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L'armée de Terre Française


Invité Guest

Messages recommandés

  • 16 years later...

Je déterre pour poster ceci :

200 soldats français ont participé à l’exercice interarmes et interallié Chergui au Maroc du 1er au 25 mars. Cette 12e édition visait à développer l’interopérabilité technique et opérationnelle franco-marocaine au cours de manœuvres d’aérocombat en milieu désertique. Le chergui (un violent vent saharien) souffle sur la zone vie du camp de manœuvre de Rahmat-Allah, à 20 kilomètres de la ville d’Er-Rachidia, à l’est du Maroc, ce 14 mars. La veille, les rafales atteignent 40 kilomètres/heure. C’est dans ce décor, au pied du massif de l’Atlas que se déroule l’exercice franco-marocain Chergui. Deux mille cinq cents soldats, dont près de 200 Français, sont réunis pour cet entraînement durci dédié au combat aéroterrestre. Né d’un partenariat entre les forces armées royales marocaines (FAR) et l’armée de Terre, celui-ci vise à développer l'interopérabilité technique et opérationnelle entre les deux nations, dans un environnement interarmes. Cette année, le 5 e régiment d’hélicoptères de combat (5 e RHC) est l’unité-pilote avec six aéronefs déployés : un Tigre, trois Caïman et deux Gazelle. Il est renforcé par le 2 e régiment d’infanterie de marine (2 e RIMa) et par le régiment d’infanterie chars de marine (RICM). Côté marocain, deux Gazelle, un Chinook et deux Puma viennent compléter le dispositif. La finalité pour les forces au sol comme dans les airs : partager les compétences et renforcer la connaissance mutuelle pour agir conjointement.

 

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  • 1 month later...

Nouvelle chaussure pour l'armée française et retour de la mi botte pour la marine.

http://www.opex360.com/2022/10/09/le-commissariat-des-armees-devoile-la-nouvelle-chaussure-de-combat-zone-temperee/

Ainsi, selon la description qui en est faite, le modèle retenu est « totalement étanche et particulièrement robuste », tout en promettant un « confort renforcé ». En outre, il est « adapté l’aéro-cordage et au saut en parachute » ainsi qu’aux marches quotidiennes de plus de dix kilomètres et à celles, « exceptionnelles », de cinquante kilomètres.

L’accent a été mis sur le confort « thermique » puisque, explique le Commissariat des Armées, le but est et de « garder le pied au sec, même après une journée passée sur des terrains humides, boueux ou enneigés », voire de « dépasser les 72 heures de port ininterrompues, en cas de nécessité opérationnelle ».

Ces chaussures de combat pour milieu tempéré, au coloris « coyote », seront distribuées par Haix [60%] et Meindl [40%]. En tout cas, elles ne s’inspirent pas du « Brodequin de marche à jambière attenante » [ou Rangers], qui ont disparu du paquetage à partir de 2008… En revanche, pour la Marine nationale, le CIEC est revenu aux sources en relançant la production des « mythiques mi-bottes » du marin.

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  • 5 weeks later...

Info :

 

« Les soldats du 27e qui ont fait l’Afghanistan ne veulent pas être les oubliés de l’histoire »

Un documentaire inédit intitulé “Frères d’armes, nos années afghanes” sera diffusé le jeudi 10 novembre à  22 h 50 sur France 3. Signé du réalisateur Géraud Burin des Roziers, il rapporte les souvenirs de militaires du 27e BCA, partis en Afghanistan il y a 12 ans. Le journaliste est considéré par les soldats comme un frère d’armes. 

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  • 3 weeks later...
  • 2 weeks later...

https://www.forcesoperations.com/scorpion-xii-un-pas-de-plus-vers-une-premiere-brigade-scorpionisee/

Citation

Le modèle a néanmoins ses limites. « En formant deux PC symétriques, nous avons quand même une forme de désoptimisation puisqu’on sépare des personnels habitués à travailler ensemble », complète le commandant de la 9e BIMa. De même, certains postes, de part leur expertise unique, ne peuvent être dédoublés. Un écueil qu’un système de nouvelle génération comme le SICS devrait permettre de surmonter partiellement.

