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Bat

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Tout ce qui a été posté par Bat

  1. Bat

    La Composante Air belge

    Comme citoyen belge, je pense que nouer des partenariats stratégiques entre membres de l'UE est une bonne chose par laquelle on pourra sans doute mieux accoucher d'une défense européenne qu'attendre un hypothétique abandon de cette compétence par les états au profit d'un gouvernement européen. C'est le réalisme (et je le dis bien que je sois personnellement favorable à une Europe fédérale forte, sur le modèle des "Etats-Unis d'Europe"). Donc je ne pense pas que proposer des partenariats stratégiques soit, en tant que tel, une erreur, bien au contraire. L'erreur, s'il y en a une, est que les partenaires ne vont pas spontanément mettre la même chose sous cette étiquette, comme en témoignent par exemple de nombreux échanges sur ce fil, et on peut craindre qu'il y ait un défait de clarification sur ce plan. Si j'espère sincèrement que les contacts entre les gouvernements belge et français ont pu définir les choses plus précisément, je n'y crois qu'à moitié: on est malheureusement dans une logique de présupposés et implicites qui font qu'on ne parle jamais vraiment de la même chose, même en utilisant les mêmes mots. Sinon, pour ceux qui veulents e faire une idée du fonctionnement politique belge, regardez la série danoise Borgen (en particulier la saison 1). La série décrit des logiques assez proches de ce qu'on a chez nous, sauf que le premier ministre a moins de poids et que tout est dédoublé (flamands/wallons), accroissant le côté "discussions et compromis" sur tout et n'importe quoi.
  2. Bat

    La Composante Air belge

    C'est compliqué à dire. Je pense qu'il y a de ça: le voisin du sud semble toujours celui qui est moqué, décrié, vu comme plus ceci ou moins cela. Mais je pense qu'il n'y a pas que cela: bien que la Belgique actuelle ait été brièvement sous domination française (et en a hérité des choses très importantes, fondamentales, comme le code civil, le code pénal, la gendarmerie ou le découpage des provinces), il y a une vraie différence de culture politique (je ne parle pas ici de la culture "culturelle", si j'ose dire, qui est largement commune pour la France et les Belges francophone): l'état Belge, et donc ses citoyens, est entièrement construit depuis 150 ans dans son organisation, ses institutions, ses partis, ses mutuelles, ses universités, etc., pour fonctionner sur le partage et le compromis entre familles politiques et philosophiques (et maintenant s'est ajoutée la couche linguistique): c'est la fameuse "pilarisation" que j'avais déjà expliquée. De ce point de vue, l'intérêt pour le fonctionnement allemand, hollandais ou scandinave n'est pas explicable que parce qu'ils seraient "du nord" et non "du sud", mais bien parce qu'on partage en grande partie la même philosophie politique et institutionnelle, à savoir que chacun fait un peu ce qu'il veut dans son coin et les grandes orientations communes sont négociées à la proportionnelle entre les grandes familles politiques. Le système politique allemand ou danois, avec leurs défauts par ailleurs, sont bien plus "compatibles" avec la conception belge de la politique que le système majoritaire français caractérisé par une immense concentration de pouvoirs dans les mains de quelques-uns. La Belgique n'a pour ainsi dire jamais été un état fort (au sens de normateur, interventionniste), et n'aspire pas, ou très peu, à l'être. Ceci mis à part, l'image de la France en Belgique est, comme tout, à géométrie variable: c'est le grand frère qu'on aime et admire secrètement, et déteste quand il la ramène un peu trop. Comme ça fait 20 ans et que le Mondial va commencer, je me rappelle de juin-juillet 1998 où des centaines d'étudiants étaient assemblés dans ma ville pour regarder les matches et soutenir les Bleus. Rien n'est simple!
  3. Bat

