olivier lsb Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Vitkine sur la journée d'hier, d'officialisation de l'annexion. Enthousiasme très tempéré, aux antipodes de celle qui avait suivi l'annexion de la Crimée. Discours violemment anti-occidental, coupable de tous les asservissements. Y croit-il lui même ? La question demeure. https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/01/pour-celebrer-l-annexion-de-nouvelles-regions-ukrainiennes-vladimir-poutine-offre-un-discours-messianique-et-violemment-anti-occidental_6143934_3210.html Citation Pour célébrer l’annexion de nouvelles régions ukrainiennes, Vladimir Poutine offre un discours messianique et violemment anti-occidental Par Benoît Vitkine (Moscou, correspondant)Publié aujourd’hui à 06h51, mis à jour à 10h08 Temps deLecture 5 min. Réservé à nos abonnés RÉCIT - Alors que l’absorption des régions de Louhansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia suscite un enthousiasme limité, le président russe a tenté vendredi de remobiliser sa population et d’éventuels alliés en attaquant un Occident « totalitaire » et « parasite ». Toute la journée de vendredi 30 septembre, compte à rebours à l’appui, visages fendus de sourires béats, les journalistes des télévisions russes avaient promis à leurs téléspectateurs rien de moins que « le bonheur » – celui d’assister à un « événement historique », un « moment d’unité et de célébration nationales » comparable à ce que fut le « rattachement » de la Crimée à la Russie en 2014. « Bonheur ». Les officiels qui prenaient place peu à peu dans la grande salle Saint-Georges du Kremlin reprenaient le mot – députés, sénateurs, gouverneurs, généraux, dignitaires religieux, tous disaient aux caméras leur émotion de vivre un instant exceptionnel, l’adjonction au territoire de la Fédération de Russie de près de 100 000 km2 de terres ukrainiennes arrachées par les armes. Puis Vladimir Poutine est arrivé, et en quarante minutes d’un discours plein de ressentiment, tantôt apocalyptique, tantôt messianique, il a fait dérailler cette mécanique bien huilée. Certes, le président russe a fait l’essentiel, apposant sa signature au côté de celle des dirigeants prorusses des quatre régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson – un trait de plume qui achève de ruiner toute perspective de paix négociée avec l’Ukraine et plonge la planète dans l’inconnu. Certes, Vladimir Poutine a salué les référendums tenus dans ces régions quelques jours plus tôt ; certes, il a tenté de donner à cette annexion un vernis de légalité, se référant à la charte des Nations unies, quelques heures avant que la Russie ne mette son son veto à la résolution de l’ONU condamnant ce coup de force. Certes, il a repris son antienne habituelle sur l’illégitimité de l’Etat ukrainien et, en passant, l’illégitimité de la dissolution de l’Union soviétique (URSS). Réquisitoire contre l’Occident Mais le président russe a balayé ces sujets en quelques minutes seulement, choisissant de consacrer l’essentiel de son intervention à une diatribe contre l’Occident d’une violence inouïe. « Ils », « eux » – le mot le plus prononcé et le réel objet de ce discours. « Eux », les Occidentaux, coupables d’une « russophobie multiséculaire » et qui cherchent encore à déstabiliser et à démembrer la Russie, à faire d’elle une « colonie ». Vladimir Poutine prononce un discours lors de la cérémonie officielle d’annexion de quatre régions d’Ukraine - Louhansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia, au Kremlin, à Moscou, le 30 septembre 2022. GRIGORY SYSOYEV / AFP « Ils ne peuvent accepter l’idée qu’il existe un si grand pays, avec de telles richesses naturelles et de telles ressources, un peuple qui ne sait pas se soumettre », a-t-il attaqué, poursuivant : « Notre développement et notre prospérité les menacent. (…) Ils refusent que nous soyons une société libre, et veulent nous voir comme une foule d’esclaves sans âme. » Les griefs ne s’arrêtent pas là. Car, selon Vladimir Poutine, « la Russie comprend sa responsabilité devant la communauté mondiale », et son discours prétend à une portée universelle. Coupable donc, l’Occident, de l’esclavage, du pillage de l’Inde et de l’Afrique, du génocide des Indiens d’Amérique, mais aussi des « perversions qui conduisent à la dégradation et à l’extinction », comme la possibilité de « choisir son genre ». « Un tel renversement de la foi et des valeurs traditionnelles, une telle suppression de la liberté revêtent les caractéristiques d’une religion inversée, du satanisme pur et simple. » « L’Occident est prêt à tout pour maintenir le système néocolonial qui lui permet de vivre en parasite et de piller le monde entier », a-t-il encore lancé, dénonçant « une hégémonie qui porte la marque du totalitarisme, du despotisme et de l’apartheid ». Le président russe a aussi lancé une accusation plus précise, qui concerne celle-là les seuls « Anglo-Saxons », rendus responsables du sabotage des gazoducs Nord Stream et Nord Stream 2. Complainte de l’homme russe persécuté Pour l’essentiel, ces thèmes sont des classiques du poutinisme vieillissant. Ce qui frappe, c’est le moment choisi, le vocabulaire, la répétition – l’obsession, en un mot. Y croit-il, à cette complainte de l’homme russe persécuté ? Y croit-il quand, plus tard, repassant dans le mode féerique, il raconte à la foule rassemblée sur la place Rouge l’anecdote suivante, entendue de lui seul : « Le référendum à Louhansk… Les gens font la queue pour voter… Un bombardement d’artillerie débute, un obus tombe tout à côté. Et personne n’a quitté la queue ! » Des officiels, dirigeants politiques et autres invités russes assistent à la cérémonie d’annexion de quatre régions ukrainiennes, au Kremlin, à Moscou, le 30 septembre 2022. DMITRY ASTAKHOV / AFP Réduire un tel discours aux obsessions d’un homme serait toutefois trompeur, quand bien même certaines mines décomposées dans l’assistance interrogent sur l’état d’esprit des élites. Car cette intervention solennelle et historique du chef de l’Etat russe répond aussi à des objectifs tout à fait rationnels. D’abord, Vladimir Poutine s’adresse bel et bien à ses ennemis. Il les met en garde. Puisque les crimes commis par d’autres dans le passé semblent tout justifier, la référence à Nord Stream est limpide : des représailles sont possibles. La référence au nucléaire l’est tout autant. Utilisant le même raisonnement, il a rappelé que les Etats-Unis sont le seul pays à avoir employé l’arme atomique, et glissé : « D’ailleurs cela crée un précédent. » Le chef du Kremlin a aussi promis de défendre la terre russe, nouveaux territoires annexés compris, « avec toutes les forces et tous les moyens dont nous disposons ». Comment éviter la collision, dès lors que ces nouvelles lignes rouges ne semblent effrayer ni Kiev ni les Occidentaux, et que Vladimir Poutine assimile la survie de son régime à celle de la Russie ? Absence d’alliés Ensuite, le président russe s’adresse à ses alliés. Ou plutôt à son absence d’alliés. Que ce soit parmi les pays qui le soutiennent activement ou ceux qui tentent de préserver un semblant de neutralité, aucun n’a reconnu la légalité des quatre référendums conduits à la pointe du fusil du 23 au 27 septembre. Les références au « monde multipolaire », à la défense des souverainetés, à l’Afrique, à l’Asie, à l’Amérique latine ressemblent à des tentatives de ressusciter un axe non-aligné dont Moscou serait le chef de file. Un tel discours a aussi une portée intérieure importante. Il s’agit, en créant un ennemi aussi maléfique que grandiose, de justifier les déconvenues du front ukrainien. Car au moment où Vladimir Poutine s’exprimait, les forces de Kiev poursuivaient leur manœuvre d’encerclement de la ville de Lyman, précisément dans cette région de Donetsk que Moscou se targue d’annexer. Selon le New York Times, la décision de ne pas abandonner cette localité aurait été prise directement par le maître du Kremlin, de plus en plus impliqué dans la conduite des opérations au jour le jour. Par ailleurs, si la journée de vendredi a été calquée sur celle du 18 mars 2014, qui entérinait l’annexion de la Crimée, la comparaison s’arrête là. Alors que ce « rattachement » avait suscité une réelle euphorie en Russie, le « retour à la maison » d’un Donbass sinistré ou d’un morceau amputé de la région de Zaporojia ne fait fantasmer qu’une poignée d’ultranationalistes. Vendredi, le porte-parole du Kremlin n’était d’ailleurs pas même capable de délimiter clairement les frontières des territoires annexés. Vladimir Poutine signe les traités d’annexion des régions Louhansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia, au Kremlin, à Moscou, le 30 septembre 2022. MIKHAIL METZEL / AFP De gauche à droite, entourant le président russe Vladimir Poutine, les chefs de régions nommés par Moscou : Vladimir Saldo (Kherson), Evgueni Balitsky (Zaporijia), Denis Pushilin (Donetsk), et Leonid Pasechnik (Louhansk). Au Kremlin, à Moscou, le 30 septembre 2022. DMITRY ASTAKHOV / AP Sur la place Rouge, où un concert de célébrations était organisé dans la soirée, les drapeaux étaient agités avec mollesse, et nombre de présents reconnaissaient avoir été « invités » par leur employeur. Tout en disant soutenir la politique du Kremlin, un homme interrogé par Le Monde reconnaissait trouver son coût trop élevé. Inquiétude dans la société russe Plus qu’à l’enthousiasme, l’heure est à l’inquiétude dans la société russe, et la mobilisation « partielle », chaotique et effrayante, occupe les esprits. Pour le pouvoir, il s’agit de justifier un effort aussi important, autrement qu’avec une chimérique « dénazification » de l’Ukraine ou des annexions précaires, que le Kremlin excluait il y a six mois. Des milliers de Russes rassemblés pour un concert afin de célébrer l’annexion de régions ukrainiennes à la Russie, sur la place Rouge, à Moscou, le 30 septembre 2022. MAKSIM BLINOV / AP Le président russe Vladimir Poutine, au centre, entouré de Leonid Pasechnik, leader de la « république populaire » autoproclamée de Louhansk (gauche), Denis Pushilin, leader de la « république populaire » autoproclamée de Donetsk (deuxième à gauche), Vladimir Saldo, le chef de la région de Kherson (deuxième à droite), et Yevgeny Balitsky, le chef de la région de Zaporijia (droite), sur la place Rouge, à Moscou, le 30 septembre 2022. SERGEI KARPUKHIN / AP Depuis des semaines, les médias fédéraux surjouent l’enthousiasme quant à l’ampleur des « mouvements tectoniques » en cours dans un monde en passe d’être « intégralement remodelé ». Le discours de Vladimir Poutine promettant « un monde plus juste » doit donner un sens à des événements difficilement compréhensibles – comme la décision de se choisir pour nouvelle frontière une ligne de front. La hargne de Vladimir Poutine suffira-t-elle, alors que, selon un sondage de l’institut Levada, la part des Russes estimant que « l’opération militaire spéciale » est un succès a chuté depuis le mois de mai de 73 % à 53 % ? Une chose est certaine, les sentiments les plus agressifs ont été réveillés depuis longtemps. Vendredi soir, l’ultranationaliste Alexandre Douguine jubilait : « C’est fondamentalement une déclaration de guerre à l’Ouest et au monde moderne en général. » Sur un autre ton, le journaliste Vladlen Tatarskiï, invité de la cérémonie, s’adressait à son audience sur Internet, directement depuis la salle Saint-Georges : « Nous allons vaincre tout le monde, nous allons tuer tout le monde, nous allons voler – tout ce que nous aimons. » Sur la scène de la place Rouge, l’acteur Ivan Okhlobystine s’enthousiasmait de la conquête à venir de Kharkiv, d’Odessa et d’autres « villes russes », lançant : « Frères et sœurs, c’est une guerre sainte ! » La foule a acclamé. 