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Tout ce qui a été posté par CortoMaltese
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Ouais alors attention, ça reste une vision très optimiste du saillant. Pour l'instant les seules villes dont on est sûr que les ukrainiens les contrôlent "fermement" sont Sukhyi Stavok et Novohrednjeve. Plus au sud-est il semble que Kostromka ai changé de camps plusieurs fois, sans plus d'infos fiables sur ce qu'il en est aujourd'hui -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Ouais enfin je reste assez surpris par le move. Pourquoi faire ? Le Donets est une barrière naturelle très solide lorsque fortifiée comme l'ont bien montré les ukrainiens. A quoi bon aller capturer trois villages, et au mieux Lyman, qui resteront ultra exposés à une contre-offensive russe, surtout en n'étant pas (plus) fortifié. Il y a clairement eu une opportunité tactique que les ukrainiens ont saisi, sans doute du fait des différents redéploiements russes, qui a visiblement laissée une portion de la rivière peu/pas défendue. Mais est-ce que cette conquête est durable/utile, c'est pas certain, surtout quand les russes restent par ailleurs à l'offensive globalement dans le Donbass (même si de moins en moins comme en témoigne les très légères avancées ukrainiennes autour de Bakmut). -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Là où je suis totalement d'accord avec @hercivc'est qu'on s'achemine tout droit vers un monde de blocs relativement étanches dans leurs rapports "directs", avec entre les deux un large tiers-monde non aligné qui commerce plus ou moins avec tout le monde et servira sans doute de plaque tournante informelle entre les deux. C'est au fond la même chose que pendant la guerre froide, avec comme nuance majeure que la taille relative des différents blocs sera bien moins à l'avantage des occidentaux. Si on compte un "bloc" Russie + Chine, ça représente en gros le PIB des USA, c'est à dire donc 50% du PIB occidental (USA + UE + UK + NORVEGE + SUISSE, en gros), et le tiers monde en est pas loin non plus. https://www.oecd.org/sdd/prices-ppp/oecd-share-in-world-gdp-stable-at-around-50-per-cent-in-ppp-terms-in-2017.htm A l'inverse, pendant la guerre froide, le bloc de l'Est était peut-être un géant géographique et militaire, mais certainement pas économique, en tout cas du point de vue qualitatif. On sait que dans les années 70, le PIB ouest-allemand était sans doute similaire voir supérieur au PIB de toute l'URSS, autant dire que Allemagne + France + UK était déjà supérieur à tout le bloc de l'Est en terme de PIB. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Les Ukrainiens auraient franchi le Donets et essayeraient d'avancer en direction de Lyman. J'avoue être très surpris et ne pas trop comprendre pourquoi ils veulent récupérer une ville acculée contre une rivière et très difficilement défendable -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Après, je pense que c'est ce que veux Poutine, et c'est d'ailleurs ce qu'il essaye de faire depuis le début avec son "opération militaire spéciale". Il ne veut pas d'une population chauffée à blanc et sur-intéressée par le conflit, car ça en ferait une population sensible aux défaites et potentiellement critique quant au déroulement de la guerre et à sa direction. Je crois qu'il préfère largement une population blasée, résignée et atone, qui a perdu tout espoir d'infléchir le cour des évènements. C'est d'ailleurs pour ça que les milbloggers et autres natios radicaux ne sont pas forcément en odeur de sainteté vis à vis du Kremlin. -
[OTAN/NATO]
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de zx dans Politique etrangère / Relations internationales
Evidemment, il y a une part énorme de mauvaise fois dans l'histoire, comme souvent quand les UK-US parlent de la France. Mais tout de même, on ne peut pas nier que la France est relativement maladroite pour vendre ce type d'initiative à nos voisins, et qu'on gagnerai à présenter ça comme un "approfondissement le partie européenne de l'OTAN" plutôt qu'un truc concurrent monté dans le cadre de l'UE qui n'a aucune chance de convaincre les pays de l'Est et les allemands. Concernant les industriels, à mon avis c'est un problème encore différent, et il est probable que quand bien même un projet de ce type verrai le jour, beaucoup de pays européens continueraient à acheter massivement américain, tant par habitude que par volonté de se faire bien voir (sans même parler de l'interopérabilité). C'est paradoxalement une bonne nouvelle à court terme : ce n'est pas ça qui refroidira les américains. De toute façon, comme l'article l'explique, les américains sont condamnés à délaisser le théâtre européen à moyen-long terme car la menace chinoise occupera une part écrasante de leurs ressources. La question, c'est de savoir si on reste dans la situation actuelle avec ses coûts pour des avantages de sécurité de plus en plus faibles, ou bien si on essaye de "profiter" de ce retrait américain pour construire autre chose qui pourra à terme diminuer le besoin pavlovien de certains pays européens de se réfugier dans les jupons de l'Oncle Sam. C'est comme ça que je vois le dilemme et c'est pour ça que je pense qu'il faut vraiment être plus malin pour pousser nos partenaires sur la voie d'une défense européenne plus intégrée, quitte à ce que ça passe formellement par un truc sous l'égide de l'OTAN pour sauver les apparences et ménager l'orgueil US. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Je n'y connais absolument rien en logistique, mais intuitivement ce qui me semblent le plus "compliqué" à faire passer c'est le pétrole, non ? Il faut des camions spécialisés puis le dispatcher aux unités sur une zone assez large. -
