collectionneur Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 @pascal L'Europe centrale et nordique va voir déboulé des blindés et des automoteurs sud coréens, les russes qui achètent des drones à l'Iran... Cela démontre le déclassement industriel de l'Europe. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Connorfra Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 Il y a 1 heure, collectionneur a dit : @pascal L'Europe centrale et nordique va voir déboulé des blindés et des automoteurs sud coréens, les russes qui achètent des drones à l'Iran... Cela démontre le déclassement industriel de l'Europe. Ou de la division de l'Europe, les Allemands retissant à vendre à la Pologne la France devant d'abord penser à elle, les refus de partage technologique ect ect. Problèmes que les américains n'ont déjà pas. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
FATac Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 Par hasard, en regardant sur FlightRadar24, j'ai constaté que la Turquie maintenant pas mal de vols commerciaux avec la Russie (principalement vers Moscou et St Petersbourg), avec plusieurs compagnies (Turkish AL, Anadolu, Antalya, ...). Globalement, on les repère à l'identification THYxxxx. Or, ces vols qui contournent soigneusement la zone de conflit (toute l'Ukraine, mais aussi le sud-ouest de la Russie, à portée de S-300 de l'Ukraine) passent actuellement par la Bielorussie. Si cette dernière bascule dans un soutien actif à l'offensive russe, ces vols vont ils devoir augmenter leur détour, jusqu'à passer par les pays baltes ? Ou bien la Turquie va-t-elle finir par renoncer à ces liaisons, peut-être sous la pression de ses alliés de l'OTAN (ou dans un "dialogue", un échange de service contre service) ? 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Alexis Posté(e) le 18 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 18 octobre 2022 D'aucuns demandent où la Russie s'arrêtera. Annexion des quatre provinces ukrainiennes déclarée le 30 septembre, c'est clair. Et le reste de l'Ukraine ? Peut-être - du moins s'ils en ont la possibilité ? Et plus loin ? A titre humoristique - mais ça montre aussi à quel point certains personnages sont déjantés - voici la version de Kirill Stremousov, Ukrainien qui a choisi d'être le gouverneur de la province de Kherson imposé par l'armée russe. La base est un poème très connu de Vladimir Orlov J'ai découvert que J'ai une grande famille Et un chemin et une forêt Dans le champ chaque oreille De la rivière, le ciel bleu - C'est tout mon foyer, C'est ma patrie, J'aime tous les êtres sous le ciel ! Я узнал, что у меня Есть огромная семья И тропинка и лесок В поле каждый колосок Речка, небо голубое — Это все мое родное Это Родина моя, Всех люблю на свете я! Voilà une déclaration au monde entier qui n'a rien d'agressif, n'est-ce pas ? C'est compter sans les talents créatifs du sieur Stremousov ... D'abord la vidéo, avec les sous-titres en anglais Et puis un article qui en parle, avec quelques détails supplémentaires... car le Monsieur est allé encore plus loin (Il a annoncé) l'imminence de « référendums populaires de réunification avec la Russie », qui « auront lieu sur toute la planète Terre." « Je vois Prague et Varsovie , Budapest et Bucarest. C'est un État russe, tant d'endroits préférés ? Je vois des pagodes au Sri Lanka, et la Corée, et la Chine ... Partout où je roule en char, partout est ma terre chérie ! Je vois le fleuve Amazone, je vois des crocodiles… C'est du côté de la Russie, c'est ma patrie ! » « Bientôt, des référendums populaires de réunification avec la Russie auront lieu sur toute la planète Terre. Et ceci, frères, n'est pas une fiction - c'est la réalité de l'Andromède brumeuse » Plus tôt, Stremousov a déclaré que "même les extraterrestres n'ont aucune chance" contre l'armée russe. C'est un cas psychiatrique peut-être... ou alors Stremousov, qui répétons-le est Ukrainien, est peut-être un agent infiltré par Kiev ? 1 4 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Fusilier Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 Il y a 3 heures, collectionneur a dit : Cela démontre le déclassement industriel de l'Europe. n’exagérons rien... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
FATac Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 il y a 40 minutes, Alexis a dit : Et puis un article qui en parle, avec quelques détails supplémentaires... car le Monsieur est allé encore plus loin (Il a annoncé) l'imminence de « référendums populaires de réunification avec la Russie », qui « auront lieu sur toute la planète Terre." C'est un cas psychiatrique peut-être... ou alors Stremousov, qui répétons-le est Ukrainien, est peut-être un agent infiltré par Kiev ? Il me semble, surtout, qu'il est très influencé par son historique soviétique. Il a dû en bouffer, de la propagande pendant ses 15 premières années, pour en être encore à transposer la volonté soviétique d'union des masses laborieuses de toute la terre vers une volonté russe d'union universelle de la nation slave (et apparentés, ou non apparentés, mais sympathisants, ou pas sympathisants, mais conquis, ou pas conquis, mais détruits…) 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 Il y a 20 heures, funcky billy II a dit : Oui, enfin, j'imagine que vous parlerez de prophétie auto-réalisatrice, mais j'ai le sentiment que le point de vue des "guerrefroidistes purs et durs" a quand même mieux résisté à l'épreuve des événements récents que celui des colombes... Il y a deux prophéties autoréalisatrices en lutte l'une contre l'autre, symétriques l'une par rapport à l'autre : la guerre froide et la détente. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 https://www.lenouvelespritpublic.fr/podcasts/369 (16 octobre 2022) Jacques Pilet : Méfions-nous des réactions émotionnelles à chaud sur telle ou telle horreur de tel ou tel jour de la guerre. Car pour comprendre ce qui nous arrive, puisque nous sommes tous concernés, il faut toujours garder à l’esprit le passé (comment on en est arrivés là), mais aussi l’avenir (dans quelle situation risquons-nous de nous trouver demain ou après-demain ?). Comme le disait Richard, il y a à court terme des perspectives diplomatiques. Peut-être pas des négociations, mais au moins des discussions. Publiquement il y aura les deux sommets évoqués, et puis en coulisses tout ce qui se passera en amont et en aval de ces rencontres. Le fait est que plus personne ne croit vraiment au succès du projet russe (d’ailleurs passablement amendé) ; la Russie ne peut donc plus « gagner », mais l’Ukraine ne peut pas gagner non plus, en ce sens qu’elle n’arrivera pas, même avec un appui occidental massif et même avec la faiblesse de plus en plus flagrante de l’armée et de la société russe, à chasser le dernier Russe du dernier mètre carré de son territoire dans les prochains mois. Dès lors, on est bien forcé de parler de négociations en vue d’une paix. Ce qui fait un peu froid dans le dos dans le discours du président Zelensky, c’est l’argument selon lequel réclamer la paix consiste à abandonner les Ukrainiens. Il faut voir comment chaque personnalité politique qui a réclamé des négociations a été diffamée, traitées de complotisme, voire de sympathies poutiniennes. Ce débat sur l’avenir du conflit est plus ou moins ouvert selon les pays d’Europe. En Allemagne, il est par exemple assez actif, y compris sur les plateaux de télévision. Il est plus bloqué dans d’autres opinions publiques, mais je crois qu’il est de notre devoir de considérer les développements de ce conflit sans avoir le nez collé sur ce qui s’est passé la veille, en s’efforçant de remettre ces faits en perspective, en pensant à la fois à l’origine du conflit, et à ses devenirs possibles. https://unherd.com/2022/10/russia-realists-are-the-new-lockdown-sceptics/ (10 octobre 2022) Tout comme les politiciens conservateurs confinementosceptiques ont été dénoncés pour leurs croyances "dangereuses", ceux qui exposent aujourd'hui un plan de paix en Ukraine - qu'il s'agisse d'Elon Musk, du pape ou de Roger Waters - sont confrontés à une réaction similaire. Au cours de la dernière quinzaine, les réalistes ont été décrits comme "en faillite intellectuelle", des "pro-fascistes" et des "apologistes de Poutine" - et ce, dans un seul article [ https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2022/09/anti-war-camp-intellectually-bankrupt/671576/ ]. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 il y a 4 minutes, FATac a dit : Il me semble, surtout, qu'il est très influencé par son historique soviétique. Il a dû en bouffer, de la propagande pendant ses 15 premières années, pour en être encore à transposer la volonté soviétique d'union des masses laborieuses de toute la terre vers une volonté russe d'union universelle de la nation slave (et apparentés, ou non apparentés, mais sympathisants, ou pas sympathisants, mais conquis, ou pas conquis, mais détruits…) Si le type est sincère - plutôt qu'un agent provocateur ukrainien - j'y verrai plutôt une manifestation déjantée de l'idéologie de la Troisième Rome. Et comme chacun sait, Rome est universelle. Ça me paraît donner un sens au délire. Totalement détaché de toute réalité certes, mais un sens. Et alors, sous l'égide d'un Tsar (Caesar) bon et guidé par Dieu, avec un Pope bienveillant (Kirill who else, et il a bien certifié que Poutine est un don de Dieu, ce qui enlève tous les doutes), sera établi le règne de Dieu sur Terre. Et alors, le Roi véritable reviendra, le Roi crucifié et ressuscité, et ses lieutenants Lui remettront tout pouvoir. Et ce sera le Dévoilement final (Apocalypse) Tiens, j'ai reçu la Crucifixion de l'Ukraine que j'avais commandé, de l'historien et théologien Colosimo, sur l'histoire de long terme de l'Ukraine, et les soubassements religieux de la guerre actuelle. M'en vais le lire ! Donc, vous pensiez que seuls les musulmans savaient faire du gros délire religieux (islamisme, djihadisme) voire apocalyptique (État islamique) ? Ou bien vous pensiez que seuls les athées savaient faire du gros, du très gros (marxisme, grand soir, Staline et Mao) voire apocalyptique (Pol Pot) ? Comment dire... Vous êtes en train de nous oublier, nous autres chrétiens 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. U235 Posté(e) le 18 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 18 octobre 2022 Article de la revue Foreign Affairs. Les sources de la mauvaise conduite russe Un diplomate fait défection au Kremlin Par Boris Bondarev | 17 octobre 2022 BORIS BONDAREV a travaillé comme diplomate au ministère russe des affaires étrangères de 2002 à 2022, et plus récemment comme conseiller à la mission russe auprès de l'Office des Nations unies à Genève. Il a démissionné en mai pour protester contre l'invasion de l'Ukraine. Quote Les sources de la mauvaise conduite russe Un diplomate fait défection au Kremlin Par Boris Bondarev | 17 octobre 2022 Pendant trois ans, mes journées de travail ont commencé de la même façon. À 7 h 30, je me réveillais, je regardais les nouvelles et je me rendais au travail à la mission russe auprès de l'Office des Nations unies à Genève. La routine était facile et prévisible, deux des caractéristiques de la vie d'un diplomate russe. Le 24 février était différent. Lorsque j'ai vérifié mon téléphone, j'ai vu des nouvelles surprenantes et mortifiantes : l'armée de l'air russe bombardait l'Ukraine. Kharkiv, Kyiv et Odessa étaient attaquées. Les troupes russes quittaient la Crimée et se dirigeaient vers la ville de Kherson, dans le sud du pays. Les missiles russes ont réduit des bâtiments en ruines et fait fuir les habitants. J'ai regardé les vidéos des explosions, avec les sirènes de raid aérien, et j'ai vu des gens courir partout, paniqués. En tant que personne née en Union soviétique, j'ai trouvé l'attaque presque inimaginable, même si j'avais entendu des informations occidentales selon lesquelles une invasion pourrait être imminente. Les Ukrainiens étaient censés être nos amis proches, et nous avions beaucoup en commun, y compris une histoire de lutte contre l'Allemagne dans le cadre du même pays. J'ai pensé aux paroles d'un célèbre chant patriotique de la Seconde Guerre mondiale, que de nombreux résidents de l'ancienne Union soviétique connaissent bien : "Le 22 juin, à 4 heures du matin exactement, Kiev a été bombardée, et on nous a dit que la guerre avait commencé." Le président russe Vladimir Poutine a décrit l'invasion de l'Ukraine comme une "opération militaire spéciale" destinée à "dé-nazifier" le voisin russe. Mais en Ukraine, c'est la Russie qui a pris la place des nazis. "C'est le début de la fin", ai-je dit à ma femme. Nous avons décidé que je devais démissionner. Démissionner signifiait mettre au rebut une carrière de vingt ans en tant que diplomate russe et, avec elle, beaucoup de mes amitiés. Mais la décision a été longue à venir. Lorsque j'ai rejoint le ministère en 2002, c'était pendant une période de relative ouverture, où nous, diplomates, pouvions travailler cordialement avec nos homologues d'autres pays. Pourtant, il était évident, dès mes premiers jours, que le ministère russe des affaires étrangères était profondément déficient. Même à l'époque, il décourageait la pensée critique et, au cours de mon mandat, il est devenu de plus en plus belliqueux. Je suis resté malgré tout, gérant la dissonance cognitive en espérant que je pourrais utiliser le pouvoir