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Israël et voisinage.


Messages recommandés

Omer Bartov :

https://de.wikipedia.org/wiki/Omer_Bartov#Zum_Krieg_in_Israel_und_Gaza_2023

Le 10 octobre 2023, Bartov s'est exprimé dans un article pour le New York Times sur la question des accusations de génocide portées contre Israël dans le cadre de la guerre en Israël et à Gaza en 2023. Bartov a séparé le crime de guerre de l'épuration ethnique de celui du génocide. Selon le point de vue de Bartov à l'époque, les événements ne remplissaient certes pas les conditions du génocide, mais il a mis en garde contre le fait que les déclarations de politiciens et de militaires israéliens indiquant une "intention génocidaire" pourraient se transformer en actes. Bartov a ainsi établi un parallèle avec l'Holocauste, où l'objectif initial des nazis de déporter les Juifs d'Europe s'était finalement transformé en génocide.

Bartov s'est référé à diverses déclarations, comme celles du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a notamment établi un lien entre la guerre à Gaza et l'appel biblique à l'extermination totale du peuple Amalécite (Deutéronome 25, 17-19). Le major-général israélien à la retraite Giora Eiland a déclaré "L'État d'Israël n'a pas d'autre choix que de faire de Gaza un lieu temporairement ou définitivement inhabitable. [...] La création d'une grave crise humanitaire à Gaza est un moyen nécessaire pour atteindre cet objectif". Le ministre israélien de la Défense Joaw Galant a déclaré : "Nous nous battons contre des animaux humains et nous agissons en conséquence". Bartov considère cette déclaration comme une indication d'une déshumanisation aux "échos génocidaires".

Bartov résume : "Et donc, même si nous ne pouvons pas affirmer que l'armée vise explicitement les civils palestiniens, d'un point de vue fonctionnel et rhétorique, nous pourrions être témoins d'une opération de nettoyage ethnique qui pourrait rapidement se transformer en génocide, comme cela s'est produit plus d'une fois dans le passé. [...]. Si nous pensons vraiment que l'Holocauste nous a donné une leçon sur l'importance - ou vraiment, la nécessité - de préserver notre propre humanité et notre dignité en protégeant celle des autres, c'est le moment de nous lever et d'élever nos voix avant que les dirigeants d'Israël ne le précipitent, lui et ses voisins, dans l'abîme. Il est encore temps d'empêcher Israël de transformer ses actions en génocide. Nous ne pouvons pas attendre un instant de plus".

En novembre 2023, Bartov, aux côtés d'autres historiens et des premiers signataires d'une lettre ouverte [1], a appelé à ne pas comparer l'attaque terroriste du Hamas à l'Holocauste. Cela déformerait les "causes de la violence en Israël-Palestine" et encouragerait le racisme anti-arabe.

https://www.nybooks.com/online/2023/11/20/an-open-letter-on-the-misuse-of-holocaust-memory/

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Le 25/11/2023 à 13:34, Wallaby a dit :

S'exprimant lors d'une conférence de presse conjointe au poste frontière de Rafah, à Gaza, vendredi, M. Sánchez a déclaré qu'il était temps que la communauté internationale et l'Union européenne reconnaissent une fois pour toutes un État palestinien. Il a ajouté qu'il serait préférable que l'UE le fasse ensemble, "mais si ce n'est pas le cas ... l'Espagne prendra ses propres décisions".

"Je réitère également le droit d'Israël à se défendre, mais il doit le faire dans le respect des paramètres et des limites imposés par le droit humanitaire international, ce qui n'est pas le cas", a déclaré M. Sánchez. "Le meurtre aveugle de civils, dont des milliers de garçons et de filles, est tout à fait inacceptable".

Le ministre espagnol des affaires étrangères, José Manuel Albares, a répondu à la convocation de l'ambassadeur d'Espagne vendredi en fin de journée. "Les accusations du gouvernement israélien contre le président du gouvernement et le premier ministre belge sont totalement fausses et inacceptables", a-t-il déclaré dans un communiqué. "Nous les rejetons catégoriquement".

EH bien Israël prend le risque de se fâcher avec ses soutiens occidentaux. Je ne suis pas sûr que çà soit une situation soutenable.

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https://www.irishtimes.com/opinion/2023/11/07/fintan-otoole-ireland-is-taking-a-risk-with-its-stance-on-gaza-but-someone-has-to/

Lorsque la politique étrangère irlandaise est décente, elle tourne autour d'une idée simple : la cohérence. Cela signifie qu'il faut essayer, dans un monde où il y a deux poids et deux mesures, d'insister sur une norme unique.

Cela peut sembler futile lorsque, après l'assaut meurtrier du Hamas contre les Israéliens, la Russie, tout en tuant quotidiennement des civils ukrainiens sans scrupule ni conscience, a présenté une résolution à l'ONU qui "condamne fermement toutes les violences et hostilités contre les civils".

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré il y a un an que "les attaques ciblées contre des infrastructures civiles dans le but évident de priver des hommes, des femmes et des enfants d'eau, d'électricité et de chauffage à l'approche de l'hiver sont des actes de pure terreur et nous devons les qualifier comme tels". Il ne fait aucun doute pour elle que de telles attaques constituent des crimes de guerre. Mais seulement parce qu'elle parlait des attaques de la Russie contre l'Ukraine. Lorsqu'Israël a annoncé qu'il faisait la même chose à la population de Gaza, elle a pleinement soutenu ces "actes de pure terreur".

Et nul ne peut douter que si Gaza faisait partie de l'Ukraine et qu'Israël était la Russie, les États-Unis seraient au premier rang de l'indignation internationale. La seule cohérence que nous obtenons est la morne persistance d'une incohérence éhontée.

Nous savons que l'Irlande ne peut tout simplement pas avoir une politique étrangère indépendante si elle se contente de faire écho à ce que les États-Unis ou l'UE souhaitent dire sur telle ou telle violation des droits de l'homme. Nous finirions comme des chiens qui hochent la tête dans la vitre arrière d'une Chevvy.

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Paul Pillar :

https://responsiblestatecraft.org/israel-gaza-us-interests/ (1er décembre 2023)

Le mythe qui sous-tend l'objectif israélien déclaré de "détruire le Hamas" est qu'il existerait une capacité hostile clairement définie qui puisse être détruite et dont l'élimination mettrait fin à la violence émanant de Gaza. Ce mythe ne tient pas compte du fait que même si la capacité utilisée par le Hamas à Gaza lors de son attaque du 7 octobre disparaissait, le Hamas utilise depuis longtemps d'autres capacités meurtrières, telles que des kamikazes individuels, pour frapper Israël. Il ne tient pas compte du fait que les souffrances supplémentaires qu'Israël a infligées à Gaza augmentent le nombre de recrues qui sont en colère contre Israël et qui sont prêtes à remplacer toute capacité que les forces de défense israéliennes parviennent à détruire.

Plus fondamentalement, elle ne tient pas compte du fait que le Hamas n'est qu'une manifestation de la colère et du ressentiment qui prendront d'autres formes tant que l'occupation et le déni d'autodétermination et maintenant, davantage de dévastation aux mains des forces de défense israéliennes se poursuivront.

Les dommages causés aux intérêts stratégiques américains par la poursuite de l'assaut à Gaza sont liés au fait que les États-Unis sont largement considérés, à juste titre, comme partageant la responsabilité de l'une des plus grandes catastrophes humanitaires provoquées par l'homme depuis la Seconde Guerre mondiale. Comme beaucoup d'autres aspects du conflit actuel, l'histoire n'a pas commencé le 7 octobre. La couverture diplomatique que les États-Unis accordent depuis longtemps aux politiques israéliennes de blocus et d'occupation, y compris par leur veto au Conseil de sécurité des Nations unies, fait partie de cette histoire. Il en va de même pour l'octroi à Israël d'une aide volumineuse et inconditionnelle, qui, corrigée de l'inflation, s'élève à plus de 300 milliards de dollars.

Dans le contexte de la guerre actuelle, l'administration Biden demande que 14,3 milliards de dollars supplémentaires soient accordés à Israël, en plus des largesses annuelles habituelles. En cas de poursuite de la guerre, une part relativement faible de cette aide irait à ce que l'on peut légitimement appeler la défense. La majeure partie de cette aide servirait à détruire davantage la bande de Gaza.

La crédibilité des États-Unis souffre de tout cela, en particulier en ce qui concerne les questions de guerre et de paix. Les invocations américaines d'un "ordre international fondé sur des règles" sont méprisées et rejetées lorsque le monde voit les États-Unis faciliter le mépris flagrant et mortel d'Israël pour les lois de la guerre et d'autres lois internationales.

Le président lui-même a établi un lien entre les deux guerres, ne serait-ce que pour obtenir une aide à la fois pour Israël et pour l'Ukraine par le biais d'un Congrès divisé. Les observateurs étrangers peuvent constater que dans l'un de ces conflits, les États-Unis soutiennent la résistance à une occupation armée (par la Russie du territoire ukrainien) tandis que dans l'autre, ils soutiennent l'occupant.

Le lien établi par M. Biden entre les deux guerres encourage également les comparaisons entre l'ampleur des morts et des destructions, comme le fait que le nombre de femmes et d'enfants tués en sept semaines d'attaques israéliennes sur la bande de Gaza est plus de deux fois supérieur au nombre de personnes tuées en près de deux ans d'attaques russes en Ukraine.