[OTAN/NATO]
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de zx dans Politique etrangère / Relations internationales
Ah mais libre à toi de considérer à égalité en terme d'impérialisme le regroupement volontaire d'états souverains dans une alliance militaire et la conquête d'un véritable empire tenu par la force (Prague 68, Budapest 56, Kiev 22). Compare juste le niveau d'ingérence russo-sovietique dans la politique intérieure de ses colonies du bloc de l'est avec le niveau d'ingérence américain en France ou dans n'importe quelle autre pays de l'OTAN. L'un tient car il est attirant, l'autre car il a des chars pour mater les satrapies rebelles. Et forcément, quand celui qui ne tient que par les chars ne peut/veut plus s'en servir, l'autre n'a qu'à se pencher pour ramasser les anciennes satrapies trop heureuses de se débarrasser du colon. -
[OTAN/NATO]
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de zx dans Politique etrangère / Relations internationales
Attends on parle de quoi ici ? De la guerre froide ou de la situation post-1991 ? Car ton extrait porte sur la guerre froide et la situation créée par l'arrivée des chars russes "à une étape de tour de France" de la frontière alsacienne, comme disait De Gaulle. Or, quoi qu'on en pense, la grande explication militaire entre est et ouest n'a pas eu lieu, et il ne me semble pas exagéré de dire que l'OTAN y a contribué en rendant très très coûteux et aléatoire une attaque soviétique. Ensuite concernant l'Ukraine, on peut refaire le débat 100 fois mais la situation tient à mon sens bien plus de la volonté russe de récupérer son Empire que de la fameuse Expension de l'OTAN vers l'est, qui représente d'avantage une excuse commode que le moteur de l'action russe en Ukraine, dont l'intégration à l'OTAN à moyen terme n'était plus sur la table depuis plus de 10 ans. -
[OTAN/NATO]
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de zx dans Politique etrangère / Relations internationales
Et pourtant, il n'y a pas eu de guerre, et les politiques de dissuasion nucléaire et conventionnelle de l'OTAN a parfaitement fonctionné. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
A en croire plusieurs Telegram russes, les Ukrainiens seraient à l'offensive autour de Kharkiv -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
https://lavoiedelepee.blogspot.com/2022/08/des-ponts-trop-loin.html?m=1 Goya sur l'offensive ukrainienne à Kherson. Il est très sceptique sur la possibilité d'une percée décisive, faute de moyens suffisants côté Ukrainien. On reste selon lui sur du grignotage en un peu mieux plutôt que sur un retour de la guerre de mouvement -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Ne jamais oublier non plus les risques d'une fuite en avant, dans la défaite comme dans la victoire. Je ne veux pas faire de point Godwin, mais Hitler lui même n'imaginait sans doute pas en 1933 être un jour maître de Paris et faire le siège de Moscou. Mais de victoire en victoire, l'appétit grandi, l'ubris aussi, et on se dit "et si ?". -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Le fait même qu'ils aient essayé de prendre Kiev montre les intentions agressives de la Russie. Qu'ils aient échoué est une chose, mais à quel prix ? La Pologne n'a sans doute pas envie de se retrouver dans la position de l'Ukraine avec 20% de son territoire envahi. Et donc ça implique d'avoir une "marge de sécurité" en matière militaire qui offre le double avantage : 1) de dissuader l'invasion (si vis pacem parabellum tout ça tout ça) 2) de rendre possible une défense "sur la frontière" sans avoir à passer par une guerre asymétrique à l'Ukrainienne qui implique de tolérer des avancées russes. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Les russes n'ont pas besoin de lire WarMonitor pour savoir s'ils ont perdu une ville ou pas. L'Opsec est pertinent pour tout ce qui est "image" (type d'équipement, positions, unités impliquées), mais ne pas annoncer la prise d'une ville ne rime pas à grand chose. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
J'ai souvenir de cette histoire aussi, il me semble que c'était dans Cellule de Crise sur France 2 (très bon reportage au passage) -
Je répondais à la question posée sur le même sujet, mes excuses si c'est HS. Par ailleurs, les majuscules, qui témoignent d'une agressivité qui ne me semble absolument pas proportionné à la situation, ne sont pas nécessaire pour faire passer le message.
