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Tancrède

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Tout ce qui a été posté par Tancrède

  1. Tancrède

    ERC-90 Sagaie: un successeur?

    J'ai cherché des truc sur ce "BRAMS"; rien, mais alors absolument rien trouvé à part son nom ici et là. C'est quoi ce bidule? Y'a t-il seulement un cahier des charges? C'est une fiction parce qu'il faut bien avoir un nom à caser? Pour l'EBRC, au moins, le LB a évoqué son cahier des charges, incluant bien un canon et un missile AC.
  2. Roland et Pascal La vinasse, ça aide à avoir du poil au coeur, mais ça embrouille (surtout quand le cerveau est moins oxygéné vu l'altitude); on se permettait ça dans des guerres où les effectifs alignés étaient infiniment supérieurs et le coût moyen du soldat infiniment moindre, de même que les compétences exigées (je parle en terme de maniement de matos) et plus généralement, la conception des dirigeants et de la société en général impliquait nettement plus de morts et les acceptait bien plus facilement. Nous sommes quelques générations d'exception qui n'ont jamais vraiment eu la guerre comme horizon, ou comme réalité même potentielle. Faudrait quand même se rendre compte que jusqu'aux générations du baby boom, la guerre a fait partie du "fatalisme moyen" de tout européen (un "expert" actuel appellerait sans doute ça la "résilience", ce terme cabaliistique mal défini) . Autre temps, autres moeurs. Pour la dureté à la tâche, faut pas se leurrer, on a clairement perdu, pour la simple raison que les générations pré-45 vivaient en moyenne dans des conditions plus dures, spécialement les paysans. Ils étaient plus petits, sans doute, moins forts, sans doute aussi, moins endurants en terme d'effort physique spécialisé (courir....), tout cela est vrai dans une certaine mesure. Mais ils étaient plus durs: plus durs mentalement face aux difficultés, plus durs à la peine, sans doute plus "méchants" au besoin (rapport à la vie), ils encaissaient plus.... Et dans la durée, j'aurais plus parié sur eux pour transporter un havresac de 40kg pendant des semaines. Ils avaient beau être plus petits, moins et moins bien nourris, avoir des entraînements moins affutés.... les légionnaires romains ou les soldats de Napoléon ont marché à travers tout le continent sans cessé de se battre. Le légionnaire moyen tranportait aussi plus de 40 kg (les "mulets de Marius"), marchait 7 à 12 heures par jour, montait et démontait un camp de rondins sciés chaque jour et devait être prêt au combat en permanence. Pour les soldats napoléoniens, faut-il rappeler la marche jusqu'à Moscou, ou surtout la marche du Camp de Boulogne à Austerlitz (avec notamment la marche du Corps de Davout de Vienne à Austerlitz en une seule nuit, avec combat à 1 contre 8 à l'arrivée)? Jusqu'en 45, la société française est faite de plus de 50% de paysans (75% au début du XXème siècle), avec en plus un tiers d'ouvriers, soient des conditions de vie qui dressent des hommes plus durs à la peine (pas pour tous bien sûr, il y a certains métiers ouvriers et certaines activités paysannes qui ne sont pas des métiers physiquement très éprouvant ni des modes de vie trop durs, mais je parle des gros bataillons). Ca dresse un autre type d'hommes. Après, les générations post-45 ont apporté d'autres avantages, et l'entraînement s'est affiné, renforcé et amélioré. Ceci compense t-il cela? Pour une guerre symétrique, clairement oui. Pour une guérilla, à mon avis non. Et dans la durée encore moins. Les talebs se foutent de savoir s'ils sont les "gentils dans l'absolu" ou non (les djihadistes étrangers ne s'en foutent pas, eux): ils sont chez eux, et nous aussi. L'erreur est là selon eux. Faut jamais aller emmerder le pégu dans ses montagnes à lui; question de territoire. Maintenat, pour revenir au sujet, la "rusticité" des "anciens" est une question de société et de moeurs. Les talebs sont encore dans ce schéma là, et ils ne dépareraient pas dans les Alpes en 1940. Les pays développés ne sont plus comme ça et aucun entraînement au monde ne ramènera ça; même les gamins issus des pires guettos urbains, sans horizons et sans espoir n'ont pas ce genre de dureté, malgré tout ce qu'ils savent du "ugly side of life". Il faut travailler d'autres choses, c'est tout; c'est pourquoi bizarrement je crois plus au drill qu'avant vu le spécimen moyen qu'on a. Implanter des réflexes automatiques et tout le bastringue de ce style aidera à compenser certaines appréhensions. Pour ce qui est de l'endurance moyenne dans l'armée actuelle, c'est sûr que, surtout dans les dernières années, on a baissé, sans doute plus pour garder du monde que pour limiter des coûts. Là, y'a quelque chose à travailler. Mais ça dépend vraiment des unités.
  3. A ceci près, Trimix, pour rester dans ton exemple, par lequel je me sens un poil concerné, Dieu sait pourquoi (meuhnon, rien de personnel), que le généralissime Philippe et le "colonel sans afffectation" Moimême-Personnellement (je vais pas me nommer non plus, et puis colonel sans affectation, c'est mieux qu'officier politique) peuvent très bien faire sentir à Fusilier, sans le lui dire, que s'il espère une carrière, il a pas intérêt à faire joujou avec des enfoirés hauts gradés comme nous. Pendant ce temps, un audit est mystérieusement commandité sur les comptes du département du général Trimix dont les notes de frais vont commencer à sembler démesurées, ce qui, même s'il n'est pas vraiment menacé, l'accaparera et laissera le champ libre pour faire sentir à l'enseigne Fusilier qui contrôle les choses et quel cul il doit lécher. Mais dans le même temps, il ne faut pas que ça se sache, chapelle oblige, donc à un moment ou à un autre, Trimix, Philippe et moi nous retrouvons place St Augustin pour nous renifler le derche et délimiter respectivement les zones où on a le droit de pisser. Le but du jeu est bien sûr de garantir nos ambitions respectives en évitant de se marcher sur les pieds, chose qui se voit trop et implique des déballages propres à faire mal à chacun. Cependant, si les choses sont allées trop loin dans cette histoire, et que Fusilier a déjà commencé à se faire remarquer dans son acte néfaste consistant à baffer ou flinguer un demi-dieu galonné, l'entente cordiale entre les 3 puissances peut se résoudre par l'une des plus vieilles méthodes: tout foutre sur le dos du moins gradé, en l'occurrence le dit sieur Fusilier qui ne sait pas encore qu'il faut assurer ses arrières quand on commence quelque chose. De là à "interpréter" des ordres de façon pro-active, c'est facile, c'est de l'indiscipline. La différence avec l'initiative est pourtant facile quand il s'agit pour des officiers de sauver leur cul et de blâmer quelqu'un d'autre: l'initiative, c'est une indiscipline qui réussit. Si ça foire, ça ne peut mathématiquement pas être une initiative. Question de définition. Voilà le genre de choses (en caricature bien sûr) qui fait foirer une chaîne de commandement, ce schéma existant à tous les niveaux. On peut aussi le compliquer à loisir quand on inclut la segmentation du secteur en chapelles plus ou moins subordonnées et rivales en même temps (Air, Terre, Mer, spécialités, armes d'origines, appartenance, écoles, promos, religion/obédience, milieu social, orientation politique, classe d'âge, réseau d'amitiés/fidélités....) et adjoindre le facteur stressant de la politique qui divise encore plus. Couvrir son cul et garantir sa carrière et/ou sa reconversion sont des facteurs déterminants. Lisez l'histoire de la Guerre de Sept Ans, des guerres de l'Empire ou de la Guerre de 1870 (sans parler d'avant et d'après, mais là, on atteint parfois le caricatural) et vous verrez comment des rivalités, l'ambition et l'égoïsme ont des conséquences effarantes, sans qu'à aucun moment la compétence en tant que telle entre en ligne de compte. La compétence a t-elle joué le moindre rôle à un seul moment, dans ce typer de processus? La question n'est pas "nos chefs sont-ils compétents", mais "la compétence joue t-elle encore beaucoup dans le processus de décision"? Maintenant, Trimix, y'a un truc que tu veux nous dire, à Philippe et à moi ;)?