Le rôle dominant joué par les États-Unis depuis des décennies dans le "processus de paix" au Moyen-Orient dans lequel les États-Unis ont souvent joué le rôle d'avocat d'Israël a été un échec (...) [contribuant] à un déclin de l'influence américaine dans la région, et probablement ailleurs, par rapport à celle de la Chine.

Au Moyen-Orient, le boycott des produits et services des entreprises américaines est déjà en cours.

Plus inquiétant encore, la colère suscitée par l'assaut contre Gaza stimulera le terrorisme anti-américain. L'un des thèmes les plus récurrents dans la propagande et les aveux des terroristes qui ont attaqué des intérêts américains dans le passé est qu'ils ripostaient au soutien des États-Unis à l'asservissement des Palestiniens par Israël. Comme le suggèrent les récents appels aux armes d'Al-Qaïda et de l'État islamique, l'intensification de la colère résultant de l'assaut sur Gaza pourrait stimuler un nouveau terrorisme contre non seulement Israël, mais aussi contre son protecteur américain.

Les ingrédients sont réunis pour que se répète la relation perverse entre le terrorisme et la malheureuse guerre américaine en Irak. Bien que cette guerre ait été présentée de manière trompeuse comme faisant partie d'une "guerre contre le terrorisme", l'un de ses effets a été d'accroître le terrorisme, notamment en donnant naissance au groupe qui est devenu l'État islamique.

Ces coûts majeurs pour les intérêts américains peuvent être réduits si les États-Unis appellent fermement et clairement à un cessez-le-feu permanent à Gaza et utilisent leur influence pour inciter Israël à aller dans cette direction.

Concernant l'intérêt israélien qui devrait compter le plus la sécurité à long terme des citoyens israéliens l'administration peut honnêtement dire aux Israéliens qu'un arrêt rapide du massacre à Gaza et un recours à des moyens politiques pour résoudre le conflit israélo-palestinien sont bien plus susceptibles d'assurer cette sécurité que la poursuite de la vie par l'épée.

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https://www.nytimes.com/2023/12/04/opinion/israel-protests-free-speech.html

Si vous voulez comprendre le fossé générationnel déchirant sur Israël parmi de nombreux juifs américains de gauche, le documentaire "Israelism" [1], sorti cette année, est un bon point de départ.

Il est en grande partie centré sur l'évolution politique de Simone Zimmerman, qui a été élevée comme une sioniste convaincue, a commencé à remettre en question ses convictions alors même qu'elle défendait Israël à l'université de Californie, à Berkeley, et a été transformée par sa rencontre avec la dure réalité de l'occupation palestinienne. Mme Zimmerman a ensuite cofondé IfNotNow, un groupe juif anti-occupation qui a été à l'avant-garde de nombreuses manifestations contre la guerre d'Israël à Gaza.

Mais en novembre, lorsque des étudiants juifs progressistes de l'université de Pennsylvanie ont tenté de projeter le film, l'université leur en a refusé l'autorisation, invoquant la crainte d'une "réaction négative potentielle sur le campus". Les étudiants ont tout de même projeté le film et risquent à présent de faire l'objet de mesures disciplinaires. Au début du mois, le Hunter College de New York a également annulé la projection d'"Israelism", sa présidente par intérim, Ann Kirschner, invoquant "le danger d'une rhétorique antisémite et clivante". Devant l'indignation du personnel et des étudiants, l'événement a été reprogrammé pour cette semaine.

L'université de New York et celle de Berkeley sont poursuivies en justice par des personnes qui affirment qu'elles ont permis à l'antisémitisme de se développer. Les grands donateurs de plusieurs écoles suppriment leur financement.

Les partisans d'Israël promeuvent souvent une définition de l'antisémitisme publiée par l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste en 2016, qui définit le rejet ou la diabolisation de l'État juif comme une forme de sectarisme antijuif.

L'administration Trump a publié un décret l'adoptant aux fins de l'application de la loi fédérale sur les droits civiques. Cette semaine, la Chambre votera une résolution reprenant la définition et proclamant que "l'antisionisme est de l'antisémitisme".

J'ai demandé à M. Chemerinsky, éminent spécialiste de la liberté d'expression, ce que signifierait pour les écoles l'application d'une interdiction de l'antisémitisme telle que définie par l'alliance. "Je ne vois pas comment cela pourrait se faire dans une université publique sans violer le premier amendement", a-t-il répondu.

[1] bande annonce :

 

 

Modifié par Wallaby
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Ilan_Pappé#Affaire_Katz

Ilan Pappé a publiquement soutenu une thèse de maîtrise par un étudiant de l'Université de Haïfa, Teddy Katz, qui affirmait qu'Israël avait commis un massacre dans le village palestinien de Tantura pendant la guerre en 1948. En décembre 2000, Katz a été poursuivi pour diffamation par des vétérans de la brigade Alexandroni et est condamné par la justice pour avoir dénaturé les témoignages et modifié les déclarations des témoins. Il signe qu'il se retire de l'accusation de massacre et publier des excuses. Ilan Pappé continue de soutenir la thèse malgré la condamnation. Un film publié récemment en Israël confirme les accusations de Katz et les vétérans reconnaissent eux-mêmes qu'ils ont menti en 2000 [1].

[1] https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/israel-1948-le-massacre-de-tantoura-a-bien-eu-lieu,5338 (2 février 2022)

Sylvain Cypel, Israël, 1948. Le massacre de Tantoura a bien eu lieu

En 2005, j’avais commencé mon livre Les Emmurés (La Découverte, 2006) par le récit de cette affaire, qui m’était apparue symptomatique du rapport officiel israélien au passé du pays, un rapport régi dès le départ par le déni des faits et des réalités. J’avais longuement rencontré Katz et Pappé. Katz, qui se disait toujours fervent sioniste, mais attaché à la vérité historique, était un homme brisé. Pappé, lui, était désabusé, tant la société israélienne lui semblait incapable de sortir du déni et du mensonge. Bientôt, il quittera Israël pour continuer son métier d’historien dans une université britannique.

Plus de vingt ans ont passé depuis. Et voilà qu’en Israël un documentaire, simplement titré Tantura et réalisé par le cinéaste Alon Schwartz aidé de l’historien Adam Raz, diffuse les témoignages de plusieurs soldats de la brigade Alexandroni. Tous âgés aujourd’hui de plus de 90 ans, ils déclarent publiquement que Katz avait raison : un massacre a bien été commis par leur bataillon à Tantura le 23 mai 1948.

Tantura, on l’imagine, a été rasé très vite par Israël, comme l’ont été plusieurs centaines d’autres villages palestiniens. Sur ses terres ont été érigés le kibboutz Nahsholim et une plage très prisée des baigneurs israéliens, nommée Dor Beach.

Ce documentaire, présenté fin janvier [2022] aux États-Unis au festival de Sundance créé par Robert Redford, où il a été plébiscité, met un point final aux polémiques et aux pathétiques dénégations des historiens israéliens officiels.

https://www.lemonde.fr/international/article/2023/05/14/en-israel-le-retour-des-fantomes-de-la-nakba_6173344_3210.html (14 mai 2023)

« La question n’est pas : est-ce que 60, 100 ou 200 personnes ont été tuées à Tantura. Ce qui est important, c’est qu’il y a eu un massacre et qu’il a été effacé », souligne le réalisateur.

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Il y a 14 heures, Wallaby a dit :

Ilan Pappé a publiquement soutenu une thèse de maîtrise par un étudiant de l'Université de Haïfa, Teddy Katz, qui affirmait qu'Israël avait commis un massacre dans le village palestinien de Tantura pendant la guerre en 1948. En décembre 2000, Katz a été poursuivi pour diffamation par des vétérans de la brigade Alexandroni et est condamné par la justice pour avoir dénaturé les témoignages et modifié les déclarations des témoins. Il signe qu'il se retire de l'accusation de massacre et publier des excuses. Ilan Pappé continue de soutenir la thèse malgré la condamnation. Un film publié récemment en Israël confirme les accusations de Katz et les vétérans reconnaissent eux-mêmes qu'ils ont menti en 2000 [1].

 

Dans le documentaire Tantura apparu en 2022, les soldats de la brigade Alexandroni et autres en parle ouvertement et décrivent l'atrocité de ce qu'ils ont fait et comment ils ont tué, massacré et violé des centaines de personnes et en ils en rient sans problème...

Voila le documentaire: https://archive.org/details/tantura_2022

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Avec des exemples comme celui de Tantura voit bien la les limites de la simple admission des faits. Un pro-israéliens qui admettrait un cas comme celui-là y verrait quelque chose d'exceptionnel, un accident. En revanche il va interprété le 7 Octobre comme quelque chose de structurel, de systématique. Et l'inverse évidemment en fonction du camp dans lequel on se situe. Parce que ce ne sont pas les faits qui forment le récit mais le récit qui est lu dans les faits (en général soigneusement sélectionné, quand ils ne sont pas complétement déformé voire inventé). 

L'intention du "lecteur" est ce qui prime : victoire (au moins symbolique/morale) d'un camp ou recherche de vérité.