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
On peut aisément imaginer des militaires soucieux de l'OPSEC et des politiques quant à eux soucieux du moral du pays et de la pérennité du soutien occidental, ce qui implique qu'il faut des bonnes nouvelles et de l'espoir. Probable que dans le cadre d'un dilemme pareil, ça soit le politique qui gagne, surtout dans un pays comme l'Ukraine où le pouvoir semble en fait assez décentralisé, ce qui rend la rétention d'information très difficile pour l'échelon politique suprême. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
La progression ukrainienne vue depuis le côté russe -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Ce qui est étonnant c'est que les dernières "avancées" sur ce front étaient plutôt côté russe. Il n'y a rien qui laisse à penser que les Ukrainiens aient, au niveau opérationnel, suffisamment de force pour vraiment menacer les russes à l'Ouest du Dniepr. C'est d'ailleurs l'analyse de Goya qui est lui aussi très sceptique sur la capacité des Ukrainiens à reprendre Kherson rapidement. Pas impossible qu'ils aient réussi à obtenir un avantage numérique local sur certains points, mais il ne faut sans doute pas s'enflammer. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
En dépit de l'énorme biais pro-ukrainien totalement assumé, c'est étonnamment fiable en ce qui concerne les lieux d'affrontement une fois que tu as compris les éléments de langages. Russians were repelled with losses -> Ca s'est un peu battu (souvent de la reco russe probablement) et les russes n'ont pas avancé significativement Heay figting continues -> Combat en cours Russians had partial success -> Les russes avancent En gros, c'est ça. Le mec est par contre vraiment très bien informé sur les combats dans le Donbass. Il poste souvent des cartes très précises de la ligne de front dans certains secteurs chauds qui se révèlent exactes. -
Chine - Taiwan : Rivalité Militaire
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Henri K. dans Politique etrangère / Relations internationales
Pas impossible non plus que les stratèges chinois aient finement étudié l'épisode du blocus de Berlin qui, par bien des aspects, peut servir d'exemple. La manière dont Staline a perdu le bras de fer contre les USA est assez révélatrice des risques d'un blocus "mou". -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
J'ai envie de dire que si nous, à 2000km de là, on est déjà au courant du truc, c'est déjà foiré avant d'avoir commencé. Et puis surtout, comme tu le dis, comment imaginer que des centaines d'hélicoptères vont pouvoir faire un raid de 200km en plein territoire ennemi, truffé d'AA et de MANPAD, pour arriver à destination. Et quand bien même ça marcherai, ça représenterai peut-être quelques milliers d'hommes au grand maximum, totalement isolés puisqu'un débarquement amphibie en parallèle semble désormais totalement exclu. Et c'est pas les 1 000 clampins prépositionnés en Transnistrie qui vont y changer quoi que ce soit. J'ai vraiment du mal à imaginer l'Etat Major russe assez con pour se lancer dans un plan foireux pareil. -
[OTAN/NATO]
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de zx dans Politique etrangère / Relations internationales
Si je parle de la France, c'est que dans ses multiples tentatives de monter des projets de défense en commun (je ne parle pas des programmes industriels ici), elle a toujours eu tendance à essayer de le faire "contre" l'OTAN, en concurrence, ou du moins ça a toujours été interprété comme tel. Or, la plupart des pays de l'Est n'ont aucune envie de s'embarquer dans quelque chose qui pourrait les brouiller militairement avec les américains. Concernant le problème du manque d'intégration politique, je suis d'accord avec toi mais tout dépend de quoi on parle. Il est évident qu'une armée "européenne" sous commandement supranational n'est ni souhaitable ni possible en l'état (bien que ce fut un truc très sérieusement envisagé dans les années 50). Par contre, avant d'en arriver là, il y a beaucoup de choses que l'on peut faire pour harmoniser nos armées, les faire travailler ensemble, et créer, comme le souligne l'article, des "cagnottes" communes pour financer certains achats qui sont hors de portée des nations à l'échelle individuelle (et le cas des munitions est assez parlant à ce propos). J'avais commis un article d'une dizaine de page il y a quelques années, quand j'étais en licence, dans le journal de mon école sur ces questions et, en le relisant à la lumière des évènements récents, je trouve qu'il n'a pas si mal vieilli même s'il est loin d'être sans défaut. Ci ça intéresse quelqu'un : https://www.transfernow.net/dl/20220825LrC0glaH (et toutes mes excuses pour cette conclusions complètement pédante et hors sujet au passage, clairement le truc le plus loupé) -