Aujourd’hui, cette structure miroir fonctionne. Elle fonctionne « mais nous détectons des choses à améliorer, soit d’un point de vue technique, soit pour modifier la doctrine ». À première vue incompressible, le temps nécessaire pour transmettre les informations lors d’une bascule est un exemple d’amélioration envisagée. Cette structure, « une parmi d’autres », n’est en tout cas pas appelée à devenir la norme. « Nous estimons que cela est nécessaire lorsque la situation est très critique, lorsque la brigade est dans une phase de combat de haute intensité nous obligeant à être relativement rapides ».

Derrière la survivabilité de la « tête pensante », les affrontements en Ukraine rappellent l’importance des structures de l’avant, la reconnaissance par exemple, et de l’arrière, donc le soutien et la logistique. « Là encore, il nous faut réfléchir à un affrontement où les conditions d’engagement d’une division ou d’une brigade nous obligent à se pencher sur la mobilité stratégique ». Une problématique moins travaillée depuis une vingtaine d’années et que l’armée de Terre se réapprorie pour mieux l’intégrer dans la bulle SCORPION.

 

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  • 3 weeks later...
  • 1 month later...
  • 2 weeks later...

Ce sujet doit être le plus adapté pour ce post. Je ne suis pas abonné au Point mais un article de hier (24/02/2023) évoque un document d'une dizaine de pages circulant parmi les officiers français et tirant des leçons du conflit en Ukraine. Quelqu'un pourrait en dire plus ?

https://www.lepoint.fr/monde/la-guerre-en-ukraine-bouleverse-les-certitudes-des-militaires-francais-24-02-2023-2509896_24.php

Voici le début de l'article, avec des termes et remises en cause marqués.

"C'est un document d'une dizaine de pages qui circule parmi les plus hauts gradés de l'armée française ainsi qu'à l'École de guerre, ...

Élaboré à la fin de l'année dernière par les analystes de l'état-major de l'armée de terre, ce texte, que Le Point a consulté en exclusivité, dresse les principales leçons que la « Verte » tire de la première année de guerre en Ukraine, qui, selon ses auteurs, « remet en cause plusieurs décennies de “confort” stratégique et de dogmes entretenus par la faiblesse relative de nos adversaires et des choix assumés de mutualisations ou de mise en sommeil de capacités. […] Ces leçons sont cruciales pour préparer l'armée de terre de combat dont la France..."

 

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  • 3 weeks later...

Une interview aussi rare qu'intéressante d'Emmanuel Chiva, Délégué Général de la DGA … 

(Partie 1)

https://www.lemonde.fr/international/article/2023/03/15/emmanuel-chiva-dga-nous-sommes-entres-dans-l-economie-de-guerre_6165595_3210.html

Révélation

Emmanuel Chiva, délégué général pour l’armement : « Nous sommes entrés dans l’économie de guerre »

M. Chiva détaille, dans un entretien au « Monde », les actions entreprises pour supprimer les « goulets d’étranglements » dans les industries de défense.

Depuis août 2022, Emmanuel Chiva, 53 ans, est à la tête de la direction générale de l’armement (DGA), ce service de plus de 10 000 personnes, dont la moitié d’ingénieurs, chargé de coordonner, en lien avec les armées, l’ensemble des programmes d’armement français. A ce titre, il est l’un des principaux acteurs de la mise en œuvre de l’« économie de guerre » voulue par le président de la République, depuis le déclenchement du conflit en Ukraine, le 24 février 2022.

En juin 2022, Emmanuel Macron appelait les industriels de l’armement à passer à un modèle d’« économie de guerre ». Neuf mois plus tard, où en est-on ?

Nous sommes entrés dans cette économie de guerre. Depuis juin, avec le ministre des armées, nous avons vu à trois reprises l’ensemble des représentants de notre base industrielle de défense. Nous avons lancé cinq groupes de travail, qui ont abouti à de premiers résultats concrets, en matière de stocks stratégiques, de réduction des délais, d’augmentation des cadences de production par exemple.

Les industriels ont notamment mutualisé leur approvisionnement en titane, un matériau très précieux pour l’aéronautique qui venait jusqu’ici principalement de Russie. Nous avons aussi avancé sur les relocalisations de filières, notamment celle liée aux poudres explosives. Tout ce qui peut nous permettre de produire plus et plus vite est aujourd’hui privilégié.

Les industriels réclament aussi des commandes fermes et pas seulement des promesses d’achat. L’Etat augmente-t-il ses commandes d’armement ?