  4. Avec des contractors à grande échelle, on a juste créé un secteur économique dont la rationalité et l'intérêt reposent sur l'instabilité et le pourrissement des crises.
  5. Je ne fais pas de démagogie: je ne cherche pas à être élu :lol:. Je peux te retrouver les affaire en Afrique et au Kosovo ou des employés de Dyncorp et de Blackwater (et pas un ou deux en passant, je parle d'un truc organisé), mais aussi de quelques autres, se sont livrés tout bêtement au trafic d'êtres humains, vu les facilités offertes par leurs accès, leurs véhicules ou leur capacité à passer les frontières locales. Ca allait du transport de clandestins/esclaves au proxénétisme pur et dur. C'est pas le méchant capitalisme, c'est les ordures de ces boîtes. Désolé de te décevoir, Tactac, mais ces affaires ont été férocement récurrentes depuis une petite dizaine d'années, avec une fréquence vraiment alarmante qui va bien au-delà de quelques cas anecdotiques.
  6. C'est l'armée et c'est partout pareil. Les marines US qui ont embarqué le journaleux de Rolling Stones en 2003 se sont fait écharper après la parution de Generation Kill. Plusieurs ont même été virés. Zedros Quand je dis les grands officiers, j'aurais du inclure les politiques, surtout ceux des générations actuelles à la mentalité facho de velours (à gauche comme à droite): rien ne doit sortir de leur cadre, dans leur monde tout est parfait.... Lâcher la DPSD sur des officiers qui ont émis un avis dissonant, on croit rêver: De Gaulle avait pu sortir ses théories sans problème dans une époque infiniment plus dure question discipline. L'officier qui a fait cette déclaration débile n'a qu'une chose dans la mire, c'est sa promo. Alors il crache sa leçon, il fait sa petite léchouille sur les bons culs, puisque c'est toujours de làque vient le vent ;). Il ne fait que chercher les vents dominants. C'est un général? J'aurais dit un marin.
  7. L'armée irakienne tourne autour de 80 000 hommes en théorie aptes au combat, auxquels il faut ajouter la police, et bien sûr les milices, qui représentent dans les 70 000 hommes, dont la moitié dans la seule Baghdad. Faut pas croire que tout le pays est pacifié non plus. Bien sûr qu'ils bossent pour du fric; c'est pas des basses raisons, c'est le monde réel. Mais Petraus a fait bien plus que profiter d'une occasion, il l'a provoquée; faut pas diminuer l'action en Irak, qui est une vraie guerre bâtarde menée correctement depuis 3-4 ans, même si son prix est absolument hors de proportion avec le résultat à en attendre. mais faut pas non plus exagérer, sur les 190 000 contractors, (je sais pas d'où tu tiens ce chiffre: j'en avais d'autres, mais bon), y'en a pas plus de 35-40 000 qui sont des agents de sécurité/paramilitaires. Le reste sont des contractors civils participant de l'effort de reconstruction (camionneurs, ingénieurs, médecins, experts et personnels des hydrocarbures, ouvriers du bâtiment....). Cependant, en plus des 150 000 soldats US, on peut en ajouter environs 15 000 de la coalition, dont encore 5000 Brits. Mais l'Irak représente combien de fois l'investissement en Afghanistan?
  8. Résultat? Etre embourbé pendant des années, ou plutôt des décennies dans une endroit merdique pour lequel on mobilisera à grands frais les meilleures troupes et où les hélicos s'useront à vitesse grand V. Avec quel résultat à la clé? De la merde. Houh! Les méchants talibans menaçaient le monde entier de leurs vallées moisies à fouetter leurs moukères et à laisser quelques centaines de djihadistes fomenter leur méchant complot pour s'emparer du monde. Maintenant on a la plus grosse usine à opium de la planète qui tourne à plein régime, une fabrique à combattants anti-occidentaux aguerris avec vélléités de s'exporter dans des proportions sans commune mesure avec avant, un Iran déstabilisé par une toxicomanie qui touche plus de la moitié de sa population rurale et pas loin de la moitié de sa population (et passablement emmerdé par une guerre permanente à ses frontières), un Pakistan plus fragile que jamais et gangrené par un trafic de came en plein boom, et plus que tout, un spectacle et une bannière pour tous les apprentis djihadistes du monde. Leur sainte croisade et leur nouveau lieu de pèlerinage en technicolor et en 3D! Quel résultat magnifique et stratégiquement pertinent! Y'en a encore qui croient à cette débilité du point de fixation? Il nous coûte bien plus qu'à eux le point de fixation! Et surtout, IL NE RAPPORTE RIEN: ni sécurité, ni stabilisation du coin. Nada, zéro, peau de balle. Au contraire. C'est la définition même, sans aller jusqu'à l'effet boomerang (quoique) de la non-pertinence stratégique. C'est du truc de pub pour que des politicards bas de gamme se donnent des airs de M. Sécurité à des électorats incultes. Ouaaaah! Putain, y'en a qui y croient vraiment. Y'a longtemps que les lumères de l'occident, personne n'y croit plus. Faut pas prendre les pégus des montagnes pour des niais. Y z'aiment pas. Et y z'en ont vu d'autres, des gens avec des grands mots. Je pense aussi que les Ricains sont en train de rétablir, au moins en partie, un Irak un peu stable. Et comment ils ont fait? Ils ont fait du State Building en corollaire avec une vraie stratégie de contre-insurrection intelligente, l'une ne pouvant exister sans l'autre. Et pour ça il faut des putains de moyens.
