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Wallaby

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Tout ce qui a été posté par Wallaby

  1. https://laviedesidees.fr/Parole-et-sens-du-juste-en-Chine.html (12 juin 2020) Isabelle Thireau : Mais la question de la parole a été abordée de manière plus frontale dans une étude qui porte sur l’espace de parole adossé à l’administration dite des Lettres et visites, une administration mise en place de façon progressive à partir de 1951 et qui a officiellement pour visée d’instaurer un espace d’adresse directe entre, d’un côté, la population et, de l’autre, et les représentants locaux et nationaux du Parti et de l’État. Il s’agit donc d’un espace de parole légitime puisqu’associé à une institution officielle, un espace cependant non juridique qui est massivement investi par la population chinoise au cours des années 2000 : plus de treize millions de plaintes écrites ou orales, individuelles ou collectives, ont été par exemple adressées à ce réseau administratif en 2003. Les plaignants décrivent ainsi dans leurs lettres ce qui ne devrait pas être en se saisissant des principes reconnus comme valides par les deux termes de la relation. Dès lors, rien de surprenant à ce qu’ils fassent usage non seulement de règles morales jugées valides mais aussi de la parole du pouvoir telle qu’elle s’exprime à travers des engagements publics, des textes de lois, des directives nationales. Il serait cependant erroné de voir dans le recours étendu à des principes officiels l’expression d’une disposition à agir de façon conforme aux règles établies. En effet, les repères qui peuvent être sollicités par les plaignants pour décrire le sens d’une action ou d’une situation sont pluriels, la parole du pouvoir s’étant manifestée de façon successive dans des formes et des expressions très variées depuis 1949. Le spectre des règles morales et éthiques susceptible d’être convoqué est lui aussi très étendu. Loin de s’imposer de façon mécanique, les références communes jugées à la fois pertinentes et valides sont donc sélectionnées et associées par les auteurs de témoignages de manières très variées pour donner sens aux situations qu’ils rencontrent. Par exemple, en 1933, le sociologue Tao Menghe expose ainsi les principes du mouvement pour l’enquête sociale, qui prônent qu’il faut vivre dans les campagnes avec le peuple, adopter des méthodes scientifiques et s’efforcer de comprendre le sentiment national chinois : En Chine, cela fait seulement dix ans que l’on a recours à des méthodes scientifiques et que l’on étudie les conditions sociales. Autrefois, les fonctionnaires lettrés administraient le pays en suivant les préceptes confucéens, sans le moindre égard pour la réalité sociale ; était jugé compétent celui qui parvenait le mieux à imiter les anciens. Quand l’artillerie occidentale les sortit de cette illusion, ils se prosternèrent en témoignant de leur admiration à l’égard de cette civilisation étrangère. S’ensuivit une importation massive et systématique des idéologies et des systèmes occidentaux, sans que personne ne se soucie de savoir comment s’en accommoderait la Chine. À l’époque, on s’imaginait qu’en étudiant ces systèmes et en les reproduisant à l’identique, la société en bénéficierait. Malheureusement, plus ils se sont répandus, plus la société chinoise a sombré dans le chaos et les ténèbres. Quelques individus perspicaces ont alors constaté l’erreur qu’il y avait à imiter autrui sans se connaître soi-même et se sont élevés pour promouvoir le mouvement pour l’enquête sociale. Ils prônaient l’utilisation d’une méthode scientifique adaptée à l’étude de la société chinoise. Il nous faut d’abord connaître notre propre société pour pouvoir, forts de ce savoir-là, préconiser un plan de réforme sociale. Le fait que nos interlocuteurs puissent désigner le pouvoir politique chinois comme, selon les circonstances, communiste, socialiste aux caractéristiques chinoises, capitaliste, libéral, autoritaire, totalitaire, orwellien, nationaliste, fasciste ou impérial souligne la pluralité des points de vue mais aussi la très grande indétermination qui marque les fondations attribuées au système politique actuel. Or de telles fondations, si elles sont toujours à redéfinir, contraignent et orientent les débats concernant le « bon gouvernement », les « bonnes institutions » ou les modalités du « pouvoir vivre ensemble ». Elles constituent autant de gisements pour débattre du sens du juste et de la réalité sociale. Les confusions actuelles sur les fondations du pouvoir politique en Chine, les contradictions qui existent entre ce qu’il en est dit officiellement et les mesures politiques effectivement adoptées, contribuent au caractère largement illisible de l’expérience en cours pour ceux qui l’habitent. Mais l’enquête que les citoyens chinois mènent aujourd’hui ensemble – sur les places publiques, au sein d’assemblées religieuses, dans des rassemblements institutionnalisés par la seule force de leur répétition – est également suscitée par l’étendue et la complexité des situations quotidiennes expérimentées comme floues, incertaines, opaques. Il y a ce dont on se méfie et il y a les réalités – y compris le sens des mots ou celui des engagements publics – dont on doute. Il y a ce que l’on juge d’emblée mauvais même si cela demande confirmation et il y a ce qui demeure simplement flou, opaque, incertain et qui suscite un autre type d’inquiétude : on ne sait pas « de quoi il retourne », pour reprendre l’expression de plusieurs enquêtés. On pourrait rajouter à la liste : "kafkaïen".