Nous avons fait des commandes et nous continuons à en faire. En 2022, nous avons, par exemple, commandé 218 missiles antiaériens Aster, 100 missiles antiaériens Mistral et 200 missiles antichars de moyenne portée. Un certain nombre de choses ont été accélérées. Les industriels ont aujourd’hui de la visibilité, ce qui n’était pas nécessairement le cas il y a encore quelques mois.

Notre inquiétude porte plus sur les petits sous-traitants, qui ne bénéficient pas tous de cette même visibilité. Nous avons identifié deux cents goulets d’étranglement parmi ces PME, qui ne sont pas capables de répondre à une hausse de leur activité par manque de main-d’œuvre, par limitation de l’outil productif, pour des questions d’approvisionnement, etc. Une trentaine de ces goulets ont déjà été réglés. Il nous faut poursuivre ce travail.

L’Union européenne prépare un plan pour renforcer la production de munitions en Europe. Y êtes-vous favorable ?

Un obus de 155 mm, c’est une charge explosive, des charges modulaires pour envoyer l’obus plus ou moins loin, ce sont des matières premières, des composants, tous plus ou moins en pénurie. Un plan européen est intéressant s’il peut permettre d’accroître l’offre. Tout cela est encore en discussion, mais nous y sommes favorables.

L’économie de guerre doit aussi passer par l’allègement d’un certain nombre de normes de production des matériels militaires. Est-il vraiment possible de transformer une maison comme la DGA ?

Ce n’est pas antinomique, mais il ne faut pas faire n’importe quoi. Il y a des choses très réglementées, comme les certifications pour faire voler les drones en temps de paix. Faire voler un mini-drone dans une zone faiblement habitée à des fins uniquement militaires ne devrait toutefois pas requérir les mêmes exigences que de faire voler un avion de chasse au-dessus d’une ville, il y a donc un décret qui devrait bientôt sortir.Pour notre part, nous sommes d’accord pour réduire d’environ 20 % notre volume d’exigences. Les industriels considèrent qu’on leur demande beaucoup de documentation inutile. Mais la réduction ne sera pas possible pour tout. Il y a des industriels en qui l’on a confiance car ils délivrent des prestations de qualité à chaque fois, et d’autres non. Notre priorité, c’est la sécurité des équipements livrés. Par ailleurs, pour les nouveaux programmes d’armement, je souhaite généraliser l’analyse de la valeur du besoin technique et du besoin militaire. Aujourd’hui, si vous mettez un ingénieur et un opérationnel ensemble pour définir les matériels de demain, il y a toutes les chances que vous ayez quelque chose de très beau, de très sophistiqué, donc de très cher et de très long à obtenir. Or, cela correspond à une époque révolue, où prédominaient les opérations ciblées avec des forces spéciales, et non une zone de conflit de haute intensité comme l’Ukraine.

 

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(Partie 2)

Révélation

Depuis ce conflit, l’achat « sur étagère » d’armements déjà produits par des entreprises étrangères apparaît moins tabou. Jusqu’où la France est-elle prête à abandonner de sa souveraineté pour rattraper son retard sur certains équipements ?

Acheter sur étagère, ce n’est pas forcément acheter à l’étranger. De manière générale, on est capables d’aller plus loin dans le « faire autrement ». C’est-à-dire que si l’industrie militaire française n’est pas en mesure de produire elle-même, on doit pouvoir acheter sur étagère ou s’appuyer, par exemple, sur le secteur civil, comme on le fait déjà dans le domaine spatial. Pour autant, même si aujourd’hui nous manquons par exemple de lanceurs, nous gardons des impératifs de discrétion et de confidentialité et il est stratégique de conserver une filière de lanceurs autonome. Demain, nous n’allons pas faire tous nos lancements avec Space X.

Sur les munitions rôdeuses [certains drones ou missiles notamment capables de poursuivre une cible mouvante], nous sommes aussi en déficit. On peut acheter américain de manière temporaire. Mais en parallèle [depuis le printemps 2022], nous avons lancé deux appels à projets – baptisés « Colibri » et « Larinae » – pour lesquels nous avons eu beaucoup de réponses. Ces deux appels à projets ont été faits de manière nouvelle par la DGA : nous avons spécifié ce que nous souhaitions dans les grandes lignes, et c’est tout : que ce ne soit pas cher à utiliser, pas cher à développer, facile à entretenir et pour se former, et nous avons donné une cible, comme neutraliser une menace blindée à 5 km pour « Colibri », et à 50 km pour « Larinae ».