  9. L'un des principaux problèmes de la sous-traitance militaire, hors de domaines simples (entretien ou bouffe dans les casernes....) est que ni l'économie ni le surcoût ne sont définitivement prouvés dans la durée. Les contractors militaires (au sens des glandus barbus et armés avec de gros 4x4 et des super lunettes) sont, c'est plus ou moins certain aujourd'hui, plus chers que des unités militaires jouant des rôles équivalents, et encore plus s'il est question de l'ensemble de ce qu'ils impliquent au-delà des simples coûts: vampirisation des meilleurs éléments, particulièrement dans les unités spéciales et d'élite et chez les sous-officiers (impliquant des efforts de recrutement et de fidélisation accrus), coûts politiques vu l'absence de cadre légal, efforts suplémentaires des forces régulières pour les encadrer ou leur sauver la peau, hostilité accrue à l'égard des mêmes forces régulières.... Sans compter que, dans le temps, les factures des contractors ont tendance à glonfler après un premier prix qui était juste une offre "d'appel". Et je ne parle même pas des centaines d'affaires de vols, viols, crimes organisés, trafics (y compris d'êtres humains, d'armes et de drogue) dans lesquelles ces boîtes sont impliquées, et pas seulement les boîtes de contractors armés. On a pas mal de cas de contractors logistiques et d'entretien qui profitent tout bêtement de la proximité et de l'accès offert par les projections, ou même plus bêtement l'accès aux bases militaires et notamment aux stocks. C'est endémique, et ce n'est plus les petits trafics anecedotiques au sein d'unités logistiques. C'est une toute autre dimension. Sur le plan économique, la prestation dépend aussi de la santé économique de l'entreprise (là je parle plus des fonctions de soutien), encore plus fluctuante que les variations de budget d'une armée. Et cette prestation n'est pas vraiment projetable, même sur une base permanente. Pour les fonctions de combat, le lobbying des gros contractors fait tout pour éviter des calculs économiques réels et complets. Leur seul intérêt, et encore, est la souplesse à court terme qui permet de disposer rapidement d'effectifs de plus en plus importants, certaines boîtes proposant désormais des brigades complètes d'infanterie (Dyncorp, Blackwater). Mais plus largement, on ne va pas relancer le débat de principe; l'Etat doit garder le contrôle de la violence et des moyens de la mettre en oeuvre. maintenant, s'il est juste question de donner un portefeuille d'actions à l'armée.... En fait, vu les capacités de gestion des EM et leurs capacités à se réformer, je crois qu'il ne vaut mieux pas leur confier même l'argent des commissions. Depuis l'origine des armées, il y a toujours eu ces périodes où on avait recours à des prestataires privés: ils étaient malhonnêtes et inefficaces au Moyen Age, malhonnêtes et inefficaces à la Renaissance, très malhonnêtes et moyennement efficaces à l'époque moderne, et malhonnêtes et lamentables pendant la Révolution et l'Empire. A chaque fois, il a fallu créer des unités pour pallier leurs insuffisances criantes. Napoléon a créé le Train pour s'en débarrasser. Quand aux fournitures aux armées, c'est toute l'histoire de la corruption depuis le Haut Moyen Age. Sous Louis XIV et Louis XV, les plus grosses fortunes s'y sont faites et les premières grandes banques françaises ont été créées par les mecs de ce business (voir la famille Pâris comme exemple le plus criant). En Angleterre ou en Espagne, c'est pareil. Avec l'époque industrielle, ça s'est décalé vers la production d'armement qui était désormais avant tout le fait du privé (avant, c'était le quasi-monopole des princes, sauf pour les chantiers navals, déjà sur rythme et échelle industriels), et on en voit les abus à chaque nouveau programme d'armement. Alors désolé, mais j'y crois peu. Ca ne veut pas dire que l'armée n'aurait pas besoin de vrais consultants en orga et de cost killers spécialisés pour ses coûts d'infrastructure. Les EM et l'ensemble des services du ministère se feraient dégraisser façon Lagerfeld. Pourquoi le feraient-elles? Elles ont déjà leurs propres barbouzes et leurs pays qui les soutiennent. Les boîtes d'outsourcing militaires sont en plein mouvement de concentration depuis 4-5 ans et s'adossent plutôt à de grosses structures financières, et avant tout des compagnies assurances (Wackenhut est la plus intégrée, dans le genre, même si elle l'a en fait toujours été depuis l'origine et par ses acquisitions, comme la célèbre agence Pinkerton). Le lien est plus évident. Mais le résultat sera foutrement inquiétant. Vu que la concentration est la tendance naturelle de l'économie, on eput imaginer un jour voir se créer des trusts géants, véritables entités multinationales souveraines, combinant une major pétrolière, une grosse banque, une grosse compagnie d'assurance, divers secteurs industriels et tertiaires, ainsi qu'un géant agro-alimentaire, le tout ayant son armée privée issue de la concentration de gros contractors. On n'est plus familiers avec ça, mais ca existait encore y'a pas si longtemps, avec la VOC hollandaise et surtout la Compagnie des Indes ou la Compagnie du Levant anglaises. La Ligue Hanséatique était un truc du genre, et quand on y pense, les Templiers, les Teutoniques ou les Hospitaliers n'étaient pas vraiment autre chose, si ce n'est que leur but fondamental à eux n'était pas immédiatement commercial. Ce n'en étaient pas moins des entités souveraines supra-nationales avec une capacité de nuisance financière et militaire hors de tout contrôle. Les Compagnies des Indes étaient des acteurs dangereux impliquant les Etats et les contraignant parfois, tant leur poids économique était immense. On a vu la même chose dans l'Italie du Moyen Age et de la Renaissance, entre les grandes compagnies lombardes, véritables mafias armées des gros industriels (la plus maousse étant l'Arte di Calimala de Florence) jouant aux échecs avec la politique internationale pour leurs seuls intérêts (même pas nécessairement ceux de leurs propres villes) et transformant l'Italie en champ de bataille permanent, appuyés en cela par l'explosion des contractors militaires de l'époque, à savoir les bandes armées de mercenaires, de moins en moins des soldats démobilisés et de plus en plus des compagnies permanentes à la recherche d'une condotta (le contrat avec une entité souveraine), mais vivant sur le pays en permanence. Pourquoi serait-ce différent aujourd'hui? L'être humain est le même, et chaque fois que la puissance étatique s'affaiblit, d'autres acteurs, nationaux (régions/féodaux, ordres ou classes socio-économiques) et transnationaux comblent le vide. Si aujourd'hui une armée trouvait plus "coeur de métier" de ne se concentrer que sur le combat proprement dit et le soutien direct au combat, elle perdrait de fait la capacité à maîtriser son propre métier dans son ensemble (c'est déjà le cas dans pas mal d'armées pour la formation) et serait soumise dans beaucoup de secteurs aux aléas des contractants (réductions de personnels, normes de sécurité, disponibilité 24/24....). La capacité d'une force armée, c'est pas seulement un coeur de métier, c'est toute la chaîne d'activité qui permet de cogner. Après, si c'est pour externaliser de la gestion de paperasse, la DRH ou ces trucs là :lol:.