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https://afriquexxi.info/En-Afrique-du-Sud-les-tiraillements-de-la-communaute-juive (4 décembre 2023)

En Afrique du Sud, les tiraillements de la communauté juive

Lundi 20 novembre 2023, alors que Pretoria appelait la Cour pénale internationale (CPI) à arrêter le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, l’État hébreu rappelait à Tel-Aviv son ambassadeur en poste en Afrique du Sud, Eli Belotserkovsky. Le lendemain, le Parlement sud-africain votait à une écrasante majorité en faveur de la fermeture de l’ambassade israélienne à Pretoria. Des positions dénoncées par la South African Zionist Federation (SAZF), la plus ancienne et importante organisation juive du pays. Mais cette réaction n’a pas plu à tout le monde : des juifs s’en sont publiquement désolidarisés et ont lancé un appel historique à cesser de les associer à la défense inconditionnelle d’Israël.

[Ce] qui ne doit pas occulter le rôle majeur joué par des militants juifs au sein de l’ANC. Et ce jusque dans les rangs de sa branche militaire, Umkhonto we Sizwe (« le fer de lance de la nation », en zoulou), que dirigeait Joe Slovo, un descendant d’immigrés juifs lituaniens.

Arrêté en 1962, Slovo quitte alors l’Afrique du Sud et supervise les activités militaires de l’ANC pendant ses vingt-sept années d’exil. En 1985, il est le premier Blanc à faire partie de la direction nationale du parti, poste qu’il cumule avec celui de chef d’état-major d’Umkhonto we Sizwe, puis celui de secrétaire général du Parti communiste sud-africain. Selon Adam Mendelsohn, professeur à l’Université de Cape Town, spécialiste des minorités religieuses en Afrique du Sud et directeur du Kaplan Centre for Jewish Studies, « l’implication des juifs dans les mouvements anti-apartheid est en grande partie un héritage de la politique radicale que les juifs ont apportée avec eux d’Europe de l’Est ».

« Les juifs avaient l’esprit plus ouvert que le reste des Blancs sur les questions raciales et politiques, peut-être parce que, dans l’histoire, ils avaient eux-mêmes été victimes de préjugés », écrivait Nelson Mandela dans son autobiographie.

La lutte des juifs contre l’apartheid s’est menée au-delà des cadres de l’ANC, à l’image d’Helen Suzman, figure majeure de l’opposition progressiste de 1953 à 1989. Fille d’émigrés juifs lituaniens ayant fui l’antisémitisme, Suzman a combattu avec fermeté l’engrenage raciste des lois ségrégationnistes et est demeurée la seule députée d’opposition pendant treize ans au sein du Parlement sud-africain (de 1961 à 1974).

Durant cette période, c’est paradoxalement l’apartheid qui favorise l’ancrage du sionisme chez les juifs sud-africains. Cet engagement n’entre alors pas forcément en contradiction avec la lutte contre le régime raciste de Pretoria.

Le 15 novembre 2023, dans une lettre ouverte publiée dans le journal sud-africain The Daily Maverick, plus de 700 juifs sud-africains, dont des personnalités publiques comme l’artiste William Kentridge ou Jonathan Berger, avocat au barreau de Johannesburg, se sont dressés contre les discours visant à essentialiser les opinions de la communauté : « Nous rejetons les tentatives d’amalgame entre les parties à ce conflit et des groupes religieux ou ethniques entiers, tout comme nous rejetons l’idée que la critique de l’État d’Israël constitue nécessairement de l’antisémitisme ».

Parmi les juifs critiques d’Israël figure notamment Ronnie Kasrils, l’ancien ministre des Services de renseignements (2004-2008). Figure de la lutte anti-apartheid, Ronnie Kasrils dénonce régulièrement l’occupation israélienne dans les médias.

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https://www.politico.com/news/2023/12/02/swing-state-muslim-leaders-biden-00129758

Des dirigeants musulmans de plusieurs États bascules [c'est à dire ceux où les Républicains et les Démocrates sont au coude-à-coude et où la bataille de l'élection présidentielle est la plus serrée] se sont rendus samedi à Dearborn, dans le Michigan, pour lancer une campagne nationale contre la réélection du président Joe Biden, en réaction à sa gestion du conflit entre Israël et le Hamas.

Les organisateurs du Michigan, du Minnesota, de l'Arizona, du Wisconsin, de la Floride, de la Géorgie, du Nevada et de la Pennsylvanie ont baptisé cette campagne "AbandonBiden" et se sont engagés à faire en sorte que Joe Biden ne puisse pas faire un second mandat.

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https://foreignpolicy.com/2023/12/07/israel-united-states-military-aid-conditions-gaza-hamas-palestine/

Dans un article du New York Times qui donne à réfléchir [1], le sénateur Bernie Sanders préconise de conditionner l'aide militaire américaine à Israël à des changements de politique. Il a présenté plusieurs étapes, allant de la fin du conflit à Gaza à l'engagement d'Israël dans des pourparlers de paix globaux en vue d'une solution à deux États à l'issue du conflit. Reconnaissant les insuffisances passées de l'approche américaine, M. Sanders a souligné la nécessité de passer d'efforts de bonne volonté à des stratégies plus efficaces.

Les précédents historiques, notamment le refus de l'administration de George H.W. Bush, en 1991, d'approuver des garanties de prêt de 10 milliards de dollars pour Israël à moins qu'il ne gèle la construction des colonies, démontrent l'efficacité potentielle de la pression américaine. Historiquement, cette forme d'influence extérieure a aidé le centre-gauche israélien à contester les politiques gouvernementales. Elle a joué un rôle essentiel dans l'ascension du gouvernement modéré d'Yitzhak Rabin en 1992. Imposer de telles pressions aujourd'hui pourrait inspirer le centre-gauche à défendre un programme plus favorable à la paix.

[1] https://www.nytimes.com/2023/11/22/opinion/bernie-sanders-israel-gaza.html

 

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Le 06/12/2023 à 11:40, Wallaby a dit :

Le 15 novembre 2023, dans une lettre ouverte publiée dans le journal sud-africain The Daily Maverick, plus de 700 juifs sud-africains, dont des personnalités publiques comme l’artiste William Kentridge ou Jonathan Berger, avocat au barreau de Johannesburg, se sont dressés contre les discours visant à essentialiser les opinions de la communauté : « Nous rejetons les tentatives d’amalgame entre les parties à ce conflit et des groupes religieux ou ethniques entiers, tout comme nous rejetons l’idée que la critique de l’État d’Israël constitue nécessairement de l’antisémitisme ».

En voilà une vrai raison d'espérer.

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Chris Hedges :

https://chrishedges.substack.com/p/the-evil-israel-does-is-the-evil (10 décembre 2023)

J'ai connu le Dr Abdel Aziz al-Rantisi, cofondateur du Hamas, ainsi que le cheikh Ahmed Ismail Yassin. La famille d'Al-Rantisi a été expulsée de la Palestine historique par les milices sionistes lors de la guerre israélo-arabe de 1948. Il ne correspondait pas à l'image diabolisée d'un dirigeant du Hamas. C'était un pédiatre qui parlait doucement, s'exprimait bien et avait un niveau d'éducation élevé. Il était le premier de sa classe à l'université égyptienne d'Alexandrie.

À l'âge de neuf ans, il a assisté à Khan Younis à l'exécution de 275 hommes et garçons palestiniens, dont son oncle, lors de la brève occupation israélienne de la bande de Gaza en 1956, qui a fait l'objet du livre magistral de Joe Sacco, Footnotes in Gaza [1]. Des dizaines de Palestiniens ont également été exécutés par des soldats israéliens dans la ville voisine de Rafah, où des dizaines de milliers de Palestiniens sont actuellement contraints de fuir depuis que Khan Younis est attaquée.

"Je me souviens encore des gémissements et des larmes de mon père sur son frère", nous a confié al-Rantisi à Sacco et à moi lors d'une visite à son domicile. "Je n'ai pas pu dormir pendant de nombreux mois après cela... Cela a laissé une blessure dans mon cœur qui ne pourra jamais guérir. Je vous raconte une histoire et je pleure presque. Ce genre d'action ne peut jamais être oublié... [Ils] ont semé la haine dans nos cœurs".

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaza_1956._En_marge_de_l'Histoire

Modifié par Wallaby
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Le 10/12/2023 à 15:55, herciv a dit :

En voilà une vrai raison d'espérer.

Les juifs hors Israël sont des victimes du conflit Israélo-Palestinien ... elle y sont naturellement associées quelques soit leur position sur le sujet.

Ça a même été instrumentalisé par les organisme d’immigration israélien ... pour provoquer des appels d'air et essayer de densifier un peu la démographie pas trop favorable.

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https://laviedesidees.fr/Micro-histoire-dans-la-ville-sainte (13 avril 2023)

À propos de Vincent Lemire, Au pied du Mur. Vie et mort du quartier maghrébin de Jérusalem (1187-1967)

L’originalité du travail de Vincent Lemire est d’éclairer la politique française à Jérusalem afin de financer les activités charitables du waqf des Maghrébins, au nom de sa tutelle coloniale sur le Maghreb. Il démontre enfin, archives municipales à l’appui, que la destruction du quartier maghrébin la nuit du 10 juin 1967 par quinze entrepreneurs israéliens a été en réalité un acte préparé de façon méthodique par le gouvernement israélien avec l’aval du maire de la partie israélienne.

https://laviedesidees.fr/La-judeite-contre-la-violence-d-Etat (18 juillet 2014)

À propos de : Judith Butler, Vers la cohabitation. Judéité et critique du sionisme

https://laviedesidees.fr/Une-histoire-de-la-Palestine-enjeux-et-perils (14 mai 2008)

À propos de Gudrun Krämer, A History of Palestine. From the Ottoman conquest to the founding of the State of Israel

 

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Je regarde (enfin) "the gatekeepers", film d'entretiens avec d'anciens responsables su Shin Bet bien antérieur aux évènements récents. Une phrase d'un responsable du Shin Bet en charge de la coopération avec les services de l'autorité palestinienne (leur plus efficace levier dit-il) me semble particulièrement intéressante : "les Palestiniens me disaient qu'ils n'étaient pas nos agents, qu'ils n'arrêtaient pas les gens du Hamas pour nous, mais uniquement parce que le peuple palestinien croyait qu'au bout du compte viendrait le jour où il aurait son propre État au côté d'Israël. Si nous cessons d'y croire ne comptez plus sur nous"...