dont je disposais pour modérer le comportement international de mon pays. Mais certains événements peuvent amener une personne à accepter des choses qu'elle n'osait pas accepter auparavant. L'invasion de l'Ukraine a rendu impossible de nier à quel point la Russie était devenue brutale et répressive. C'était un acte de cruauté inqualifiable, conçu pour subjuguer un voisin et effacer son identité ethnique. Cela a donné à Moscou une excuse pour écraser toute opposition intérieure. Maintenant, le gouvernement envoie des milliers et des milliers d'hommes enrôlés pour tuer des Ukrainiens. Cette guerre montre que la Russie n'est plus seulement dictatoriale et agressive, elle est devenue un État fasciste. Mais pour moi, l'une des principales leçons de l'invasion est liée à quelque chose dont j'ai été témoin au cours des deux décennies précédentes : ce qui se passe lorsqu'un gouvernement est lentement déformé par sa propre propagande. Pendant des années, les diplomates russes ont été amenés à affronter Washington et à défendre l'ingérence de leur pays à l'étranger par des mensonges et des non sequiturs. On nous a appris à adopter une rhétorique grandiloquente et à répéter sans critique aux autres États ce que le Kremlin nous disait. Mais finalement, le public cible de cette propagande n'était pas seulement les pays étrangers, mais aussi nos propres dirigeants. Dans des câbles et des déclarations, on nous a fait dire au Kremlin que nous avions vendu au monde la grandeur de la Russie et démoli les arguments de l'Occident. Nous devions nous abstenir de toute critique sur les projets dangereux du président. Cette performance a eu lieu même aux plus hauts niveaux du ministère. Mes collègues du Kremlin m'ont dit à plusieurs reprises que Poutine apprécie son ministre des affaires étrangères, Sergey Lavrov, car il est "confortable" de travailler avec lui, il dit toujours oui au président et lui dit ce qu'il veut entendre. Il n'est donc pas étonnant que Poutine ait pensé qu'il n'aurait aucun mal à vaincre Kiev. La guerre est une démonstration brutale de la façon dont les décisions prises dans les chambres d'écho peuvent se retourner contre eux. Poutine a échoué dans sa tentative de conquérir l'Ukraine, une initiative dont il aurait pu comprendre qu'elle était impossible si son gouvernement avait été conçu pour donner des évaluations honnêtes. Pour ceux d'entre nous qui ont travaillé sur les questions militaires, il était évident que les forces armées russes n'étaient pas aussi puissantes que l'Occident le craignait - en partie grâce aux restrictions économiques mises en place par l'Occident après la prise de la Crimée par la Russie en 2014, qui ont été plus efficaces que les décideurs politiques ne semblaient le réaliser. L'invasion du Kremlin a renforcé l'OTAN, une entité qu'elle était destinée à humilier, et a entraîné des sanctions suffisamment fortes pour que l'économie russe se contracte. Mais les régimes fascistes se légitiment davantage par l'exercice du pouvoir que par des gains économiques, et Poutine est si agressif et détaché de la réalité qu'il est peu probable qu'une récession l'arrête. Pour justifier son règne, Poutine veut la grande victoire qu'il a promise et qu'il croit pouvoir obtenir. S'il accepte un cessez-le-feu, ce ne sera que pour permettre aux troupes russes de se reposer avant de reprendre le combat. Et s'il gagne en Ukraine, Poutine passera probablement à l'attaque d'un autre État post-soviétique, comme la Moldavie, où Moscou soutient déjà une région dissidente. Il n'y a donc qu'un seul moyen d'arrêter le dictateur russe, et c'est de faire ce que le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a suggéré en avril : affaiblir le pays "jusqu'à ce qu'il ne puisse plus faire le genre de choses qu'il a faites en envahissant l'Ukraine". Cela peut sembler être un défi de taille. Mais l'armée russe a été considérablement affaiblie, et le pays a perdu nombre de ses meilleurs soldats. Avec un large soutien de l'OTAN, l'Ukraine est capable de battre la Russie à l'est et au sud, tout comme elle l'a fait au nord. En cas de défaite, Poutine sera confronté à une situation périlleuse sur le plan intérieur. Il devra expliquer à l'élite et aux masses pourquoi il a trahi leurs attentes. Il devra dire aux familles des soldats morts pourquoi ils ont péri pour rien. Et grâce à la pression croissante des sanctions, il devra faire tout cela à un moment où la situation des Russes est encore pire qu'aujourd'hui. Il pourrait échouer dans cette tâche, être confronté à une réaction négative généralisée et être mis à l'écart. Il pourrait chercher des boucs émissaires et être renversé par les conseillers et les députés qu'il menace de purger. Quoi qu'il en soit, si Poutine s'en va, la Russie aura une chance de se reconstruire véritablement et d'abandonner enfin sa folie des grandeurs. RÊVES DE PIPE Je suis né en 1980 de parents appartenant aux couches moyennes de l'intelligentsia soviétique. Mon père était économiste au ministère du commerce extérieur, et ma mère enseignait l'anglais à l'Institut d'État des relations étrangères de Moscou. Elle était la fille d'un général qui a commandé une division de fusiliers pendant la Seconde Guerre mondiale et a été reconnu comme un "Héros de l'Union soviétique". Nous vivions dans un grand appartement de Moscou attribué par l'État à mon grand-père après la guerre, et nous avions des opportunités que la plupart des résidents soviétiques n'avaient pas. Mon père a été nommé à un poste dans une entreprise commune soviéto-suisse, ce qui nous a permis de vivre en Suisse en 1984 et 1985. Pour mes parents, cette période a été transformatrice. Ils ont découvert ce que c'était que de résider dans un pays riche, avec des commodités - chariots d'épicerie, soins dentaires de qualité - dont l'Union soviétique était dépourvue. En tant qu'économiste, mon père était déjà conscient des problèmes structurels de l'Union soviétique. Mais le fait de vivre en Europe occidentale l'a amené, ainsi que ma mère, à s'interroger plus profondément sur le système, et ils ont été enthousiasmés lorsque Mikhaïl Gorbatchev a lancé la perestroïka en 1985. Comme la plupart des résidents soviétiques, semble-t-il. Il n'était pas nécessaire de vivre en Europe occidentale pour se rendre compte que les magasins de l'Union soviétique offraient une gamme étroite de produits de mauvaise qualité, comme des chaussures douloureuses à porter. Les résidents soviétiques savaient que le gouvernement mentait lorsqu'il prétendait mener une "humanité progressiste". De nombreux citoyens soviétiques croient que l'Occident aidera leur pays dans sa transition vers une économie de marché. Mais ces espoirs se sont avérés naïfs. L'Occident n'a pas fourni à la Russie le montant de l'aide que beaucoup de ses habitants - et certains économistes américains éminents - pensaient nécessaire pour relever les énormes défis économiques du pays. Au lieu de cela, l'Occident a encouragé le Kremlin à lever rapidement le contrôle des prix et à privatiser rapidement les ressources de l'État. Un petit groupe de personnes s'est enrichi grâce à ce processus en s'emparant des biens publics. Mais pour la plupart des Russes, la "thérapie de choc" a conduit à l'appauvrissement. L'hyperinflation a frappé et l'espérance de vie moyenne a diminué. Le pays a certes connu une période de démocratisation, mais une grande partie de la population a assimilé les nouvelles libertés à la misère. En conséquence, le statut de l'Occident en Russie a sérieusement souffert. Elle a encore été fortement ébranlée après la campagne de l'OTAN contre la Serbie en 1999. Pour la Russie, les bombardements ressemblaient moins à une opération visant à protéger la minorité albanaise du pays qu'à l'agression d'une grande puissance contre une petite victime. Je me souviens très bien être passé devant l'ambassade des États-Unis à Moscou le lendemain de l'attaque d'une foule et avoir remarqué les marques laissées par la peinture qui avait été projetée sur les murs. En tant qu'enfant de parents de la classe moyenne - mon père a quitté la fonction publique en 1991 et a créé une petite entreprise prospère - j'ai vécu cette décennie de turbulences essentiellement de seconde main. Mon adolescence a été stable, et mon avenir semblait assez prévisible. Je suis devenu étudiant dans l'université où ma mère enseignait et j'ai décidé de travailler dans le domaine des affaires internationales, comme l'avait fait mon père. J'ai bénéficié du fait d'étudier à une époque où le discours russe était ouvert. Nos professeurs nous encourageaient à lire une grande variété de sources, y compris certaines qui étaient auparavant interdites. Nous organisions des débats en classe. Au cours de l'été 2000, je suis entré avec enthousiasme au ministère des affaires étrangères pour un stage, prêt à me lancer dans une carrière qui, je l'espérais, m'apprendrait à connaître le monde. Mon expérience s'est avérée décourageante. Au lieu de travailler avec des élites qualifiées dans des costumes élégants - le stéréotype des diplomates dans les films soviétiques - j'ai été dirigé par un groupe de patrons fatigués, d'âge moyen, qui effectuaient des tâches peu glorieuses, comme la rédaction de points de discussion pour des fonctionnaires de haut niveau. La plupart du temps, ils ne semblaient pas travailler du tout. Ils restaient assis à fumer, à lire les journaux et à parler de leurs projets pour le week-end. Mon stage consistait principalement à leur procurer les journaux et à leur acheter des collations. J'ai quand même décidé de rejoindre le ministère. J'avais hâte de gagner mon propre argent, et j'espérais toujours en apprendre davantage sur d'autres endroits en voyageant loin de Moscou. Lorsque j'ai été engagée en 2002 comme attachée adjointe à l'ambassade de Russie au Cambodge, j'étais heureuse. J'allais avoir la chance d'utiliser mes compétences en langue khmère et mes études sur l'Asie du Sud-Est. Le Cambodge étant à la périphérie des intérêts de la Russie, j'avais peu de travail à faire. Mais vivre à l'étranger était une amélioration par rapport à la vie à Moscou. Les diplomates en poste hors de Russie gagnent beaucoup plus d'argent que ceux qui sont en poste dans le pays. Le commandant en second de l'ambassade, Viacheslav Loukianov, appréciait les discussions ouvertes et m'encourageait à défendre mes opinions. Et notre attitude à l'égard de l'Occident était assez sympathique. Le ministère des Affaires étrangères a toujours eu un penchant anti-américain, hérité de son prédécesseur soviétique, mais ce penchant n'était pas écrasant. Mes collègues et moi ne pensions pas beaucoup à l'OTAN, et lorsque nous le faisions, nous considérions généralement l'organisation comme un partenaire. Un soir, je suis sorti boire des bières avec un collègue de l'ambassade dans un bar clandestin. Nous y avons rencontré un fonctionnaire américain qui nous a invités à boire avec lui. Aujourd'hui, une telle rencontre serait lourde de tensions, mais à l'époque, c'était une occasion de nouer des liens d'amitié. Pourtant, même à cette époque, il était clair que le gouvernement russe avait une culture qui décourageait la pensée indépendante - malgré les impulsions contraires de Loukianov. Un jour, j'ai été convoqué pour rencontrer le fonctionnaire numéro trois de l'ambassade, un diplomate tranquille d'âge moyen qui avait rejoint le ministère des affaires étrangères à l'époque soviétique. Il m'a remis le texte d'un câble provenant de Moscou, qu'on m'a demandé d'incorporer dans un document que nous devions remettre aux autorités cambodgiennes. Remarquant plusieurs fautes de frappe, je lui ai dit que j'allais les corriger. "Ne faites pas ça !" m'a-t-il répondu. "Nous avons reçu le texte directement de Moscou. Ils sont mieux informés. Même s'il y a des erreurs, ce n'est pas à nous de corriger le centre." C'était emblématique de ce qui allait devenir une tendance croissante au sein du ministère : une déférence incontestée envers les dirigeants. LES HOMMES DU OUI En Russie, la première décennie du XXIe siècle a été initialement pleine d'espoir. Le niveau de revenu moyen du pays était en hausse, tout comme son niveau de vie. Poutine, qui a accédé à la présidence au début du millénaire, a promis la fin du chaos des années 1990. Et pourtant, de nombreux Russes se sont lassés de Poutine au cours des années 80. La plupart des intellectuels considéraient son image d'homme fort comme un artefact indésirable du passé, et les cas de corruption parmi les hauts fonctionnaires étaient nombreux. Poutine a réagi aux enquêtes sur son administration en réprimant la liberté d'expression. À la fin de son premier mandat, il avait effectivement pris le contrôle des trois principaux réseaux de télévision russes. Au sein du ministère des Affaires étrangères, cependant, les premières mesures de Poutine n'ont pas suscité d'inquiétude. Il a nommé Lavrov au poste de ministre des affaires étrangères en 2004, une décision que nous avons applaudie. Lavrov était connu pour sa grande intelligence et sa profonde expérience diplomatique, ainsi que pour sa capacité à établir des relations durables avec des responsables étrangers. Poutine et Lavrov devenaient de plus en plus conflictuels vis-à-vis de l'OTAN, mais les changements de comportement étaient subtils. De nombreux diplomates n'ont pas remarqué, moi y compris. Avec le recul, cependant, il est clair