    La Composante Air belge

    Deux choses, pour ne pas partir en HS total. 1/ Si je me rappelle avoir expliqué plusieurs fois le "point de vue belge", et notamment la sécurité apparente que semblent offrir les Etats-Unis car plus grands, plus puissants, je ne pense pas avoir parlé de crainte d'une invasion française dans la mesure où je n'y crois pas. Je pense qu'il n'y a presque personne en Belgique qui voit en la France un envahisseur potentiel, et c'est heureux. La fracture franco-belge me semble plus politico-culturelle que nationaliste: à tort ou à raison, la France a par contre tendance à incarner pour de nombreux courants de pensée belges (mais pas tous) la manière dont il ne faut surtout pas diriger un pays: centralisation, uniformalisme, concentration des pouvoirs entre les mains d'un seul, état omniprésent. Ce rejet est plus vrai en Flandre qu'en Wallonie, mais il existe aussi en Wallonie, attachée à sa liberté scolaire, aux coalitions, aux baronnies sous-régionales et compromis inter-cités. 2/ L'influence culturelle américaine est indéniable, mais il ne faut pas sous-estimer l'influence culturelle française: les Belges (francophones) regardent les chaînes françaises (qu'ils sont presque 100% à avoir), lit la presse française, en matière francophone lit essentiellement des romanciers français, etc. Qu'on le veuille ou non, et même si on peut le trouver injuste, la France est un peu "le grand voisin encombrant", un peu comme les Etats-Unis ou le Canada Anglophone pour le Québec. C'est en partie irrationnel, mais ça alimente aussi une certaine perplexité de beaucoup face à l'idée de ce qui est perçu comme une invitation à "monter dans le navire français" dont on va retenir les aspects agaçants (oubliant que presque la moitié des Belges, francophones ou flamands, y partent en vacances).
  4. Bat

    La Composante Air belge

    Là, je suis pour. Personnellement, je pense que c'est au niveau de l'UE que cela devrait se poser. Et je pense que c'est cela qu'un gouvernement belge, quelle que soit la coalition, serait le plus à même de défendre (et la Belgique défendra sans doute une décision politique européenne de l'emploi de ces moyens). Il faut être réaliste: un pays où le principal débat sur la défense, déjà largement inexistant dans l'espace politique, consiste à savoir si on va tirer les F-16 5 ou 10 ans de plus juste parce qu'on ne veut pas assumer d'acheter une trentaine d'avions parce que la moitié de la population les juge totalement inutiles ne va pas investir seul (ou avec un partenaire) dans une capacité dont l'intérêt est encore plus difficile à justifier. Alors que s'il y a un projet européen, la Belgique pourra dire comme à chaque fois: "nous soutenons l'initiative européenne et nous y participerons à notre niveau".
  5. Bat

    La Composante Air belge

    Je peux me tromper (et s'il nous lit, il corrigera les bêtises que je dis peut-être), mais il ne me semble jamais l'avoir lu expliquant qu'une capacité aéronavale était LE truc indispensable qui manquait à la Belgique. Il me semble qu'il y a des questions plus centrales —et plus sérieuses ai-je envie de dire—, sur lesquelles il s'est largement exprimé (tout comme moi ici, du reste). Pour qu'il n'y ait pas de malentendu, je ne suis pas opposé au choix du Rafale par la Belgique (bien au contraire, à titre personnel), et je ne mets pas en doute l'importance et le sérieux de l'offre française, point de vue français, mais du point de vue Belge, la plus-value potentielle autre que symbolique est très très limitée. On voit assez bien comment la mise en œuvre d'un tel accord est intéressant pour la France (qui peut en fait augmenter, en "l'externalisant" sa composante aéronavale), beaucoup moins l'intérêt pour la Belgique. J'ai utilisé le mot en guise de provocation, comme mentionné par mon hashtag, mais c'est quelque part un fait. J'ai du mal à comprendre pourquoi des forumeurs français qui ici ne cessent de parler "d'autonomie stratégique" qui serait nécessaire pour que la Belgique quitte sa "dépendance [réelle ou supposée] aux USA" ne comprennent pas que du point de vue belge, une capacité (ici: l'aéronavale) qui ne dépend que du bon-vouloir de la France revient quelque part au même.
  6. Bat

    La Composante Air belge

    Allez, comme l'ambiance est à la baston ce matin, mon grain de sel... #piècedanslamachine Pour savoir si l'offre "porte-avions" est pertinente, c'est simple. Prenons un cas de figure théorique: la Belgique veut foutre sur la gueule d'un pays quelconque qu'elle ne peut atteindre par le biais d'une base terrestre. Option 1: la France veut également foutre sur la gueule de ce pays, envoie son P-A, et quelques avions belges pourraient éventuellement être embarqués (au détriment d'avions français, BTW). Option 2: la France n'a rien à reprocher à ce pays. Elle prête le porte-avions à la Belgique le temps de l'opération? Elle le détourne d'une autre mission? Non, bien sûr. Moralité: à part peut-être pour frimer en disant qu'on a une flottille aéronavale (qui dans les faits sera simplement une flottille d'appoint de la Marine française —sortons les grands mots: la Belgique sera vasslisée par la France et non pas par les USA— #provoc), sans un commandement politique unifié, l'offre du P-A n'a strictement aucun intérêt pour la Belgique, "offre stratégique élargie" ou pas.
  7. Bat

