Banzinou Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. olivier lsb Posté(e) le 22 février 2023 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 22 février 2023 il y a une heure, CortoMaltese a dit : Le brief de ce matin du MoD UK pointe quelque chose de très juste : l'incohérence fondamentale du narratif proposé à la nation russe par Poutine, qui leur demande de croire que la Russie est menacée dans son existence et mène une lutte à mort contre des ennemis surpuissants, et en même temps les assure que tout va bien et qu'ils n'ont pas à s'en préoccuper. Et plus la guerre sera dure, plus ce gouffre va s'accentuer, entre perception qu'il faut bien justifier auprès des masses les souffrances, les morts et les sacrifices, et les réflexes primordiaux du Poutinisme, qui a toujours cherché à dépolitiser et démobiliser les masses Un exemple cocasse de cette schizophrénie, c'est la petite campagne de com dans Moscou à l'occasion du discours de Poutine, avec des affiches affirmant que "les frontières de la Russie ne s'arrêtent nul part" Avec une telle campagne de com', on se serait attendu à un discours tout feu tout flamme, appelant à une mobilisation de toute la société, soulignant l'âpreté de la lutte, les difficultés qui justifient que chacun y mette du sien... Et bah non. 1h chiante comme la pluie ou, après avoir annoncé que la Russie se battait contre des nazis pédés qui assemblent des BIOLABS, Poutine n'a jamais cherché à mobiliser vraiment son peuple. Petit point sur la psychologie Russe, avec cette excellente interview du sociologue russe Lev Goudkov. Je pense que ce que tu relèves est pleinement connu et assumé et participe à la désorientation politique des citoyens, condition nécessaire pour un soutien tacite du régime à la guerre en cours. https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/russie-il-n-y-a-pas-de-rejet-de-la-guerre-et-du-pouvoir-c-est-exactement-le-contraire-analyse-un-sociologue-russe_5664440.html Citation franceinfo : Le dernier sondage que vous publiez montre que près de 75% des Russes soutiennent le pouvoir et la guerre en Ukraine. Cette proportion n’a quasiment pas changé depuis le début du conflit. Comment expliquer un tel niveau d’approbation ? Lev Goudkov : Il faut bien comprendre qu’actuellement en Russie, une propagande très démagogique et agressive a été mise en œuvre. Combinée avec une censure presque totale, cela contribue à figer les positionnements. Le seul changement est que, de mois en mois, il devient de plus en plus évident que la guerre va s’éterniser. Aujourd'hui, la plupart des gens pensent que cela durera encore un an ou même plus. Le soutien à la fois à la politique de Poutine et à la guerre en Ukraine est surtout très fort chez les personnes de plus de 50 ans. C’est particulièrement vrai chez les gens pauvres, démunis, peu éduqués et dépendants de l'État. C'est le public-type de la télévision, et, d’ailleurs, dans nos études, ils répètent ce qui se dit à la télévision. Le sentiment anti-guerre est plus répandu chez les jeunes – même s’il n’est pas majoritaire – 38% ne l'approuvent pas. Mais c’est seulement 9% chez les retraités. Ces strates de la population sont donc les plus sensibles aux arguments de la propagande d’État ? La propagande ne crée pas de nouvelles perceptions. Son efficacité est liée au fait qu'elle prend ses racines dans des notions qui se sont formées il y a très longtemps. À l'époque de Staline parfois. Par exemple, la justification de l'invasion de l’Ukraine est construite exactement de la même manière que la justification de la guerre avec la Finlande en 1939. La menace venant de la petite Finlande exigeait d’assurer la sécurité du pays et, par voie de conséquence, de repousser la frontière. On entend les mêmes choses : "le pays est dans un environnement hostile", "le pays est une forteresse assiégée", "cette éternelle russophobie de l'Ouest envers la Russie"… Par conséquent, il est aujourd'hui très difficile de parler d'une quelconque compréhension des objectifs de cette guerre dans la conscience de masse. Les motifs de "dénazification" ou de démilitarisation de l'Ukraine sont passés à l'arrière-plan. Le motif principal aujourd’hui est la guerre contre l'Occident collectif, la menace de l'Occident, de l'Otan, des États-Unis et d'autres. Ces notions consolident le soutien de la population envers le pouvoir ? Oui. C’est ce qui me frappe le plus. Je pensais que la réaction à la guerre serait beaucoup plus négative. Au moins par souci d’auto-préservation dans un contexte d’inflation, de baisse des revenus réels, de peur du chômage et alors que certaines pénuries apparaissent. La détérioration de la situation matérielle des Russes était censée créer une réaction de rejet de la guerre et du pouvoir. Or, c’est exactement le contraire qui se produit. Les mécanismes internes d'accord conformiste avec les autorités fonctionnent même indépendamment de la propagande, simplement pour soulager l'inconfort psychologique que représente la situation. 270 médias, parmi les plus populaires, ont été bloqués. Et même s’il est possible de contourner ces blocages grâce aux VPN [réseaux privés virtuels, qui "anonymisent" les connexions], la grande majorité des gens ne le font pas et ne le veulent pas. Ils essaient de rester dans un positionnement psychologiquement confortable du type : "je ne sais rien, ne me dites pas de choses désagréables". On peut dire que c’est une forme de protection. Une distanciation par rapport aux événements. Il y a clairement chez ces personnes une incapacité à évaluer les choses d’un point de vue moral, une absence d’empathie pour les Ukrainiens, et cela s’exprime par ce refus de toute interprétation alternative des événements. 