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AIR-DEFENSE.NET

[Rafale]


g4lly

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Sans etre un specialiste, un avion comme le f-35 n'a pas dans sa logique de faire de la penetration BA, c'est tout l'interet de l'avion furtif, tu n'a pas besoin de masque de terrain pour eviter les radars...reste bien sur le probleme du reperage visuel...

En occident il y a peu de specialistes de la penetration BA, (les tournedos sont performants dans ce domaine?) et avec l'arrivée du f-35 un peu partout, ca risque de se reduire encore...comme dirai pascal, c'est pas un sport de masse et les frenchies risquent un peu d'etre les derniers irreductibles.

Ce n'est pas faux ...

Le Tornado est performant dans la pénétration BA/TBA, il a été conçu pour. Par contre, il a subi les Retex de GW-I, ce qui a conduit à un quasi-abandon de cette doctrine par les utilisateurs. Je ne suis pas loin de penser que ces Retex étaient biaisés : j'en ai parlé ici. Après ce rude baptème du feu, ces difficultés avec une munition d'emploi délicat, le Tornado n'a plus connu d'engagement conforme à sa mission initiale et ses pénétrations en BA se résument, le plus souvent, à des promènes-couillons dans la Mach-Loop.

En gros, déjà, depuis le milieu des années 90, nous devons effectivement être parmi les dernier à faire encore usage et promotion d'une tactique dont nos alliés se détournent car ils estiment pouvoir remplir la même mission par d'autres moyens ou avec d'autres outils. Le F-35 est, à ce titre, assez symptomatique.

Reste que, dans un environnement de guet intense (radar, visuel, multistatique, etc.), si la réduction de RCS augmente les chances du F-35 de passer, l'usage d'une pénétration BA/TBA bien maîtrisée augmente les chances de n'importe quel appareil de passer. C'est la confiance dans l'opérateur, plutôt que dans son outil. Du reste, si l'on pouvait donner le meilleur outil à l'opérateur, ce serait parfait. On donne cependant un très bon outil à cet opérateur dans lequel on a toute confiance ... c'est avec une bonne chance de succès.

Mais c'est très exigeant, c'est vrai. Nous avons fait le choix de l'exigence, de la qualité des hommes, et d'un outil raisonnablement bon (et certainement meilleur en vrai qu'on ne le croit au café du commerce). Certains de nos partenaires ont fait le choix d'un outil très couteux, mais qui nivelle les compétences dans ce domaine en les rendant superflues.

Je ne sais pas quel est le meilleur choix, mais j'aime bien le nôtre. Il a, à la fois, un côté gaulois (façon Astérix), et tellement chevaleresque (façon aviateur "sportif", le moustachu tellement capable, au dessus de la mélée). Ca nous ressemble énormément !  :lol: Si en plus ça marche ...  ;)

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Le souci de tirer loin c'est d'avoir un moyen de localisation puis de désignation. Contre des cible statique préalablement reconnu le positionnement INS/GPS/TERCOM/DSMAC peut suffire, mais contre une cible seulement reconnu parce qu'elle télécommande un radar qui lui a été détecté et "vaguemement" localisé par une écoute EM c'est tout de suite beaucoup plus cavalier.

Pour une cible a faible distance on peut se servir de spectra pour rallier précisément un moyen d'observation électro-optique et sachant ce qu'on cherche et ou le chercher on doit facilement identifer la cible et programmer le tir. Mais au dela de la portée opérationnelle de nacelle de désignation, pas moyen d'avoir quoique ce soit de précis. Reste la solution de balancé au jugé sur la position approximative qu'on a récupé via l'écoute EM organique a la patrouille rafale, mais a 100km ca va etre d'une précision treeeeeeeees relative, et on risque plus d'effaroucher l'opérateur qu'autre chose. Certes l'opérateur le saura qu'une fois que la bombe aura explosé dans le champ voisin ... donc tres tard, mais je suppose qu'il ne faille pas rêver, détruire le shelter de l'opérateur a 100km par l'opération du saint esprit de spectra.

Pour continuer la reflexion sur lengagement des radar AA à longue distance, je me pose la question suivante :

Quelle est la distance minimale mettant en securité un radar et ses annexes, par rapport à l'explosion d'une charge à fragmentation de 100/150kg ?

