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Les drones et la guerre aérienne de demain


Dany40

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Je me lance dans l'ouverture de ce sujet (j'espère que c'est le bon endroit) car j'ai le sentiment que les choses bougent et se précisent sur la place que les drones vont avoir dans l'aviation de combat dans 20 ans. C'est majoritairement les programme JSF qui fait bouger les lignes car le F-35 apparait de plus en plus clairement dans une logique tactique d'usage massif des drones si on suit les communications officielles .... Mais au delà des USA on peut s'interroger sur la place que les autres nations "majeures" ont prévues de donner aux UAV dans leurs forces aériennes.

Pour attaquer je vous soumets les quelques informations récentes grapillées sur internet et qui me semblent former une logique de fond qui se répète et se confirmer ... cela va être concentré sur les USA du fait de leur grande agitation sur le sujet :

http://www.forbes.com/sites/lorenthompson/2015/05/21/lockheed-martins-skunk-works-is-cooking-up-a-revolution-in-drone-technology/

Lockheed Martin's Skunk Works Is Cooking Up A Revolution In Drone Technology (21 mai 2015)

So Lockheed Martin is working on systems that will be able to operate effectively in what the Pentagon calls anti-access/area-denial environments — such as the airspace around Russia and China.

That implies drone designs incorporating low-observable (stealth) features, low-probability-of-intercept communication links, and advanced software capable of executing complex missions in the absence of continuous control by remote human pilots. But while the drones would have greater autonomy thanks to sophisticated algorithms in their flight controls and mission systems, they could also be integrated more readily with the operations of manned aircraft such as the F-35 fighter. That would be a big departure from today’s practices, where drones are electronically tethered to pilots on the ground and operate in isolation from manned aircraft. Working in tandem with manned aircraft presumably would require drones to have similar performance features.

http://www.lockheedmartin.com/us/aeronautics/skunkworks/onestepahead/tweets-from-future.html

 Unmanned Wingman We are currently developing and simulating collaborative operations between manned and unmanned aircraft to help our fighters maintain control of the skies.

(à voir surtout l'illustration qui accompagne des textes et qui présente un F-35 en escadrille avec à la fois des drones "Low Cost" de type Gremlins et des drones furtifs d'attaque de type UCLASS)

You drastically alleviate the pilot’s burden by allowing UAVs to communicate, collaborate and break down tasks so the pilot no longer has to plot each vehicle’s way points, determine individual assignments or monitor fuel levels. Additionally, a pilot can cover a significantly larger area of operation without the costs of additional manned aircraft or risk to human life.

http://www.gizmag.com/darpa-gremlins-drones/39164/

Gremlins in the works: DARPA's vision for future air operations (30 août 2015)

Today, DARPA has adopted the name for its new project designed to create technology that will allow future air fighters to deploy swarms of low-cost, reusable unmanned platforms that can be dropped and retrieved by other aircraft. An outgrowth of the agency's systems-of-systems approach to air combat operations, Gremlins doesn't aim at replacing current multi-role aircraft, but to supplement them with simpler, cheaper, more specialized drones that can be deployed and recovered multiple times.

 

http://www.defenseone.com/technology/2015/04/navy-preparing-launch-swarm-bots-out-cannons/110167/

The Navy is Preparing To Launch Swarm Bots Out of Cannons (avril 2015)

 In conversation with Defense One at Navy League’s Sea Air Space conference outside of Washington, D.C., Lee Mastroianni, director for the LOCUST program, discussed some of the complex differences between swarm boats and flying swarm bots. The Navy needs robots that can join together, break apart and conduct missions individually, collaboratively, and spontaneously.

https://www.warhistoryonline.com/military-vehicle-news/us-navy-x-47b-stealth-aircraft.html

WORST NIGHTMARE for Russian Military, The US Navy X-47B Unmanned Stealth Aircraft (octobre 2015)

In August 2014, the US Navy announced that it had integrated the X-47B into carrier operations alongside manned aircraft. Northrop Grumman intends to develop the prototype X-47B into a battlefield-ready aircraft, the Unmanned Carrier-Launched Airborne Surveillance and Strike (UCLASS) system, which will enter service in the 2020s.

http://csbaonline.org/publications/2015/04/trends-in-air-to-air-combat-implications-for-future-air-superiority/

Trends in Air-to-Air Combat: Implications for Future Air Superiority (avril 2015)

Cette étude du CSBA étudie les conditions du combat aérien futur .. A partir de la page 43 il développe le scénario d'un combat avions pilotés contre une force avions pilotés + drones en engagement aérien pur.

 

il y en a encore beaucoup d'autres .... A quel point ces prévisions remettent elles en question l'équilibre de puissance entres les forces aériennes majeures ???

 

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C'est majoritairement les programme JSF qui fait bouger les lignes car le F-35 apparait de plus en plus clairement dans une logique tactique d'usage massif des drones si on suit les communications officielles ....

Si ma mémoire ne me fait pas défaut, l'usage massif de drones sous le contrôle d'avions de chasse faisait déjà l'objet d'articles il y a 20 ans de ça (au hasard, un article sur le Rafale dans Science et Vie au début des années 90).

Ce que fait donc majoritairement le programme JSF, c'est de réchauffer des vieilleries pour les rendre contemporaines...

Modifié par DEFA550
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Si ma mémoire ne me fait pas défaut, l'usage massif de drones sous le contrôle d'avions de chasse faisait déjà l'objet d'articles il y a 20 ans de ça (au hasard, un article sur le Rafale dans Science et Vie au début des années 90).

Ce que fait donc majoritairement le programme JSF, c'est de réchauffer des vieilleries pour les rendre contemporaines...

Je parlais uniquement du JSF car c'est Le sujet aéronautique qui buzze en ce moment et qu'il traine une histoire de drones ... il met donc le sujet sous la lumière ... Mais le sujet qui m'intéresse ici est beaucoup plus large j'aimerais qu'on garde le débat sur le F-35 dans les fils de discussion concerné pour pas trop dévier du sujet.

 

Concernant le sujet des drones :

L'idée d'utiliser massivement des drones n'est pas toute jeune en effet ... mais ce que je relève ici n'est plus du tout dans le domaine de la supposition puisqu'il s'agit bel et bien de programmes en cours voir même de programmes achevés pour certains.

Clairement aujourd'hui se trace un avenir où le poids des drones dans les actions aériennes va être grandissant pour ne pas dire massif ...