2 3 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Berezech Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 il y a 24 minutes, Alexis a dit : - au passage, il existe une évaluation rapportée par Anna Colin Lebedev comme quoi ils seraient en fait 500 000 - "On en a vu 100 à 130 000 sur le front". Les autres sont ailleurs. Encore en formation plus poussée / spécialisée ? En réserve ? Prêts à servir une offensive majeure qui serait dévoilée dans les prochains jours / semaines ? Mystère ... Attention, Lebedev précise que c'est surtout parce que la mobilisation s'est faite "au filet de pêche à petite maille", c'est à dire qu'ils ont incorporé 500 000 types, puis ont relâché postérieurement une partie de ces mobilisés (mauvaise condition physique, maladies, travailleurs hautement qualifiés de l'industrie, protégés etc ...). Dans les faits le nombre de mobiks de la 1ere vague est inférieur. Pour moi une partie a été jeté immédiatement au front, une autre a servi dans le hachoir du Donbass pour l'offensive d'hiver, et une dernière fraction est toujours dans la réserve (mais elle alimente la consommation "ordinaire" de l'armée russe, et cette consommation n'est pas économe). Un des enjeux actuel est la "durée" de cette réserve pour simplement pouvoir continuer la guerre dans les mois qui viennent. Cela dit la Russie a aussi d'autres sources de soldats : des volontaires (il y en a), les féodalités (PMC & troupes régionales telles que les BARS ou les Tchétchènes), et la "mobilisation à bas bruit" d'employés d'Etat ou de certaines catégories peu susceptibles de résister (par ex : On peut supposer de toute façon que les russes cesseront les opérations offensives avant d'avoir mis hors de combat leurs réserves stratégiques en homme. Une 2e mobilisation est inévitable si le conflit dure. A mon avis avant la fin du printemps, peut être plus si les pertes russes sont moins graves que mes estimations (c'est possible). 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Banzinou Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 (modifié) Gyurza-M, numéro inconnu, Kiev, janvier 2023 Source @arte Modifié le 22 février 2023 par Banzinou Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 22 février 2023 Auteur Share Posté(e) le 22 février 2023 il y a 4 minutes, Berezech a dit : Pour moi une partie a été jeté immédiatement au front, une autre a servi dans le hachoir du Donbass pour l'offensive d'hiver, et une dernière fraction est toujours dans la réserve (mais elle alimente la consommation "ordinaire" de l'armée russe, et cette consommation n'est pas économe). Avec l'hypothèse qu'il y a eu effectivement 300 000 mobilisés et pas davantage, et l'information du général Dutartre sur le nombre de ceux qui ont été vus sur le front... il y aurait donc 170 000 à 200 000 mobilisés maintenus en réserve, pour la seule "consommation ordinaire" ? Ca me paraît beaucoup. Si on se réfère à l'estimation "crédible" la plus lourde des pertes russes celle rapportée par les autorités norvégiennes à 180 000 tués + blessés + disparus en janvier donc sur 11 mois, soit une moyenne de 17 000 par mois, dont une partie sera récupérable (les blessés les plus légers revenant au combat après quelques semaines ou mois)... la réserve de 170-200 k mobilisés permettrait de poursuivre les opérations en "rythme moyen" pendant 1 à 2 ans (suivant que 10% à 50% des pertes peuvent être "récupérées" après guérison) C'est possible, mais alors pourquoi avoir préparé une réserve pour si longtemps, alors que ces troupes devront bien être payées dans l'intervalle ? Il aurait été plus simple de faire une mobilisation plus petite, quitte à en faire une deuxième 6 mois / 1 an plus tard. Je pense plus probable qu'une offensive plus lourde soit en préparation (du côté de Soumy / Kharkiv peut-être ?) il y a 4 minutes, Berezech a dit : On peut supposer de toute façon que les russes cesseront les opérations offensives avant d'avoir mis hors de combat leurs réserves stratégiques en homme. Une 2e mobilisation est inévitable si le conflit dure. A mon avis avant la fin du printemps, peut être plus si les pertes russes sont moins graves que mes estimations (c'est possible). Inévitable oui, mais avant la fin du printemps seulement si 1) il y a bien offensive plus lourde dans les semaines à venir comme je le suppose 2) cette offensive échoue Sinon, si le plan est simplement de "durer", la réserve créée par la première mobilisation devrait durer au moins 1 an. Donc une nouvelle mobilisation à l'automne au plus tôt, afin de disposer d'un nouveau contingent formé vers début ou printemps 2024 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Elemorej Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 (modifié) Il faudrait savoir aussi ce que deviennent les conscrits non? Ca fait un apport non négligeable. D'ailleurs ont ils le droit de partir une fois le service fait maintenant? Sans même les envoyer au front on peut facilement imaginer les voire tenir le reste des frontières histoire de vraiment récupérer tous les professionnels disponibles. Modifié le 22 février 2023 par Elemorej Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Akhilleus Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 il y a 51 minutes, olivier lsb a dit : Petit point sur la psychologie Russe, avec cette excellente interview du sociologue russe Lev Goudkov. Je pense que ce que tu relèves est pleinement connu et assumé et participe à la désorientation politique des citoyens, condition nécessaire pour un soutien tacite du régime à la guerre en cours. https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/russie-il-n-y-a-pas-de-rejet-de-la-guerre-et-du-pouvoir-c-est-exactement-le-contraire-analyse-un-sociologue-russe_5664440.html Merci Il était utile de rappeler que le modus operandi de la propagande russe est différent