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Effondrement écologique et civilisationnel en ce siècle ?


Alexis

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Il y a 19 heures, Wallaby a dit :

l'effondrement d'un courant océanique dans l'Atlantique Nord.

 

Sur le dernier point, je suis un peu surpris, car je pensais que ça dépendait surtout de la rotation de la terre, de la force de Coriolis et ce genre de choses, et qu'il n'y avait pas de souci à se faire tant que la terre tournera sur elle-même.

Il dépend essentiellement de la densité de l'eau, et pour les courant de surface du régime de vent.

En gros c'est l'énergie solaire qui le fait tourner.

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D'ailleurs, si jamais il y a avait une baisse de régime du Gulf Stream ( ce qui est une hypothèse, même si "minoritaire"  et qu'on parle de baisse - pas de disparition ), celà resterait un phénomène local. Evidemment, en étant un peu égoïste, par exemple français de métropole, celà pourrait jouer à la marge. Mais si on think global, car le RC se mesure en global et pas en phénomène local, celà ne change rien. 

C'est la même chose pour le CO2, d'ailleurs, puisque la terre se fiche bien de savoir s'il est produit à Jakarta, à Paris ou en campagne française.  

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il y a 53 minutes, ksimodo a dit :

D'ailleurs, si jamais il y a avait une baisse de régime du Gulf Stream ( ce qui est une hypothèse, même si "minoritaire"  et qu'on parle de baisse - pas de disparition ), celà resterait un phénomène local. Evidemment, en étant un peu égoïste, par exemple français de métropole, celà pourrait jouer à la marge. Mais si on think global, car le RC se mesure en global et pas en phénomène local, celà ne change rien. 

Bon, comme je ne suis pas d'accord je m'explique:

L'albedo

L'albédo de la Terre peut varier et est un facteur important du climat terrestre. L'albédo est naturellement l'objet d'une rétroaction positive : si l'albédo augmente, la terre renvoie dans l'espace une part plus grande de l'énergie qu'elle reçoit, ce qui entraîne son refroidissement, ce qui entraîne une extension des calottes polaires, ce qui entraîne une augmentation de l'albédo.  Une rétroaction positive doit rencontrer un obstacle pour que le processus s'arrête : cela peut être une rétroaction négative ou cela peut être que le paramètre qui rétroagit a atteint une valeur extrémale. Dans le cas de l'albédo terrestre les valeurs extrêmes sont atteintes lorsque la Terre est complètement gelée ou lorsque les calottes et les glaciers ont complètement fondue.

Il est remarquable que la moitié du réchauffement anthropique constaté  (0,6°C) puisse être attribué à la variation d'albédo consécutive à la fonte des calottes polaires. On a deux phénomènes concurrents : les paramètres orbitaux qui vont favoriser une situation extrême où la Terre est complètement gelée et le réchauffement anthropique qui favorisent une situation extrême où les calottes polaires ont complètement fondue. Pour l'instant c'est le deuxième phénomène qui l'emporte car il est beaucoup plus rapide.

La circulation thermohaline

Si l'albédo, dont on a vu qu'il est soumis à une rétroaction positive, n'était pas couplé à d'autre phénomènes, qui en limitent l'évolution, celle-ci aurait un caractère un peu explosif. On a vu que les paramètres orbitaux pouvaient jouer en sens contraire suivant les périodes mais ce ne sont pas de vraies rétroactions négatives. La circulation thermohaline a des caractéristiques qui en font un bon candidat pour tenir ce rôle.

Supposons en effet que le pôle se réchauffe : l'extension des calottes polaires diminue, cela produit de l'eau douce dans les régions polaires qui diminue la salinité de l'eau, la formation d'eau profonde et froide est entravée ce qui ralentit la circulation thermohaline, la chaleur de l'équateur n'est plus aussi bien distribuée aux pôles qui se refroidissent. On pourrait penser que la température moyenne de la Terre reste la même et que seule la répartition de la chaleur change, ce n'est sans doute pas vrai. En effet si on fait un calcul sommaire de la température globale de la Terre en supposant la Terre isotherme ou la Terre isolante on ne trouve pas du tout le même résultat : dans le premier cas on trouve -21 ° C et dans le deuxième cas on trouve -128 ° C (dans les deux cas sans tenir compte de l'effet de serre). Or si la circulation thermohaline cesse on s'éloigne du premier cas où la chaleur est bien répartie et on se rapproche du deuxième où il n'y a pas d'échange de chaleur entre les différentes régions de la Terre.