que Moscou préparait le terrain pour le projet impérial de Poutine, en particulier en Ukraine. Le Kremlin a développé une obsession pour ce pays après la révolution orange de 2004-2005, lorsque des centaines de milliers de manifestants ont empêché le candidat préféré de la Russie de devenir président après ce qui a été largement considéré comme une élection truquée. Cette obsession s'est reflétée dans les grandes émissions politiques russes, qui ont commencé à consacrer leur couverture en prime-time à l'Ukraine, en déblatérant sur les autorités supposées russophobes du pays. Pendant les 16 années suivantes, jusqu'à l'invasion, les Russes ont entendu les présentateurs de journaux télévisés décrire l'Ukraine comme un pays maléfique, contrôlé par les États-Unis, qui opprimait sa population russophone. (Poutine est apparemment incapable de croire que des pays peuvent véritablement coopérer, et il pense que la plupart des partenaires les plus proches de Washington ne sont en fait que ses marionnettes - y compris les autres membres de l'OTAN). Pendant ce temps, Poutine a continué à travailler à la consolidation du pouvoir dans son pays. La constitution du pays limite les présidents à deux mandats consécutifs, mais en 2008, M. Poutine a élaboré un stratagème pour préserver son contrôle : il soutiendrait la candidature de son allié Dmitri Medvedev à la présidence si ce dernier promettait de faire de M. Poutine son premier ministre. Les deux hommes ont tenu parole et, au cours des premières semaines de la présidence de Medvedev, les membres du ministère des affaires étrangères ne savaient pas à qui ils devaient adresser leurs rapports. En tant que président, Medvedev était constitutionnellement chargé de diriger la politique étrangère, mais tout le monde comprenait que Poutine était le pouvoir derrière le trône. Nous avons fini par faire rapport à Medvedev. Cette décision est l'une des nombreuses évolutions qui m'ont fait penser que le nouveau président russe pourrait être plus qu'un simple intérimaire. M. Medvedev a établi des liens chaleureux avec le président américain Barack Obama, a rencontré des chefs d'entreprise américains et a coopéré avec l'Occident même lorsque cela semblait contredire les intérêts russes. Lorsque les rebelles ont tenté de renverser le régime de Mouammar Kadhafi en Libye, par exemple, l'armée et le ministère des affaires étrangères russes se sont opposés aux efforts de l'OTAN pour établir une zone d'exclusion aérienne au-dessus du pays. Kadhafi avait historiquement de bonnes relations avec Moscou, et notre pays avait des investissements dans le secteur pétrolier libyen, donc notre ministère ne voulait pas aider les rebelles à gagner. Pourtant, lorsque la France, le Liban et le Royaume-Uni, soutenus par les États-Unis, ont présenté au Conseil de sécurité des Nations unies une motion qui aurait autorisé une zone d'exclusion aérienne, Medvedev nous a demandé de nous abstenir plutôt que d'opposer notre veto. (Il existe des preuves que Poutine a pu être en désaccord avec cette décision). Mais en 2011, Poutine a annoncé son intention de se représenter à la présidence. Medvedev - à contrecœur, semble-t-il - s'est mis de côté et a accepté le poste de premier ministre. Les libéraux ont été scandalisés, et beaucoup ont appelé au boycott ou ont soutenu que les Russes devaient délibérément gâcher leurs bulletins de vote. Ces manifestants ne représentent qu'une petite partie de la population russe, de sorte que leur dissidence n'a pas sérieusement menacé les plans de Poutine. Mais même cette manifestation limitée d'opposition a semblé rendre Moscou nerveux. Poutine s'est donc efforcé de stimuler la participation aux élections législatives de 2011 afin que les résultats de la compétition semblent légitimes - l'un de ses premiers efforts pour réduire l'espace politique qui sépare le peuple de son pouvoir. Cet effort s'est étendu au ministère des affaires étrangères. Le Kremlin a confié à mon ambassade, et à toutes les autres, la tâche d'inciter les Russes de l'étranger à voter. Je travaillais à l'époque en Mongolie. Lorsque les élections ont eu lieu, j'ai voté pour un parti non-Poutine, craignant que si je ne votais pas du tout, mon bulletin de vote serait déposé en mon nom pour la Russie unie de Poutine. Mais ma femme, qui travaillait à l'ambassade comme chef de bureau, a boycotté. Elle était l'un des trois employés de l'ambassade qui n'ont pas participé. Quelques jours plus tard, les dirigeants de l'ambassade ont examiné la liste des employés qui avaient voté aux élections. Lorsqu'ils ont été nommés, les deux autres non-votants ont déclaré qu'ils ne savaient pas qu'ils devaient participer et ont promis de le faire lors des prochaines élections présidentielles. Ma femme, en revanche, a déclaré qu'elle ne voulait pas voter, faisant remarquer que c'était son droit constitutionnel de ne pas participer. En réponse, le commandant en second de l'ambassade a organisé une campagne contre elle. Il lui a crié dessus, l'a accusée de ne pas respecter la discipline et a déclaré qu'elle serait qualifiée de "politiquement peu fiable". Il l'a décrite comme une "complice" d'Alexei Navalny, un éminent leader de l'opposition. Après que ma femme n'ait pas non plus voté à la présidentielle, l'ambassadeur ne lui a pas parlé pendant une semaine. Son adjoint ne lui a pas parlé pendant plus d'un mois. MAUVAISE NOUVELLE Mon poste suivant était au département de la non-prolifération et du contrôle des armements du ministère. Outre les questions liées aux armes de destruction massive, j'ai été chargé de me concentrer sur le contrôle des exportations, c'est-à-dire sur les réglementations régissant le transfert international de biens et de technologies pouvant être utilisés à des fins militaires et civiles. Ce travail m'a permis d'avoir une vision claire de l'armée russe, au moment même où elle devenait plus pertinente. En mars 2014, la Russie a annexé la Crimée et a commencé à alimenter une insurrection dans le Donbas. Lorsque la nouvelle de l'annexion a été annoncée, j'étais à la Conférence internationale sur le contrôle des exportations à Dubaï. Pendant une pause déjeuner, j'ai été abordé par des collègues de républiques post-soviétiques, qui voulaient tous savoir ce qui se passait. Je leur ai dit la vérité : "Les gars, j'en sais autant que vous". Ce n'était pas la dernière fois que Moscou prenait des décisions majeures de politique étrangère en laissant ses diplomates dans l'ignorance. Parmi mes collègues, les réactions à l'annexion de la Crimée allaient de mitigées à positives. L'Ukraine dérive vers l'Ouest, mais la province est l'un des rares endroits où la vision déformée de l'histoire de Poutine a un certain fondement : la péninsule de Crimée, transférée au sein de l'Union soviétique de la Russie à l'Ukraine en 1954, est culturellement plus proche de Moscou que de Kiev. (Plus de 75 % de sa population a le russe comme première langue. ) La prise de pouvoir rapide et sans effusion de sang a suscité peu de protestations parmi nous et a été extrêmement populaire dans le pays. Lavrov en a profité pour faire de l'esbroufe, en prononçant un discours dans lequel il a accusé les "nationalistes radicaux" d'Ukraine d'être responsables du comportement de la Russie. De nombreux collègues et moi-même avons pensé qu'il aurait été plus stratégique pour Poutine de faire de la Crimée un État indépendant, une action que nous aurions pu essayer de faire passer pour moins agressive. La subtilité n'est toutefois pas dans la boîte à outils de Poutine. Une Crimée indépendante ne lui aurait pas donné la gloire de rassembler des terres russes "traditionnelles". La création d'un mouvement séparatiste dans le Donbas, dans l'est de l'Ukraine, et l'occupation de cette région ont été plus surprenantes. Ces actions, qui se sont déroulées en grande partie au cours du premier tiers de 2014, n'ont pas suscité le même élan de soutien en Russie que l'annexion de la Crimée, et elles ont suscité une autre vague d'opprobre internationale. De nombreux employés du ministère étaient mal à l'aise face à l'opération de la Russie, mais personne n'osait transmettre ce malaise au Kremlin. Mes collègues et moi avons décidé que Poutine s'était emparé du Donbas pour distraire l'Ukraine, pour empêcher le pays de créer une menace militaire sérieuse pour la Russie et pour l'empêcher de coopérer avec l'OTAN. Pourtant, peu de diplomates, voire aucun, ont dit à Poutine qu'en alimentant les séparatistes, il avait en fait poussé Kiev à se rapprocher de son ennemi juré. Mon travail diplomatique avec les délégations occidentales s'est poursuivi après l'annexion de la Crimée et l'opération Donbas. Parfois, il me semblait inchangé. J'ai toujours eu des relations positives avec mes collègues des États-Unis et d'Europe, car nous avons travaillé de manière productive sur les questions de contrôle des armements. La Russie a été frappée par des sanctions, mais celles-ci ont eu un impact limité sur l'économie russe. "Les sanctions sont un signe d'irritation", a déclaré Lavrov dans une interview de 2014. "Elles ne sont pas l'instrument de politiques sérieuses". Mais en tant que responsable des exportations, j'ai pu constater que les restrictions économiques de l'Occident avaient de sérieuses répercussions sur le pays. L'industrie militaire russe était fortement dépendante des composants et des produits fabriqués en Occident. Elle utilisait des outils américains et européens pour entretenir les moteurs de drones. Elle s'est appuyée sur des producteurs occidentaux pour fabriquer des équipements électroniques résistants aux radiations, qui sont essentiels pour les satellites utilisés par les responsables russes pour recueillir des renseignements, communiquer et effectuer des frappes de précision. Les fabricants russes ont travaillé avec des entreprises françaises pour obtenir les capteurs nécessaires à nos avions. Même une partie du tissu utilisé dans les avions légers, comme les ballons météorologiques, a été fabriquée par des entreprises occidentales. Les sanctions ont soudainement coupé notre accès à ces produits et ont laissé notre armée plus faible que l'Occident ne l'avait compris. Mais bien que mon équipe ait compris comment ces pertes sapaient la force de la Russie, la propagande du ministère des affaires étrangères a contribué à empêcher le Kremlin de le découvrir. Les conséquences de cette ignorance sont aujourd'hui pleinement visibles en Ukraine : les sanctions sont l'une des raisons pour lesquelles la Russie a eu tant de mal avec son invasion. La diminution de la capacité militaire n'a pas empêché le ministère des affaires étrangères de devenir de plus en plus belliqueux. Lors des sommets ou des réunions avec d'autres États, les diplomates russes ont passé de plus en plus de temps à attaquer les États-Unis et leurs alliés. Mon équipe d'exportation a organisé de nombreuses réunions bilatérales avec, par exemple, le Japon, axées sur la manière dont nos pays pourraient coopérer, et presque chacune d'entre elles a été l'occasion de dire au Japon : "N'oubliez pas qui vous a atomisé." J'ai tenté de limiter les dégâts. Lorsque mes chefs rédigeaient des remarques ou des rapports belliqueux, j'essayais de les persuader d'adoucir le ton, et je mettais en garde contre un langage guerrier et un appel constant à notre victoire sur les nazis. Mais la teneur de nos déclarations - internes et externes - devenait de plus en plus antagoniste au fur et à mesure que nos chefs rédigeaient des textes agressifs. La propagande de style soviétique était pleinement revenue dans la diplomatie russe. HAUT SUR SON PROPRE APPROVISIONNEMENT Le 4 mars 2018, l'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia ont été empoisonnés, presque mortellement, à leur domicile au Royaume-Uni. Il n'a fallu que dix jours aux enquêteurs britanniques pour désigner la Russie comme coupable. Au début, je n'ai pas cru à cette découverte. Skripal, un ancien espion russe, avait été condamné pour avoir divulgué des secrets d'État au gouvernement britannique et envoyé en prison pendant plusieurs années avant d'être libéré dans le cadre d'un échange d'espions. Il m'était difficile de comprendre pourquoi il pouvait encore nous intéresser. Si Moscou avait voulu sa mort, elle aurait pu le faire tuer alors qu'il était encore en Russie. Mon incrédulité m'a été utile. Mon département était chargé des questions liées aux armes chimiques, et nous avons donc passé beaucoup de temps à faire valoir que la Russie n'était pas responsable de l'empoisonnement - ce que je pouvais faire avec conviction. Pourtant, plus le ministère des affaires étrangères niait sa responsabilité, moins j'étais convaincu. L'empoisonnement, disions-nous, n'avait pas été perpétré par la Russie, mais par des autorités britanniques prétendument russophobes, déterminées à ternir notre excellente réputation internationale. Le Royaume-Uni, bien sûr, n'avait absolument aucune raison de vouloir la mort de Sergueï, si bien que les affirmations de Moscou ressemblaient moins à de véritables arguments qu'à une tentative bâclée de détourner l'attention de la Russie vers l'Occident - un objectif courant de la propagande du Kremlin. Finalement, j'ai dû accepter la vérité : les empoisonnements étaient un crime perpétré par les autorités russes. De nombreux Russes nient encore que Moscou soit responsable. Je sais qu'il peut être difficile