Je dirais au moins 200m (mais je me trompe peut-être) s'il n'y a pas de couvert.

Si on part du pricipe qu'un radar mobile a besoin d'une minute pour franchir ces 200m, alors le tir d'un antiradar sur les dernières coordonnées* connues du radar (antiradar ne comportant pas d'autodirecteur, donc) , peut être efficace, si cet antiradar met moins de la minute pour atteindre le point visé.

Celà signifie, que pour une aasm volant à 800 km/h, un tir à 13km est envisageable, alors que la portée utile passe à 40km pour un antiradar volant à mach 2.

Dans le cas des radar AA semi-mobiles (comme la plupart des "gros" radars), le temps de réactions pour franchir ces 200m peut être beaucoup plus long que la minutes. Un temps de réaction 3 fois plus long, permet d'envisager un tir sur coordonnées efficace à des portée 3 fois plus importantes que celles précédemment citées (soit 40km pour une aasm et 120km pour un antiradar filant mach 2).

*le tir sur coordonnées, contrairement au tir d'armes avec autodirecteur, permet de s'affranchir du jeu du "chat et la souris" que font les opérateurs des radars AA (qui éteignent leur radar afin de rendre inopérant l'autodirecteur de l'antiradar).

En conséquence, je pense que si on veut élargir nos capacités antiradar par rapport au simple couple spectra/aasm, notamment en terme de portée, il faudrait un arme supersonique (mach 2, voire 3), relativement rustique (car sans autodirecteur) et capable d'intégrer en temps réels les infos concernant la localisation du radar. Je vois bien un dérivé de l'asmp dans ce rôle.

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L' AASM aura sa version ‘cible de valeur’ adaptée pour le SEAD/DEAD

Actuellement, la version infrarouge fait de l’ Automatic Target Recognition, en comparant l’image vue avec une image IR préenregistrée.

Une évolution software devrai permettre l’Automatic Target Detection : l’image est comparée à un base de donnée (3D) de cibles. Cela permet de différencier le radar de tir d’un véhicule de soutien.

Et parce que cela est bien pensé, le senseur IR de l’AASM est le même que celui du SCALP, ce qui répond au problème de portée pour les  3 ‘digit’ SAM.

Je ne peux pas dire quand ce sera prêt, la seule chose que j’ai vu sur le net, c’est la commande du simulateur pour le banc de tests passée il y a dix ans à l’onera.

Un météor HARM serai trop couteux à mon avis car le senseur radar est fait pour le air/air et ça doit être très différent d’un radar millimétrique comme sur l’AGM-88E

L’ASMP pose lui le problème de discrimination avec une arme atomique, outils diplomatique extrême.

En Lybie, même si les positions SAM étaient connues, on peut supputer que la mission Bengazi était à l’origine un raid Wild Weasel avec un rafale équipé de pod reco-ng dans le rôle de la carotte, suivit deux 2 autres avions camions à bombes.

Le Rafale n’a pas d’équivalent en SEAD TBA avec son suivit de terrain en 3D, qui intègre la menace SAM en temps réel sur le chemin avec les évasives possibles, sa possibilité de lâcher ses vecteurs sans se découvrir.

Quand on n'est pas assuré d'avoir la supériorité dans le ciel, la TBA redevient nécessaire. Je comprends pourquoi l’Inde a choisi cet avion. Il pourront toujours nous vendre leur missile ARM en développement.

Image IPB

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Un météor HARM serai trop couteux à mon avis car le senseur radar est fait pour le air/air et ça doit être très différent d’un radar millimétrique comme sur l’AGM-88E

La vitesse supersonique permettrait de se contenter d'un tir sur coordonnées et donc de se passer de guidage terminal... d'où une arme relativement rustique.
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Une centrale inertielle à très faible dérive à haute vitesse, ainsi qu'une antenne GPS adaptée à l'intégration des positions/vitesses lors de déplacements à grande vélocité sont tout sauf des éléments rustiques.

Les éléments INS/GPS sont low-tech/low-cost uniquement lorsqu'ils sont low-speed.

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Une centrale inertielle à très faible dérive à haute vitesse, ainsi qu'une antenne GPS adaptée à l'intégration des positions/vitesses lors de déplacements à grande vélocité sont tout sauf des éléments rustiques.