La conséquence devrait donc en être un refroidissement global de la Terre. On pourrait arguer que le principe de compensation de Bjerknes, qui stipule qu'une diminution du transport de chaleur par l'océan est compensée par une augmentation du transport de chaleur par l'atmosphère, rend ce raisonnement caduc : mais ce principe semble ne pas s'appliquer totalement au delà de 40 ° de latitude Nord. Un arrêt brutal de la circulation thermohaline n'est sans doute pas à craindre, mais une régulation de la température du pôle nord grâce à ce phénomène est tout à fait possible.

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il y a 12 minutes, Picdelamirand-oil a dit :

Bon, comme je ne suis pas d'accord je m'explique:

Il est remarquable que la moitié du réchauffement anthropique constaté .........................

Y'a pas de mal.

Le souci, c'est qu'en empilant les causes supposées et chiffrées du mécanisme ( en prenant à chaque fois une des cause qui a assez de "défenseurs" - pas un truc sorti par un type seul ) on cumule assez pour avoir 650% d'explication au RC en anthropique, et autant en non anthropique. Et moi quand ça dépasse 100%, j'ai du mal. Ou alors on fait comme en accidentologie, mais on ne présente pas comme les médias qui se sont pas aperçus que ça fait plus de 100%.

Le problème, hélas commun à tous les sujets complexes faisant appel à des multitudes gens, de chapelles, de sous domaines, etc...c'est que pour exister, chacun défend un peu son beefsteak en montrant que son sujet d'étude a un impact fort. Pour exister, être financé, continuer ( ce qui compréhensible, faut faire avec )Celui qui bosse sur le rayonnement solaire t'expliquera que c'est majeur, celui qui bosse sur la fonte du pergélisol te parlera de la bombe méthane ( le plus gros problème donc )....et ainsi de suite.

Il y a un paquet de causes, il y a un paquet de rétro action positives, négatives, etc...mais de là a attribuer 10% ou 50 % ou 3% à chaque phénomène, entre le pourcentage de hier, celui du jour et celui de dans 10 ans, je pense qu'on est dans l'art divinatoire en l'état actuel des connaissances.

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il y a 5 minutes, ksimodo a dit :

Y'a pas de mal.

Le souci, c'est qu'en empilant les causes supposées et chiffrées du mécanisme ( en prenant à chaque fois une des cause qui a assez de "défenseurs" - pas un truc sorti par un type seul ) on cumule assez pour avoir 650% d'explication au RC en anthropique, et autant en non anthropique. Et moi quand ça dépasse 100%, j'ai du mal. Ou alors on fait comme en accidentologie, mais on ne présente pas comme les médias qui se sont pas aperçus que ça fait plus de 100%.

Le problème, hélas commun à tous les sujets complexes faisant appel à des multitudes gens, de chapelles, de sous domaines, etc...c'est que pour exister, chacun défend un peu son beefsteak en montrant que son sujet d'étude a un impact fort. Pour exister, être financé, continuer ( ce qui compréhensible, faut faire avec )Celui qui bosse sur le rayonnement solaire t'expliquera que c'est majeur, celui qui bosse sur la fonte du pergélisol te parlera de la bombe méthane ( le plus gros problème donc )....et ainsi de suite.

Il y a un paquet de causes, il y a un paquet de rétro action positives, négatives, etc...mais de là a attribuer 10% ou 50 % ou 3% à chaque phénomène, entre le pourcentage de hier, celui du jour et celui de dans 10 ans, je pense qu'on est dans l'art divinatoire en l'état actuel des connaissances.

Mon argument n'est pas qu'il s'agit d'un phénomène primordial, il est que ce n'est pas un phénomène seulement local.

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J'entends, d'ailleurs un courant forçant ou faiblissant à un endroit va jouer sur le courant voisin ou contraire, et ainsi de suite.