de ce que l'on pourrait faire dans nos sociétés occidentales parceque le public n'est pas le même. En ce sens, la remarque de @CortoMaltese tirée d'un digest du MOD britannique est nulle et non avenue. Il n'y a pas de dissociation psychologique liée au discours. Il serait encore une fois utile de faire du profiling fin de la psychée russe avant de tirer des conclusions Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Banzinou Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 Forcément, certains en profitent Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Banzinou Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 article de libération sur Hostomel avec deux témoignages, si quelqu'un à accès à l'article entier... https://www.liberation.fr/checknews/hostomel-24-fevrier-2022-la-bataille-ou-sest-brise-le-plan-de-poutine-20230222_FHTLTKK4RBGGRLF3V4HAX2FSIY/ Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
KPLX Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 (modifié) Je reviens sur l'histoire des Storm Shadow potentiellement livrés par les Brits. Certains commentateurs estiment que ce missile est suffisamment autonome, programmé au sol et ne nécessite que très peu d'interactions avec le pilote de l'avion porteur, pour qu'il soit relativement simplement installé sur des avions ukrainiens d'origine russes (Su 24 ou Su 27). https://www.forbes.com/sites/davidaxe/2023/02/20/ukraine-should-have-no-problem-arming-its-old-soviet-jets-with-new-british-cruise-missiles/?sh=56df36165541 Si tel est le cas, les choses pourraient aller assez vite sur ce point. 250 km, ça met un paquet de point stratégiques russes à portée. Modifié le 22 février 2023 par KPLX 1 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. pascal Posté(e) le 22 février 2023 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 22 février 2023 il y a 30 minutes, KPLX a dit : Certains commentateurs estiment que ce missile est suffisamment autonome, programmé au sol Je n'en suis absolument pas persuadé pour au moins une raison, il faut que le système nav/attaque de l'avion puisse dialoguer avec le missile, ne serait-ce que pour lui donner ses position et altitude exactes avant largage. Tant que le missile est sous l'avion c'est l'avion qui alimente la centrale inertielle du missile. Après ce dernier se débrouille mais avant le tir il faut que l'avion le renseigne sur les coordonnées du lancement afin que la centrale inertielle du missile calcule la course au but de ce dernier. 4 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 12 minutes ago, pascal said: Je n'en suis absolument pas persuadé pour au moins une raison, il faut que le système nav/attaque de l'avion puisse dialoguer avec le missile, ne serait-ce que pour lui donner ses position et altitude exactes avant largage. Tant que le missile est sous l'avion c'est l'avion qui alimente la centrale inertielle du missile. Après ce dernier se débrouille mais avant le tir il faut que l'avion le renseigne sur les coordonnées du lancement afin que la centrale inertielle du missile calcule la course au but de ce dernier. Pas besoin de dialogue avion missile, le missile récupérera son calage en vol via GPS puis DSMAC et TERCOM ... C'est forcément un mode dégradé existant rien ne garantissant que le tireur que le tireur est un calage propre depuis GPS/INS au moment du tir. Il suffit de programmer un RP suffisamment indicatif et de s'y tenir pour que le missile n'ait pas trop besoin de corriger son itinéraire au début du vol. Les missile de croisière est conçu pour fonctionner de manière totalement autonome sans GPS ou quoique ce soit il faut juste renseigner l'itinéraire... Et le larguer au point de départ de l'itinéraire dans la bonne direction. 1 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Métal_Hurlant Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 Un Milan en action à Bakhmut 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Métal_Hurlant Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 Misère... https://www.lemonde.fr/international/live/2023/02/22/guerre-en-ukraine-en-direct-posez-nos-vos-questions-sur-les-consequences-geopolitiques-du-conflit_6162799_3210.html L’Espagne va donner à l’Ukraine six chars Leopard « L’Espagne est en train de réparer un peloton » de six chars Leopard 2A4 « pour les mettre à niveau et les intégrer [à l’envoi] des autres pays » occidentaux à l’Ukraine, a déclaré Margarita Robles, la ministre de la défense au Congrès des députés, sans donner de précisions sur le calendrier de cet envoi. Elle a, par ailleurs, assuré que Madrid pourrait réparer d’autres chars de ce type afin de les envoyer à l’Ukraine « si cela était nécessaire » et si « nos alliés nous le demandaient ». Stockés dans une base militaire à Saragosse, certains des Leopard 2A4 de l’armée espagnole « n’étaient plus utilisables car ils n’ont pas été réparés depuis 1990 », a souligné la ministre qui avait évoqué par le passé l’état « lamentable » de certains de ces Leopard. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
fjojo032 Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 il y a 5 minutes, Métal_Hurlant a dit : Misère... https://www.lemonde.fr/international/live/2023/02/22/guerre-en-ukraine-en-direct-posez-nos-vos-questions-sur-les-consequences-geopolitiques-du-conflit_6162799_3210.html L’Espagne va donner à l’Ukraine six chars Leopard « L’Espagne est en train de réparer un peloton » de six chars Leopard 2A4 « pour les mettre à niveau et les intégrer [à l’envoi] des autres pays » occidentaux à l’Ukraine, a déclaré Margarita Robles, la ministre de la défense au Congrès des députés, sans donner de précisions sur le calendrier de cet envoi. Elle a, par ailleurs, assuré que Madrid pourrait réparer d’autres chars de ce type afin de les envoyer à l’Ukraine « si cela était nécessaire » et si « nos alliés nous le demandaient ». Stockés dans une base militaire à Saragosse, certains des Leopard 2A4 de l’armée espagnole « n’étaient plus utilisables car ils n’ont pas été réparés depuis 1990 », a souligné la ministre qui avait évoqué par le passé l’état « lamentable » de certains de ces Leopard. Logique, une grosse partie des 2A4 n'étaient plus utilisés, les unités n'étant pratiquement plus équipé que de 2A6 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
