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Tout ce qui a été posté par Delbareth
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A propos de cet exercice MACE XIII, je suis très très surpris du peu d'informations qu'on peut trouver (sur internet). On voit ça sur quelques forum, c'est d'ailleurs comme ça que je suis tomber ici. Et très souvent, les mêmes phrases sont utilisées ("flew unmolested over the S-300" etc...) probablement issues d'un discours officiel. Et ce qui est le plus remarquable, c'est que ça ne déclenche jamais aucun débat passionné, pas d'arguments et contre-arguments, etc... Ca passe relativement inaperçu... DEFA dira que quand on ne sait rien on ne dit rien, mais d'habitude ça n'empêche pas de réfléchir et de faire quelques hypothèses (raisonnables ?)... Au néophite que j'étais, ça me semblait être un résultat MAJEUR de l'efficacité de spectra. Alors certes spectra pourrait aussi bien être moins bien que ça (si le radar était connu et pas très balèze) ou même meilleur (s'il se sont bridé une main dans le dos) mais enfin ça donnait une bonne base de départ. Et bin nan, nada, que dalle, po'd'balle... (j'ai même pensé au Men In Black tellement y a peu de bruit autour de cet événement ) C'est si insinifiant que ça pour les "sachants" ?
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J'ai eu exactement la même impression que toi. Ce que je retire des échanges ici même, c'est que la vie n'est pas un jeu vidéo. Il n'y a pas d'un côté ce qu'on peut faire, et d'un autre ce qu'on ne peut pas faire. C'est tout un arbitrage entre des bénéfices attendus, des risques d'échec, et des conséquences en cas d'échec. Quel aveux d'impuissance si par exemple on essaie de taper du poing sur la table mais qu'on y arrive pas ! (y a d'ailleurs cette histoire de MdC envoyés par les US qui auraient été tous interceptés par les russes). Et faut rajouter à ça que même si on sait faire, on pourrait ne pas vouloir dévoiler notre jeu (ici utiliser l'annulation active devant un S-400 contrôlé avec compétence). Bref, pas simple la vie...
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J'avais cru comprendre que c'était quand même beaucoup plus compliqué que ça, puisqu'il s'agissait non pas d'annuler l'onde qui arrive, mais bien celle qui repart de l'avion. Et là ça demande d'être capable de calculer cette onde réfléchie pour émettre la même en opposition de phase (en occultant au passage que les émetteurs ne sont pas localisés au même endroit ). En tout cas c'est le raisonnement martelé par les détracteurs de l'annulation active. Et moi ce raisonnement me parait vachement pertinent !
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énergie Avenir du nucléaire civil en France et dans le monde ?
Delbareth a répondu à un(e) sujet de LBP dans Economie et défense
Petit extrait de wiki sur Astrid : "Contrairement au prototype Superphénix, le système de conversion d'énergie utilise un échangeur sodium-gaz (azote) et non plus de l'eau/vapeur. Le risque d’interaction sodium-eau est alors éliminé à la source et, plus généralement, il n'y a plus de coexistence de sodium et eau dans le même bâtiment. Le rendement net global, suivant le cycle de Brayton, est alors de 37 à 38 %. Cette valeur est inférieure au cycle vapeur de Rankine, de l'ordre de 40 à 41 %, mais le taux de disponibilité global peut permettre de compenser cette légère baisse." J'avoue être moi-même très peu au courant des détails des réacteurs au sodium, et suis du coup assez inquiet "par principe". Mais comme je ne me pense pas plus malin que les gars qui bossent dessus depuis des années, je suppose que le risque a été évalué et que des mesures ont été prises en conséquences (cf. l'exemple des échangeurs de chaleur). -
énergie Avenir du nucléaire civil en France et dans le monde ?