Dans la théorie, le pet d'un papillon a une portée jusqu'à l'autre bout de la planète. 

Je voulais dire que de manière pratique, chiffré en % d'impact, sur le court le moyen et le long terme, c'est un peu le brouillard. Puisque tout peut prendre le pas sur tout.

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31 mars 2022. Dennis Meadows

49:55 L'une des premières choses que je dirais à un politicien [s'il me demandait conseil] : commencez à soutenir systématiquement les efforts pour comprendre les options réalistes dans un système où la population décline, où nous changeons la nature de la consommation, tout en atteignant d'autres buts tels que l'état de droit, la liberté, etc... Je cherche ce genre de choses depuis un certain temps, et il y a très peu de choses. J'ai lu récemment un livre fascinant d'un économiste japonais [Akihiko Matsutani], intitulé "Shrinking population economics" : c'est un effort systématique examinant les données du Japon, pour comprendre ce qui va se passer avec la productivité de l'industrie, les revenus d'exportation, la capacité de soutenir les coûts sociaux, de trouver des gardiens de prisons et des personnels médicaux, scolaires, etc...

51:17 La deuxième chose que je suggérerais est : ayez à œil les facteurs dans la société qui forcent une vision à court terme. Ils sont faciles à trouver : des cycles électoraux fréquents, des taux d'intérêts élevés ou des désirs de retours sur investissements élevés, les cours de la bourse quotidiens, et commencez à trouver des idées sur la façon dont nous pourrions mettre en place des alternatives.

51:58 Essayez de mettre en place de nouveaux indicateurs de succès, qui seront bons si nous commençons à agir de manière judicieuse. Aujourd'hui, malheureusement, si nous commençons à faire les bons choix, la plupart des indicateurs de succès que nous utilisons se mettent à annoncer un échec.

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J'essaie de mieux cerner Nate Hagens, l'auteur de la chaîne Youtube "The great simplification", que je ne connaissais pas il y a un mois. Pour l'épisode 100, il tourne la table et se laisse interviewer par Kate Raworth, l'économiste anglaise autrice du schéma du tore (doughnut) qui a un certain succès dans les cercles internationaux d'ONG ou d'ONU, sachant qu'elle a fait une partie de sa carrière chez Oxfam. Hagens, lui, au départ est un financier, il a d'abord vu en particulier que dans le domaine de l'énergie, il y avait un problème avec l'épuisement des réserves en pétrole, un problème de crise financière liée à l'énergie, et de fil en aiguille il s'est intéressé à l'environnement, il est retourné à la fac pour étudier l'environnement, puis pour l'enseigner. Et c'est seulement depuis quelques années qu'il est sur Youtube, devenant une sorte - c'est l'image à tort ou à raison que j'ai de lui - de "Jancovici américain".

53:41 Je ne suis pas un militant de la décroissance. Je pense que la décroissance est ce que nous devrions faire, mais cela ne risque pas d'arriver, à cause de la dynamique du superorganisme [grosso-modo l'espèce humaine vue comme une fourmilière géante sans cerveau], et donc ce à quoi nous devons nous préparer est la "post-croissance" [l'effondrement ?]. Et donc je pense que la moindre pépite d'énergie fossile bon marché sera recherchée. Je pense à l'Inde et à la Chine. La Chine est le pays avec le plus d'énergie renouvelable, mais ils ont aussi le plus de charbon et ils augmentent dramatiquement le charbon.

Mais mon point de vue plus large est le suivant, et j'ai beaucoup de mal avec ça, Kate : j'essaie de jouer le rôle de témoin et de traducteur de ce qui est en train de se passer, aussi bien dans mes analyses personnelles que dans les gens que j'interviewe. Ce n'est pas pareil qu'être un cheerleader, ou un porte-parole ou un militant. Donc j'ai vraiment du mal avec ce podcast, étant alternativement focalisé sur le besoin d'être exact ou sur celui d'apporter de l'aide.