Les programmes liés à la dissuasion peuvent-ils être affectés par la modernisation des normes que vous souhaitez mettre en œuvre ?

La dissuasion, c’est 30 % des missions de la DGA et c’est fondamental, car c’est un contributeur majeur à notre modèle d’armée. Le format même de nos différentes capacités intègre l’existence et le rôle de la dissuasion dans la défense de notre territoire. Mais la dissuasion n’a pas à être modernisée dans ses process en tant que tels, car c’est elle qui tire au contraire une partie des innovations technologiques de l’industrie de l’armement français.

La dissuasion, ce sont des technologies qui peuvent être des game changer [une innovation qui pourrait changer la donne] dans le domaine du quantique, en matière de cryptographie, de simulation, du nucléaire à travers la maîtrise des moteurs à propulsion nucléaire, ou des communications laser.

En matière d’innovation, pouvez-vous donner une échéance pour le premier essai en vol d’un planeur hypervéloce, ce nouveau type de missile manœuvrant, annoncé depuis 2021 ?

Nous avons des impératifs techniques, mais je souhaite une première démonstration du planeur hypersonique V-max 1 avant la fin de l’année. On assiste aujourd’hui à une course mondiale à l’hyper vélocité, tout le monde accélère. Cette accélération n’est toutefois pas liée à la guerre en Ukraine. D’ailleurs, l’utilisation de missiles de ce type par les Russes dans le cadre du conflit ukrainien est très étonnante, cela n’a pas été un game changer.

Il y a un enjeu de financement de l’industrie de défense. Certains évoquent la création d’une niche fiscale pour ce secteur. Qu’en est-il ?

Nous travaillons effectivement sur des pistes assez diverses pour lever les réticences à financer la défense, réticences qui le plus souvent ne se trouvent pas au niveau des dirigeants des banques, mais aux échelons régionaux et opérationnels. La DGA a donc mis en place un réseau de référents bancaires pour faire remonter les difficultés.

La guerre en Ukraine n’a-t-elle pas changé la perception que les milieux financiers ont de la défense ?

J’ai vu des capitaux-risqueurs changer vaguement leurs discours au nom de la souveraineté européenne. Mais soyons clairs : c’est parce qu’il y a actuellement un marché. Or, le débat sur la taxonomie [classification] élaborée à Bruxelles [pour limiter le financement de la défense au nom de critères environnementaux, sociaux] se poursuit. Nous sommes donc extrêmement actifs à la Commission pour expliquer que cette stigmatisation [de l’industrie de défense] est totalement contradictoire avec le discours sur la nécessité de constituer une défense européenne.

Le Monde, Jean-Michel Bezat, Cédric Pietralunga et Elise Vincent

 

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  • 3 weeks later...
il y a une heure, Ardachès a dit :

Post (a dérouler) extrêmement intéressant de Stéphane Audran sur les dernières nominations au grade de général de brigade et des biais qui en résultent. A lire absolument.

 

Thread Reader

Révélation

Les choix d'évolution des armées reposent in fine sur une décision politique. C'est vrai. Mais le politique, surtout depuis 1970, est "globalement ignorant" de la chose militaire, à part quelques parlementaires (une petite, petite poignée). Donc il compte sur les militaires.

Les militaires proposent des scénarios, le politique impose une enveloppe (d'abord) et une volonté de faire (ensuite). Et s'agissant des scénarios/options, même si la rationalité n'est bien entendu pas absente, les prismes "sociologiques" jouent. Depuis 1990, plus de perception d'une menace existentielle sur les frontières en Europe. Donc pour le politique, plus "besoin" d'une défense territoriale massive. Cela a été la porte ouverte à la professionnalisation, qui impose une réduction des effectifs (moins mais mieux). La professionnalisation de l'armée de terre s'est faite à partir essentiellement des régiments de la Force d'Action Rapide. Depuis les années 70 ce sont surtout eux qui combattent. Des régiments qui, comme leur nom l'indique, sont "rapides". Pour être "rapides et efficaces" et projetables partout, ils se sont construits doctrinalement, matériellement et humainement sur le principe "léger, bien entrainé" qui permet de faire vite, bien, avec peu de moyens (les guépards chers à @Michel_Goya ). Et c'était bien adapté à la plupart de nos interventions. Et le destin de l'arme blindée lourde semblait se limiter à "refaire Daguet", c'est à dire projeter un régiment de 40-50 chars dans la durée (ce pourquoi il en faut 200 en parc).