Modifié par gustave
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Le 13/12/2023 à 14:32, Wallaby a dit :

https://laviedesidees.fr/Micro-histoire-dans-la-ville-sainte (13 avril 2023)

À propos de Vincent Lemire, Au pied du Mur. Vie et mort du quartier maghrébin de Jérusalem (1187-1967)

L’originalité du travail de Vincent Lemire est d’éclairer la politique française à Jérusalem afin de financer les activités charitables du waqf des Maghrébins, au nom de sa tutelle coloniale sur le Maghreb. Il démontre enfin, archives municipales à l’appui, que la destruction du quartier maghrébin la nuit du 10 juin 1967 par quinze entrepreneurs israéliens a été en réalité un acte préparé de façon méthodique par le gouvernement israélien avec l’aval du maire de la partie israélienne.

 

A propos de celui-ci :

https://www.mediapart.fr/journal/international/091223/vincent-lemire-les-moments-historiques-tragiques-creent-des-espaces-de-politisation-inedits

VincentVincent Lemire est professeur d’histoire à l’université Gustave-Eiffel Paris-Est, ancien élève de l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud (1994), agrégé d’histoire (1998), docteur en histoire (2006), ancien directeur du Centre de recherche français à Jérusalem (CNRS-MAE) entre 2019 et 2023 et directeur du projet européen www.openjerusalem.org.

Il a notamment publié La Soif de Jérusalem. Essai d’hydrohistoire (1840-1948) (Éditions de la Sorbonne, 2010) ; Jérusalem 1900. La Ville sainte à l’âge des possibles (Armand Colin 2012, réed. Points Seuil 2016) ; Au pied du Mur. Vie et mort du quartier maghrébin de Jérusalem (1187-1967) (Seuil, 2022) et une Histoire de Jérusalem en bande dessinée aux éditions Les Arènes (2022), en cours de traduction dans une dizaine de langues, dont l’arabe et l’hébreu.

Pour Mediapart, il revient, deux mois après les attaques du 7 octobre, sur l’histoire dense et les projections possibles de la guerre en cours. 

Pourquoi Gaza est-elle le pivot de la résistance palestinienne et le cœur du conflit actuel ?

Aujourd’hui, 80 % de la population de Gaza est composée de réfugiés ou de descendants de réfugiés. Gaza, c’est un modèle réduit de la Palestine : les villes, les camps, les quartiers sont structurés en fonction des régions d’origine des réfugiés palestiniens.

À cela s’ajoute une très forte tradition d’autonomie et de résistance, qui a fait de Gaza un verrou stratégique dans toutes les conquêtes de l’histoire, qu’il s’agisse de l’armée romaine au premier siècle de notre ère, des Britanniques en 1917 (qui doivent s’y reprendre à trois fois pour conquérir la ville), de l’armée israélienne qui y mène une longue incursion en 1956-1957 avant d’évacuer la zone, ou de cette même armée israélienne qui met plus de quatre ans, entre 1967 et 1971, pour en reprendre le contrôle.

En fait, Israël n’a jamais su quoi faire de Gaza. Elle y a d’abord installé des colons, mais en relativement petits nombres, avant de s’en retirer unilatéralement en 2005. L’Égypte elle-même n’a fait qu’administrer la bande de Gaza après 1949, elle s’est toujours refusée à l’annexer, à la différence de ce qu’avait fait la Jordanie avec la Cisjordanie, au même moment. Aujourd’hui, la bande de Gaza est une agglomération d’immenses camps de réfugiés, ce qui en fait un imprenable îlot de résistance. D’un point de vue sociologique, la résistance palestinienne s’est toujours structurée dans les camps de réfugiés, comme on le voit aussi à Jénine en Cisjordanie. Les populations déracinées sont plus disponibles pour la lutte armée que les populations enracinées et encadrées par des logiques familiales ou claniques.

Mais, après les massacres du 7 octobre, après le déplacement forcé de plus de 1,5 million de Gazaouis du nord vers le sud, avec l’intensification actuelle de l’offensive dans le Sud, toute cette longue histoire de Gaza a basculé dans autre chose : le vrai enjeu, dans les jours qui viennent, c’est de savoir si la situation humanitaire va devenir à ce point catastrophique qu’elle obligerait l’Égypte à ouvrir ses frontières, comme Israël en fait probablement le pari, en rendant la situation tellement impossible et effroyable pour les Gazaouis que cela force la main de l’Égypte sous la pression internationale.

C’est le plan israélien d’une seconde « Nakba » [la « catastrophe », l’exode palestinien de 1948 – ndlr], explicitement exprimé ces jours-ci à l’extrême droite du spectre politique. Et de fait, d’un point de vue historique, l’usage du terme nakba n’est pas exagéré : en 1948, le premier exode a concerné 750 000 Palestiniens ; aujourd’hui, on parle de 2,3 millions de Palestiniens menacés d’expulsion à Gaza.

Ce plan de l’extrême droite israélienne a peu de chances de se réaliser, car l’Égypte est le seul pays de la région à n’avoir jamais accepté de camps de réfugiés palestiniens sur son sol, contrairement à la Syrie, la Jordanie ou le Liban. Elle n’y est pas plus disposée aujourd’hui, d’abord sur le plan sécuritaire parce qu’elle ne veut pas abriter les futurs camps d’entraînement du Hamas, affilié aux Frères musulmans qui sont les ennemis du régime égyptien actuel ; et puis, sur le plan politique et historique, parce qu’elle sait qu’aucun réfugié palestinien, après avoir été soi-disant provisoirement établi dans un camp, n’est jamais rentré en Palestine.

Le Hamas a baptisé son attaque du 7 octobre « Déluge d’Al-Aqsa », ce qui nous ramène à Jérusalem, que vous qualifiez d’« œil du cyclone » du conflit actuel. Pour s’extraire de cette actualité dramatique, à quelles conditions pourrait-on imaginer que « Jérusalem 2100 » ressemble à votre livre « Jérusalem 1900 », dans lequel vous exhumiez les éléments d’une possible « histoire partagée » ?

Jérusalem n’a jamais été le véritable verrou du processus de paix. C’est un sujet moins difficile que celui des réfugiés côté palestinien, ou des colonies côté israélien. En réalité, c’est le vocabulaire anglo-saxon des négociations d’Oslo qui en a fait une impasse, en préférant la notion de « partition » à celle de « partage », c’est-à-dire en privilégiant une logique de séparation sur une logique de coordination.

Pourtant, à l’échelle de Jérusalem, cette logique de séparation est impossible à réaliser parce qu’elle est concrètement impraticable. Pour y parvenir, il faudrait tracer de nouvelles lignes de démarcation dans des espaces où tout s’entrecroise : entre les quartiers, les rues, les bâtiments, les étages des bâtiments, la souveraineté sur le sous-sol, sur la surface et dans les airs, etc.

À l’échelle urbaine, cette logique est effrayante, avec des barbelés horizontaux entre les étages des bâtiments comme on le voit à Hébron, avec des miradors, des check-points, des armements un peu partout : toutes choses dont on a vu les limites sécuritaires le 7 octobre.  

En se focalisant sur cette volonté de faire coïncider la carte d’identité et le territoire, on est certain de ne jamais y arriver… ce qui était d’ailleurs peut-être le but recherché ! Mais si on remplace la logique de partition par une logique de partage, alors Jérusalem devient au contraire la matrice d’un horizon atteignable, à savoir la capitale de deux États, ce qui est la position de la diplomatie européenne.

Concrètement, pour Jérusalem, cela supposerait une extension du périmètre de compétence de la municipalité, pour que cette institution représente véritablement les intérêts de tous ses habitants, y compris les 40 % de Palestiniens, et une extension du périmètre territorial de la ville vers l’est, en y intégrant notamment Abou Dis où se trouve l’ex-futur Parlement palestinien bâti par l’Autorité palestinienne et qui existe toujours.

Il faut souligner que toutes les grandes institutions nationales israéliennes – la Knesset, la plupart des ministères, la Banque centrale – se trouvent très à l’ouest des murailles de la vieille ville, puisque c’était le seul territoire disponible lorsque les autorités israéliennes ont fait de Jérusalem leur capitale, en 1950. De ce fait, les institutions nationales palestiniennes auraient toute latitude pour se déployer à l’est de la ville, comme en miroir. On a bien des exemples de capitales qui sont à la tête d’entités différentes, par exemple avec Bruxelles (Europe, Belgique, provinces…). Jérusalem pourrait remplir ce rôle, et faire coexister des citadins ayant des cartes d’identité différentes.

Quand le projet d’une coexistence judéo-arabe en Palestine a-t-il déraillé – ou inversement, quand celle-ci aurait-elle pu se matérialiser ?