Modifié par Wallaby
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Présentation de 45 minutes - avec des diapositives, des chiffres, des graphiques - de Nate Hagens à la Norrsken Foundation (Suède), le 20 septembre 2023 :

 

18:29 Le changement climatique n'est pas le problème. C'est le symptôme d'un dysfonctionnement bien plus grand.

20:30 Essayer d'atténuer le changement climatique sans modifier la structure économique existante, c'est comme essayer de raisonner un feu de forêt.

33:49 Ce piège complexe est (pour l'instant) tabou dans la politique et les médias.

 

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  • 3 weeks later...

17 mars 2023. Encore une conférence de Nate Hagens, donnée cette fois-ci au Center For Homeland Defense and Security de la Naval Postgraduate School de Monterey, Californie. Apparemment c'est les mêmes diapositives que pour la Fondation Norrsken, donc j'ai zappé... jusqu'aux dernières minutes (52:54) où il ajoute les diapositives d'un séminaire donné à des politiques (il dit être en contact avec 25 anciens sénateurs ou représentants retraités), où il les fait travailler sur un scénario du type crise de 1929 : "le 7 décembre 2026", toutes les banques s'effondrent, parce que l'État central ne réussit pas à les renflouer à temps : chômage massif, les gens ont perdu 90% de leur fortune, et le prix du pétrole s'effondre, parce que les gens sont trop pauvres pour en acheter. Vous êtes un homme politique : quelles premières mesures prenez-vous, et que dites-vous aux gens pour les rassurer ? Que mettez-vous en place dès maintenant, pour rendre ce type d'événement gérable ?

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Le 17/12/2023 à 20:24, collectionneur a dit :

La guerre de l'eau, énienne résumé du CNRS. A qui appartiennent les icebergs et les nuages ?

https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-guerre-de-leau-aura-t-elle-lieu?

Intéressant :

Entre l’Espagne et le Portugal, c’est aujourd’hui autour du Tage que le torchon brûle, les associations écologistes portugaises accusant les Espagnols de trop puiser dans le fleuve coulant de l’Espagne vers le Portugal pour l’irrigation de la vaste zone agricole située tout au sud de l’Andalousie. « Ils remettent en cause la convention d’Albufeira, signée il y a 25 ans entre les deux pays et qui à l’époque prévoyait un transfert des eaux du fleuve vers le sud de l’Espagne ».

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Vidéo connexe : le rôle des vers de terre dans l'écoulement de l'eau :

 

26 avril 2013. Marcel Bouché.

06:40 Cet écoulement de l'eau, c'est énorme. Incompréhensible, presque : 16 cm en moyenne d'eau par heure, s'écoule dans leurs galeries. Même quand on est au maximum d'un orage, il n'y a pas d'écoulement en surface. Il n'y a pas d'inondation, ça part dans les profondeurs du sol. Malheureusement on a employé des pesticides, et nous avons des régions entières, notamment sous la vigne, où il n'y a pratiquement plus de vers de terre, et l'écoulement se fait en surface avec les catastrophes que nous connaissons dans ces régions.

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L'exemple classique de capacité porteuse (K), dépassement et effondrement : la population de rennes sur l'île Saint-Matthews en Alaska :

640px-St._Matthew_Island_Reindeer_Popula

Les rennes introduits sur l'île St. Matthew en 1944 sont passés de 29 animaux à l'époque à 6 000 au cours de l'été 1963, un dépassement drastique de la capacité porteuse de l'île qui a provoqué une chute brutale des effectifs l'hiver suivant pour atteindre 42 animaux. Sur la base de la taille de l'île, des estimations récentes situent la capacité porteuse à environ 1 670 animaux [Klein, D. R. (n.d.). The Introduction, Increase, and Crash of Reindeer on St. Matthew Island (L'introduction, l'augmentation et l'effondrement des rennes sur l'île de St. Matthews), Récupéré le 25 mai 2016 sur https://web.archive.org/web/20110709032911/http://dieoff.org/page80.htm ]

Source : https://en.wikipedia.org/wiki/St._Matthew_Island

Modifié par Wallaby
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  • 2 weeks later...

Anecdote perso, j'ai croisé un loup ce matin à Apeldoorn aux alentours de 7h45, je viens de faire le signalement et j'apprend qu'il y a en effet plusieurs groupes qui sillonnent la région !