  2. https://www.zeit.de/politik/ausland/2020-08/belarus-swetlana-tichanowskaja-kandidatur-ende (22 août 2020) Svetlana Tikhanovskaya ne veut plus se présenter à la présidence L'opposition en Biélorussie est en train de perdre son icône : après des menaces massives, la femme de 37 ans ne veut pas se représenter contre le dirigeant de longue date, Loukachenko. La leader de l'opposition biélorusse Svetlana Tikhanovskaya ne veut pas se représenter comme candidate à la présidence lors d'une nouvelle élection. "Je n'ai pas l'intention de participer à la course moi-même", a déclaré M. Tikhanovskaya à l'agence Tass. Son mari ne serait pas non plus intéressé. L'ancienne professeur d'anglais s'était présentée à la place de son mari après l'arrestation en mai du blogueur qui critiquait le gouvernement. Tikhanovskaya est actuellement en exil en Lituanie car elle craint pour sa sécurité et celle de sa famille. Vendredi, elle a déclaré que, sous certaines conditions, elle voulait retourner dans son pays d'origine. Lundi, elle s'était encore déclarée prête à prendre le pouvoir. Les Biélorusses n'accepteraient "jamais" Loukachenko comme président, a déclaré Tikhanovskaya vendredi lors de sa première conférence de presse depuis son vol vers la Lituanie. Les Biélorusses voudraient un changement politique. "J'espère que le bon sens prévaudra et que l'appel du peuple sera entendu afin qu'il y ait de nouvelles élections", a déclaré M. Tikhanovskaya. Le peuple biélorusse "ne pardonnera jamais et n'oubliera jamais" la violence qu'il a subie. Tous les Biélorusses vivraient dans la peur. "Mais nous devons surmonter toutes nos craintes et prendre de nouvelles mesures", a exigé la politicienne de l'opposition. Elle a appelé à une nouvelle élection présidentielle. Par l'intermédiaire de son avocat, elle a officiellement demandé vendredi à la Cour suprême biélorusse de déclarer l'élection invalide. La justice biélorusse a ouvert jeudi des enquêtes criminelles sur le Conseil de coordination mis en place par l'opposition pour apporter un changement pacifique dans la direction politique du pays. Selon les autorités, le conseil viole la constitution. Vendredi, l'avocat Maxim Snak, qui est membre du Conseil, a été interrogé par les autorités de Minsk. Snak, pour sa part, a déposé une requête auprès de la Cour suprême pour annuler l'élection présidentielle, selon la porte-parole de Tikhanovskaya, Anna Krasoulina. L'UE a vivement critiqué l'action en justice des autorités du Belarus. Un porte-parole du représentant des affaires étrangères de l'UE, Josep Borrell, a déclaré que les enquêtes contre le conseil de coordination doivent être arrêtées. Elle a accusé le gouvernement de Minsk d'"intimider" ses détracteurs. https://www.france24.com/fr/20200822-l-opposante-tikhanovskaïa-ne-se-présentera-pas-en-cas-de-nouveau-scrutin-en-biélorussie (22 août 2020) Biélorussie : l'opposante Svetlana Tikhanovskaïa ne se présentera pas en cas de nouveau scrutin "Je n'ai pas prévu de me présenter moi-même", a-t-elle dit dans un entretien à Belsat TV à la question de savoir si son mari ou elle envisageaient de se porter candidats si une nouvelle élection présidentielle était organisée, comme l'opposition l'a souhaité. Sortie de l'ombre après l'arrestation en mai de son mari Sergueï Tikhanovski, un blogueur très connu qui s'était porté candidat, Svetlana Tikhanovskaïa a constitué la plus grande menace pour le président Alexandre Loukachenko depuis que celui-ci a accédé au pouvoir en 1994. Elle se trouve désormais à Vilnius depuis que son adversaire a revendiqué une large victoire après le scrutin du 9 août. Svetlana Tikhanovskaïa, âgée de 37 ans, a dit en avoir "plus qu'assez" de la politique, en réponse à une question en ce sens. L'ancienne professeure d'anglais n'était pas censée devenir la cheffe de file de l'opposition biélorusse, mais l'arrestation de son mari et l'exclusion d'autres candidats ont fait d'elle la principale rivale d'Alexandre Loukachenko. L'opposante a appelé vendredi à des nouvelles manifestations en Biélorussie dans le but de contraindre les autorités à organiser un nouveau scrutin. Elle a aussi exhorté ses partisans à intensifier les grèves dans les usines. "Je vous demande de continuer et d'étendre les grèves", a-t-elle dit dans son allocution. "Ne vous laissez pas berner par les intimidations." https://www.challenges.fr/top-news/bielorussie-tsikhanouskaia-rencontre-lundi-le-vice-secretaire-d-etat-us_724009 (22 août 2020) La cheffe de l'opposition biélorusse en exil, Sviatlana Tsikhanouskaïa, va rencontrer lundi le vice-secrétaire d'Etat américain Stephen Biegun en Lituanie.
  3. 13 mai 2019. Djihadisme, l'Afrique en zone rouge. Entretien avec Antoine Glaser.
  4. Jean-Louis Sagot-Duvauroux - 21 août 2020
  5. https://www.tagesschau.de/ausland/nawalny-275.html (21 août 2020) Ce matin même, les médecins russes avaient refusé de transférer Nawalny à l'étranger - ils ont maintenant accepté un transport : l'état du critique du Kremlin serait "stable". Ainsi, il pourrait bientôt être transporté par avion à Berlin. Les médecins russes ont déclaré qu'ils n'avaient pas trouvé de poison dans son corps. Selon leurs propres déclarations, ils ont diagnostiqué un trouble métabolique. Le médecin personnel de Nawalny, Anastasia Vasilyeva, a déclaré que l'hypoglycémie et un trouble métabolique ne sont pas un diagnostic mais une description de la maladie.
  6. https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-comment-les-experts-vus-a-la-tele-prennent-de-vitesse-la-communication-officielle-6944167 (21 août 2020) Catherine Hill n’y va pas de main morte : « la stratégie des autorités est minable ». Pour cette épidémiologiste, « on s’égare sur les masques alors que la priorité est de tester plus massivement la population, notamment les asymptomatiques, afin d’isoler toutes les personnes contagieuses ». Un constat partagé par Anne-Claude Crémieux qui reproche aux actions de dépistage du gouvernement d’être « peu réactives, pas assez systématiques et irrégulières ». Cette ex-conseillère au ministère de la Santé est également remontée contre le discours parfois culpabilisant des autorités, qui peut laisser penser que la population, peu respectueuse des gestes barrières, serait responsable de l’explosion actuelle de cas. Un « discours totalement déplacé » pour Anne-Claude Crémieux, qui vise bien souvent les jeunes. Ou encore, sur le port du masque en extérieur, qui ne fait d’ailleurs pas consensus parmi la communauté scientifique, Martin Blachier n’a pas hésité à contredire Jean Castex qui s’est exprimé à ce sujet au CHU de Montpellier le 11 août dernier. « Ça n’allait pas du tout, il fallait que je prenne la parole pour dire que le masque en extérieur ne sert à rien », explique le médecin parisien qui s’est empressé de corriger le Premier ministre sur Europe 1 , le jour même de sa visite officielle. https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-les-experts-vus-a-la-tele-ont-ils-le-droit-de-ne-pas-etre-d-accord-entre-eux-6944219 (21 août 2020) Même son de cloche chez Catherine Hill, épidémiologiste et biostatisticienne, qui n’est pas médecin. « J’étudie les courbes, j’interprète les données scientifiques et techniques pour comprendre comment fonctionne ce virus », explique-t-elle. « Mais j’ai l’impression d’être sur Mars quand je déclare, dans les médias, qu’on s’égare en parlant des masques… ». Pour elle, la priorité est ailleurs, et ce sont des calculs qui le lui disent : « il faut tester massivement la population ! », martèle-t-elle. Pour cette épidémiologiste à la retraite, qui épluche les études sur le Covid-19 recensées par l’université Johns Hopkins, les masques servent à se protéger, certes, mais la véritable façon de stopper l’épidémie est de tracer et isoler toutes les personnes infectées, notamment les nombreux asymptomatiques que l’on peine à identifier, faute de ne dépister que trop peu de monde.
