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La relation Franco-Allemande sous Macron, divergence structurelle, du bon* et du moins bon**.

A vos traducteurs.

https://www.swp-berlin.org/publikation/frankreichs-aussen-und-sicherheitspolitik-unter-praesident-macron/

*

Quote


Les efforts de la France pour acquérir une primauté stratégique en Méditerranée (orientale) entraînent une différence d'intérêts flagrante dans sa relation avec l'Allemagne : alors que Paris considère la Turquie comme un rival stratégique, Berlin voit Ankara comme un partenaire problématique mais inévitable et, surtout, comme l'un des plus importants acheteurs d'armements allemands.

**sans doute du à la nécéssité de ne pas se disperser

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https://www.swp-berlin.org/publikation/frankreichs-aussen-und-sicherheitspolitik-unter-praesident-macron/

La politique étrangère et de sécurité de la France sous le président Macron : conséquences pour la coopération franco-allemande

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

∎ Le président français Emmanuel Macron s'est fixé pour objectif de redynamiser les relations franco-allemandes et d'établir un "nouveau partenariat" entre Paris et Berlin. Dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité, ainsi que dans certaines parties de la politique européenne, cette affirmation a toutefois rarement été satisfaite.

∎ La raison principale en est les changements structurels dans les relations internationales, auxquels la France et l'Allemagne réagissent différemment : Paris cherche de nouveaux moyens de maintenir sa capacité d'action en matière de politique de défense et de combler le vide stratégique créé par le déclin de l'intérêt des États-Unis pour l'Europe et sa périphérie. Berlin se concentre sur la poursuite du développement de l'OTAN et de l'UE en tant qu'organisations fondamentales de la politique étrangère allemande.

∎ En outre, les gesticulations nationales, le désintérêt et un échange d'expériences insuffisant rendent difficile l'équilibre des intérêts bilatéraux.

∎ Une nouvelle intensité de la coopération bilatérale présuppose, tout d'abord, que Paris et Berlin adoptent une vision globale de la situation internationale dans leurs formats de coopération existants en matière de politique étrangère et de sécurité. Ils doivent discuter ouvertement de leurs préoccupations et intérêts respectifs et en tirer des mesures concrètes.

∎ Deuxièmement, ils doivent accepter de ne pas faire cavalier seul au niveau national et ne tolérer aucun désintérêt pour les points de pression de leurs partenaires en matière de politique étrangère, de sécurité et de politique européenne. L'Assemblée parlementaire franco-allemande devrait inciter les exécutifs des deux pays à respecter le Traité de l'Élysée ainsi que le Traité d'Aix-la-Chapelle.

∎ Telles sont les conclusions des six études de cas sur la Libye, la politique de sécurité et de défense commune, l'Union économique et monétaire, la Russie, l'OTAN et la Turquie.

Problématique et recommandations 
La politique étrangère et de sécurité de la France sous le président Macron. Conséquences pour la coopération franco-allemande 

Le président français Emmanuel Macron s'est fixé pour objectif de revitaliser les relations franco-allemandes et d'établir un "nouveau partenariat" entre Paris et Berlin. Via le traité d'Aix-la-Chapelle, les deux parties se sont engagées en 2019 à approfondir leur coopération en matière de politique étrangère, de sécurité et européenne.

Quatre ans après l'investiture de Macron et deux ans après la conclusion du traité d'Aix-la-Chapelle, force est de constater que cet engagement n'a guère été tenu en matière de politique étrangère et de sécurité ou dans certaines parties de la politique européenne. Des deux côtés du Rhin, la réticence du gouvernement allemand en est la première responsable : il a trop souvent laissé les propositions du président français sans réponse.

Berlin, pour sa part, se plaint d'une série de politiques étrangères, sécuritaires et européennes unilatérales de Macron et de son style politique parfois dérangeant. Cette étude collective, en revanche, voit la raison la plus importante du fait que la coopération franco-allemande ne s'est guère développée dans une interprétation et une pondération différentes des changements structurels dans les relations internationales.

Il analyse six dossiers dans lesquels l'Allemagne a manifesté son irritation à l'égard des politiques de son partenaire pendant la présidence de Macron : la position de la France en Libye, la réorientation de sa politique russe, sa relation conflictuelle avec la Turquie, sa critique de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), la remise en cause des propositions franco-allemandes pour la poursuite du développement de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l'Union européenne (UE), et la critique flagrante des politiques allemandes dans l'Union économique et monétaire (UEM).

Les conclusions de l'étude sont les suivantes : Le président Macron a fait respecter les hypothèses de base de la politique française de sécurité et de défense depuis 2017. Paris y reconnaît que les États-Unis poursuivent leur retrait d'Europe à un moment où la capacité d'action de la France est limitée.

La France reste seule capable de façonner la politique européenne dans et par la politique européenne. L'Europe, par laquelle Macron n'entend pas nécessairement l'UE, doit être mise en mesure de décider de son propre sort de manière indépendante. Sinon, elle deviendrait la "monnaie d'échange" des grandes puissances que sont les États-Unis et la Chine.

Cette vision modifiée des relations internationales et sa propre marge de manœuvre ont conduit le président en 2019 à réorienter les relations de la France avec la Russie. Macron a déclaré que l'OTAN était politiquement "en état de mort cérébrale" car, à ses yeux, elle était incapable de s'exprimer sur les questions clés de la sécurité européenne. L'incapacité à agir de manière rapide et décisive parmi les 27 États membres de l'UE a incité Macron, en septembre 2017, à privilégier les formats flexibles et axés sur les objectifs plutôt que l'expansion de la PSDC.

En particulier, la forte sollicitation de ses forces armées contraint la France à des partenariats à vocation opérationnelle. Alors que Paris accorde une grande priorité aux changements structurels dans les relations internationales et subit une forte pression pour s'adapter, la priorité de Berlin est de continuer à développer l'OTAN et l'UE en tant qu'organisations fondamentales de la politique étrangère et de sécurité allemande.

Un équilibre des intérêts franco-allemands est donc de plus en plus difficile à atteindre. En matière de politique turque, il est évident qu'Emmanuel Macron réagit aux changements géopolitiques, tout en s'efforçant de restaurer la grandeur et le standing de son pays. Un vide géostratégique a été créé par le retrait des États-Unis d'Europe et du Moyen-Orient et le désintérêt des États européens.

Macron souligne que les puissances régionales savent comment utiliser cette situation à leur avantage. Ainsi, la France s'oppose vigoureusement à la politique étrangère de la Turquie depuis l'été 2020. Dans le même temps, Paris défend sa propre revendication de suprématie au Moyen-Orient et en Afrique (du Nord) contre Ankara.

Chaque fois que les présidents français ont un sens aigu de la mission, cela va de pair avec des solos nationaux en matière de politique étrangère et européenne. La France met alors également en œuvre l'intérêt national de manière excessive. La politique libyenne de la France sous Emmanuel Macron, par exemple, est considérablement influencée par les relations privilégiées du pays avec les Émirats arabes unis (EAU), avec lesquels Paris entretient une coopération intensive en matière d'armement.

L'exemple de l'UEM montre toutefois clairement que même un président ayant un sens aigu de la mission est soumis à des dépendances de parcours dans certains domaines. Lorsqu'il s'agit de poursuivre le développement de l'UEM, le modèle économique français impose des limites étroites à Macron. Parce qu'elles sont exacerbées par la pandémie mondiale de Corona, les tensions entre Berlin et Paris sur l'expansion de l'UEM vont se poursuivre.

Enfin, le président français est peu enclin à intégrer dans sa politique les leçons tirées des relations de Berlin avec la Russie ou la Turquie, par exemple, au cours des dernières années, ce qui nuit à un nouveau partenariat franco-allemand. La politique française de 2019 à l'égard de la Russie ressemble à celle de l'Allemagne avant 2014, alors que Macron se heurte à plusieurs reprises aux politiques allemandes qui montrent peu d'intérêt pour les dossiers clés français, la Libye par exemple.

Berlin doit se demander si une influence plus forte de la France aurait empêché ou contenu la guerre civile en Libye qui a éclaté en 2019. Une nouvelle intensité de la coopération bilatérale en matière de politique étrangère, de sécurité et de politique européenne peut être atteinte à deux conditions :

1) Paris et Berlin doivent adopter une vision globale du mix international, tant lors des réunions du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité (DFVSR) que dans les organes créés pour mettre en œuvre le traité d'Aix-la-Chapelle. Ils doivent être ouverts sur leurs préoccupations et leurs intérêts respectifs. Pour s'y préparer, les deux parties pourraient utiliser les informations de politique étrangère et de sécurité fournies par la capacité unique d'analyse du renseignement (SIAC) de l'UE. Un agenda élaboré conjointement devrait indiquer clairement comment la France et l'Allemagne entendent contribuer à la résolution des crises et des conflits. De cette manière, le DFVSR pourrait ouvrir la voie à un Conseil européen de sécurité.