Les éléments INS/GPS sont low-tech/low-cost uniquement lorsqu'ils sont low-speed.

C'est bien pour ça que j'ai écrit "relativement", c'est à dire comparativement à la présence d'un guidage terminal.
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Mais de toute façon pour avoir un missile qui ai une proba de kill suffisante dans un rayon de 200m, il faut lui mettre 250kg de charge utile mini.

Ce n’est pas viable comme projet. Le HARM il a une charge de 66 kg et il est déjà très gros et cher.

Les missiles anti radiation ne sont pas faits uniquement pour détruire le matériel, il sont aussi fait pour pas avoir de radar allumé quand les avions passent. Parce qu'au final le but recherché c'est de passer au travers des défenses, que se soit en les détruisant ou en forçant l'ennemi a ne pas l’utiliser c'est le même resultat au final

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Mais de toute façon pour avoir un missile qui ai une proba de kill suffisante dans un rayon de 200m, il faut lui mettre 250kg de charge utile mini.

Ce n’est pas viable comme projet. Le HARM il a une charge de 66 kg et il est déjà très gros et cher.

Les missiles anti radiation ne sont pas faits uniquement pour détruire le matériel, il sont aussi fait pour pas avoir de radar allumé quand les avions passent. Parce qu'au final le but recherché c'est de passer au travers des défenses, que se soit en les détruisant ou en forçant l'ennemi a ne pas l’utiliser c'est le même resultat au final

On en vient aux solutions radars "passive", multistatique, pour la veille ... qui permettent au radar d'engagement de rester éteint jusqu'au dernier moment. Et comme ces solutions on une relative facilité a repérer les furtif "de forme" ... le choix du Rafale a l'aise en TBA est pas forcément une mauvaise idée a moyen terme. Meme si la TBA ca reste super risqué face a de l'imprévu de l'AAA plus basique.

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Mais de toute façon pour avoir un missile qui ai une proba de kill suffisante dans un rayon de 200m, il faut lui mettre 250kg de charge utile mini.

Ha ouais ? je ne pensais pas qu'il en fallait autant... Effectivement ça règle la question.
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On en a des comme ça ? Le Nostradamus de l'Onéra est sur une base multstatique aussi, je crois.

L'Onera a tout un tas de projet en cours ... pour la défense aérienne classique proprement dites je crois que c'est le projet DARC qui utilise les émissions de la TNT comme source de rayonnement, et des station d'écoute passive pour la récolte. Certes il suffirait de détruire la plupart des émetteurs TDF pour couper le radar, mais ca fait déjà un petit nombre. Accessoirement le systeme doit pouvoir s'accommoder d'autre émetteur, genre GSM, meme si c'est surement plus compliqué.

Un autre projet existe pour la detection au de la de l'horizon mais a moyenne portée, basé sur la radio il me semble - émetteur MW?! - et destiné a détecter les hélico et autre machin volant tres bas, les onde suivant la surface.

Faut fouiller par là http://www.onera.fr/actualites/2008-0205-radar-passif.php

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Mais de toute façon pour avoir un missile qui ai une proba de kill suffisante dans un rayon de 200m, il faut lui mettre 250kg de charge utile mini.

Ce n’est pas viable comme projet. Le HARM il a une charge de 66 kg et il est déjà très gros et cher.

Une AASM 250 kg à sous munition, et le tour est joué ....

Pas besoin de la précision métrique dans ce cas de figure.

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Mais de toute façon pour avoir un missile qui ai une proba de kill suffisante dans un rayon de 200m, il faut lui mettre 250kg de charge utile mini.

Ce n’est pas viable comme projet. Le HARM il a une charge de 66 kg et il est déjà très gros et cher.

Les missiles anti radiation ne sont pas faits uniquement pour détruire le matériel, il sont aussi fait pour pas avoir de radar allumé quand les avions passent. Parce qu'au final le but recherché c'est de passer au travers des défenses, que se soit en les détruisant ou en forçant l'ennemi a ne pas l’utiliser c'est le même resultat au final

Si tu lis le post de Rom-Un , l'hypothèse des 200 m de rayon tombe à une résolution habituelle d'un AASM : décamétrique et plus probablement métrique...