  7. https://www.cnbc.com/2020/08/20/cdc-chief-dr-redfield-says-coronavirus-deaths-could-start-to-fall-next-week.html M. Redfield a ajouté que les États-Unis commencent "à inverser la tendance de ce que j'appelle l'épidémie du Sud dans la nation". Il a déclaré que l'Arizona, le Texas et d'autres États qui ont été particulièrement touchés par le virus au cours de l'été ont mis en œuvre des directives de santé publique appropriées, en encourageant le recouvrement des visages et en fermant les bars et restaurants intérieurs.
  8. https://www.theguardian.com/world/2020/aug/20/china-three-gorges-dam-highest-level-hydro-electric-floods À Chongqing, les routes, les ponts, les parcs et une route principale du district commercial ont été inondés, affectant 260 000 personnes et endommageant au moins 20 000 commerces, selon les responsables. Les images montrent que les inondations ont submergé des panneaux de trois mètres de haut et des bâtiments de plusieurs étages. Les pompiers utilisaient des bateaux pour transporter les habitants piégés. A Leshan, l’eau a atteint pour la première fois depuis 1949 les orteils de la statue du Grand Bouddha, patrimoine mondial de l'UNESCO http://french.china.org.cn/china/txt/2020-08/19/content_76615723.htm
  9. Et pour les gens que ça intéresse : flash back sur la querelle des plans-reliefs, qui montre la sensibilité - la sacralité, presque - de ce patrimoine :
  10. Cela me fait penser à la théorie politique d'Ibn Khaldoun : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibn_Khaldoun Selon lui, les Bédouins, en tant qu'habitants des régions rurales, possèdent une forte asabiyya et une foi plus solide tandis que les habitants des villes deviennent toujours plus décadents et corrompus au fil des générations et voient ainsi l'intensité de leur asabiyya diminuer. Au bout de plusieurs générations, la dynastie implantée en milieu urbain voit donc son pouvoir (fondé sur la cohésion) s'amoindrir, devenant ainsi la proie d'une tribu agressive issue de la campagne, possédant une asabiyya plus forte, qui établit à son tour, après la conquête des villes et leur destruction partielle, une nouvelle dynastie. La asabiyya offre une puissance et une supériorité qui entre en contradiction avec l'objectif des nomades, qui tendent de plus en plus au confort et au luxe. Il leur faut pour cela se sédentariser dans des villes et modifier de ce fait leur rapport à la nature. Ibn Khaldoun rappelle à cet égard que « la civilisation bédouine est inférieure à la civilisation sédentaire, parce que les nomades n'ont pas toutes les nécessités de la civilisation. Ils ont bien un peu d'agriculture, mais sans l'outillage technique. Ils n'ont ni menuisiers, ni tailleurs, ni forgerons, ni les autres artisans qui pourraient leur fournir tout ce qui est nécessaire pour vivre de l'agriculture ». L'idéal serait de pouvoir conjuguer la asabiyya avec les possibilités qu'offre l'évolution des techniques. Seulement, il estime que ceux-ci entretiennent une relation contradictoire car si le mode de vie sédentaire conduit au développement des techniques et à la satisfaction de nouveaux besoins, il est aussi à l'origine de la perte de l'esprit de clan et incite à la paresse et aux plaisirs du luxe qui rendent docile. Ibn Khaldoun ajoute que l'urbanisation fait augmenter la mixité sociale autant que les injustices, ce qui favorise la perte de la asabiyya qui se de fait trouve diluée. Selon la formule d'Ibn Khaldoun, les citadins sont « détribalisés » car « quand un peuple se sédentarise dans les plaines fertiles et amasse les richesses, il s'habitue à l'abondance et au luxe, et son courage décroît de même que sa « sauvagerie » et ses usages bédouins ».
  11. https://www.spiegel.de/politik/ausland/belarus-behoerden-gehen-strafrechtlich-gegen-opposition-vor-a-d94af63c-0537-42bf-b910-ab4dd9e67abe (20 août 2020) Le procureur général [biélorusse] Alexander Konjuk a fait état dans un enregistrement vidéo d'enquêtes criminelles contre les tentatives présumées de l'opposition de prendre le pouvoir dans le pays. Selon M. Konjuk, la création d'un conseil de coordination vise à "prendre le pouvoir et à saper la sécurité nationale du Belarus". C'est une violation de la constitution, a-t-il déclaré. Le Kremlin, à son tour, a mis en garde les pays étrangers contre toute ingérence. "Si des pays étrangers, dont la Russie, entrent en dialogue avec l'opposition, c'est déjà une ingérence dans les affaires intérieures", a déclaré le porte-parole Dmitri Peskov à l'agence Interfax. Moscou s'abstiendrait de le faire. "Tout d'abord, il doit y avoir un dialogue en Biélorussie", a déclaré M. Peskov. Poutine avait déjà téléphoné deux fois à Loukachenko et l'avait notamment félicité pour sa victoire électorale. Entre-temps, les dirigeants autoritaires du Belarus ont reconnu la nécessité de réformes. Personne ne nie que des changements sont nécessaires, a déclaré le ministre des affaires étrangères Vladimir Makej aux diplomates.