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Il y a 14 heures, Banzinou a dit : C'est là que tu vois qu'en quelques jours, certaines analyses vieillissent... 8:39 Chaliand : Je pense qu'il est exclu de battre les Russes. C'est quelque chose que Poutine ne peut pas accepter. Il peut monter, en quelque sorte et escalader. Je trouve que c'est une bonne analyse qui correspond plutôt bien à cette mobilisation des réservistes de ces derniers jours. C'est une escalade plutôt qu'une capitulation. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ciders Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 il y a 5 minutes, Wallaby a dit : 8:39 Chaliand : Je pense qu'il est exclu de battre les Russes. C'est quelque chose que Poutine ne peut pas accepter. Il peut monter, en quelque sorte et escalader. Je trouve que c'est une bonne analyse qui correspond plutôt bien à cette mobilisation des réservistes de ces derniers jours. C'est une escalade plutôt qu'une capitulation. C'est aussi que Poutine n'a pas le choix. Sa mise initiale étant insuffisante et en passe d'être submergée, il n'a d'autre choix que de l'augmenter tout en menaçant de faire tapis. Reste que son tas de jetons déjà peu fourni risque de ne pas suivre s'il continue à en perdre à ce rythme. Pas vu passer l'info ici mais le PM japonais a officiellement condamné l'annexion hier. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Wallaby Posté(e) le 1 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 1 octobre 2022 à l’instant, Ciders a dit : Pas vu passer l'info ici mais le PM japonais a officiellement condamné l'annexion hier. C'est sûr qu'à la base, les Japonais n'aiment pas trop les annexions russes. 1 6 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ciders Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 à l’instant, Wallaby a dit : C'est sûr qu'à la base, les Japonais n'aiment pas trop les annexions russes. Petite perfidie en douce, c'est vil, j'aime beaucoup. 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
ARMEN56 Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Le 29/09/2022 à 21:46, ARMEN56 a dit : serait censée de bien secouer le pipeline HS gazoduc Révélation Bien évidement les collecteurs véhiculant des fluides à bords des soums et frégates sont censés tenir à certains degrés de chocs selon spécification des attaches Dans cette affaire je me demandais ce qu’il en était des gazoducs offshore ; tenue contraintes , au sismique et disons aux « charges exotiques » …et que cette affaire va surement faire réfléchir quant aux parades en regard des menaces diverses et variées https://www.medgaz.com/medgaz/doc/informacion-fr.pdf https://zapustibiznes.ru/fr/kak-prokladyvayutsya-podvodnye-gazoprovody-prokladyvanie-gazoprovoda-po-dnu/ 3 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Manuel77 Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Il y a 1 heure, Alexis a dit : Exactement. Certaines idées sont justes et salutaires... Mais arrivent simplement trop tôt. Quand Macron proposait une autonomie stratégique européenne (lire : non seulement la France, mais tous les pays européens deviennent des alliés de l'Amérique, plutôt que des dépendants) en même temps qu'une architecture de sécurité européenne (lire : avec la Russie), il avait évidemment parfaitement raison. Et l'un va avec l'autre bien sûr ! Une Russie qui se rapprocherait des autres Européens aiderait grandement à tranquilliser les Européens centraux à l'Histoire douloureuse. Une Amérique qui serait simplement alliée des Européens comme elle l'est de la France plutôt que d'y déployer ses structures politico-militaires tranquilliserait la Russie qui ne craint pas les pays européens mais bien les États-Unis. C'était une direction déjà proposée par De Gaulle en son temps. Qui a été refusée. Mitterrand, Chirac l'ont fait aussi à leur manière. Sans plus de résultat. Macron a essayé quelque chose du même genre. La tentative avait du sens à ce moment parce que le nouveau président américain pouvait faire comprendre à nos voisins les risques de la dépendance, et parce que le président russe, quoique déjà autoritaire, n'était pas encore radicalisé (les historiens auront plus de matériel pour préciser les choses, mais cela semble dater de 2020 ou 21) Le résultat est le même. Sans grand drame de la part des Allemands, Italiens, Néerlandais etc. qui sont juste tellement habitués à une confortable dépendance stratégique qu'ils refusent d'envisager quoi que ce soit d'autre. Révéler le contenu masqué Et vive la France, bordel ! Je suis extrêmement méfiant lorsque j'entends la supercherie de "l'Europe forte sans l'Amérique" en provenance de Moscou. Pour le Kremlin, cela ne serait à mon avis attrayant que dans la variante d'une domination russe. Nous imaginons un retrait des États-Unis d'Europe. Comme réaction minimale, nous aurions un énorme réarmement conventionnel en Europe de l'Est et probablement aussi en Allemagne. En outre, certains souhaiteraient posséder leurs propres armes nucléaires. Qui devrait alors équilibrer la politique d'équilibre des moyennes et petites puissances ? Cela ne fonctionne que si tu as des hommes politiques très raisonnables et intelligents dans la majorité des pays. Ou comme on disait autrefois chez nous, Bismarck savait jongler avec cinq balles, ses successeurs en étaient incapables. Dans ces conditions, le maintien de la présence américaine est nécessaire. La Russie est actuellement trop grande et trop militariste pour l'Europe. La France joue volontiers avec l'idée de son implication, parce qu'elle est située à l'extrême ouest et qu'elle est confortablement installée sous un parapluie. Navalny a d'ailleurs affirmé dans une nouvelle interview que le changement en Russie ne peut réussir que dans une démocratie parlementaire. Un système présidentiel y engendrera toujours des tyrans. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 il y a 9 minutes, Manuel77 a dit : Ou comme on disait autrefois chez nous, Bismarck savait jongler avec cinq balles, ses successeurs en étaient incapables. Dans ces conditions, le maintien de la présence américaine est nécessaire. Oui mais les Américains d'aujourd'hui se comportent comme des "successeurs de Bismarck", des Guillaume II à moitié fous : George W Bush, Donald Trump... il y a 15 minutes, Manuel77 a dit : Navalny a d'ailleurs affirmé dans une nouvelle interview que le changement en Russie ne peut réussir que dans une démocratie parlementaire. Un système présidentiel y engendrera toujours des tyrans. C'est Bill Clinton qui a soutenu le coup d'état de Boris Yelstine de 1993. Richard Nixon au contraire recommandait un équilibre entre pouvoir législatif (Soviet Suprême) et pouvoir exécutif (président) : Le 04/10/2013 à 11:19, Wallaby a dit : http://nationalinterest.org/commentary/yeltsins-attack-americas-tolerance-9182 (4 octobre 2013) C'est un article qui revient (...) sur le fait que Clinton a conseillé à Yeltsine de violer la constitution soviétique en 1993 en dissolvant le Soviet Suprême, ce qu'il n'avait pas le droit de faire. Richard Nixon, à la même époque, conseillait en privé qu'il était préférable de chercher une solution de compromis entre le président et le Soviet. Une grande partie du régime russe actuel a été forgé à cette époque dans cette expérience du coup d'Etat de Yeltsine qui a déséquilibré durablement l'équilibre des pouvoirs entre l'exécutif et le législatif. Renonçant à gouverner en s'appuyant sur les députés, le président a choisi de s'appuyer sur les services secrets. Et c'est ainsi qu'on a vu apparaître Vladimir Poutine. En même temps, cela a ancré dans les esprits des Russes l'idée que les Etats-Unis sont les ennemis de la démocratie russe et du bonheur des citoyens russes, et que les États-Unis sont insincères dans leur promotion de la démocratie. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Amnésia Posté(e) le 1 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Le discours de Poutine est un beau condensé de toute la propagande russe qu'on connait depuis des années et que beaucoup n'ont pas comprise. L'objectif de Poutine et de sa propagande a toujours été une lutte contre l'occident en se faisant passer pour la "victime". Les arguments sont toujours ceux qu'on continue à lire chez l'ensemble des personnes ou opposants politiques qui ont toujours la Russie comme référence du "nouvel allié" qui amènera la liberté et l'indépendance. Toujours le même rejet de l'Amérique, toujours cette volonté de diviser l'occident, de séparer l'Europe des USA avec cette idée que c'est pour notre bien alors que ça a toujours été dans l'intérêt de voir la Russie être plus dominatrice sans "l'obstacle" américain. Toujours à chercher à manipuler les extrêmes en Europe afin de continuer à amener les divisions, les rivalités. La culture occidentale résumé en une décadence transgenre et homosexuel qu'on voudrait imposer. Toujours maintenir la peur de l'envahisseur occidental qui ne supporterait pas la grandeur de la Russie, on présente l'Otan comme une armée d'invasion, l'allié américain comme un occupant colonisateur. Certains se disent pourquoi la Russie aurait-elle détruit son gazoduc? Poutine donne l'explication, c'est le monde "anglo-saxon" qui sanctionne l'Europe. Encore une fois, le but est de diviser, d'arriver à ce que l'Europe et les USA divorcent et s'opposent sur les relations à entretenir avec Moscou. Ne soyons pas dupes , l'annexion de ces régions pour Poutine doit amener à un fait accompli par lequel tout le monde devra se positionner et il joue sur le problème énergétique en Europe pour qu'on pousse Kiev à accepter les conditions russes et pour qu'on contraint les américains à cesser d'entretenir l'élan militaire ukrainien. D'ailleurs dans ce discours on ne peut pas passer à côté de ce martèlement de l'occident "colonisateur". Là encore on retrouve toute l'idéologie et toute la propagande qu'utilisent les russes en Afrique et ailleurs dans le cadre de leur lutte contre l'occident, contre le rejet. Ils veulent soulever le monde entier contre nous, ceci depuis des années et je m'agace encore à penser que tant de monde n'ont pas voulu le comprendre, n'ont pas voulu voir cette manipulation et une responsabilité