Cette évolution vient directement de 2 faits :

- Que les drones télé-opérables (qui posent des soucis de latence de commande, de gestion des pilotes humains et de sécurité de la liaison de donnée de pilotage à longue distance) sont abandonnés peu à peu au profit des drones autonomes (qui enlèvent tout souci de gestion humaine, qui agissent de façon instantanée et sans aucun besoin de liaison de donnée autre qu'une courte portée si on place un "chef d'opération humain sur zone). Cette évolution implique des conséquences en terme d'usage tactique et d'éventail de missions pouvant être réalisés.

- Qu'au delà du coût beaucoup moins élevé d'un drone de type "furtif d'attaque" par rapport à l'avion dont il émule les capacités, il y a aujourd'hui en plus une autre classe de drones à très faible coûts qui les place plus dans une catégorie de munitions intelligentes se déployant en effectifs massifs.

Aujourd'hui nous savons que les drones furtifs d'attaque sont performant et au point ... Le prototype UCLASS se ravitaille en vol et effectue les appontages et décollages depuis un porte-avion de façon totalement autonome (l'archétype des manœuvres de pilotage les plus complexes) et en Europe le NEURON a fait son 100 ème vol et a donné satisfaction en terme de disponibilité et de fiabilité.

Les drones à bas coût pour attaque en essaim sont eux une approche plus récente ... mais les programmes qui ont été lancés mettent tous en évidence le point technologique qui est à franchir : C'est la qualité d'intelligence artificielle de ces appareils pour qu'ils soient capables de coopération entre eux et de communication efficace avec un opérateur humain donneur d'ordre ...

L'Office of Naval Research a un programme en cours et leur représentants parlent à demi-mot d'une "breakthrough technology" qui a été mise au point :

http://www.onr.navy.mil/Science-Technology/Departments/Code-35/All-Programs/aerospace-research-351/Science-Autonomy.aspx

http://thediplomat.com/2015/04/drone-swarms-how-the-us-navy-plans-to-fight-wars-in-2016/

En parallèle, comme indiqué dans un lien du premier post, les ingénieurs du "Skunk Works" de Lockheed Martin ont laissé échappé une petite indiscrétion sur une avancée obtenue exactement dans le même domaine ...

La question n'est donc pas de savoir SI les drones auront cette place centrale dans le combat aérien, la question est uniquement de savoir QUAND car le phénomène est à l'évidence inéluctable. Et on le comprend d'autant plus que toutes les nations font le bilan commun que les coûts de développement d'avions de combat pouvant être efficaces dans la guerre aérienne de demain deviennent prohibitifs, forçant depuis déjà plusieurs années à des logiques d'investissement commun (Typhoon, F-35 etc...) ou à être prêt à investir des sommes énormes sur du très long terme (F-22, Pak-Fa etc...).

La question qui en découle c'est donc l'impact que ces Unmanned aircraft vont avoir sur la logique et le façon même d'envisager la guerre aérienne ...

Peut on imaginer que cette époque verra le retour de flottes de combat de grande envergure et d'actions de guerres plus "totales" du fait de l'absence de risque de pertes humaines ??

 

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Il y a de fortes chances que les choses se fassent progressivement de toute façon. Une fois les concepts établis ils faut les mettre en œuvre et les confronter à la réalité. Je me pose notamment beaucoup de question sur les problèmes de brouillage ou piratage des communications dans conflit dronisé.

 

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Je parlais uniquement du JSF car c'est Le sujet aéronautique qui buzze en ce moment et qu'il traine une histoire de drones ...

Merci de le préciser, parce que ni le titre du sujet ni ton introduction ne présentait la chose sous cet angle.

Du coup ça ne m'intéresse pas, la prospective autour du F-35 se limitant à une idéalisation fantaisiste.

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Je constate que l'écrasante majorité, sinon tout les programmes développant de drones armés, concernent des engins de bombardements, mais aucun -à ma connaissance-  de combat aérien, ne serait-ce qu'en BVR. Pourquoi ? barrière technologique ? barrière psychologique ? Les deux ? Obi Wan Kenobi ?

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Je constate que l'écrasante majorité, sinon tout les programmes développant de drones armés, concernent des engins de bombardements, mais aucun -à ma connaissance-  de combat aérien, ne serait-ce qu'en BVR. Pourquoi ? barrière technologique ? barrière psychologique ? Les deux ? Obi Wan Kenobi ?

C'est principalement la barrière technologique il me semble ... programmer un drone pour frapper une cible au sol c'est une chose, le rendre autonome pour mener de lui même un combat aérien çà en est une autre ...

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  • 2 weeks later...

Merci pour cette impressionnante vidéo qui permet vraiment de réaliser ce qu'est un drone ... sans pilote ( plus que par définition ), notamment atterrissages sur PA et repliement des ailes, bien sage, aux ordres du chien-jaune.... Quand verra t on un engin équivalent, issu du NeuRon, sur le CDG

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On nous aurait menti, E.D.I ne peut pas dégommé des Soukhoï Su-37 ?

https://en.wikipedia.org/wiki/Fictional_military_aircraft#EDI_UCAV

Plus sérieusement, les caméras optiques/radars peuvent ils être contrôlé par une IA autonome aujourd'hui pour un tir de missiles BVR ?

nStealthEDI.jpg

Modifié par collectionneur
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On nous aurait menti, E.D.I ne peut pas dégommé des Soukhoï Su-37 ?

https://en.wikipedia.org/wiki/Fictional_military_aircraft#EDI_UCAV

Plus sérieusement, les caméras optiques/radars peuvent ils être contrôlé par une IA autonome aujourd'hui pour un tir de missiles BVR ?

nStealthEDI.jpg

Très sérieusement si on s'en tient aux indices qui sortent de ci de là c'est bel et bien l'augmentation de la capacité d'autonomie de décision des drones (donc leur IA dirons nous) qui est au cœur des recherches actuelles.

A ce stade l'IA est capable d'effectuer sans aucun souci un appontage et un ravitaillement en vol, 2 des manœuvres les plus difficiles pour les pilotes humains d'avion de combat. on sait aussi que ces IA peuvent sans problème aujourd'hui effectuer en totale autonomie des missions d'attaque au sol. La limite majeure est là culturelle, personne ne veut qu'un drone puisse déclencher un tir sans avoir d'abord l'aval d'un décideur humain.