d'admettre que son pays est dirigé par des criminels prêts à tuer par vengeance. Mais les mensonges de la Russie n'ont pas convaincu les autres pays, qui ont résolument rejeté une résolution russe devant l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques visant à faire dérailler l'enquête de cette éminente organisation intergouvernementale sur l'attaque. Seuls l'Algérie, l'Azerbaïdjan, la Chine, l'Iran et le Soudan ont pris le parti de Moscou. L'enquête a conclu que les Skripals avaient été empoisonnés au Novichok, un agent neurotoxique de fabrication russe. Les délégués de la Russie auraient pu honnêtement faire part de cette perte à leurs supérieurs. Au lieu de cela, ils ont fait le contraire. De retour à Moscou, j'ai lu de longs câbles de la délégation russe de l'OIAC expliquant comment elle avait vaincu les nombreuses initiatives "anti-russes", "absurdes" et "sans fondement" des États occidentaux. Le fait que la résolution de la Russie avait été rejetée était souvent réduit à une phrase. Au début, j'ai simplement levé les yeux au ciel en lisant ces rapports. Mais j'ai vite remarqué qu'ils étaient pris au sérieux aux plus hauts niveaux du ministère. Les diplomates qui écrivaient de telles fictions recevaient les applaudissements de leurs patrons et voyaient leur carrière s'améliorer. Moscou voulait qu'on lui dise ce qu'elle espérait être vrai, et non ce qui se passait réellement. Les ambassadeurs du monde entier ont compris le message et ont rivalisé pour envoyer les câbles les plus extravagants. La propagande est devenue encore plus excentrique après l'empoisonnement de Navalny au Novichok en août 2020. Les câbles m'ont laissé pantois. L'un d'eux qualifie les diplomates occidentaux de "bêtes de proie traquées". Un autre s'étend sur "la gravité et l'incontestabilité de nos arguments". Un troisième évoque la façon dont les diplomates russes ont "facilement étouffé dans l'œuf" les "pitoyables tentatives d'élever la voix" des Occidentaux. Un tel comportement était à la fois non professionnel et dangereux. Un ministère des affaires étrangères sain est censé fournir aux dirigeants une vision sans fard du monde afin qu'ils puissent prendre des décisions en connaissance de cause. Pourtant, même si les diplomates russes incluaient des faits gênants dans leurs rapports, de peur que leurs superviseurs ne découvrent une omission, ils enterraient ces pépites de vérité dans des montagnes de propagande. Un câble de 2021 aurait pu comporter une ligne expliquant, par exemple, que l'armée ukrainienne était plus forte qu'en 2014. Mais cet aveu n'aurait été fait qu'après un long éloge des puissantes forces armées russes. La déconnexion de la réalité est devenue encore plus extrême en janvier 2022, lorsque des diplomates américains et russes se sont rencontrés à la mission américaine à Genève pour discuter d'un traité proposé par Moscou pour remanier l'OTAN. Le ministère des Affaires étrangères se concentrait de plus en plus sur les dangers supposés du bloc de sécurité occidental, et les troupes russes se massaient à la frontière ukrainienne. J'ai servi d'agent de liaison pour la réunion - j'étais appelé à fournir de l'aide à la mission locale de la Russie si notre délégation avait besoin de quoi que ce soit - et j'ai reçu une copie de notre proposition. Elle était déconcertante, remplie de dispositions qui seraient clairement inacceptables pour l'Occident, comme l'exigence que l'OTAN retire toutes les troupes et les armes des États qui ont adhéré après 1997, ce qui inclut la Bulgarie, la République tchèque, la Pologne et les États baltes. J'ai supposé que son auteur préparait le terrain pour la guerre ou qu'il n'avait aucune idée du fonctionnement des États-Unis ou de l'Europe - ou les deux. J'ai discuté avec nos délégués pendant les pauses café, et ils semblaient eux aussi perplexes. J'ai demandé à mon superviseur ce qu'il en était, et lui aussi était déconcerté. Personne ne pouvait comprendre comment nous pouvions nous rendre aux États-Unis avec un document qui exigeait, entre autres, que l'OTAN ferme définitivement sa porte aux nouveaux membres. Finalement, nous avons appris l'origine du document : il venait directement du Kremlin. Il ne devait donc pas être remis en question. J'espérais toujours que mes collègues exprimeraient en privé leur inquiétude, plutôt que leur simple confusion, à propos de ce que nous faisions. Mais beaucoup m'ont dit qu'ils étaient parfaitement satisfaits d'accepter les mensonges du Kremlin. Pour certains, c'était une façon d'échapper à la responsabilité des actions de la Russie ; ils pouvaient expliquer leur comportement en se disant à eux-mêmes et aux autres qu'ils ne faisaient que suivre les ordres. Je l'ai compris. Ce qui était plus troublant, c'est que beaucoup étaient fiers de notre comportement de plus en plus belliqueux. Plusieurs fois, lorsque j'ai averti des collègues que leurs actions étaient trop abrasives pour aider la Russie, ils ont fait un geste vers notre force nucléaire. "Nous sommes une grande puissance", m'a dit une personne. Les autres pays, a-t-il poursuivi, "doivent faire ce que nous disons". UN TRAIN FOU Même après le sommet de janvier, je ne croyais pas que Poutine allait lancer une guerre totale. L'Ukraine de 2022 était manifestement plus unie et plus pro-occidentale qu'elle ne l'était en 2014. Personne ne saluerait les Russes avec des fleurs. Les déclarations très combatives de l'Occident sur une potentielle invasion russe indiquaient clairement que les États-Unis et l'Europe réagiraient fortement. L'époque où je travaillais dans l'armement et les exportations m'avait appris que l'armée russe n'avait pas la capacité d'envahir son plus grand voisin européen et que, à part la Biélorussie, aucun État extérieur ne nous offrirait un soutien significatif. Je me suis dit que Poutine devait aussi le savoir, malgré tous les béni-oui-oui qui l'ont protégé de la vérité. L'invasion a rendu ma décision de partir éthiquement simple. Mais la logistique était encore difficile. Ma femme me rendait visite à Genève lorsque la guerre a éclaté - elle venait de quitter son emploi dans une association industrielle basée à Moscou - mais sa démission publique signifiait que ni elle ni moi ne serions en sécurité en Russie. Nous avons donc convenu qu'elle retournerait à Moscou pour récupérer notre chaton avant que je ne remette mes papiers. Le processus s'est avéré complexe et a duré trois mois. Le chat, un jeune errant, devait être stérilisé et vacciné avant que nous puissions l'emmener en Suisse, et l'Union européenne a rapidement interdit les avions russes. Pour revenir de Moscou à Genève, ma femme a dû prendre trois vols, deux taxis et traverser deux fois la frontière lituanienne - les deux fois à pied. Pendant ce temps, je regardais mes collègues se rendre aux objectifs de Poutine. Dans les premiers jours de la guerre, la plupart rayonnaient de fierté. "Enfin !" s'exclame l'un d'eux. "Maintenant, nous allons montrer aux Américains ! Maintenant, ils savent qui est le patron." En quelques semaines, lorsqu'il est devenu évident que la guerre éclair contre Kiev avait échoué, la rhétorique est devenue plus sombre mais pas moins belliqueuse. Un fonctionnaire, expert respecté en matière de missiles balistiques, m'a dit que la Russie devait "envoyer une ogive nucléaire dans une banlieue de Washington". Il a ajouté : "Les Américains chieront dans leur pantalon et se précipiteront pour nous supplier de faire la paix." Il avait l'air de plaisanter en partie. Mais les Russes ont tendance à penser que les Américains sont trop gâtés pour risquer leur vie pour quoi que ce soit, aussi, lorsque j'ai fait remarquer qu'une attaque nucléaire inviterait à des représailles catastrophiques, il s'est moqué : "Non, ce ne serait pas le cas." Quelques dizaines de diplomates ont peut-être quitté discrètement le ministère. (Jusqu'à présent, je suis le seul à avoir rompu publiquement avec Moscou.) Mais la plupart des collègues que je considérais comme raisonnables et intelligents sont restés. "Que pouvons-nous faire ?" a demandé l'un d'eux. "Nous sommes des petites gens." Il a renoncé à raisonner par lui-même. "Ceux de Moscou savent mieux que nous", a-t-il dit. D'autres ont reconnu la folie de la situation dans des conversations privées. Mais cela ne se reflétait pas dans leur travail. Ils ont continué à cracher des mensonges sur l'agression ukrainienne. J'ai vu des rapports quotidiens qui mentionnaient les armes biologiques inexistantes de l'Ukraine. Je me suis promené dans notre bâtiment - qui n'était en fait qu'un long couloir avec des bureaux privés pour chaque diplomate - et j'ai remarqué que même certains de mes collègues intelligents avaient de la propagande russe sur leur téléviseur toute la journée. C'était comme s'ils essayaient de s'endoctriner. La nature de tous nos emplois a inévitablement changé. D'une part, les relations avec les diplomates occidentaux se sont effondrées. Nous avons cessé de discuter de presque tout avec eux ; certains de mes collègues européens ont même cessé de nous saluer lorsque nous nous croisions sur le campus des Nations unies à Genève. Au lieu de cela, nous nous sommes concentrés sur nos contacts avec la Chine, qui a exprimé sa "compréhension" des préoccupations de la Russie en matière de sécurité, mais s'est gardée de tout commentaire sur la guerre. Nous avons également passé plus de temps à travailler avec les autres membres de l'Organisation du traité de sécurité collective - Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan et Tadjikistan - un bloc d'États fracturé que mes patrons aimaient à présenter comme l'OTAN de la Russie. Après l'invasion, mon équipe a tenu des séries et des séries de consultations avec ces pays qui étaient axées sur les armes biologiques et nucléaires, mais nous n'avons pas parlé de la guerre. Lorsque j'ai parlé avec un diplomate d'Asie centrale de supposés laboratoires d'armes biologiques en Ukraine, il a rejeté cette notion comme étant ridicule. J'étais d'accord. Quelques semaines plus tard, j'ai remis ma démission. Enfin, je n'étais plus complice d'un système qui croyait avoir le droit divin d'assujettir son voisin. CHOC ET STUPEUR Au cours de la guerre, les dirigeants occidentaux ont pris conscience des défaillances de l'armée russe. Mais ils ne semblent pas comprendre que la politique étrangère russe est tout aussi défaillante. De nombreux responsables européens ont évoqué la nécessité d'un règlement négocié de la guerre en Ukraine, et si leurs pays en ont assez de supporter les coûts énergétiques et économiques liés au soutien de Kiev, ils pourraient faire pression sur l'Ukraine pour qu'elle conclue un accord. L'Occident pourrait être particulièrement tenté de pousser Kiev à demander la paix si Poutine menace agressivement d'utiliser des armes nucléaires. Mais tant que Poutine sera au pouvoir, l'Ukraine n'aura personne à Moscou avec qui négocier véritablement. Le ministère des affaires étrangères ne sera pas un interlocuteur fiable, pas plus que tout autre appareil gouvernemental russe. Ils sont tous des extensions de Poutine et de son programme impérial. Tout cessez-le-feu ne fera que donner à la Russie une chance de se réarmer avant d'attaquer à nouveau. Il n'y a qu'une seule chose qui puisse vraiment arrêter Poutine, et c'est une déroute complète. Le Kremlin peut mentir aux Russes autant qu'il le veut, et il peut ordonner à ses diplomates de mentir à tous les autres. Mais les soldats ukrainiens ne prêtent aucune attention à la télévision d'État russe. Et il est devenu évident que les défaites de la Russie ne peuvent pas toujours être cachées au public russe lorsque, en l'espace de quelques jours en septembre, les Ukrainiens ont réussi à reprendre la quasi-totalité de la province de Kharkiv. Les panélistes de la télévision russe ont réagi en déplorant les pertes. En ligne, des commentateurs russes belliqueux ont directement critiqué le président. "Vous organisez une fête d'un milliard de roubles", écrit l'un d'eux dans un message en ligne largement diffusé, se moquant de Poutine qui préside à l'ouverture d'une grande roue alors que les forces russes battent en retraite. "Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?" Poutine a répondu à la perte - et à ses critiques - en enrôlant un nombre énorme de personnes dans l'armée. (Moscou affirme qu'il procède à la conscription de 300 000 hommes, mais le chiffre réel pourrait être plus élevé). Mais à long terme, la conscription ne résoudra pas ses problèmes. Les forces armées russes souffrent d'un moral bas et d'un équipement de mauvaise qualité, des problèmes que la mobilisation ne peut résoudre. Avec un soutien occidental à grande échelle, l'armée ukrainienne peut infliger des défaites plus graves aux troupes russes, les forçant à se retirer d'autres territoires. Il est possible que l'Ukraine finisse par battre les soldats russes dans les parties du Donbas où les deux camps se battent depuis 2014. Si cela devait arriver, Poutine se retrouverait dans un coin. Il pourrait répondre à la défaite par une attaque nucléaire. Mais le président russe aime sa vie luxueuse et devrait reconnaître que l'utilisation d'armes nucléaires pourrait déclencher une guerre qui tuerait même lui. (S'il ne le sait pas, ses subordonnés éviteront, on l'espère, de suivre un ordre aussi suicidaire). Poutine pourrait ordonner une mobilisation générale totale - en enrôlant presque tous les jeunes hommes de Russie - mais il est peu probable que cela offre plus qu'un répit temporaire, et plus il y aura de morts russes dans les combats, plus le mécontentement intérieur sera grand. Il se peut que Poutine finisse par se retirer et que les propagandistes russes blâment son entourage pour cette défaite embarrassante, comme certains l'ont fait après les pertes subies à Kharkiv. Mais cela pourrait pousser Poutine à purger ses associés, rendant dangereux pour ses alliés les plus proches de continuer à le soutenir. Le résultat pourrait être le premier coup de palais de Moscou depuis le renversement de Nikita Khrouchtchev en 1964. Si Poutine est chassé du pouvoir, l'avenir de la Russie sera profondément incertain. Il est tout à fait possible que son successeur tente de poursuivre la guerre, d'autant que les principaux conseillers de Poutine sont issus des services de sécurité. Mais personne en Russie n'a sa stature, et le pays entrera probablement dans une période de turbulences politiques. Il pourrait même sombrer dans le chaos. Les analystes extérieurs pourraient se réjouir de voir la Russie traverser une crise intérieure majeure. Mais ils devraient réfléchir à deux fois avant d'encourager l'implosion du pays, et pas seulement parce que cela laisserait l'énorme arsenal nucléaire russe entre des mains incertaines. La plupart des Russes se trouvent dans un espace mental délicat, provoqué par la pauvreté et d'énormes doses de propagande qui sèment la haine, la peur et un sentiment simultané de supériorité et d'impuissance. Si le pays s'effondre ou connaît un cataclysme économique et politique, cela les poussera à bout. Les Russes pourraient s'unir derrière un leader encore plus belliqueux que Poutine, provoquant une guerre civile, une plus grande agression extérieure, ou les deux. Si l'Ukraine gagne et que Poutine tombe, la meilleure chose que l'Occident puisse faire n'est pas d'infliger une humiliation. C'est plutôt le contraire : apporter son soutien. Cela peut sembler contre-intuitif ou déplaisant, et toute aide devrait être fortement conditionnée à une réforme politique. Mais la Russie aura besoin d'une aide financière après sa défaite, et en offrant un financement substantiel, les États-Unis et l'Europe pourraient avoir un poids dans la lutte pour le pouvoir post-Poutine. Ils pourraient, par exemple, aider l'un des technocrates économiques respectés de la Russie à devenir le dirigeant par intérim et aider les forces démocratiques du pays à renforcer leur pouvoir. L'octroi d'une aide permettrait également à l'Occident d'éviter de répéter son comportement des années 1990, lorsque les Russes se sont sentis escroqués par les États-Unis, et permettrait à la population d'accepter plus facilement la perte de son empire. La Russie pourrait alors se doter d'une nouvelle politique étrangère, menée par une classe de diplomates véritablement professionnels. Ils pourraient enfin faire ce que la génération actuelle de diplomates n'a pas été capable de faire : faire de la Russie un partenaire mondial responsable et honnête. À propos de l'auteur BORIS BONDAREV a travaillé comme diplomate au ministère russe des affaires étrangères de 2002 à 2022, et plus récemment comme conseiller à la mission russe auprès de l'Office des Nations unies à Genève. Il a démissionné en mai pour protester contre l'invasion de l'Ukraine. 2 6 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. pascal Posté(e) le 18 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 18 octobre 2022 Il y a 4 heures, collectionneur a dit : @pascal L'Europe centrale et nordique va voir déboulé des blindés et des automoteurs sud coréens, les russes qui achètent des drones à l'Iran... Cela démontre le déclassement industriel de l'Europe. Non je ne crois pas. Cette vente illustre deux choses. De plus en plus de nations "intermédiaires" développent une industrie de défense voire diversifient leur industrie tout court ce qui est logique. Ce d'autant plus quand ces pays sont des "rogue" nations. La seconde c'est la déprime structurelle pour ne pas dire plus (en cela la conjoncture récente) de l'appareil militaro-industriel russe privé des micro-processeurs et des équipements de l'occident... Russie que son "aventure" ukrainienne est en train de faire basculer doucement mais sûrement dans le camp des "rogue" nations L'industrie de défense européenne est toujours aussi présente, simplement aujourd'hui la Russie est infréquentable et ne peut s'approvisionner qu'auprès d'un nombre limité de pays. Les drones iraniens font un bruit de tondeuse à gazon. Leur impact militaire est spectaculaire mais militairement quasi nul ... C'est une arme du pauvre ... simpliste et vulnérable. Les contre-mesures seront faciles à mettre en place. Je me rappelle ici les discussions il y a encore un an ou deux sur les missile hypersoniques russes, les missiles de croisière ... Et aujourd'hui des drones iraniens qui font des bruits de vélomoteurs ... La descente est brutale. Alors vous allez me répondre, oui mais ils en gardent sous le coude ... okay mais il est permis de se demander quel est le volume de cette réserve sachant qu'il y a peu de chance qu'à l'heure actuelle elle puisse être renforcée. 1 1 9 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
herciv Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 La Chine stoppe ses exports de GNL : https://gcaptain.com/china-halts-lng-sales-to-foreign-buyers-to-ensure-own-supply/ Par Bloomberg News (Bloomberg) — La Chine a demandé à ses importateurs de gaz appartenant à l’État de cesser de revendre du GNL à des acheteurs privés d’énergie en Europe et en Asie afin d’assurer son propre approvisionnement pour la saison de chauffage hivernale. La Commission nationale du développement et de la réforme, le principal planificateur économique du pays, a demandé à PetroChina Co., Sinopec et Cnooc Ltd. de conserver les cargaisons d’hiver pour un usage domestique, selon des personnes au courant de la question qui ont demandé à ne pas être nommées car l’information n’est pas publique. Alors que les ventes avaient offert un certain soulagement aux acheteurs européens, le remplissage rapide des stocks et les coûts d’expédition record ont également réduit l’attrait du carburant de réexpédition, ont-ils déclaré. La commission n’a pas immédiatement répondu à une télécopie demandant des commentaires. Les entreprises publiques n’ont pas répondu aux demandes de commentaires. Les prévisions d’un léger déficit d’approvisionnement en gaz ont probablement incité Pékin, qui s’est engagé à garder les maisons chauffées cet hiver. Les reventes ont marqué un revirement brutal pour la Chine, qui a dépassé l’année dernière le Japon pour devenir le plus grand importateur mondial de GNL grâce à une augmentation des achats sur le marché au comptant, mais pourrait afficher sa première baisse de consommation de gaz en 2022. Les importateurs d’énergie surveilleront de près les hauts dirigeants réunis dans la capitale chinoise pour un congrès du parti d’une semaine. Le président Xi Jinping a mis l’accent sur la sécurité énergétique dans son discours de deux heures dimanche, répétant la rhétorique selon laquelle le pays doit poursuivre sa transition verte de manière prudente pour éviter les risques d’une pénurie d’approvisionnement. Les prix du gaz en Europe ont chuté de près de 60% par rapport au sommet atteint en août, bien qu’ils soient toujours à un record pour la période de l’année, la région cherchant à éviter l’approvisionnement de la Russie après son invasion de l’Ukraine en février. Un flot d’expéditions de GNL vers l’Europe pèse sur les prix au comptant de la région, ce qui incite certains fournisseurs à envisager de réacheminer leurs expéditions vers l’Asie où les tarifs sont plus attractifs. Néanmoins, une décision de la Chine de sécuriser son propre approvisionnement pourrait drainer les expéditions vers l’Europe et exacerber la crise énergétique de la région en cas d’hiver froid. La Chine détient d’importants contrats d’achat de GNL auprès d’exportateurs comme les États-Unis, les négociants de la nation asiatique ayant détourné une partie de cet approvisionnement vers l’Europe cette année dans un contexte de demande médiocre. © 2022 Bloomberg L.P. 1 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 Il y a 2 heures, pascal a dit : Non je ne crois pas. Cette vente illustre deux choses. De plus en plus de nations "intermédiaires" développent une industrie de défense voire diversifient leur industrie tout court ce qui est logique. Ce d'autant plus quand ces pays sont des "rogue" nations. La seconde c'est la déprime structurelle pour ne pas dire plus (en cela la conjoncture récente) de l'appareil militaro-industriel russe privé des micro-processeurs et des équipements de l'occident... Russie que son "aventure" ukrainienne est en train de faire basculer doucement mais sûrement dans le camp des "rogue" nations L'industrie de défense européenne est toujours aussi présente, simplement aujourd'hui la Russie est infréquentable et ne peut s'approvisionner qu'auprès d'un nombre limité de pays. Les drones iraniens font un bruit de tondeuse à gazon. Leur impact militaire est spectaculaire mais militairement quasi nul ... C'est une arme du pauvre ... simpliste et vulnérable. Les contre-mesures seront faciles à mettre en place. Je me rappelle ici les discussions il y a encore un an ou deux sur les missile hypersoniques russes, les missiles de croisière ... Et aujourd'hui des drones iraniens qui font des bruits de vélomoteurs ... La descente est brutale. Alors vous allez me répondre, oui mais ils en gardent sous le coude ... okay mais il est permis de se demander quel est le volume de cette réserve sachant qu'il y a peu de chance qu'à l'heure actuelle elle puisse être renforcée. Bien d'accord sur la description de la réalité qui se dessine. A moyen terme cependant, je ne pense pas que la Russie puisse durablement être un "Etat voyou". Dans ce vocable "Etat voyou", il n'y a pas seulement l'idée que le gouvernement d'un pays se conduit mal, mais l'idée que ce pays est maintenu durablement à l'écart par la majorité des autres pays et écrasé par la pression économique. Voir l'Arabie qui envahit le Yémen voisin, y tue des centaines de milliers de civils... mais n'est pas un Etat voyou. Tandis que le Venezuela qui n'agresse personne... est un Etat voyou, et comment ! Ce statut ne dépend pas d'un comportement objectivement mauvais, mais bien d'une situation de fait - être ciblé, ou non, par des gens qui vous désignent à la vindicte publique internationale. Ce qui suppose que vous puissiez être ciblé de cette manière... et que ça tienne. Or la Russie est trop puissante, trop importante pour l'économie mondiale, pour que ça puisse tenir - Plus de 10% de la production et des exportations mondiales de pétrole, carburant indispensable à toute économie et sans substitut pratique - Grosse proportion du gaz naturel aussi... plus engrais, métaux etc. - L'une des armées les plus puissantes au monde (OK, pas la deuxième !), puissance nucléaire disposant d'une capacité de frappe en second La Russie est obligée de reconfigurer son commerce extérieur, exportations principalement de matières premières, importations principalement de produits finis, pour tenir compte de la guerre économique que lui fait l'Occident. Ils vont donc le faire, et ça leur prendra des années. Ce n'est pas si facile ! Mais ça ne fait pas d'eux un "Etat voyou", du moins pas durablement. Environ 85% de la population mondiale, produisant environ 40% du PIB mondial, ne les considère pas ainsi - seuls nous autres Occidentaux pouvons nous permettre ce luxe. (Qui coûte et coûtera extrêmement cher aux Européens de l'UE et du RU. Mais c'est une autre histoire) 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