russe dans par exemple ces "sursauts" anti-français en Afrique. Poutine se prend pour l'élu du monde anti-occidental, cela fait des années qu'il cultive cela et il n'y a pas un seul anti-américain, anti-Otan, anti-UE ou je ne sais quoi qui n'ait pas une admiration ou une certaine pathologie à défendre la Russie. C'est systématique, ça fait partie du package. Cette propagande russe est l'origine de celle qui évoque toujours un nouvel ordre mondial, celle qui fait passer les BRICS pour une alliance anti-occidentale, Poutine a l'obsession de combattre et détruire l'occident et retranscrit sa pensée à d'autres pays auxquels il prête une intention similaire. Quand il évoquait hier des "milliards de personnes aspirants à la liberté etc..." là encore c'est bien dans l'illusion que le monde entier se lèverait chaque matin comme lui avec l'envie d'en découdre avec l'occident, alors que c'est totalement faux, la plupart de ces pays n'ont aucun problèmes avec l'occident, ils ne se sentent pas persécutés, colonisés ou culturellement effacé. Ce n'est pas les américains non plus qui ont poussés la Chine (oh grand allié "exemplaire" de la Russie) à raser tout son patrimoine culturelle pour y dresser des tours d'habitations ou de bureaux, chaque pays est libre de faire ce qu'il veut. Derrière il fait la liste des pays qui deviendraient les parias car n'obéissant pas à l'occident, mais on sait très bien qui sont ses références, l'Iran, le Venezuela, la Syrie ou encore la Corée du Nord. Des pays qu'il place comme "victimes" là aussi, ce sont ces pays qui font l'intérêt de la Russie, car justement ils sont dans une approche anti-occidentale. Que demain le régime iranien se fait renverser par la rue, que le pays renoue avec l'occident et finit par améliorer les conditions générales du pays, vous pensez qu'à Moscou on va applaudir? Ils diront que l'Iran est colonisé, qu'il a cédé à l'occident et perdra tout intérêt pour la Russie. Le Kremlin n'est pas à nous vendre un nouveau modèle de vie heureuse, ou tout le monde se respecte, il est là à se plaindre d'un pouvoir hégémonique et impérialiste trop réduit de la Russie par rapport à un occident à qui il se compare. Poutine n'assume pas que la Russie ne soit plus le deuxième bloc (l'URSS) du monde bipolaire de la guerre froide, pour lui l'effondrement de l'URSS a laissé un monde unipolaire qu'il cherche à détruire et à fragmenter pour réaliser un monde "multipolaire" dans lequel des pays comme la Russie pourront exprimer leurs impérialismes sans contraintes. Le monde multipolaire que vend la Russie n'est pas un monde qui sera débarrassé des guerres et de l'oppression occidentale, c'est un monde ou d'autres pourront faire la guerre sans que l'occident ne s'y oppose, en promettant à la Chine de prendre Taïwan sans l'obstacle américain par exemple. Autre formidable foutage de gueule, c'est quand Poutine se plaint des règles "internationales" qui seraient devenues selon lui, des règles "occidentales". Il n'a même pas évoqué l'ONU, comme si l'URSS et tant d'autres n'ont pas participé à établir le droit international au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Mais forcément, pour un pays qui ne respecte pas ou plus ce droit et ces règles, il devient difficile de les accepter et d'entendre des remarques sur le non respect de tout cela. Forcément l'annexion de territoires est contraire au droit international, qu'il n'y a pas une légitimité d'organiser des référendums bidon afin de balancer que la Russie respecte le droit des peuples à disposer d'eux même. Cette Russie poutinienne qui critique un monde occidental "colonialiste" est devenue la caricature de ce qu'elle prétend combattre. Cette guerre en Ukraine est celle de la survie de ce système et non de la survie de la Russie comme il le prétend, il faut que les russes comprennent au plus vite, même si je pense qu'on devra passer par une défaite militaire en Ukraine, du moins à une guerre extrêmement coûteuse et impopulaire. 1 12 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Patrick Posté(e) le 1 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Il y a 3 heures, Heorl a dit : À force, je ne sais pas si c'est de l'humour ou si tu fais exprès de dire n'importe quoi par moment. L'écriture, la construction de l'État, l'alphabétisation des populations, le légalisme, la vaccination et tant d'autres choses sont des progrès qui sont nés chez nous ou ont transité par chez nous avant d'atteindre l'Allemagne. La réciproque n'est que très rarement vraie. Et si tu fais référence aux Francs c'est là encore un exemple très mal choisi : c'étaient des Germains aussi romanisés qu'on pouvait l'être. J'arrête là le HS. France baise ouais! Révélation 2 6 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 (modifié) "Goïda, frères et soeurs ! Goïda !" ... Ou l'appel à la guerre sainte sur la Place Rouge Révélation On trouvera le texte de cette intervention sur la Place Rouge le 30 septembre au soir sur Meduza (média oppositionnel) Mais rien de tout cela n'est comparable à la performance de l'acteur Ivan Okhlobystin. Il crie depuis la scène : "Certains pensent que l' "opération militaire spéciale" sera bientôt rebaptisée "opération antiterroriste". Certains disent même que ce sera une "guerre patriotique", mais je ne pense pas que ce soit suffisant non plus. Le nom correct est guerre sainte. Il existe une interjection russe très ancienne, "goïda", qui signifie un appel à l'action immédiate. Comme nous manquons de tels cris de guerre de nos jours ! Goïda, frères et soeurs ! Prends peur, vieux monde, sans beauté, sans foi, sans sagesse ! Un monde gouverné par des fous, des pervers, des satanistes ! Prends peur, nous voilà ! Goïda !" Comme le rappelle Konstantin Kisin, rien ne peut être dit à ce genre d'événements sans l'approbation de la plus haute autorité en Russie. Et il a raison : il faut le voir pour le croire ! Si je devais résumer d'une seule phrase le discours-fleuve du président russe hier, je dirais : Vladimir Poutine a déclaré la guerre sainte contre l'Occident collectif sataniste Comme auraient dit mes grand-parents natifs du pays de Caux : nous v'là bien ! Modifié le 1 octobre 2022 par Alexis 1 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
hadriel Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Il y a 7 heures, Manuel77 a dit : Nous imaginons un retrait des États-Unis d'Europe. Comme réaction minimale, nous aurions un énorme réarmement conventionnel en Europe de l'Est et probablement aussi en Allemagne. En outre, certains souhaiteraient posséder leurs propres armes nucléaires. Exactement. L'Europe sans les US, ça finit soit avec la Pologne conquise par la Russie, soit avec la Pologne avec des armes nucléaires (et donc avec tout le monde atomisé parce qu'ils n'auront pas une capacité de seconde frappe crédible). Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Il y a 1 heure, Alexis a dit : Mais rien de tout cela n'est comparable à la performance de l'acteur Ivan Okhlobystin. Il crie depuis la scène : "Certains pensent que l' "opération militaire spéciale" sera bientôt rebaptisée "opération antiterroriste". Certains disent même que ce sera une "guerre patriotique", mais je ne pense pas que ce soit suffisant non plus. Le nom correct est guerre sainte. Il existe une interjection russe très ancienne, "goïda", qui signifie un appel à l'action immédiate. Comme nous manquons de tels cris de guerre de nos jours ! Goïda, frères et soeurs ! Prends peur, vieux monde, sans beauté, sans foi, sans sagesse ! Un monde gouverné par des fous, des pervers, des satanistes ! Prends peur, nous voilà ! Goïda !" L'expression "opération antiterroriste"® est copyrightée par l'Ukraine http://www.air-defense.net/forum/topic/18353-ukraine-ii/?do=findComment&comment=757477 http://www.20minutes.fr/monde/russie/1350469-20140413-ukraine-operation-antiterroriste-lancee-a-slaviansk (13 avril 2014) A Sloviansk, on dénombre des premiers morts après le lancement d'une opération "antiterroriste"... Il y aurait "des morts et des blessés des deux côtés" selon Arsen Avakov, le ministre de l'Intérieur ukrainien. L'opération "antiterroriste" lancée par son gouvernement contre des groupes armés pro-russes aurait selon lui fait un mort et au moins cinq blessés côté loyalistes et « un nombre non déterminé » chez les séparatistes......... @Wallaby ? Tu peut dire à quoi tu joue ? l'opération Sentinelle est aussi une opération antiterroriste dixit la Cour des Comptes. Collectionneur. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
jojo (lo savoyârd) Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Ça y est, le contenu du gazoducs Nord Stream 2 s'est complètement vidé ... Plus de fuite, il doit-être complètement humide. Il est mort avant d'avoir servi le moindre m³ ... https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/energie/la-fuite-sur-le-gazoduc-nord-stream-2-a-pris-fin-selon-un-porte-parole_AD-202210010265.html 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Julien Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 il y a 27 minutes, jojo (lo savoyârd) a dit : Ça y est, le contenu du gazoducs Nord Stream 2 s'est complètement vidé ... Plus de fuite, il doit-être complètement humide. Il est mort avant d'avoir servi le moindre m³ ... https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/energie/la-fuite-sur-le-gazoduc-nord-stream-2-a-pris-fin-selon-un-porte-parole_AD-202210010265.html Apparemment il n'est pas vidé, c'est juste que la pression de l'eau est devenu supérieure à la pression dans le tuyau, donc le gaz ne sort plus. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. ARMEN56 Posté(e) le 1 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 1 octobre 2022 il y a 2 minutes, Julien a dit : Apparemment il n'est pas vidé, c'est juste que la pression de l'eau est devenu supérieure à la pression dans le tuyau, donc le gaz ne sort plus. oui mais risque d'eau dans le gaz , c'est chiant çà ==> [] 10 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. U235 Posté(e) le 1 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Le texte suivant a été publié hier dans la revue Foreign Affairs. "LA ROULETTE DE POUTINE Sacrifier ses principaux partisans dans une course contre la défaite" Par Andrei Kolesnikov Original en anglais: Spoiler PUTIN'S ROULETTE Sacrificing His Core Supporters in a Race Against Defeat By Andrei Kolesnikov | September 30, 2022 At least since Soviet times, Russians have used dark humor to cope with dictatorship. Perhaps it is not surprising, then, that Russian President Vladimir Putin’s partial mobilization has already been colloquially dubbed the mogilizatsia, a wordplay on mobilizatsia, the Russian word for “mobilization,” and mogila, the word for “grave.” What is more, in practice, this move-to-the-graveyard is proving to be far from partial. Despite assurances by Putin and his defense minister that the draft would be limited to 300,000 people, primarily military reservists who had already served in the army and in conflict zones, Russians have already witnessed the forced conscription of men of all ages across the country. The mobilization has turned out to be almost general. Even the most committed supporters of Putin and the regime can see that the Kremlin is aiming at a much higher figure: likely more than a million men, although Kremlin spokesperson Dmitry Peskov has denied that. Such a figure would effectively double the size of the existing army, meaning that a total of two million people would be in uniform. (Although uniforms, like medicines, have become difficult to acquire: those who are mobilized are forced to buy their own uniforms and outfit themselves with first-aid kits.) Much depends, of course, on the administrative zeal of the authorities running regional recruitment offices, which, in many regions, are targeting all male citizens regardless of age or military rank or experience. Russians may be mostly helpless to avoid this vast roundup, particularly now that Europe has shut its doors to them and there are few options other than to try to flee to countries where there are no visa restrictions for Russians. But this is also a bad situation for Putin, who has staked everything on this war. He can’t win, but he can’t afford to lose either, so he relies on cannon fodder. Putin appears to have forgotten that the real source of danger to his regime may not be the political opposition, which has mostly been jailed or otherwise silenced, or representatives of civil society, whose organizations have been systematically shut down and their voices suppressed, but rather the ordinary Russians who have long provided the foundations of his rule. As long as they were provided with economic stability and not too closely involved in the government’s “special operation,” they could be counted on to approve of it, or at least to do nothing to oppose it. But now that has changed, and already there are signs that Putin’s core support is weakening. A poll conducted by the independent Levada Center in late September, after the mobilization, shows that Putin’s approval has fallen six points, from 83 percent to 77 percent, and his level of trust has fallen four points, from 44 percent to 40 percent. These may seem like small shifts, but his numbers had been almost unmovable since April. That stability is now beginning to erode. The mobilization is a sign of desperation on the part of Putin. So humiliating is the prospect of a defeat that he is determined to continue the war at any cost, because he hasn’t achieved the vague goals that he set for himself in February. And since Putin has long since turned his regime into a sultanate, nothing and nobody can stop him: not his advisers and not the leaders of the states that he regards as his allies, such as Indian Prime Minister Narendra Modi, who publicly distanced himself from Russia’s war during a meeting with Putin by saying the present moment is “not the time for war,” and Turkish President Recep Tayyip Erdogan, an opportunistic partner of Putin who has taken on the role of peacemaker and seems to be trying to appeal to what remains of Putin’s rational mind. So alarmed is Kazakh President Kassym-Jomart Tokayev that he has carefully distanced himself from the Kremlin and sought closer ties to Europe. The leaders of the countries of the former Soviet Union now treat Putin as a dangerous figure who imagines himself to be master of a nonexistent empire. Along with those Russians who are paying attention and are able to understand what is happening, they can see that one man has led Russia to the brink of a demographic catastrophe and the world to the brink of a nuclear war. ANYONE WHO CAN HOLD A GUN Putin’s frustration and fury about this losing war and his determination to escalate hostilities became apparent in the initial days of the successful Ukrainian counterattack. At first, his answer was missile strikes against Ukraine’s critical infrastructure, such as electric power stations and waterworks. These tactics, however, were a clear admission of weakness rather than a display of strength. By destroying critical infrastructure on territories that he regards as his own, he was revealing that he knows Russia has no hope of actually subjugating and assimilating them. Now, Putin has found a terrifying way out of the corner that he has backed himself into: partial mobilization. The autocrat has decided that anyone who can at least hold a gun must shift from silent approval to active participation in his “special operation.” People have to share responsibility for the war with him, not only with words but also with their bodies. But this, too, is evidence of weakness rather than strength: an admission that the human resources he has dedicated to the war are insufficient. Turning on his own people is dangerous for Putin. Crucially, Putin’s regime is supported by those sections of the population that are highly dependent on the state: the same people who are driven to attend the Kremlin’s rallies—so-called putings, a mixture of “Putin” and “meeting”—in support of the leader, the war, and the annexation of the occupied territories. Those whom Putin cannot conscript but who are equally dependent on the state will be forced to be even stronger and more public in endorsing and defending his actions. The Kremlin has already seen what happens when it takes actions that are unpopular with the masses: when it raised the retirement age in 2018, Putin’s approval ratings slid by 15 percent or more; his ratings took another hit when the regime imposed COVID-19 restrictions in 2020. In those cases, the dips were temporary, and his numbers were able to recover. With the mobilization, it is unclear where Russian’s darkening mood will lead. Perhaps it is the beginning of a larger fall in regime support—the world has witnessed how many Russians are voting with their feet, running from Putin and literally saving their lives. But Putin still has many ardent supporters, and it is possible that a sharp decline in the regime’s popular support may not happen. Whatever the case, discontent and depression seem certain to accumulate on a massive scale. Rather than the democrats or liberals in Russia’s large cities, it is ordinary Russians who see the ruthless hunt for military recruits as a violation of their rights. More important, it is a violation of the unwritten agreement they have long had with Putin’s regime, the agreement that says that average Russian citizens won’t interfere with the Kremlin’s thieving and military adventurism as long as the Kremlin stays out of their private lives and out of their apartments, allowing them to earn a living for themselves. Military service in the name of unclear goals—and the forced exit from cozy indifference that has come with it—was definitely not in the contract. A new joke in the genre of very black humor has emerged on this subject: in the battle between the refrigerator (consumer needs) and the television (government propaganda), the television has won. But now the TV will have to fight a new battle with a different kind of refrigerator—the kind in which dead bodies are stored. Average Russians have many reasons to view what Putin is doing now as unfair. That is how many people felt during the controversies over the retirement age and the COVID-19 restrictions. Now that sense of injustice will be heightened by the social and economic consequences of unprecedented militarization. Russia is isolated, and the chances that the economy can withstand these pressures are low. Equally significant is the fact that the majority of those being drafted come from poor families, from distinct ethnic groups within the Russian republics, and from the peripheries of Russian society. The political elites who launched and supported the war won’t be found in the trenches. Dictatorial self-interest is also apparent in the mechanics of who can be exempted from the draft: the authorities are calling up people with professions needed by the economy and society—people such as pilots, the owners of small and medium-sized businesses that provide vital parallel imports of consumer goods, and school teachers. But they are not calling up the professional purveyors of propaganda, for instance, whom the Communications Ministry has exempted. It is irrational and unjust. In the race to evade the draft and avoid fighting in the regime’s war, those who are closest to the regime are winning. CHILDREN AS FERTILIZER Even more significant than Putin’s betrayal of the masses, however, may be his betrayal of Russia’s youth. Young people who have the means to do so and have some sort of education are simply fleeing. They see a country that has no future and know that if they stay, they will have no future either. Remaining in Russia and being called up for service in an army that is waging a war “for illusory goals”— to quote Alla Pugacheva, the country’s most famous pop star—means sacrificing hopes and plans and, perhaps, one’s life. Rhetoric glorifying death for one’s homeland has become commonplace among Putin die-hards, with Patriarch Kirill of the Russian Orthodox Church asserting that if someone dies in the line of military duty, “this sacrifice washes away all the sins that the person has committed.” But such talk is entirely alien to modern society. By now, it is becoming clear, and not only to the younger generation, that Putin’s state can impose its rule only through violence. For those unable to flee or who have family members up for the draft, one of the responses is to protest, even though it is extremely dangerous. This has been true most notably in Dagestan, a republic in which 99 percent of adults supposedly voted for Putin and his party. Now, protesters, mostly women, have taken to the streets with banners stating “Our children are not fertilizer!” These protests cannot be compared to the opposition rallies in Moscow: it is not the opposition that is protesting but rather members of the depoliticized strata of society, and they are doing so only in certain national republics, where people perhaps have special notions of human dignity. But other indications clearly show how frustrated Russians are. Within hours of Putin’s announcement, there were long columns of cars trying to reach the Georgian or Kazakh border. Flights to various foreign destinations, especially central Asian cities, Istanbul, and Tel Aviv, were sold out instantly, with prices soaring through the roof. Just three days after the announcement, the Federal Security Service, or FSB, recorded that more than 260,000 people had fled across various borders. All over the country recruitment offices were set on fire; in one instance, a recruiter was shot by a conscript, and in another, a draftee tried to commit an act of self-immolation rather than be sent to kill others. In Putin’s Russia, time has sped up, but in reverse, traveling at breakneck speed from this