metkow Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 en lisant tous les commentaires sur la réserve en troupe de la russie et aussi l'excellent post sur la production de chars, je me demande si la stratégie des russes n'est pas d'épuiser le potentiel de combat des ukrainiens sur le moyen terme (4-6 mois) par les incessantes offonsives localisées avant de commencer une grande offensive avec les 100k ou 150k mobilisés qui n'ont pas été encore engagés, dans le but de provoquer un effondrement de l'armée ukrainienne. a moins que les états-unis n'ouvrent les vannes en grand, il n y'a plus grand-chose a donner aux ukrainiens en terme de moyens lourds dans les autres pays. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. FATac Posté(e) le 22 février 2023 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 22 février 2023 Il y a 1 heure, Banzinou a dit : si quelqu'un à accès à l'article entier... Oui, pour le texte seul, sans les liens ni les photos. Et en plusieurs fois parce que c'est long... 1/6 Révélation Libération (site web) CheckNews, mercredi 22 février 2023 3815 mots Hostomel, 24 février 2022 : la bataille qui a changé le cours de la guerre en Ukraine, racontée de l'intérieur Alexandre Horn Aux premiers jours de l'invasion, la Russie a misé sur l'attaque d'un aéroport près de Kyiv, censé servir de tête de pont à une prise rapide de la capitale, qui aurait tout changé. «Libération» a retrouvé deux acteurs de cette bataille cruciale, où la blitzkrieg russe s'est brisée. C'est une bataille décisive qui, dès les premières heures, a changé le cours de la guerre. Trois jours de combats rapprochés qui ont tué dans l'oeuf le rêve russe d'une invasion éclair. 24 février 2022, 4h15 heure locale : les troupes de Moscou, massées depuis des mois autour de l'Ukraine, franchissent les frontières du pays. Des missiles s'abattent sur les défenses antiaériennes. Mais le plus important se joue ailleurs : en début d'après-midi, à plusieurs dizaines de kilomètres de Kyiv, des volées d'hélicoptères russes, dont les images saturent les chaînes télés du monde entier, rasent les eaux du Dniepr. Bondés de troupes de choc - des parachutistes d'élites de l'armée russe -, ces aéronefs volent à toute vitesse vers l'aérodrome d'Hostomel. L'objectif russe est simple : capturer cette piste d'atterrissage qui doit permettre d'acheminer, dès la nuit du 24 au 25 février, des avions-cargos depuis la Biélorussie. Des aéronefs IL-76 contenant, d'après les plans russes, assez d'hommes et de blindés pour prendre la capitale ukrainienne en quelques jours. Le pari de Moscou ? Jouer la fulgurance. Décapiter le pouvoir ukrainien avant que les renforts n'arrivent du Donbass. Et que la communauté internationale ne puisse réagir. Une course contre la montre que l'état-major ukrainien comprend rapidement, jetant toutes ses forces disponibles dans cet affrontement. L'issue de cette bataille sera scellée durant les premiers jours du conflit. Elle recèle pourtant, aujourd'hui encore, ses zones d'ombre, ses récits contradictoires, sa part d'incertitudes propre aux théâtres d'opérations. CheckNews a interrogé des experts, retrouvé des soldats ayant pris part au combat, rassemblé des images, pour raconter ces quelques dizaines d'heures où Moscou a perdu son pari. Et peut-être sa guerre. 2 10 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
FATac Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 2/6 Révélation Reconstituer l'assaut lancé par Moscou Avant d'être le nom d'une bataille, Hostomel est une ville d'à peine 17 000 habitants, située dans la périphérie nord-ouest de Kyiv. Une banlieue résidentielle qui jouxte Irpin et Boutcha, deux villes qui renvoient depuis à des massacres . L'endroit abrite l'un des trois aéroports de la région, habituellement réservé à des vols de fret et au constructeur aéronautique ukrainien Antonov, qui y a établi son siège. Ce site stratégique n'est pas une base militaire. Au moment de l'invasion, une centaine d'hommes de la garde nationale ukrainienne (équivalent de la gendarmerie), accompagnés d'un faible nombre de défenses antiaériennes, y sont affectés. La majorité des forces ukrainiennes sont déployées dans le Donbass, où le renseignement de Kyiv s'attend à affronter le gros de l'offensive. Sans soupçonner, malgré les avertissements de Washington , la percée éclair que tentera Moscou vers la capitale ukrainienne. C'est donc cet aérodrome que l'état-major russe décide de cibler pour tenter de prendre l'Ukraine de vitesse, et de capturer Kyiv en quelques jours. Yohann Michel, chercheur à l'International Institute for Strategic Studies (IISS), souligne qu'à l'époque, «la plupart des analystes pensaient que les troupes russes [amassées au nord, à la frontière biélorusse] n'étaient pas suffisantes pour prendre Kiev, et que ces hommes n'étaient probablement pas assez formés pour ce qui aurait été un combat urbain difficile et long dans l'une des plus grandes villes d'Europe. [...] Il aurait fallu que toutes les troupes russes soient concentrées sur cet assaut, et encore. [...] Une capture éclair de Kiev était en réalité la seule chose qui était réalisable pour eux». L'objectif n'est pas seulement militaire. Vladimir Poutine compte prendre la capitale par