    La Composante Air belge

    Personnellement, je trouve que ce n'est pas une "évolution". Cela a plus ou moins toujours été sa position: la procédure et rien que la procédure, mais on envisagera les autres possibilités si le gouvernement le lui demande. Il s'est prononcé contre la prise en compte de l'offre française, apparemment il a instruction de ne pa sla négliger, donc elle sera incluse au rapport qu'il doit présenter au kern: Source: https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_f-16-une-note-politique-pour-aider-le-gouvernement-a-choisir-une-offre?id=9938609
  8. Bat

    La Composante Air belge

    Source: https://www.vrt.be/vrtnws/nl/2018/06/09/vandeput-nieuwe-gevechtsvliegtuig-wordt-niet-per-se-het-toeste/ En très résumé, Steven Vandeput dit dans cette interview que le choix d'un avion de combat ne dépend pas que des qualités intrinsèques de l'avion, mais aussi du contexte géopolitique. Ce qui amène à la question du Rafale: "Le producteur Dassault n'a pas pris part à la procédure officielle et le ministre Vandeput est un défenseur absolu du fait de suivre jusqu'au bout la procédure. Mais est-il encore possible que la Belgique achète finalement des Rafale? «En politique, on ne doit jamais fermer toutes les portes» déclare-t-il."
  9. Je pense que l'idée d'effet de sidération au Japon est, au moins en partie, discutable et relève de la reconstruction postérieure, partiellement anachronique. Il ne faut pas oublier que lorsque l'arme atomique est employée contre Hiroshima puis Nagazaki, il n'y a quasiment plus une vile encore debout au Japon, écrasées par les trains de B-29, parfois avec plus de victimes que lors des raids atomiques (le terrible bombardement de Tokyo du 9 mars 1945 fait entre 80 et 100.000 victimes). Par ailleurs, j'avais lu (mais je ne sais plus où, peut-être un hors-série du Fana de l'aviation sur l'USAF et la bombe?) que l'état-major japonais n'est pas particulièrement affolé par le bombardement: il sait plus ou moins ce que c'est et n'y voit pas un péril spécialement plus grand que ce qu'il a déjà subi, par contre cela contribue à donner des arguments aux partisans d'une capitulation qui montaient en puissance depuis plusieurs semaines: c'est l'hypothèse de la bombe "prétexte").
  10. Suite: http://www.lalibre.be/actu/international/belgique-et-pays-bas-lancent-l-achat-de-seize-navires-pour-plus-de-4-milliards-d-euros-5b1a88c755326301e7774bdf
  11. Le caractère dissuasif de la bombe atomique tient pour beaucoup à ce qu'on a vu de ses effets à Hiroshima et Nagazaki. Donc une simple menace, le pur chantage au tournant 1944-45 n'aurait selon moi eu que très peu d'effets, surtout dans un contexte où tous les belligérants ont rasé ou rasent allègrement des villes: "en quoi serait-ce pire?" (Sans même parler des représailles inévitables, dans un contexte où la Luftwaffe a beaucoup de mal à s'opposer significativement au flot des bombardiers alliés qui dévastent l'Allemagne de jour comme de nuit.) Pour avoir un effet significatif, la bombe allemande aurait dû être employée avec des effets spectaculaires. Ce qui ouvre la question de la cible, suffisamment symbolique en plus d'être spectaculaire: Londres? une ville du sur ou de l'est de l'Angleterre? Paris (étant après la libération)? New-York? Et en fonction de la cible, la question du vecteur... et de sa capacité à transpercer les défenses alliées qui, si elles étaient loin d'être invulnérables, étaient quand même assez conséquentes.
  12. Je ne peux malheureusement voir la vidéo, celle-ci étant "bloqué dans votre pays par l'utilisateur qui l'a mise en ligne", aussi je ne peux que me baser sur des hypothèses: j'imagine qu'il s'agit d'un documentaire basé sur les ouvrages Propaganda d'Edward Bernays et La fabrication du consentement de Noam Chomsky et Edward Herman. Sur le premier, c'était un ouvrage remarquable pour l'époque, une des premières véritables théorisations des relations publiques, basé sur les conceptions scientifique sde l'époque (Le Bon et la psychologie des foules, par exemple). C'est un travail important mais qui appelle un travail de critique historique et de contextualisation, sinon c'est assez difficile de saisir et situer, aujourd'hui, le propos de l'auteur. Mais à l'inverse de l'autre, il reste assez peu déformé et mal compris. La Fabrication du consentement, c'est une autre paire de manches: l'ouvrage est très fréquemment présenté, en particulier dans la gauche radicale et critique des médias, comme ayant "démontré" les mécanismes d'influence et de propagande. Le problème, c'est que ce n'est pas si simple. Je fais partie des chercheurs assez critiques sur ce travail. Il a assurément des qualités (comme par exemple déplacer le focus de la recherche sur des aspects des médias de masse qui étaient relativement peu considérés, même si pas totalement ignorée par les travaux de l'époque). Mais il a aussi un contexte de production très spécifique (la critique du discours d'adhésion à la guerre du Vietnam dans le paysage médiatique américain des années 1970, qui n'a jamais rien eu à voir avec le nôtre), et par conséquent de gros défauts qu'on oublie généralement dès lors qu'on prétend élever cet ouvrage au rang de de démonstration scientifique absolue, au Monde diplomatique ou dans la sphère altermondialiste. Je n'ai pas vraiment le temps de développer maintenant (je fais passer un examen!), mais Philippe Corcuff avait fait un assez bon papier dont je partage une bonne partie des critiques: https://blogs.mediapart.fr/philippe-corcuff/blog/120609/chomsky-et-le-complot-mediatique-des-simplifications-actuelles-de-la-critique-sociale
  13. Bat