Le stade suivant qui requiert semble t'il des progrès c'est la capacité des IA à mener de façon totalement autonome des combats Air-Air ... la complexité et la diversité des situations pouvant subvenir dans un combat aérien met au défi la capacité de prédiction de scénario des meilleurs programmeurs, et la voie évidente est que l'IA adapte par elle même ses scénarios d'instructions en pleine action ... cet aspect là est encore très futuriste il me semble et le premier stade sera qu'un opérateur humain sur zone (donc à priori dans un F-35) assignera des cibles aériennes à attaquer à ses drones asservis qui à partir de là appliqueront les protocoles d'attaque qu'on leur a enseigné selon leur analyse de la situation. Ensuite pendant le combat le pilote humain pourra assigner de nouvelles tactiques ou de nouvelles missions/cibles aux drones selon l'évolution du combat.

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L'IA n'apponte pas ou ne procède pas au ravitaillement en vol. Ce n'est pas parce que sont introduits de la logique floue, des capteurs, que le mobile accompli des gestes complexes supposant un asservissement fin à un automate que celui-ci peut se voir qualifier d'intelligence artificielle. Quand le drône apponte (ou atterrit), quelqu'un a lancé la séquence, a désigné la balise qu'il vise, j'imagine que le drone reçoit des informations transmises en temps réel par le navire sur sa position, son roulis, sa direction, les anémomètres du bord, etc. Il se cale dessus, pilote finement, soit, mais il ne prend pas de grande décision a priori, sauf j'imagine éventuellement celle de remettre les gazs en cas d'échec d'accrochage des brins. Bref : ce n'est pas une IA...

S'insérer dans le trafic civil d'un espace aérien dense de type européen, mener des approches sans pilote, et a fortiori faire la chasse au Mig-29 en combat tournoyant, avec des nuages, ou de la pluie, des manœuvres d'esquive, une "anticipation" des manœuvres adverses, sans se mettre à défourailler sur le copain qui passe, ça ça doit être franchement plus coton. Mais bon : les vraies IA sont probablement encore un peu lointaines... Qui a écrit "l'usage de monnaie est caractéristique d'une société de rationnement" ?

 

 

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Très sérieusement si on s'en tient aux indices qui sortent de ci de là c'est bel et bien l'augmentation de la capacité d'autonomie de décision des drones (donc leur IA dirons nous) qui est au cœur des recherches actuelles.

Je présenterai les choses autrement. Ce n'est pas l'augmentation de la capacité d'autonomie de décision (tiens, qu'est ce que ça veut dire d'ailleurs), mais purement et simplement l'implantation d'une capacité de décision autonome (c'est mieux dans cet ordre). En effet, globalement, les drones actuels ne décident pas grand chose par eux même, si ce n'est de faire ce qu'on leur dit ou de suivre un chemin balisé.

L'autonomie de décision, ou la capacité de décision autonome, pour les machines est un problème énorme et pose des difficultés d'acceptation par les éléments humains qui vont être amenés à opérer avec ou au voisinage de ces drones. Il ne faut pas que l'humain (ami) ne soit mis en danger par l'exécution de la mission. Il ne faut même pas qu'il se sente en danger par l'action ou l'inaction du drone, c'est le principal obstacle à l'usage opérationnel.

Or, si le drone est largement autonome pour la décision, l'humain (ami) qui se trouve dans son champ d'action va être inquiet du mode de raisonnement de la machine et de la manière dont celui-ci diffère du sien ou de ses homologues humains. Les éléments compassionnels (entendre la JTAC sous le feu ennemi) ou la découverte tardive d'éléments tactiques ou la surprise d'une présence amie ou neutre non signalée sont des éléments perturbateurs dont la prise en compte par la machine laisse encore pas mal de doutes sur la bonne exécution des missions.

A ce stade l'IA est capable d'effectuer sans aucun souci un appontage et un ravitaillement en vol, 2 des manœuvres les plus difficiles pour les pilotes humains d'avion de combat. on sait aussi que ces IA peuvent sans problème aujourd'hui effectuer en totale autonomie des missions d'attaque au sol. La limite majeure est là culturelle, personne ne veut qu'un drone puisse déclencher un tir sans avoir d'abord l'aval d'un décideur humain.

L'appontage et le ravitaillement en vol sont des manoeuvres délicates pour le pilote humain, mais sont au contraire très facilement automatisables. Ce sont des manoeuvres hautement procédurales pour lesquelles il est très facile de construire des règles de comportement permettant de couvrir les principaux cas susceptibles de se présenter et une échappatoire en cas de situation largement compromise par un élément imprévu. Ces règles de pilotage tirent même un grand bénéfice des lois que l'on a pompeusement nommé "logique floue".

Les IA d'aujourd'hui peuvent assurer des missions d'attaque au sol avec à peu près autant d'intelligence qu'un missile de croisière qui aurait une capacité de retour et de réemploi. La capacité de décision du pilote humain qui s'exerce jusqu'au moment du tir - voire même après pour les munitions exigeant un guidage terminal - est encore hors de portée des systèmes actuels. C'est pour cela que l'on tient encore à garder le décideur humain dans la boucle.

Le jour où les IA sauront réellement gérer l'imprévu, changer leurs priorités à l'apparition d'une nouvelle menace ou au contraire d'un élément à protéger en priorité, et qu'elles auront une connaissance élargie de leur environnement (la multiplication des capteurs et les capacité de classification et de fusion des information issues de ceux-ci va dans ce sens), alors il est probable que les réticences s'estomperont progressivement.

Le stade suivant qui requiert semble t'il des progrès c'est la capacité des IA à mener de façon totalement autonome des combats Air-Air ... la complexité et la diversité des situations pouvant subvenir dans un combat aérien met au défi la capacité de prédiction de scénario des meilleurs programmeurs, et la voie évidente est que l'IA adapte par elle même ses scénarios d'instructions en pleine action ... cet aspect là est encore très futuriste il me semble et le premier stade sera qu'un opérateur humain sur zone (donc à priori dans un F-35) assignera des cibles aériennes à attaquer à ses drones asservis qui à partir de là appliqueront les protocoles d'attaque qu'on leur a enseigné selon leur analyse de la situation. Ensuite pendant le combat le pilote humain pourra assigner de nouvelles tactiques ou de nouvelles missions/cibles aux drones selon l'évolution du combat.