surprise, exécuter les dirigeants ainsi que l'élite ukrainienne (listée dans des documents des services de renseignement russes) , avant de mettre en place un gouvernement fantoche. Ce plan, que les chercheurs interrogés décrivent, a minima, comme «optimiste» quant à ses chances de réussite, et décorrélé des réalités du terrain sur certains de ses aspects, consiste donc en une opération choc censée paralyser la résistance ukrainienne, et permettre un basculement vers une simple contre-insurrection en moins de dix jours. Un an après, de nombreuses vidéos permettent de reconstituer l'assaut aéroporté lancé par Moscou. Des caméras, accrochées aux casques de plusieurs parachutistes suréquipés , ont enregistré les préparatifs des troupes russes dans les bases biélorusses, puis le trajet au-dessus des forêts du nord de l'Ukraine. Plus loin, autour du réservoir d'eau du nord de Kyiv, des soldats et civils ukrainiens ont filmé les vols des dizaines d'hélicoptères filant depuis la rive Est en direction des pistes d'Hostomel. Les traînées étincelantes qui jaillissent continuellement des appareils russes d'attaque ou de transport sont des leurres. Des signatures thermiques qui cherchent à tromper les missiles antiaériens. Parfois sans succès : plusieurs hélicoptères russes sont ainsi abattus au-dessus du Dniepr, avant même d'arriver à Hostomel. Retour ensuite aux images russes, qui montrent chaque instant du débarquement de ces centaines de VDV (acronyme russe utilisé pour désigner les parachutistes de Moscou) sur le tarmac d'Hostomel. La majeure partie de la force d'attaque russe, la renommée 45e brigade Spetsnaz, réussit à atteindre l'aéroport, en perdant néanmoins plusieurs hélicoptères autour du site. L'un des hommes dont on suit le trajet dans une vidéo fait vraisemblablement partie de la deuxième ou de la troisième vague d'assaut, nombre de ses camarades étant déjà éparpillés sur l'aéroport. On entend assez peu d'échanges de tirs en dehors de ceux filmés, et les cibles que les soldats engagent ne sont pas visibles. Ce qui est cohérent avec les témoignages ukrainiens publiés dans la presse, selon lesquels les troupes de la garde nationale ukrainienne se seraient alors retirées sans subir de lourdes pertes. Les Russes prennent possession des bâtiments, consolident leurs positions, notamment avec des lanceurs antichars Kornet ou des mortiers. Face à la caméra, l'un des soldats de Moscou attache ensuite un drapeau russe (3'13) sur le toit de la tour de contrôle, alors qu'une explosion retentit. L'image des couleurs russes hissées au-dessus de l'aéroport fera la joie du ministère de la Défense russe, ainsi que des nombreux milblogueurs pro-Kremlin (une galaxie d'influenceurs militaires qui oscillent du commentaire à l'analyse). La séquence est aussi photogénique que symbolique de la victoire éclair à laquelle aspire Moscou. Elle cadre mal, cependant, avec l'incertitude qui va régner à Hostomel le reste de la journée. 1 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. FATac Posté(e) le 22 février 2023 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 22 février 2023 3/6 Révélation «Notre mission était de ne pas les laisser atterrir» C'est ce que montre notamment une séquence de quelques minutes tournée par une équipe de CNN et diffusée en direct à 16 heures, heure de Kyiv. Le reporter de la chaîne américaine vient d'arriver à l'entrée de l'aéroport. Informé par une source ukrainienne que le lieu aurait été repris aux envahisseurs (ce qui est également rapporté dans un autre témoignage de soldat ukrainien publié depuis, et par les ordres initialement transmis à certaines unités ukrainiennes), il pense avoir trouvé des troupes ukrainiennes quand il rencontre des hommes en armes le long de l'enceinte du site. Dans plusieurs interviews données a posteriori , il explique qu'il s'adresse au gradé de l'unité en question pour lui demander où sont les forces russes. Ce à quoi l'homme aurait répondu, interloqué : «Nous sommes les Russes.» Alors que le journaliste commence son direct, on aperçoit plusieurs soldats du Kremlin postés sur la rue Avtorodozhnya, armés d'un lanceur de missiles antichar Kornet, et accompagnés d'un tireur d'élite. Tous scrutent vers l'est, en direction de Kyiv. Quelques secondes plus tard, devant l'objectif de CNN, les Russes ouvrent le feu. "A very dramatic outburst.";;CNN's @mchancecnn describes the intense firefight he witnessed at an airport outside Ukraine's capital, Kyiv. pic.twitter.com/v2I2ULOVEO — CNN (@CNN) February 24, 2022 Deux heures après la séquence de la chaîne américaine, les troupes russes, que le commandement ukrainien pense avoir dispersées en début d'après-midi, occupent toujours l'aérodrome. Et sont même en train d'y établir un périmètre de sécurité. Il est 18 heures. A une centaine de kilomètres à l'ouest de Kyiv, les parachutistes de la 79e brigade d'assaut aéroportée ukrainienne s'équipent pour monter dans trois hélicoptères ukrainiens, qui patientent sur un tarmac près de Jytomyr. Quarante-deux combattants (autant que leurs appareils peuvent en contenir) se sont portés volontaires pour être déposés à proximité d'Hostomel. Parmi eux, le lieutenant supérieur Anatoly Kharchenko. Instituteur de 44 ans, il est engagé dans l'armée depuis 2014. Il raconte : «A ce moment-là, nous savions que 18 avions-cargos IL-76 russes étaient en route avec des troupes d'assaut et des blindés pour la prise de Kyiv. Notre mission était de ne pas les laisser atterrir.» Sous le maigre convoi aérien, les routes qui permettent de quitter la capitale assiégée sont bondées. Les chefs de groupes, dont Kharchenko, motivent leurs troupes. «J'avais la rage. [...] Plus rien n'avait d'importance, j'avais une rage froide, juste l'envie de tous les tuer. Il y avait un objectif