    La Composante Air belge

    #insertcoinintheinfernalmachine Allez, juste pour relancer un fil décidément morne ces derniers jours, une petite déclaration de Bart De Wever, oracle d'Anvers (il est bourgmestre d'Anvers et de temps à autre, lance des sentences vaguement philosophiques et rarement subtiles (mais toujours avec un sens certain de la formule: "qui parle dans mon dos parle à mon cul", l'argent des Flamands qui seraient pour les Wallons "une perfusion comme la drogue pour les junkies" et j'en passe) sur la politique gouvernementale, donnant le la de la N-VA qu'il préside) - il est fort à parier que demain, tous les N-VA seront dans les médias pour proclamer la victoire sur les infâmes socialistes et la nécessité d'avancer en achetant un avion issu de la procédure menée magistralement par le courageux et seul honnête Vandeput (ou quelque chose du genre): Source: http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/de-wever-quelqu-un-de-14-ans-aurait-remarque-un-probleme-aux-f-16-apres-deux-minutes-5b158fae553216089605354f
  14. Bat

    La Composante Air belge

    Dans un certain sens, c'est vrai: ça lui permettra de montrer qu'il a mené la procédure à son terme dans les temps malgré toutes les attaques perfides de l'opposition socialiste (ce n'est pas vraiment le grand amour entre eux...). Mais ça n'a rien de particulièrement précipité non plus: on parlait au début de la procédure de conclusions vers juin-juillet, on sera en plein dedans, et le gouvernement laisse entendre depuis quelques semaines que la décision pourrait être prise ou en bonne voie avant le sommet de l'OTAN à Bruxelles les 12 et 13 juillet. Donc le temps que le Kern prenne connaissance des conclusions du ministre, prenne le temps d'en débattre, prenne le temps de savoir quoi répondre sur la proposition française (et les implications éventuelles sur le choix du successeur du F-16), il est grand temps que les conclusions arrivent. On sent d'ailleurs dans cette mise en scène par la N-VA de l'arrivée prochaine du rapport du ministre une volonté de rappeler que le seul cadre légitime de décision à leurs yeux est la procédure et rien que la procédure, signe sans doute qu'ils pensent que certains au gouvernement pourraient vouloir en sortir (ce qui, n'en déplaise à certains, montre que le choix n'est pas encore arrêté).
  15. Bat