Le premier rendez-vous manqué avec l’histoire, c’est 1947. L’été de cette année-là, les Britanniques annoncent qu’ils quitteront la Palestine en mai 1948 et remettent donc aux Nations unies le mandat qu’ils avaient reçu de la Société des Nations trente ans plus tôt et qu’ils n’arrivent pas à honorer. Après la Première Guerre mondiale et la chute des empires, austro-hongrois et ottoman, on avait prétendu appliquer les 14 points du président Wilson, et notamment le droit à l’autodétermination des peuples, mais en considérant que certains de ces peuples n’étaient pas assez « mûrs » pour cela et en les confiant alors à une tutelle coloniale.

La Grande-Bretagne, pour administrer la Palestine, n’avait même pas créé une entité ad hoc, elle avait confié cette tâche au Colonial Office qui y appliquait les mêmes méthodes brutales que dans ses autres colonies, tout en prétendant travailler à l’éclosion du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Tout cela dans un cadre intellectuel étroit issu de l’histoire de l’Europe occidentale qui considère alors que chaque « nation » doit obtenir son État. Cette démarche contradictoire aboutit au constat d’échec dressé en 1947.

La question de la Palestine constitue alors le premier grand dossier de l’ONU, au moment où il faut décider que faire de ce mandat confié à la Grande-Bretagne sur le territoire en 1917 : un mandat qui a été lui-même structurant dans la fondation de la Société des Nations (SDN). Au-delà du fait que la Palestine soit le berceau des trois grands monothéismes (plus de 50 % de l’humanité aujourd’hui), cela explique que ce qui s’y passe concerne à ce point ce qu’on appelle la « communauté internationale », car tout y est corrélé à la notion même de « droit international ».

En 1947, un comité spécial des Nations unies sur la Palestine propose deux options : un État fédéral binational assurant l’égalité des droits entre Arabes et juifs et l’unité économique du territoire, ou bien une partition en deux États. Les organisations sionistes font en sorte que cette option de l’État fédéral ne soit pas mise au vote, à une époque où les juifs représentent environ 15 % de la population de la Palestine historique et possèdent seulement 10 % du sol. Ce qui est mis au vote, c’est un projet de partition territoriale offrant 55 % des terres au futur État juif de Palestine et 45 % à l’État arabe de Palestine. Chacun sait pertinemment quelles seront les réactions des parties en présence.

En effet, quelle entité politique accepterait de passer de 92 % de la terre à 45 %, en signant un plan de partage ? La première guerre israélo-arabe se produit donc en toute logique et impose une ligne de cessez-le-feu qui octroie à Israël 78 % de la Palestine mandataire pour 22 % aux Palestiniens, à savoir la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est.

L’autre rendez-vous raté, c’est le processus Oslo, dans les années 1990. En préalable, on exige un aggiornamento majeur de la part des Palestiniens, qui acceptent de ne plus revendiquer toute la Palestine historique mais seulement 22 % de celle-ci, en reconnaissant l’existence d’Israël dans les frontières issus du cessez-le-feu de 1948.

Alors que la charte de l’OLP de 1964 prévoyait un État palestinien indépendant de la mer au Jourdain, l’OLP opère donc au début des années 1990 un tournant historique fondamental. Il faut noter que cette évolution arrive juste après la première Intifada, ce qui rappelle que les périodes d’insurrection ne sont pas incompatibles avec les périodes de négociation, au contraire. En tout cas, la déception des Palestiniens est à la mesure de la concession historique qu’ils ont opérée : les Israéliens, avec le soutien tacite des États-Unis, sabordent l’esprit des accords d’Oslo en cherchant à s’approprier toujours plus de territoires en Cisjordanie.

C’est sans doute l’erreur historique des Israéliens au moment d’Oslo : plutôt que de s’assurer du contrôle définitif de 78 % de la Palestine mandataire, ce qui leur aurait garanti une paix globale avec l’ensemble des pays de la région, ils ont voulu pousser leur avantage grâce aux colonies, au risque de fragiliser ce qui constituait le cœur du projet sioniste, un refuge sûr aux frontières stables et reconnues.

On fait aujourd’hui porter beaucoup la responsabilité de la situation actuelle sur les ministres suprémacistes et messianistes Itamar Ben Gvir ou Bezalel Smotrich. Même des inconditionnels d’Israël comme Alain Finkielkraut voient dans leur présence au gouvernement une « honte ». Leur départ, s’il est sans doute une condition préalable à toute évolution positive, suffirait-il à dessiner une solution ?

De même que le Hamas du côté palestinien, Ben Gvir et Smotrich doivent être perçus comme les symptômes d’une situation politique dysfonctionnelle qui laisse la place aux plus extrémistes. Pour autant, n’y voir que des symptômes parmi d’autres, ou des anomalies dont il serait possible de se débarrasser facilement, fait obstacle à la réalité.  

Il faut faire une distinction entre racisme et suprémacisme. Une société peut vivre avec une certaine dose de racisme. On ne s’aime pas, on ne se respecte pas, on ne se parle pas, mais la puissance publique prévient la majorité des passages à l’acte et régule les relations.

L’horizon suprématiste est totalement différent, surtout s’il est au pouvoir. On passe du « je ne t’aime pas » au « je te supprime », « je t’expulse » ou « je t’extermine ». Aucune société humaine ne peut vivre avec, en particulier à la tête de l’État, des gens qui considèrent qu’ils peuvent supprimer tous ceux qui ne vont pas dans leur sens, qu’il s’agisse de Yitzhak Rabin en 1995 ou des Palestiniens aujourd’hui.

À cela s’ajoute la dimension messianique. On parle aujourd’hui beaucoup de « course à l’abîme », mais pour ces acteurs, la fin des temps n’est pas un problème, au contraire, c’est la solution. Pour les évangéliques chrétiens, il faut que tous les juifs retournent en terre d’Israël pour que l’apocalypse et le jugement dernier adviennent. Pour les messianistes juifs, il faut hâter la fin des temps pour permettre l’arrivée du Messie. Notons que les combattants du Hamas se situent eux aussi dans cette même dimension eschatologique. C’est très compliqué pour nous de penser une rationalité si différente de la nôtre, d’imaginer cette attente de la fin des temps, ce désir d’apocalypse. Mais il le faut, car ces pensées délirantes fabriquent du réel bien concret, des projets, des mobilisations, des guerres, des massacres.

La présence au pouvoir en Israël de suprémacistes et de messianistes change donc profondément les coordonnées politiques, mais on ne la comprend pas sans l’inscrire dans un temps plus long et sans impliquer d’autres acteurs dans l’équation, notamment la droite israélienne « classique ».

L’évolution socio-démographique israélienne qui a engendré la situation actuelle est profonde et en partie souterraine. Quand Yigal Amir assassine le premier ministre Yitzhak Rabin en 1995, on a tendance à en faire un monstre isolé, sans se rendre compte qu’il a derrière lui une masse démographique et une armée idéologique structurée. En réalité, ceux qui ont armé Yigal Amir étaient déjà nombreux et ils sont aujourd’hui au cœur du gouvernement.

Une autre erreur d’analyse assez répandue est de considérer cette histoire comme un processus linéaire, une histoire de kibboutz laïc et de sionisme progressiste qui aurait déraillé au profit d’une droite religieuse ethno-nationaliste qui a au même moment le vent en poupe ailleurs dans le monde.

Il y a pourtant, dès les origines du mouvement sioniste, les ferments de ce à quoi on assiste aujourd’hui. Vladimir Jabotinsky (1880-1940), qui est une référence explicite de Nétanyahou et possède une avenue à son nom à Tel-Aviv et à Jérusalem, juge d’emblée que les kibboutz, l’agriculture, la renaissance de l’hébreu, le sionisme culturel, c’est bien gentil, mais que ce sera insuffisant pour donner naissance à l’État d’Israël. Jabotinsky martèle qu’il existe en Palestine une population autochtone qui n’acceptera jamais de se voir déposséder de sa terre, et qu’il faudra donc l’expulser, par la force. Pour ce faire, il organise dès les années 1920 des milices paramilitaires qui sont les ancêtres directs des groupes de colons aujourd’hui surarmés par Itamar Ben Gvir.

Quant au rabbin Abraham Kook (1865-1935), sa doctrine et son parcours rappellent que la jonction historique à laquelle on assiste aujourd’hui entre le sionisme ethno-nationaliste et une partie du monde ultra-orthodoxe a des racines profondes, bien avant la proclamation de l’État d’Israël. Aujourd’hui, leurs adversaires accusent à bon droit Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich de mettre en péril les juifs d’Israël et donc de dévoyer le projet sioniste originel, mais ces derniers peuvent se targuer de puiser eux aussi dans des matrices idéologiques anciennes.

Avec une telle histoire et dans un tel moment, les discussions sur une solution à un ou deux États peuvent-elles être autre chose que cosmétiques ?

D’abord, on doit se méfier d’une tendance à présenter le problème israélo-palestinien comme « insoluble », parce que cela permet de se déresponsabiliser. C’est immoral, mais c’est aussi très dangereux. Dans cette perspective, la solution à deux États serait impossible parce qu’il y a maintenant 750 000 colons, dont une partie surarmée, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et qu’on se souvient qu’il a fallu 24 000 soldats pour évacuer les 8 000 colons de Gaza en 2005.