Le 125 sera même du luxe en terme de charge.

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L'Onera a tout un tas de projet en cours ... pour la défense aérienne classique proprement dites je crois que c'est le projet DARC qui utilise les émissions de la TNT comme source de rayonnement, et des station d'écoute passive pour la récolte. Certes il suffirait de détruire la plupart des émetteurs TDF pour couper le radar, mais ca fait déjà un petit nombre. Accessoirement le systeme doit pouvoir s'accommoder d'autre émetteur, genre GSM, meme si c'est surement plus compliqué.

Il y a aussi le Thales Homeland Alerter qui utilise les signaux de la bande FM et qui avait été déployé pour "protéger" le défilé du 14 juillet en 2010.
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oui enfin 100 pieds c'est 30 m ... en Beauce çà va ... dans les Vosges descendre plus bas devient problématique voir inutile compte tenu du couvert du terrain.

Pour avoir vu des 2000 N évoluer en pénétration dans le Vercors, je peux te confier que même à 100 m sol (le plateau) dans ce milieu montagneux et accidenté, l'avion tu n'a pas le temps de le voir passer et surtout tu ne l'entends pas arriver, quand à le détecter dans les vallées ...

En temps de paix en métropole on est sur des bases je crois de 300 pieds dans des couloirs déterminés, en Afrique c'est un peu plus "frantic"

j habite justement les vosges,pile poils entre nancy ochey et luxeuil,et c est parfois plus bas que 100 pieds

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Si l'APACHE en est le meilleur exemple de même que les obus bonus mais y a des conditions à respecter, du style pas plus de 20 sous-munitions et sous-munitions guidés.

http://www.icrc.org/dih.nsf/FULL/620?OpenDocument

C'est touchy touchy.

Et les Apaches on les laisse mourir en stockage. Ils vont ou sont déjà périmés, ca va couter une blinde à démanteler. Certains auraient même préféré qu'on les tire en Lybie et qu'on fasse des économies au final. Avant qu'on les utilise, va falloir qu'il se passe de grosses bricoles.

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Les missiles anti radiation ne sont pas faits uniquement pour détruire le matériel, il sont aussi fait pour pas avoir de radar allumé quand les avions passent. Parce qu'au final le but recherché c'est de passer au travers des défenses, que se soit en les détruisant ou en forçant l'ennemi a ne pas l’utiliser c'est le même resultat au final

Ce rôle dissuasif peut être attribué à tout ce qui est susceptible de détruire le radar s'il est en fonctionnement. Ca vaut donc aussi pour le trio SPECTRA/Damocles/AASM. Ceux qui l'ignorent encore malgré l'histoire récente en Libye seront vite mis au courant si le besoin s'en fait sentir.

Il faut aussi arrêter de fantasmer sur les missiles de 360 kg qui défieraient les lois de la physique en allant frapper une cible au sol à Mach 2 et 150 bornes plus loin, quelles que soient les conditions initiales.

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C'est touchy touchy.

Et les Apaches on les laisse mourir en stockage. Ils vont ou sont déjà périmés, ca va couter une blinde à démanteler. Certains auraient même préféré qu'on les tire en Lybie et qu'on fasse des économies au final. Avant qu'on les utilise, va falloir qu'il se passe de grosses bricoles.

Sauf que justement, pour la Lybie, ils n'étaient plus opé  :lol:

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Bon, vu la teneur du débat sur les missions SEAD, et même si de très bons arguments ont été soulevés de part et d'autre, je pense qu'un petit récapitulatif de l'état de l'art et ses perspectives dans le domaine ne fera pas de mal à tous le monde (hésitez pas à compléter, je m'étale beaucoup mais il y a encore pleins de choses à dire et de nuances à évoquer).

La lutte anti-radar actuelle connait de profonds bouleversements par rapport à ce qui se faisait du temps de la guerre froide.

A l'époque, il y avait deux tactiques principales pour l'OTAN: le SEAD et le DEAD, en gros.