Les combats Air-Air sont, effectivement, un ballet tactique d'une complexité importante. Je ne suis pas certain pour autant que l'attaque au sol soit moins difficile. La richesse des situations auxquelles les équipages sont confrontés est proprement énorme, avec en plus un aspect "menaces" qui peut surgir à tout moment et se démasquer bien plus tardivement qu'un intercepteur qui surgirait du soleil.

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On nous aurait menti, E.D.I ne peut pas dégommé des Soukhoï Su-37 ?

https://en.wikipedia.org/wiki/Fictional_military_aircraft#EDI_UCAV

Plus sérieusement, les caméras optiques/radars peuvent ils être contrôlé par une IA autonome aujourd'hui pour un tir de missiles BVR ?

nStealthEDI.jpg

Avant de se lancer dans le dogfight, on peut déjà imaginer un drone furtif, doté d'un certain nombre de capteurs, tant radar qu'IR, et emportant des missile air-air? S'il réussit à communiquer (discrètement) avec un avion de chasse, ce dernier le considérerait comme un annexe, capable de se positionner pour couvrir les arrières de l'équipage, en fonction de leur besoin.

Mais cela  nécessite un drone:

  • furtif,
  • avec des systèmes de communications discrets, type MADL
  • embarqaunt des missiles air-air

Je crois que les USA ont testé toutes ces technologies sur différents engins sans pilote, mais séparément. Les intégrer toutes sur un même appareil, nécessiterait de développer un nouveau projet, avec les délais et les coûts que cela induit.

Ce qui s'en rapproche le plus, c'est le programme UCLASS de l'us Navy ( https://en.wikipedia.org/wiki/Unmanned_Carrier-Launched_Airborne_Surveillance_and_Strike ), pour lequel on envisage une possibilité d'emporter des missiles air-air ( http://news.usni.org/2014/02/13/navys-uclass-air-air-fighter ) L'appareil présente cependant un certain nombre de faiblesses, à commencer par une vitesse subsonique peu adaptée pour lancer des missiles en direction d'avion de chasse filant à grande vitesse.

Il va falloir attendre les années 2020 pour se faire une idée plus précise: http://news.usni.org/2015/02/02/navy-pushes-uclass-fielding-date-air-segment-request-proposal . En admettant que le Pentagone réussisse à faire respecter le calendrier :bloblaugh:

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Un Prédator à était armé de missiles air air. Mais faudra trouvé les détails de l'affaire :

2002, Le 23 décembre, un MiG-25 irakien détruit un drone RQ-1 Predator alors que celui-ci a riposté en tirant un missile air-air. Il s'agit du premier combat aérien d'un drone de combat.

J'en avais entendu parler .... à ma connaissance c'est resté un cas unique ...

Le deep learning va arriver rapidement sur les drones pour pouvoir identifier les cibles sans besoin d'un opérateur.

Cela va se faire sur les drones à l'aide de processeurs dédiés (ASIC) dont la spécialisation induit une puissance de calcul phénoménal.

http://www.gizmag.com/kespry-nvidia-demonstrate-deep-learning-drone-tech/40363

Cela va rapidement changer la donne car le drone sera capable de surveiller une zone très large et de ne transmettre à l'opérateur que les détections d'objets de la zone.

Actuellement, l'opérateur doit balayer la zone avec un champ très étroit ce qui limite fortement ses capacités de détection.

Cela va aussi fortement baisser les besoins en débit de transmission car il ne sera nécessaire que de transmettre des images haute résolution des objets détectés.

Dans les faits, cela revient à avoir des opérateurs d'analyse à bord du drone lui même, l'opérateur ne faisant qu'une confirmation et le management de la mission.

Au passage cela poussera à changer l'architecture des drones actuels car le système avec une boule optronique est construit autour de cette nécessité d'un champ étroit et précis à transmettre.

Des solutions de type Gorgon Stare avec surveillance de toute la zone d'un coup à bord risque de vite se généraliser.

J'avais pas vu cette nouveauté passer .... mais cette capacité de "Deep Learning" fait nettement écho à l'évolution à venir des drones militaires

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  • 2 weeks later...
 

L'IA n'apponte pas ou ne procède pas au ravitaillement en vol. Ce n'est pas parce que sont introduits de la logique floue, des capteurs, que le mobile accompli des gestes complexes supposant un asservissement fin à un automate que celui-ci peut se voir qualifier d'intelligence artificielle. Quand le drône apponte (ou atterrit), quelqu'un a lancé la séquence, a désigné la balise qu'il vise, j'imagine que le drone reçoit des informations transmises en temps réel par le navire sur sa position, son roulis, sa direction, les anémomètres du bord, etc. Il se cale dessus, pilote finement, soit, mais il ne prend pas de grande décision a priori, sauf j'imagine éventuellement celle de remettre les gazs en cas d'échec d'accrochage des brins. Bref : ce n'est pas une IA...

S'insérer dans le trafic civil d'un espace aérien dense de type européen, mener des approches sans pilote, et a fortiori faire la chasse au Mig-29 en combat tournoyant, avec des nuages, ou de la pluie, des manœuvres d'esquive, une "anticipation" des manœuvres adverses, sans se mettre à défourailler sur le copain qui passe, ça ça doit être franchement plus coton. Mais bon : les vraies IA sont probablement encore un peu lointaines... Qui a écrit "l'usage de monnaie est caractéristique d'une société de rationnement" ?

De toutes façons, on a pas fini de voir le terme IA être employé chaque fois qu'un "automate" sera testé, quelque soit le domaine.

 

Pour revenir au sujetdes ravitaillements et appontages autonomes, rien n'empêche que ces "aides au pilotage" soient également implémentées dans une prochaine génération d'avions pilotés, de même que l'insertion prochaine dans le trafic civil.

Pas de raison que cela soit l'apanage exclusif des drones, si cela facilite la vie à tout le monde et enlève un peu de charge et de stress aux pilotes (pas sûr d'avoir moins de stress lors d'un appontage assisté, ceci dit :-) ) 

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  • 3 years later...

Un drone plus maniable qu'un avion de combat avec un système de souffle supersonique ?

Cette innovation est à suivre dans l'aéronautique. Un premier aéronef parvient à voler sans partie mobile, plus d'ailerons ni volets, donc déjà plus ''furtif'' qu'un engin classique  :

https://www.numerama.com/tech/509974-pour-la-premiere-fois-un-aeronef-a-ete-manoeuvre-grace-a-un-systeme-de-souffle-supersonique.html

Voici le MAGMA britannique :

2019-05-02-15_14_57-magma_infographic-1.