  10. Désolé, j'avais eu un peu la flemme de répondre cette semaine, vu l'inflation croissante des posts ;). Ca décourage, parfois. Juste une note pour dire que j'ai relu un truc sur les diverses tactiques de la Légion romaine, notamment contre la cavalerie, y compris lourde, et l'archerie montée. Outre les tribulus (croisillons de clous) dont elles peuvent parsemer le sol, ou leur pilum lourd (hasta) qui reste une double dotation avec le pilum (chaque légionnaire porte un exemplaire de chaque dans la marche, avec le train de la légion qui a des tas de pila en réserve), les légions ont su s'adapter aux méthodes des parthes et autres peuples cavaliers, et jusqu'à Julien dit l'Apostat (avec une armée romaine qui aviat bien changé), on voit que c'est avant tout une question de commandement. Publius Bassus a plus simplement adapté le dispositif en accroissant la puissance de feu, notamment en frondeurs dont, j'avoue, je ne soupçonnais pas la puissance et la cadence (quand même jusqu'à 5-6 coups minutes), mais surtout la portée (jusqu'à plus de 400m, pour une portée utile de 200-250m). Cela afin de fixer la cavalerie adverse à une distance supérieure à sa portée, l'obligeant à rompre son dispositif pour se protéger, et réduisant donc sa capacité de nuisance, condition de l'engagement de cavalerie lourde. Le remplacement progressif des pierres des frondes par des boules de plomb à partir des guerres civiles atteste de l'upgrade des frondeurs. L'archerie s'est aussi renforcée, de même que la cavalerie. Ensuite, il ne faut pas sous estimer les unités de lanceurs de javelots contre la cavalerie lourde, non seulement au début, quand ils sont devant la première ligne, mais aussi ensuite quand ils se placent derrière le premier rang de manipules et tirent en permanence sur les adverrsaires au contact stoppés par les rangées de hastas et de boucliers. Un autre avantage des Romains était que ces manoeuvres se faisaient très vite et sans panique, et qui plus est en sachant coordonner et combiner les effets des diverses armes: après la période glorieuse des armées macédoniennes, ils sont ceux qui ont vraiment le mieux créé un dispositif interarme efficace. Enfin les Romains avaient un encadrement très supérieur en qualité et en quantité, ce qui garantissait un meilleur dispositif, notamment en ce qui concerne le choix du terrain à tous les échelons. Et leur propension à trouver et à prendre rapidement les hauteurs est plus qu'attestée. En plaine, leur dispositif peut être plus vulnérable à une cavalerie mobile capable de les flanquer rapidement, mais là encore, ils ont des parades prévues dans leurs manoeuvres, et quand même une couverture des flancs, ne serait-ce que par la réserve. Je vais pas m'engager dans la liste des dispositifs d'infanterie romains, elle est longue et nécessiterait des schémas. Au final, je ne parierais pas un bouton de culotte sur une armée médiévale avec toute sa cavalerie lourde, qu'elle soit du XIIème ou du XIVème, contre une armée romaine de la bonne période. Question de professionalisme. J'avoue éprouver une flemme incommensurable à l'idée de continuer sur les longbowmen napoléoniens :lol:, quoique je persiste à penser qu'à une certaine échelle, dans certaines batailles (typiquement les batailles "denses" comme Waterloo ou Borodino), toutes ces poitrines serrées protégées par du mauvais tissu morfleraient un maximum. Mais bon, j'y reviendrais peut-être.
  11. Je confirme, on peut pas comparer avec l'Algérie où on a eu jusqu'à plus de 400 000 paires de bottes à l'année sur le terrain, sans compter les autorités et forces civiles et toute l'infrastructure d'Etat qui était à nous. Et puis quel genre de ligne pourrait-on créer dans les montagnes de la zone tribale? C'est pas vraiment la frontière algéro-tunisienne. A propos de bases de repli, je manque d'informations: les mouvements de résistance en Afghanistan sont assez peu unifiés et coordonnés entre eux (et certains se haïssent franchement), mais tous ont des réseaux d'approvisionnements passant par l'extérieur: la zone tribale, le sud et les positions au Pakistan sont les plus connues et la zone de trafics d'armes et de came la plus intense du monde, mais qu'en est-il des frontières turkmène (dont le régime est un des plus pourris qui soit), ouzbèques (pas mal non plus) et iraniennes? J'ai pas un tableau précis des axes logistiques qui viennent d'Iran en particulier; je ne connais que les efforts déployés par l'Iran pour lutter contre le trafic de came à sa frontière, efforts qui d'ailleurs sont une autre guerre sanglante vu la taille et l'armement des groupes impliqués sur la dite frontière (on va jusqu'à parler de quelques centaines de soldats et de flics tués chaque année). Mais ces efforts sont contrebalancés par une attitude plus floue vis-à-vis de certains groupes armés en Afghanistan, des flux d'armes et de combattants, que cette attitude soit le fait d'une politique voulue, d'acteurs régionaux peu ou pas combattus, ou d'initiative de certaines parties de l'appareil d'Etat iranien. Quelqu'un a une connaissance certaine du dossier?
  12. Encore une fois, il s'agit d'une embuscade! Et plutôt pas trop mal ficelée, au moins pour la première phase. Et si on compte sur le fait que les talebs n'ont pas vraiment la même conception de l'économie des forces qu'une armée occidentale (même s'ils en ont forcément une, surtout pour les combattants expérimentés, qui plus est les factions non afghanes qui ont aussi des personnels spécialisés comme des snipers), elle est même bien réussie malgré leurs pertes vu ce que nous coûtent les nôtres sur tous les plans (politiques, médiatiques, "économiques", humains, militaires). Face à une embuscade dans un secteur mal maîtrisé et grand, on ne peut pas grand chose; c'est de l'attrition normale. Maintenant, est-ce que ça veut dire qu'il n'y a pas eu de merdes? Non bien sûr. Y'a toujours mille moyens de refaire le match après coup, et mille tactiques pour ne pas tomber dans une telle embuscade. Seulement je rappellerais que d'autres unités d'élite, rien que pour notre pays, tombaient quotidiennement dans ce genre d'embuscades en Algérie et surtout en Indo, alors que c'étaient sans doute parmi les meilleurs soldats d'infanterie légère que l'histoire du monde ait jamais vu. Et ils en tendaient d'autres. C'est comme ça, et le meilleur officier avec les meilleurs sergents ne peut penser à tous les scénarios et à toutes les possibilités à chaque instant et à chaque tournant d'une route de montagne. Le combat d'infanterie légère est par essence offensif et meurtrier. C'est pas pour rien qu'on utilise le terme de guerre d'embuscade. Même avec une préparation parfaite (si elle existait) et des équipements au top (si une armée pouvait les avoir), il y aurait toujours beaucoup de morts en embuscades, et après coup, on trouverait toujours les erreurs commises. L'ennemi s'adapte et cherche constamment à contourner le dispositif, et il est impossible de trouver une solution arrêtée. C'est juste à qui fera l'erreur la moins grave à un instant T. Et le hasard y joue une part énorme, bien plus grande que dans une guerre dite "classique". Après, est-ce qu'il faut infiniment plus d'hélicos? Bien sûr, et c'est pas nouveau, toutes les armées présentes en réclament depuis 2002. Est-ce qu'il faut des petits drones de contact et plus de reco dans l'absolu? Of course, même pas de discussion. Est-ce qu'il faut plus de munitions et plus d'entraînement? Même pas de réponse nécessaire à ça. Faut-il des tanks ;)? Pas de réponse non plus, mais pas pour les mêmes raisons :lol:. Même si je connais assez nos paras, j'ai un peu les mêmes craintes que Trimix sur ce qui ne sera jamais révélé par l'EM et certains aspects de l'événement; nos grands officiers n'ont rien compris à la communication et à son impact, et leur management depuis le jour de l'embuscade le révèle de façon pitoyable. Ils n'ont rien capté (pas nouveau). Fusilier Tu serais pas en train de nous bricoler un mortier à pelles dans ton garage? Emport de munition limité, mais l'efficacité....