pascal Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 il y a 12 minutes, Alexis a dit : je ne pense pas que la Russie puisse durablement être un "Etat voyou". Dans ce vocable "Etat voyou", il n'y a pas seulement l'idée que le gouvernement d'un pays se conduit mal, mais l'idée que ce pays est maintenu durablement à l'écart par la majorité des autres pays et écrasé par la pression économique. Moi non plus mais cela risque de durer un peu ... Il en ira de même de l'Iran d'ailleurs Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 Il y a 18 heures, Alexis a dit : Ca pourrait être une simple opération d'intimidation / de communication de guerre. Ou ça pourrait être l'annonce d'un virage dans la stratégie Dans sa première déclaration publique depuis sa nomination, le commandant des forces russes en Ukraine, général Sourovikine a dit Je ne suis plus disposé à sacrifier des soldats russes dans une guérilla contre des hordes de fanatiques armés par l'OTAN. Nous avons assez de forces et de moyens techniques pour conduire l'Ukraine à une reddition totale. Il y a 17 heures, Alexis a dit : SI il est à la fois intelligent et brutal - ce qui est bien la réputation qui lui est faite - il peut handicaper gravement les forces ukrainiennes en faisant s'écrouler le réseau électrique du pays derrière elles. En principe, plus il y a de frappes sur l'infrastructure électrique, moins théoriquement sera la capacité de l'armée ukrainienne pour se battre, c'est-à-dire pour se déplacer, reconstituer les réserves, transporter du matériel, le réparer Bon, ça se présente mal Zelensky : les Russes ont détruit 30 % des centrales électriques ukrainiennes « Un autre type d'attaques terroristes russes : visant l'énergie ukrainienne et les infrastructures critiques. Depuis le 10 octobre, 30 % des centrales électriques ukrainiennes ont été détruites, provoquant des coupures de courant massives dans tout le pays. Il n'y a plus de place pour des négociations avec le régime de Poutine." Le chef adjoint du cabinet du président Kyrylo Tymoshenko sur les ondes du téléthon a exhorté les Ukrainiens à se préparer à d'éventuelles pannes d'électricité, d'approvisionnement en eau ou de chauffage. Si la Russie a vraiment pu détruire 30% ( !) des centrales électriques de l'Ukraine en une semaine, rien qu'avec des missiles de croisière et des drones-suicide légers - ce n'est pas invraisemblable, nous parlons d'un nombre limité de cibles - alors il ne leur sera peut-être même pas nécessaire de sortir les grands moyens type Tu-22M3 comme je l'imaginais à la page précédente. Comme on ne parle tout de même pas il me semble de grosses bombes qui transforment en charpie une centrale thermique ou cassent un barrage en morceaux, je suppose que les "30 %" de réduction de capacité ont été obtenus plutôt en visant des points névralgiques et en détruisant des équipements plus petits. Ce qui signifie aussi peut-être que la réparation pourrait ne pas prendre des années, alors qu'il faut des années par exemple pour construire une centrale thermique. Quant à la réaliser suffisamment rapidement - disponibilité des pièces détachées ? de suffisamment de personnel formé ? - et sans être interrompu par de nouveaux tirs de munitions-suicide, ou sans qu'il faille tout recommencer deux semaines plus tard ... Et bien sûr, une économie ukrainienne privée d'une grosse partie voire la majorité de son électricité, ça veut dire d'une part de grosses difficultés et souffrances pour les civils ("On s'en fiche !" dit Moscou), d'autre part de grosses difficultés pour les forces armées ukrainiennes pour "se déplacer, reconstituer les réserves, transporter du matériel, le réparer" ("C'est bien l'objectif !" dit Moscou) Je crois qu'on prend la direction de confirmer Sourovikine comme "brutal et intelligent", plutôt que "boucher stupide" 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Hibernatus Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 Il y a 5 heures, U235 a dit : Article de la revue Foreign Affairs. Les sources de la mauvaise conduite russe Un diplomate fait défection au Kremlin Par Boris Bondarev | 17 octobre 2022 BORIS BONDAREV a travaillé comme diplomate au ministère russe des affaires étrangères de 2002 à 2022, et plus récemment comme conseiller à la mission russe auprès de l'Office des Nations unies à Genève. Il a démissionné en mai pour protester contre l'invasion de l'Ukraine. C'est bien sûr un témoignage personnel, à prendre avec l'esprit critique de rigueur. Mais si le dixième de ce que raconte ce monsieur sur la déliquescence et le dévoiement moral de la diplomatie russe (et du reste de l'appareil d'état) a ne serait-ce qu'une once de vérité... Et bien, c'est proprement hallucinant et carrément inquiétant . Pour rester sur une note plus détendue, je relève ce passage, peut-être biaisé par la traduction : Citation La plupart des Russes se trouvent dans un espace mental délicat S'il était prononcé par un Britannique rompu à l'exercice de l'understatement, le jugement serait vraiment des plus définitifs! 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
olivier lsb Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 (modifié) Il y a 2 heures, Alexis a dit : Ce qui suppose que vous puissiez être ciblé de cette manière... et que ça tienne. Or la Russie est trop puissante, trop importante pour l'économie mondiale, pour que ça puisse tenir - Plus de 10% de la production et des exportations mondiales de pétrole, carburant indispensable à toute économie et sans substitut pratique - Grosse proportion du gaz naturel aussi... plus engrais, métaux etc. - L'une des armées les plus puissantes au monde (OK, pas la deuxième !), puissance nucléaire disposant d'une capacité de frappe en second La Russie est obligée de reconfigurer son commerce extérieur, exportations principalement de matières premières, importations principalement de produits finis, pour tenir compte de la guerre économique que lui fait l'Occident. Ils vont donc le faire, et ça leur prendra des années. Ce n'est pas si facile ! Mais ça ne fait pas d'eux un "Etat voyou", du moins pas durablement. Environ 85% de la population mondiale, produisant environ 40% du PIB mondial, ne les considère pas ainsi - seuls nous autres Occidentaux pouvons nous permettre ce luxe. (Qui coûte et coûtera extrêmement cher aux Européens de l'UE et du RU. Mais c'est une autre histoire) Sur le volume de gaz Russe, il n'est pas effacé du commerce mais simplement redirigé ailleurs, avec perte et pénalité sur le prix de vente. Par ailleurs, on peut raisonner à iso consommation, ou considérer aussi que les Européens vont, certes subir une inflation du prix, mais également opérer une baisse pragmatique de la consommation, sur la part superflue et non nécessaire au maintien de l'économie (chauffage -1 à 2 degrés, fermeture ponctuelle de site "télétravaillables" sans dommage pour la productivité etc...). Je passe sur l'hiver doux qu'on va probablement encore subir (car dans le fond, ce n'est pas vraiment une bonne nouvelle, mais je frise le HS). Quand à l'aspect état voyou, c'est une qualification morale dont la pertinence me parait douteuse et peu utile d'en débattre. En revanche, de là à dire que la Russie n'est pas considérée comme agresseur ou en faute morale ou politique par 85% de la populations mondiale / 40% du PIB, c'est aller un peu vite en besogne. Pour rappel: - 4 votes de soutien aux annexions Russes lors du dernier vote à l'ONU; - 35 abstentions, dont la Chine et l'Inde mais... - Pour ces deux derniers, leurs dirigeants ont exprimé en personne et publiquement à VVP de sérieuses inquiétudes (Chine) pour ne pas dire désapprobation (Inde, "l'heure n'est pas à la guerre"). Trop puissante pour l'économie mondiale ? çà se discute. Certes les matières premières offrent une possibilité de nuisance non négligeable, mais le poids économique de la Russie, c'est le PIB de l'Espagne. Demander aux Chinois ou aux Indiens de choisir un camp, c'est profondément méconnaître la volonté farouche d'indépendance de ces pays....a fortiori quand tu pèses le PIB de l'Espagne, et que tu ne peux stratégiquement rivaliser ni par ton armée conventionnelle (défaite) ni par ta puissance nucléaire, les autres l'étant aussi.... C'était tout bonnement un rêve humide de VVP, à qui plus personne dans son entourage ne semble oser ou vouloir lui dire une quelconque forme de vérité car.... Merci @U235 pour ce témoignage éclairant, d'un haut diplomate Russe ayant fait défection et racontant un peu le système actuel de l'intérieur. Il y a 5 heures, U235 a dit : Article de la revue Foreign Affairs. Les sources de la mauvaise conduite russe Un diplomate fait défection au Kremlin Par Boris Bondarev | 17 octobre 2022 BORIS BONDAREV a travaillé comme diplomate au ministère russe des affaires étrangères de 2002 à 2022, et plus récemment comme conseiller à la mission russe auprès de l'Office des Nations unies à Genève. Il a démissionné en mai pour protester contre l'invasion de l'Ukraine. Quelques extraits très intéressants qui en disent long... (au demeurant @Hibernatus, je ne trouve pas ce témoignage si surprenant car j'ai véritablement eu l'impression de relire des passages mot pour mot du livre d'Andrew et Mitrokhin "le KGB contre l'Ouest", basé sur les archives Mitrokhin) : Sur l'auto-intoxication "On nous a appris à adopter une rhétorique grandiloquente et à répéter sans critique aux autres États ce que le Kremlin nous disait. Mais finalement, le public cible de cette propagande n'était pas seulement les pays étrangers, mais aussi nos propres dirigeants. Dans des câbles et des déclarations, on nous a fait dire au Kremlin que nous avions vendu au monde la grandeur de la Russie et démoli les arguments de l'Occident. [...] Mes collègues du Kremlin m'ont dit à plusieurs reprises que Poutine apprécie son ministre des affaires étrangères, Sergey Lavrov, car il est "confortable" de travailler avec lui, il dit toujours oui au président et lui dit ce qu'il veut entendre. [...] La guerre est une démonstration brutale de la façon dont les décisions prises dans les chambres d'écho peuvent se retourner contre eux. " (je précise que "chambre d'écho" se traduit plus justement en Français par "caisse de résonnance". C'est un vocable employé dans le renseignement et en contre-ingérence, qui fait renvoie à la fréquence de reprise d'une propagande blanche ou noire) Sur l'impact des sanctions post annexion de la Crimée "Pour ceux d'entre nous qui ont travaillé sur les questions militaires, il était évident que les forces armées russes n'étaient pas aussi puissantes que l'Occident le craignait - en partie grâce aux restrictions économiques mises en place par l'Occident après la prise de la Crimée par la Russie en 2014, qui ont été plus efficaces que les décideurs politiques ne semblaient le réaliser [...] Mais en tant que responsable des exportations, j'ai pu constater que les restrictions économiques de l'Occident avaient de sérieuses répercussions sur le pays. L'industrie militaire russe était fortement dépendante des composants et des produits fabriqués en Occident. Elle utilisait des outils américains et européens pour entretenir les moteurs de drones. Elle s'est appuyée sur des producteurs occidentaux pour fabriquer des équipements électroniques résistants aux radiations, qui sont essentiels pour les satellites [...]. Les fabricants russes ont travaillé avec des entreprises françaises pour obtenir les capteurs nécessaires à nos avions. [...] Les sanctions ont soudainement coupé notre accès à ces produits et ont laissé notre armée plus faible que l'Occident ne l'avait compris. Mais bien que mon équipe ait compris comment ces pertes sapaient la force de la Russie, la propagande du ministère des affaires étrangères a contribué à empêcher le Kremlin de le découvrir. Les conséquences de cette ignorance sont aujourd'hui pleinement visibles en Ukraine : les sanctions sont l'une des raisons pour lesquelles la Russie a eu tant de mal avec son invasion." Une certaine vision de la diplomatie Russe sur l'annexion de la Crimée "La prise de pouvoir rapide et sans effusion de sang a suscité peu de protestations parmi nous et a été extrêmement populaire dans le pays. Lavrov en a profité pour faire de l'esbroufe, en prononçant un discours dans lequel il a accusé les "nationalistes radicaux" d'Ukraine d'être responsables du comportement de la Russie. De nombreux collègues et moi-même avons pensé qu'il aurait été plus stratégique pour Poutine de faire de la Crimée un État indépendant, une action que nous aurions pu essayer de faire passer pour moins agressive." Sur le Donbass "Mes collègues et moi avons décidé que Poutine s'était emparé du Donbas pour distraire l'Ukraine, pour empêcher le pays de créer une menace militaire sérieuse pour la Russie et pour l'empêcher de coopérer avec l'OTAN. Pourtant, peu de diplomates, voire aucun, ont dit à Poutine qu'en alimentant les séparatistes, il avait en fait poussé Kiev à se rapprocher de son ennemi juré." Sur l'obsession à l'opposition aux Etats-Unis " Lors des sommets ou des réunions avec d'autres États, les diplomates russes ont passé de plus en plus de temps à attaquer les États-Unis et leurs alliés. Mon équipe d'exportation a organisé de nombreuses réunions bilatérales avec, par exemple, le Japon, axées sur la manière dont nos pays pourraient coopérer, et presque chacune d'entre elles a été l'occasion de dire au Japon : "N'oubliez pas qui vous a atomisé." " Sur l'empoisonnement de Skripal, les biais de confirmation et le positionnement en "politique interne" des diplomates Russes " Pourtant, plus le ministère des affaires étrangères niait sa responsabilité, moins j'étais convaincu [...] les mensonges de la Russie n'ont pas convaincu les autres pays, qui ont résolument rejeté une résolution russe devant l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques visant à faire dérailler l'enquête de cette éminente organisation intergouvernementale sur l'attaque. [...] L'enquête a conclu que les Skripals avaient été empoisonnés au Novichok, un agent neurotoxique de fabrication russe. [...] De retour à Moscou, j'ai lu de longs câbles de la délégation russe de l'OIAC expliquant comment elle avait vaincu les nombreuses initiatives "anti-russes", "absurdes" et "sans fondement" des États occidentaux. Le fait que la résolution de la Russie avait été rejetée était souvent réduit à une phrase. Au début, j'ai simplement levé les yeux au ciel en lisant ces rapports. Mais j'ai vite remarqué qu'ils étaient pris au sérieux aux plus hauts niveaux du ministère. Les diplomates qui écrivaient de telles fictions recevaient les applaudissements de leurs patrons et voyaient leur carrière s'améliorer. Moscou voulait qu'on lui dise ce qu'elle espérait être vrai, et non ce qui se passait réellement. Les ambassadeurs du monde entier ont compris le message et ont rivalisé pour envoyer les câbles les plus extravagants." Sur la perte de prise avec les réalités " La propagande