century to the darkest parts of the last one, with its stench of sweat and mud and its atmosphere of hopeless despair, the despair of the gulag camps and war. Several generations of Russians, including the very young, are now being driven back toward all that. If Russia’s path to greatness lies through the trenches and is to be paid for with their lives, then more and more young people are happy to give up the greatness. Putin is dealing a powerful blow to another area in which Russia was already suffering: demographics. As it loses more of its youth, Russia’s aging and stagnating population will grow even older and smaller, providing Putin with support at elections but not giving his regime any legitimacy. He has already stopped being the president of all Russians. Those who don’t support him are deemed “national traitors,” a “fifth column,” and “foreign agents.” Russia’s population, what is left of it, will become even more dependent on the state, which will lead to record turnouts at pro-Putin rallies but won’t help the Kremlin gain a real understanding of what is happening in the country—and what it needs to do to save it. A FEAR GREATER THAN PUTIN Putin’s mobilization and the upheaval it has caused is taking place just months before campaigning begins for the 2024 presidential election. In one respect, voting has already begun: men across the age groups are voting with their feet and fleeing the country. Nevertheless, a majority continues to approve of the government’s actions, with many blaming the escalation on U.S. President Joe Biden, Europe, NATO, and Ukrainian President Volodymyr Zelensky and suggesting that Putin had little choice. Conditioned over decades to remain inert, public opinion in Russia tends to change very slowly, as the small slides in Putin’s ratings show. Undoubtedly, the majority of the population—the 50 percent who remain firmly in favor of the war—will support everything the regime does, perhaps up to and including nuclear strikes. This is the hyper-obedient section of the population. But for another 30 percent, those who—until now—have simply found it easier to support rather than oppose the regime, Putin’s actions could have much more far-reaching consequences. These Russians are filled with doubt and dissatisfaction; for them, it is already clear that the mobilization isn’t partial, and if this impression begins to spread more widely, then the general attitude of Russian society at large could begin to shift. In another finding by the new Levada poll, the percentage of Russians who believe that the country is going in the right direction decreased from 67 percent in August to just 60 percent a month later. For now, Putin has decided to swiftly set his losses in stone, declaring them acquisitions and achievements. That appears to be the logic behind the inordinate haste to hold referendums in eastern Ukraine: a victory of some sort has to be declared. The referendums are another hurried, bitter response from Putin behind which, as with all his decisions in recent years, there is ever less rationale and ever more palpably powerful emotions. The intention was immediately apparent, however, because no one among the Russian authorities feels any shame any more: following the referendums, which have no legal basis and whose results cannot be verified, the occupied territories will be regarded as Russian. At that point, any Ukrainian counterattack on those territories can be regarded as an attack on Russia itself. This could lead to a range of consequences, up to and including the use of nuclear weapons. Talk of the use of Russia’s nuclear capability has become so casual and so frequent that it has almost become the new normal in the Kremlin’s discourse and in the narrative being put forward on its propaganda shows. Putin’s dark threats of using “all the means at our disposal,” apparently aimed at stirring up the population and girding them for battle, may at some point have the opposite effect: Is it wise to trust a leader who is dragging the nation into a nuclear winter? Russians may start fearing a nuclear war more than they fear Putin himself. Few people want to live inside an open-ended Cuban Missile crisis. BEYOND THE GRAVE Putin is taking a huge risk. The economy is doing badly and will certainly not improve by sending huge numbers of additional people to slaughter. Problems with the federal budget are also now obvious: revenues will fall—who will be left to tax?—and the Kremlin will be forced to spend ever more of its treasure on war. That will leave it with shrinking resources with which to buy the population’s loyalty. In such circumstances, what will the dictator’s message be as he seeks to prolong his rule yet further? Having chosen to expand the war, Putin is broadening the arena of defeat: with the draft, Russia’s mental and moral defeat in Ukraine may now increasingly be complemented by the defeat of the illusions by which the “special operation” had until now been sustained at home. In a sense, Ukraine has already won, having gained a national identity and unity. But in the coming weeks, even minor victories for Ukraine will increase Putin’s irritation, and he will likely respond to them asymmetrically, with no shame or decorum. By now, there is little sign that peace talks are possible (especially after Russia’s staged referendums in the east) or that there is any way for the war to end with one side claiming victory. This horrifying conflict in Europe could continue even when Putin’s resources—both human and psychological—have run out. A better outcome is possible, but by implicating the entire country in his war, Putin has now made it that much harder to obtain: a result in which Russia begins to move from authoritarianism to democracy. If it could somehow be accomplished, however, such a victory would be a joint one: for Ukraine, Europe, the West, and the entire world—including Russia. For it would mean a Russia free from Putin and Putinism. ABOUT THE AUTHOR: ANDREI KOLESNIKOV is a Senior Fellow at the Carnegie Endowment for International Peace. Pour votre commodité, en français : Citation LA ROULETTE DE POUTINE Sacrifier ses principaux partisans dans une course contre la défaite Par Andrei Kolesnikov | 30 septembre 2022 Depuis l'époque soviétique au moins, les Russes ont recours à l'humour noir pour faire face à la dictature. Il n'est donc pas étonnant que la mobilisation partielle du président russe Vladimir Poutine ait déjà été surnommée familièrement la mogilizatsia, un jeu de mots sur mobilizatsia, le mot russe pour "mobilisation", et mogila, le mot pour "tombe". Qui plus est, dans la pratique, ce déplacement vers le cimetière s'avère loin d'être partiel. Malgré les assurances de Poutine et de son ministre de la défense selon lesquelles la conscription serait limitée à 300 000 personnes, principalement des réservistes ayant déjà servi dans l'armée et dans des zones de conflit, les Russes ont déjà assisté à la conscription forcée d'hommes de tous âges dans tout le pays. La mobilisation s'est avérée quasi générale. Même les partisans les plus convaincus de Poutine et du régime peuvent voir que le Kremlin vise un chiffre beaucoup plus élevé : probablement plus d'un million d'hommes, bien que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, l'ait nié. Un tel chiffre doublerait effectivement la taille de l'armée existante, ce qui signifie que deux millions de personnes au total porteraient l'uniforme. (Bien que les uniformes, comme les médicaments, soient devenus difficiles à acquérir : ceux qui sont mobilisés sont obligés d'acheter leurs propres uniformes et de s'équiper de trousses de premiers secours). Beaucoup dépend, bien sûr, du zèle administratif des autorités qui dirigent les bureaux de recrutement régionaux qui, dans de nombreuses régions, ciblent tous les citoyens masculins, indépendamment de leur âge, de leur grade ou de leur expérience militaire. Les Russes peuvent être pratiquement impuissants à éviter cette vaste rafle, surtout maintenant que l'Europe leur a fermé ses portes et qu'ils n'ont guère d'autre choix que d'essayer de fuir vers des pays où il n'y a pas de restrictions de visa pour les Russes. Mais c'est aussi une mauvaise situation pour Poutine, qui a tout misé sur cette guerre. Il ne peut pas gagner, mais il ne peut pas non plus se permettre de perdre, alors il compte sur la chair à canon. Poutine semble avoir oublié que la véritable source de danger pour son régime n'est peut-être pas l'opposition politique, qui a pour la plupart été emprisonnée ou réduite au silence, ni les représentants de la société civile, dont les organisations ont été systématiquement fermées et leurs voix étouffées, mais plutôt les Russes ordinaires qui ont longtemps constitué les fondements de son pouvoir. Tant qu'ils bénéficiaient de la stabilité économique et qu'ils n'étaient pas trop impliqués dans l'"opération spéciale" du gouvernement, on pouvait compter sur eux pour l'approuver, ou du moins pour ne rien faire pour s'y opposer. Mais tout cela a changé, et certains signes indiquent déjà que le noyau dur du soutien de Poutine s'affaiblit. Un sondage réalisé par le centre indépendant Levada fin septembre, après la mobilisation, montre que l'approbation de Poutine a chuté de six points, passant de 83 % à 77 %, et que son niveau de confiance a baissé de quatre points, passant de 44 % à 40 %. Ces changements peuvent sembler minimes, mais ses chiffres étaient presque immuables depuis avril. Cette stabilité commence maintenant à s'éroder. Cette mobilisation est un signe de désespoir de la part de Poutine. La perspective d'une défaite est tellement humiliante qu'il est déterminé à poursuivre la guerre à tout prix, car il n'a pas atteint les vagues objectifs qu'il s'était fixés en février. Et comme Poutine a depuis longtemps transformé son régime en sultanat, rien ni personne ne peut l'arrêter : ni ses conseillers, ni les dirigeants des États qu'il considère comme ses alliés, tels que le Premier ministre indien Narendra Modi, qui s'est publiquement distancé de la guerre de Russie lors d'une rencontre avec Poutine en déclarant que le moment présent n'était "pas le temps de la guerre", et le président turc Recep Tayyip Erdogan, un partenaire opportuniste de Poutine qui a endossé le rôle de pacificateur et semble tenter de faire appel à ce qui reste de l'esprit rationnel de Poutine. Le président kazakh Kassym-Jomart Tokayev est si inquiet qu'il a soigneusement pris ses distances avec le Kremlin et cherche à se rapprocher de l'Europe. Les dirigeants des pays de l'ancienne Union soviétique considèrent désormais Poutine comme un personnage dangereux qui s'imagine être le maître d'un empire inexistant. Les Russes qui sont attentifs et capables de comprendre ce qui se passe voient qu'un seul homme a conduit la Russie au bord d'une catastrophe démographique et le monde au bord d'une guerre nucléaire. QUICONQUE PEUT TENIR UN FUSIL La frustration et la