  12. https://www.jeuneafrique.com/1031641/politique/tribune-coup-detat-au-mali-la-transition-militaire-ne-doit-etre-quune-parenthese/ (20 août 2020) 10 août 2020, le beau-père du Premier ministre malien Boubou Cissé est décédé à Bamako. L’inhumation est prévue dans le cimetière familial, à Bandiagara, le lendemain. Arrivée de la capitale, la délégation du Premier ministre se voit interdire l’accès à la cérémonie pendant plusieurs heures par la milice d’auto-défense des chasseurs dogons « Dan Na Ambassagou », officiellement dissoute depuis le massacre de 160 civils peuls en mars 2019. L’enterrement ne pourra finalement avoir lieu qu’au terme d’interminables négociations. Un même effondrement des valeurs de l’État avait conduit Soumaïla Cissé à refuser une escorte militaire afin de ne pas être associé aux symboles du pouvoir malien. Une erreur qui a coûté sa liberté au chef de file de l’opposition, aux mains de ses ravisseurs depuis le 25 mars dernier. Le coup d’État du 18 août, consacre aussi l’échec de la démocratie malienne, où le multipartisme intégral a conduit à une surenchère : on comptait pas moins 176 partis politiques en 2015. Et dans cette « démocratie » où les élections sont gagnées par ceux qui peuvent acheter le plus de voix, les batailles d’idées ont laissé place à des querelles de personnes. La classe politique, incapable de se renouveler et dont la seule constante depuis 1991 est d’avoir pris part à tous les gouvernements d’union nationale, s’est ainsi rendue comptable de tous les aspects de la crise actuelle. Et si l’Imam Dicko semble avoir compris les risques de l’exercice du pouvoir, il est moins sûr que son exemple ne fasse des émules parmi les leaders religieux. Il apparaît déjà clairement que le soutien de l’imam Dicko sera un atout certain pour tout candidat à la prochaine élection présidentielle.
  13. https://mondafrique.com/mali-une-faillite-a-limage-du-reste-de-lafrique-francophone/ (20 août 2020) Le G5 Centrafrique ( ONU, Ua, Ue, Ceeac, EU, Ru, Fr) commence à s’inquiéter de l’évolution de la crise centrafricaine, à quatre mois des élections du 27 décembre 2020. Plusieurs groupes armés signataires de l’Accord de Khartoum se sont durablement installés dans de vastes territoires désormais, sous » leur entière administration ». Le pouvoir de Bangui fait encore illusion dans la capitale et quelques villes de l’arrière-pays. L’intégrité du territoire national est devenue fictive. Le président Touadera a failli à ses responsabilités les plus élémentaires. Concernant les élections, il n’a ni respecté les prescriptions constitutionnelles concernant la création d’une Autorité nationale des élections ( ANE) dès 2017, ni assurer la promulgation, dans le délais de 15 jours, de la loi organique de cette nouvelle ANE, votée par les députés. Le jour de son investiture, il avait pourtant prêté serment pour déclarer » je jure de respecter scrupuleusement la constitution ….de ne pas utiliser mon pouvoir à des fins personnelles ». Les tripatouillages et malversations ne se comptent plus dans la préparation des élections. D’un processus électoral calamiteux aboutissant à des élections caricaturales, il y a de fortes probabilités que la République centrafricaine devienne un Etat de nature ou comme l’avait intitulé Georges Conchon, » L’Etat sauvage », dans son ouvrage, prix Goncourt 1964.
  14. La Californie est dans un état de triple stress : coronavirus, incendies, pénurie d'électricité. https://www.sfchronicle.com/california-wildfires/article/Bay-Area-awakens-to-smoky-skies-as-wildfires-rage-15495018.php (19 août 2020) Mercredi, la fumée des feux de forêt a jeté un ciel rouge brumeux au-dessus de la Bay Area, créant une atmosphère très malsaine et ajoutant à l'anxiété de la région face à la pandémie. Des cendres sont tombées sur de nombreux comtés. Les enfants exclus des écoles sont restés enfermés à l'intérieur. Les familles ont évacué leurs maisons. Les tests atmosphériques ont révélé que la qualité de l'air en Californie du Nord était la pire au monde. https://www.sfchronicle.com/business/article/Californians-urged-to-conserve-power-and-prevent-15495739.php (19 août 2020) L'opérateur du système a imposé des coupures d'électricité vendredi et samedi lorsque l'approvisionnement en énergie a été insuffisant, principalement en raison de l'utilisation accrue des climatiseurs à cause de la vague de chaleur. D'autres pannes ont été possibles toute la semaine, en raison de la persistance d'une forte demande d'électricité. Le temps devrait s'améliorer jeudi. Le gouverneur Gavin Newsom a déclaré aux journalistes mercredi qu'une enquête approfondie sur la crise permettra de s'assurer qu'une pénurie d'énergie similaire "ne se reproduira plus jamais".
  15. Les manuels d'histoire https://laviedesidees.fr/La-guerre-des-manuels-en-Russie.html (13 juillet 2020) En réalité, ce que les nouveaux manuels montrent, c’est l’état actuel de la politique historique russe. À l’intérieur d’un cadre dicté par le pouvoir, une certaine marge de manœuvre reste autorisée. Les trois séries présentent en effet des nuances dans leur description des événements historiques. Cela concerne tant le monde paysan au XVIIe siècle (dépeint comme harmonieux et solidaire dans une série de manuels, alors qu’une autre série pointe la dureté de la vie quotidienne des paysans et semble justifier les révoltes populaires) que le pacte germano-soviétique de 1939, plus ou moins fortement défendu selon les séries de manuels. Or cette nécessité de construire un récit collectif sans évoquer les « interprétations incompatibles » a un coût : celui, notamment, de passer sous silence le caractère impérialiste des conquêtes russes et les résistances des différentes populations intégrées à la Russie tout au long de l’histoire. En juin 2013, lors d’un entretien à la radio Écho de Moscou, l’historien et auteur de manuels Alexandre Danilov expliquait que, 22 ans après la disparition de l’URSS, le « pluralisme » qui régnait dans l’historiographie commençait à « créer des problèmes dans les régions ». En effet, les manuels d’histoire régionaux allaient à l’encontre des « avis et des conclusions qui émanaient du centre » et laissaient émerger un « patriotisme local ». La « conservation de l’unité de notre pays » doit être placée au centre des manuels d’histoire, affirmait-il. Cette tâche peut être réalisée, ajoutait-il, en introduisant par exemple dans le récit scolaire un « héros national », qui serait mentionné en lien avec des événements « panrusses ». Lorsqu’un de ses interlocuteurs lui demanda que faire si les régions proposaient d’introduire des personnages ayant lutté contre leur intégration à la Russie, il répondit qu’ils ne seraient probablement pas introduits dans les manuels fédéraux, puisque, répéta-t-il, il s’agit avant tout de montrer « ce qui nous unit ». On perçoit aisément dans la Conception, et donc dans les nouveaux manuels, une volonté de gommer les aspects sombres de l’histoire russe. Mais il s’agit également de réconcilier les points de vue antagonistes. C’est pourquoi les affirmations les plus outrancières présentes dans les manuels de tendance monarchiste, en particulier les diatribes à l’égard de l’Occident, ont disparu. Quant à ceux et celles qui s’opposent à la vision « patriotique » de l’histoire, ils peuvent se dire que le pire a été évité. En effet, dans les nouveaux manuels, Staline n’est pas réhabilité, ni les répressions staliniennes justifiées par des considérations supérieures. Telle est vraisemblablement la raison pour laquelle la publication des nouveaux manuels a suscité peu de polémiques dans les médias russes, mettant ainsi peut-être un terme, en Russie, à la longue « guerre des manuels ». Considérées pour l’instant comme les seules conformes à la Conception, ces trois séries de manuels sont régulièrement rééditées depuis 2016. Le marché des manuels d’histoire s’est donc certes considérablement rétréci en Russie, mais l’idée d’un retour au manuel unique, auquel une partie des historiens et des enseignants se sont toujours opposés, semble être abandonnée.