Bien entendu, vous ne pouvez pas demander à un guépard de tirer une charrue ou de pousser du béton. Il n'est pas fait pour ça. Cela n'en fait pas un mauvais guépard. Ces régiments étaient les plus sollicités, les plus exposés.Logiquement leurs chefs sont ceux qui sont "montés". On a ainsi eu une génération de généraux "issus de l'ex Yougoslavie", puis "issus de l'Afghanistan" et maintenant "issus de Barkhane". A chaque fois, des gens sortis des mêmes types de régiments : infanterie de marine, artillerie de marine, légion, para... (Des gens qui, je peux en témoigner à titre personnel, "travaillent très bien avec marins et aviateurs", avec une excellente vision globale des choses, qui comprennent la ligne bleue du Kilimandjaro aussi bien - en fait mieux - que celle des Vosges).

Avec un lien procyclique fort entre choix matériels, parcours professionnels et évolution doctrinale, qui s’exacerbe en période de contraction des effectifs: plus les opérations se concentrent sur les régiments légers, plus on réduit les régiments lourds, moins on les utilise...et moins ces régiments attirent les esprits brillants, les premiers de promo. La conséquence est la formation de générations de cadres décideurs de plus en plus enfermés dans un modèle mental "roue, projection, super pro, rustique, léger". Ce qui arrange le politique puisque c'est aussi le modèle "le moins cher" et qui génère le moins de pertes humaines (les deux paramètres que surveille le politique "combien ça coute" et "combien de cercueils sur le pont Alexandre III"). C'est un modèle adore l'interarmes et l'interallié, mais qui se méfie, pêle-mêle, de la chenille, des réservistes, du char de combat, du canon blindé automoteur, de la logistique ferroviaire, du missile balistique, ...etc. Mais aussi des matériels "à rapport coût/performance optimisé" conçus pour être produits et utilisés en masse. Autant de choses liées au "souvenir du corps de bataille en Allemagne", de la conscription, d'une idée de la masse peu compatible avec un éthos de guerriers d'élite. Ce mur sociologique vibre en adéquation avec une volonté politique de surtout "exister pour pas cher dans le théâtre mondial" dont la scène principale se déplace en Asie. Cela explique à mon avis une grande partie des choix, mais aussi des dissonances actuelles.

Ainsi, dans sa conclusion, par ailleurs remarquable, au colloque du @CDECAdT en février, le général Toujousse, chef des forces terrestres, détaillait la vision, très intelligente, d'une Armée de terre qui entendait vaincre par les feux, par la mobilité, par l'infovalorisation. Ce qui permettrait d'éviter le choc frontal. Bouger sans cesse, vite, voir et tirer vite et surtout loin, éviter l'usure. Des guépards 2.0.
MAIS le même général avait fort lucidement souligné l'importance du "fait urbain" dans la guerre. Oui, la guerre moderne se concentre dans les villes. Et la ville moderne n'a plus rien à voir avec celle de 1945 : bétonnée (donc solide), s'étalant en hauteur au dessus du sol, en parkings et caves, en réseaux souterrains, en zones périurbaines de pavillons (autant de bunkers) avec de mauvaises lignes de vue. La ville moderne offre deux possibilités : soit la destruction par le feu, à la russe, sans imagination et sans aucun respect de la vie humaine et du droit international. Et là, il faut beaucoup, beaucoup de canons/LRM et beaucoup, beaucoup de munitions, soit la prise prudente, conforme au droit international et à notre éthos, qui requiert à la fois de la masse (pour encercler et progresser) et du blindage avec protection hard-kill (parce que les embuscades sont partout) en plus des drones/munitions rôdeuses qui sont partout. Mais "gagner en bougeant vite et en tirant loin", c'est une illusion face à un adversaire en zone urbaine. Or, immanquablement, l'avenir de la guerre se jouera, plus que jamais, en ville et pas (seulement) dans les sables du désert. Nous aurons, sans doute, à prendre ou libérer des zones urbaines, dans un conflit qui dure, sans forcément avoir des "supplétifs sacrifiables". Et face à ce défi, oui, le segment "lourd, chenille" a toute sa place en ville. Les hommes sont bien plus mobiles et protégés que dans des véhicules à roue, pour peu qu'on ait modernisé les chars et les VBCI (comme @blablachars l'explique dans le 1e lien du fil).