fureur de Poutine face à cette guerre perdue et sa détermination à intensifier les hostilités sont devenues apparentes dès les premiers jours de la contre-attaque ukrainienne réussie. Dans un premier temps, il a répondu par des frappes de missiles contre les infrastructures critiques de l'Ukraine, telles que les centrales électriques et les réseaux d'eau. Cette tactique était toutefois un aveu de faiblesse plutôt qu'une démonstration de force. En détruisant les infrastructures critiques de territoires qu'il considère comme siens, il révèle qu'il sait que la Russie n'a aucun espoir de les soumettre et de les assimiler. Aujourd'hui, Poutine a trouvé un moyen terrifiant de sortir de l'impasse dans laquelle il s'est mis : la mobilisation partielle. L'autocrate a décidé que tous ceux qui peuvent au moins tenir un fusil doivent passer de l'approbation silencieuse à la participation active à son "opération spéciale". Les gens doivent partager avec lui la responsabilité de la guerre, non seulement avec des mots mais aussi avec leur corps. Mais il s'agit là aussi d'une preuve de faiblesse plutôt que de force : un aveu que les ressources humaines qu'il a consacrées à la guerre sont insuffisantes. Se retourner contre son propre peuple est dangereux pour Poutine. Il est essentiel que le régime de Poutine soit soutenu par les couches de la population qui dépendent fortement de l'État : celles-là mêmes qui sont poussées à assister aux rassemblements du Kremlin - appelés putings, un mélange de "Poutine" et de "réunion" - pour soutenir le dirigeant, la guerre et l'annexion des territoires occupés. Ceux que Poutine ne peut pas enrôler, mais qui sont tout aussi dépendants de l'État, seront contraints d'être encore plus forts et plus publics pour soutenir et défendre ses actions. Le Kremlin a déjà vu ce qui se passe lorsqu'il prend des mesures impopulaires auprès des masses : lorsqu'il a relevé l'âge de la retraite en 2018, la cote de popularité de Poutine a chuté de 15 % ou plus ; sa cote a encore baissé lorsque le régime a imposé des restrictions COVID-19 en 2020. Dans ces cas, les baisses étaient temporaires et ses chiffres ont pu se redresser. Avec la mobilisation, on ne sait pas où mènera l'humeur sombre des Russes. Peut-être est-ce le début d'une chute plus importante du soutien au régime - le monde a vu combien de Russes votent avec leurs pieds, fuyant Poutine et sauvant littéralement leur vie. Mais Poutine a encore de nombreux partisans fervents, et il est possible qu'une forte baisse du soutien populaire du régime ne se produise pas. Quoi qu'il en soit, il semble certain que le mécontentement et la dépression s'accumuleront à grande échelle. Plutôt que les démocrates ou les libéraux des grandes villes de Russie, ce sont les Russes ordinaires qui considèrent la chasse impitoyable aux recrues militaires comme une violation de leurs droits. Plus important encore, il s'agit d'une violation de l'accord non écrit qu'ils ont depuis longtemps avec le régime de Poutine, l'accord qui stipule que les citoyens russes moyens n'interviendront pas dans les vols et l'aventurisme militaire du Kremlin tant que le Kremlin reste en dehors de leur vie privée et de leurs appartements, leur permettant ainsi de gagner leur vie par eux-mêmes. Le service militaire au nom d'objectifs peu clairs - et la sortie forcée de l'indifférence douillette qui l'accompagne - n'était absolument pas dans le contrat. Une nouvelle blague dans le genre de l'humour très noir est apparue à ce sujet : dans la bataille entre le réfrigérateur (besoins des consommateurs) et la télévision (propagande gouvernementale), la télévision a gagné. Mais maintenant, la télévision va devoir livrer une nouvelle bataille contre un autre type de réfrigérateur, celui dans lequel sont stockés les cadavres. Le Russe moyen a de nombreuses raisons de considérer comme injuste ce que fait actuellement Poutine. C'est ce que beaucoup de gens ont ressenti lors des controverses sur l'âge de la retraite et les restrictions COVID-19. Aujourd'hui, ce sentiment d'injustice sera renforcé par les conséquences sociales et économiques d'une militarisation sans précédent. La Russie est isolée, et les chances que l'économie puisse résister à ces pressions sont faibles. Il est tout aussi important de noter que la majorité des conscrits sont issus de familles pauvres, de groupes ethniques distincts au sein des républiques russes et de la périphérie de la société russe. Les élites politiques qui ont lancé et soutenu la guerre ne se retrouveront pas dans les tranchées. Les intérêts dictatoriaux se manifestent également dans la détermination des personnes qui peuvent être exemptées du service militaire : les autorités font appel à des personnes exerçant des professions dont l'économie et la société ont besoin, comme les pilotes, les propriétaires de petites et moyennes entreprises qui fournissent des importations parallèles vitales de biens de consommation, et les enseignants. Mais elles ne convoquent pas les professionnels de la propagande, par exemple, que le ministère des Communications a exemptés. C'est irrationnel et injuste. Dans la course pour échapper au service militaire et éviter de participer à la guerre du régime, ce sont les plus proches du régime qui gagnent. LES ENFANTS COMME ENGRAIS Plus importante encore que la trahison des masses par Poutine, cependant, est peut-être sa trahison de la jeunesse russe. Les jeunes qui ont les moyens de le faire et qui ont une certaine éducation fuient tout simplement. Ils voient un pays sans avenir et savent que s'ils restent, ils n'auront pas d'avenir non plus. Rester en Russie et être appelé à servir dans une armée qui mène une guerre "pour des objectifs illusoires" - pour citer Alla Pugacheva, la pop star la plus célèbre du pays - signifie sacrifier des espoirs et des projets et, peut-être, sa vie. La rhétorique glorifiant la mort pour la patrie est devenue monnaie courante chez les irréductibles de Poutine, le patriarche Kirill de l'Église orthodoxe russe affirmant que si quelqu'un meurt dans l'exercice de ses fonctions militaires, "ce sacrifice lave tous les péchés que la personne a commis". Mais un tel discours est totalement étranger à la société moderne. Il est désormais clair, et pas seulement pour la jeune génération, que l'État de Poutine ne peut imposer sa loi que par la violence. Pour ceux qui ne peuvent pas fuir ou dont des membres de la famille sont appelés sous les drapeaux, l'une des réponses consiste à protester, même si c'est extrêmement dangereux. C'est notamment le cas au Daghestan, une république dans laquelle 99 % des adultes sont censés avoir voté pour Poutine et son parti. Aujourd'hui, des manifestants, principalement des femmes, sont descendus dans la rue avec des banderoles déclarant "Nos enfants ne sont pas des engrais !" Ces manifestations ne peuvent être comparées aux rassemblements de l'opposition à Moscou : ce n'est pas l'opposition qui proteste, mais plutôt des membres des couches dépolitisées de la société, et ils ne le font que dans certaines républiques nationales, où les gens ont peut-être des notions particulières de la dignité humaine. Mais d'autres indices montrent clairement à quel point les Russes sont frustrés. Quelques heures après l'annonce de Poutine, de longues colonnes de voitures tentaient d'atteindre la frontière géorgienne ou kazakhe. Les vols vers diverses destinations étrangères, en particulier les villes d'Asie centrale, Istanbul et Tel Aviv, ont été vendus instantanément, avec des prix qui ont explosé. Trois jours seulement après l'annonce, le Service fédéral de sécurité, ou FSB, a enregistré que plus de 260 000 personnes avaient fui par les différentes frontières. Dans tout le pays, des bureaux de recrutement ont été incendiés ; dans un cas, un recruteur a été abattu par un conscrit, et dans un autre, un conscrit a tenté de s'immoler plutôt que d'être envoyé pour tuer d'autres personnes. Dans la Russie de Poutine, le temps s'est accéléré, mais en sens inverse, passant à toute vitesse de ce siècle aux parties les plus sombres du siècle dernier, avec son odeur de sueur et de boue et son atmosphère de désespoir, le désespoir des camps de goulag et de la guerre. Plusieurs générations de Russes, y compris les plus jeunes, sont en train de retourner vers tout cela. Si la voie de la grandeur de la Russie passe par les tranchées et doit être payée de leur vie, alors de plus en plus de jeunes sont heureux de renoncer à la grandeur. Poutine porte un coup puissant à un autre domaine dans lequel la Russie souffrait déjà : la démographie. À mesure qu'elle perd de plus en plus de jeunes, la population russe, vieillissante et stagnante, devient encore plus âgée et plus petite, ce qui apporte à Poutine un soutien lors des élections mais ne confère aucune légitimité à son régime. Il a déjà cessé d'être le président de tous les Russes. Ceux qui ne le soutiennent pas sont considérés comme des "traîtres nationaux", une "cinquième colonne" et des "agents étrangers". La population russe, ce qu'il en reste, deviendra encore plus dépendante de l'État, ce qui entraînera des taux de participation record aux rassemblements pro-Poutine mais n'aidera pas le Kremlin à comprendre réellement ce qui se passe dans le pays - et ce qu'il doit faire pour le sauver. UNE PEUR PLUS GRANDE QUE POUTINE La mobilisation de Poutine et les bouleversements qu'elle a provoqués ont lieu quelques mois seulement avant le début de la campagne pour l'élection présidentielle de 2024. D'une certaine manière, le vote a déjà commencé : les hommes de toutes les tranches d'âge votent avec leurs pieds et fuient le pays. Néanmoins, une majorité continue d'approuver les actions du gouvernement, beaucoup imputant l'escalade au président américain Joe Biden, à l'Europe, à l'OTAN et au président ukrainien Volodymyr Zelensky et suggérant que Poutine n'avait guère le choix. Conditionnée pendant des décennies à rester inerte, l'opinion publique russe a tendance à changer très lentement, comme le montrent les légères baisses de popularité de Poutine. Il ne fait aucun doute que la majorité de la population - les 50 % qui restent fermement en faveur de la guerre - soutiendra tout ce que fait le régime, peut-être jusqu'à des frappes nucléaires. C'est la partie hyper-obéissante de la population. Mais pour 30 autres pour cent, ceux qui, jusqu'à présent, ont simplement trouvé plus facile de soutenir le régime plutôt que de s'y opposer, les actions de Poutine pourraient avoir des conséquences beaucoup plus importantes. Ces Russes sont habités par le doute et le mécontentement ; pour eux, il est déjà clair que la mobilisation n'est pas partielle, et si cette impression commence à se répandre plus largement, alors l'attitude générale de la société russe dans son ensemble pourrait commencer à changer. Selon une autre conclusion du nouveau sondage Levada, le pourcentage de Russes qui pensent que le pays va dans la bonne direction est passé de 67 % en août à