    La Composante Air belge

    En fait, c'est un peu plus compliqué que ça. L'agence suédoise estime que son mandat ne lui permet pas de répondre positivement sans changement de la législation suédoise en matière de support à des opérations militaires, et en l'absence de changement de cette législation, n'a pas candidaté. On peut éventuellement considérer que c'est une sollicitation "pour rien", mais sur ce plan, ce que demande la Belgique revient finalement à un accord qui découle de ses pratiques actuelles (mais dans le cadre de traités bilatéraux si je ne me trompe pas) depuis 20 ans. Donc il n'est pas illégitime, côté belge, que cette demande soit formulée. C'est, d'ailleurs, à mes yeux la principale limite de cette RfGP: elle n'est pas (ou très peu) politique: c'est dans les grandes lignes un catalogue de requirements techniques et organisationnels par lesquels la Belgique veut s'assurer que l'avion qui sera acheté permet de faire la même chose qu'aujourd'hui, mais plus efficacement (= avec moins d'avions et en mutualisant un maximum avec le fournisseur). Qui sont bien emmerdés de quoi? Revenez sur terre, hein Honnêtement, personne n'est "bien emmerdé" en Belgique. Le "débat", pour autant qu'il y en ait un, oppose ceux qui sont partisans du remplacement des F-16 pourvu que ce soit dans une procédure qui n'a pas l'air relever de l'arrangement sous la table entre amis et de la corruption socialistes, peu importe le modèle, et ceux qui ne veulent à aucun prix l'achat d'avions de combat, quel que soit le modèle aussi. Et entre les deux, globalement, tout le monde ou presque s'en tape (et je reste poli). Bref, la procédure va arriver à son terme, un vainqueur sera désigné, et nul doute qu'il répondra globalement à ce qu'attend la Belgique (quel qu'il soit), à quelques inconnues près (comme le coût). Ça ira très bien pour les partisans du remplacement, ça ennuiera profondément ceux qui étaient contre, puis on passera à autre chose. Je pense que je peux affirmer sans trop me tromper que strictement personne en Belgique, mis à part peut-être le RWF (qui tient plus du groupuscule que du parti) ne sera empêché de dormir ou se sentira puni d'un choix qui néglirerait l'offre française. Tout au plus certains se diront-ils "les Français ont quand même très mal joué sur le coup alors qu'ils avaient une vraie chance car on était prêts à les soutenir", puis basta. Même les partis tentés par l'offre française sont consternés que la France ne soit pas entrée dans la procédure (cf. diverses déclarations du MR et surtout du VLD en ce sens): ils vont sans doute défendre l'examen de la proposition française si elle est portée en Kern et demander de la comparer avec le vainqueur désigné, mais sans plus s'il n'y a pas compromis sur le fait que l'offre française serait meilleure que celle du vainqueur désigné. Aucun parti de la majorité n'a envie de faire tomber le gouvernement là-dessus, notamment parce qu'ils espèrent remettre le couvert à l'issue des élections de 2019.
  16. Bat

    La Composante Air belge

    Ce n'est pas à la telenovella que vire ce fil, mais au grand n'importe quoi obtus. Au risque d'amplidier le naufrage, quelques informations factuelles pour qu'on s'engueule au moins sur des choses factuellement vraies: C'est sur ce forum que certains sont en plein psychodrames depuis 9 mois, pas en Belgique. Le dossier ne soulève absolument pas les foules, même pas pour dire que la RfGP est pourrie. Le psychodrame belge est bien plus récent: il a commencé en mars 2018 avec l'offensive parlementaire du S-PA (opposition socialiste flamande) accusant le ministre de la Défense Steven Vandeput (nationaliste flamand, majorité gouvernementale) d'avoir ignoré et/ou caché des informations laissant entendre que les F-16 de la Composante Air pourraient être prolongés de 6 voire de 27 ans (!). Cela a donné à de multiples affrontements majorité-opposition en Commission Défense sur les thèmes "le ministre a-t-il ignoré délibérément un rapport?", "de combien d'années peut-on prolonger les F-16?" et "a-t-on vraiment besoin de les remplacer: si on en est contents, gardons-les". Bah, globalement, ça a été dit. À demi-mots du moins, puisque la position du gouvernement est: "on termine la procédure initiée avec la RfGP, on prend connaissance de ses conclusions, et en fonction de celles-là on verra quelle réponse adresser à la proposition française". Le ministre Vandeput a ajouté en substance que la France n'étant pas dans l'appel d'offres, ce serait mieux qu'elle ne parasite pas sans cesse le dossier. (Bon, en pratique, c'est un peu plus complexe parce qu'on sait qu'il y a des tensions dans la majorité, entre N-VA et CD&V d'une part qui considère que la France étant hors procédure, sa proposition méritait la poubelle sans examen, et le MR et VLD d'autre part qui veulent qu'elle soient considérées à l'aune des enjeux européens, mais ne savent pas trop comment car ils ont par ailleurs signé l'accord de gouvernement qui mettait en place la procédure. Bref, comme souvent en Belgique, tout est affaire de compromis: la position gouvernementale ménage la chèvre et le chou en n'incluant pas après consultation juridique la proposition française aux travaux de la commission chargée d'évaluer les offres, mais ne débattant pas sur le fond de cette proposition avant que la Commisison n'ait rendu ses conclusions et le ministre fait sa recommandation. En clair: c'est en juin qu'ils vont décider comment examiner la proposition française.) Qui empêche le gouvernement belge de faire quoi? On peut ne pas être d'accord avec sa position, mais comme je l'ai dit juste au-dessus, sa position est cohérente: on met la proposition française au frigo, on finit la procédure et on avise. C'est dit depuis fin 2017 et le gouvernement n'a depuis absolument pas varié sur la question. Les seuls éléments de "psychodrame" pour reprendre l'expression utilisée plus haut, le sont de la part de personnes qui se montent le bourrichon tous seuls (comme sur ce forum ou certaines tribunes dans la presse, généralement dues à l'opposition) en spéculant puis en s'affrontant sur les résultats de ces spéculations. Aucun membre du gouvernement n'a dévié de la ligne gouvernementale sur ce point, simplement parce que ça arrange tout le monde (les pro-RfGP parce que cela garantit que la procédure aille à son terme, les tentés par la proposition française parce que c'était la seule façon d'empêcher de la mettre à la poubelle sans même l'ouvrir). La majorité? Il n'y a qu'un pays (sur 4: USA, UK, France et Suède) qui s'est retiré officiellement, pour une raison par ailleurs clairement expliquée et qui n'a rien à voir avec la procédure: l'agence suédoise (qui s'estime incapable de fournir le soutien demandé par la Belgique). Les autres ont tous candidaté au moins au premier tour (sauf le cas particulier du F-18, mais qui était représenté par la même agence américaine que le F-35: l'explication semble interne aux USA). Quant à la France, si elle s'est retirée juste avant le second tour, personne à Paris (ni Trappier, ni Parly, ni Macron) n'a pris le risque de critiquer la procédure en quoi que ce soit, qui est présentée comme "très bien". Le seul reproche qui lui est fait officiellement est qu'elle serait "trop étriquée" pour ce que veut proposer la France. Soit.
  17. Suite: https://www.politico.eu/article/emmanuel-macron-angela-merkel-endorses-eu-military-plan/
  18. Bat