Je savais qu'il étaient de retour en France mais je m'attendais pas à en croiser dans des régions aussi urbanisées. 

une carte que je viens de découvrir https://www.wolveninnederland.nl/

Modifié par Titus K
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  • 3 weeks later...

https://newrepublic.com/article/69712/aquacalypse-now (28 septembre 2009)

Aquacalypse Now

La fin des poissons

Nos océans ont été les victimes d'une gigantesque pyramide de Ponzi, menée avec une insouciance digne de Bernie Madoff par les pêcheries du monde entier. À partir des années 1950, au fur et à mesure que leurs activités s'industrialisaient (réfrigération à bord, détecteurs acoustiques de poissons et, plus tard, GPS), elles ont commencé par épuiser les stocks de cabillaud, de merlu, de flet, de sole et de flétan dans l'hémisphère nord. À mesure que ces stocks disparaissaient, les flottes se sont déplacées vers le sud, vers les côtes des pays en développement et, finalement, jusqu'aux côtes de l'Antarctique, à la recherche de poissons des glaces et de bocasses et, plus récemment, de petits krills ressemblant à des crevettes. À mesure que l'abondance des eaux côtières diminuait, les pêcheries se sont déplacées vers le large, vers des eaux plus profondes. Enfin, lorsque les gros poissons ont commencé à disparaître, les bateaux ont commencé à pêcher des poissons plus petits et plus laids, des poissons qui n'avaient jamais été considérés comme propres à la consommation humaine. Nombre d'entre eux ont été rebaptisés afin de pouvoir être commercialisés : La suspecte tête de vase est devenue la délicieuse hoplostète orange, tandis que l'inquiétante légine australe (en anglais toothfish, poisson à dents) est devenue le sain bar du Chili.

Ce système a été mis en œuvre par rien de moins qu'un complexe industriel de la pêche - une alliance de flottes de pêche corporatives, de lobbyistes, de représentants parlementaires et d'économistes de la pêche. En se cachant derrière l'image romantique du pêcheur indépendant à petite échelle, ils ont obtenu une influence politique et des subventions gouvernementales bien supérieures à ce que l'on aurait pu attendre, compte tenu de leur minuscule contribution au PIB des économies avancées - aux États-Unis, elle est même inférieure à celle de l'industrie des salons de coiffure. Au Japon, par exemple, d'énormes conglomérats verticalement intégrés, tels que Taiyo ou le plus connu Mitsubishi, font pression sur leurs amis de l'Agence japonaise de la pêche et du ministère des affaires étrangères pour qu'ils les aident à accéder aux quelques stocks de thon encore abondants, comme ceux qui se trouvent dans les eaux entourant les pays du Pacifique Sud.

Au début des années 1980, les États-Unis, qui n'étaient pas traditionnellement un pays de pêche, ont commencé à subventionner massivement les flottes américaines, créant ainsi leur propre complexe industriel de la pêche, dominé par de grandes chaînes de transformation et de vente au détail. Aujourd'hui, les gouvernements accordent chaque année près de 30 milliards de dollars de subventions, soit environ un tiers de la valeur des prises mondiales, afin de maintenir les pêcheries en activité, même lorsqu'elles ont surexploité leurs ressources. En conséquence, il y a entre deux et quatre fois plus de bateaux qu'il n'en faut pour les prises annuelles, et pourtant, les fonds destinés à "renforcer les capacités" continuent d'affluer.

Cependant, le trucage ne fait pratiquement plus illusion aujourd'hui. En 1950, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), nouvellement créée, estimait que nous pêchions environ 20 millions de tonnes de poissons (morue, maquereau, thon, etc.) et d'invertébrés (homard, calmar, palourdes, etc.) dans le monde. Ces captures ont culminé à 90 millions de tonnes par an à la fin des années 1980 et n'ont cessé de diminuer depuis. À l'instar de l'opération tristement célèbre de Madoff, qui nécessitait un afflux constant de nouveaux investissements pour générer des "revenus" pour les investisseurs passés, le complexe industriel mondial de la pêche a eu besoin d'un afflux constant de nouveaux stocks pour poursuivre ses activités. Au lieu de limiter ses prises pour que les poissons puissent se reproduire et maintenir leurs populations, l'industrie a simplement pêché jusqu'à l'épuisement d'un stock, puis s'est tournée vers de nouvelles eaux ou des eaux plus profondes, et vers des poissons plus petits et plus étranges.