Bref : les choix actuels de l'AdT pour la LPM 2024-2030 illustrent "surtout" à mon avis le poids sociologique d'une génération de "guépards", intelligents, courageux, efficaces, mais dont les modèles mentaux refusent d'accepter que le destin des armées n'est plus (seulement) de courir dans le désert, mais aussi de tirer des charrues et de pousser du béton.

 

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il y a 10 minutes, Cyrano500 a dit :

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Les choix d'évolution des armées reposent in fine sur une décision politique. C'est vrai. Mais le politique, surtout depuis 1970, est "globalement ignorant" de la chose militaire, à part quelques parlementaires (une petite, petite poignée). Donc il compte sur les militaires.

Les militaires proposent des scénarios, le politique impose une enveloppe (d'abord) et une volonté de faire (ensuite). Et s'agissant des scénarios/options, même si la rationalité n'est bien entendu pas absente, les prismes "sociologiques" jouent. Depuis 1990, plus de perception d'une menace existentielle sur les frontières en Europe. Donc pour le politique, plus "besoin" d'une défense territoriale massive. Cela a été la porte ouverte à la professionnalisation, qui impose une réduction des effectifs (moins mais mieux). La professionnalisation de l'armée de terre s'est faite à partir essentiellement des régiments de la Force d'Action Rapide. Depuis les années 70 ce sont surtout eux qui combattent. Des régiments qui, comme leur nom l'indique, sont "rapides". Pour être "rapides et efficaces" et projetables partout, ils se sont construits doctrinalement, matériellement et humainement sur le principe "léger, bien entrainé" qui permet de faire vite, bien, avec peu de moyens (les guépards chers à @Michel_Goya ). Et c'était bien adapté à la plupart de nos interventions. Et le destin de l'arme blindée lourde semblait se limiter à "refaire Daguet", c'est à dire projeter un régiment de 40-50 chars dans la durée (ce pourquoi il en faut 200 en parc).

Bien entendu, vous ne pouvez pas demander à un guépard de tirer une charrue ou de pousser du béton. Il n'est pas fait pour ça. Cela n'en fait pas un mauvais guépard. Ces régiments étaient les plus sollicités, les plus exposés.Logiquement leurs chefs sont ceux qui sont "montés". On a ainsi eu une génération de généraux "issus de l'ex Yougoslavie", puis "issus de l'Afghanistan" et maintenant "issus de Barkhane". A chaque fois, des gens sortis des mêmes types de régiments : infanterie de marine, artillerie de marine, légion, para... (Des gens qui, je peux en témoigner à titre personnel, "travaillent très bien avec marins et aviateurs", avec une excellente vision globale des choses, qui comprennent la ligne bleue du Kilimandjaro aussi bien - en fait mieux - que celle des Vosges).

Avec un lien procyclique fort entre choix matériels, parcours professionnels et évolution doctrinale, qui s’exacerbe en période de contraction des effectifs: plus les opérations se concentrent sur les régiments légers, plus on réduit les régiments lourds, moins on les utilise...et moins ces régiments attirent les esprits brillants, les premiers de promo. La conséquence est la formation de générations de cadres décideurs de plus en plus enfermés dans un modèle mental "roue, projection, super pro, rustique, léger". Ce qui arrange le politique puisque c'est aussi le modèle "le moins cher" et qui génère le moins de pertes humaines (les deux paramètres que surveille le politique "combien ça coute" et "combien de cercueils sur le pont Alexandre III"). C'est un modèle adore l'interarmes et l'interallié, mais qui se méfie, pêle-mêle, de la chenille, des réservistes, du char de combat, du canon blindé automoteur, de la logistique ferroviaire, du missile balistique, ...etc. Mais aussi des matériels "à rapport coût/performance optimisé" conçus pour être produits et utilisés en masse. Autant de choses liées au "souvenir du corps de bataille en Allemagne", de la conscription, d'une idée de la masse peu compatible avec un éthos de guerriers d'élite. Ce mur sociologique vibre en adéquation avec une volonté politique de surtout "exister pour pas cher dans le théâtre mondial" dont la scène principale se déplace en Asie. Cela explique à mon avis une grande partie des choix, mais aussi des dissonances actuelles.

