailles et rares sont ceux qui osent dénoncer à visage découvert les méthodes brutales de ces nouveaux sauveurs. Même la Minusca, la mission des Nations unies en Centrafrique, pourtant forte de 14 000 hommes, n’évoque qu’à demi-mot les violations des droits humains, et les mercenaires ne sont jamais désignés que sous l’euphémisme « autres personnels de sécurité ». Il est important de ne pas froisser Moscou, qui dispose d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU.

Depuis plus d’un an, la Russie bloque le renouvellement du mandat des experts chargés d’enquêter sur les violations de l’embargo en vigueur sur les armes. Sur le terrain, les Wagner établissent un cordon infranchissable autour de leurs zones d’opérations, les antennes téléphoniques sont abattues. Les massacres se font à huis clos. Les enquêteurs de l’ONU et les casques bleus chargés de protéger les civils sont systématiquement refoulés.

Pour s’assurer un tel silence, les mercenaires de Moscou ont mis la main sur un paysage médiatique qu’une précarité généralisée rend très vulnérable. « Ils viennent te voir avec un article traduit du russe et 10 000 francs CFA, détaille un journaliste. Si tu refuses de le publier tel quel, tu es considéré comme un ennemi, et c’est là que les problèmes commencent. »

Tous ses confrères interrogés décrivent un climat de peur. « J’ai dû mettre la clé sous la porte après avoir reçu des menaces de mort », témoigne le directeur de publication d’un organe d’opposition. En 2018, trois journalistes russes qui enquêtaient sur Wagner ont été assassinés en Centrafrique. RIA FAN, l’agence de presse d’Evgueni Prigojine, a organisé immédiatement le tournage d’un documentaire pour dédouaner les mercenaires.

La radio Lengo Songo reçoit du matériel et de l’argent pour louer leur action et vilipender celle de la France. Elle est financée par Lobaye Invest, une société minière dirigée par Dimitri Sytyi, 33 ans, parfaitement francophone, et haut responsable de Wagner en Centrafrique, placé sous sanctions par le Trésor américain. Elle diffuse également des annonces qui vantent les vertus thérapeutiques de la Wa na wa, la première vodka « fabriquée en Centrafrique avec la technologie russe », dont la consommation « protège contre le Covid », à en croire la presse.

Les conteneurs de la marque sont stockés juste derrière une nouvelle Maison russe, un centre culturel qui, depuis le début de l’année 2022, dispense des cours de langue, projette les films de la galaxie Prigojine et propose aux enfants des tours de manège sur un carrousel de l’époque soviétique. C’est Dimitri Sytyi, également conseiller officieux du président Touadéra, qui la dirige.

Sans contrepartie

Depuis un an, Wagner tente même de se lancer dans l’humanitaire en distribuant des sachets de sucre accompagnés d’un flyer où « de la part d’Evgueni Prigojine » s’inscrit dans un drapeau russe en forme de cœur. Peut-être une contrepartie, alors que les mercenaires ont pris l’habitude de se servir sans payer dans les boutiques de la capitale.

Les Wagner ont aussi bâti une diplomatie parallèle dans la capitale. « On a vite compris qu’il y avait deux Russies en République centrafricaine : l’ambassade et les Wagner, explique l’ancien cadre du parti au pouvoir en exil. Mais rapidement l’ambassadeur a disparu, et c’étaient les Wagner qui contrôlaient tout, avec un commandement militaire et un commandement civil chargé de la stratégie de la désinformation et des médias. Dimitri Sytyi et Vitali Perfilev sont installés à la présidence avec le titre de conseillers du chef de l’Etat, ils entrent dans son bureau sans frapper. » Fin 2021, les deux hommes, ovationnés devant l’Assemblée nationale, ont reçu une lettre de remerciement des mains de son président, Simplice Mathieu Sarandji, l’un des artisans de l’installation russe en Centrafrique.

Ce fidèle du président Touadéra a validé l’attribution de chaque contrat minier, car le recours aux mercenaires n’est pas gratuit. En 2021, ces derniers ont tenté d’étendre leur influence jusque dans l’administration du pays, apportant leur « assistance technique » aux douanes. Bangui finira par remettre en cause cet agrément sous la pression de l’Union européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.

Mais le lien est solide. Confiant dans la puissance de son nouvel allié, le pouvoir centrafricain n’entend pas rompre les amarres : « Si Poutine nous envoie des Wagner, ce n’est pas notre problème. Pour nous, ce sont des Russes. Qu’ils se fassent appeler Beethoven ou Mozart, ils sont là pour défendre la démocratie centrafricaine et on les accepte ! » lance Fidèle Gouandjika, puissant ministre et conseiller spécial du président Touadéra, qui, pour nous recevoir à son domicile en ce début du mois d’avril, arbore un tee-shirt estampillé « Je suis Wagner »

 

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  • 4 weeks later...
il y a 23 minutes, Ciders a dit :

C'est surtout que du fidèle orthodoxe russophile en RCA, faut sûrement aller chercher du côté de l'ambassade russe... et encore.

Sauf si tu fais du recrutement dans la population locale. On appelle ça une « mission ». Les prêtres européens chargés de cette tâche, on les appelle des « missionnaires ». Je ne vois pas pourquoi a priori ça ne pourrait pas marcher.