2) Il faut faire preuve de courage et se mettre d'accord sur la manière de mieux évaluer le degré d'indifférence ou de désintérêt des pays à l'égard des points de pression de la politique étrangère, de sécurité et européenne du partenaire. L'Assemblée parlementaire franco-allemande s'est donné pour mission de contrôler l'application des dispositions du Traité de l'Élysée et du Traité d'Aix-la-Chapelle. En conséquence, elle pourrait admonester publiquement les dirigeants des deux pays pour qu'ils se conforment au traité.

Modifié par g4lly
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Introduction : La politique étrangère et de sécurité de la France sous le Président Macron - Dissonances dans la coopération franco-allemande

Lorsqu'Emmanuel Macron s'est installé à l'Élysée le 14 mai 2017, une nouvelle ère dans les relations franco-allemandes semblait envisageable. Macron avait déjà tendu la main au gouvernement allemand pendant la campagne présidentielle, affirmant qu'un renouveau de l'Union européenne (UE) n'était possible que sur la base d'une coopération intensifiée entre Paris et Berlin.

Deux jours après les élections du 19e Bundestag allemand, il a proposé "l'Allemagne d'abord et avant tout un nouveau partenariat" dans un discours-programme prononcé à l'université de la Sorbonne. Dans ce discours sur l'Europe, Macron a souligné : "Nous ne serons pas toujours d'accord sur tout, ou pas toujours immédiatement, mais nous parlerons de tout.

À ceux qui disent que c'est une tâche impossible, je réponds : vous avez pris l'habitude de démissionner, moi pas. À ceux qui disent que c'est trop dur, je réponds : pensez à Robert Schuman, cinq ans seulement après une guerre, le sang à peine séché." Coopération bilatérale en temps de crise Plus récemment, le président français a courtisé Berlin de manière agressive en février 2020.

Lors de la conférence de Munich sur la sécurité, il a déploré le manque de coopération bilatérale : "Nous avons besoin de plus de terrain d'entente au cœur de l'Europe. Un cœur qui est beaucoup plus inclusif qu'il ne l'est aujourd'hui." Il était alors clair des deux côtés du Rhin que Berlin et Paris n'avaient pas réussi à établir un "nouveau partenariat".

En Allemagne, les médias et les politiciens de toutes les factions ont attribué la responsabilité de la coopération franco-allemande, qui ne fonctionne que modérément, à la chancelière Angela Merkel et à son gouvernement. Déjà depuis l'automne 2018, la chancelière Merkel a été critiquée pour ne pas avoir répondu aux propositions et appels contenus dans le discours sur l'Europe de Macron.

Le président français alimente aussi publiquement cette critique depuis l'été 2019 : par exemple, lorsqu'il exige des "réponses claires" de l'Allemagne et de la France aux problèmes actuels de l'Europe, ou lorsqu'il se plaint que la marque des relations franco-allemandes est "une histoire d'attente de réponses."

Le fait que les relations franco-allemandes sont actuellement plutôt difficiles peut être déduit des avertissements de Macron selon lesquels l'échec des relations entre les deux pays serait une "erreur historique".

S'il y a eu des succès communs, notamment l'"Initiative franco-allemande pour la relance économique de l'Europe après la crise de Corona", les efforts pour tracer une voie commune sur les questions d'avenir que sont le climat, l'environnement, la numérisation et la conclusion de l'accord d'investissement UE-Chine, ils sont trop souvent suivis d'échanges houleux.

En novembre 2020, par exemple, la ministre allemande de la défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, et le président français se sont contredits sans ambages sur la question du besoin d'"autonomie stratégique" de l'Europe. La France fait cavalier seul

L'absence de réponses de l'Allemagne n'est pas la seule cause des tensions entre Berlin et Paris. Au contraire, sous la présidence d'Emmanuel Macron, la France a pris une série de décisions de politique étrangère et de sécurité qui ont surpris et parfois même irrité Berlin : Parfois, l'Allemagne n'aurait pas été informée, parfois aucun compromis n'a pu être trouvé parce que les actions de la France allaient à l'encontre de la politique allemande, et d'autres fois, enfin, Paris semble avoir délibérément choisi une voie perturbatrice.

Par ordre chronologique, cela concerne :

∎ Libye : En juillet 2017, le président Macron a rencontré le général renégat Haftar, lui donnant ainsi un espoir international. Au lieu de persuader Haftar de trouver un compromis avec le gouvernement d'union internationalement reconnu à Tripoli, la ligne française a fini par l'encourager à attaquer Tripoli en avril 2019, déclenchant ainsi une nouvelle guerre civile.

∎ Politique de sécurité et de défense commune de l'UE (PSDC) : en juillet 2017, Berlin et Paris ont réalisé une percée en établissant une coopération structurée permanente. En septembre 2017, le président Macron a semblé s'écarter de ce consensus lorsqu'il a proposé de créer une initiative européenne d'intervention. Depuis novembre 2018, ce projet est poursuivi en dehors du cadre de l'UE. Le conflit franco-allemand sur la capacité d'action stratégique de l'Europe a repris en novembre 2020.

∎ Union économique et monétaire (UEM)/zone euro : à partir de l'été 2019, Macron a aiguisé le ton vis-à-vis de la position de l'Allemagne dans la zone euro. À plusieurs reprises, il a appelé à un abandon des règles fiscales européennes. Il a déclaré que le plafond de la dette, fixé à 3 % du budget national, était "un débat d'un autre siècle". Décrivant le rôle de l'Allemagne dans la zone euro, il a déclaré : "Ils [les Allemands] sont les grands gagnants de la zone euro et même de ses dysfonctionnements." Il a ajouté que "l'appareil allemand" doit se rendre compte que cette situation est "insoutenable".

∎ Russie : en août 2019, le président Macron a demandé aux ambassadeurs de son pays de repenser les relations de la France avec la Russie. L'éloignement actuel de Moscou est une erreur stratégique, a-t-il déclaré. Dans un environnement international modifié, l'Europe ne peut se permettre une relation conflictuelle avec la Russie. Au contraire, l'UE doit s'ouvrir à son voisin, la Russie, en tant qu'alternative stratégique à la Chine.

∎ Otan : la réorientation de la politique russe de la France a pesé (et pèse) d'autant plus lourd qu'Emmanuel Macron a déclaré l'Otan en "mort cérébrale" en novembre 2019. Il a critiqué les membres de l'OTAN, les États-Unis et la Turquie, pour avoir agi en Syrie sans consulter au préalable leurs partenaires, alors que leurs intérêts étaient également en jeu. Quelques jours auparavant, M. Macron avait déjà snobé une fois ses partenaires de l'OTAN : en adressant une lettre au président russe Vladimir Poutine. Il y proposait à M. Poutine de prendre en considération la proposition russe de moratoire sur le déploiement de missiles nucléaires à courte et moyenne portée, bien que l'OTAN ne l'ait pas jugée crédible. Le contexte de cette lettre était l'expiration du traité interdisant les missiles à portée intermédiaire basés à terre (traité FNI) en août 2019, et la Russie devrait désormais être associée aux réflexions sur une nouvelle architecture de sécurité européenne. 

∎ Turquie : à l'été 2020, la France prend parti en Méditerranée orientale et mène des manœuvres militaires conjointes avec la Grèce et Chypre. M. Macron appelle ses partenaires de l'UE à "traiter de manière claire et décisive" avec le gouvernement du président Erdoğan, dont le comportement est aujourd'hui inacceptable. Il refusera de donner son accord au projet d'union douanière entre l'UE et la Turquie.

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Question de recherche et structure de l'étude 

Comment expliquer la politique étrangère, de sécurité et européenne de la France sous la direction du président Macron ? Pourquoi diffère-t-elle sensiblement de la politique allemande sur des questions essentielles - bien que les deux pays soient politiquement plus étroitement liés que toute autre paire d'États dans les relations internationales ? 

Cette étude part du principe que les raisons résident dans le fait que Berlin et Paris perçoivent et évaluent différemment les changements structurels dans les relations internationales. En conséquence, sa question de recherche est la suivante : quels changements structurels dans les relations internationales la France perçoit-elle et comment les évalue-t-elle ?

Pour répondre à cette question, les études de cas procèdent analytiquement en trois étapes :

Tout d'abord, ils soulignent les différences importantes entre Berlin et Paris pour les différents domaines politiques.

Ensuite, ils examinent les changements structurels. Les auteurs se demandent si et dans quelle mesure ces changements peuvent expliquer les politiques étrangères, sécuritaires et européennes de Macron. Contre factuellement, ils examinent si d'autres motifs peuvent être considérés comme des explications de la politique de la France.