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8 minutes ago, collectionneur said:

Un drone plus maniable qu'un avion de combat avec un système de souffle supersonique ?

Un drone n'est rien d'autre qu'un avion de combat ...

... sinon le principe n'a rien de nouveau et a déjà été utilisé ...

... c'est quoi le truc nouveau? supersonique?

https://en.wikipedia.org/wiki/BAE_Systems_Demon

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  • 1 year later...

Réflexion principalement sur la doctrine américaine en matière d'emploi des drones, sous les administrations Obama et Trump :

https://www.lrb.co.uk/the-paper/v42/n23/andrew-cockburn/blips-on-the-screen (3 décembre 2020)

Au milieu de la mort et de la destruction du conflit actuel entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, une brillante histoire à succès a émergé : le drone Bayraktar TB2, conçu et fabriqué en Turquie, largement crédité de résultats exceptionnels contre les forces arméniennes. Grâce à des drones turcs perfectionnés appartenant à l'armée azerbaïdjanaise, nos pertes sur le front ont diminué", s'est vanté le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, à la chaîne d'information turque TRT Haber. Ces drones montrent la force de la Turquie. Ils nous donnent aussi du pouvoir. Peu de gens sont prêts à contester cette affirmation. Dans un article paru sur le site web de Radio Free Europe, "Drone Wars : In Nagorno-Karabakh, the Future of Warfare Is Now", un analyste militaire a conclu sans équivoque que les drones turcs "ont un effet significatif sur le champ de bataille ... Nous constatons des gains sur le champ de bataille pour l'Azerbaïdjan que nous n'avions pas vus depuis 20, 25 ans maintenant". Un article paru dans le Los Angeles Times sur l'enclave arménienne assiégée, intitulé "Une nouvelle arme complique une vieille guerre au Haut-Karabakh", présentait des interviews de civils terrifiés par le bourdonnement des moteurs de drones annonçant une grêle de bombes et de roquettes hautement explosives. Il y a six mois, le déploiement par la Turquie de ses propres drones pour repousser l'offensive du gouvernement Assad dans la province syrienne d'Idlib a fait l'objet de commentaires élogieux de la part de commentateurs tels que Charles Lister du Middle East Institute à Washington DC, qui a écrit que ces armes avaient "transformé la dynamique stratégique à 180 degrés" à Idlib en cinq jours seulement. L'enthousiasme est facile à comprendre. Les drones créent leurs propres spots publicitaires sous la forme de vidéos en streaming qu'ils transmettent à leurs contrôleurs, tandis que les images de chars et autres cibles en train d'exploser peuvent être diffusées sur Twitter et d'autres plateformes de médias sociaux. Armés de TB2 Bayraktar, les militaires azéris ont fait preuve d'une énergie remarquable à cet égard.

Les deux parties de ce dernier cycle de la guerre du Caucase du Sud ont attaqué des villes et des villages, visant clairement des objectifs non militaires. Des centaines de personnes ont été tuées et des milliers d'autres ont fui : lors d'un incident, les Azéris ont lancé des bombes à fragmentation sur les maisons d'une ville peuplée d'Arméniens. Mais l'efficacité militaire des drones sur le champ de bataille réel est moins évidente. Les Azéris ont certes obtenu des gains territoriaux, mais dans des combats qui se sont largement transformés en guerre de tranchées de type Première Guerre mondiale, dominée par l'artillerie et d'autres armes traditionnelles. Les combats en Syrie au printemps se sont terminés par la perte de territoires importants pour les alliés de la Turquie soutenus par les drones.

Dans tous les cas, la puissance des drones turcs et azéris serait considérablement réduite si seulement l'autre partie utilisait des contre-mesures éprouvées. La précision des munitions à guidage laser des drones dépend d'une vue dégagée de la cible : même la fumée, facilement générée, permet un camouflage efficace. De plus, les armes télécommandées dépendent d'un signal ininterrompu à leur contrôleur, qui est éminemment brouillable - une tactique dont l'armée iranienne semble adepte, l'ayant utilisée pour capturer un drone "furtif" américain en 2011.

Le bilan des guerres de cette année montre que, même si ces armes n'apportent pas un avantage décisif au combat, elles excellent dans l'autopromotion, projetant une image de toute-puissance. Les drones provoquent la terreur dans les populations civiles et des profits importants pour les fabricants. Le sort persiste même lorsqu'ils ne sont pas armés. Le 29 mai au matin, trois jours après l'assassinat de George Floyd par la police locale, des manifestants à Minneapolis ont été suivis par un drone Reaper déployé par le service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, qui a effectué une boucle de quatre miles au-dessus de la ville. La nouvelle de ce déploiement a suscité l'inquiétude générale ; une lettre signée par plusieurs membres éminents du Congrès a condamné l'utilisation de "flux vidéo en direct" à des fins d'application de la loi. Toutes les manifestations de l'après-Floyd ont été exposées à l'ensemble du dispositif de surveillance du gouvernement Trump - surveillance intrusive des médias sociaux, du trafic des téléphones portables et des caméras au sol - mais c'est l'utilisation de drones qui a provoqué l'indignation, témoignage de la fascination exercée par ces machines.

En fait, la vidéo de Minneapolis ne peut pas avoir été d'une grande aide pour les agences gouvernementales, quelques malveillantes qu'eussent été leurs intentions. Les lois de la physique imposent des restrictions inhérentes à la qualité de l'image des drones éloignés qu'aucune somme d'argent ne peut surmonter. À moins d'être photographiés à basse altitude et par temps clair, les individus apparaissent sous forme de points, les voitures sous forme de taches floues. Un "flux vidéo en direct" semble de mauvais augure, mais la qualité de l'image dépend de la qualité des caméras et de la quantité d'informations transmises dans le flux de signaux renvoyé au contrôleur. La résolution (la netteté des détails) de l'image envoyée par le drone - en tout cas intrinsèquement bien pire que la vidéo - est dictée par la taille de l'antenne radar, qui est limitée par la petite taille de l'avion. En 2010, l'équipage d'un drone de l'armée de l'air américaine qui regardait une vidéo infrarouge d'un convoi nocturne de véhicules afghans, comme le révèle la transcription de leur conversation, pensait que les points chauds dans les camions qu'ils voyaient sur leurs écrans étaient des armes. En fait, il s'agissait de dindes, des cadeaux transportés par les passagers paysans pour leurs proches à Kaboul. (Les camions ont été attaqués, tuant 23 personnes.) Même en plein jour, distinguer les enfants d'autres cibles potentielles pose des difficultés particulières. Un pilote de l'armée de l'air m'a dit un jour qu'il avait passé un après-midi à tourner en rond au-dessus du sud de l'Afghanistan, en regardant quatre minuscules figurines de bâton sur l'écran vidéo de son cockpit. Ils se sont regroupés pendant un certain temps sur le bord d'une route d'une manière qui suggérait un groupe de poseurs de bombes talibans, ce qui les qualifierait pour une incinération instantanée avec un missile Hellfire. Mais alors qu'il continuait à les regarder, ils se sont retirés à travers les champs jusqu'à une ferme isolée, où une silhouette visiblement plus grande est apparue pour pousser les enfants à l'intérieur pour le dîner.