[OTAN/NATO]
CortoMaltese a répondu à un(e) sujet de zx dans Politique etrangère / Relations internationales
Article publié dans Foreign Affairs qui milite pour que les USA poussent l'Europe à prendre en main sa propre défense, de manière plus intégrée et autonome. J'ai l'impression que c'est une opinion qui devient de plus en plus répandue au sein des élites américaines du département d'Etat et du Pentagone. Ils semblent réaliser que dans une guerre sur deux fronts, à Taiwan et en Ukraine, ils risquent sérieusement de se retrouver écartelés et qu'une Europe capable de gérer la question russe toute seule leur enlèverait une énorme épine du pied. C'est pour ça que je pense que la France est vraiment en train de passer à côté de quelque chose au niveau de la Défense européenne. Les USA vont rentrer dans une période où, après avoir torpillé sans ménagement tout effort d'intégration européenne sur les questions de défense, ils vont de plus en plus avoir tendance à voir ces initiatives d'un oeil soulagé. La condition que tout le monde aura bien compris, c'est que ce processus se fasse sous l'égide de l'OTAN plutôt que sous l'égide de l'UE, en tout cas en ce qui concerne la direction opérationnelle concrète des moyens militaires. J'ai personnellement la conviction que cette différence d'affiliation est moins essentielle qu'elle n'y paraît, et qu'une Europe de la défense accomplie via l'OTAN arriverai sensiblement à la même conséquence qu'une Europe de la défense via l'UE : un affaiblissement de l'influence diplomatico-militaire des USA en Europe. Ce qui rend les USA si puissants et influents en Europe, c'est que tous les européens comprennent très biens qu'en cas de problème vraiment sérieux, l'appui américain sera indispensable. Si demain l'Europe se dote d'un outil correctement intégré et cohérent, capable de sérieusement répondre à une agression russe, cette influence s'affaiblira. Peu importe au fond que le patch porté à l'épaule comporte une rose des vents plutôt qu'un cercle d'étoiles. Si cet outil existe, que l'intégration se fait, les Européens deviennent largement plus libres de décider de leur propre destinée, et ce bloc européen à peu près uni au sein de l'OTAN rééquilibra en même temps sensiblement la dynamique de l'alliance. - CI DESSOUS L'ARTICLE - https://www.foreignaffairs.com/europe/europe-its-own L'Europe par elle-même Par Max Bergmann Pourquoi les Etats-Unis devraient vouloir une UE mieux armée L'alliance transatlantique connaît une renaissance. La guerre en Ukraine a ramené l'attention de Washington sur l'Europe comme jamais depuis les années 1990, lorsque les États-Unis ont orchestré l'expansion de l'OTAN vers l'est et mené deux guerres dans les Balkans. Les États-Unis ont soutenu l'Ukraine en lui fournissant des quantités massives d'armes, ont rallié l'Occident autour de sanctions économiques sans précédent contre Moscou et ont renforcé l'OTAN en déployant des forces supplémentaires. Il est difficile de penser à un moment de la dernière génération où les relations transatlantiques ont été plus fortes. Pourtant, l'engagement de l'administration Biden envers l'Europe n'est pas viable à terme. La Russie et la guerre en Ukraine resteront sans aucun doute une préoccupation majeure des États-Unis dans les mois et les années à venir. Mais même s'il est peu probable que le soutien des États-Unis à l'Ukraine faiblisse, Washington ne pourra pas maintenir le niveau actuel d'engagement diplomatique, de déploiement de forces et de ressources en Europe sur le long terme. Le pivot vers l'Asie n'est pas terminé. Le risque de conflit en Asie, où la Chine pourrait attaquer Taïwan, pourrait brusquement remanier les priorités des États-Unis. L'essor continu de la Chine ramènera l'attention des États-Unis vers le Pacifique. Washington se trouvera probablement dans l'impossibilité d'équilibrer les demandes de ses alliés en