    La Composante Air belge

    Précision dans la précision, "la suédoise" n'est pas un complot de Saab dans l'affaire, mais le surnom de la coalition gouvernementale fédérale, dont les partis ont pour couleurs le bleu ou le jaune! Avant, selon la même logique des couleurs, on a déjà eu l"l'orange-bleue", "la rouge romaine", "la turquoise" ou, pour les amateurs de reggae et de ganja je suppose, "la jamaïcaine"...
  19. Bat

    La Composante Air belge

    C'est ce que voulait obtenir l'ancien ministre de la Défense Pieter De Crem, qui voulait ouvertement le F-35. Cela n'a pas été fait. Pourquoi?. Simplement car il n'y a pas eu de compromis politique au sein de la majorité (merci @Teenytoon de l'avoir rappelé) pour procéder de la sorte. Pourquoi la RfGP actuelle? Parce que la majorité actuelle est arrivée à un compromis pour procéder de la sorte, acté dans l'accord de gouvernement. Cela montre, même si tu ne veux pas le croire (c'est ton droit, mais ça ne changera pas la réalité) que l'idée d'un "choix déjà fait" est discutable. En effet, si tous les partis de la majorité avaient été d'accord sur le choix du F-35, ils se seraient vraisemblablement entendus sur une procédure plus simple, comme l'achat de gré-à-gré. Il faut bien comprendre que la Belgique n'est pas une Monarchie absolue élective (c'est-à-dire un système majoritaire où le gagnant fait tout ce qu'il veut le temps de son mandat), mais un régime parlementaire qu'on pourrait rapprocher de votre 3è ou 4è république: aucun parti ne sait être majoritaire par nature (d'abord parce que le vote est à la proportionnelle intégrale, ensuite parce que les partis ne sont pas les mêmes en Flandre et en Wallonie), ce qui oblige à de complexe négociations d'accords de majorité. La majorité actuelle, comme je l'ai déjà dit, comporte 4 partis (3 flamands et 1 francophone), et aucune décision ne sera prise (dans ce dossier ou dans d'autres) sans l'accord de ces 4 partis. Le problème de la proposition française, dans ce cadre, c'est qu'elle implique que la majorité se mette d'accord d'abord pour bazarder la RfGP sur laquelle ils s'étaient entendus, et ensuite qu'ils s'accordent sur la proposition elle-même. C'est plus lourd, ou hasardeux, que de s'entendre sur le résultat de la RfGP: c'est pour cela que la stratégie française (même avec toutes les bonnes raisons de le faire, du point de vue français, qui ont déjà été expliquées 110 fois et que, rassurez-vous, nous avons bien compris mais ce n'est pas la question) a très peu de chances d'aboutir à quoi que ce soit. Elle présuppose que le gouvernement, qui doit faire des compromis en son sein pour tout, va vouloir en faire encore plus que ne le nécessite le dossier à la base. C'est assez mal comprendre la dynamique institutionnelle belge.
  20. Bat