  13. Claro, y'a une différence entre les dépliants commerciaux, les affirmations des vendeurs et les "expérimentations" scénarisées sur terrain de manoeuvre d'un côté, et la réalité de l'autre; et il faut pas mal de temps pour trouver l'emploi et la place optimums des nouveaux matos, qui sont souvent assez différents de leur destination initiale. Ceci dit, pour l'artillerie et les chars "d'avant", faut quand même rappeler ce qu'on passe toujours dans l'évocation des souvenirs du passé: le taux de friendly fires était incomparablement supérieur. L'artillerie avait une certaine réputation en la matière, sans compter les coordonnées mal transmises par les officers demandant un appui. Y'a pas 36 solutions dans ce genre de truc: il faut plus d'infanterie et un entraînement incomparablement plus poussé dans le combat d'infanterie légère qu'il faut réapprendre à grand échelle. Je ne dévie pas du sujet en disant qu'on est confronté à une politique de contrôle des axes contrainte par la faiblesse des effectifs et la taille du pays. Résultat, Surobi est appelée à se répéter. Un ami d'une unité à couvre-chef amarante me disait qu'il aimerait voir exploser le temps dédié au combat de contact, corps à corps compris. Il a pas tellement tort. Mais pour lnos amis les fous de tanks et autres, j'avoue avoir vraiment du mal à voi où on aurait pu foutre ces gros machins dans l'embuscade ;), à moins bien sûr d'avoir des tanks volants :lol:. Ou alors des drones-hélicos avec un canon rotatif et un détecteur de chaleur :-[. Faut vraiment se calmer sur le hardware. Question à part: y'a t-il des photos du site de l'embuscade? J'entends des photos in situ, pas des vues aériennes ou satellites; un truc où on puisse se faire une idée des visus des divers points des combats.
  14. Sans l'écueil syrien/hezbollah, tout le monde parle d'un éventuel pôle de co-développement Israël-Jordanie-Liban, 3 pays qui ont tout pour former une zone de dynamisme économique autrement plus stable et vertueuse (au sens où il ne s'agirait pas d'une économie de la rente, mais d'une vraie croissance créatrice). La Jordanie a quelques ressources naturelles (l'eau et les phosphates essentiellement), mais elle a surtout développé des atouts incommensurables dans cette région: un Etat stable et relativement efficace, un certain consensus national (même le problème des réfugiés palestiniens n'est plus vraiment un lourd problème comme il a pu l'être), une infrastructure économique avec des vrais éléments de modernité et surtout une vraie "usine à diplômes" de très bon niveau. Israël est un Etat fort avec un haut niveau technique et technologique, et des niveaux de formations très élevés. Et le Liban a une infrastructure commerciale et bancaire encore solide. Comme pôle de stabilité au Moyen Orient, on ne voit pas mieux. Mais le vrai écueil à ce projet tourne autour de la Syrie, du Hezbollah et de la question palestinienne. Tant que la structure de l'Etat libanais sera faible, le Hezbollah aura tout loisir de continuer à agir comme il lui plaît. La vraie question est alors de savoir si le Hezbollah peut être dissocié de la Syrie et incité à rejoindre l'appareil d'Etat en acceptant donc un compromis durable puisqu'il est impossible de l'éliminer. Ca paraît utopique.
  15. Merci pour les liens Cincinnatus. Où on fait semblant de découvrir que les hautes instances pakistanaises comptent parmis les plus gros dealers de la planète. Ce serait presque la guerre de l'opium a front renversé. Un des nombreux exemples de politiques à court terme dont on paie les conséquences des années après. Je sais bien qu'on a rarement le choix de moyens idéaux et qu'on sait que tout ce qu'on fait aura un effet boomerang à plus ou moins long terme, ou parfois même immédiatement. Mais là, c'est quand même caricaturalement con. Une autre preuve s'il en fallait que laisser la main droite ignorer ce que fait la gauche n'amène qu'un bordel ingérable même si on pourrait croire que la main gauche a pu agir avec effet un moment. Je sais que c'est très vague et fumeux, mais c'est exactement sur le même principe qu'on agit en Afghanistan maintenant: les différents secteurs de l'action (sécuritaire, coercitif et reconstruction) agissent de facto très indépendamment et finissent par se contredire en permanence. Le plus caricatural étant les bavures continuelles des bombardements: à quoi sert l'effort, par ailleurs parcimonieux, de reconstruction, si chaque semaine a son fait divers d'un village rasé ou d'une famille considérée comme "Dommage collatéral". L'invocation permanente du "greater good" ne mobilisera pas les esprits afghans en faveur d'une coalition dont ils ne peuvent avoir l'impression qu'elle agit dans leur intérêt, si tant est que ce soit le but du jeu dans l'esprit des dirigeants. "dommage collatéral", ça marche jusqu'à combien de victimes? A partir de quel seuil le gros de la population refusera d'accepter en bloc cette excuse merdique? Donner une chance à un projet de reconstruction soutenu par les occidentaux est une chose qu'une grosse partie de la population afghane est encore prête à faire, mais si et seulement si des premiers résultats sont assez rapidement tangibles, et s'ils continuent à progresser, même lentement, dans la durée. Les résultats obtenus en Irak, mais avant tout à Baghdad (où se trouve la moitié des volontaires pour jouer les miliciens locaux), sont dus à une politique mieux coordonnée, avant tout au niveau de l'Etat Major qui peut ainsi mieux gérer l'effort global, et pas seulement le volet coercition. Les Etats-Majors peuvent se gargariser de certains chiffres dans leur communication, en alignant des kilomètres de routes bâtis, des écoles construites, des villes raccordées à de nouveaux réseaux d'eau et d'électricité.... Et en montrant des photos de petits Afghans souriants parce qu'ils ont été soignés ou peuvent aller à l'école. Sur une grande échelle, les chiffres sont toujours impressionnants. Mais si une part significative de la population afghane n'en ressent pas l'effet (si dans une ville, seuls 10% de la population ont l'eau, si 90% de ces routes bâties sont avant tout de longs tronçons en plein désert pratiqués seulement par quelques routiers et les convois de la coalition....), ce ne sont que des moyens d'autopromotion des partisans de la présence occidentale en afghanistan. La seule réalité qui peut aider à faire pencher l'opinion afghane est l'impact tangible, réel et donc relativement mesurable de ces politiques. Et pour l'instant, c'est pas gagné. En fait, j'ai commencé à m'en inquiéter quand Fillon s'est fendu de la liste de ces chiffres devant l'Assemblée: quand on ressent le besoin de se justifier en alignant les tirets et les virgules, c'est qu'on n'est vraiment pas sûr de ce qu'on vend. Ca revient encore à montrer les moyens pour éviter de parler de la fin. L'inverse de l'exemple des dommages collatéraux marche aussi: quelle efficacité militaire pourrait-on atteindre si l'on refusait systématiquement une opération de peur de faire de la casse? Plus généralement, il faut absolument trouver et définir une modalité d'action d'ensemble pour coordonner les 3 missions (coercition/sécurité/State Building) afin d'obtenir une réelle efficacité. je vais parler en termes crus et cyniques, mais cela revient à définir, dans les faits, une hiérarchie de types d'actions à mener et certaines limites qu'on doit s'imposer, parfois au détriment de résultats opérationnels; par exemple, je schématise, mais une telle méthodologie pourrait impliquer le refus systématique de bombardement par avion à proximité d'une zone habitée, au risque de devoir laisser filer des insurgents. A l'opposé, un chantier de reconstruction pourrait ne pas être entrepris dans telle ou telle zone où les insurgents ont trop d'emprise ou de possibilités d'action. Chacune des trois mission doit avoir des limites pour pouvoir être menées de concert, ce qui est l'obligation suprême si on veut avoir une chance de réussir. Mais l'équilibre est-il trouvable? Y'a t-il moyen de dégager des marges de manoeuvre sans que les 3 missions se paralysent? Quoiqu'il arrive, cette définition des rôles et cette coordination impliquera de facto de sacrifier des zones entières jugées trop dures à tenir pour reconcentrer des moyens sur d'autres plus tenables; en somme, cela reviendra -et c'est déjà en partie le cas- à laisser des provinces aux talebs et divers insurgents, avec comme seuls éléments des forces de coercition faisant des commandos de chasse et des actions coups de poing. A