est devenue encore plus excentrique après l'empoisonnement de Navalny au Novichok en août 2020. Les câbles m'ont laissé pantois. L'un d'eux qualifie les diplomates occidentaux de "bêtes de proie traquées". Un autre s'étend sur "la gravité et l'incontestabilité de nos arguments". [...] Un tel comportement était à la fois non professionnel et dangereux. Un ministère des affaires étrangères sain est censé fournir aux dirigeants une vision sans fard du monde afin qu'ils puissent prendre des décisions en connaissance de cause. Pourtant, même si les diplomates russes incluaient des faits gênants dans leurs rapports, de peur que leurs superviseurs ne découvrent une omission, ils enterraient ces pépites de vérité dans des montagnes de propagande. Un câble de 2021 aurait pu comporter une ligne expliquant, par exemple, que l'armée ukrainienne était plus forte qu'en 2014. Mais cet aveu n'aurait été fait qu'après un long éloge des puissantes forces armées russes [...] J'espérais toujours que mes collègues exprimeraient en privé leur inquiétude, plutôt que leur simple confusion, à propos de ce que nous faisions. Mais beaucoup m'ont dit qu'ils étaient parfaitement satisfaits d'accepter les mensonges du Kremlin. Pour certains, c'était une façon d'échapper à la responsabilité des actions de la Russie ; ils pouvaient expliquer leur comportement en se disant à eux-mêmes et aux autres qu'ils ne faisaient que suivre les ordres." Avec qui discuter (ou ne pas discuter) " Au cours de la guerre, les dirigeants occidentaux ont pris conscience des défaillances de l'armée russe. Mais ils ne semblent pas comprendre que la politique étrangère russe est tout aussi défaillante. De nombreux responsables européens ont évoqué la nécessité d'un règlement négocié de la guerre en Ukraine, [...] Mais tant que Poutine sera au pouvoir, [...] Le ministère des affaires étrangères ne sera pas un interlocuteur fiable, pas plus que tout autre appareil gouvernemental russe. Ils sont tous des extensions de Poutine et de son programme impérial. Tout cessez-le-feu ne fera que donner à la Russie une chance de se réarmer avant d'attaquer à nouveau." Sur une Russie post Poutine " Si Poutine est chassé du pouvoir, l'avenir de la Russie sera profondément incertain. [...]personne en Russie n'a sa stature, et le pays [...] pourrait même sombrer dans le chaos. [...] La plupart des Russes se trouvent dans un espace mental délicat, provoqué par la pauvreté et d'énormes doses de propagande qui sèment la haine, la peur et un sentiment simultané de supériorité et d'impuissance. [...] Les Russes pourraient s'unir derrière un leader encore plus belliqueux que Poutine, provoquant une guerre civile, une plus grande agression extérieure, ou les deux. Si l'Ukraine gagne et que Poutine tombe, la meilleure chose que l'Occident puisse faire n'est pas d'infliger une humiliation. C'est plutôt le contraire : apporter son soutien. Cela peut sembler contre-intuitif ou déplaisant, et toute aide devrait être fortement conditionnée à une réforme politique. Mais la Russie aura besoin d'une aide financière après sa défaite, et en offrant un financement substantiel, les États-Unis et l'Europe pourraient avoir un poids dans la lutte pour le pouvoir post-Poutine. Ils pourraient, par exemple, aider l'un des technocrates économiques respectés de la Russie à devenir le dirigeant par intérim et aider les forces démocratiques du pays à renforcer leur pouvoir. L'octroi d'une aide permettrait également à l'Occident d'éviter de répéter son comportement des années 1990, lorsque les Russes se sont sentis escroqués par les États-Unis, et permettrait à la population d'accepter plus facilement la perte de son empire." Modifié le 18 octobre 2022 par olivier lsb 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
jojo (lo savoyârd) Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 (modifié) Tiens, c'est "nous" à la télé https://www.1tv.ru/n/439726 La "traduction" de l'édito : "Gaz, pétrole et larmes européennes. Alors que les habitants de l'Ancien Monde sont contraints de choisir entre remplir leur voiture ou acheter de la nourriture, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, déverse de telles déclarations. L'Europe, dit-il, est un jardin, et le reste du monde est une jungle. C'est-à-dire que les Européens ont de la chance, ils sont exceptionnels, et tous les autres sont des sauvages avec lesquels les éclairés sont obligés de communiquer. Mais le jardinier Borrell a oublié de mentionner. Il aime aussi parler de son exclusivité. Ainsi, ce jardinier du jardin "paradis" a apparemment décidé de faire un jardin "cerisier" et de le mettre sous la hache. Ivan Blagoy continuera." Pour le commentaire sur France Info : https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/penurie-de-carburants-quand-la-propagande-russe-se-moque-des-files-d-attentes-dans-les-stations-service-francaises_5424742.html#xtor=CS2-765-[share]- Modifié le 18 octobre 2022 par jojo (lo savoyârd) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 Il y a 7 heures, U235 a dit : Les sources de la mauvaise conduite russe Un diplomate fait défection au Kremlin Par Boris Bondarev | 17 octobre 2022 Si l'on en croit cet auteur, l'une des "sources" de la mauvaise conduite russe, c'est la mauvaise conduite de l'Occident : De nombreux citoyens soviétiques cro[yai]ent que l'Occident aidera[it] leur pays dans sa transition vers une économie de marché. Mais ces espoirs se sont avérés naïfs. L'Occident n'a pas fourni à la Russie le montant de l'aide que beaucoup de ses habitants - et certains économistes américains éminents - pensaient nécessaire pour relever les énormes défis économiques du pays. Au lieu de cela, l'Occident a encouragé le Kremlin à lever rapidement le contrôle des prix et à privatiser rapidement les ressources de l'État. Un petit groupe de personnes s'est enrichi grâce à ce processus en s'emparant des biens publics. Mais pour la plupart des Russes, la "thérapie de choc" a conduit à l'appauvrissement. L'hyperinflation a frappé et l'espérance de vie moyenne a diminué. Le pays a certes connu une période de démocratisation, mais une grande partie de la population a assimilé les nouvelles libertés à la misère. En conséquence, le statut de l'Occident en Russie a sérieusement souffert. Elle a encore été fortement ébranlée après la campagne de l'OTAN contre la Serbie en 1999. Pour la Russie, les bombardements ressemblaient moins à une opération visant à protéger la minorité albanaise du pays qu'à l'agression d'une grande puissance contre une petite victime. Je me souviens très bien être passé devant l'ambassade des États-Unis à Moscou le lendemain de l'attaque d'une foule et avoir remarqué les marques laissées par la peinture qui avait été projetée sur les murs. La question que je me pose en lisant ce témoignage de Bondarev, c'est : combien de diplomates américains ont démissionné suite à l'attaque américaine de l'Irak en 2004 ? Combien de diplomates américains consciencieux ont dit : trop, c'est trop ? Combien de diplomates américains ont dit, suite à l'invasion américaine de l'Irak : "Cette guerre montre que la Russie [l'Amérique] n'est plus seulement (...) agressive, elle est devenue un État fasciste" ? Combien de diplomates américains ont dit, suite à l'invasion américaine de l'Irak : Poutine [Bush] a échoué dans sa tentative de conquérir l'Ukraine [supprimer les armes de destruction massive irakiennes], une initiative dont il aurait pu comprendre qu'elle était impossible si son gouvernement avait été conçu pour donner des évaluations honnêtes » ? Bondarov fait un utile rappel concernant la Crimée : L'Ukraine dérive vers l'Ouest, mais la province est l'un des rares endroits où la vision déformée de l'histoire de Poutine a un certain fondement : la péninsule de Crimée, transférée au sein de l'Union soviétique de la Russie à l'Ukraine en 1954, est culturellement plus proche de Moscou que de Kiev. (Plus de 75 % de sa population a le russe comme première langue. Et renouvelle en conclusion l'allusion à la mauvaise conduite occidentale perceptible comme une "escroquerie" : [Dans l'après-Poutine] L'octroi d'une aide permettrait également à l'Occident d'éviter de répéter son comportement des années 1990, lorsque les Russes se sont sentis escroqués par les États-Unis. 2 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Alexis Posté(e) le 18 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 18 octobre 2022 il y a 12 minutes, Wallaby a dit : La question que je me pose en lisant ce témoignage de Bondarev, c'est : combien de diplomates américains ont démissionné suite à l'attaque américaine de l'Irak en 2004 ? Combien de diplomates américains consciencieux ont dit : trop, c'est trop ? La réponse est trois (et c'était en 2003) Ils s'appelaient Kiesling, Brown et Wright. Et ils ont fait le choix d'être plus pauvres, mais plus fiers En 2003, trois diplomates américains de haut rang ont brusquement mis fin à des carrières prestigieuses et attiré l'attention internationale en démissionnant bruyamment pour protester contre la guerre américaine en Irak. Ils ont des raisons d'être fiers, d'ailleurs. De même que Bondarev, lui qui de plus a été obligé de quitter son pays pour assurer sa sécurité, ce que n'avaient pas eu à faire Kiesling, Brown et Wright. 1 3 11 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Yorys Posté(e) le 18 octobre 2022 Share Posté(e) le 18 octobre 2022 Je ne comprend pas trop qu'on puisse d'étonner que les russes effectuent des bombardements stratégiques sur les infrastructures de l'Ukraine, cela fait complètement partie de la guerre telle qu'elle est conçue en occident depuis les années 40. Un document assez exhaustif sur le sujet : https://media.defense.gov/2010/May/26/2001330261/-1/-1/0/AFD-100526-02.pdf On peut y voir que pendant les premières 24H de la guerre du Golfe des infras civiles ont été systématiquement attaquées à côté des cibles militaires. Ce qui m'étonne le plus, je l'ai déjà écrit ici plusieurs fois, c'est qu'ils ne le fassent que maintenant. 2 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Arland Posté(e) le 19 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 19 octobre 2022 Il y a 2 heures, Yorys a dit : Ce qui m'étonne le plus, je l'ai déjà écrit ici plusieurs fois, c'est qu'ils ne le fassent que maintenant. Disons qu'au début tu ne détruit pas ce que tu espères réutiliser rapidement puis ensuite, quand ils ont vu que leur plan initial était foireux ça devenait pertinent mais rien ne servait de se précipiter, le faire trop tôt c'était utiliser les mêmes ressources mais laisser le temps aux ukrainiens de s'adapter et reconstruire avant le grand froid. Pour le coup, le gouvernement et les militaires ukrainiens seront obligés de mobiliser de précieuses ressources pour protéger leurs civils de ce dernier. 6 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
U235 Posté(e) le 19 octobre 2022 Share Posté(e) le 19 octobre 2022 6 hours ago, Wallaby said: Si l'on en croit cet auteur, l'une des "sources" de la mauvaise conduite russe, c'est la mauvaise conduite de l'Occident : De nombreux citoyens soviétiques cro[yai]ent que l'Occident aidera[it] leur pays dans sa transition vers une économie de marché. Mais ces espoirs se sont avérés naïfs. L'Occident n'a pas fourni à la Russie le montant de l'aide que beaucoup de ses habitants - et certains économistes américains éminents - pensaient nécessaire pour relever les énormes défis économiques du pays. Au lieu de cela, l'Occident a encouragé le Kremlin à lever rapidement le contrôle des prix et à privatiser rapidement les ressources de l'État. Un petit groupe de personnes s'est enrichi grâce à ce processus en s'emparant des biens publics. Mais pour la plupart des Russes, la "thérapie de choc" a conduit à l'appauvrissement. L'hyperinflation a frappé et l'espérance de vie moyenne a diminué. Le pays a certes connu une période de démocratisation, mais une grande partie de la population a assimilé les nouvelles libertés à la misère. En conséquence, le statut de l'Occident en Russie a sérieusement souffert. Elle a encore été fortement ébranlée après la campagne de l'OTAN contre la Serbie en 1999. Pour la Russie, les bombardements ressemblaient moins à une opération visant à protéger la minorité albanaise du pays qu'à l'agression d'une grande puissance contre une petite victime. Je me souviens très bien être passé devant l'ambassade des États-Unis à Moscou le lendemain de l'attaque d'une foule et avoir remarqué les marques laissées par la peinture qui avait été projetée sur les murs. La question que je me pose en lisant ce témoignage de Bondarev, c'est : combien de diplomates américains ont démissionné suite à l'attaque américaine de l'Irak en 2004 ? Combien de diplomates américains consciencieux ont dit : trop, c'est trop ? Combien de diplomates américains ont dit, suite à l'invasion américaine de l'Irak : "Cette guerre montre que la Russie [l'Amérique] n'est plus seulement (...) agressive, elle est devenue un État fasciste" ? Combien de diplomates américains ont dit, suite à l'invasion américaine de l'Irak : Poutine [Bush] a échoué dans sa tentative de conquérir l'Ukraine [supprimer les armes de destruction massive irakiennes], une initiative dont il aurait pu comprendre qu'elle était impossible si son gouvernement avait été conçu pour donner des évaluations honnêtes » ? Bondarov fait un utile rappel concernant la Crimée : L'Ukraine dérive vers l'Ouest, mais la province est l'un des rares endroits où la vision déformée de l'histoire de Poutine a un certain fondement : la péninsule de Crimée, transférée au sein de l'Union soviétique de la Russie à l'Ukraine en 1954, est culturellement plus proche de Moscou que de Kiev. (Plus de 75 % de sa population a le russe comme première langue. Et renouvelle en conclusion l'allusion à la mauvaise conduite occidentale perceptible comme une "escroquerie" : [Dans l'après-Poutine] L'octroi d'une aide permettrait également à l'Occident d'éviter de répéter son comportement des années 1990, lorsque les Russes se sont sentis escroqués par les États-Unis. Et que dire de l'Algérie, que dire de Dien Bien Phu, que dire des guerres napoléoniennes, que dire de la Géorgie, que dire de la Transnistrie, que dire de l'Ossétie du Sud, que dire de la Pologne, que dire du Koweït, que dire de la Roumanie, que dire du Mali, que dire d'Air France 1611, que dire du Rainbow Warrior, que dire, que dire, que dire ? ! Que diriez-vous d'une guerre, en ce moment même, où la Russie est l'agresseur, tuant des Ukrainiens, essayant d'effacer l'Ukraine territorialement et culturellement afin d'annexer cet État souverain ? S'il vous plaît, dites-moi, Wallaby, qu'en est-il ? 