    La Composante Air belge

    Oups, oui, c'est juste, j'avais oublié. (P... le temps passe vite!) Merci de la précision! Ceci étant, je pense que ça n'invalide pas, ou pas totalement, ma nuance pour autant: Les grandes déclarations de De Crem sur le F-35 remontent à 2013 (soit le gouvernement Di Rupo, c'est pour cela que je ne pensais qu'à celui-là), pendant sa campagne au secrétariat général de l'OTAN. D'autre part, s'il a nommé des officiers supérieurs favorables, il faut aussi le contextualiser: on est dans la droite "tradition" de la nomination politique, qui consiste à nomme des responsables proches des vues de son parti ou de ses vues propres. C'est clair qu'il a fait cela, s'appuyant ou promouvant des officiers comme lui flamands, libéraux et atlantistes (au point que c'est sous son ministère qu'a commencé à émerger la critique en "flamandisation de l'armée"). Mais attention à ne pas surinterpréter (je pense notamment à nos amis Français): de là à dire qu'il a nommé des officiers spécialement pour promouvoir le F-35, il y a un pas que je ne franchirais pas, ou en tout cas pas sans preuves. On a plus une logique d'osmose: il nomme des officiers politiquement proches de lui, qui ont donc globalement les mêmes vues sur le chasseur nécessaire. On pourrait considérer que le cas du colonel Luc Gennart, virulent opposant à cette "flamandisation de l'armée" et à la politique De Crem, mais qui n'envisage pas l'acquisition d'autre chose que le F-35. De Crem n'a pas dû beaucoup "pousser" les officiers pour rêver au F-35: leur adhésion à celui-ci est plus structurelle que politique: c'est l'avion qu'ils voient comme la clé de la poursuite de l'univers professionnel dans lequel ils évoluent: une Composante Air au top technologique et très fortement intégrée dans les réseaux OTAN (l'argumentation de Gennart en faveur du F-35, même si elle frise parfois le ridicule et la mauvaise foi, dit exactement ça: le Rafale est trop vieux, ne parle pas anglais, ne peut permettre de jouer avec les Hollandais, Danois et autres Américains, n'est pas furtif, etc.: on a un véritable "conditionnement" par le milieu, bien plus qu'un travail d'influence en faveur de telle ou telle vision politique)..
  21. Bat

    La Composante Air belge

    Deux choses: Pieter De Crem n'avait rien fait institutionnellement parlant (je ne considère pas ici ses déclarations diverses et variées). Ni même initié. Simplement parce que ça ne faisait pas partie de l'accord de gouvernement. L'idée que Steven Vandeput aurait repris un dossier en cours "contaminé" par son prédécesseur ne tient pas. Certains responsables de la Composante Air étaient favorables au F-35 avant le gouvernement Di Rupo (et donc le passage de Pieter De Crem à la Défense), car remontant au choix hollandais pour l'appareil en 2008 (et même avant, quand les Pays-Bas ont tenté de sensibiliser le gouvernement belge à l'idée d'un achat commun, qui a été écarté mais qui avait la faveur des responsables militaires).
  22. Bat

    La Composante Air belge

    J'ajouterais même que si la France a regretté la manière dont son offre semble avoir été considérée par certains responsables (gouvernementaux, notamment), il ne faut pas négliger le fait qu'en amont, le retrait de la France (pour les raisons qui ont déjà été exposées, qui regardent la France, et sur lesquelles on ne va pas revenir) a été mal compris, voire mal pris: cela a été considéré, notamment à la N-VA mais pas exclusivement —ce sentiment a aussi été ressenti côté francophone— comme une forme de nonchalance voire de mépris envers la Belgique et la procédure qu'elle avait mise en place. Et le problème, c'est que cela a été amplifié par ce qui a été perçu au ministère de la Défense comme une série de maladresses, comme une proposition jugée trop floue (on ne va pas en redébattre ici, mais c'est un fait que cela a été compris comme ça), en Français (alors que la Belgique réclamait explicitement toute documentation relative à ce dossier en Anglais) et en s'obstinant à ne pas répondre aux 164 questions de l'appel d'offres ou au moins à une part significative d'entre elles (même si la France trouve que c'était légitime de ne pas y répondre, le gouvernement Belge considère que les réponses à ses questions sont une base essentielle de leur décision). Personnellement, je ne suis absolument pas "pro-Vandeput", mais je pense sincèrement qu'il voulait vraiment une compétition ouverte entre le F-35, le Typhoon et le Rafale, bien qu'il ait une préférence que son parti ne cache pas, et qu'il a interprété les manœuvres de la France comme une sorte d'attaque personnelle (e chiant explicitement sur sa procédure qui est l'élément central de sa politique) et qu'il en a tiré les conséquence: la France ira se faire voir et il usera de son poids pour plomber le dossier français quand il sera examiné en Kern (puisque le gouvernement a déclaré qu'il examinerait officiellement la proposition française une fois les conclusions de l'appel d'offres remises par le ministre de la Défense). Et il n'est pas le seul à le penser, même parmi les "francophiles" et/ou francophones. (Pour rappel, la plateforme de mouvements de la société civile, de gauche, écologistes ou pacifistes qui se mobilise depuis plusieurs années contre le principe même du renouvèlement des F-16 avait déclaré il y a quelques mois que le choix du Rafale serait à leurs yeux encore plus problématique et scandaleux que celui, par exemple, du F-35 contre lequel ils se battent pourtant sans compter du fait que cela aurait signifié en plus de tout ce qu'ils reprochent à l'investissement un mépris pour la procédure mise en place et pour la transparence.)
  23. Bat