Alors que la crise climatique fait régulièrement la une des journaux, les gens, même ceux qui font preuve d'une grande conscience environnementale, continuent de manger du poisson comme s'il s'agissait d'une pratique durable. Pourtant, manger un rouleau de thon dans un restaurant de sushis ne devrait pas être considéré comme plus écologique que de conduire un SUV ou de harponner un lamantin.

Au cours des 50 dernières années, nous avons réduit les populations de grands poissons commerciaux, tels que le thon rouge, le cabillaud et d'autres espèces favorites, d'un pourcentage stupéfiant de 90 %. Une étude, publiée dans la prestigieuse revue Science, prévoit que d'ici 2048, tous les stocks de poissons commerciaux se seront "effondrés", c'est-à-dire qu'ils ne produiront plus que 10 % ou moins de leurs prises maximales.

L'ampleur de la pyramide de Ponzi de la pêche a échappé aux scientifiques du gouvernement pendant de nombreuses années. Par exemple, l'esturgeon de la rivière Hudson n'a pas été considéré comme un stock surexploité une fois qu'il a disparu des eaux new-yorkaises ; il est simplement devenu une anecdote dans les archives historiques. Les données de référence n'ont cessé de changer, ce qui nous a permis de continuer à endommager allègrement les écosystèmes marins.

Les biologistes de la pêche travaillent traditionnellement pour des agences gouvernementales, comme le National Marine Fisheries Service du ministère du Commerce, ou en tant que consultants pour l'industrie de la pêche, et leur principal objectif est de protéger les pêcheries et les pêcheurs qui les emploient. Ainsi, certains scientifiques de la pêche écrivent que le cabillaud s'est "rétabli" ou a même "doublé" ses effectifs alors qu'en réalité, il n'a augmenté que de 1 à 2 % par rapport à son abondance initiale dans les années 1950.

Pour certains pays occidentaux, la disparition du poisson peut simplement apparaître comme une catastrophe culinaire, mais pour 400 millions de personnes dans les pays en développement, en particulier dans les pays pauvres d'Afrique et d'Asie du Sud, le poisson est la principale source de protéines animales. La diminution des captures a également porté un coup à une source essentielle de recettes en devises, dont dépendent les pays pauvres, du Sénégal en Afrique de l'Ouest aux îles Salomon dans le Pacifique Sud, pour financer leurs importations de denrées de base telles que le riz.

Le prélèvement de petits poissons en Méditerranée pour engraisser le thon rouge dans des parcs est à l'origine de la raréfaction du dauphin "commun" dans certaines zones, avec une probabilité d'extinction locale.

L'élimination des prédateurs supérieurs des écosystèmes marins a des effets qui se répercutent en cascade, entraînant la prolifération des méduses. C'est ce qui s'est passé au large des côtes du sud-ouest de l'Afrique, où un écosystème d'upwelling ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Remontée_d'eau ) similaire à celui de la Californie, auparavant dominé par des poissons tels que le merlu et la sardine, a été envahi par des millions de tonnes de méduses.

Les explosions de populations de méduses sont également de plus en plus fréquentes dans le nord du golfe du Mexique, où les eaux de ruissellement du Mississippi, chargées d'engrais, alimentent une prolifération incontrôlée d'algues. Les algues mortes tombent ensuite sur un fond marin dont le chalutage des crevettes a éliminé tous les animaux capables de s'en nourrir, et elles pourrissent, provoquant des "zones mortes" de la taille du Massachusetts.

Les eaux remplies de méduses que nous voyons actuellement ne sont peut-être que la première scène d'un spectacle d'horreur aquatique.