clair, il était enfin possible d'agir.» Anatoly Kharchenko réalise que son unité ne dispose que d'informations parcellaires sur cette mission planifiée à la hâte. «Quand on nous a donné les objectifs, nous savions que c'était un aller sans retour.» Peu après 21 heures, les appareils ukrainiens touchent le sol d'Hostomel, à trois kilomètres au sud-ouest de l'aérodrome. Des tirs de mortiers accueillent aussitôt la descente des parachutistes de leurs hélicoptères, signant d'emblée l'échec du plan initial - une attaque furtive. Mais les soldats de la 79e n'en démordent pas, et se mettent aussitôt en route vers leur objectif. Les obus tombent autour d'eux. Soucieux d'accélérer l'attaque, Kharchenko, chef adjoint de l'opération, prend alors le commandement du groupe de tête : «Les soldats contre lesquels on se battait [à Hostomel] étaient des professionnels, des forces spéciales russes, contrairement à ceux que l'on peut croiser aujourd'hui. Leurs tirs de mortier étaient précis. Et bien sûr qu'ils devaient comprendre ce qu'il se passait quand trois hélicos se sont posés dans le champ d'à côté. Ce qui veut dire qu'il ne nous restait plus qu'une alternative : la vitesse.» Séparés en trois groupes, les parachutistes sont équipés de lance-roquettes RPG et d'un équivalent antiaérien, un Igla, pour tenter d'abattre les avions qui essaieraient, ou pire, réussiraient à se poser sur l'aérodrome. Pour le reste, tout manque. Anatoly est obligé de garder à côté de lui le seul soldat de son groupe qui dispose d'un appareil de vision nocturne, celui qu'il appelle «ses yeux». L'absence de moyens de communication (6 appareils seulement) les oblige à ne pas trop s'éloigner, quand ils ne doivent pas carrément utiliser leurs téléphones pour échanger avec d'autres unités sur des applications sécurisées. 1 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. FATac Posté(e) le 22 février 2023 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 22 février 2023 4/6 Révélation «C'était comme un stand de tir» Après avoir déposé du matériel en centre-ville, et posté l'opérateur du lanceur Igla dans une position avancée, l'unité de parachutistes atteint finalement l'enceinte de l'aérodrome, au sud-ouest de la piste. Mais en arrivant, les soldats découvrent un fossé et un mur surmonté de barbelés qui n'étaient signalés ni dans leurs ordres de missions ni sur leurs cartes. Un obstacle supplémentaire, alors qu'un drone russe prend son envol au-dessus d'eux, figeant les hommes de Kharchenko, qui leur intime «d'avancer au plus vite» : «Parce qu'il nous fallait traverser très rapidement.» Anatoly Kharchenko, seul à détenir une pince, entreprend de couper plusieurs barbelés, le plus discrètement possible. Les VDV russes, dont il a entrevu quatre à cinq groupes de l'autre côté du mur, finissent par jeter une première grenade. «J'ai compris qu'ils savaient [où nous étions], et que le temps jouait encore et toujours contre nous. Parce que maintenant, ils allaient partager l'info et nous allumer. Donc j'ai donné l'ordre d'y aller.» Le lieutenant réussit à faire passer cinq de ses soldats avant que les Russes ouvrent le feu : «Quand je me suis baissé [pour permettre à un autre soldat de passer], il y eut une sorte d'éclair devant mes yeux. Au début, j'ai cru que le gars qui était en train de monter sur mon dos avait appuyé sur sa gâchette [par erreur]. Et puis j'ai vu des encoches, des trous dans le mur. J'ai réalisé qu'ils étaient en train de tirer sur nous avec des munitions perforantes.» CheckNews a retrouvé un témoignage de VDV russe publié sur la page VKontact d'une communauté de soldats et de vétérans russes, qui décrit cette même scène, vécue de l'autre côté du mur. Un document difficilement vérifiable qui comporte assurément des omissions. Mais interrogé à son sujet, Kharchenko trouve plusieurs éléments cohérents avec les événements qu'il a vécus. Le parachutiste de Moscou raconte en miroir : «Nous avions pour mission d'inspecter le bâtiment et de prendre des positions défensives le long de la clôture. [...] A la tombée de la nuit, [...] tout le monde était prêt. Les méchants [les Ukrainiens, ndlr] n'ont pas perdu de temps non plus et ont fait quelques préparatifs pour passer à l'offensive. Ils avaient [...] coupé le fil barbelé à environ 150 mètres de notre position. Pour une raison quelconque, ils ont lancé une fusée juste à l'endroit où ils sont passés. Ils pensaient allumer les veilleuses, mais ça nous a permis de mieux les voir.» Le lieutenant Kharchenko souligne que cette fusée éclairante a bien été tirée par les Russes, ses forces n'en disposant pas, et attribue cette confusion à un manque de communication entre les VDV. Peu importe qui a allumé le ciel. Le soldat russe raconte : «C'était comme un stand de tir. Vous vous asseyez dans un confortable terrier et vous tirez sur des cibles.» Ces cibles - les soldats de Kharchenko - sont bloquées de l'autre côté du mur, clouées au sol par le feu nourri des VDV. Les parachutistes ukrainiens tentent de riposter. Mais des grenades blessent gravement trois des hommes acculés derrière le mur d'enceinte, avec les Russes. Les Ukrainiens s'évertuent à creuser un tunnel sous l'obstacle pour tenter de les en extraire. Au même moment, dans le reste de l'aérodrome, d'autres unités ukrainiennes cherchent à percer les lignes russes. Mais la 80e brigade, qui attaquait par le nord et tentait une diversion, annonce après dix minutes de combat qu'elle se retire après avoir subi des pertes, comme les forces spéciales ukrainiennes avant elle. Kharchenko est également touché par un éclat à la jambe, qui saigne et se met à gonfler. «Et tout cela se passait en même temps. Les cris [des blessés] de l'autre côté de la clôture, qui affectait nos gars, Zeus [son supérieur] qui court