Delbareth a répondu à un(e) sujet de LBP dans Economie et défense
En gros on a : nos réacteurs de Génération II qui ont démarré vers 1980. l'EPR de Génération III qui va démarrer en 2020. côté Génération IV, on a Astrid qui n'est qu'un prototype, qui va nécessite de longues années de recherche avant d'aboutir à un réacteur commercial "Génération IV" vers 2040 ou 2050. Quand on voit ça comme ça, l'EPR n'apparait pas si temporaire que ça. Il a moins de marge que les Gen II mais il est quand même très utiles, surtout si les centrales ne dépassent pas les 40 ans (je doute très fortement de la prolongation à 60 ans). -
Mouais... du tir à la pintade, dirait l'autre...
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Oui mais enfin bon, quand on aura des F35 chez les Italiens, les Anglais, les Hollandais, les Belges (!) et j'en oublie... ils ne vont quand même pas leur interdire de faire des exercices avec nous, non ? (je sais qu'ils pourraient techniquement, mais politiquement ça parait compliqué quand même...).
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Petite question de néophyte... Des F35 commencent à arriver petits à petits à certains chanceux (!). Compte tenu du fait qu'il faut du temps pour que les pilotes prennent l'avion en main et développent les tactiques spécifiques (cf. cas Israélien), du fait que les avions sont pas tout à fait près à se bagarrer, du fait qu'ils coutent 2 bras à entretenir et vont passer leur temps au garage... Quand pensez-vous qu'on verra des entrainements Rafale vs. F35 avec nos alliés de voisins ?
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Gally tu es taquin ? Le Neuron n'est pas sorti en même temps que le Rafale si je ne m'abuse... Alors quoi ? On s'est simplement gouré de voie en prônant le TTBA/Spectra alors on passe ou tout furtif ? Mon interrogation n'était pas de dire qu'une balade en Rafale au dessus d'un nid de S400 était une promenade de santé. Et c'est évident que les contraintes d'un "engagement de rétorsion" (contre les armes chimiques) ne sont pas les mêmes que celles d'une guerre totale. Mais j'ai l'impression que dans cette histoire de Syrie, notre stratégie vient de s'écraser brutalement contre le mur de la réalité (je force le trait mais c'est un peu ça).
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Merci pour cette mise au point précise sur l'état de la défense syrienne. En clair : les russes sont à fond sur le coup et se frotter à Bachar nécessite de "battre" les défenses russes. Mais la France a fait des efforts dans cette direction avec TTBA, spectra et scalp. Sans parler de trucs magiques indétectables, je voyais ça plus... euh... efficace. Surtout le fait de pouvoir balancer un scalp furtif depuis un pays ami à 300 km de la frontière. Après, les performances de tout ça vs un adversaire de haut niveau c'est hautement confidentiel. A part après une mission réussie ou un échec cuisant, on (le quidam lambda que je suis) n'en saura jamais vraiment plus...
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OK à la limite (même moi je sais qu'on peut feinter le Doppler, ou au moins essayer) Mais et alors ? L' awacs peut-il détecter le tir du scalp ? Si non, ça lui fait une belle jambe de savoir qu'un Rafale chargé comme une mule fait des ronds au dessus de sa base aérienne en Jornanie.
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Au hasard parce qu'on peut éviter de voler à 40 000 pieds à 10 km de la frontière... J'imagine qu'en rase-motte à 100km dans les terres, les radars de la frontière doivent avoir du mal... Cela dit, je répète que je n'y connais rien et je ne demande qu'à être corrigé si besoin (entre gentleman bien entendu ). Edit : Pardon j'ai mal compris la remarque. Je pense qu'en décollant de Jordanie et en restant loin de la frontière Syrienne, en volant pas trop haut, on peut ne pas être repéré par les radars Syriens/Russes.
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A n'en pas douter ! C'est pour ça que je reconnais un intérêt au tir naval. Par contre, même si le Rafale est repéré au décollage de nuit (ça me parait pas anodin mais j'y connais rien...), il n'y a pas vraiment de raison qu'il soit suivi par radar "en plein coeur du territoire ennemi". Il pourrait tirer un scalp sur Damas depuis Aman ! Ils vont pas être un peu sur les dents les russes de chercher un potentiel missile furtif qui doit arriver n'importe où n'importe quand ?