Enfin, les auteurs évaluent les conséquences qui résultent de leurs analyses respectives pour la coopération franco-allemande.

L'étude s'abstient délibérément d'examiner la dimension institutionnelle des relations franco-allemandes. Elle ne permet pas de savoir quel organisme avait connaissance des intentions politiques du partenaire à quel moment. Selon les auteurs, le fait que Berlin et Paris n'aient pas été en mesure de parvenir à un équilibre des intérêts sur les questions clés de la politique européenne et internationale ces dernières années indique que les structures modifiées de l'environnement international entre l'Allemagne et la France n'ont pas été suffisamment prises en compte.

Cette étude collective vise à donner une impulsion à cet égard en proposant une analyse et une évaluation complètes de la politique étrangère, de sécurité et européenne de la France sous le président Macron.

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Il y a 1 heure, Picdelamirand-oil a dit :

∎ Libye : En juillet 2017, le président Macron a rencontré le général renégat Haftar, lui donnant ainsi un espoir international. Au lieu de persuader Haftar de trouver un compromis avec le gouvernement d'union internationalement reconnu à Tripoli, la ligne française a fini par l'encourager à attaquer Tripoli en avril 2019, déclenchant ainsi une nouvelle guerre civile.

∎ Politique de sécurité et de défense commune de l'UE (PSDC) : en juillet 2017, Berlin et Paris ont réalisé une percée en établissant une coopération structurée permanente. En septembre 2017, le président Macron a semblé s'écarter de ce consensus lorsqu'il a proposé de créer une initiative européenne d'intervention. Depuis novembre 2018, ce projet est poursuivi en dehors du cadre de l'UE. Le conflit franco-allemand sur la capacité d'action stratégique de l'Europe a repris en novembre 2020.

∎ Union économique et monétaire (UEM)/zone euro : à partir de l'été 2019, Macron a aiguisé le ton vis-à-vis de la position de l'Allemagne dans la zone euro. À plusieurs reprises, il a appelé à un abandon des règles fiscales européennes. Il a déclaré que le plafond de la dette, fixé à 3 % du budget national, était "un débat d'un autre siècle". Décrivant le rôle de l'Allemagne dans la zone euro, il a déclaré : "Ils [les Allemands] sont les grands gagnants de la zone euro et même de ses dysfonctionnements." Il a ajouté que "l'appareil allemand" doit se rendre compte que cette situation est "insoutenable".

∎ Russie : en août 2019, le président Macron a demandé aux ambassadeurs de son pays de repenser les relations de la France avec la Russie. L'éloignement actuel de Moscou est une erreur stratégique, a-t-il déclaré. Dans un environnement international modifié, l'Europe ne peut se permettre une relation conflictuelle avec la Russie. Au contraire, l'UE doit s'ouvrir à son voisin, la Russie, en tant qu'alternative stratégique à la Chine.

∎ Otan : la réorientation de la politique russe de la France a pesé (et pèse) d'autant plus lourd qu'Emmanuel Macron a déclaré l'Otan en "mort cérébrale" en novembre 2019. Il a critiqué les membres de l'OTAN, les États-Unis et la Turquie, pour avoir agi en Syrie sans consulter au préalable leurs partenaires, alors que leurs intérêts étaient également en jeu. Quelques jours auparavant, M. Macron avait déjà snobé une fois ses partenaires de l'OTAN : en adressant une lettre au président russe Vladimir Poutine. Il y proposait à M. Poutine de prendre en considération la proposition russe de moratoire sur le déploiement de missiles nucléaires à courte et moyenne portée, bien que l'OTAN ne l'ait pas jugée crédible. Le contexte de cette lettre était l'expiration du traité interdisant les missiles à portée intermédiaire basés à terre (traité FNI) en août 2019, et la Russie devrait désormais être associée aux réflexions sur une nouvelle architecture de sécurité européenne. 

∎ Turquie : à l'été 2020, la France prend parti en Méditerranée orientale et mène des manœuvres militaires conjointes avec la Grèce et Chypre. M. Macron appelle ses partenaires de l'UE à "traiter de manière claire et décisive" avec le gouvernement du président Erdoğan, dont le comportement est aujourd'hui inacceptable. Il refusera de donner son accord au projet d'union douanière entre l'UE et la Turquie.

:laugh::laugh::laugh:
Si tout ça ne fleure pas bon la lecture orientée...
C'est pas compliqué il n'y a rien qu'on puisse reprocher factuellement à Macron dans tout ça.
Le dernier point est à mourrir de rire. On reproche à Macron d'avoir fait des exercices avec la Grèce??? Grèce pourtant grosse acheteuse de matériel militaire allemand? (peut-être devrait-elle repenser ses stratégiques d'acquisition d'ailleurs)

Les rédacteurs de ce papier devraient arrêter la lignite en intraveineuse, ça ne leur réussit pas.

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il y a 25 minutes, Patrick a dit :

:laugh::laugh::laugh:
Si tout ça ne fleure pas bon la lecture orientée...
C'est pas compliqué il n'y a rien qu'on puisse reprocher factuellement à Macron dans tout ça.
Le dernier point est à mourrir de rire. On reproche à Macron d'avoir fait des exercices avec la Grèce??? Grèce pourtant grosse acheteuse de matériel militaire allemand? (peut-être devrait-elle repenser ses stratégiques d'acquisition d'ailleurs)

Les rédacteurs de ce papier devraient arrêter la lignite en intraveineuse, ça ne leur réussit pas.

Ils devraient aussi un peu étudier la raison pour laquelle il y a des Grecs sur les îles au large de la Turquie. 

CA à un rapport avec 1926. Il me semble que des cadres Allemands avaient partagés leur expérience sur les Herreros avec les Kemalistes en 1915, ils ont oubliés ? 

Globalement la politique étrangère d'EM est rationnelle, même si je ne suis pas son plus grand fan, je relève la déclaration sur "l'appareil allemand qui bénéficie toujours et tout seul de tout ce qui arrive à l'euro". 

 

Il y a quelques annees ça aurait été sujet à immense levée de boucliers en France. 

 

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il y a 4 minutes, Coriace a dit :

Globalement la politique étrangère d'EM est rationnelle, même si je ne suis pas son plus grand fan, je relève la déclaration sur "l'appareil allemand qui bénéficie toujours et tout seul de tout ce qui arrive à l'euro". 

J'ai exactement le même positionnement.
On doit être des bots russes tous les deux je ne vois que cette explication. :tongue:

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il y a 4 minutes, Patrick a dit :

J'ai exactement le même positionnement.
On doit être des bots russes tous les deux je ne vois que cette explication. :tongue:n

Nous sommes des hommes cis blancs heteros privilégiés slavisés :bloblaugh:. Ça fera de la peine à mon papa Lozerien

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Après quelques heures de sommeil je trouve les conclusions délirantes:

  • les auteurs regrettent que le non respect des dispositions du traité d'Aix-la-Chapelle n'entraine pas de sanctions
  • comme les executifs ne s'entendent pas au dela des apparences c'est à l'assemblé Franco-Allemande de débattre de ces sujets et d'influer sur l'échelon su périeure

C'est tout bonnement comme sur les questions industrielles de défense c'est à la France de renoncer à ses ambitions.

 

edit: les passages en question à la fin de l'étude.

Quote

2)
    

Dans le traité d'Aix-la-Chapelle de janvier 2019, Berlin et Paris ont convenu d'"approfondir leur coopération en matière de politique étrangère, de défense, de sécurité extérieure et intérieure, et de développement, tout en œuvrant au renforcement de la capacité de l'Europe à agir de manière indépendante." En outre, ils s'engagent à "établir des positions communes sur toutes les décisions importantes affectant leurs intérêts communs et, chaque fois que cela est possible, à agir conjointement".18 Ni le Traité de l'Élysée de 1963 ni le Traité d'Aix-la-Chapelle ne donnent d'indication sur la manière dont une violation de ces engagements doit être évaluée.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Tant que la mauvaise conduite n'est pas sanctionnée, les actions nationales isolées sur des questions importantes de politique internationale et européenne affaiblissent encore plus les relations franco-allemandes ; le même effet a un désintérêt pour les points de pression de la politique étrangère, de sécurité et européenne du partenaire. Il serait inédit que l'Assemblée parlementaire franco-allemande, qui existe depuis mars 2019, devienne active et incite les exécutifs des deux pays à se conformer au traité - après tout, elle est chargée par l'Accord parlementaire franco-allemand de contrôler l'application des dispositions du traité de l'Élysée et du traité d'Aix-la-Chapelle19.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

 

Modifié par P4
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Comme toujours dans un rapport faut retenir les conclusions

Citation

Les conclusions de l'étude sont les suivantes : Le président Macron a fait respecter les hypothèses de base de la politique française de sécurité et de défense depuis 2017. Paris y reconnaît que les États-Unis poursuivent leur retrait d'Europe à un moment où la capacité d'action de la France est limitée.