l'inverse, dans d'autres zones, la mission de coercition s'effacera plus face aux objectifs de sécurité et de reconstruction. Mais une telle politique implique aussi que dans chaque zone, une mission aura de facto un degré de priorité un poil au-dessus des autres, ce qui a des conséquences souvent cyniques, la plus cruelle d'entre elles étant de définir, aussi de facto, un taux de pertes civiles et militaires "acceptable". Dans les zones où la coercition prime, ce taux pourra être dramatiquement élevé, surtout pour les civils, et les militaires auraient vraissemblablement toute lattitude pour se prémunir et garantir un maximum leur sécurité. Dans les zones où le State Building prime, c'est à l'inverse la sécurité des militaires qui sera plus sacrifiée (distances de sécurité, restrictions de tirs, d'appuis et de moyens....). L'organisation actuelle n'a qu'en gros cet aspect, et ne s'organise pour le faire fonctionner de façon cohérente pour de multiples raisons: multiplicité du commandement, séparation des missions et des autorités, mentalité orientée "combat" et non "guerre", confusion de la cause et de l'effet, des moyens et des fins, faiblesse des moyens, faiblesse du politique (la cause fondamentale), paranoia à l'idée de pertes (on n'est plus dans le zéro mort, mais encore pas mal quand même: l'effet polémique d'un mort au combat est énorme).... Je ne dis pas que j'approuve ce schéma moralement, mais j'en suis arrivé à la conclusion que c'est la seule voie et le seul équilibre trouvable, et que, même si les dirigeants ne l'avoueraient jamais, c'est ce type de calcul qui serait fait (je parie même que certains feraient faire des calculs prévisionnels de pertes et dommages collatéraux, afin de se donner un ordre d'idée des conséquences). C'est en somme ce qui a été fait en Algérie, même si ça n'a été mis en place qu'après la faute originelle et fondamentale du choix de la répression et du tout sécuritaire, ce qui a beaucoup handicapé cette politique pragmatique, mais intelligente, qui a eu le malheur d'arriver trop tard. Maintenant, en Afghanistan, est-ce possible de faire cela? Est-ce souhaitable? Est-ce que ça vaut le coup? Si on décide que la réponse est oui, il faudra en venir à ce genre de pragmatisme qui sera, dans ses conséquences humaines, difficile à faire passer dans nos propres opinions. Les politiques ont-ils ce genre de courage face à une urgence non contournable? Cela revient de fait à diviser le territoire en "zones de priorité", mais selon une grammaire qui n'est pas uniquement militaire mais repose sur une articulation aussi souple que possible des 3 types d'action en même temps. On pourrait comparer ça à une version plus soft de la plus vieille politique du monde, diviser pour mieux régner.
  16. Faux, c'est pas au corps à corps: là, tu manques vraiment de biscuits sur Azincourt. L'essentiel d'Azincourt se joue dans la charge des premières "batailles" trop serrées, à cheval et à pinces sur terrain détrempé. La cadence de feu sur un terrain qui n'est qu'un corridor étroit entre deux forêts ne laisse aucune chance d'arriver au contact. Après, ce sont les coutiliers anglais encadrés par l'aristocratie qui se répartissent les chevaliers tombés et en achèvent d'autres. C'est plus tard dans la bataille que viendront les autres pertes importantes, quand Henry V pris de panique face à l'assaut de revers du seigneur d'Azincourt (malheureusement avec juste des pégus) ordonnera l'exécution des prisonniers. L'un des problèmes à Azincourt est que le gros des troupes françaises ne verra jamais la bataille et finira par se tirer. Les fantassins n'auront pas vraiement le loisir d'entrer en action du tout. Les charges ont été le fait essentiellement de la noblesse, montée et démontée, qui se disputait l'honneur de monter à l'assaut comme des glands. A Bannockburn, les Anglais n'ont pas encore le dispositif des longbowmen dans leur armée: il n'est venu qu'après que le sstème instauré par Edward Ier se soit généralisé et ait atteint son seuil d'efficacité. Les longbowmen gallois ne sont pas en nombre dans le dispositif militaire, et la yeomanry exercée au tir à l'arc met plus d'une quarantaine d'année à devenir un vrai système permettant des effectifs importants, et plus encore perçu comme fondamental par les capitaines anglais. Donc lis ce que j'ai écrit; dans l'armée de Charles le Téméraire, il n'y a que très peu d'archers anglais (il y a des fantassins anglais: coutiliers et gendarmes), et un commandement qui ne se repose pas sur une capacité de tir conséquente, misant avant tout sur des gendarmes à pied et à cheval, et une artillerie balbutiante. Un commandement assez mauvais qui plus est. Donc tes conclusions sont peu fondées. Le fait est qu'il n'avait pas trouvé la parade à une infanterie de piquiers longs. Et cette infanterie est très vulnérable aux tirs, comme toute infanterie en rangs serrés avec un faible niveau de protection. Le fait est qu'ils n'ont pas rencontré, au cours de leur carrière (fin XVème-première moitié du XVIème), d'armées reposant sur une puissance de tir conséquente. Le modèle anglais reposait sur un système coûteux (les yeomen étaient mieux payés que les unités de mercenaires, et leur train valait une fortune, flèches en tête) qu'ils n'ont pu maintenir dans la durée. Et la dernière partie de la Guerre de Cent Ans, de la campagne de la Loire (surtout à Patay) à Formigny, leur coûte presque une génération de yeomen, non renouvelable avant longtemps. Mais le système a continué, et Henry VIII maintenait l'effort: à bord de l'épave de la Mary Rose, le navire chéri d'Henry VIII qu'on a coulé dans les années 1540, on a retrouvé d'énormes stocks de longbows et de flèches, au milieu des canons d'un des navires les plus modernes de son temps. Ensuite, des archers en unités napoléoniennes ne sont pas non plus des poids morts et sont aptes au combat de mêlée (sabre, coutelas.....). Je signale à tout hasard que la charge à la baïonnette, dans 99% des cas, était une arme de dissuasion: une unité qui se lançait dedans voyait généralement son adversaire se casser. Les archers sont certes inaptes à la charge, mais ne sont pas sans défense. Et pour ce qui est des échanges de tirs, en tir tendu comme en parabolique, y'a même pas photo. Parce que pour ce qui est de la précision du Brown Bess ou du mousquet 1777.... on évitera de s'attarder dessus. Et la fumée gêne autant des archers que des fusiliers, tout comme un archer joue très bien les tirailleurs. Mais j'avais pointé effectivement le danger constitué par les essaims de tirailleurs napoléoniens (surtout les Français, d'ailleurs). Pour la réaction de l'ennemi face aux archers, c'est précisément ce que je me demande. La précision de tir d'un archer n'est pas moindre que celle d'un fantassin en tir tendu, au contraire, et la capacité de saturation existe en tir parabolique: 6000 flèches centrées sur une zone de 40 mètres de large ou même moins, ça c'est un fait prouvé. Je m'interroge donc sur la réponse qu'un commandant intelligent apporterait; à mon avis la même qui arrivera au cours de la Première Guerre Mondiale et juste après, à savoir, face à une puissance d'artillerie trop dense pour les grandes formations, un éclatement du dispositif et de la ligne de bataille, une proportion accrue de tirailleurs et un encadrement plus important pour garantir la communication en bataille et pouvoir reconcentrer le dispositif sur un ou plusieurs points. Mais aussi une artillerie accrue, mais ça, ce serait pour plus longtemps après, pas sur une campagne. Bref, comme après les grands massacres en ligne de 14, on redécouvrirait le "combat d'infanterie légère à grande échelle". En revanche, pour la rigidité de l'armée due à la moindre polyvalence des archers, je suis d'accord. D'un autre côté, il reste 2/3 d'infanterie pour faire des colonnes d'assaut. Et je trouverais pas mal de voir un bataillon d'archers en suivre 2 d'assaut (mettons à 20 mètres en retrait voire juste à leur cul) pour appuyer leur capacité de choc. En gros, leur position sur le champ de bataille s'échelonnerait entre la ligne d'assaut et l'artillerie amie. Ils seraient peut-être même plus efficaces que de l'artillerie à cheval comme moyen d'appui avancé. Le volume de feu s'applique aussi bien en appui de l'attaque, et justement, sa densité permet de créer un barrage plus efficace que le feu roulant à la cavalerie. Sauf évidemment sur le flanquement; mais des fantassins chargés par le flanc sont tout aussi baisés. Là, c'est une question de commandement.