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C'est clair que le vecteur naval permet d'éviter un repérage du missile avant le tir. Par contre, je n'achète pas les autres arguments : - le tir de nuit est aussi valable depuis des Rafales, afin que personne ne repère visuellement l'avion ou le missile - les Scalps et leur 500 km de portée peuvent traverser quasi toute la Syrie dans le sens de la longueur, alors faire 3-4 virages (ou même 10) pour éviter les radars me parait quand même pas sorcier
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Quelque chose m'échappe. Les missiles scalps sont certes lents, mais furtifs. J'imagine bien qu'il ne peuvent pas aller chatouiller directement un S-400 sans se faire facilement repérer à courte portée puis abattre. En revanche, ne peuvent-ils pas atteindre divers objectifs politico-militaires sans survoler directement une batterie anti-missile ?
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On a bien vu que l'AASM leur avait posé un soucis, ou je confond ? Pourtant c'est assez mineur... Ce qui m'embête surtout c'est qu'en plus des F35 américains, il y aura les F35 des divers pays de la coalition (qui seront ravis de pouvoir envoyer des avions aussi intégré dans la coalition)... et quelques Rafales. Si encore on avait eu du F35, du F16, du Typhoon, du Rafale, du M2000, il aurait peut-être été plus difficile pour les américains de rejeter tout ce qui n'étaient pas comme eux, sous peine de se retrouver tout seuls.
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Au fil de tes interventions, tu bases une grande partie de ton argumentation sur l'interview du Lanata. Cela confirme ton point de vue que le Rafale actuel n'est pas à la hauteur du F35. Seulement, comme il a été dit à l'époque sur le fil Rafale, Lanata a joué sa partition, et dans un contexte particulier. Il y avait des tensions budgétaires et il n'était pas question de dire "C'est bon les gars, avec le Rafale actuel on maîtrise tout le monde pour encore 10 ans. On se sortira les doigts en 2030 pour l'améliorer." Ses propos sont donc très fortement "douteux" (le mot est un peu fort mais j'ai pas autre chose) quant aux capacités du Rafale. De plus, le F35 n'est absolument pas au point. Il ne peut donc pas être comparé tel quel. En fait, ni le F35 ni le Rafale F3R ne sont capable de ce dont tu parles, pour des raisons différentes (mais le Rafale, lui, est déjà capable de beaucoup d'autres choses). Enfin, concernant les coûts, ftami a déjà montré à quel point le programme F35 était peu honnête. Il n'est donc pas certain qu'une telle comparaison sera possible (quand Rafale+SCAF et F35 seront prêts). Je sais que tu prends beaucoup de précautions pour bien rappeler que tu ne mésestimes pas le Rafale, et je pense qu'il est bien d'avoir des gens argumentant à contre-courant. Néanmoins, les arguments répétés ont intérêt à être solides sans quoi ça passe pour du trollage. Et je ne pense pas que ce soit ce que tu cherches.
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énergie Avenir du nucléaire civil en France et dans le monde ?