De telles réalités technologiques entament rarement la foi populaire dans les drones, et ne sont guère remises en question dans les livres qui ont été écrits à leur sujet. Michael Boyle décrit Gorgon Stare, un ensemble de caméras vidéo conçu pour le drone Predator B, un avion de grande envergure qui opère à une altitude de 25 000 pieds, comme offrant une "surveillance persistante et étendue des petites villes", permettant aux analystes du renseignement de suivre les mouvements des malfaiteurs. Mais l'unité de l'armée de l'air chargée de tester le système en 2012 a été moins impressionnée. Outre ses conclusions désobligeantes, son rapport comprenait deux photographies en haute altitude de la base de l'unité. L'une d'entre elles avait été prise par Gorgon Stare, et avait été développée à un coût de 500 millions de dollars pour le contribuable. L'autre, identique en qualité de détail, avait été téléchargée gratuitement sur Google Earth. Dans aucun des deux cas, on ne pouvait distinguer les humains des buissons. Thomas Stubblefield écrit avec enthousiasme à propos d'Argus, un système encore plus ambitieux sur le plan technologique qui permet aux utilisateurs de "zoomer sur le trafic piétonnier d'une rue donnée, de suivre un véhicule d'intérêt, ou même de cartographier l'audio des appels téléphoniques interceptés dans l'espace sur cette représentation de la ville". Il rumine sur les implications profondes d'une technologie qui peut, en croisant des modèles historiques, fournir "des paramètres temporels illimités". Mais lorsqu'il a été essayé en Irak, l'examen des vidéos de drones passées des sites d'attentats à la bombe des insurgés dans l'espoir qu'elles révèlent les auteurs en train de poser des bombes s'est avéré infructueux.

Il peut sembler inutile d'insister sur ces lacunes, surtout si l'on considère la facilité avec laquelle les drones commerciaux - 80 dollars pour un simple quadri-coptère chez Best Buy, ou 50 livres chez Argos au Royaume-Uni - ont mis à la portée de tout cinéaste amateur des vues aériennes de haute qualité du paysage. La vidéo de drones à basse altitude a été une aubaine dans la réalisation de nombreuses activités importantes, de la lutte contre les incendies à la maintenance des pipelines. Et les drones de petite taille, bon marché et prêts à l'emploi ont quelque peu égalisé le score pour les opérations de guérilla, comme l'a démontré l'État islamique dans son déploiement de quadri-coptères adaptés pour larguer des grenades sur les forces américaines en Syrie. Les Houthis yéménites ont fait un pas de plus, en produisant en masse leurs propres drones à l'aide d'une imprimante 3D fournie par les Iraniens.

Mais la mystique de ces engins sans pilote découle en fin de compte de leur capacité présumée à recueillir des informations, permettant la sélection et la destruction de cibles discrètes avec une précision unique en cliquant sur un bouton à l'autre bout du monde. En termes d'aspiration comme de conséquence, il n'y a rien de fondamentalement nouveau ici, puisque des revendications similaires ont été avancées au nom des bombardements stratégiques depuis une centaine d'années, avec des résultats invariablement décevants. Les bombardiers envoyés par la jeune RAF en 1919 pour éliminer le "mollah fou" dans le Somaliland britannique ont reçu leurs ordres directement de Londres. Mais leurs efforts, dont un commandant local de l'armée britannique a fait état par la suite, ont laissé les partisans du mollah "joyeux, totalement provocateurs et grossièrement calomniateurs à l'égard de ma parenté". La campagne américaine de bombardement stratégique de la Seconde Guerre mondiale reposait sur la théorie selon laquelle les cibles vitales pour l'effort de guerre de l'ennemi pouvaient être détruites par des bombardiers volant à partir de bases éloignées, frappant leurs cibles avec une précision infaillible grâce aux nouvelles technologies. Mais les résultats au combat ont été profondément décevants : les bombes ont presque toujours manqué leurs  cibles de loin. Et la croyance selon laquelle l'économie de guerre de l'ennemi était analogue à un dispositif mécanique qui pouvait être désactivé par l'élimination de composants cruciaux, comme les usines allemandes de roulements à billes, s'est révélée fausse. Comme il fallait justifier le coût ahurissant de l'effort de bombardement et préserver le mythe du bombardement comme tactique de guerre gagnante, l'objectif inatteignable des frappes de précision fut finalement abandonné au profit d'attaques aveugles, dont la plus spectaculaire fut l'incinération de 300 000 civils lors du raid sur Tokyo en mars 1945.

Néanmoins, le rêve de la précision à distance a perduré, ainsi que la croyance que le système opérationnel d'un adversaire pouvait être compris de manière exhaustive et démantelé de manière sélective. Pendant la guerre du Vietnam, des scientifiques civils au service du Pentagone ont conçu une "clôture électronique", composée de milliers de capteurs largués à travers les jungles du Vietnam du Nord. Ceux-ci étaient conçus pour détecter les mouvements des troupes ennemies par des signes révélateurs tels que l'odeur d'urine ou les vibrations du sol dues aux mouvements des camions et des chars. Mais les Nord-Vietnamiens ont rapidement mis au point des contre-mesures efficaces, en déposant des seaux d'urine loin de leurs troupes dans des endroits qui ont ensuite été dûment bombardés, tandis que les approvisionnements continuaient de circuler sans être détectés le long des routes de la jungle du nord au sud. L'opération super-secrète a finalement été révélée dans les documents du Pentagone, divulgués par Daniel Ellsberg. Même si elle s'est avérée être un fiasco, l'idée d'une machine à tuer télécommandée a frappé l'imagination du public, symbolisant la nature sans âme de l'effort de guerre américain. Un vétéran aigri, Eric Herter, a prononcé un discours éloquent lors d'une réunion anti-guerre à Boston en 1971, dans des termes qui seront repris par les vétérans et autres critiques des guerres de drones cinquante ans plus tard : "Cette nouvelle guerre ... sera une guerre non pas d'hommes en armes, mais d'ordinateurs et de systèmes d'armes contre des populations entières. Sous ses auspices, les habitants des villages sont passés du statut de "gooks" et de "dinks" à celui de coordonnées de grille, de blips sur les écrans de balayage, de points de lumière sur les films infrarouges".