  17. Et moi j'aimerais qu'on me lise un peu plus parce que j'ai fait ces mêmes remarques, et que la question en l'occurrence n'était pas (pour le 3ème fois), de foutre l'armée d'Henry V face à celle de Napoléon, même en effectifs équivalents, mais de mettre, mettons, 1 bataillon d'infanterie sur 3 sur longbows. Parce que je ne commenterais pas non plus l'efficacité moyenne du mousquet napoléonien sous la pluie (avec une arme qu'on recharge par le canon :lol:). Comme je l'ai précisé, le dispositif anglais est peu mobile et défensif, et le point de mon premier exemple était d'utiliser la cadence et la puissance du longbow dans une armée napoléonienne; je parlais du système d'arme plus que d'un what if. Et le point que je soulevais avec ça était l'efficacité d'un seul bataillon, couvert par un autre d'infanterie de fusiliers: 6000 flèches à la minute qui tombent sur une zone restreinte, et en cloche, pas en tir direct (au début), ça donne quoi sur une formation d'infanterie napoléonienne dont la capacité de riposte, moins longue et moins puissante, est aussi infiniment moins dense et ne frappant qu'en tir tendu et avec un taux de longs feu et d'imprécision bien supérieur. Loki, les mercenaires anglais de Charles le Téméraire étaient avant tout des fantassins: les archers étaient en petit nombre (ils étaient d'ailleurs peu mercenaires précisément parce qu'il s'agissait de yeomen, de petits propriétaires terriens plus patriotes que la moyenne et disposant d'un statut) là où une armée anglaise de la Guerre de Cent Ans était faite aux 2/3 d'archers. Qui plus est, Charles le Téméraire était très mauvais tacticien, et l'armée bourguignonne était peu fondée sur le tir, hors de son artillerie. Berkut La logistique, je l'ai pointée, mais les armées anglaises avaient un train pas si énorme qui pourtant, lors d'une "chevauchée", suffisait aux besoins, incluant des journées de combat complètes comme on pouvait le voir pendant les guerres avec les Gallois. Et si tu veux faire mumuse à la mesure, les harnois blancs (ceux qui pouvaient encaisser les tirs des premières arquebuses) étaient pas vraiment des trucs très généralisés dans la cavalerie: c'était affreusement cher, fait sur mesure et réservé de facto à la très haute aristocratie (surtout vu le faible nombre et la cadence ridicule des sites de production, avant tout Milan). Et les arquebuses du XVIème siècle ne sont pas vraiment des outils puissants: la poudre, particulièrement, est encore de qualité très moyenne et de faible capacité de propulsion. Les premières poudres vraiment dangereuses commenceront à apparaître vers la fin du XVIème, avec une première démonstration lors du bombardement de Cadix par Francis Drake qui tirait bien au-delà de la portée de riposte des canons de la ville.
  18. J'ai aucune idée du prix des gilets en gros, mais j'imagine que ça fait partie des trucs dont on pourrait se fendre rapidement: c'est pas du fric "lourd" et c'est pas le genre de produits pour lequel les fabricants ont besoin d'anticiper trop longtemps à l'avance. Pour les munitions, j'ai pas le détail de la dépense, mais même le chiffre total d'acquisition annuel des petites munitions (hors missiles) pourrait être quintuplé sans remuer les grandes lignes du budget. Surtout si, au moins dans un premier temps, on ne destine ces matériels qu'à l'effectif tournant sur quelques OPEX chaudes, essentiellement le Kosovo, le Liban et l'Afghanistan. Bref, l'essentiel de la RETEX est qu'avant de décider de changer la nature de l'armée par l'adjonction de Leclercs dans chaque section d'infanterie, avec 1 Tigre par fantassin déployé, on peut voir que quelques petits matériels peuvent aider à limiter les pertes, mais surtout qu'on pourrait bien trouver un problème d'entraînement (je crois que tout le monde est d'accord sur le tir et la dispo des munitions d'entraînement et de dotation), mais plus encore de commandement, particulièrement de mentalité du commandement.
  19. Merci de garder les malsaines valeurs démocratiques à l'écart de cet espace de paix et de libre expression, ô petit père des forumeurs.
  20. Y'a plus grand monde qui cache le fait qu'on sera contraints de faire un deal avec les traditionalistes talibans (qui ne s'exportent pas) et avec différents chefs de guerre traficants afin de dégager les éléments islamistes qui eux sont des idéologues politiques à vocation d'exportation. C'est assez con pour les atlanto-néo-cons qui ont passé des années à bâtir l'image assimilatrice du taliban-jihadiste-islamiste comme un tout homogène. Ca coûte cher une stratégie d'image: les consultants en com sont pas gratuits et le temps d'antenne est hors de prix. Il va falloir apprendre la realpolitik au grand public: à votre avis, dans combien de temps verra t-on des animateurs de talk shows et présentateurs de journaux télés des grands médias essayer d'amener doucement le fait que les talibans "ont changé", qu'ils ne sont pas des extrêmistes idéologues, mais juste des tradis un peu arriérés avec qui on pourrait faire un deal pour qu'ils se calment un peu et participent à l'édification d'un Afghanistan stable et relativement pluriel? La superficialité des grands médias n'étant qu'une des pointes de lance des décisionnaires, elle est un poul de la décision politique qu'il faut régulièrement mesurer.
  21. Dans la gamme des enseignements à tirer (qui n'en sont pas vraiment parce que nombre de gens gueulent dessus depuis longtemps): entraînement au tir et dotation en munitions à multiplier par cent, mini-drones pour petis échelons. Ce sont les plus immédiatement finançables; plus qu'un apport massif d'hélicoptères et un renouvellement complet des armements. Je préconiserais bien le limogeage de deux ou trois classes d'âges d'officiers supérieurs, mais bon, y paraît que ce serait dur. Ben tiens!