La solution à un État serait impossible, au motif que Palestiniens et Israéliens sont arrivés à un niveau inédit de rage et de désir de vengeance, encore plus depuis les massacres du 7 octobre d’un côté et l’écrasement de Gaza de l’autre.

Cet horizon occulté, en forme de double aporie, constitue bien un piège moral et politique. En réalité, l’État unique existe déjà de facto puisque, de la mer Méditerranée au Jourdain, il n’existe qu’une seule armée (l’armée israélienne), une seule monnaie (le shekel israélien) et une seule frontière internationale, contrôlée par Israël.

Cet État binational de facto est bien sûr investi différemment par l’extrême droite israélienne et par la jeunesse palestinienne. Les premiers se projettent dans un État d’apartheid, alors que les seconds imaginent pouvoir se battre pour l’égalité des droits.

Ces deux camps travaillent donc dans des directions opposées mais on ne peut pas dire aujourd’hui que personne ne pense et ne travaille l’avenir. Pour l’extrême droite israélienne par exemple, le terme de nakba, qui a longtemps été un tabou, est désormais un slogan.

Un tout autre projet existe au sein de la gauche radicale israélienne, mobilisant y compris des Palestiniens d’Israël, celui dit « Two States, One Homeland », qui envisage deux États, de part et d’autre de la ligne de cessez-le-feu de 1949-1967, mais qui autoriserait d’un côté les colons israéliens à demeurer sur le territoire de l’État palestinien, et de l’autre les réfugiés palestiniens à revenir s’établir en Israël.

Dans ces conditions, les 7 millions d’Arabes palestiniens et les 7 millions de juifs israéliens qui vivent aujourd’hui entre la mer Méditerranée et le Jourdain seraient tous représentés, protégés et contrôlés par une entité étatique stable, représentative, efficiente et reconnue, sans forcément habiter sur son sol. On comprend pourquoi, pour les militants du mouvement « Two States, One Homeland », l’Europe représente un modèle extraordinaire dont il faut s’inspirer.

Pour finir, la mainmise des colons suprématistes sur le gouvernement israélien est-elle un horizon indépassable ? Un ancien ambassadeur d’Israël en France comme l’historien Elie Barnavi va jusqu’à évoquer une guerre civile…

Il y a aujourd’hui un choix historique de leadership qui se pose pour les Palestiniens comme pour les Israéliens. Mais les premiers ne peuvent qu’espérer la libération du « Mandela palestinien » par les autorités israéliennes, Marwan Barghouti, alors que les seconds peuvent voter.

Rappelons d’abord que les moments historiques les plus tragiques créent des espaces de politisation inédits. Aujourd’hui, il y a sans doute trop d’émotion et de rage de part et d’autre pour que nos capteurs habituels fonctionnent correctement : nos grilles de lecture héritées des séquences précédentes se sont effondrées comme un château de cartes. En Palestine, on ne voit pas comment l’ascension du Hamas pourrait être freinée, et en même temps tout indique que si Marwan Barghouti était libéré demain, il remporterait les élections haut la main, à la fois contre les affidés de Mahmoud Abbas et contre le Hamas. Car les Palestiniens sont aujourd’hui face à un risque véritablement existentiel.

De même en Israël, on ne voit pas qui pourrait freiner l’ascension de l’extrême droite, car la gauche a trop longtemps voulu croire que l’assassin d’Yitzhak Rabin était un marginal isolé. Mais c’est le cœur du projet sioniste qui est aujourd’hui atteint, alors qu’il se trouvait au centre des manifestations de ces derniers mois, qui jugeaient que ce gouvernement était incapable d’assurer la sécurité d’Israël. Là encore, c’est bien un risque existentiel qui était et qui est dans tous les esprits.

Partant de ce constat, Elie Barnavi, historien des guerres de religion en Europe, évoque la possibilité – ou la nécessité – d’une « guerre civile », au cours de laquelle « le sang coulera », pour réussir à désarmer les colons les plus radicaux de Cisjordanie. On n’en est pas là, bien sûr, ce n’est même pas le chemin qui se dessine, mais cette prise de parole surprenante, de la part d’un diplomate israélien modéré, révèle cependant un point fondamental : la guerre actuelle, qui fait peser un risque existentiel pour les deux peuples – risque existentiel à court terme pour les Palestiniens, risque existentiel à moyen et long terme pour les Israéliens –, fait bouger les lignes, à un rythme jamais vu au cours de ces dernières décennies. Ce constat ne doit nous rendre ni optimistes ni pessimistes ; il doit seulement nous faire admettre que le champ des possibles s’est soudain élargi devant nous, pour le pire ou pour le meilleur.

 

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https://www.aljazeera.com/opinions/2023/12/13/its-not-shocking-to-see-israeli-children-celebrate-the-gaza-genocide (13 décembre 2023)

L'universitaire israélien Adir Cohen, par exemple, a analysé pour son livre intitulé "An Ugly Face in the Mirror - National Stereotypes in Hebrew Children's Literature" quelque 1700 livres pour enfants en hébreu publiés en Israël entre 1967 et 1985, et a découvert que 520 d'entre eux contenaient des descriptions humiliantes et négatives des Palestiniens.

Il a révélé que 66 % de ces 520 livres décrivent les Arabes comme violents, 52 % comme méchants, 37 % comme menteurs, 31 % comme cupides, 28 % comme ayant deux visages et 27 % comme traîtres.

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Il y a 14 heures, loki a dit :

A propos de celui-ci :

https://www.mediapart.fr/journal/international/091223/vincent-lemire-les-moments-historiques-tragiques-creent-des-espaces-de-politisation-inedits

VincentVincent Lemire est professeur d’histoire à l’université Gustave-Eiffel Paris-Est, ancien élève de l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud (1994), agrégé d’histoire (1998), docteur en histoire (2006), ancien directeur du Centre de recherche français à Jérusalem (CNRS-MAE) entre 2019 et 2023 et directeur du projet européen www.openjerusalem.org.

Il a notamment publié La Soif de Jérusalem. Essai d’hydrohistoire (1840-1948) (Éditions de la Sorbonne, 2010) ; Jérusalem 1900. La Ville sainte à l’âge des possibles (Armand Colin 2012, réed. Points Seuil 2016) ; Au pied du Mur. Vie et mort du quartier maghrébin de Jérusalem (1187-1967) (Seuil, 2022) et une Histoire de Jérusalem en bande dessinée aux éditions Les Arènes (2022), en cours de traduction dans une dizaine de langues, dont l’arabe et l’hébreu.

Pour Mediapart, il revient, deux mois après les attaques du 7 octobre, sur l’histoire dense et les projections possibles de la guerre en cours. 

Pourquoi Gaza est-elle le pivot de la résistance palestinienne et le cœur du conflit actuel ?

Aujourd’hui, 80 % de la population de Gaza est composée de réfugiés ou de descendants de réfugiés. Gaza, c’est un modèle réduit de la Palestine : les villes, les camps, les quartiers sont structurés en fonction des régions d’origine des réfugiés palestiniens.

À cela s’ajoute une très forte tradition d’autonomie et de résistance, qui a fait de Gaza un verrou stratégique dans toutes les conquêtes de l’histoire, qu’il s’agisse de l’armée romaine au premier siècle de notre ère, des Britanniques en 1917 (qui doivent s’y reprendre à trois fois pour conquérir la ville), de l’armée israélienne qui y mène une longue incursion en 1956-1957 avant d’évacuer la zone, ou de cette même armée israélienne qui met plus de quatre ans, entre 1967 et 1971, pour en reprendre le contrôle.

En fait, Israël n’a jamais su quoi faire de Gaza. Elle y a d’abord installé des colons, mais en relativement petits nombres, avant de s’en retirer unilatéralement en 2005. L’Égypte elle-même n’a fait qu’administrer la bande de Gaza après 1949, elle s’est toujours refusée à l’annexer, à la différence de ce qu’avait fait la Jordanie avec la Cisjordanie, au même moment. Aujourd’hui, la bande de Gaza est une agglomération d’immenses camps de réfugiés, ce qui en fait un imprenable îlot de résistance. D’un point de vue sociologique, la résistance palestinienne s’est toujours structurée dans les camps de réfugiés, comme on le voit aussi à Jénine en Cisjordanie. Les populations déracinées sont plus disponibles pour la lutte armée que les populations enracinées et encadrées par des logiques familiales ou claniques.

Mais, après les massacres du 7 octobre, après le déplacement forcé de plus de 1,5 million de Gazaouis du nord vers le sud, avec l’intensification actuelle de l’offensive dans le Sud, toute cette longue histoire de Gaza a basculé dans autre chose : le vrai enjeu, dans les jours qui viennent, c’est de savoir si la situation humanitaire va devenir à ce point catastrophique qu’elle obligerait l’Égypte à ouvrir ses frontières, comme Israël en fait probablement le pari, en rendant la situation tellement impossible et effroyable pour les Gazaouis que cela force la main de l’Égypte sous la pression internationale.

C’est le plan israélien d’une seconde « Nakba » [la « catastrophe », l’exode palestinien de 1948 – ndlr], explicitement exprimé ces jours-ci à l’extrême droite du spectre politique. Et de fait, d’un point de vue historique, l’usage du terme nakba n’est pas exagéré : en 1948, le premier exode a concerné 750 000 Palestiniens ; aujourd’hui, on parle de 2,3 millions de Palestiniens menacés d’expulsion à Gaza.