Toute l'expansion coloniale française en Afrique, en Asie ou en Océanie s'est faite au travers de cette "alliance du sabre et du goupillon".

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il y a 6 minutes, Wallaby a dit :

Sauf si tu fais du recrutement dans la population locale. On appelle ça une « mission ». Les prêtres européens chargés de cette tâche, on les appelle des « missionnaires ». Je ne vois pas pourquoi a priori ça ne pourrait pas marcher.

Toute l'expansion coloniale française en Afrique, en Asie ou en Océanie s'est faite au travers de cette "alliance du sabre et du goupillon".

Parce qu'en RCA le gros du marché est déjà tenu par des églises évangélistes protestantes extrêmement dynamiques.

Et que concrètement, la mission, c'est un peu daté. Maintenant place aux pasteurs médiatiques, en costard et qui font des miracles en chantant. Jésus qui marche sur l'eau en robe, c'est limite gay-friendly.

Modifié par Ciders
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il y a 7 minutes, Ciders a dit :

Parce qu'en RCA le gros du marché est déjà tenu par des églises évangélistes protestantes extrêmement dynamiques.

Eh alors, qu'est-ce qui empêche un peu de concurrence ? Qu'est-ce qui empêche ce prêtre russe d'être "extrêmement dynamique" lui aussi ?

il y a 12 minutes, Ciders a dit :

Et que concrètement, la mission, c'est un peu daté.

Avec la modernisation, je suis sûr que de nombreux animistes (60% de la population ?) sont candidats à essayer la socialisation dans les paroisses chrétiennes, mieux adaptée à la vie moderne et urbaine.

Il faut arrêter de regarder le monde, notamment l'Afrique, avec un regard francocentré. Ce n'est pas parce qu'une chose est "datée" en France, qu'on peut automatiquement généraliser. C'est "prendre son propre cas pour une généralité".

Le 06/02/2014 à 14:08, Wallaby a dit :

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/centrafrique-quelques-lueurs-dans-la-nuit-noire_1320412.html (5 février 2014)

Infos sur Bangui, Boali, Bossemptélé, Gbawi, Bocanda, Zawa, Yaloké, Bozoum.

Le prêtre de Bossemptélé dit « Il y a d'ailleurs dans ce pays à peine 30 % de chrétiens authentiques et 60 % d'animistes et d'adeptes des cultes traditionnels ».

Ta notion de "marché tenu par les évangélique" ne coïncide pas avec l'information de Wikipédia selon laquelle le catholicisme est la principale dénomination chrétienne du pays : https://en.wikipedia.org/wiki/Religion_in_the_Central_African_Republic

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il y a 8 minutes, Wallaby a dit :

Eh alors, qu'est-ce qui empêche un peu de concurrence ? Qu'est-ce qui empêche ce prêtre russe d'être "extrêmement dynamique" lui aussi ?

Avec la modernisation, je suis sûr que de nombreux animistes (60% de la population ?) sont candidats à essayer la socialisation dans les paroisses chrétiennes, mieux adaptée à la vie moderne et urbaine.

Il faut arrêter de regarder le monde, notamment l'Afrique, avec un regard francocentré. Ce n'est pas parce qu'une chose est "datée" en France, qu'on peut automatiquement généraliser. C'est "prendre son propre cas pour une généralité".

Ta notion de "marché tenu par les évangélique" ne coïncide pas avec l'information de Wikipédia selon laquelle le catholicisme est la principale dénomination chrétienne du pays : https://en.wikipedia.org/wiki/Religion_in_the_Central_African_Republic

T'as pas lu tout l'article de Wikipedia...

Pour le reste, qu'ils essaient. Entre les protestants, les catholiques, les animistes et les musulmans, sachant en plus qu'en RCA la religion et la politique sont bien emmêlés, ça ne peut que marcher. Ou pas.

Ah et euh juste un détail : parler de modernité en RCA, c'est un peu... francocentré. On parle d'un des pays les plus pauvres de la planète... et d'une religion pas vraiment adaptée à cette vie moderne.

Modifié par Ciders
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il y a 26 minutes, Ciders a dit :

les protestants,

"Les protestants" c'est une abstraction. Cela n'existe pas vraiment. C'est une litanie de dénominations plus ou moins incompatibles les unes avec les autres.

il y a 26 minutes, Ciders a dit :

Ah et euh juste un détail : parler de modernité en RCA, c'est un peu... francocentré.

Prends garde à ne pas répéter le discours de Sarkozy de Dakar affirmant que « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire » donc incapable de se moderniser : les Africains l'ont assez mal pris.

Modifié par Wallaby
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il y a 27 minutes, Ciders a dit :

On parle d'un des pays les plus pauvres de la planète... et d'une religion pas vraiment adaptée à cette vie moderne.

Si les Russes construisent une église avec de l'argent russe, les Centrafricains, ça ne leur coûte pas un kopek.

L'animisme peut être considéré comme non adapté à la vie moderne ce qui peut être discuté : le candomblé au Brésil par exemple a l'air plutôt bien adapté, ou le shinto au Japon. Mais le passage de l'animisme au christianisme est un ferment de modernisation.

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