La France reste seule capable de façonner la politique européenne dans et par la politique européenne. L'Europe, par laquelle Macron n'entend pas nécessairement l'UE, doit être mise en mesure de décider de son propre sort de manière indépendante. Sinon, elle deviendrait la "monnaie d'échange" des grandes puissances que sont les États-Unis et la Chine.

Cette vision modifiée des relations internationales et sa propre marge de manœuvre ont conduit le président en 2019 à réorienter les relations de la France avec la Russie. Macron a déclaré que l'OTAN était politiquement "en état de mort cérébrale" car, à ses yeux, elle était incapable de s'exprimer sur les questions clés de la sécurité européenne. L'incapacité à agir de manière rapide et décisive parmi les 27 États membres de l'UE a incité Macron, en septembre 2017, à privilégier les formats flexibles et axés sur les objectifs plutôt que l'expansion de la PSDC.

En particulier, la forte sollicitation de ses forces armées contraint la France à des partenariats à vocation opérationnelle. Alors que Paris accorde une grande priorité aux changements structurels dans les relations internationales et subit une forte pression pour s'adapter, la priorité de Berlin est de continuer à développer l'OTAN et l'UE en tant qu'organisations fondamentales de la politique étrangère et de sécurité allemande.

Un équilibre des intérêts franco-allemands est donc de plus en plus difficile à atteindre. En matière de politique turque, il est évident qu'Emmanuel Macron réagit aux changements géopolitiques, tout en s'efforçant de restaurer la grandeur et le standing de son pays. Un vide géostratégique a été créé par le retrait des États-Unis d'Europe et du Moyen-Orient et le désintérêt des États européens.

Macron souligne que les puissances régionales savent comment utiliser cette situation à leur avantage. Ainsi, la France s'oppose vigoureusement à la politique étrangère de la Turquie depuis l'été 2020. Dans le même temps, Paris défend sa propre revendication de suprématie au Moyen-Orient et en Afrique (du Nord) contre Ankara.

Chaque fois que les présidents français ont un sens aigu de la mission, cela va de pair avec des solos nationaux en matière de politique étrangère et européenne. La France met alors également en œuvre l'intérêt national de manière excessive. La politique libyenne de la France sous Emmanuel Macron, par exemple, est considérablement influencée par les relations privilégiées du pays avec les Émirats arabes unis (EAU), avec lesquels Paris entretient une coopération intensive en matière d'armement.

L'exemple de l'UEM montre toutefois clairement que même un président ayant un sens aigu de la mission est soumis à des dépendances de parcours dans certains domaines. Lorsqu'il s'agit de poursuivre le développement de l'UEM, le modèle économique français impose des limites étroites à Macron. Parce qu'elles sont exacerbées par la pandémie mondiale de Corona, les tensions entre Berlin et Paris sur l'expansion de l'UEM vont se poursuivre.

Enfin, le président français est peu enclin à intégrer dans sa politique les leçons tirées des relations de Berlin avec la Russie ou la Turquie, par exemple, au cours des dernières années, ce qui nuit à un nouveau partenariat franco-allemand. La politique française de 2019 à l'égard de la Russie ressemble à celle de l'Allemagne avant 2014, alors que Macron se heurte à plusieurs reprises aux politiques allemandes qui montrent peu d'intérêt pour les dossiers clés français, la Libye par exemple.

 

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On sent la tentation de diriger la politique étrangère française qui forcément n'est économiquement pas viable.

On sent également que la seul grille d'analyse c'est que la politique étrangère d'il y a vingt an. La donne géopolitique avec en toile de fond la Chine semble absente. Comment comprendre le mouvement de Macron si cette donne n'est pas prise en compte. Elle a quand meême des conséquences sur la présence US et les projection Française du GAN et celle de l'armée de l'Air de plus en plus volumineuse.

Il y a 8 heures, Picdelamirand-oil a dit :

En Allemagne, les médias et les politiciens de toutes les factions ont attribué la responsabilité de la coopération franco-allemande, qui ne fonctionne que modérément, à la chancelière Angela Merkel et à son gouvernement. Déjà depuis l'automne 2018, la chancelière Merkel a été critiquée pour ne pas avoir répondu aux propositions et appels contenus dans le discours sur l'Europe de Macron.

Enfin il ne faut pas oublié que les positions de MERKEL ne font pas l'unanimité.

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Mon impression globale est confirmée : les Allemands ne savent pas où ils vont !  et, du coup leurs raisonnements sont "compliqués"   ET + "compliqués" que "complexes" ( ils ne savent pas analyser la situation, les enjeux, les acteurs... )  C'est assez désespérant !

Ceci dit ... Quel est le poids, l'audience de ce "SWP  Sciences fondamentales et politique  Institut allemand pour la politique et la sécurité internationales"  ??  

Modifié par Bechar06
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Donc en gros le message c'est : n'écoutez pas la diplomatie française, elle est dans son univers fantasmagorique (qui revient à croire par exemple qu'on peut dicter aux Russes quels sont leurs propres intérêts, à croire que nous savons, nous Français, paternalistement mieux que les Russes eux-mêmes ce qui est bon pour la Russie) qui ne convainc personne à part elle-même. La seule diplomatie capable de rallier à elle tous les Européens c'est la diplomatie allemande. Vous perdez votre temps à négocier avec les Français.

Cependant, le fait suivant est crucial : l'approche du président français est basée sur ses propres conclusions quant aux intérêts "logiques" de la partie russe, plutôt que sur le comportement de la Russie.

En Allemagne, en raison d'expériences décevantes répétées avec les acteurs russes (en rapport avec l'annexion de la Crimée, la guerre dans le Donbas, l'"affaire Lisa", l'empoisonnement d'Alexei Nawalnyj), des hommes politiques de premier plan sont parvenus à la conclusion que la logique russe est difficile à comprendre et que, par conséquent, les hypothèses doivent plutôt être formulées sur la base des actions russes. Le résultat est un mélange d'outils et d'approches différent de celui du côté français.

Les Français se sont faits une théorie de la Russie, et ne semblent pas préoccupés par le fait que l'expérience ne corrobore pas ladite théorie.

Apparemment les Russes ne sont pas non plus tout à fait fans de Macron :

Le 31/12/2020 à 00:02, Wallaby a dit :

https://ecfr.eu/publication/russias-relative-resilience-why-putin-feels-vindicated-by-the-pandemic/ (17 décembre 2020)

 "Prenez par exemple la fuite par les Français du contenu de la conversation de Poutine avec [le président Emmanuel] Macron au sujet de Navalny" [le chef de l'opposition russe], a déclaré l'analyste Fyodor Lukyanov. "Je peux supposer que la fuite était exacte... Mais le fait qu'elle ait été divulguée montre qu'il est plus important pour Macron d'adopter une certaine posture au niveau national, d'être vu sous un certain jour, que d'accomplir quelque chose avec la Russie".

Cette perspective a été renforcée par la notion du Kremlin selon laquelle "il n'y a personne avec qui parler" dans l'UE - que Macron ne parle pas au nom de l'Europe et que la chancelière allemande Angela Merkel est sur le point de partir.

L'Allemagne ces derniers temps s'est assez rapprochée de la posture russophobe de Washington, à deux doigts de lâcher Nord Stream 2, probablement pour pouvoir vendre des Volkswagen en Amérique, et en cela elle est beaucoup plus le centre de gravité de l'Europe.

La France est une sorte d'aberration sur la scène Européenne. L'Allemagne représente la normalité.

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il y a 7 minutes, Wallaby a dit :

La France est une sorte d'aberration sur la scène Européenne. L'Allemagne représente la normalité.

Là je suis d'accord.

Mais est-ce que la normalité est la bonne politique ou pas ?

- Sur le plan russe d'abord puisque c'est ton sujet. Quel est la menace réelle ?

- Sur le plan US ensuite. Peut-on garantir un non retour d'un TRUMP like ?

- Sur la menace chinoise. Ou est la politique de défense européenne par rapport à la Chine ?? Si même on ne voulait pas intervenir directement en mer(s) de Chine il faudrait que les US dégarnissent leur présence ailleur par exemple en méditérannée ou plus dur dans la corne arabique donc il faudrait les remplacer ... par quoi ? La France peut positionner le CDG et la veille aérienne qui va avec mais il y a un veille aérienne avec le QE ou le PW ou tout autre moyen européen ??

Actuellement à part la France tous les autres pays européens sont inutiles aux US.