Delbareth a répondu à un(e) sujet de LBP dans Economie et défense
Oh chic, mon premier message populaire :) Bon, j'avais promis de parler des Réacteurs à Sels Fondus, alors parlons-en ! L'idée de base des RSF c'est d'avoir non plus un combustible solide fixe, mais un combustible dissous dans un liquide. A ce moment là, le liquide sert à la fois de combustible, de caloporteur et partiellement modérateur (ralentisseur de neutrons) si besoin. Le projet américain initial était l'Aircraft Reactor Experiment, dont le but était de permettre d'avoir des bombardiers volant pendant des mois sans interruption. C'est la même idée que pour nos soum nucléaire en somme. Il se dit qu'ils ont compris le danger du bazar en cas d'accident, et ont converti le projet en réacteur plus conventionnel, le Molten Salt Reactor Experiment (MSRE). La légende dit aussi que les russes auraient fait voler leur prototype, et que les 3 pilotes seraient morts après ça à cause des radiations. Bref, le MSRE, comme son nom l'indique utilise des sels fondus comme base. C'est en effet pratique car avec des températures d'ébullition très haute à pression ambiante (de l'odre de 1500-2000°C de mémoire). Ca change beaucoup des REP qui doivent être maintenu sous forte pression pour garder l'eau liquide. Par contre, en dessous de 600-800°C le sel est solide et à un peu plus de mal à circuler1. Le coeur lui-même était constitué d'une matrice de graphite (modérateur) percée de canaux pour l'écoulement du sel. Le MSRE a fonctionné 4 ans, en testant différents combustibles (235U, 233U et 239Pu) dans un sel de fluorure de lithium et de béryllium (https://fr.wikipedia.org/wiki/Réacteur_expérimental_à_sels_fondus). L'avantage d'un sel liquide, c'est qu'on peut le faire circuler. Et en particulier, on peut l'envoyer dans une unité de retraitement plus facilement, afin par exemple de la débarrasser de ses Produits de Fission les plus gênant (certains capture pas mal les neutrons). En revanche, le graphite supporte mal l'irradiation et s'active méchamment, ce qui pose un problème pour les RSF comme pour les autres réacteurs à matrice graphite (UNGG, RMBK). De plus, un sel à 800°C en contact avec du métal ce n'est pas anodin, et ils y a aussi des questions de corrosion (très intéressant retour d'expérience du MSRE). Après le MSRE, ils ont conceptualisé un réacteur plus gros, le MSBR dont le sel devait être retraité entièrement tous les 10j. C'était un projet ambitieux, mais auquel on a préféré d'autres réacteurs mieux maitrisé. Les études ont été reprise dans quelques pays, notamment en France au CNRS en le couplant au cycle thorium. En effet, comme j'ai expliqué dans un post précédent, le cycle 232Th/233U peut être régénérateur avec des neutrons thermiques ou rapides (contrairement au cycle 238U/239Pu), mais la marge n'est pas très grande. Ainsi, dés qu'apparaissent les Produits de Fission capturant les neutrons, la marge baisse et on perd la régénération. Du coup un réacteur dont on peut "nettoyer" le sel permet d'utiliser de manière optimum le cycle thorium. On a également trouvé que la matrice graphite était un vrai handicap car cela induisait un coefficient de température positif en cycle thorium (pas en cycle uranium). Au final, les études en France en migré d'un réacteur thermique complexe type MSBR, à un réacteur beaucoup plus simple à neutron rapide (le MSFR ou TMSR à ses début avant que le nom ne soit piqué par les chinois ;) ). Ce réacteur n'utilise pas de graphite dans le centre du coeur (donc pas de contre-réaction positive, pas d'irradiation aigüe du graphite), et le spectre assez rapide de neutron permet d'être moins sensible aux captures des Produits de Fission et donc d'avoir des besoins de retraitement beaucoup plus modestes (genre 100L/j au lieu de 10m3/j). Je sais que les Chinois se sont lancés très fortement dans les RSF depuis les années 2010.Ils iront probablement beaucoup plus vite qu'en France, ou pour l'instant seul le CNRS (avec des moyens très limités) travaille dessus. Ce qui faudrait, c'est que le CEA s'empare du projet, car lui peut multiplier par 10 les ressources humaines et matérielles. Mais bon, ils n'ont jamais été très chaud et pour l'instant ils ont ASTRID.L L'idée au CNRS a toujours été de faire de la veille techno, pour explorer d'autres concepts -intéressants- délaissés par le CEA au cas où les réacteurs au sodium ne marchent pas (techniquement ou ploitiquement). Mais il ne faut pas se faire d'illusion. Un RSF c'est très compliqué techniquement, du même genre qu'un RNR sodium. Les problème de corrosion sont difficiles à résoudre, et le fait d'utiliser un combustible se baladant un peu partout crispe un peu les gens. Le thorium lui-même rajoute encore une couche de complexité, et de rejet, car sa chimie est moins bien connue que celle de l'uranium et il faudrait refaire beaucoup de chose (comme la Hague par exemple). De plus, il émet pus de gamma "pénétrant" ce qui rend difficile des opérations humaines à proximité du combustible. Après, il reste à pression ambiante, dispose de coefficients de température bien négatifs, et dispose d'un système de sécurité PASSIFS unique : un bouchon fusible (si la T° dépasse une certaine valeur) au fond du réacteur permettrait la vidange du coeur, qui irait alors se stocker dans des réservoirs dédiés refroidit naturellement (sans électricité). Bref, si des RSF électrogènes voient le jour, ce n'est pas avant 2040 à mon avis, et encore on aura de la chance ! 1 On rappelle que seule l'eau gonfle en gelant. Donc la solidification du sel n'engendre pas un éclatement de toutes les tuyauteries (sinon le concept aurait eu plus de mal à survivre). -
énergie Avenir du nucléaire civil en France et dans le monde ?