Le SEAD était laissé, dans l'USAF, aux Wild Weasel, tandis que l'US Navy en faisait une partie intégrante de ses chasseurs tactiques par exemple. Il s'agissait de supprimer la défense adverse en la forçant à s'activer (en lui offrant une belle cible d'opportunité en général) pour ensuite lui balancer d'abord des bombes (taux de survie des équipages très faible avec cette méthode sous F-100 au VN) puis plus tard des missiles de plus en plus spécialisés (Standard, Shrike puis HARM, sous F-4 puis F-16 et F/A-18, mais aussi Raven, Prowler et Growler aux US, Martel et ALARM sous Mirage, Jaguar et Tornado en Europe).

La mission est considérée comme réussie quand le radar de DA adverse est désactivé, soit parce qu'il s'est pris la munition dans la gueule et est détruit, soit parce qu'on les a contraint à désactiver leurs systèmes pour éviter la destruction, ce qui laisse le passage libre aux vagues d'assaut qui, elles, vont cibler les objectifs stratégiques du conflit.

Le DEAD, lui, est bien plus spécifique. Là il s'agit de détruire physiquement la défense adverse. La mission DEAD n'a pas pour but d'ouvrir un passage aux vagues d'assaut tactiques mais réellement de détruire les défenses, toutes les défenses. Dans le contexte Guerre Froide, cela a une portée éminemment stratégique. D'une part parce qu'il se s'agit plus de mener un simple assaut sur des cibles bien précises, mais bel et bien d'ouvrir complétement l'espace aérien adverse: en gros, c'est le premier signe d'une offensive totale, on n'est plus dans la demi-mesure.

Ensuite, parce qu'à l'époque, la seule façon de réaliser une telle chose, c'était à coups d'armes nucléaires tactiques. Les capteurs embarqués sur les avions de même que les MDC n'avaient pas la discrétion et la précision suffisante pour développer des solutions de tir pour armes conventionnelles. Parce que ça devait se faire à longue portée, car là il s'agissait de détruire des cibles fixes (ou mobile dans une mesure toute relative) qui elles-même portent très loin.

Typiquement, les B-2 devaient opérer ce genre de missions, en détectant les sites SAM de S-300 et S-400 approximativement (de toute manière ces systèmes "mobiles" se déplacent en convois poids-lourds et s'étendent sur plusieurs centaines de m² une fois installés) et en les atomisant à coups de charges tactiques pour laisser le champs libre aux B-52, B-1 et FB-111.

Avec la fin de la Guerre Froide, la mission DEAD a plus ou moins disparu des manuels, et la plupart des analystes focalisent leur attention sur le SEAD.

En réalité, il faut bien voir que les choses ont profondément changé. Loin de voir une victoire de la doctrine SEAD sur le DEAD, on est en réalité en train de constater une fusion des deux missions, ou plutôt un syncrétisme qui voit le SEAD incorporer de plus en plus d'éléments DEAD.

Aujourd'hui, on est tout à fait capable de faire du DEAD dans la pratique avec des avions et des armements purement tactiques et conventionnels. Cela tient à deux éléments principaux: un technique, un autre tactique:

Techniquement, une patrouille d'appareils type Rafale peut, de manière autonome ou conjointement à d'autres moyens (avions SIGINT/ELINT, drônes, satellites etc.), détecter de manière approximative l'emplacement des sites de DA ennemis, avec une précision toutefois suffisante pour y déployer des armements guidés de précision.

Des armements qui, contrairement à ceux de la Guerre Froide, sont ou seront capables comme Rom_Un l'a souligné, de repérer et reconnaître la cible dans la zone désignée pour se guider dessus de manière autonome. Des armements qui, contrairement à ceux de la Guerre Froide, possèdent une discrétion et/ou une mobilité leur offrant plus de chance d'atteindre la cible sans se faire descendre eux-même.

Tactiquement ensuite, il faut reconnaître que le DEAD n'a plus la même utilité. Il s'agit de moins en moins de détruire des sites très longue portée très protégés, mais plutôt de s'attaquer à des sites moyenne-portée avec une auto-défense de moindre qualité (relativement au niveau technologique de chaque époque concernée évidemment).

On ne parle pas ici de détruire les défense aériennes de la Chine ou de la Russie (nul doute que pour se type de guerre "totale" on ressorte les bons vieux schémas nucléaires) mais de détruire celles de pays plus modestes. En Libye dans les années 80, en Yougoslavie dans les années 90, en Irak en 91, on se contentait de SEAD, de forcer les radars adverses à s'éteindre pour laisser passer les raids.