Ce plan de l’extrême droite israélienne a peu de chances de se réaliser, car l’Égypte est le seul pays de la région à n’avoir jamais accepté de camps de réfugiés palestiniens sur son sol, contrairement à la Syrie, la Jordanie ou le Liban. Elle n’y est pas plus disposée aujourd’hui, d’abord sur le plan sécuritaire parce qu’elle ne veut pas abriter les futurs camps d’entraînement du Hamas, affilié aux Frères musulmans qui sont les ennemis du régime égyptien actuel ; et puis, sur le plan politique et historique, parce qu’elle sait qu’aucun réfugié palestinien, après avoir été soi-disant provisoirement établi dans un camp, n’est jamais rentré en Palestine.

Le Hamas a baptisé son attaque du 7 octobre « Déluge d’Al-Aqsa », ce qui nous ramène à Jérusalem, que vous qualifiez d’« œil du cyclone » du conflit actuel. Pour s’extraire de cette actualité dramatique, à quelles conditions pourrait-on imaginer que « Jérusalem 2100 » ressemble à votre livre « Jérusalem 1900 », dans lequel vous exhumiez les éléments d’une possible « histoire partagée » ?

Jérusalem n’a jamais été le véritable verrou du processus de paix. C’est un sujet moins difficile que celui des réfugiés côté palestinien, ou des colonies côté israélien. En réalité, c’est le vocabulaire anglo-saxon des négociations d’Oslo qui en a fait une impasse, en préférant la notion de « partition » à celle de « partage », c’est-à-dire en privilégiant une logique de séparation sur une logique de coordination.

Pourtant, à l’échelle de Jérusalem, cette logique de séparation est impossible à réaliser parce qu’elle est concrètement impraticable. Pour y parvenir, il faudrait tracer de nouvelles lignes de démarcation dans des espaces où tout s’entrecroise : entre les quartiers, les rues, les bâtiments, les étages des bâtiments, la souveraineté sur le sous-sol, sur la surface et dans les airs, etc.

À l’échelle urbaine, cette logique est effrayante, avec des barbelés horizontaux entre les étages des bâtiments comme on le voit à Hébron, avec des miradors, des check-points, des armements un peu partout : toutes choses dont on a vu les limites sécuritaires le 7 octobre.  

En se focalisant sur cette volonté de faire coïncider la carte d’identité et le territoire, on est certain de ne jamais y arriver… ce qui était d’ailleurs peut-être le but recherché ! Mais si on remplace la logique de partition par une logique de partage, alors Jérusalem devient au contraire la matrice d’un horizon atteignable, à savoir la capitale de deux États, ce qui est la position de la diplomatie européenne.

Concrètement, pour Jérusalem, cela supposerait une extension du périmètre de compétence de la municipalité, pour que cette institution représente véritablement les intérêts de tous ses habitants, y compris les 40 % de Palestiniens, et une extension du périmètre territorial de la ville vers l’est, en y intégrant notamment Abou Dis où se trouve l’ex-futur Parlement palestinien bâti par l’Autorité palestinienne et qui existe toujours.

Il faut souligner que toutes les grandes institutions nationales israéliennes – la Knesset, la plupart des ministères, la Banque centrale – se trouvent très à l’ouest des murailles de la vieille ville, puisque c’était le seul territoire disponible lorsque les autorités israéliennes ont fait de Jérusalem leur capitale, en 1950. De ce fait, les institutions nationales palestiniennes auraient toute latitude pour se déployer à l’est de la ville, comme en miroir. On a bien des exemples de capitales qui sont à la tête d’entités différentes, par exemple avec Bruxelles (Europe, Belgique, provinces…). Jérusalem pourrait remplir ce rôle, et faire coexister des citadins ayant des cartes d’identité différentes.

Quand le projet d’une coexistence judéo-arabe en Palestine a-t-il déraillé – ou inversement, quand celle-ci aurait-elle pu se matérialiser ?

Le premier rendez-vous manqué avec l’histoire, c’est 1947. L’été de cette année-là, les Britanniques annoncent qu’ils quitteront la Palestine en mai 1948 et remettent donc aux Nations unies le mandat qu’ils avaient reçu de la Société des Nations trente ans plus tôt et qu’ils n’arrivent pas à honorer. Après la Première Guerre mondiale et la chute des empires, austro-hongrois et ottoman, on avait prétendu appliquer les 14 points du président Wilson, et notamment le droit à l’autodétermination des peuples, mais en considérant que certains de ces peuples n’étaient pas assez « mûrs » pour cela et en les confiant alors à une tutelle coloniale.

La Grande-Bretagne, pour administrer la Palestine, n’avait même pas créé une entité ad hoc, elle avait confié cette tâche au Colonial Office qui y appliquait les mêmes méthodes brutales que dans ses autres colonies, tout en prétendant travailler à l’éclosion du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Tout cela dans un cadre intellectuel étroit issu de l’histoire de l’Europe occidentale qui considère alors que chaque « nation » doit obtenir son État. Cette démarche contradictoire aboutit au constat d’échec dressé en 1947.

La question de la Palestine constitue alors le premier grand dossier de l’ONU, au moment où il faut décider que faire de ce mandat confié à la Grande-Bretagne sur le territoire en 1917 : un mandat qui a été lui-même structurant dans la fondation de la Société des Nations (SDN). Au-delà du fait que la Palestine soit le berceau des trois grands monothéismes (plus de 50 % de l’humanité aujourd’hui), cela explique que ce qui s’y passe concerne à ce point ce qu’on appelle la « communauté internationale », car tout y est corrélé à la notion même de « droit international ».

En 1947, un comité spécial des Nations unies sur la Palestine propose deux options : un État fédéral binational assurant l’égalité des droits entre Arabes et juifs et l’unité économique du territoire, ou bien une partition en deux États. Les organisations sionistes font en sorte que cette option de l’État fédéral ne soit pas mise au vote, à une époque où les juifs représentent environ 15 % de la population de la Palestine historique et possèdent seulement 10 % du sol. Ce qui est mis au vote, c’est un projet de partition territoriale offrant 55 % des terres au futur État juif de Palestine et 45 % à l’État arabe de Palestine. Chacun sait pertinemment quelles seront les réactions des parties en présence.

En effet, quelle entité politique accepterait de passer de 92 % de la terre à 45 %, en signant un plan de partage ? La première guerre israélo-arabe se produit donc en toute logique et impose une ligne de cessez-le-feu qui octroie à Israël 78 % de la Palestine mandataire pour 22 % aux Palestiniens, à savoir la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est.

L’autre rendez-vous raté, c’est le processus Oslo, dans les années 1990. En préalable, on exige un aggiornamento majeur de la part des Palestiniens, qui acceptent de ne plus revendiquer toute la Palestine historique mais seulement 22 % de celle-ci, en reconnaissant l’existence d’Israël dans les frontières issus du cessez-le-feu de 1948.

Alors que la charte de l’OLP de 1964 prévoyait un État palestinien indépendant de la mer au Jourdain, l’OLP opère donc au début des années 1990 un tournant historique fondamental. Il faut noter que cette évolution arrive juste après la première Intifada, ce qui rappelle que les périodes d’insurrection ne sont pas incompatibles avec les périodes de négociation, au contraire. En tout cas, la déception des Palestiniens est à la mesure de la concession historique qu’ils ont opérée : les Israéliens, avec le soutien tacite des États-Unis, sabordent l’esprit des accords d’Oslo en cherchant à s’approprier toujours plus de territoires en Cisjordanie.

C’est sans doute l’erreur historique des Israéliens au moment d’Oslo : plutôt que de s’assurer du contrôle définitif de 78 % de la Palestine mandataire, ce qui leur aurait garanti une paix globale avec l’ensemble des pays de la région, ils ont voulu pousser leur avantage grâce aux colonies, au risque de fragiliser ce qui constituait le cœur du projet sioniste, un refuge sûr aux frontières stables et reconnues.

On fait aujourd’hui porter beaucoup la responsabilité de la situation actuelle sur les ministres suprémacistes et messianistes Itamar Ben Gvir ou Bezalel Smotrich. Même des inconditionnels d’Israël comme Alain Finkielkraut voient dans leur présence au gouvernement une « honte ». Leur départ, s’il est sans doute une condition préalable à toute évolution positive, suffirait-il à dessiner une solution ?

De même que le Hamas du côté palestinien, Ben Gvir et Smotrich doivent être perçus comme les symptômes d’une situation politique dysfonctionnelle qui laisse la place aux plus extrémistes. Pour autant, n’y voir que des symptômes parmi d’autres, ou des anomalies dont il serait possible de se débarrasser facilement, fait obstacle à la réalité.  

Il faut faire une distinction entre racisme et suprémacisme. Une société peut vivre avec une certaine dose de racisme. On ne s’aime pas, on ne se respecte pas, on ne se parle pas, mais la puissance publique prévient la majorité des passages à l’acte et régule les relations.

L’horizon suprématiste est totalement différent, surtout s’il est au pouvoir. On passe du « je ne t’aime pas » au « je te supprime », « je t’expulse » ou « je t’extermine ». Aucune société humaine ne peut vivre avec, en particulier à la tête de l’État, des gens qui considèrent qu’ils peuvent supprimer tous ceux qui ne vont pas dans leur sens, qu’il s’agisse de Yitzhak Rabin en 1995 ou des Palestiniens aujourd’hui.