Tous les pays maritimes devront réglementer leurs zones économiques exclusives (les zones de 200 milles établies par le traité des Nations unies sur le droit de la mer, à l'intérieur desquelles un pays a le droit exclusif de pêcher). Les États-Unis possèdent la plus grande zone économique exclusive du monde et ont pris des mesures importantes pour protéger leurs ressources, notamment dans les îles hawaïennes du nord-ouest. La création ou la recréation de zones non pêchées dans lesquelles les populations de poissons peuvent se régénérer est la seule possibilité que nous ayons de réparer les dommages qui leur ont été causés.

Daniel Pauly est professeur au Fisheries Centre de l'Université de la Colombie-Britannique.

https://en.wikipedia.org/wiki/Daniel_Pauly

En 2017, à l'occasion de la fête nationale française, il a été nommé Chevalier de la Légion d'Honneur.

 

 

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8 septembre 2023. Nate Hagens partage ses ruminations sur la forme de la courbe d'extraction d'énergie fossile après le pic. La question pour lui n'est pas de savoir s'il y aura décroissance ou pas, mais "quelle décroissance ?", abrupte ou plus douce ?

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7 février 2024.

Steeve Keen, économiste australien, réhabilite François Quesnay et les physiocrates, ou encore Anne Robert Jacques Turgot, parce que contrairement à Adam Smith qui avait fait du travail l'origine de la richesse, ils pensaient que l'économie découlait des "dons gratuits de la nature", ce qu'on appelle aujourd'hui l'énergie. Ce détour par l'histoire de l'économie permet ainsi d'expliquer la "cécité énergétique" (energy blindness) de la plupart des économistes et des décideurs d'aujourd'hui.

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il y a 42 minutes, Wallaby a dit :

ils pensaient que l'économie découlait des "dons gratuits de la nature", ce qu'on appelle aujourd'hui l'énergie. 

Je dirai que les dons pseudos gratuits ( qui peuvent le rester quand on prélève trés peu et ce qui était à peu prés vrai jusqu'au début de la révo industrielle et afférent à la population de l'époque et son niveau de prélèvement ) concerne toutes les richesses.  L'énergie est le sommet visible de l'iceberg par tendance actuelle, mais c'est tout aussi vrai pour l'organique, les minerais, etc...donc toutes les ressources. 

 

Au deà des discours qu'ils peuvent porter, je crois cependant qu'énormément de décideurs sont encore bercés eux même, dans leur moi pensée profonde, par le sentiment que la difficulté actuelle est contournable par ce que ceux que certains appellent la croissance verte. Il suffit d'y croire, mais j'a peur que la croyance ne mène pas plus loin qu'à Lourdes.

 

Et puis, si on a accés de l'énergie de masse facile et pas chère, alors celà aidera l'humanité à prélever encore plus vite tout le reste ( pêche forêt terres etc....)

 

Sur une échelle de temps long, à chaque fois qu'un organisme vivant   a bénéficié d'un avantage concurrentiel fort et à supplanté le reste dans son milieu, l'escalade de population aprés le pic est suivie du déclin fort et brutal. 

désolé pour le moment d'optimisme.

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il y a 21 minutes, ksimodo a dit :

Je dirai que les dons pseudos gratuits ( qui peuvent le rester quand on prélève trés peu et ce qui était à peu prés vrai jusqu'au début de la révo industrielle et afférent à la population de l'époque et son niveau de prélèvement ) concerne toutes les richesses.  L'énergie est le sommet visible de l'iceberg par tendance actuelle, mais c'est tout aussi vrai pour l'organique, les minerais, etc...donc toutes les ressources. 

À part le cas du nucléaire, l'énergie c'est des photons du soleil (le pétrole étant une manière de les accumuler et de les mettre en bouteille) qui sont un flux ininterrompu (à échelle humaine, loin de l'horizon où le soleil s'éteindra), qu'on transforme (si possible en biens et en services utiles) et qu'on rejette sous forme dégradée, suivant le 2e principe de thermodynamique (en pratique sous forme de rayonnement infrarouge par lequel la terre éclaire le vaste univers, qui nous sert de "poubelle", le froid de la nuit étoilée où l'on jette ces infrarouges dégradés dont on n'a plus rien à faire).

L'être humain s'interpose dans ce flux en en prélevant une partie pour ses besoins.