  16. Je n'ai pas l'impression que le Brexit ait vraiment démarré.
  17. https://www.zeit.de/gesellschaft/2020-08/fridays-for-future-luisa-neubauer-greta-thunberg-angela-merkel (20 août 2020) Même l'invitation au bureau de la chancelière ne doit pas apporter plus que de belles photos. Ce n'est que récemment qu'une lettre ouverte à l'UE s'est largement effacée dans le néant, signée par des centaines de célébrités, dont le prix Nobel de la paix Malala Yousafzai et l'acteur Leonardo DiCaprio. L'inaction active du gouvernement en matière de protection du climat est encore plus évidente si l'on considère la force avec laquelle les politiciens ont déclaré la guerre au coronavirus et à ses conséquences. Les protecteurs du climat n'auraient jamais osé rêver de cette force alors qu'il s'agissait encore de respecter l'accord de Paris sur le climat. Mais à l'époque, il n'y avait pas de sommet sur le climat, mais un sommet sur l'automobile. En Allemagne, le sauvetage de l'économie n'était même pas lié aux conditions de protection du climat, comme c'est le cas en France, par exemple. La nature ne guérit pas. Même les militants eux-mêmes semblent avoir un certain - disons : dynamisme ? - semblent avoir peu d'espoir. D'autant plus que le Corona limite fortement l'impact des Friday for Future. Ils ne peuvent plus faire la grève en public, ils perdraient à la fois l'influence et la forme de protestation. Chants, signes, foule de gens - c'est plus impressionnant que les selfies et les zooms. En outre, une étude de la Fondation Heinrich Böll affirmait déjà au printemps 2019 : "Lors de la mobilisation pour protester, les contacts personnels directs avec des amis et des connaissances étaient encore plus importants que les médias sociaux numériques. La contestation n'est pas passée au numérique. Depuis le Corona, elle se réduit globalement. Mais ce n'est qu'une partie de la vérité. Car le fait que "Fridays for Future" ait perdu de sa pression n'est pas dû uniquement au Corona. Les problèmes sont plus profonds et ils sont antérieurs à l'épidémie. Les Vendredis pour l'avenir avaient tout ce qu'il fallait pour un mouvement de protestation large et efficace : une énorme attention du public pour le sujet, avec Greta Thunberg comme icône, en plus d'un objectif étroit et clair, des structures organisationnelles efficaces et un travail impressionnant de mobilisation et de médiatisation. Pendant longtemps, le mouvement a également été d'une simplicité impressionnante. Le premier destinataire a toujours été la politique, et non le comportement individuel des consommateurs. Flugskam et Veggieday ne sont pas ses inventions. Mais après l'échec du gouvernement allemand avec son paquet climat en septembre dernier, malgré des manifestations et des grèves massives, la frustration des militants s'est accrue. Il fallait quelque chose de grand, quelque chose d'inédit. Ils ont commencé à douter de leurs structures décentralisées de centaines de groupes locaux et des chats WhatsApp. Ils ont eu l'idée d'organiser un festival de la démocratie dans le stade olympique de Berlin. Leur première grosse erreur. L'idée : des dizaines de milliers de personnes, qui au préalable auraient dû payer 30 euros pour cela, devraient adopter les pétitions par smartphone, les unes après les autres. Les initiateurs ont voulu "prendre en main les problèmes de notre temps avec les participants de l'événement et apporter des solutions au monde". Une idée captivante, mais qui a aussi rendu les sympathisants méfiants. L'idée de jeunes gens essayant de forcer un monde meilleur dans une atmosphère de frénésie et de fête, bien que par des moyens démocratiques, était sinistre. Surtout dans un lieu chargé d'histoire comme le stade olympique de Berlin. Cette tentative de piratage du système devait échouer bien avant que le Corona ne rende l'événement impossible. Plusieurs ruptures de communication ont suivi, les groupes locaux ont pris leurs distances et les critiques ont été dévastatrices. Après de longs votes avec des militants du monde entier, une nouvelle grève mondiale pour le climat doit avoir lieu le 25 septembre. "Compte tenu de l'ignorance persistante de la politique climatique, nous voulons et devons manifestement descendre à nouveau dans la rue", déclare Mme Neubauer. Mais en ce moment même, alors que les choses devraient redémarrer, l'intérêt pour la protection du climat diminue. Même le groupe cible principal du mouvement pour le climat est entièrement occupé par la pandémie. Une étude numérique représentative commandée par la Postbank, pour laquelle 1 000 jeunes âgés de 16 à 18 ans ont été interrogés en avril et mai de cette année, a révélé que seuls six pour cent d'entre eux ont jusqu'à présent participé à l'une des grèves en ligne de Fridays for Future. Un tiers d'entre eux étaient encore dans la rue. 37 % d'entre eux déclarent aujourd'hui ne pas s'intéresser au sujet. C'est six points de pourcentage de plus qu'avant la pandémie. La psychologie appelle cela l'épuisement de l'ego. Les personnes qui arrêtent de fumer ne doivent pas essayer de perdre du poids en même temps. L'homme ne peut faire face qu'à une seule crise à la fois.