Delbareth a répondu à un(e) sujet de LBP dans Economie et défense
Concernant cette belle idée que sont les ADS (Accelerator Driven System)... Tout d'abord c'est un concept de réacteur, ça n'a donc rien à voir avec ce qu'on met dedans, à savoir un combustible utilisant de l'uranium ou du thorium. Après on peut y mettre si on veut du thorium, faire si on veut (et si c'est possible) de la surgénération, etc... mais c'est deux choses séparées (même remarque d'ailleurs pour les Réacteurs à Sels Fondus dont je reparlerai). L'idée de ces réacteurs ADS, est d'être fortement sous-critiques, avec des valeurs de k de 0,95 à 0,98. Ça signifie donc que la réaction en chaine s'arrête rapidement car il n'y a pas assez de fission à chaque génération. Ce déficit est comblé par un apport de neutrons frais (qui vont engendrer les fissions manquantes) qui vient de l'extérieur du réacteur. L'intérêt est que ces réacteurs sont beaucoup plus sûr que des réacteurs critiques standard (à neutrons thermiques ou rapides peu importe). En effet, les réacteurs critiques fonctionnent par définition à k=1. Mais c'est en fait la somme de k_prompt qui vient des neutrons libérés par la fission, et de k_delayed qui vient des neutrons retardés libérés par quelques Fragments de Fission. Au niveau des ordres de grandeur, on à 500 pcm dûs aux neutrons retardés, soit k_delayed = 0.00500. Or donc, si k_prompt > 1, Boum direct. Par contre si k_prompt <1 mais k_tot > 1 (donc k_tot < 1.00500), la puissance du coeur va augmenter exponentiellement mais avec une constante de temps assez longue (qq 10 s). Une fois la puissance bien augmentée, la dérivée temporelle devient trop forte et on préfère repasser à k_tot = 1 pour reprendre une puissance constante et faire un palier. En on procède comme ça jusqu'à obtenir la puissance totale désirée. C'est pour ça que les réacteurs augmentent de puissance par palier. Donc on voit bien qu'on a un peu de marge de manœuvre pour piloter notre réacteur grâce aux neutrons retardés. Mais cette marge n'est pas super grande, et il faut faire attention de ne pas dépasser k_tot=1.00500. Or ces 500 pcm, et bien c'est pas une valeur fixe. En fait ça dépend beaucoup de quels Fragments de Fission on va produire. Par exemple les 99Y, 94Rb ou le 135Sb sont de bons émetteurs de neutrons retardés. Le problème c'est que si on augmente la masse du noyau fissionnant (au hasard 239Pu au lieu de 235U), on va produire moins de FF légers, donc moins de 99Y et moins de 94Rb. Bref, la marge se réduit, et on atteint des proportions inacceptables pour les Actinides Mineurs qu'on voudrait incinérer (du genre américium). Comme on n'est pas fou, ça veut surtout dire qu'on va être limité dans la quantité d'Am qu'on peut mettre en coeur, et donc la quantité qu'on est capable d'incinérer. Ou alors on utilise un ADS, et on aura justement un k_prompt de 0.96, un k_accélérateur de 0.04 et un k_delayed négligeable. Et ce k_accélérateur va dicter le comportement du cœur très efficacement. En effet, imaginons que le nombre de fission augmente d'un coup de baguette magique de 10%, on va donc produire 10% de neutrons de fission en plus, et la puissance thermique va augmenter de 10%. Mais si on ne fourni par 10% de neutron en plus de l'accélérateur, comme on est sous-critique prompt, la puissance va retomber à sa valeur nominale en quelques générations de neutrons (qq 10 µs). Si on veut augmenter la puissance, il "suffit" d'augmenter l'apport de l'accélérateur, et le reste du réacteur suit. Et si on coupe l'accélérateur, la réaction s'arrête encore plus rapidement que le temps d'insérer les barres. Maintenant, pour générer autant de