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il y a 32 minutes, Wallaby a dit :

.

Les Français se sont faits une théorie de la Russie, et ne semblent pas préoccupés par le fait que l'expérience ne corrobore pas ladite théorie.

 

C'est marrant car on pourrait faire la même phrase avec Allemagne et Turquie ou avec Commission Européenne et multi culturalisme. 

Mais le déni Français me semble moins factuel que les deux autres. La Russie essaie de s'établir un glacis d'influence, et de maintenir ses exportations d'énergie voir de les développer, en quoi est ce faux ? 

Par contre sur l'aspect de la posture de Macron plutôt que de la volonté réelle, ce n'est pas la première fois que je lis cette analyse. 

 

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Macron joue les trouble-fête en Libye

La politique libyenne d'Emmanuel Macron s'est jusqu'à présent caractérisée par deux aspects principaux : d'une part, des initiatives unilatérales éphémères qui ont rendu plus difficile le travail des médiateurs des Nations unies (ONU) et, d'autre part, le resserrement des rangs avec les Émirats arabes unis (EAU) dans la tentative ultérieurement manquée de porter au pouvoir par la force le chef de milice Khalifa Haftar. Dans une situation où les États-Unis n'ont pas joué leur rôle de force de l'ordre, la France a veillé à ce que l'Europe ne s'oppose pas plus fermement au soutien étranger à Haftar. Le résultat de cette politique a été une escalade sans précédent du conflit et l'intervention de la Russie avec le soutien des Émirats. La Turquie a réagi à cette évolution en intervenant en Libye pour contrer Haftar et les EAU. En guise de bilan de la politique libyenne de Macron jusqu'à présent, les Émirats arabes unis, la Russie et la Turquie ont massivement étendu leurs interventions, tandis que l'Europe a presque complètement perdu son influence dans le conflit. Même après la conclusion d'un cessez-le-feu en octobre 2020 et la formation d'un gouvernement d'unité en février 2021, ces puissances intervenantes continueront probablement à avoir le dernier mot. Par conséquent, les perspectives d'une solution durable au conflit sont faibles. À Berlin, la politique de la France en Libye a suscité de nombreux remous. Néanmoins, l'Allemagne s'est abstenue d'affronter la France au sujet de la Libye, car le conflit libyen ne bénéficie pas d'une priorité élevée dans la balance des intérêts franco-allemande du point de vue de Berlin. Au niveau européen également, M. Macron et son ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, n'ont pas eu besoin d'être persuadés pour empêcher l'adoption d'une ligne plus dure à l'égard d'Haftar et de ses soutiens étrangers, après des divergences initiales avec l'Italie. La diplomatie française a réussi à faire reculer l'objectif initial du processus de Berlin, qui était de freiner l'intervention étrangère. Les politiques déstabilisatrices de la France et la passivité de l'Allemagne se complétaient fatalement. 

Divergences 

Depuis la formation d'un gouvernement d'union sous l'égide de l'ONU fin 2015, les positions allemande et française sur la Libye divergent sensiblement. L'Allemagne a initialement soutenu le gouvernement d'unité, mais est restée neutre après que Haftar a lancé son offensive sur Tripoli en avril 2019. La France, en revanche, a apporté un soutien militaire à Haftar, principal adversaire du gouvernement d'union, à Benghazi dès le début de 2016. Les gains de terrain qui en ont résulté et le signal que ce dernier était le partenaire préféré de la France, malgré son opposition au gouvernement d'union, l'ont aidé à renforcer son autorité dans l'est. De cette façon, la France a contribué de manière significative à l'échec du gouvernement d'unité à atteindre son objectif le plus important, qui était d'unir le pays politiquement divisé. 

En 2017, Macron a été le premier dirigeant européen à recevoir Haftar, ce qui lui donne plus d'espoir. Plus tard, les forces spéciales françaises ont soutenu l'expansion des milices de ce dernier dans le sud de la Libye, ce qui a immédiatement précédé l'attaque de Tripoli et a été explicitement reconnu par le ministre des affaires étrangères Le Drian. Cela a sans aucun doute encouragé le chef de la milice à lancer son attaque sur Tripoli, dont les services de renseignement français devaient être parfaitement au courant en raison de leur coopération avec Haftar. Néanmoins, les diplomates français ont affirmé après coup qu'il avait toujours été déconseillé de lancer une offensive dans l'ouest de la Libye et qu'il avait été pris au dépourvu. Après le début de l'offensive, les diplomates français ont empêché la condamnation de Haftar par l'UE, minimisé les conséquences humanitaires de la guerre et dépeint les opposants du chef de guerre comme des terroristes et des criminels. 

La France a été aidée en cela par les actions des États-Unis. Les diplomates et militaires américains avaient fait comprendre à Haftar que Tripoli était une "ligne rouge". Ce n'est que plus tard que l'on a appris que ce dernier avait reçu le feu vert du conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton, immédiatement avant le début de l'attaque. Outre la divergence évidente entre l'Allemagne et la France dans leurs positions sur la Libye, trois différences fondamentales ressortent. Premièrement, l'importance de la Libye est pondérée de manière inégale. 

À Paris, la politique libyenne est une priorité absolue depuis des années et le pays bénéficie d'une grande attention de la part du président Macron et du ministre des affaires étrangères Le Drian. À Berlin, en revanche, le conflit libyen n'a suscité qu'un faible intérêt, qui n'a été que brièvement ravivé à l'occasion de la conférence de Berlin en janvier 2020 et qui s'est depuis considérablement atténué. 

Deuxièmement, la politique libyenne de l'Allemagne est fermement ancrée dans le multilatéralisme, tandis que les actions de Macron en Libye sont principalement unilatérales ou en alliance avec les EAU et l'Égypte. Certes, l'engagement de l'Allemagne en faveur du multilatéralisme en Libye manque de persuasion, car le soutien allemand au rôle de l'ONU vise avant tout à dissimuler le fait que Berlin ne mène pas une politique véritablement indépendante en Libye. 

L'embargo sur les armes décrété par l'ONU, que l'Allemagne ne cesse de souligner, n'est pris au sérieux ni par les membres du Conseil de sécurité ni par les États intervenants. Or, c'est précisément l'unilatéralisme français qui a contribué à l'échec des efforts de l'ONU. Cela est apparu clairement lors des deux sommets de Paris entre Macron, Haftar et le premier ministre du gouvernement d'union de l'époque, Faiez al-Serraj. 

Dans les deux cas, Macron a surpris à la fois l'ONU et ses partenaires européens avec une approche improvisée de la médiation. L'approche " go-it-alone " de Macron a été la principale cause des frictions franco-italiennes sur la politique européenne de la Libye en 2017 et 2018, l'Italie se sentant mise à l'écart. Troisièmement, Macron, comme ses prédécesseurs, est prêt à mener une action militaire en Libye, alors que l'Allemagne fait preuve de retenue militaire. 

Toujours sous le quinquennat de François Hollande, le ministre de la défense de l'époque, Le Drian, a commencé à soutenir Haftar avec des forces spéciales. Sous la présidence de Macron, les services de renseignement extérieurs français ont assuré la reconnaissance des offensives du chef de la milice, la France coopérant également en parallèle avec les commandants individuels du gouvernement d'union. Début 2019, les forces spéciales françaises ont soutenu l'expansion des milices d'Haftar dans le sud de la Libye. 

De même, dans l'attaque de Tripoli, la découverte d'armes françaises en juin 2019 a suggéré que les forces françaises étaient au moins temporairement impliquées avec les forces de Haftar. Cependant, le soutien politique français était beaucoup plus important pour sa guerre, car il lui fournissait la marge de manœuvre internationale nécessaire.

Intérêts

Pour expliquer la politique libyenne destructrice et infructueuse de Macron, le gouvernement français est souvent crédité de vouloir lutter contre le terrorisme et stabiliser le sud de la Libye afin de réduire les menaces pour les États alliés comme le Tchad et le Niger et pour les militaires français qui y opèrent. Mais ce schéma d'explication n'est pas convaincant. Au lieu de cela, des calculs qui ont peu à voir avec la stabilisation de la Libye semblent prévaloir.
 

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L'alliance étroite de la France avec les EAU a probablement été décisive dans le soutien de Macron à Haftar.

En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, il s'agit d'un motif de la politique française en Libye qui a caractérisé la coopération de Le Drian avec Haftar pendant la présidence de Hollande et qui, sous Macron, persiste principalement sous forme de dépendance au sentier. Les attaques terroristes dévastatrices de 2015 en France ont conduit Paris à se concentrer bien plus qu'auparavant sur le contre-terrorisme à l'étranger, de préférence en Syrie, en Irak, au Mali et en Libye. Il semblait secondaire de savoir s'il y avait un lien direct entre les groupes djihadistes sur le terrain et la menace en France même, et si l'action française était susceptible de contenir les actions de ces groupes. Ce qui importait le plus, selon les mots d'un diplomate français, c'est que le soutien visible à des combattants terroristes supposés comme Haftar garantissait que les forces populistes de droite n'avaient pas de cible politique intérieure. 