  18. Ta réaction illustre à merveille ce que dit le professeur Raoult : « j'ai peur que ça devienne encore quelque chose de clivant, de conflictuel ». Tu fabriques une construction de l'ennemi intérieur, plus ou moins fantasmé, le manifestant anti-masques (pour d'autres c'est le "pro-Raoult"), qu'il faut éliminer. Il n'y a pas de dissensus permis. Il y a juste des ennemis du peuple qu'il faut traiter comme des criminels. En cela tu n'es guère différent d'un garde rouge de la Révolution Culturelle. Pour qu'il y ait démocratie il faut un espace de légitimité pour le dissensus et pour l'opposition. Un monde où l'opposition et le dissensus sont traités comme des crimes n'est pas une démocratie.
  19. Les membres de l'UE se sont fait violence. Ils se sont abstenus d'appeler la Biélorussie à devenir leur 29e État membre, et à adhérer à l'OTAN. Mais ça les démangeait : https://www.tagesschau.de/kommentar/eu-gipfel-belarus-kommentar-101.html (19 août 2020) Pas de geste militaire menaçant, pas de dérapage verbal : lors du sommet extraordinaire en Biélorussie, les États de l'UE ont décidé conjointement de ne pas se soumettre à un test de force politique. Même la Hongrie n'a pas abandonné. C'est remarquable. Un commentaire de Helga Schmidt, ARD Studio Bruxelles L'UE n'est pas tombée dans le piège tendu par le président russe Vladimir Poutine. Toute apparence d'ingérence directe en Biélorussie a été évitée. Les diplomates ont travaillé sur la déclaration du sommet jusqu'à la fin, en ont affiné la formulation et ont supprimé tout ce qui aurait pu donner au Kremlin l'occasion d'utiliser l'armée pour résoudre la crise dans la république voisine. L'Europe a décidé de ne pas se lancer dans une lutte de pouvoir en matière de politique étrangère, et ce n'est pas un signe de faiblesse. Toute nouvelle avancée, toute démonstration de force verbale n'aurait fait qu'aider le dictateur défaillant Alexandre Loukachenko et fournir des arguments pour sa version : selon celle-ci, l'Occident planifie son renversement, et les insurgés en Biélorussie sont contrôlés à distance depuis les capitales européennes. L'unité démontrée Les Européens ont résisté à la tentation de faire preuve de force contre ceux qui sont au pouvoir à Moscou et à Minsk. Au lieu de cela, ils ont envoyé un message clair à la population biélorusse. Le message est le suivant : les dirigeants européens sont unis aux côtés des manifestants pacifiques, ils condamnent la violence brutale des forces de sécurité. Et ils exigent des élections véritablement libres et équitables pour les citoyens de l'ancienne République soviétique. Ils devraient avoir le droit de déterminer leur propre avenir politique maintenant, après 26 ans de dictature. Au début, ce ne sont que des mots, c'est sûr. Mais quiconque dit que c'est un imbécile doit dire quelle pourrait être l'alternative. Des gestes menaçants de la part des troupes de l'OTAN en Europe de l'Est ? Avec la possibilité d'une intervention militaire ? Aucun pays membre ne soutiendrait cela. La force de l'UE ne repose pas sur les armées, mais sur les règles de droit, y compris dans les relations internationales. Les mots clairs ne manqueront pas d'avoir un effet. Car jusqu'à récemment, M. Loukachenko pouvait compter sur une personne de contact parmi les dirigeants de l'UE. Le Premier ministre hongrois Orban a parlé ouvertement et avec plaisir de ses bonnes relations avec le dictateur à Minsk. Le fait que les chefs d'État et de gouvernement aient néanmoins réussi à parler d'une seule voix et à manifester ensemble leur solidarité avec les insurgés, est un progrès qu'il ne faut pas sous-estimer. Même dans les conflits internationaux mineurs, il n'a souvent pas été possible de concilier les intérêts nationaux des 27. Les dirigeants de l'UE ont fait un pas en avant aujourd'hui.
  20. https://www.franceculture.fr/emissions/revue-de-presse-internationale/la-revue-de-presse-internationale-emission-du-mercredi-19-aout-2020 Mais, dans la presse, on peut lire que d'autres s'inquiètent de ce qui se passe. C'est le cas d'Amadingué Sagara dans son éditorial du journal Le Pays. "C’est tout de même un paradoxe, écrit-il, de voir une grande partie de la population soutenir ou encore pousser les militaires à prendre le pouvoir tandis que le Mali peine toujours à sortir du coup d’Etat de 2012. Il ne fait aucun doute, écrit-il, que le peuple malien n’est pas prêt pour la démocratie. Aucune situation ne peut justifier un coup d’Etat".
  21. https://www.wsj.com/articles/chinas-national-security-law-reaches-into-harvard-princeton-classrooms-11597829402 (19 août 2020) À l'université de Princeton, les étudiants d'un cours de politique chinoise utiliseront des codes au lieu de noms sur leur travail pour protéger leur identité. Au Amherst College, un professeur envisage de mettre en place des chats anonymes en ligne pour que les étudiants puissent s'exprimer librement. Et la Harvard Business School peut dispenser les étudiants de discuter de sujets politiquement sensibles s'ils s'inquiètent des risques. La question est devenue particulièrement pressante car, dans de nombreuses universités, au moins le premier semestre sera enseigné en ligne, ce qui signifie que certains étudiants de Chine et de Hong Kong se connecteront avec leurs camarades de classe américains par des liens vidéo. Certains universitaires craignent que les cours soient enregistrés et finissent par se retrouver entre les mains des autorités chinoises.