  22. Woooaaaaah, Berkut! T'es tout viril, méchant et poilu quand t'es en mode modo hargneux; les midinettes craquent devant ton côté gros ours russe pas lavé :lol:! Tiens, faudrait que j'aille me doucher, moi. Mon côté celto-viking après 8 mois en mer s'exprime vraiment fort. Pour le côté carton, faudrait quand même voir avec un rythme de récupération des points raisonnable: pour ceux qui postent pas mal, un seul soir de mauvaise humeur, et ils pourraient se retrouver avec un passif de cartons suffisant pour faire 3 fois le drapeau allemand. Sans compter que ça va vous demander plus de boulot; le tiendrez-vous dans la durée? Honnêtement, on peut pester à l'occasion, mais ça fonctionne pas si mal. Soyez pas comme Sarkozy, à vouloir refaire la constitution à chaque incident monté en épingle. Que les lois fondamentales du royaume d'AD demeurent et que la noble maison des 4 modos continue à régner de façon bénigne, telle un père attentif à ses enfants mais ferme dans la punition. Inquiétez-vous seulement quand des forumeurs commenceront à vous appeler "citoyen modo" ou "ci-devant modo"; il sera alors temps de filer en évitant Varennes.
  23. C'est le sujet, et justement, le point n'est pas de dire "Alexandre aurait niqué sa race à Suvorov" ou "Turenne aurait poutré le Prince Noir". L'un des points peut être plus simplement de pointer que l'Histoire peut n'être pas une progression permanente, et que comme d'autres domaines, l'art de la guerre a pu régresser à certains moments, certaines voies ont pu être prises qui ont été des erreurs ou des impasses, et certaines choses ont été perdues pendant de longues périodes qui étaient pourtant pertinentes et/ou correspondaient à des modèles de société différents mais dont la conséquence était que certaines armées antiques étaient éminemment plus efficaces que d'autres qui ont suivi. Je pointe aussi que mon exemple initial des longbowmen était le système d'armes en lui-même, comme je l'ai dit, et pas de précipiter une unité de yeomen anglais dans une bataille napoléonienne. Et pis ceux qui n'aiment pas y z'ont qu'à pas poster, na ;).
  24. D'abord, ici, on ETAYE ce qu'on propose; les commentaires café du commerce n'ont rien à y foutre (y'a l'autre topic pour ça). Ensuite, la terreur; sais-tu bien ce que c'est que la terreur? La seule autre méthode "rationnelle" qu'une vrai stratégie multi-niveau telle qu'elle devrait être appliquée en Afghanistan, c'est la méthode Gengis César: pyramides de crânes, décimation systématique, exécutions sommaires, prisons politiques massives pour garder des otages (et là, on compte en centaines de milliers sinon en millions), tueries arbitraires pour l'exemple, inéquité et absence de règle de droit, justice d'exception comme voie unique, contrôle total des denrées et récoltes, assorti de confiscations pour garder un moyen de pression, encouragement à la dénonciation de tous et de chacun, réseaux d'indicateurs de police stipendiés énormes (façon Stasi, soit entre 10 et 20% de la population), interdiction stricte de la moindre arme privée (sans garantie que la sécurité sera maintenue: les communautés rurales vont adorer), pas de droit d'assemblée, clergé contrôlé, pas de libertés fondamentales.... Ca rappelle des souvenirs? Stalinisme et autres joyeusetés. L'inconvénient, si on veut la mener à bien, c'est que comme l'autre, ça coûte cher: il faut des gendarmes/flics partout, et des unités militaires à tous les coins de rues. Il faut des moyens d'écoute énormes et entretenir un appreil d'Etat sécuritaire inimaginablement lourd et complexe, dont un tiers sert à surveiller l'appreil lui-même. Il faut de l'argent pour stipendier les dénonciateurs en masse, des programmes et réseaux de propagande à tous les niveaux, organiser un équivalent de culte public et/ou de la personnalité dirigeante, parce qu'il faut mobiliser aussi bien la peur que la fascination pour être efficace. Bref, il faut créer un appareil d'Etat totalitaire parce qu'on n'a pas fait mieux en fait de terreur organisée et de contrôle public. Avec ça, il faut organiser une économie correspondant non à la recherche optimale de l'efficacité mais à la répartition du pouvoir, d'abord parce que les élites d'un tel régime doivent se voir confier les bons postes, et le critère de choix n'est pas la compétence: elle est secondaire face à la conformité idéologique et/ou au degré de confiance qu'on peut avoir dans la personne. Et ce système vaut du choix d'un ministre jusqu'au plus bas de l'échelle. Ca, c'est de la terreur; c'est un système rationnellement cohérent qui pourra créer l'ordre. Tant qu'il a été maintenu en URSS, l'ensemble tenait. C'est quand on a commencé à l'amender que les lézardes sont apparues. Mais il coûte horriblement cher en argent, en hommes et en moyens, et c'est pas le PNB de l'Afghanistan qui pourra le payer. Entre une vraie stratégie contre-insurrectionnelle moderne et ce modèle de coercition/idéologisation pure, il n'y a rien qui existe comme solution de long ou même de moyen terme. Si par "terreur", tu entends juste quelques exécutions ici et là, ou la couverture de soldats à qui on laisserait la bride sur le cou pour flinguer du civil aux loyautés douteuses, le résultat est garanti: les DRH d'Al Quaida et des Talebs refuseront du monde, et la population fera et dira ce qu'ils veulent. "Il n'y a que pour les dictateurs et les abrutis que l'ordre est une fin en soi". Si un tel truc se faisait avec la caution de l'occident, je me laisse pousser la barbe et je signe chez les talebs. D'autres remarques intelligentes?
  25. Je fais juste un premier post pour faire croire qu'il y a du suivi sur ce topic et pour évoquer deux points afin de montrer que le sujet est vraiment large. D'abord, la stratégie de tous les belligérants et parties concernées est aussi pleinement dans le sujet, aussi bien les divergences et concordances éventuelles entre les participants étrangers soutenant l'Etat afgan que la vision du dit Etat afghan, mais aussi les talibans et les autres mouvements de guérillas, aux buts et aspirations aussi divers que possible: entre les fondamentalistes religieux idéologiques (Al Quaida et autres "étrangers") et les réacs moyenâgeux que sont les talibans, il y a des différences, et potentiellement des oppositions (notamment le fait qu'un jour, on sait bien qu'on fera un deal avec les talebs). Mais on notera aussi les structures tribales et les oppositions ethniques qui concourent pleinement de la guerre, au même titre que les intérêts économiques liés à l'opium (avec aussi le Pakistan en toile de fond, dont les généraux et patrons du renseignement comptent parmis les plus gros dealers d'opium de la planète). Il n'y a pas 2 grands camps unifiés, mais beaucoup d'intervenants et de divisions potentielles, ou de causes d'incohérences de comportement global. Les Américains vont pas aimer cette realpolitik. Ensuite, il y aura l'impact de la guerre sur les sociétés occidentales qui en ont perdu l'habitude et même jusqu'à la notion, en ayant une perception déformée tant la guerre et la mort sont lointaines et écartées du mode de vie et des aspirations de nos populations. Tant la nécessité de l'action extérieure parfois agressive que la perception du fait que nos pays ont des intérêts, et pas que des idéaux abstraits, à soutenir, vont de fait revenir trouver une place dans le débat public. Fin de l'infantilisation? En tout cas, le seul aspect, par ailleurs bien vague, de la "résilience", ne peut constituer l'unique impact de cette nouvelle conflictualité sur nos sociétés.
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