En fait, le gouvernement français pouvait difficilement ne pas remarquer que Haftar utilisait ses méthodes brutales pour combattre non seulement les djihadistes mais un éventail beaucoup plus large d'opposants, créant ainsi un terrain propice à une radicalisation accrue, utilisant la lutte contre la terreur comme couverture pour ses ambitions autocratiques, et donnant également une forte impulsion aux salafistes radicaux dans ses rangs. Même après le début de la guerre autour de Tripoli, le ministre des affaires étrangères, M. Le Drian, a continué à souligner que la coopération avec Haftar ne visait qu'à combattre la terreur afin de protéger la France. Cependant, cette ligne officielle n'a jamais été plausible.

Le facteur décisif du soutien continu de Macron à Haftar, malgré le fait que l'État islamique (EI) avait déjà perdu tout son territoire en Libye en 2017, était probablement l'alliance étroite de la France avec les EAU et l'Égypte. Cela résultait déjà d'une coopération militaire intensive et de l'existence d'une base navale française aux EAU, et a été cimenté entre 2014 et 2017 par les lucratifs contrats d'armement de la France avec les deux pays. Les slogans émiratis de "tolérance religieuse" et d'"hostilité à l'islam politique" ont également trouvé des partisans à l'Élysée et au Quai d'Orsay, qui ont certes négligé la promotion par Haftar des courants salafistes et de la radicalisation à travers ses guerres. 

La diplomatie française a travaillé en étroite collaboration avec les EAU en Libye - d'abord en tentant de donner du pouvoir à Haftar par le biais d'un règlement négocié, et à partir d'avril 2019 en empêchant toute pression occidentale sur le chef de guerre et ses soutiens étrangers, lui permettant de poursuivre sa guerre à Tripoli sans entrave. Pour aider Haftar à gagner, les alliés émiratis de la France ont même engagé des mercenaires russes, ce qui a entraîné une présence russe permanente en Libye. Après que l'intervention turque a contrecarré ce calcul, Macron a inlassablement dénoncé le rôle de la Turquie, mais n'a fait aucune mention des EAU.

Si Macron et Le Drian étaient préoccupés par la stabilisation lorsqu'ils ont soutenu Haftar, cela signifierait que la politique française était fondée sur de graves erreurs d'appréciation. L'expansion d'Haftar dans le sud n'a pas du tout amélioré la situation sécuritaire dans la région. En fait, les conflits se sont intensifiés dans des cas isolés et ne sont toujours pas résolus. Plus important encore, il était prévisible, même avant la guerre de Tripoli, que la tentative de Haftar de prendre le pouvoir par la force entraînerait une déstabilisation massive. De plus, même si le chef de la milice vieillissant avait réussi, il n'était pas certain que la structure de pouvoir qu'il avait créée puisse survivre à sa mort. Cela indique également que la politique libyenne de Macron résulte principalement de l'alliance étroite avec les EAU, qui n'ont pas été affectés par la déstabilisation de la Libye. En tout cas, cette politique ne correspondait pas à l'intérêt européen de contenir les conflits.

Conséquences

Une première victime évidente des divergences franco-allemandes a été le rôle de leader de l'ONU dans la résolution des conflits. Alors que l'Allemagne s'est largement cantonnée à soutenir les médiateurs de l'ONU, Macron a tiré parti de leur rôle avec ses initiatives unilatérales en 2017 et 2018. Cela a certainement été perçu comme une perturbation à Berlin. Mais il n'y avait pas l'intérêt de haut niveau pour la question de la Libye qui aurait été nécessaire pour influencer Macron. 

L'attaque de Haftar sur Tripoli, acceptée au moins tacitement par la France, a finalement contrecarré tous les efforts de l'envoyé spécial des Nations unies, Ghassan Salamé. Ce dernier a longtemps préparé une "conférence nationale" censée préparer le terrain pour un règlement négocié et prévue pour la mi-avril 2019 - mais qui n'a jamais eu lieu en raison de l'offensive d'Haftar. Lors du processus de Berlin à l'automne 2019, la France a pris la tête du camp qui a déplacé l'attention de la mise en œuvre de l'embargo sur les armes vers les concessions exigées du gouvernement d'union, qui sont devenues une condition préalable à un cessez-le-feu. 

En effet, les partisans étrangers d'Haftar considèrent qu'ils ont un avantage militaire à ce stade et ne sont pas pressés de mettre fin à la guerre. En conséquence, la conférence de Berlin sur la Libye n'a pas atteint son objectif de mettre fin aux interférences étrangères. La conséquence a été l'expansion massive des interventions turques, émiraties et russes et une perte d'influence dramatique et probablement permanente pour l'Europe. Même si les diplomates européens tentent de répandre l'optimisme sur le processus de paix mené par l'ONU : Le fait qu'un cessez-le-feu ait été conclu en octobre 2020 et qu'un nouveau gouvernement d'unité ait été formé en février 2021 est en définitive dû au rapport de force russo-turc. 

Les Émirats arabes unis, la Turquie, la Russie et l'Égypte maintiennent leur influence en Libye malgré ces progrès. Même après la formation d'un gouvernement d'unité, les parties libyennes au conflit continuent de se méfier profondément les unes des autres, ce qui rend peu probable qu'elles travaillent au retrait de leurs partisans étrangers. Enfin, il existe un lien direct entre la partisanerie française en Libye et l'intervention de la France en Méditerranée orientale, où Macron a alimenté les tensions entre la Turquie et la Grèce. 

La Turquie avait lié le conflit libyen au différend frontalier maritime en Méditerranée en novembre 2019 en signant un accord sur le droit de la mer avec le gouvernement de Tripoli. La France et les Émirats arabes unis ont profité de cette occasion pour faire de la Grèce et de Chypre de nouveaux alliés pour Haftar. L'intervention turque qui a mis fin à la guerre à Tripoli a déclenché des attaques verbales répétées de la part de Macron, dans lesquelles il a fustigé la Turquie comme un fauteur de troubles et a faussement qualifié les mercenaires syriens qu'elle avait stationnés en Libye de " djihadistes " et de " terroristes ". Depuis lors, le gouvernement français s'est concentré sur la dénonciation des violations de l'embargo sur les armes par la Turquie, tout en ignorant largement celles des autres États. Cette ligne de conduite a aussi apparemment contribué à l'incident de juin 2020 entre un navire de guerre turc et un navire français au large des côtes libyennes, qui a depuis lors tendu les relations au sein de l'OTAN.  Ainsi, la politique libyenne de la France, comme celle de la Turquie, a provoqué davantage de dissensions au sein de l'OTAN, ce qui fait le jeu de la Russie.

Conclusions

Les deux aspects déterminants de la politique libyenne de la France pendant le mandat du président Macron révèlent, d'une part, une caractéristique stylistique de la diplomatie de Macron, et d'autre part, une nouvelle facette structurelle de la politique étrangère française dans le voisinage sud. Plus souvent que son prédécesseur, Macron a attiré l'attention au niveau international par des initiatives impulsives, unilatérales, mais souvent infructueuses, et pas seulement en Libye. Le soutien à Haftar, quant à lui, découle principalement de l'alliance française de plus en plus étroite avec les Émirats arabes unis, qui repose sur des intérêts communs, notamment dans le domaine militaire et dans l'industrie de l'armement. Le résultat est une politique unilatérale qui s'aligne sur les intérêts des régimes autoritaires du Moyen-Orient, mais qui va à l'encontre de l'intérêt européen de stabiliser le voisinage sud. À Berlin, cette politique irrite, mais reste largement sans opposition ouverte.

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La PSDC - un instrument, pas une pierre angulaire de la politique de sécurité et de défense française

L'UE et son environnement géopolitique ont connu des changements radicaux au cours de la dernière décennie. Dans ce contexte, depuis novembre 2016, les États membres et la Commission européenne ont pris diverses initiatives visant à donner à l'UE un plus grand degré d'autonomie stratégique en matière de sécurité et de défense. Par exemple, la coopération structurée permanente (PESCO) a été activée. L'examen annuel coordonné de la défense (CARD) a institutionnalisé un échange systématique entre les États membres sur leurs plans de défense.