seulement 60 % un mois plus tard. Pour l'instant, Poutine a décidé de graver rapidement ses pertes dans le marbre, en les déclarant acquis et réussis. Cela semble être la logique qui sous-tend la hâte démesurée d'organiser des référendums dans l'est de l'Ukraine : il faut déclarer une sorte de victoire. Les référendums sont une autre réponse hâtive et amère de Poutine derrière laquelle, comme pour toutes ses décisions de ces dernières années, il y a de moins en moins de logique et de plus en plus d'émotions palpables. L'intention est cependant apparue immédiatement, car plus personne parmi les autorités russes n'a honte : à la suite des référendums, qui n'ont aucune base juridique et dont les résultats ne peuvent être vérifiés, les territoires occupés seront considérés comme russes. À ce moment-là, toute contre-attaque ukrainienne sur ces territoires pourra être considérée comme une attaque contre la Russie elle-même. Cela pourrait entraîner toute une série de conséquences, pouvant aller jusqu'à l'utilisation d'armes nucléaires. L'évocation de l'utilisation de la capacité nucléaire de la Russie est devenue si occasionnelle et si fréquente qu'elle est presque devenue la nouvelle norme dans le discours du Kremlin et dans le récit présenté dans ses émissions de propagande. Les sombres menaces de Poutine d'utiliser "tous les moyens à notre disposition", apparemment destinées à soulever la population et à la préparer au combat, pourraient à un moment donné avoir l'effet inverse : est-il sage de faire confiance à un dirigeant qui entraîne la nation dans un hiver nucléaire ? Les Russes pourraient commencer à craindre une guerre nucléaire plus qu'ils ne craignent Poutine lui-même. Peu de gens veulent vivre dans une crise des missiles cubains sans fin. PAR DE L'AU-DELÀ Poutine prend un risque énorme. L'économie va mal et ne s'améliorera certainement pas en envoyant un nombre considérable de personnes supplémentaires au massacre. Les problèmes du budget fédéral sont également évidents : les recettes vont diminuer - qui restera-t-il à taxer ? - et le Kremlin sera contraint de consacrer une part toujours plus grande de son trésor à la guerre. Le Kremlin sera contraint de consacrer une part toujours plus grande de son trésor à la guerre, ce qui lui laissera de moins en moins de ressources pour acheter la loyauté de la population. Dans de telles circonstances, quel sera le message du dictateur qui cherche à prolonger encore son règne ? Ayant choisi d'étendre la guerre, Poutine élargit l'arène de la défaite : avec le projet, la défaite mentale et morale de la Russie en Ukraine peut maintenant être complétée de plus en plus par la défaite des illusions par lesquelles l'"opération spéciale" avait jusqu'à présent été soutenue à l'intérieur du pays. En un sens, l'Ukraine a déjà gagné, ayant acquis une identité et une unité nationales. Mais dans les semaines à venir, même des victoires mineures pour l'Ukraine augmenteront l'irritation de Poutine, qui y répondra probablement de manière asymétrique, sans honte ni décorum. À l'heure actuelle, rien n'indique que des pourparlers de paix soient possibles (surtout après les référendums organisés par la Russie dans l'est du pays) ou que la guerre puisse se terminer sans qu'un camp ne revendique la victoire. Cet horrible conflit en Europe pourrait se poursuivre même si les ressources de Poutine, tant humaines que psychologiques, sont épuisées. Un meilleur résultat est possible, mais en impliquant l'ensemble du pays dans sa guerre, Poutine l'a rendu d'autant plus difficile à obtenir : un résultat dans lequel la Russie commence à passer de l'autoritarisme à la démocratie. Toutefois, s'il pouvait y parvenir d'une manière ou d'une autre, cette victoire serait commune : pour l'Ukraine, l'Europe, l'Occident et le monde entier, y compris la Russie. Car cela signifierait une Russie libérée de Poutine et du poutinisme. À PROPOS DE L'AUTEUR : ANDREI KOLESNIKOV est Senior Fellow au Carnegie Endowment for International Peace. 6 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
jojo (lo savoyârd) Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Ça rode dans les eaux troubles ... https://www.ladepeche.fr/2022/09/30/des-drones-non-autorises-detectes-pres-dune-plateforme-de-totalenergies-en-mer-du-nord-10703957.php Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
jojo (lo savoyârd) Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Il y a 1 heure, Julien a dit : Apparemment il n'est pas vidé, c'est juste que la pression de l'eau est devenu supérieure à la pression dans le tuyau, donc le gaz ne sort plus. Façon de parler. Évidemment qu'il doit rester du gaz à l'intérieur. Pour chasser tout il faudrait presser des deux extrémités ... Ensuite et pour aller encore plus loin dans ton sens [humour], il ne sera jamais vidé car dedans il y aura toujours soit du gaz, soit de l'eau, soit des poissons qui font des bulles ... 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
jojo (lo savoyârd) Posté(e) le 1 octobre 2022 Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Il y a 2 heures, Aldo a dit : J'imagine que le gazoduc est segmenté et qu'il est possible d'isoler les sections. Dans ce cas la réparation serait possible à moindre frais, ce qui expliquerait que les vilains aient osé attaquer une telle pompe à fric. Ça j'en sais rien mais j'en doute fortement. Ne serait-ce que par le volume de gaz échappé depuis plusieurs jours. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. U235 Posté(e) le 1 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 1 octobre 2022 Cet essai a été publié dans Foreign Policy aujourd'hui (1er octobre). Le monde de Poutine est maintenant plus petit que jamais Le désastre moral et stratégique de la guerre du dirigeant russe en Ukraine a mis fin à ses rêves impériaux. Par Angela Stent Original (anglais) Spoiler Putin’s World Is Now Smaller Than Ever The moral and strategic disaster of the Russian leader’s war in Ukraine has ended his imperial dreams. OCTOBER 1, 2022 | 7:15 AM By Angela Stent, a nonresident senior fellow at the Brookings Institution and the author of Putin’s World: Russia Against the West and With the Rest. Faced with Ukraine’s successful counteroffensive in the country’s east and south in recent weeks, as well as a growing chorus of hawks in the Russian state media criticizing Russia’s military failures, Russian President Vladimir Putin has raised the stakes. He has ordered the mobilization of 300,000 additional troops and implied that he would use nuclear weapons if the West continued to support Ukraine. After sham referendums in four Russian-occupied regions, Putin on Friday signed a decree to annex them to Russia. Now, Ukraine’s counteroffensives there will be deemed an attack on Russia itself and subject to escalatory retaliation. These actions underscore the miscalculations behind Putin’s decision to invade in February and determination to remove Ukrainian President Volodymyr Zelensky from power. Seven months after the start of the invasion, Putin hasn’t learned any lessons from the mistakes that doomed it in the first place. In the invasion’s immediate aftermath, it was clear that Putin had made four major miscalculations. The first miscalculation was the overestimation of the Russian military’s strength and effectiveness. No doubt, those in his immediate circle would only tell him what he wanted to hear. Putin apparently had been led to believe that the war would be over after a 72-hour blitzkrieg, Kyiv would fall, and Zelensky would surrender or flee and be replaced by a puppet government controlled by Russia. Russian officers were reported to have carried with them ceremonial uniforms to be worn during the expected victory parade. But the Russian military performed much worse than Putin (and apparently the U.S. intelligence agencies) expected. It was unable to take Kyiv and had to make a humiliating retreat, leaving devastation in its wake, with atrocities committed in Bucha, a suburb of Kyiv, and other areas nearby. Many of the young Russian recruits were so badly prepared for the conflict that they did not even know they were invading Ukraine, and Russian morale was low. Tanks and other military equipment were in need of repair, logistics were haphazard, and the invading army did not bring enough fuel or food to sustain it for a longer war. The corruption that pervades all aspects of Russian society was also rife in the military. Money that should have gone to training and equipment lined people’s pockets instead. The second major miscalculation was underestimating the Ukrainian people and military. Apparently Putin was misinformed about Ukrainians’ sense of national identity and will to fight. If he expected Ukrainians to greet their Russian “liberators” with flowers, he made a grave error. Russia’s annexation of Crimea and launch of the war in the Donbas in 2014 fostered a Ukrainian national identity that Putin failed to grasp. Once the invasion was underway, the United States offered to evacuate Zelensky from Kyiv, but he responded, “I don’t need a ride, I need more ammunition.” It seems the Russians were unable to find anyone who would form a pro-Russian government, and the FSB unit in charge of finding collaborators in Ukraine was subsequently severely disciplined, with rumors of high-level arrests. Zelensky, the comedian-turned-president whose approval rating hovered around 30 percent before the war, surprised the world by rising to the occasion and providing charismatic and inspiring leadership, leading some to liken him to Britain’s wartime prime minister, Winston Churchill. Zelensky proved extremely effective at using social media to communicate nightly with his own population and the outside world. Although the Ukrainian army had fewer troops than Russia’s and less sophisticated military hardware, its morale was high. It was fighting for a cause: national survival. It had support from the West, particularly the United States, whose weapons and intelligence enabled Ukraine to push the Russians back, and from the Europeans. Moscow’s unprovoked aggression united Ukrainians as never before—and that includes Russian-speaking Ukrainians, especially as Russian brutality escalated. Ukrainians are united against Russia in a way they have never been. The West is more united than it has been for a decade; Finland and Sweden, which adamantly preserved their neutral status during the Cold War, have applied to join NATO; and Ukraine is now a candidate for membership in the European Union. Moreover, the United States announced it would permanently station troops in Poland at the Madrid NATO summit in June. Russia’s economy is deglobalizing and becoming cut off from the rest of the world. A new diaspora of perhaps half a million Russians have fled to the West or other post-Soviet states, taking their energies and intellectual capital with them and hoping to return once Putin is no longer in power. Far from being a master strategist, Putin has accomplished the exact opposite of what he set out to achieve with his invasion of Ukraine. The mishandled mobilization, renewed nuclear threats against the West, and the apparent sabotage of the two Nord Stream pipelines have only reinforced Western unity. Doubts about Russia’s capabilities are now emerging in parts of the global south, which has so far remained neutral in the conflict. It is difficult to see how Putin will be able to reverse Russia’s fortunes in this senseless war—but so far, he appears to have no intention of ending it. Angela Stent is a nonresident senior fellow at the Brookings Institution and the author of Putin’s World: Russia Against the West and With the Rest. Twitter: @AngelaStent Traduit en français Quote Le monde de Poutine est maintenant plus petit que jamais Le désastre moral et stratégique de la guerre du dirigeant russe en Ukraine a mis fin à ses rêves impériaux. 