En Irak en 2003, mais plus encore en Libye en 2011, on est passé à une autre échelle: la technologie nous offrait les moyens de détruire physiquement ce qu'on se contentait de désactiver quelques années plus tôt.

Autrement dit, on est aujourd'hui capable d'appliquer certains des principes tactiques du DEAD aux missions SEAD. Et, très franchement, pourquoi s'en priver.

Or, à ce petit jeu là, le couple Rafale/AASM bénéficie d'un avantage indéniable.

Le Kosovo l'avait démontré: les missiles types HARM et ALARM employés dans un but de destruction des sites de défense adverse présentent un taux de réussite plus que hasardeux.

Ils sont faciles à brouillés, leur profil de vol et leur faible capacité de détection angulaire rend la destruction d'un site qui viendrait de s'éteindre pendant le vol du missile très aléatoire, mais surtout ils sont, sur le long terme, très inefficace de par leur principe de fonctionnement même.

Visant les radars émetteurs à très grande vitesse, même la future génération de missiles AR souffrira d'un défaut majeur dès lors qu'il s'agit de détruire la défense adverse (et non de la supprimer): ils visent l'antenne.

Or, il suffit de placer l'antenne d'un site SAM à quelques centaines ou milliers de mètres des lanceurs et des stocks de missiles (sans parler du poste de commandement) pour protéger le reste du site et, pour peu que l'on ait quelques antennes en rabe, le potentiel martial du site SAM en question.

Avec ce type de missiles, on restera TOUJOURS dans une optique SEAD, qui demandera un raid supplémentaire chargé de SDB ou de JDAM pour finir de réduire en cendres l'ensemble du site SAM. Le futur AARGM intégrera un autodirecteur radar actif, mais sa charge restera toujours trop limitée pour attaquer autre chose que le véhicule de commandement à défaut du radar lui-même.

Dans le contexte américain, cela ne présente pas vraiment de problèmes.

Ils disposent d'appareils spécialisés pour le SEAD, et d'un nombre conséquent d'appareils tactiques et surtout stratégiques conventionnels. Sans parler des munitions, surtout les munitions.

Avec une patrouille de Growler ouvrant la route pour détecter les différents sites SAM, détruire leurs antennes ou les empêcher d'émettre, et une paire de B-1B emportant un total de plus de 280 SDB ou une centaine de GBU-54 (ou même une série de frappes de Tomahawk depuis un navire au large), on se rapproche plus du terrassement que de la frappe tactique.

Dans un contexte européen, c'est beaucoup beaucoup plus délicat. Les pays Européens n'ont pas les moyens de faire les deux: soit on ouvre un corridor pour les chasseurs-bombardiers via des tirs de ALARM/HARM, soit on détruit physiquement les sites SAM lors du passage même des chasseurs bombardiers.

Et c'est là que le couple AASM/Rafale tire vraiment son épingle du jeu.

Un raid de 6 Rafale transportera 36 AASM, et il pourra en faire ce qu'il veut, tactiquement.

C'est d'ailleurs très précisément ce qui s'est passé en Libye, alors même que nos pilotes n'avaient pas reçu spécifiquement de formation SEAD.

Le fait est que si une patrouille de Rafale rencontre sur son chemin un site SAM de courte ou moyenne portée, il pourra de manière autonome lui balancer quelques AASM sur le coin de la figure pour le faire taire ou même, quand la fusion des capteurs le permet (ça a été le cas plus d'une fois), le détruire.

A terme, une version AR de l'AASM, basée sur la version IR avec reconnaissance de cible pourrait viser directement les véhicules lanceurs, les postes de commandement, les stocks de missiles, en plus des radars, sans même que le pilote n'ait à les reconnaître visuellement via l'OSF ou le Damocles.

Le gros avantage repose ici sur le fait que les Rafale travaillent en mode collaboratifs, et que la maniabilité de l'AASM permet des passes de tirs bien plus sécurisées que du temps des seules BGL ou, même, des premières versions du HARM.

Alors bien entendu, tout n'est pas à la portée d'une AASM, même d'une 125kg éventuelle, ni même d'un HARM d'ailleurs.