et crie, moi qui essaye de ne pas lui montrer qu'il y a quelque chose qui ne va pas [avec ma cuisse]. [...] Tout ce bordel arrive d'un coup.» 1 4 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. FATac Posté(e) le 22 février 2023 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 22 février 2023 5/6 Révélation «Canons d'école et artilleurs en formation» Une autre unité qui devait leur prêter main-forte, la 72e brigade d'assaut mécanisée, rate un croisement dans le centre d'Hostomel après un problème de communication, et arrive en plein sur un checkpoint russe. Elle aussi annonce des pertes, et signale un repli. Les parachutistes d'Anatoly Kharchenko sont parmi les derniers à rester sur la ligne de contact. Pour essayer de sauver leurs camarades bloqués derrière le mur, mais aussi pour diriger les tirs d'artillerie des deux brigades que Kyiv a réussi à constituer durant les premières heures de l'invasion. «Tout le matériel avait été envoyé au front dans le Donbass, se souvient Kharchenko. Lorsque j'ai demandé [à l'artillerie] de corriger les tirs de plus de 50 mètres et ensuite plus loin de 20 mètres, un lieutenant-colonel m'a rétorqué : «Mais qu'est-ce que tu me veux ? Je n'ai que des obus différents avec des trajectoires qui varient, et mes canons sont défoncés.» [...] Et pour cause : durant ces premiers jours, le matériel disponible pour défendre Kyiv était le matériel normalement utilisé pour la formation et l'entraînement.» Un pilonnage que le parachutiste russe rapportera en ces termes : «L'artillerie grondait toute la nuit.» Cette solution de fortune adoptée par le commandement ukrainien pour massifier son artillerie a en effet permis aux locaux de renforcer leur avantage, comme le rappelle l'analyste Vincent Tourret, doctorant à l'université du Québec à Montréal et spécialiste de la doctrine militaire russe : «Dans l'urgence de la bataille de Kyiv, il fallait que les Ukrainiens mobilisent tout ce qu'ils pouvaient, y compris les canons d'école et les artilleurs en formation. C'est ce qui leur a permis de maintenir une pression continue sur les forces russes, de gêner leur déploiement. [...] Le dispositif russe n'a jamais réussi à pleinement exploiter ses capacités, arrivant au compte-gouttes et de façon désordonnée devant Kyiv. Ce qui fait que même avec une artillerie inférieure, l'Ukraine a réussi à dominer celle des Russes dans la bataille de Kyiv.» Au bout de plusieurs heures, c'est au tour des parachutistes de la 79e de se replier, laissant derrière eux trois de leurs camarades (dont un réussira à survivre miraculeusement, comme le rapporte Kharchenko). «Il m'était déjà arrivé de perdre des amis, mais pas des gens qui étaient sous mon autorité, et encore moins avec des décisions aussi lourdes, comme l'impossibilité de sortir les [corps des] gars. Ça m'a beaucoup frappé moralement.» Son équipe doit continuer sa mission principale : «Nous avons retraversé le fossé et continué à bouger. C'est là que nous avons entendu le bruit de l'aviation. C'étaient bien des avions lourds. Nous sommes des parachutistes, nous savons à quoi ressemble le bruit d'un IL-76, et c'en était bien un.» Si le lieutenant ukrainien insiste, c'est parce que ce point constitue une zone de flou depuis le 24 février : les avions-cargos russes, les IL-76, ont-ils vraiment décollé de Biélorussie vers Hostomel, et approché l'aérodrome ? Même s'il ne l'a pas décelé dans la pénombre, Anatoly est catégorique sur la présence d'au moins un de ces appareils. Et leur mission est de l'empêcher par tous les moyens d'atterrir. C'est en discutant avec son soldat équipé du lanceur antiaérien, affairé à tenter de viser l'avion, qu'il se rend compte que l'objectif est atteint. «Le bruit des moteurs devenait plus fort [car la sortie des réacteurs était maintenant dirigée vers l'escouade], ce qui signifie que l'avion avait fait demi-tour. L'opérateur du lanceur Igla a confirmé qu'il ne pouvait plus détecter la cible. L'objectif numéro 1 était rempli : les IL-76 n'allaient pas se poser à Hostomel.» Et de fait, aucun avion russe ne se posera à Hostomel. Car même si les forces ukrainiennes n'ont pas réussi à reprendre l'aéroport, elles ont maintenu assez de pression sur les VDV russes pour bloquer leur opération, comme l'explique Vincent Tourret : «Avec les tirs d'artillerie ukrainiens et la présence de troupes autour de l'aérodrome, faire atterrir de gros appareils comme des IL-76 aurait été particulièrement risqué. Or cette flotte d'avions-cargos est précieuse pour l'armée russe qui n'en a pas en quantité illimitée. La Russie n'est parvenue à en produire qu'une douzaine en deux décennies. Ils ne peuvent pas les lancer dans la bataille comme des consommables.» Anatoly Kharchenko et son équipe continuent de se battre une partie de la nuit dans la ville. Notamment contre une colonne de tanks arrivés à la hâte pour soutenir les VDV russes, qu'ils ralentissent avec des tirs de RPG. Au petit matin, il finit par atteindre l'hôpital d'Irpin pour soigner sa blessure. 