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Desty-N Posté(e) le 19 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 19 octobre 2022 @Alexis @herciv @Yorys il ne faut pas oublier non plus que le réseau électrique ukrainien est relié à celui de l'Europe depuis la fin du 1er trimestre 2022: Citation Depuis le 16 mars, le réseau électrique ukrainien est interconnecté à celui de l'Europe. Cette intégration dans "l'Europe de l'électricité", réalisée en urgence trois semaines après le début de l'invasion par la Russie, est une étape majeure pour l'Ukraine dont le système électrique était isolé depuis l'invasion par son voisin russe. Quels les sont les enjeux politiques et les conséquences d'un tel raccordement pour l'Union européenne ? Quelle est le risque d'une prise de contrôle potentielle par les forces russes ? Cinq questions sur cette prouesse politique et technique. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/electricite-le-raccordement-en-urgence-de-l-ukraine-au-reseau-europeen-en-cinq-questions-906366.html Révélation C'est un jour historique sur le marché de l'électricité. Mercredi 16 mars 2022, le consortium européen d'électricité "ENTSO-E" accueille deux nouveaux membres : le transporteur public ukrainien Ukrenergo et le moldave, Moldelectrica. Ainsi, de Lisbonne aux confins Est de l'Ukraine, se sont désormais plus de 39 réseaux nationaux électriques qui sont raccordés les uns aux autres, alimentant plus de 400 millions de consommateurs. Alors que la guerre en Ukraine fait rage, suite à l'invasion par la Russie, la branchement ukrainien a été accéléré ces dernières semaines, bouleversant le calendrier initial prévu pour mi-2023. "On a considéré cette action d'urgence normale à la fois pour des raisons techniques, humaines et humanitaires", explique Xavier Piechazyk, président du directoire de RTE, l'un des pilotes d'ENTSO-E. Tour d'horizon en cinq questions des implications techniques et stratégiques de cette connexion au réseau européen en temps de guerre. 1) A quoi sert le réseau ENTSO-E ? La zone synchrone d'Europe continentale (CESA), opérée par ENTSO, est le plus grand réseau électrique synchrone (par puissance connectée) au monde. Ce maillage permet de renforcer la robustesse entre les réseaux nationaux et d'éviter les black out. Ce réseau se base sur l'ensemble des sources de productions d'énergie, du solaire au nucléaire, qui sont transportées par les opérateurs nationaux. En les liant les uns aux autres, ENTSO veut sécuriser les approvisionnements de chacun des membres. Cette infrastructure "permet de la solidarité. Quand il y a un événement non-désiré dans une des zones du Cesa, les autres machines vont venir compenser le déficit d'approvisionnement ou de production. Cela soulage le système électrique d'un pays, à un instant T face à une perte de production", détaille Jean-Paul Roubin, directeur exploitation du gestionnaire français d'électricité RTE. Pour permettre cette synchronisation, le réseau européen a défini une fréquence sur la zone : 50 Hz. Les gestionnaires de réseau de transport (GRT) nationaux ont la responsabilité de maintenir celle-ci. Cela signifie que les ressources et la consommation d'énergie doivent toujours être équilibrées dans la zone synchrone. En fonctionnant tous à la même fréquence, les infrastructures "battent au même rythme" et peuvent donc être synchronisés et interagir ensembles. 2) Pourquoi l'Ukraine a-t-elle rejoint le réseau européen ? Après l'annexion de la Crimée en 2014 par la Russie, l'Ukraine a décidé de se désynchroniser progressivement du réseau opéré par Moscou et fonctionne en autonomie - et donc isolé - depuis l'invasion russe. Le projet de synchronisation des systèmes électriques ukraino-moldaves avec celui de l'Europe continentale a démarré en 2017. Les 27 et 28 février, les GRT d'Europe continentale ont reçu une demande d'Ukrenergo (GRT ukrainien) et de Moldelectrica (GRT moldave) pour une synchronisation d'urgence. Une demande soutenue par les ministres de l'Énergie de l'UE à laquelle les réseaux européens se sont engagés à répondre positivement. Des analyses ont commencé afin de déterminer les conditions de synchronisation d'urgence tout en maintenant la sécurité du système électrique d'Europe continentale. Le 11 mars, les GRT ont conclu que les conditions d'une synchronisation d'urgence étaient réunies. "Notre collaboration a été très intense avec les Ukrainiens. Ils ont été extraordinaires, coté production mais aussi maintenance. Au quotidien, ils font un travail remarquable pour réparer les lignes cassées lors des combats", souligne Jean-Paul Roubin, directeur exploitation RTE. Pour synchroniser le réseau, les 26 partenaires du bloc "bleu" Cesa Europe continentale ont allégé la procédure ou plutôt adapté leurs spécificités à l'infrastructure ukrainienne. "C'est comme un orchestre. On jouait jusqu'ici une partition unique à 26 et l'Ukraine devait s'intégrer dans celle-ci. La demande d'urgence a modifié notre façon de faire. On a revue notre copie pour insérer l'Ukraine telle qu'elle est aujourd'hui. Ce n'est pas un remplissage complet des critères", détaille Laurent Rosseel, directeur adjoint du Centre national d'exploitation du système chez RTE. La synchronisation d'urgence permet une interconnexion sans que toutes les mesures soient terminées mais en assurant des mesures d'atténuation supplémentaires pour limiter les risques opérationnels. 3) Comment ça se passe concrètement ? Il faut noter qu'un petit territoire de l'Ukraine de l'Ouest était déjà raccordé depuis 2004 au réseau européen. Six lignes ukrainiennes intègrent en plus depuis hier le réseau. L'objectif prioritaire n'est pas d'échanger de l'électricité entre ce pays et les autres membres, ou de la vendre, mais bien de renforcer la robustesse du réseau ukrainien. En effet, selon les représentants de RTE, l'Ukraine est indépendante énergétiquement : sa capacité de production annuelle est de 50GW alors que sa consommation en temps normal est de 25GW. Elle serait aujourd'hui de 14GW en temps de guerre. Toutefois, techniquement, ENTSO-E peut lui venir en aide au cas où le pays viendrait à manquer d'électricité. Jusqu'au raccordement européen d'hier, "si l'Ukraine était confrontée à une perte de production ou à une perturbation importante, sa situation du moment pouvait faire peser un risque d'effondrement électrique. Cette nouvelle solidarité renforce la robustesse du réseau ukrainien tout en assurant que celle-ci ne mette pas en danger le réseau européen", explique Jean-Paul Roubin, directeur exploitation RTE. 4) L'intégration de l'Ukraine présente-t-elle un risque pour le réseau européen ? Selon les représentants de RTE, l'interconnexion avec l'Ukraine ne présente aucun risque pour les réseaux européens et français. Dans la mesure où l'objectif prioritaire n'est pas un échange d'électricité, "cela ne dégrade pas la robustesse du réseau européen, et consolide le réseau ukrainien", affirme Jean-Paul Roubin. Toutefois, RTE a pointé un risque de phénomène d'oscillation électrique aux extrémités du réseau européen. Une oscillation est un mouvement ou une fluctuation périodique. Elle consiste en une variation cyclique de l'intensité du courant électrique dans ce circuit. En d'autres termes, les extrémités du réseau peuvent être moins pourvues en électricité, le flux se concentrant en son cœur, alors que la demande est aussi intense aux frontières, et cela dans un contexte ou le maintien de la fréquence de 50Hz est cruciale pour conserver la synchronisation. "Nous avons déployer des équipements pour amortir ce risque, créé un centre de supervision. L'une des clés de contrôle de cette oscillation est la réduction des flux entre la France et l'Espagne", précise Laurent Rosseel. 5) Que se passera-t-il si le réseau ukrainien est coupé ou monopolisé par les forces russes ? Lors des deux premières semaines de la guerre, le monde s'est inquiété de la menace que faisait peser l'intervention russe sur les installations nucléaires civiles ukrainiennes, et notamment sur leur volonté de s'emparer de la gestion du réseau électrique. Des tirs de chars russes avait visé un bâtiment annexe de la plus grosse installation nucléaire d'Europe, Zaporijia. Les Russes contrôlent désormais ce site, d'une capacité installée de 6.000 mégawatts (MW), ce qui représente la consommation d'environ quatre millions de foyers et fourni pas moins d'un cinquième de l'électricité du pays. Zaporija a été depuis déconnectée de plusieurs lignes électriques ces derniers jours, mais ces lignes restent sous contrôle de l'Ukraine Ainsi pour les représentants de RTE, "l'ensemble du réseau ukrainien est totalement contrôlé par les Ukrainiens." Et dans l'hypothèse où l'ensemble du système électrique tombe entre les mains de l'envahisseur russe, ENTSO-E a prévu "un processus de déconnexion du réseau ukrainien", assure Jean-Paul Roubin. "Celle-ci n'aurait aucun impact sur le réseau et l'approvisionnement électrique européen dans la mesure "où il n'y a pas d'échange d'énergie entre l'Europe et l'Ukraine", rappelle le dirigeant. Si je comprend bien l'article, l'UE ne pourra pas se substituer aux centrales des ukrainiens si elles font défaut, mais il peut soulager leur réseau pour de courtes périodes, évitant ainsi son effondrement. Je me demande d'ailleurs si le président Zelinski n'a pas un peu dramatisé un peu la situation, pour nous pousser à plus de solidarité? Ca serait de bonne guerre, si j'ose dire. En tout cas l'interconnexion UE-Ukraine me semble difficile à interrompre durablement. Remplacer un transformateur, rétablir une ligne -même haute tension- me semble nettement moins compliqué que de réparer une centrale électrique. 6 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. MIC_A Posté(e) le 19 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 19 octobre 2022 (modifié) Il y a 8 heures, Yorys a dit : Je ne comprend pas trop qu'on puisse d'étonner que les russes effectuent des bombardements stratégiques sur les infrastructures de l'Ukraine, cela fait complètement partie de la guerre telle qu'elle est conçue en occident depuis les années 40. Un document assez exhaustif sur le sujet : https://media.defense.gov/2010/May/26/2001330261/-1/-1/0/AFD-100526-02.pdf On peut y voir que pendant les premières 24H de la guerre du Golfe des infras civiles ont été systématiquement attaquées à côté des cibles militaires. Ce qui m'étonne le plus, je l'ai déjà écrit ici plusieurs fois, c'est qu'ils ne le fassent que maintenant. Faudra pas s'étonner non plus si les ukrainiens venaient à en faire autant coté russe sans se faire taxer de "terroriste", hypocrisie habituelle du Kremlin ! Comme tu le précises c'est la guerre bien que les russes l'ont nié longtemps et s'étonnent de prendre quelques coups sur leurs territoires malgré les menaces proférées d'atomiser l'Ukraine si jamais ces derniers ripostaient ! Pour les destructions actuelles des infrastructures électrique et pas avant, Arland y a répondu précisément et cet entêtement à continuer les destructions et bombardements de civils ne fera qu'amplifier la détermination Ukrainienne à rendre les coups subits car le point de non retour est déjà atteint et ils préféreront certainement mourir jusqu'au dernier plutôt que passer sous le joug désiré par VP qui leurs destine un avenir funeste, à la lecture de sa propagande. Bref, encore plus de morts des deux cotés à prévoir pour quels résultats coté russe ? S'aliéner un tas de pays pour des décennies et mise au banc si jamais ils commettaient l’irréparable et une économie déjà exsangue contrairement à l'affichage "positif" des rentrés d'argent suite aux ventes de ses matières premières "bradées". Ajoutés aux déboires actuels de son armée ou ils en sont à quémander de l'armement partout ou ils le peuvent qui contraste avec la pléthore de matériels militaire affichée dans l'inventaire dont une grande partie est inutilisable car pas entretenue ou obsolète. Modifié le 19 octobre 2022 par MIC_A Orhographe 1 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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