  22. https://lavoiedelepee.blogspot.com/2020/07/gardiens-ou-guerriers-la-securite-au.html (13 juillet 2020) Reprenons un exemple américain et policier cette fois, celui de Camden, ville très moyenne de 27 km2 et 74 000 habitants du New Jersey. Pourquoi Camden ? D’abord parce que cette ville a reçu à plusieurs reprises depuis le début du XXIe siècle le titre peu enviable de « ville la plus dangereuse des États-Unis ». Sur le fond classique parfaitement décrit dans la série The Wire de trafic de drogue et de cloisonnement social, avec une population pauvre trois fois plus importante que la moyenne nationale et très majoritairement noire dans cette région, Camden connaissait un nombre de crimes violents par rapport à sa population particulièrement élevé. Ensuite parce que ce n’est plus du tout le cas. On reste dans une ville américaine et il y a encore une vingtaine d’homicides chaque année, mais on est très loin de 2012 où il y avait eu 69 meurtres, presque un pour mille habitants. D’une manière générale au-delà des homicides, la criminalité violente a diminué de plus de la moitié en l’espace de six ans. C’est un résultat surprenant et comme tous les résultats surprenants il mérite d’être examiné. Tout a commencé, comme souvent, par une situation de paralysie organisationnelle. Avant 2013, le département de police de Camden (CDP) cumulait un grand nombre de plaintes de la part des habitants et avait une très mauvaise réputation. Selon le directeur exécutif du comté, qui englobait Camden, « les policiers étaient connus pour leur absentéisme, leur corruption, leur paresse. Ils restaient à leur bureau. Il régnait dans le service un état d’esprit du type “eux contre nous” et les habitants avaient peur des policiers (ref) ». Rien n’allait, mais rien ne changeait non plus en grande partie parce que le syndicat dominant si opposait. Cela aurait pu continuer ainsi longtemps, mais à partir de 2011 l’État du New Jersey décida d’effectuer des coupes sévères dans ses services publics. Le comté de Camden n’eut plus les moyens de financer une police aussi peu efficiente et il trouva alors la force de tout remettre à plat, de dissoudre le CDP et de licencier tous ses membres, pour de le reconstituer en 2013 un sous la direction d’un nouveau chef Scott Thomson et avec l’aide d’un nouveau syndicat. La transformation ne s’est pas effectuée d’un seul coup. La nouvelle police a évidemment fait l’objet de critiques de la part de l’opposition politique et syndicale, l’accusant évidemment de mollesse coûteuse, mais les autorités ont tenu bon et il y avait cette fois une volonté d’adaptation. Le premier effort a concerné la présence réelle de la police sur le terrain. Les effectifs ont augmenté de 50 %, mais il a surtout été demandé beaucoup plus d’heures de présence dans les rues. Les patrouilles plus nombreuses ont été complétées par un réseau dense de surveillance par caméras, mais aussi l’aide d’une centaine d’« ambassadeurs » civils, des points de contact avec la population, gérés par une société privée. La politique était alors celle du « carreau cassé » ou de « tolérance zéro », c’est-à-dire la traque de la moindre infraction en espérant ainsi limiter le nombre des grandes. Les résultats n’ont pas été forcément au rendez-vous, du moins n’étaient-ils pas très différents du reste de l’État. Après la mise en place du quadrillage, le vrai changement de méthode est intervenu en 2015. Les « metrics » et le jugement sur le nombre de contraventions, désastreuses pour les petits salaires dans la population, ont été abandonnés pour s’orienter plutôt vers la vie de la cité et l’impression des habitants honnêtes. Tous les policiers du CDP ont été formés à la désescalade, à l’emploi minimal de la force, et tout simplement moins d’agressivité. Les relations avec la population, notamment la communauté noire, se sont beaucoup améliorées. Les habitants se sont habitués à voir des policiers dans l’espace public : les patrouilles déployées à pied, à vélo, en voiture, les policiers jouant au football avec les jeunes des quartiers ou toquant aux portes pour se présenter et les assurer de leurs services. La population s’est montrée beaucoup plus coopérative et a aidé la police à résoudre un certain nombre de problèmes, notamment avec l’aide des services sociaux et religieux envers les adolescents à risque, source d’un tiers des actes de violence. Après plusieurs années de cette nouvelle approche, les résultats ont enfin été au rendez-vous. Le nombre de meurtres et de crimes violents a chuté, un phénomène général dans le New Jersey mais amplifié à Camden. La ville reste dangereuse, minée par le trafic de drogue et 37 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, mais elle connaît un niveau de sécurité inédit depuis le début du siècle et qui ne se dément pas. Les plaintes contre la police, très nombreuses en 2012, ont quasiment disparu. Peut-être est-on là au maximum de ce que peut offrir la police, compte tenu de tous les facteurs économiques et sociaux qu’elle ne maitrise pas.
  23. https://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20200302/etr.html#toc6 (3 mars 2020) Colonel Michel Goya : J'étais, à l'époque, assez circonspect, en raison de la règle non écrite des interventions, la « règle des trois ans » : s'il ne semble pas envisageable d'obtenir un résultat stratégique significatif en trois ans, mieux vaut éviter une action visible et s'organiser pour mener une guerre de longue durée, de basse intensité, à bas coûts et à basse visibilité. Tel n'est pas le choix qui a été fait, puisque l'on a décidé de maintenir Serval, dans un format un peu réduit, et de l'intégrer avec les autres opérations en cours dans la région, dans le cadre d'une grande opération unique, Barkhane. Celle-ci mobilise entre 3 000 et 5 000 soldats, six ou sept avions de chasse, une vingtaine d'hélicoptères, sur un espace immense. La principale différence est que Barkhane constitue une opération cumulative, non séquentielle : pas de grandes batailles ni de progression claire sur une carte, mais une multitude de petites actions, destinées à produire un effet par cumul. Barkhane travaille en collaboration avec les autres forces locales. Même si Barkhane représente la force la plus importante de la région, incontestablement, ses moyens ne lui permettent pas pour autant de faire beaucoup plus que des raids et des frappes ; ses effectifs sont tellement réduits que, même associés à des bataillons de forces locales, ils ne peuvent se déployer que quelques semaines dans une région. Nous ne sommes donc pas capables d'assurer une présence permanente dans une région, afin d'attendre la mise en place d'une administration locale efficace. Barkhane est donc surtout dissuasive, empêchant l'ennemi de reconstituer des bases importantes ou de mener des opérations militaires de grande ampleur, sous peine d'être immédiatement décelé et détruit. Elle maintient une pression forte, mais