neutrons (capable de faire par exemple 4000 pcm), il faut méchamment bourriner sur l'accélérateur. L'idée serait d'accélérer des protons de 1 GeV, et de les envoyer sur une cible de Pb située dans le réacteur. Par réaction de spallation, on va générer environ 30 neutrons pour chaque proton envoyé. C'est beaucoup, mais il faut quand même envoyer une énorme quantité de protons pour faire nos qq 1000 pcm. De mémoire on parle de 100 mA, ce qui est une intensité d'accélérateur très élevée. Donc il faut : 1 GeV de proton, intensité de 100 mA, pas plus d'1 arrêt d'une seconde par an (ou un truc du genre) ! Bref les contraintes sont énormes. Ensuite les protons sont accélérés sous vide, et arrivent jusqu'à la cible de Pb en voyageant dans un tube sous vide. Mais la cible elle-même est dans le réacteur qui n'est pas vraiment un milieu propice au vide :). Du coup il y a eu beaucoup de recherches autour de matériaux pouvant composer la fenêtre d'interface entre les deux. C'est pas évident parce que cette fenêtre va être très fortement irradiée, ce qui détruit la structure du matériaux. Je crois que ce qui a le vent en poupe en ce moment au CNRS, c'est les concept sans fenêtre, avec une cible de Pb liquide, dans laquelle on tirerait par le haut. De manière générale, ce type de réacteur/accélérateur coûterait probablement un prix déraisonnable. Il sera donc impossible de faire des parcs d'ADS. Il est uniquement envisagé de s'en servir comme incinérateur des déchets des autres réacteurs. A ce moment un pays comme la France se doterait de quelques unités seulement. Ce n'est donc absolument pas un réacteur crédible pour GenIV. Voilà je crois avoir fait un tour rapide et grossier de la question -
énergie Avenir du nucléaire civil en France et dans le monde ?
Delbareth a répondu à un(e) sujet de LBP dans Economie et défense
Outre la régénération du combustible, il faut aussi bien comprendre ce qu'on entend par "sureté" d'un réacteur nucléaire. Comme expliqué ci-dessus, le réacteur est piloté avec un coefficient de multiplication k égal à 1. Il n'est jamais exactement à 1, et l'écart est appelé réactivité avec une unité spécifique : le pcm (pour cent mille). 1 pcm = 0.00001 de réactivité, soit k=1.00001. Je passe sur les neutrons retardés, qui permettent de dépasser k=1 de quelques centaines de pcm et du même coup de piloter le réacteur. Ce qui va nous intéresser ici, c'est les coefficients de contre-réaction associé à k pour différentes perturbations. Par exemple pour les REP, si le coeur (et donc l'eau) s'échauffe de 1°C, elle va se dilater. En se dilatant, ça réduit le nombre d'atomes de H permettant de ralentir les neutrons. Ils sont donc moins ralentis, ont une plus grande énergie, et sont ainsi moins facilement absorbés par les noyaux d'235U (caractéristique physique de l'absorption de neutron). Cela entraine donc une diminution du taux de fission, donc du dégagement de chaleur, et in fine de la température du coeur. Dans ce cas, le coeff de contre-réaction est négatif, et c'est ce qu'il faut. Alors c'est un cas simplifié, car dans l'eau il y a du bore spécifiquement mis pour capturer des neutrons. Or moins d'eau, c'est moins de bore, et donc moins de capture, donc plus de neutrons disponibles pour faire des fission. C'est d'ailleurs pour ça qu'on limite la quantité de bore dans l'eau, pour garder des coefficients de contre-réaction négatifs. Typiquement dans un REP, le coeff de contre réaction associé à la dilatation du caloporteur est de 15 à 40 pcm/°C. A celui-ci s'ajoute celui de l'échauffement du combustible, le coeff de contre réaction dû au passage d'une bulle d'air dans l'eau, etc, etc... Pour