Le Fonds européen de défense (FDE) vise à apporter un soutien financier à la coopération en matière d'acquisition de capacités militaires (nucléaires). Afin de donner une orientation stratégique unifiée à la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l'UE, Bruxelles et les États membres travaillent depuis l'été 2020 sur une "boussole stratégique". La France et l'Allemagne ont joué un rôle important dans cette évolution. Leurs cultures stratégiques différentes et leurs relations différentes avec l'OTAN ont rarement fait obstacle à Paris et à Berlin lorsqu'il s'est agi de faire progresser la PSDC. Même sous la présidence d'Emmanuel Macron, la coopération bilatérale sous ce format a d'abord connu un bon départ.

Le 13 juillet 2017, le Conseil franco-allemand de défense et de sécurité (DFVSR), avec Macron et la chancelière Angela Merkel à sa tête, a accepté de donner un nouvel élan à la PSDC. Les deux parties ont convenu que l'UE devait devenir "un véritable acteur mondial dans le domaine de la sécurité et de la défense également". Ce processus devait être poursuivi par l'acquisition de capacités militaires ambitieuses et par la PESCO. Comme l'ont noté l'Allemagne et la France, cette dernière offre "le cadre politique permettant aux États membres de l'UE d'améliorer leur solidarité et leur coopération ainsi que leurs instruments militaires et leurs capacités de défense respectifs par le biais d'initiatives coordonnées et de projets concrets ; cela contribuera à la réalisation des objectifs de l'UE".

Conformément aux dispositions de l'article 46 du traité de Lisbonne, le PESCO est ouvert à tous les États membres. Toutefois, les critères à remplir ont été initialement contestés, le texte du traité étant vague à cet égard. C'est pourquoi le Conseil franco-allemand de défense et de sécurité a élaboré en juillet 2017 un catalogue correspondant d'obligations contraignantes ; il a été adopté par les États membres de l'UE peu après et constitue depuis lors la base de la participation à la PESCO.

Inclusif ou ambitieux - le compromis franco-allemand s'effondre

Cependant, il est vite apparu que l'accord franco-allemand avait des pieds d'argile. Deux mois après la réunion au sommet, M. Macron a présenté une initiative d'intervention européenne (EI2) dans son discours sur l'Europe à la Sorbonne. Son objectif, a-t-il dit, est de développer une culture stratégique commune. Il a admis que des "progrès historiques ont été réalisés" dans le cadre de la PSDC. Mais en même temps, a-t-il insisté, "nous devons aller plus loin".

Sans une culture stratégique commune, a-t-il dit, l'Europe ne pourra pas devenir autosuffisante dans le domaine de la défense. Les contours de l'initiative d'intervention sont initialement restés flous. Lorsqu'il est apparu que l'EI2 devait être mis en place en dehors des structures de l'UE, Berlin a tenté d'empêcher le projet sous cette forme. L'initiative a sapé la PSDC et a dû être transférée dans le cadre de l'UE en conséquence. Paris, quant à elle, a critiqué l'Allemagne pour son aspiration à une PESCO inclusive et sa volonté d'y associer tous les États membres de l'UE si possible. La partie française a fait référence à plusieurs reprises à la formulation du traité de Lisbonne.

Selon ce texte, la PESCO est ouverte aux Etats membres "qui répondent à des critères plus exigeants en termes de capacités militaires et qui ont pris entre eux des engagements plus poussés en ce qui concerne les missions les plus exigeantes". Le 11 décembre 2017, cependant, l'interprétation plus ouverte du gouvernement allemand a prévalu. À l'époque, 25 des 28 États membres de l'UE ont déclaré leur participation à PESCO. La France a répondu en ne participant que modérément au format. Le 6 mars 2018, le Conseil a adopté 17 projets PESCO ; la France n'était impliquée que dans huit d'entre eux.

Le conflit entre Berlin et Paris sur le meilleur modèle pour faire avancer la politique de défense européenne n'a été désamorcé que quelques mois plus tard. Lors de la réunion du Conseil des ministres franco-allemand à Schloss Meseberg en juin 2018, les deux parties ont souligné " l'importance de poursuivre la formation d'une culture stratégique commune à travers l'Initiative européenne d'intervention, qui sera liée aussi étroitement que possible à la Coopération structurée permanente ". Six jours plus tard, le protocole d'accord pour l'EI2 était signé. La France a ensuite renforcé son engagement envers la PESCO.

Points de friction dans la mise en œuvre du programme de réforme de la PSDC

Dans les autres dossiers clés de la PSDC, l'Allemagne et la France ont également poursuivi et continuent de poursuivre des objectifs différents. Cela vaut, par exemple, pour la mise en œuvre du programme de réforme de la PSDC, qui a été adopté par les ministres des affaires étrangères de l'UE en 2016. Ici, Paris s'est longtemps opposé à la participation de pays tiers à la PESCO ainsi qu'à des projets d'armement soutenus financièrement par le Fonds européen de défense.

En particulier, la France craignait que les États-Unis n'influencent le développement de la PSDC en participant aux projets PESCO et EVF. Washington pourrait ainsi, craignait-on, s'opposer aux efforts de la France pour réduire la dépendance des Etats de l'UE vis-à-vis de l'Amérique en matière de politique d'armement. Berlin était toutefois ouvert à la participation du Royaume-Uni et des États-Unis.

Les critiques de l'administration Trump, selon lesquelles le PESCO et le FVE représentaient des mesures protectionnistes et faisaient en outre double emploi avec les structures correspondantes de l'OTAN, ont suscité une certaine résistance en Allemagne. Ce n'est qu'en octobre 2020, sous la présidence allemande du Conseil de l'UE, qu'un compromis a été trouvé, selon lequel des règles de coopération distinctes seraient formulées pour chaque projet PESCO.

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Berlin a réagi très prudemment à l'appel de M. Macron en faveur d'une revalorisation de la clause d'assistance du traité de Lisbonne.

Le conflit entre la France et l'Allemagne sur une réforme de l'article 42.7 du traité de Lisbonne a déjà été désamorcé, du moins pour le moment, à la fin du mois de mai 2020. Cet article contient une clause d'assistance mutuelle pour les États membres de l'UE qui doit s'appliquer en cas d'attaque armée. Le désaccord franco-allemand est apparu après que le président Macron a proposé des "mesures pour renforcer la solidarité européenne en matière de sécurité" en août 2018. Dans un discours, il a déclaré : "Nous devons en effet donner plus de substance à l'article 42, paragraphe 7, du traité sur l'Union européenne, que la France a invoqué pour la première fois après les attaques terroristes de 2015". La France est prête à engager un débat concret entre les Etats européens sur la nature des relations de solidarité et de défense mutuelles qu'impliquent nos obligations au titre du traité. L'Europe ne peut plus laisser sa sécurité aux seuls États-Unis. Il nous appartient aujourd'hui d'assumer nos responsabilités et de garantir la sécurité, et donc la souveraineté, de l'Europe.

"Berlin a réagi avec une grande retenue à l'appel de Macron en faveur d'une amélioration substantielle de la clause d'assistance mutuelle. Du côté allemand, on craint que l'UE ne soit encore plus divisée. En particulier, les États d'Europe centrale et orientale, qui sont étroitement liés aux États-Unis, sont effrayés par la perspective de s'aliéner davantage Washington en développant une politique de défense européenne distincte. En guise de compromis, le gouvernement allemand a proposé de lancer un processus de discussion et de consultation avec tous les États membres pendant la présidence allemande de l'UE en 2020 et d'élaborer une "boussole stratégique". Berlin et Paris ont finalement convenu de poursuivre les deux processus - la réforme de l'article 42 et l'élaboration du compas stratégique. 

Paris continue d'envisager de développer la clause d'assistance mutuelle de manière à ce qu'elle puisse être appliquée en cas d'attaque cybernétique ou conventionnelle contre des États comme la Finlande ou la Suède qui appartiennent à l'UE mais pas à l'OTAN. Lors de la présidence française en 2022, Paris souhaite donc faire signer une déclaration politique dans laquelle les États de l'UE préciseraient ce qu'ils feraient en cas d'invocation de l'article 42.7. Des tensions entre Paris et Berlin sont donc encore à prévoir sur cette question.

Double vision de la PSDC

La liste des points de friction franco-allemands pourrait être étendue indéfiniment. Par exemple, la question de savoir si le plan de développement des capacités (CDP) de l'Agence européenne de défense doit devenir contraignant pour les États membres fait l'objet d'un débat. Il existe également un désaccord sur la question de savoir si la gestion des crises par l'UE doit être développée davantage par le biais de ses propres interventions, tant civiles que militaires, ou par la formation de pays tiers. Au fond, tous les conflits entre Berlin et Paris ont la même origine : les deux parties accordent une importance différente à la PSDC et à son développement.