À cela s’ajoute la dimension messianique. On parle aujourd’hui beaucoup de « course à l’abîme », mais pour ces acteurs, la fin des temps n’est pas un problème, au contraire, c’est la solution. Pour les évangéliques chrétiens, il faut que tous les juifs retournent en terre d’Israël pour que l’apocalypse et le jugement dernier adviennent. Pour les messianistes juifs, il faut hâter la fin des temps pour permettre l’arrivée du Messie. Notons que les combattants du Hamas se situent eux aussi dans cette même dimension eschatologique. C’est très compliqué pour nous de penser une rationalité si différente de la nôtre, d’imaginer cette attente de la fin des temps, ce désir d’apocalypse. Mais il le faut, car ces pensées délirantes fabriquent du réel bien concret, des projets, des mobilisations, des guerres, des massacres.

La présence au pouvoir en Israël de suprémacistes et de messianistes change donc profondément les coordonnées politiques, mais on ne la comprend pas sans l’inscrire dans un temps plus long et sans impliquer d’autres acteurs dans l’équation, notamment la droite israélienne « classique ».

L’évolution socio-démographique israélienne qui a engendré la situation actuelle est profonde et en partie souterraine. Quand Yigal Amir assassine le premier ministre Yitzhak Rabin en 1995, on a tendance à en faire un monstre isolé, sans se rendre compte qu’il a derrière lui une masse démographique et une armée idéologique structurée. En réalité, ceux qui ont armé Yigal Amir étaient déjà nombreux et ils sont aujourd’hui au cœur du gouvernement.

Une autre erreur d’analyse assez répandue est de considérer cette histoire comme un processus linéaire, une histoire de kibboutz laïc et de sionisme progressiste qui aurait déraillé au profit d’une droite religieuse ethno-nationaliste qui a au même moment le vent en poupe ailleurs dans le monde.

Il y a pourtant, dès les origines du mouvement sioniste, les ferments de ce à quoi on assiste aujourd’hui. Vladimir Jabotinsky (1880-1940), qui est une référence explicite de Nétanyahou et possède une avenue à son nom à Tel-Aviv et à Jérusalem, juge d’emblée que les kibboutz, l’agriculture, la renaissance de l’hébreu, le sionisme culturel, c’est bien gentil, mais que ce sera insuffisant pour donner naissance à l’État d’Israël. Jabotinsky martèle qu’il existe en Palestine une population autochtone qui n’acceptera jamais de se voir déposséder de sa terre, et qu’il faudra donc l’expulser, par la force. Pour ce faire, il organise dès les années 1920 des milices paramilitaires qui sont les ancêtres directs des groupes de colons aujourd’hui surarmés par Itamar Ben Gvir.

Quant au rabbin Abraham Kook (1865-1935), sa doctrine et son parcours rappellent que la jonction historique à laquelle on assiste aujourd’hui entre le sionisme ethno-nationaliste et une partie du monde ultra-orthodoxe a des racines profondes, bien avant la proclamation de l’État d’Israël. Aujourd’hui, leurs adversaires accusent à bon droit Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich de mettre en péril les juifs d’Israël et donc de dévoyer le projet sioniste originel, mais ces derniers peuvent se targuer de puiser eux aussi dans des matrices idéologiques anciennes.

Avec une telle histoire et dans un tel moment, les discussions sur une solution à un ou deux États peuvent-elles être autre chose que cosmétiques ?

D’abord, on doit se méfier d’une tendance à présenter le problème israélo-palestinien comme « insoluble », parce que cela permet de se déresponsabiliser. C’est immoral, mais c’est aussi très dangereux. Dans cette perspective, la solution à deux États serait impossible parce qu’il y a maintenant 750 000 colons, dont une partie surarmée, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et qu’on se souvient qu’il a fallu 24 000 soldats pour évacuer les 8 000 colons de Gaza en 2005.

La solution à un État serait impossible, au motif que Palestiniens et Israéliens sont arrivés à un niveau inédit de rage et de désir de vengeance, encore plus depuis les massacres du 7 octobre d’un côté et l’écrasement de Gaza de l’autre.

Cet horizon occulté, en forme de double aporie, constitue bien un piège moral et politique. En réalité, l’État unique existe déjà de facto puisque, de la mer Méditerranée au Jourdain, il n’existe qu’une seule armée (l’armée israélienne), une seule monnaie (le shekel israélien) et une seule frontière internationale, contrôlée par Israël.

Cet État binational de facto est bien sûr investi différemment par l’extrême droite israélienne et par la jeunesse palestinienne. Les premiers se projettent dans un État d’apartheid, alors que les seconds imaginent pouvoir se battre pour l’égalité des droits.

Ces deux camps travaillent donc dans des directions opposées mais on ne peut pas dire aujourd’hui que personne ne pense et ne travaille l’avenir. Pour l’extrême droite israélienne par exemple, le terme de nakba, qui a longtemps été un tabou, est désormais un slogan.

Un tout autre projet existe au sein de la gauche radicale israélienne, mobilisant y compris des Palestiniens d’Israël, celui dit « Two States, One Homeland », qui envisage deux États, de part et d’autre de la ligne de cessez-le-feu de 1949-1967, mais qui autoriserait d’un côté les colons israéliens à demeurer sur le territoire de l’État palestinien, et de l’autre les réfugiés palestiniens à revenir s’établir en Israël.

Dans ces conditions, les 7 millions d’Arabes palestiniens et les 7 millions de juifs israéliens qui vivent aujourd’hui entre la mer Méditerranée et le Jourdain seraient tous représentés, protégés et contrôlés par une entité étatique stable, représentative, efficiente et reconnue, sans forcément habiter sur son sol. On comprend pourquoi, pour les militants du mouvement « Two States, One Homeland », l’Europe représente un modèle extraordinaire dont il faut s’inspirer.

Pour finir, la mainmise des colons suprématistes sur le gouvernement israélien est-elle un horizon indépassable ? Un ancien ambassadeur d’Israël en France comme l’historien Elie Barnavi va jusqu’à évoquer une guerre civile…

Il y a aujourd’hui un choix historique de leadership qui se pose pour les Palestiniens comme pour les Israéliens. Mais les premiers ne peuvent qu’espérer la libération du « Mandela palestinien » par les autorités israéliennes, Marwan Barghouti, alors que les seconds peuvent voter.

Rappelons d’abord que les moments historiques les plus tragiques créent des espaces de politisation inédits. Aujourd’hui, il y a sans doute trop d’émotion et de rage de part et d’autre pour que nos capteurs habituels fonctionnent correctement : nos grilles de lecture héritées des séquences précédentes se sont effondrées comme un château de cartes. En Palestine, on ne voit pas comment l’ascension du Hamas pourrait être freinée, et en même temps tout indique que si Marwan Barghouti était libéré demain, il remporterait les élections haut la main, à la fois contre les affidés de Mahmoud Abbas et contre le Hamas. Car les Palestiniens sont aujourd’hui face à un risque véritablement existentiel.

De même en Israël, on ne voit pas qui pourrait freiner l’ascension de l’extrême droite, car la gauche a trop longtemps voulu croire que l’assassin d’Yitzhak Rabin était un marginal isolé. Mais c’est le cœur du projet sioniste qui est aujourd’hui atteint, alors qu’il se trouvait au centre des manifestations de ces derniers mois, qui jugeaient que ce gouvernement était incapable d’assurer la sécurité d’Israël. Là encore, c’est bien un risque existentiel qui était et qui est dans tous les esprits.

Partant de ce constat, Elie Barnavi, historien des guerres de religion en Europe, évoque la possibilité – ou la nécessité – d’une « guerre civile », au cours de laquelle « le sang coulera », pour réussir à désarmer les colons les plus radicaux de Cisjordanie. On n’en est pas là, bien sûr, ce n’est même pas le chemin qui se dessine, mais cette prise de parole surprenante, de la part d’un diplomate israélien modéré, révèle cependant un point fondamental : la guerre actuelle, qui fait peser un risque existentiel pour les deux peuples – risque existentiel à court terme pour les Palestiniens, risque existentiel à moyen et long terme pour les Israéliens –, fait bouger les lignes, à un rythme jamais vu au cours de ces dernières décennies. Ce constat ne doit nous rendre ni optimistes ni pessimistes ; il doit seulement nous faire admettre que le champ des possibles s’est soudain élargi devant nous, pour le pire ou pour le meilleur.

 

 

Une vraie bouffé de bon sens !

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https://www.bbc.com/news/world-middle-east-67600015 (15 décembre 2023)

"En vertu du droit international, la détention administrative devrait être une exception rare", a déclaré Jessica Montell, directrice exécutive de HaMoked, une organisation israélienne de défense des droits de l'homme qui surveille la détention des Palestiniens.

"Elle est censée être utilisée lorsqu'il y a un danger présent et qu'il n'y a pas d'autre moyen de prévenir ce danger que de détenir quelqu'un. Mais il est clair qu'Israël ne l'utilise pas de cette manière. Il détient des centaines, des milliers de personnes, sans inculpation, et utilise la détention administrative pour se mettre à l'abri de tout contrôle.

Les groupes de défense des droits de l'homme affirment que l'utilisation extensive de cette mesure par Israël constitue un abus d'une loi de sécurité qui n'a pas été conçue pour être utilisée à une telle échelle, et que les détenus ne peuvent pas se défendre efficacement, ni faire appel, parce qu'ils n'ont pas accès aux preuves retenues contre eux.

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