l'histoire, les RBMK étaient "mal conçus" en ceci que certains coefficients de contre réaction étaient positifs dans certains régime de fonctionnement (http://www.laradioactivite.com/site/pages/Defauts_RBMK.htm). Et évidemment, le test de 26/04/86 a été réalisé dans la mauvaise gamme de puissance à la suite d'une erreur humaine (je crois). Alors, comment ça se passe dans un réacteur au sodium. Le sodium est là pour évacuer la chaleur produite dans le combustible, mais en évitant de ralentir les neutrons (l'eau des REP est là pour faire les deux choses à la fois). Le sodium n'étant pas parfait, il capture quand même un peu des neutrons qui lui passent dedans. Et donc, en cas d'élévation de température, le sodium se dilate, capture moins de neutrons, ce qui en fait plus pour faire des fissions. C'est donc un coeff de contre-réaction positif ! C'était le cas de Superphenix. Apparemment, mais j'ignore les détails, ils ont réussi à trouver des solutions pour ASTRID afin de rendre négatif ce coefficient. C'est surtout ça qui a permis à ASTRID d'exister. Après, il y a toute la sûreté "technologique" autour. Comment faire s'il se passe ceci, s'il se passe cela... Mais le coeur de la sûreté a été amélioré. A titre personnel, je ne vous cache pas que je suis inquiet d'un accident majeur impliquant une perte du sodium dans l'enceinte. A la limite les REP me paraissaient mieux de ce point de vue. Mais bon, je ne suis pas dans le domaine, et j'ignore certainement ce qui est prévu pour éviter que ça tourne à la catastrophe. -
énergie Avenir du nucléaire civil en France et dans le monde ?
Delbareth a répondu à un(e) sujet de LBP dans Economie et défense
Tiens j'aurai juré que tu étais farouchement opposé au chauffage électrique, de part tes différentes interventions ici ou ailleurs ("et que comme des abrutis ou des égoïste on se chauffe a l'électrique sans avoir isoler sa maison" (15/03/2012) ; évidemment c'est une citation tronquée et tu voulais surtout insister sur l'importance de l'isolation, mais j'avais retenu ton combat contre les convecteurs) A mon sens, le chauffage électrique est effectivement bien plus simple et effiace dans un premier temps, pour réduire nos émissions. J'ai acheté une maison il y a 2 ans, avec un chauffage au gaz. Je pense très sérieusement à le remplacer par un chauffage électrique. Vu l'isolation et nos modeste consignes de chauffage, c'est économique viable (un peu plus cher mais pas rédhibitoire). Résultat, pas de CO2 émis la plupart du temps, et un peu d'émission lors des pics de demande d'électricité. Pas grand chose à dire parce que je n'en sais pas plus, c'est quelque chose qui me chagrine beaucoup. Pour rappel, les réacteurs produisent 4GW de chaleur et en transforment 30% en électricité. Restent donc 2.5 GW de chaleur qu'il faut évacuer et qu'on donne aux petits oiseaux ou aux petits poissons. Si on n'était moins euh... sectaire, on pourrait récupérer quelques dizaines de GW de chaleur pour se faire du chauffage urbain ou que sais-je. Mais bon, les gens ne voudraient pas que passent dans les tuyaux de leur maison de l'eau qui a été chauffée par de l'eau qui a été chauffée par de l'eau qui a été chauffée par une centrale nucléaire (qui elle-même a été chauffée par de l'eau qui a été chauffée par de l'eau en contact avec le combustible). Ce que j'en vois c'est que la tendance est plus à éloigner le plus possible les réacteurs des villes. A Grenoble, il y avait plusieurs petits réacteurs de recherche au CEA sur le polygone scientifique, qui ont finalement été fermé car "trop proche de la ville" (en fait c'est la ville qui s'est étendue jusqu'à eux). Il ne reste plus