Le marin ne paie pas le vent qui fait avancer son navire (sauf peut-être quelques prières au dieu Éole ?). Dans ce sens c'est gratuit.

Probablement ce n'est pas facile à appréhender pour des économistes qui voient tout comme des transactions, où on paye ou on troque pour avoir quelque chose.

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oui, c'est le cheval vapeur qui a induit cette donnée.

Il permet d'aller extraire, pécher, faire de l'agriculture, etc....

On peut considérer qu'un humain travaillant 8 ou 10 heures par jour pourra fournir un effort de 100 W continu ( je parle pas de sportifs de haut niveau, au delà de leur rareté ils sont inintéressants car carrière trop courte, et travail trés spécifique, ils sont fragiles,  etc...) pendant plusieurs décennies.

Un véhicule électrique qui prends 20 kWh pour faire 100 km en 1 heure il est tracté par 200 esclaves ( dans l'esprit ) qui pourraient faire ça toute leur carrière. 

 

 

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il y a une heure, Wallaby a dit :

Probablement ce n'est pas facile à appréhender pour des économistes qui voient tout comme des transactions, où on paye ou on troque pour avoir quelque chose.

C'est le problème du stock et du flux ... le souci c'est que c'est complexe à appréhender.

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https://www.geo.fr/environnement/alerte-en-antarctique-des-chercheurs-prevoient-une-hausse-catastrophique-du-niveau-de-la-mer-218749

Une fonte des glaces de l'Antarctique et une élévation des mers rapide sont possible comme cela c'est produit au début de l'Holocène il y a 8000 ans. Une zone de la calotte glaciaire Antarctique s'était amincie de 450m en moins de 2 siècles...

..."Une nouvelle étude publiée le 8 février 2024 dans la revue Nature Geoscience révèle qu'il y a environ huit mille ans la calotte glaciaire de l'Antarctique occidental a considérablement diminué, et ce, à une vitesse inattendue. Cette découverte offre un aperçu inquiétant de la vitesse à laquelle la glace de l'Antarctique pourrait fondre et faire monter le niveau de la mer"...

..."l'évènement pourrait se reproduire. "S’il commence à reculer [le glacier], il le fera vraiment très rapidement", redoute-t-il. Pour Isobel Rowell, spécialiste des carottes de glace au British Antarctic Survey, elle aussi co-autrice de l'étude, le problème, c'est que lorsque le processus est enclenché, "il n'y a vraiment que très peu, voire rien, que nous puissions faire pour l'arrêter", a-t-elle déclaré à CNN"...

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Il y a 1 heure, Ronfly a dit :

Une fonte des glaces de l'Antarctique et une élévation des mers rapide sont possible comme cela c'est produit au début de l'Holocène il y a 8000 ans. Une zone de la calotte glaciaire Antarctique s'était amincie de 450m en moins de 2 siècles...

..."Une nouvelle étude publiée le 8 février 2024 dans la revue Nature Geoscience révèle qu'il y a environ huit mille ans la calotte glaciaire de l'Antarctique occidental a considérablement diminué, et ce, à une vitesse inattendue. Cette découverte offre un aperçu inquiétant de la vitesse à laquelle la glace de l'Antarctique pourrait fondre et faire monter le niveau de la mer"...

Ce qui démontre qu'en climatologie comme en géologie les activités humaines ne sont pas les seules phénomènes acteurs des grands bouleversements. Sans minimiser celles-ci évidemment, nous raisonnons de façon trop binaire, sans le recul nécessaire et cédons facilement à la facilité de compréhension via les extrêmes dans un sens comme de l'autre pour touver des explications qui nous semblent rationnelles. Ceci en décorellant le tout du facteur temps qui pour le sujet se lit à plusieurs échelles très éloignées les unes des autres tout en étant étroitement liées. De fait la lecture de ces phénomènes nous est très très (trop) compliquée. On a encore tant à apprendre et à comprendre.

Cependant oui, nous réagissons naturellement aux effets à l'heure où ils nous impactent et ça peut aller (déclencher / accélérer) très très (trop) vite pour notre compréhension et notre acceptation.

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