La République fédérale investit beaucoup de capitaux dans les institutions multilatérales. Elle les considère comme des piliers de l'ordre international et donc irremplaçables. La réaction de Berlin aux formats plus flexibles, pragmatiques ou ad hoc est tout aussi réservée. Selon l'Allemagne, ils risquent d'affaiblir ou de fragmenter les institutions multilatérales existantes. En outre, Berlin considère la PSDC comme un projet d'avenir capable de renforcer la cohésion des États membres de l'UE. Il est donc important de le rendre aussi "inclusif" que possible. Pour Berlin, les "étapes intermédiaires visant à renforcer la confiance" sont le meilleur moyen de permettre à l'UE de se protéger à l'extérieur. Notamment parce que le gouvernement allemand considère la PSDC avant tout comme une entreprise politique, les scénarios de déploiement concrets restent assez pâles dans le débat allemand. Au mieux, l'accent est vaguement mis sur la gestion des crises dans le voisinage européen.

Paris, en revanche, a toujours considéré la PSDC uniquement comme un cadre pour sa politique de sécurité et de défense reposant sur trois piliers. La France a utilisé les relations transatlantiques et l'OTAN - en tant que premier pilier - dans la lutte contre le terrorisme international sur le continent africain, ainsi qu'en Syrie et en Irak. Paris a consolidé son partenariat avec les États-Unis sans avoir à trop s'impliquer dans la défense collective de l'OTAN. La PSDC - deuxième pilier et, pour la France, liée à l'axe Berlin-Paris - a servi au pays à faire avancer sa quête d'indépendance en matière de sécurité et de défense vis-à-vis des États-Unis, mais aussi à obtenir un soutien supplémentaire pour ses opérations en Afrique. Enfin, la France a compensé la faible propension des États de l'UE à devenir opérationnels et à investir dans des capacités stratégiques essentielles par une relation de sécurité étroite avec le Royaume-Uni - le troisième pilier. L'industrie de la technologie de défense de l'île a contribué à maintenir la base industrielle et technologique de défense de l'Europe, qui était si importante pour Paris.

Un environnement modifié - la France sous pression pour agir

Cependant, quatre événements politiques et géopolitiques ont incité la France à ajuster progressivement sa stratégie au cours des dernières années. Un premier tournant a été l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 en violation du droit international et son ingérence ultérieure dans les affaires intérieures des États de l'UE par le biais de mesures de désinformation. En conséquence, une majorité de membres européens de l'OTAN ont privilégié la défense collective à la gestion des crises internationales, à un moment où la France avait besoin de soutien dans sa lutte contre le terrorisme international. Depuis les attaques terroristes de Paris de 2015 - deuxième cran - ce combat est la mission centrale des forces armées françaises. Pendant ce temps, les missions correspondantes au Moyen-Orient, au Sahel et sur le territoire national font des ravages - les forces armées sont débordées.

Les capacités essentielles sont de moins en moins disponibles, car les investissements nécessaires pour les acquérir ou les moderniser sont victimes du coût élevé des missions. Le référendum sur le Brexit de 2016 - en tant que troisième choc - a imprégné d'incertitude la relation spéciale avec le Royaume-Uni et a accru le désarroi de la France. Alors que Berlin n'a ressenti aucune pression pour modifier son approche du développement de la PSDC, Paris a été contraint de trouver de nouveaux alliés et de l'argent frais pour poursuivre ses opérations militaires avec des capacités modernes. 

La France a répondu à la nécessité de tester de nouvelles approches de la coopération en matière de défense avec sa Revue stratégique de défense et de sécurité nationale publiée en octobre 2017. Le document accorde une importance particulière aux formats minilatéraux. Elle a également constitué une réponse à l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis en 2016 - le quatrième tournant en quelques années. Le changement à la Maison Blanche a entraîné une détérioration des relations transatlantiques et les garanties de sécurité de l'Amérique ne semblent plus fiables. L'Europe devra être capable de se défendre à l'avenir, telle est la conviction qui s'est consolidée à Paris dans ce contexte. Ainsi, la Revue stratégique indique clairement que la France soutient toutes les initiatives de PSDC qui renforcent les capacités d'intervention militaire des Etats membres.

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@Picdelamirand-oil : merci pour les traductions.

Citation

On sent la tentation de diriger la politique étrangère française qui forcément n'est économiquement pas viable.

On sent également que la seul grille d'analyse c'est que la politique étrangère d'il y a vingt an. La donne géopolitique avec en toile de fond la Chine semble absente. Comment comprendre le mouvement de Macron si cette donne n'est pas prise en compte. Elle a quand meême des conséquences sur la présence US et les projection Française du GAN et celle de l'armée de l'Air de plus en plus volumineuse.

Enfin il ne faut pas oublié que les positions de MERKEL ne font pas l'unanimité.

Moi j'y vois un très bon exercice, une tentative de décryptage des positions des deux parties : des choses sont dites, contestables parfois, mais au moins c'est posé sur la table et c'est intéressant. Des critiques sont adressées aux deux pays, sur différents plans, on voit les différences d'approche et pourquoi elles aboutissent à des désaccords, pas tellement sur les objectifs de fond finalement, dans bien des cas, mais sur la démarche de long terme pour y parvenir et, fatalement, sur certaines tactiques de court terme qui en découlent.

De ce point de vue, la réactivation de l'assemblée parlementaire franco-allemande, hélas mise en pause pour cause de COVID, est une bonne chose : il s'agit d'un espace qui permet effectivement de discuter au niveau des Parlements, si important en Allemagne, c'est à la fois un relais et une source d'information précieuse qui ne peut pas être correctement couverte par l'exécutif français, dont il doit tenir compte, qui facilite les échanges et, je l'espère, la convergence. On voit l'importance des mécanismes parlementaires dans la relations avec l'Allemagne : dernier exemple en date, c'est parce qu'il y a eu des auditions parlementaires autour du SCAF que le projet se décoincerait (pour/contre : c'est HS ici ;-).

Je suis très réservé par contre sur l'analyse des événements en Libye : dans ma lecture des événements, quand Haftar a les chevilles qui enflent et croit pouvoir pousser jusqu'à Tripoli, il le fait sans l'aval de Paris qui devient de fait marginalisé et quasi-tricard sur le terrain. Et s'il le fait avec l'aval des EAU (je n'en sais rien) il le fait surtout en se coordonnant soudainement beaucoup plus étroitement avec les russes, dont il pense l'appui déterminant, il pivote ses alliances. Et ça ne lui réussit pas.
Dans les mois qui suivent, que ce soit en Méditerrannée orientale ou en Libye, Paris est sur la même ligne que l'Italie par exemple, soutien les axes stratégiques de l'UE, etc... Le procès fait sur ce point me semble mal informé, daté en fait. L'idée que ce soit Paris qui ait attisé les tensions gréco-turque est également grotesque.

Je note aussi les critiques faites à l'Allemagne, nombreuses (mollesse décisionnelle, désintérêt et légèreté sur de nombreux sujets, constance dans la poursuite de politiques ineffectives et mal conçues...).
De mon point de vue, l'auteur endosse ainsi nombre d'analyses françaises.

Une absence importante vue de moi : l'absence de considérations sur l'état opérationnel des armées allemandes. C'est quand même très problématique parce que ce n'est pas transitoire et que c'est véritablement de nature à faire douter de l'Allemagne.

Le 02/04/2021 à 06:55, P4 a dit :

Après quelques heures de sommeil je trouve les conclusions délirantes:

  • les auteurs regrettent que le non respect des dispositions du traité d'Aix-la-Chapelle n'entraine pas de sanctions
  • comme les executifs ne s'entendent pas au dela des apparences c'est à l'assemblé Franco-Allemande de débattre de ces sujets et d'influer sur l'échelon su périeure

C'est tout bonnement comme sur les questions industrielles de défense c'est à la France de renoncer à ses ambitions.

Comme tu l'auras vu ci-dessus, il me semble que c'est une lecture entièrement défensive du texte, à laquelle je ne souscrit guère (trop partielle).
Le terme de "sanctions" peut être interprété de différentes manières.

Vous aurez noté que ni le "PA européen" ni le siège Européen au CS de l'ONU ne pointent le bout de leur nez là-dedans :happy:

 

 

Allez, : joyeuses Pâcques !

Modifié par Boule75
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Oui en fait ce qui agace nos partenaires Allemands c'est notre activité à l'international, surtout quand elle va à l'encontre de leurs intérêts économiques et démographiques (relations avec la Turquie - l'Allemagne comptant sur sa population d'origine turque pour dynamiser une démographie totalement régressive).

En clair on reproche à Macron de jouer la carte de la France et on ne se prive pas de commentaires dévalorisants pour asseoir la position allemande, c'est de bonne guerre mais çà ne veut pas dire que c'est pertinent.

En clair Berlin nain politique, nain militaire, vieillard démographique, puissance industrielle mais pour combien de temps ?...

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