Quand on affronte un S-300 ou un S-400, en général il n'y a pas vraiment de confrontation directe. On passe soit par des tirs de missiles de croisière furtifs ou navals (Scalp, Storm Shadow, Tomahawk), soit on contourne tout simplement la zone de danger.

Mais le gros avantage de l'AASM sous Rafale, c'est la souplesse du système.

Un Super Hornet doit sacrifier 2 points d'emports pour embarquer 2 HARM.

Dans la pratique, c'est 2 HARM et 3 bombes de 250kg (JDAM, GBU etc.) pour la capacité air-sol (avec 2 réservoirs, un pod et 3 missiles air-air)

Alors oui, s'il tombe sur 2 radars il pourra toujours se frayer un chemin en les détruisant/neutralisant pour ensuite larguer ses 3 bombes.

Et s'il n'en croise pas, bah il aura trimbalé 2 missiles pour rien, sur des points d'emport qui auraient pu servir à emporter autre chose.

Et s'il en croise plus de deux, bah, il pourra pas les traiter seul.

Sur le Rafale, c'est une souplesse tactique maximale: les 6 AASM peuvent servir soit à affronter des sites SAM (avec la possibilité de larguer plus de 2 armes contre ces sites si le besoin s'en fait sentir), soit, si aucun radar de SAM ne s'active, garder les 6 armes pour d'autres cibles.

En terme de préparation de mission, de rentabilisation des moyens mis en oeuvre etc. c'est du pain béni, surtout quand on dispose de moyens plus limités. Pas besoin d'escadrons spécialisés, pas besoin de sacrifier des points d'emport pour des armes défensives plutôt qu'offensives. On peut embarquer la même arme polyvalente sur les mêmes avions polyvalents, et ne pas vraiment se soucier outre mesure de ce qu'on peut ou pas en faire.

Alors bien sûr, l'AASM, même sur Rafale, n'est pas parfait et ne supplante pas le HARM et le futur AARGM contre les sites SAM les plus modernes, les plus réactifs et les plus coriaces. Dans le domaines des SAM de portée intermédiaire étendue notamment, les AARGM conserveront un avantage indéniables, et un patrouille de l'US Navy pourra passer à travers quand une patrouille de la MN devra contourner le problème ou recourir à des moyens plus lourds.

Idem pour les cibles navales ou les cibles les plus mobiles, ou bien les systèmes de DA "artisanaux". La reconnaissance de cibles, c'est très bien pour du Fire & Forget sur des sites connus à l'avance, mais il faut une énorme base de données pour couvrir toutes les cibles d'opportunité. Ce dont s'affranchit un missile type HARM ou AARGM, dans une certaine mesure.

Et j'aimerais bien voir aussi la réactivité du couple AASM/Rafale face à un site qui s'amuserait à s'allumer à l'improviste sous le nez du raid à protéger. Pas sûr qu'on soit plus prompt à presser la détente qu'un AARGM sous F-16CJ pour le coup.

Mais ce sont deux logiques différentes, adaptées à des besoins et des formats de forces différents.

Reste néanmoins que la "logique" française est plus empirique que théorique, justement.

De ce que me disaient les pilotes eux-même, le SEAD sous Rafale s'est quasiment improvisé en Libye (même si le conflit ne nous est pas non plus tombé dessus de nulle part).

Les résultats ont été exceptionnels dans de tels conditions, mais il faut bien voir que SPECTRA servait encore le plus souvent à esquiver une menace plutôt qu'à fournir une solution de tir pour la détruire.

On a posé des bases en Libye, avec un AASM guidé sur coordonnées et des équipages non spécialisés dans le SEAD.

Reste à voir si on se contente de ça où si on cherche vraiment à mettre le paquet, en dotant par exemple l'AASM-IR de capacités de reconnaissance de cibles optimisées pour le SEAD (la conversion d'une grande partie des AASM-IR prévues en AASM-Laser ne plaide pas en ce sens pour l'instant), voire même en développant une AASM-IR de 125kg spécialisée dans ce domaine (bien que toujours polyvalente).

L'AASM a un énorme potentiel, que ce soit en anti-radar ou en anti-navire. Reste qu'il ne faut pas uniquement miser sur la version Laser pour ces missions, car on limitera alors le champs d'action à des cibles de courte portée.

Les principes généraux sont là. Reste à voir ce qu'on en fait.

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