Ainsi, dans sa conclusion, par ailleurs remarquable, au colloque du @CDECAdT en février, le général Toujousse, chef des forces terrestres, détaillait la vision, très intelligente, d'une Armée de terre qui entendait vaincre par les feux, par la mobilité, par l'infovalorisation. Ce qui permettrait d'éviter le choc frontal. Bouger sans cesse, vite, voir et tirer vite et surtout loin, éviter l'usure. Des guépards 2.0.
MAIS le même général avait fort lucidement souligné l'importance du "fait urbain" dans la guerre. Oui, la guerre moderne se concentre dans les villes. Et la ville moderne n'a plus rien à voir avec celle de 1945 : bétonnée (donc solide), s'étalant en hauteur au dessus du sol, en parkings et caves, en réseaux souterrains, en zones périurbaines de pavillons (autant de bunkers) avec de mauvaises lignes de vue. La ville moderne offre deux possibilités : soit la destruction par le feu, à la russe, sans imagination et sans aucun respect de la vie humaine et du droit international. Et là, il faut beaucoup, beaucoup de canons/LRM et beaucoup, beaucoup de munitions, soit la prise prudente, conforme au droit international et à notre éthos, qui requiert à la fois de la masse (pour encercler et progresser) et du blindage avec protection hard-kill (parce que les embuscades sont partout) en plus des drones/munitions rôdeuses qui sont partout. Mais "gagner en bougeant vite et en tirant loin", c'est une illusion face à un adversaire en zone urbaine. Or, immanquablement, l'avenir de la guerre se jouera, plus que jamais, en ville et pas (seulement) dans les sables du désert. Nous aurons, sans doute, à prendre ou libérer des zones urbaines, dans un conflit qui dure, sans forcément avoir des "supplétifs sacrifiables". Et face à ce défi, oui, le segment "lourd, chenille" a toute sa place en ville. Les hommes sont bien plus mobiles et protégés que dans des véhicules à roue, pour peu qu'on ait modernisé les chars et les VBCI (comme @blablachars l'explique dans le 1e lien du fil).

Bref : les choix actuels de l'AdT pour la LPM 2024-2030 illustrent "surtout" à mon avis le poids sociologique d'une génération de "guépards", intelligents, courageux, efficaces, mais dont les modèles mentaux refusent d'accepter que le destin des armées n'est plus (seulement) de courir dans le désert, mais aussi de tirer des charrues et de pousser du béton.

 

@Cyrano500 … ce n'est pas le même thread :wink:

Ci-dessous celui dont je parle (pour ceux qui n'ont pas l'oiseau bleu - non on parle pas de toi @Hirondelle ) :laugh:

Révélation

Il y a quelques temps je vous parlais de l'importance sociologique des chefs issus des régiments légers/médians dans l'Armée de terre, résultat de 30 ans d'Opex. (voir le fil en RT). Eh bien cela se confirme par les promotions des généraux de 2023 (un fil à deux étoiles ) : Le décret du 28 mars 2023 nous renseigne sur le nom et l'arme d'origine de 10 colonels promus au grade de général de brigade (félicitation à eux). Pour prendre rang le 1e avril (ce qui prouve que l'AdT ne craint pas l'humour.

Quelle est leur origine ?

Génie : 1/10

Artillerie : 2/10

Arme blindée cavalerie : 2/10

Infanterie : 2/10

Troupes de marine : 3/10

Un petit tour sur Google nous permet de préciser ces parcours, pour plusieurs d'entre eux. Notamment pour ceux issus de l'infanterie. On apprend ainsi qu'un des deux fantassins est issu des troupes parachutistes --> segment "léger d'intervention". L'autre est issu de l'ALAT et a été chef de corps d'un régiment d'hélicoptères Tigre --> segment "de décision". Pour les deux cavaliers, l'un d'eux est à classer "segment de décision" (1e régiment de Chasseurs - char Leclerc) L'autre plutôt "segment médian" (RICM - AMX10RC puis ALAT).

L'artillerie et le génie sont présumés "agnostiques" dans la dichotomie "segment léger/médian vs segment de décision". Même si l'artillerie fait le choix avec le "tout Caesar" d'abandonner durablement la chenille et le blindage, ce qui la rapproche quand même du segment médian. Nous avons donc : - 5 généraux issus des segments "légers" et "médians", - 2 généraux issus du segment "décision" (chars de combat Leclerc et Hélicoptère de combat Tigre), - 3 généraux issus de l'appui feu (artillerie - "quasi médian") et soutien (génie). 