L'incapacité de la technologie à produire des résultats n'a pas conduit à une révision fondamentale de la stratégie américaine. Au lieu de cela, on a préféré croire que les améliorations technologiques feraient finalement l'affaire. Cet article de foi semblait être justifié par les vidéos de bombes et de missiles frappant infailliblement leurs cibles pendant la guerre du Golfe de 1991, bien qu'une enquête exhaustive du Government Accountability Office ait révélé que les attaques avaient été nettement moins efficaces que ce que les publicistes militaires avaient laissé entendre.

Les progrès de la technologie des capteurs, même s'ils sont insuffisants, ont peut-être amélioré suffisamment les images pour provoquer le traumatisme vécu par certains équipages de drones ces dernières années. Dans Hellfire from Paradise Ranch, Joseba Zulaika retransmet les souvenirs poignants des opérateurs de drones, leurs victimes effacées en un instant par les missiles Hellfire tirés sur commande depuis une remorque dans le désert à l'extérieur de Las Vegas. Comme d'autres avant lui, il est intrigué par le contraste entre l'occupation quotidienne des équipages de drones - qui fixent des images interminables de paysages et de gens du Tiers-Monde, tuant parfois ces derniers - et leur existence domestique banale une fois qu'ils sortent de la remorque et retournent dans l'Amérique de la classe moyenne, s'arrêtant peut-être sur leur trajet de retour pour aller chercher du lait pour leurs enfants à l'épicerie. Mais l'angoisse exprimée par les anciens membres de l'équipage qu'il cite n'est peut-être pas très répandue dans leur communauté. Lorsque le commandant de l'équipe qui a orchestré le meurtre de ces 23 civils afghans porteurs de dindes a nié que ses hommes étaient "prêts à utiliser des armes quoi qu'il arrive", un enquêteur a répondu qu'ils avaient exprimé exactement cette intention au moins 14 fois au cours de la mission. De plus, l'opérateur du détecteur s'était plaint d'un rapport gênant selon lequel il pourrait y avoir un enfant à bord de l'un des véhicules ciblés, ce qui pourrait entraver un tir mortel. En près de vingt ans d'assassinats par drones, il n'y a aucune trace confirmée d'un membre d'équipage de drone ayant jamais refusé un ordre de tuer, bien qu'une demi-douzaine de personnes, dont celles citées par Zulaika, aient parlé publiquement de leurs remords et des symptômes du syndrome de stress post-traumatique. L'armée de l'air américaine a du mal à garder les opérateurs de drones et a promis davantage de soutien psychologique, mais la plupart des plaintes semblent porter sur les horaires irréguliers qui résultent des changements d'équipe constants ordonnés par le quartier général.

Bien que de nombreux opérateurs de drones souffrent d'une "blessure morale", définie dans un article du Journal of Clinical Psychology en 2009 comme "la perpétration, l'absence d'évitement ou le fait de témoigner d'actes qui transgressent des croyances morales profondément ancrées", cette maladie ne s'étend manifestement pas loin dans la chaîne de commandement, où la capacité à ordonner des assassinats sans risque politique est très attrayante. Il s'avère que je suis très doué pour tuer les gens", a déclaré Barack Obama le jour où Anwar al-Awlaki, un citoyen américain, a été exécuté par un drone à son commandement. "Je ne savais pas que ça allait être un de mes points forts". Zulaika nous rappelle à quel point Obama s'est passionné pour cette affaire, se vantant même dans une interview à la radio d'avoir "éliminé" un chef taliban, sans mentionner que la femme de l'homme était avec lui à ce moment-là.

C'est un élément de l'héritage de son prédécesseur que M. Trump était heureux de préserver et d'améliorer, en tuant plus de personnes lors de frappes de drones au cours de la seule première année de sa présidence - dont 250 enfants au Pakistan et au Yémen - qu'Obama n'en avait réussi en huit ans. Obama a profité de l'assassinat d'Oussama Ben Laden pour en tirer un avantage politique, et Trump a de la même manière considéré l'assassinat par drone comme une extension de la publicité par d'autres moyens. Il aurait insisté pour tuer Hamza bin Laden, un fils du fondateur d'Al-Qaida mais relativement peu important dans la hiérarchie de l'organisation, uniquement en raison de son nom célèbre. Trump a également commandité et célébré le meurtre de Qasem Soleimani, le chef de la force iranienne du Quds, et a éliminé le chef de l'IS Abu Bakr al-Baghdadi lors d'une attaque terrestre. Comme le souligne à juste titre Boyle, le véritable danger du programme de drones est qu'il comporte peu de risques politiques et qu'il incite donc les dirigeants à commettre des actes de guerre désinvoltes.

Ces tendances ont été vivement illustrées par le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, dont les drones - conçus par son gendre, Selçuk Bayraktar - ont perpétré d'innombrables assassinats, non seulement parmi les dirigeants du PKK insurgé et les civils qui les entourent, mais aussi de hauts fonctionnaires étrangers : Des drones turcs ont tué deux généraux irakiens en avril dernier. Erdoğan croit clairement que ses armes, dont l'une porte la signature présidentielle personnelle sur sa carrosserie, "montrent la force de la Turquie", selon les termes de son allié azerbaïdjanais Aliyev, sans courir le risque politique de voir trop de soldats turcs morts. La Turquie n'est que l'exemple le plus marquant de la prolifération des drones, car un nombre croissant de pays investissent dans leur propre flotte de robots aériens, une tendance qui encouragera certainement les aventures militaires irresponsables, sans parler de l'assassinat comme instrument de politique d'État.