1ER OCTOBRE 2022 | 7:15 AM Par Angela Stent, senior fellow non résidente à la Brookings Institution et auteur de Putin's World : La Russie contre l'Occident et avec le reste. Face à la contre-offensive réussie de l'Ukraine dans l'est et le sud du pays ces dernières semaines, ainsi qu'à un chœur croissant de faucons dans les médias d'État russes critiquant les échecs militaires de la Russie, le président russe Vladimir Poutine a fait monter les enchères. Il a ordonné la mobilisation de 300 000 soldats supplémentaires et a laissé entendre qu'il utiliserait des armes nucléaires si l'Occident continuait à soutenir l'Ukraine. Après des référendums fictifs dans quatre régions occupées par la Russie, Poutine a signé vendredi un décret pour les annexer à la Russie. Désormais, les contre-offensives de l'Ukraine sur place seront considérées comme une attaque contre la Russie elle-même et feront l'objet de représailles escalatoires. Ces actions soulignent les erreurs de calcul à l'origine de la décision de Poutine d'envahir le pays en février et de sa détermination à destituer le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Sept mois après le début de l'invasion, Poutine n'a tiré aucune leçon des erreurs qui l'ont condamné en premier lieu. Dans les suites immédiates de l'invasion, il était clair que Poutine avait fait quatre erreurs de calcul majeures. La première erreur de calcul était la surestimation de la force et de l'efficacité de l'armée russe. Sans doute, les personnes de son entourage immédiat ne lui disaient que ce qu'il voulait entendre. Poutine avait apparemment été amené à croire que la guerre serait terminée après une guerre éclair de 72 heures, que Kiev tomberait et que Zelensky se rendrait ou fuirait et serait remplacé par un gouvernement fantoche contrôlé par la Russie. On rapporte que des officiers russes ont emporté avec eux des uniformes de cérémonie à porter lors du défilé de la victoire attendu. Mais les performances de l'armée russe ont été bien pires que ce que Poutine (et apparemment les agences de renseignement américaines) avait prévu. Elle n'a pas pu prendre Kiev et a dû effectuer une retraite humiliante, laissant la dévastation dans son sillage, avec des atrocités commises à Bucha, une banlieue de Kiev, et dans d'autres zones proches. De nombreuses jeunes recrues russes étaient si mal préparées au conflit qu'elles ne savaient même pas qu'elles envahissaient l'Ukraine, et le moral des Russes était bas. Les chars et autres équipements militaires avaient besoin d'être réparés, la logistique était désordonnée, et l'armée d'invasion n'avait pas apporté assez de carburant ou de nourriture pour la soutenir pendant une guerre plus longue. La corruption qui imprègne tous les aspects de la société russe était également répandue dans l'armée. L'argent qui aurait dû aller à la formation et à l'équipement garnissait plutôt les poches des gens. La deuxième erreur de calcul majeure a été de sous-estimer le peuple et l'armée ukrainiens. Apparemment, Poutine était mal informé sur le sentiment d'identité nationale des Ukrainiens et leur volonté de se battre. S'il s'attendait à ce que les Ukrainiens accueillent leurs "libérateurs" russes avec des fleurs, il a commis une grave erreur. L'annexion de la Crimée par la Russie et le lancement de la guerre dans le Donbas en 2014 ont favorisé une identité nationale ukrainienne que Poutine n'a pas su saisir. Une fois l'invasion en cours, les États-Unis ont proposé d'évacuer Zelensky de Kiev, mais il a répondu : "Je n'ai pas besoin d'un transport, j'ai besoin de plus de munitions." Il semble que les Russes n'aient pas réussi à trouver quelqu'un susceptible de former un gouvernement pro-russe, et l'unité du FSB chargée de trouver des collaborateurs en Ukraine a ensuite été sévèrement disciplinée, avec des rumeurs d'arrestations de haut niveau. Zelensky, le comédien devenu président dont la cote de popularité oscillait autour de 30 % avant la guerre, a surpris le monde en se montrant à la hauteur de la situation et en fournissant un leadership charismatique et inspirant, ce qui a amené certains à le comparer au premier ministre britannique en temps de guerre, Winston Churchill. Zelensky s'est montré extrêmement efficace dans l'utilisation des médias sociaux pour communiquer chaque nuit avec sa propre population et le monde extérieur. Bien que l'armée ukrainienne dispose de moins de troupes que celle de la Russie et d'un matériel militaire moins sophistiqué, son moral est élevé. Elle se battait pour une cause : la survie nationale. Elle bénéficiait du soutien de l'Occident, notamment des États-Unis, dont les armes et les renseignements ont permis à l'Ukraine de repousser les Russes, et des Européens. L'agression non provoquée de Moscou a uni les Ukrainiens comme jamais auparavant - et cela inclut les Ukrainiens russophones, d'autant plus que la brutalité russe s'est intensifiée. Les Ukrainiens sont unis contre la Russie comme ils ne l'ont jamais été. L'Occident est plus uni qu'il ne l'a été depuis une décennie ; la Finlande et la Suède, qui ont catégoriquement préservé leur statut de neutralité pendant la guerre froide, ont demandé à rejoindre l'OTAN ; et l'Ukraine est désormais candidate à l'adhésion à l'Union européenne. De plus, les États-Unis ont annoncé qu'ils allaient stationner des troupes en permanence en Pologne lors du sommet de l'OTAN à Madrid en juin. L'économie de la Russie se démondialise et se coupe du reste du monde. Une nouvelle diaspora de peut-être un demi-million de Russes a fui vers l'Ouest ou d'autres États post-soviétiques, emportant avec eux leurs énergies et leur capital intellectuel et espérant revenir une fois que Poutine ne sera plus au pouvoir. Loin d'être un maître stratège, Poutine a accompli exactement le contraire de ce qu'il avait prévu de faire avec son invasion de l'Ukraine. La mobilisation mal gérée, les menaces nucléaires renouvelées contre l'Occident et le sabotage apparent des deux pipelines Nord Stream n'ont fait que renforcer l'unité de l'Occident. Des doutes sur les capacités de la Russie émergent désormais dans certaines parties du Sud du monde, qui sont jusqu'à présent restées neutres dans le conflit. Il est difficile de voir comment Poutine pourra inverser le sort de la Russie dans cette guerre insensée - mais jusqu'à présent, il ne semble pas avoir l'intention d'y mettre fin. Angela Stent est un senior fellow non résident à la Brookings Institution et l'auteur de Putin's World : Russia Against the West and With the Rest. Twitter : @AngelaStent 3 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Molloy Posté(e) le 2 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 2 octobre 2022 La Cour constitutionnelle russe valide l'annexion des territoires ukrainiens La Cour constitutionnelle russe a jugé dimanche légaux les traités d'annexion des territoires ukrainiennes signés vendredi au Kremlin par le président Vladimir Poutine et les dirigeants des régions séparatistes et occupées d'Ukraine. La cour "reconnaît" les traités signés entre Moscou et les quatre territoires ukrainiens de Kherson, Zaporijjia, Donetsk et Lougansk comme "conformes à la Constitution de la Fédération de Russie", peut-on lire dans un document rendu public. Et maintenant, pour défendre ces "nouveaux territoires", une armée russe en retraite, pour ne pas dire en pleine débandade dans l'est. Poutine, responsable de cette situation inextricable, s'est condamné à escalader à la première difficulté, sans possibilité de plan B ou C. D'aucuns continue à évoquer l'option nucléaire. On entrerai là dans un monde inconnu... L'avenir naturellement est toujours incertain mais de plus en plus inquiétant. Par ailleurs, les conflits gelés en Moldavie, en Georgie, dans le Caucase, en Asie Centrale... avec un "Empire russe" vacillant, défendue par une armée blessée, peuvent se réchauffer assez rapidement. (les premiers soubresauts avec le conflit entre Kirghizistan et le Tadjikistan et naturellement la guerre Arménie - Azerbaïdjan) 5 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 2 octobre 2022 Share Posté(e) le 2 octobre 2022 Le 01/10/2022 à 19:17, Wallaby a dit : @Wallaby ? Tu peut dire à quoi tu joue ? l'opération Sentinelle est aussi une opération antiterroriste dixit la Cour des Comptes. Collectionneur. @collectionneur Je fais une fixation sur le bombardement de Snizhne. Je trouve que ce n'est pas tout à fait le même style que l'opération Sentinelle : voir aussi https://www.bbc.com/news/world-europe-28309034 (15 juillet 2014) Le 11/06/2022 à 19:22, Wallaby a dit : Est-ce qu'on a eu droit à du vrai reportage de guerre à l'ancienne, lorsque l'aviation ukrainienne bombardait les populations ukrainiennes du Donbas (non pas dans une "guerre" mais une "opération antirerroriste"), comme en témoigne la vidéo où l'on voit les sauveteurs sauver un jeune enfant des décombres d'un immeuble bombardé à Snizhne en juillet 2014 ? Voir aussi http://www.air-defense.net/forum/topic/18353-ukraine-ii/page/290/#comment-784391 ... 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Manuel77 Posté(e) le 2 octobre 2022 Share Posté(e) le 2 octobre 2022 La France est louée dans cet article de journal allemand. Ils ont un plan pour sécuriser les infrastructures au fond de la mer. Malheureusement, derrière la barrière payante. https://www.welt.de/politik/ausland/plus241329093/Kritische-Infrastruktur-Wie-Frankreich-seinen-Meeresboden-schuetzt.html @Wallaby Article sur Waleza déjà mis deux fois au moins. Je supprime. Collectionneur 2 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. olivier lsb Posté(e) le 2 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 2 octobre 2022 Tiens, on dirait que certains commencent à réaliser que le mensonge, la double pensée et la dissonance cognitive érigés à la fois en technique de survie et méthode de gestion des citoyens, commencent à avoir des effets pervers dès lors que ça se corse un peu. 2 1 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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