c'est insuffisant pour gagner la guerre et le potentiel de l'ennemi n'est pas véritablement entamé : en moyenne, on élimine un combattant et demi tous les deux jours, pour un coût de 600 millions annuels, soit deux millions d'euros pour éliminer un combattant... En réalité, on s'attaque aux symptômes, mais pas aux causes profondes, ni à la capacité de régénération de l'ennemi, car son centre de gravité ne se trouve pas dans ses camps du désert, mais bien à Bamako. Les organisations que nous affrontons ne sont fortes que parce que les États locaux, certains d'entre eux en tout cas, sont faibles. Tant qu'il en sera ainsi les ennemis continueront à gagner en puissance. Sur la durée, Barkhane coûte cher, financièrement, mais aussi humainement. Les pertes de soldats au combat vont s'accroître, inévitablement. Elles peuvent être acceptées par la société, pourvu qu'elles ne paraissent pas inutiles. Or, dans un contexte aussi flou, cela apparaît difficile. Barkhane a déjà coûté 2,5 milliards d'euros, qui auraient pu être employés différemment, alors que nos ennemis ne sont que des forces armées de quelques centaines de combattants, non des superpuissances militaires. Cette intervention devient la plus longue que nous ayons menée depuis longtemps. Plus elle dure, plus nous nous exposons à l'apparition d'un « cygne noir », un événement ou un accident susceptible de modifier la donne : une erreur de frappe militaire, qui tue de nombreux civils, ou la perte de plusieurs soldats. La disparition brutale de treize soldats dans un accident d'hélicoptère a fait la une des médias, mais a aussi eu un effet stratégique négatif. De plus, à terme, comme cette opération ne produit pas d'effets visibles, elle risque de voir son soutien local diminuer. Il n'est jamais agréable d'avoir une force étrangère sur son propre territoire et les populations sont tentées de surestimer le visible par rapport à l'invisible : après tout, si les Français ne l'emportent pas, en dépit de forces apparemment aussi puissantes que Barkhane, c'est qu'ils le veulent bien ! Cet échec peut ainsi être instrumentalisé par ceux qui veulent masquer leurs propres insuffisances. Barkhane, mécaniquement, est destinée à s'user. Si on poursuit dans cette voie, le risque d'accident augmente. Quitter la zone revient à abandonner toute notre stratégie qui vise à contenir les groupes djihadistes, à stabiliser la région du golfe de Guinée, à endiguer les trafics et les migrations, et à protéger indirectement notre territoire national. Il faut donc reconfigurer notre action dans la région pour la rendre plus efficace et surtout plus tenable sur la très longue durée. Cela signifie qu'il faut être le moins visible possible dans la zone critique, tout en conservant une capacité de frappe et de réaction en périphérie, et en activant tous les instruments de puissance à notre disposition, au-delà du militaire. Nous manquons à cet égard d'une vision commune des instruments de puissance : le militaire, l'aide au développement, la diplomatie - il est quand même surprenant de voir que l'on continue à critiquer les forces françaises sans que l'on n'arrive à riposter en termes de communication. Peut-être faut-il regrouper nos moyens sous une autorité unique, en nous inspirant de la Minusma, dont le chef a le rang de ministre. Son rôle militaire est très faible, mais son action globale est beaucoup plus large. Nous devons maintenir une présence discrète, en lien avec les forces locales. Les opérations étrangères qui ont réussi sont passées par l'intégration sous commandement national de forces différentes, voire de mercenaires locaux ou des forces privées, qui ont le mérite d'être moins visibles. Les Américains ont ainsi recruté 100 000 mercenaires locaux en Irak. La conception stratégique est celle du bouclier éloigné, visant à contenir les adversaires dans la région pour éviter des attaques trop violentes, sur place, ou là où nous détenons des intérêts, comme en Côte d'Ivoire ou dans la région du golfe de Guinée, ou encore sur le territoire métropolitain. Cette vision est peut-être exagérée ou fausse et peut-être que, si nous disposons d'un bon système de protection en France et de bons services de renseignement, nous ne risquons pas grand-chose. C'était aussi le discours que nous tenions pour justifier notre intervention en Afghanistan. Les attaques d'origine afghane se sont-elles multipliées sur le territoire français depuis notre départ d'Afghanistan ? Non, mais nul ne sait toutefois véritablement quel est le degré de menace dans cette région. Il importe de se placer dans la longue durée, car les problèmes sont complexes et ne se résoudront pas du jour au lendemain. Il convient donc d'être patient, même si cela n'est pas toujours compatible avec les mandats ou les agendas politiques. La coopération civilo-militaire entre l'AFD et l'armée constitue un peu une arlésienne. La question de la cohérence de nos actions est un problème ancien, qui se posait déjà en Afghanistan. Le sujet est compliqué pour de nombreuses raisons. Vous me demandiez si l'action militaire n'aboutissait pas à entretenir le conflit : peut-être, mais on pourrait dire la même chose, parfois, de l'aide au développement. Les groupes armés qui contrôlent une région sont bien contents de voir arriver des organisations non gouvernementales (ONG) qui s'occupent de la population et les déchargent de cette action, sans parler des ressources qui sont détournées au profit de ces groupes. En Afghanistan, j'avais calculé que l'aide qui parvenait réellement aux villages afghans n'était que de 10 % de l'aide versée... Une partie finissait dans les poches des talibans et contribuait à financer leur mouvement ! C'est pourquoi il faut mener ces actions dans le cadre d'une stratégie globale de réimplantation de l'autorité locale dans la longue durée.
  24. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/08/19/au-mali-les-militaires-desormais-au-pouvoir-promettent-des-elections-generales_6049314_3212.html « La [mission de l’ONU] Minusma, la force [antidjihadiste française] “Barkhane”, le G5 Sahel [qui regroupe cinq pays de la région], la force Takuba [un groupement de forces spéciales européennes censées accompagner les Maliens au combat] demeurent nos partenaires », a également affirmé [le porte-parole des militaires, le colonel-major Ismaël Wagué, chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air]. « Tous les accords passés » seront respectés, a-t-il déclaré, en affirmant que les militaires étaient « attachés au processus d’Alger », l’accord de paix signé en 2015 entre Bamako et les groupes armés du nord du pays.
  25. Oui mais attention, ils recopient aussi des articles du Monde ou de RFI. Ils publient tout ce qui leur passe sous la main, sans faire beaucoup de tri. Enfin c'est l'impression que j'en avais en 2012-2013. Je n'ai pas beaucoup relu malijet depuis cette époque.
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