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    En tout cas, alors qu'il y a 3 mois on se demandait si Steven Vandeput serait encore en poste 15 jours plus tard, ça s'est clairement éclairci pour lui et ça sent le sapin pour l'opposition qui entendait couler la procédure en alimentant la chronique avec des "fuites"... qu'une partie de la presse flamande qualifie aujourd'hui, après enquête, de "faux grossiers": Suite: https://www.lecho.be/economie-politique/belgique/federal/f-16-les-emails-qui-chargent-vandeput-sont-ils-faux/10018325.html Et sinon, Calimero se plaint anticipativement de ne pas être proclamé vainqueur d'une procédure dont il s'est retiré (oui, je sais, c'est un peu provoc' comme résumé, mais je n'ai pas pu résister ): Source: https://www.rtbf.be/info/monde/detail_f-16-la-france-regrette-la-facon-dont-l-offre-du-rafale-a-ete-depeinte-en-belgique?id=9933748
  24. C'est vrai, mais il n'y a pas que cela (et ceci me permet de répondre également à une remarque de @Boule75): je parle d'une conception culturelle du libéralisme, et non stratégique. Nombre de pays ne pensent pas qu'on doive "choisir". Le champ politique ne porte pas sur le fait de savoir si on doit être ou non dans le marché, mais sur le fait de savoir quelles mesures doivent (ou non) être prises pour en encadrer ou éliminer les effets jugés indésirables, ou que sais-je. En France, il y a un vieux fond culturel, tant dans une partie de la gauche que de la droite, qui veut que l'action politique décide de l'existence ou non du marché. C'est culturellement inimaginable pour un Hollandais ou un Allemand de l'ouest moyens pour qui le marché est là et c'est tout, et ce même s'ils sont contre certains aspects du libéralisme (mettons: contre la concurrence dans les services publics, par exemple). Le débat n'est pas "pour ou contre le marché" mais "comment s'en accommoder" ou "comment l'encadrer". L'ordolibéralisme allemand n'est finalement que cela: l'acceptation de l'idée que quoi qu'on fasse, le marché sera là, par contre la responsabilité de l'état est alors de donner un cadre pour lui permettre de fonctionner sans les éléments jugés problématiques du marché totalement libre (par exemple les distorsions de concurrence, les trusts, les atteintes à la démocratie, etc.). Si en France, en particulier à gauche, le terme "ordolibéral" est quasiment une insulte infamante qu'on crache à la figure de son adversaire pour lui signifier combien on méprise son ethos de droite "ultralibérale" (comme on qualifie fréquemment tout et n'importe quoi), en Allemagne c'est considéré comme un truc quasiment de gauche (puisqu'il s'oppose au "laisser-faire" des libéraux classiques anglo-saxons) et une des bases essentielles d'un système démocratique avec un marché régulé.
  25. Tu fais bien de préciser "en France", parce que c'est une vision très française que de penser que le choix de l'économie de marché est un choix politique (Bernard Maris dirait: "la France est le seul pays soviétique qui marche à peu près correctement"). Dans de nombreux pays européens (mais pas tous), la question ne se pose pas: l'économie de marché est et le rôle de l'état est de l'encadrer ou d'en préserver certains domaines (c'est fibalement l'idée centrale de l'ordolibéralisme allemand ou de l'économie sociale de marché scandinave).
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