1 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. FATac Posté(e) le 22 février 2023 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 22 février 2023 6/6 Révélation «L'intérêt de la prise de l'aéroport a quasiment disparu» Pendant deux jours, la situation demeure confuse quant au sort de l'aérodrome : les deux camps multiplient les déclarations annonçant en avoir pris ou repris le contrôle. Plusieurs éléments, dont le témoignage du VDV évoqué précédemment, suggèrent que les parachutistes russes en ont été chassés pendant un temps, avant de reprendre le site. Le bilan humain, quant à lui, est difficile à établir. Les deux camps ont subi de lourdes pertes, mais les militaires refusent de s'épancher. Contacté, le commandant de la 72e brigade mécanisée botte en touche : «Toutes les batailles pour Kiev étaient difficiles, même la mort d'une personne, c'est trop.» Kharchenko, de son côté, évoque le décès de l'un de ses «amis, frère et ancien camarade», tué lors d'une mission commando durant ces opérations. Le tireur d'élite, et soldat décoré (qui s'est illustré dans le Donbass depuis 2014), Valeriy Chibiney. Le 26 février, les forces de Moscou arrivées tardivement par les routes du nord viennent renforcer les parachutistes russes, quasiment abandonnés jusque-là. Différentes vidéos diffusées par les forces tchétchènes mettent en scène leur entrée dans les baraquements qui jouxtent l'aérodrome (sur lesquels ils s'empressent de hisser, là aussi, un drapeau russe). Le lendemain, des images satellites prises par Maxar montrent qu'une partie de la gigantesque colonne atteint l'aérodrome. La bataille, pourtant, est perdue. Le site devient rapidement la base avancée de l'attaque russe sur Kyiv, mais il n'a plus aucun intérêt stratégique. Yohann Michel résume : «En réalité, l'utilisation de l'aéroport est alors impossible sans prendre des risques insensés. Il devient donc une tête de pont de troupes russes, mais ne permet pas de ramener rapidement les renforts qui devaient prendre des objectifs sur Kyiv. Ce qui fait qu'à la fin du premier jour et le lendemain, le 25 au soir, l'intérêt de la prise de l'aéroport a quasiment disparu.» Pire encore, Hostomel devient un enfer pour l'armée russe, qui y perd près d'une centaine de véhicules à partir du 27 au soir, comme le montrent différentes images partagées par des milblogeurs russes . Contrairement à ce qu'affirme la propagande de Moscou (qui va jusqu'à ramener blogueurs et équipes de télés à Hostomel pour prouver que tout va bien), le périmètre de l'aérodrome ne sera jamais sanctuarisé par la Russie, qui y perd blindés, véhicules logistiques et hélicoptères dans des frappes dévastatrices. La zone est tellement exposée que les VDV finiront par installer des obusiers directement contre le hangar principal d'Hostomel, démontrant que l'aérodrome reste en réalité la ligne de front. Video of VDV artillery crews with D-30 howitzers at the Antonov Airport in Hostomel from February-March. Notably, they set up an artillery position right next to the An-225 Mriya's hangar. https://t.co/5Y8100vBrQ pic.twitter.com/Sn0ukME1KT — Rob Lee (@RALee85) July 4, 2022 Plus tard en mars, les tentatives russes d'avancées vers Kyiv se succèdent sans succès. Chaque poussée des forces du Kremlin se heurte à la résistance et la combativité ukrainienne. Les troupes d'élites russes sont décimées au fil des semaines, notamment les VDV à Boutcha. Après un ultime assaut raté sur la capitale, les forces de Moscou, se retirent laborieusement d'Hostomel et de toute la région, début avril. La bataille de Kyiv est officiellement perdue pour Moscou. Pour le chercheur de l'IISS, Yohann Michel, «l'échec de l'opération d'Hostomel, combiné aux difficultés des colonnes du Nord, ont rendu impossible la prise de Kyiv : les centres de pouvoir politique et militaire ukrainiens n'ont pas été menacés suffisamment rapidement pour faire fuir les dirigeants, et la défense de la ville a été renforcée par des unités revenues du Sud, ainsi que des civils ukrainiens à qui on a donné des armes». Or selon lui, «à partir du moment où l'armée russe rate [son attaque éclair sur Kyiv], elle est condamnée à entrer dans une guerre pour laquelle elle n'est pas bâtie». Une blitzkrieg ratée dont le monde entier, toujours ébahi, commémore vendredi la première année. Un «plan A» de l'armée russe, probablement le seul, qui s'est effondré dans les flammes d'Hostomel. Cet article est paru dans Libération (site web) 1 5 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
LBP Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 Il y a 4 heures, Banzinou a dit : Ou alors les Ukrainiens attaquent la Transnistrie ? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Scarabé Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 il y a 4 minutes, LBP a dit : Ou alors les Ukrainiens attaquent la Transnistrie ? Ils auraient raison de reduire cette poche russe En plus ils pourraient tester le matos recu en situation de combat 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
FATac Posté(e) le 22 février 2023 Share Posté(e) le 22 février 2023 à l’instant, Scarabé a dit : Ils auraient raison de reduire cette poche russe En plus ils pourraient tester le matos recu en situation de combat Objection votre honneur. Si, sur le fond, c'est un peu ma conviction aussi, par contre sur la forme, c'est bien plus contestable. D'une part, si quelqu'un devait s'occuper de la réduction de cette poche Russe, c'est essentiellement et avant tout la Moldavie qui devrait s'en charger, non ? Et par ailleurs, s'il est important pour l'Ukraine de se défendre d'une éventuelle incursion des troupes (réputées déclassées) russes de Transnistrie, est-il pour autant raisonnable de divertir pour une telle aventure des troupes qui pourraient faire défaut sur le front principal, qui reste quand même l'est du pays, du nord au sud. Enfin, pour Moscou, la Transnistrie n'est pas une région Moldave autonome, mais, depuis que cette volonté a été manifestée en 2014, un candidat déclaré pour rejoindre la Fédération de Russie. Comment le Kremlin réagirait alors à ce qu'il pourrait considérer comme une agression directe sur son territoire putatif. 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Messages recommandés
Créer un compte ou se connecter pour commenter
Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire
Créer un compte
Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !
Créer un nouveau compteSe connecter
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.
Connectez-vous maintenant