que l'ILL, gros réacteur de 55MWth à la pointe de la recherche mondiale. Avant de donner plus de détail sur ASTRID (il faut que je me replonge dedans d'abord :) ), je vais faire un ptit rappel du principe de fonctionnement d'un réacteur surgénérateur. La fission nucléaire est induite par l'absorption d'un neutron par un noyau, lequel se casse ensuite en deux Fragments de Fission plein d'énergie cinétique qui libèrent 2 à 3 neutrons et des rayons gamma. Ces quelques neutrons sont réutilisés pour la prochaine réaction de fission, moyennant au passage une étape de "thermalisation" pour les ralentir. Evidemment, pour qu'un réacteur ne se comporte pas comme une bombe, il faut qu'un seul des 2 à 3 neutrons engendre une nouvelle fission. Le rapport entre le nombre de fission d'une génération sur le nombre de la génération précédente est appelé coefficient de multiplication k et est très important pour la physique des réacteurs. Si k>1, le nombre de fission augmente (exponentiellement) et en centaines de microsecondes, c'est le drame. Or donc, on a en moyenne 1,5 neutron "en trop". Ces neutrons sont de toute manière naturellement absorbés par la matrice d'238U, par l'235U sans faire de fission (capture de neutron), par les structures, et fuient le réacteur. Mais ça ne fait jamais PILE 1,5. Donc pour ajuster ça on a les barres de pilotage (et le contrôle du bore de l'eau), qui viennent absorber ce qu'il faut pour arriver à 1,5. Dans un REP, on a au final une partie des neutrons de chaque fission, qui sont absorbés dans l'238U, ce qui forme du 239U. Celui-ci étant assez instable, il se désintègre rapidement (2 désintégration Beta) pour former du 239Pu. Or cet isotope est exactement comme l'235U : il est fissile (si on lui envoie un neutron sur la courge il fissionne). Cela signifie que pendant qu'on est en train d'irradier le combustible, et de faire fissionner l'235U, une partie du combustible fabrique de la nouvelle matière fissile qu'est le 239Pu. C'est c'est la RÉgénération du combustible. A partir de là on distingue la sous-génération, l'iso-génération et la sur-génération, qui sont respectivement quand on fabrique moins, autant ou plus de matière fissile qu'on en consomme. Dans un REP, juste avant qu'on change le combustible, 1/3 de la puissance du réacteur vient du 239Pu. Cela réduit d'ailleurs d'autant la quantité d'235U consommé. Nos REP font donc de la régénération, mais sont fortement sous-générateur. D'un point de vue de l'économie des ressources, il faut donc augmenter ce paramètre. Mais comment faire? Il faut pouvoir consacrer plus de neutrons aux captures sur l'238U plutôt qu'aux capture stériles dans l'235U ou le 239Pu. Mais la probabilité qu'un neutron absorbé dans un 235U ou 239Pu fasse une fission est une grandeur physique... pour une énergie de neutron donnée ! Si l'on change cette énergie / vitesse, la probabilité va changer également. Et c'est là qu'en utilisant des neutrons plus rapides, on va fortement réduire les captures de neutrons dans les 235U / 239Pu, ce qui en laisse plus pour les captures dans l'238U. In fine un réacteur iso ou surgénérateur ne consomme plus de matière fissile (dans le second il faut même en enlever régulièrement sinon il aime pas). On ne fait que les recharger de temps en temps en matière dite fertile (238U ou 232Th pour le cycle thorium). C'est la raison pour laquelle le cycle 238U/239Pu (une fois l'235U disparu) peut être largement surgénérateur en utilisant des neutrons rapides. A contrario, le cycle 232Th/233U peut être légèrement surgénérateur même en neutron thermique, mais l'est moins fortement que le cycle 238U/239Pu en neutrons rapides.