Attention : il ne s'agit pas bien entendu de sous-entendre que les généraux français sont incapables de comprendre les segments desquels ils ne sont pas issus. Leur formation (notamment à l’École de guerre) met l'accent sur l'interarmes et l'interallié. Les généraux français ne sont ni "bornés" ni "enfermés dans leur segment". Il s'agit plutôt d'admettre les modèles mentaux qu'ils ont construit, dans leurs jeunes années puis comme chefs de corps, structurent quand même une partie de leur pensée. C'est un effet procyclique : plus l'armée française mène des opérations extérieures, plus elle a des personnels, des régiments et des cadres expérimentés dans ce type d'action, et plus elle se pense "principalement" comme une armée "médiane d'opex". 

Disons-le, un jeune issu de Saint Cyr aujourd'hui aura bien plus de chances de finir général en choisissant la voie légère/médiane ou des soutiens/appuis que la voie "segment de décision". Clairement, "le char Leclerc, c'est pas la valeur d'avenir". Cela induit une forme de biais de sélection qui renforce encore la domination de ces "armes d'opex". C'est bien normal, puisque c'est ce que le pouvoir politique demande à l'armée depuis 30 ans : pouvoir mener vite et bien des opex pour pas cher (en euros et en vies). Ce n'est pas le moindre des paradoxes d'ailleurs que le segment "chars, infanterie portée sous blindage et hélicoptères de combat" soit encore qualifié de "segment de décision", tout en étant celui qu'on sacrifie en termes de budget et d'effectifs. Pas décisif la décision ? 

D'ailleurs je vous recommande le dernier papier de @blablachars sur l'avenir du char de combat et la possibilité (pardon l'impérieuse nécessité) de produire un char de transition entre le Leclerc et le MGCS. 

https://t.co/wq7uzB58xD

Pour l'heure, on s'achemine vers une Armée de terre qui envisage de conserver le Leclerc en service jusqu'en 2050... Près de 60 ans. Un peu comme si on avait conservé le char FT (modernisé) jusqu'en... 1977. Bien entendu, le cadencement des avancées techno n'est pas le même qu'au début du XXe siècle et les bouleversements sont moins rapides. Mais quand même. Dans la "bataille pour les crédits", on sent bien que l'Armée de terre ne fait pas du segment de "lourd" une priorité. Preuve ? Dans le projet de LPM 2023, on continue de moderniser le Leclerc mais "à minima" et pas un mot sur la modernisation des VBCI d'ici 2035. On acte une forme d'obsolescence programmée pour le segment "lourd" de l'infanterie portée. Ces arbitrages sont-ils juste le fruit d'une analyse rationnelle, ou est-ce que les modèles mentaux des hommes ne pèsent pas un peu dans les raisonnements ? Je pense qu'il y a quand même un questionnement à avoir, à l'aune de ce qui se passe en Ukraine.

Les grandes puissances émergentes n'abandonnent pas le char lourd. Au contraire. Le choix français du renoncement à la chenille semble de plus en plus singulier et à contre courant de son époque. Alors bien entendu, on a me dire "nous ne sommes pas dans la plaine d'Ukraine". Certes. Mais dans l'avenir, nous aurons peut-être à intervenir, soit dans le cadre d'une coalition (au Proche-Orient, en Asie, même en Europe) face à une remise en cause violente des frontières et du droit international (oui, ça arrive). Nous pourrions avoir aussi à défendre un territoire ultramarin français et ses populations contre les menées d'une puissance hostile, débarquant des chars de combat, des canons automoteurs et des blindés chenillés.

Dans les deux cas, il faudra un "segment de décision" composé de chars de combat, d'infanterie sous blindage/chenille et d'artillerie... Pas forcément 'roue/camion'. Assumerons-nous, comme en 1991 dans le Golfe, d'être incapables d'aligner un segment de décision aux standards internationaux et de devoir être relégués aux ailes, avec des pis-aller et des matériels obsolètes ? En coalition, passe encore. Mais pour défendre l'outremer ? En tous cas, la prise en compte de ces aspects sociologiques peut éclairer les débats et les prises de décision. Promouvoir des colonels issus des segments "de décision" pourrait être une question d'équilibre des modèles mentaux dans les armées.

 

 

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