Le défaut de cette approche est que les robots ne font pas nécessairement le travail. S'ils le font, les résultats ont tendance à être imprévisibles, et très souvent désagréables. La stratégie du "ciblage de grande valeur" a déplacé l'attention des choses - ces usines à roulements à billes - vers les personnes, mais les résultats ne se sont pas avérés plus satisfaisants. La stratégie américaine de lutte contre la drogue a longtemps été axée sur la capture ou l'assassinat des chefs des cartels de la drogue, dont les conséquences inefficaces se traduisent malheureusement par un flux toujours croissant de stupéfiants vers les consommateurs américains. L'élimination des chefs djihadistes insurgés en Irak dans les années qui ont suivi 2003 a immédiatement stimulé les attaques contre les forces américaines, de nouveaux chefs plus agressifs ayant pris le commandement. Le schéma s'est répété en Afghanistan, le meurtre d'Oussama ben Laden ayant été suivi peu après par l'émergence de l'EI. L'assassinat de Soleimani a peut-être été bien accueilli à Téhéran, étant donné son passé d'aliénation des partisans de l'Iran dans les pays voisins, et la mort d'al-Baghdadi a eu peu d'effet sur la campagne de guérilla de l'EI.

 

Mais il y a peu de chances que la stratégie change de sitôt, pour des raisons bien décrites par Christian Brose, mais peut-être pas de la manière dont il l'entend. Contrairement aux auteurs universitaires d'autres livres récents sur les drones, Brose est un membre du complexe de défense. Anciennement directeur du personnel de la commission des services armés du Sénat américain, qui supervise le budget militaire, il est actuellement employé par Anduril Industries, une entreprise de défense née dans la Silicon Valley. Son livre le révèle comme un type de personnage assez courant dans la culture intellectuelle de la défense américaine : l'autoproclamé "franc-tireur" qui est en réalité un ardent défenseur du statu quo. Partant de l'idée que l'armée américaine prend un sérieux retard dans la compétition militaire avec la Chine, il se moque des "plates-formes héritées" telles que les porte-avions de 13 milliards de dollars chers à la marine américaine, et préconise le passage à une force en phase avec les technologies révolutionnaires.

Les drones occupent une place importante dans le scénario que Brose présente dans The Kill Chain, y compris les concepts prospectifs de drones qui pourraient être contrôlés par des "signaux neuronaux" relayés directement par le cerveau, "pas seulement un, mais des groupes entiers", permettant aux êtres humains de "diriger et de superviser les opérations des drones et autres systèmes militaires robotisés uniquement par la pensée". Au-delà de cela, il évoque la perspective séduisante de drones "autonomes" qui fonctionnent indépendamment de la direction humaine grâce aux merveilles de l'intelligence artificielle. Aussi nouveau et passionnant que cela puisse paraître - ainsi que d'autres concepts moins fantaisistes mais tout aussi improbables promus par Brose -, il est tout à fait conforme aux règles de l'augmentation classique du budget telles qu'elles sont pratiquées dans le complexe de défense américain. Celles-ci exigent en premier lieu l'exagération flagrante des capacités d'un adversaire potentiel. Ainsi, la Chine - bien qu'elle soit actuellement incapable de fabriquer ses propres circuits intégrés avancés, dont l'approvisionnement à l'étranger a été bloqué par Trump - est considérée comme étant en avance dans le développement de technologies militaires avancées de toutes sortes, y compris les drones. Pendant ce temps, les États-Unis, retenus par des intérêts bureaucratiques bien établis, ne réalisent pas le potentiel des technologies dont ils disposent, un désastre en devenir qui ne peut être évité qu'en mettant de l'argent entre les bonnes mains.

La nouvelle proposition de M. Brose pour surmonter la résistance à ses réformes par des intérêts bien établis consiste à s'assurer le soutien des lobbyistes de l'industrie de la défense - la garde prétorienne de ces intérêts - en leur promettant que leurs clients gagneront autant d'argent avec les nouveaux programmes. Tout au long de sa carrière, il rend un hommage appuyé à son défunt employeur, le sénateur John McCain, un exemple éminent du syndrome du "franc-tireur", qui a multiplié les dénonciations éloquentes des vaches sacrées de l'armée, sans jamais prendre aucune mesure pratique pour incommoder le Pentagone sur une question importante - et certainement pas dans l'invocation de la Chine comme une menace imminente et terrifiante. Le regretté Andrew Marshall, qui a été pendant des décennies le directeur du Pentagon’s Office of Net Assessment, occupe une place à peine moins importante dans le panthéon de Brose. Marshall était un bureaucrate extrêmement puissant qui avait la réputation d'avoir une pensée peu orthodoxe, mais qui, d'une manière ou d'une autre, finissait toujours par plaider en faveur d'une augmentation des dépenses de défense. Après le triomphe censément décisif des armes de précision lors de la guerre du Golfe au tournant des années 1990, Marshall et ses partisans au sein des groupes de réflexion sur la défense qu'il finançait si généreusement promouvaient assidûment l'idée d'une "révolution dans les affaires militaires" en cours, qui permettrait enfin de réaliser le rêve de ces premiers planificateurs de campagnes de bombardement. C'est grâce à ces fonds que Marshall a pu produire des drones capables de tuer des individus.

Le résultat global de ces développements a été de créer une distance toujours plus grande entre les responsables et le monde réel. Les images vidéo en direct sur les bureaux des généraux quatre étoiles peuvent donner l'illusion qu'ils transmettent la réalité, mais ce sont des images en deux dimensions synthétisées par un système préprogrammé contrôlé centralement, toujours vulnérable aux actions imprévues des opposants (ces seaux d'urine détournés sous la canopée de la jungle). Mais un changement de cap est peu probable. Pour les autorités en place, en uniforme ou non, l'attrait principal, bien que tacite, du système actuel est son coût énorme et la profitabilité qui en découle, sans parler du sentiment de pouvoir qu'il procure. Il serait dangereux d'avoir une vision trop claire du monde.

 

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  • 4 weeks later...
Il y a 1 heure, Bechar06 a dit :

Tiens un BI moteur !

Ils sont rares, mais ils existent.

Chez les Turcs, il y a l'Aksungur de TAI, l'Akıncı de Bayraktar propulsé par un moteur ukrainien, feu le Mantis de BAE, le futur RPAS et le Yabhon United 40 émirati. 

Ce dernier serait en service en Algérie, mais je ne sais pas si c'est vrai. J'ai plus l'impression d'un montage. 

201230052609517212.jpg

Leurs avantages, c'est qu'ils ont une très grande endurance (49 heures pour l'Aksungur) et une grosse capacité d'emport. Ils peuvent tenir le rôle d'artillerie volante persistante. 

 

Modifié par Kiriyama
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