Europe et en Asie tout en maintenant la présence des forces nécessaires pour dissuader la Russie et la Chine. Les États-Unis sont débordés. Mais au lieu de développer une stratégie pour faire face à ce dilemme, en particulier compte tenu de l'intérêt nouveau de l'Europe pour la sécurité - sans parler de sa population de plus de 450 millions d'habitants et d'une économie égale à celle des États-Unis - l'administration Biden a fait comme si ce problème n'existait pas. Alors que les États-Unis se sont montrés indispensables, ils n'ont pas profité de ce moment pour s'attaquer aux problèmes structurels profondément enracinés qui affectent la défense européenne. Les États-Unis devraient poursuivre une stratégie visant à pousser l'Europe à prendre en charge sa sécurité, en transformant l'Europe d'une dépendance sécuritaire en un véritable partenaire sécuritaire. Les États-Unis devraient appeler à la création d'un pilier européen au sein de l'alliance de l'OTAN et soutenir pleinement l'Union européenne pour qu'elle devienne un acteur de défense plus fort. Le danger est qu'au lieu de transformer la défense européenne en réponse à l'invasion russe et d'inaugurer une nouvelle ère, la réponse ne fait qu'ancrer un statu quo que les deux côtés de l'Atlantique trouvent finalement profondément frustrant et intenable. L'Ambivalence Américaine Washington ne sait pas ce qu'il attend de l'Europe. Tous les présidents américains ont demandé aux Européens de dépenser davantage pour leur défense, mais l'objectif global de la politique américaine n'a pas été de pousser l'Europe à se débrouiller seule, côte à côte avec les États-Unis. Les dirigeants politiques et les hauts fonctionnaires américains peuvent croire que les États-Unis indiquent clairement qu'ils veulent que l'Europe fasse davantage pour assurer sa sécurité. Mais les diplomates et les fonctionnaires qui élaborent la politique américaine à l'égard de l'Europe apprécient la dépendance à l'égard de l'Europe et l'influence qu'elle procure : les États-Unis ont le droit de tirer des coups de feu - et ils veulent que l'influence américaine en Europe soit aussi forte que possible. En 2000, Lord George Robertson, alors secrétaire général de l'OTAN, a souligné cette division. "Les États-Unis souffrent d'une sorte de schizophrénie", a-t-il déclaré. "D'un côté, les Américains disent : 'Vous, les Européens, devez supporter une plus grande partie du fardeau'. Et ensuite, lorsque les Européens disent : 'OK, nous allons porter une plus grande partie du fardeau', les Américains disent : 'Eh bien, attendez une minute, essayez-vous de nous dire de rentrer chez nous?'". Près de deux décennies plus tard, lorsque le président français Emmanuel Macron a mené la poussée pour une "autonomie stratégique" européenne, Washington s'est inquiété d'un nouveau complot visant à découpler l'Europe de l'OTAN. En conséquence, les États-Unis ont utilisé leur immense influence en Europe pour bloquer les efforts qui pourraient conduire à une Europe plus indépendante. Il serait acceptable de préserver le caractère indispensable des États-Unis si leur attention et leurs ressources étaient illimitées. Mais le défi pour les États-Unis est que l'attention des hauts responsables est limitée. Le temps est précieux, et la lutte pour les ressources au sein du gouvernement et du Congrès est souvent à somme nulle. En outre, les moyens militaires américains ne sont pas illimités, malgré un budget de 750 milliards de dollars. Cela conduit à d'intenses luttes bureaucratiques pour savoir quelle région ou quel théâtre devrait être la priorité des États-Unis en matière d'attention et de ressources de haut niveau. L'administration Biden est entrée en fonction en donnant la priorité à l'Asie, décrivant à juste titre la Chine comme la "menace la plus pressante". Mais l'invasion de la Russie a temporairement placé l'Europe en tête de la lutte bureaucratique pour les ressources et la visibilité. En conséquence, l'Europe a été inondée de visites de hauts fonctionnaires américains et de troupes américaines supplémentaires - 20 000 personnes de plus à la fin du mois de juin, partout dans les pays baltes, en Pologne, en Italie et en Espagne. Les responsables européens ont salué le retour des États-Unis sur le continent. Mais comme l'a présagé la visite de Nancy Pelosi à Taïwan en août, le pendule de la politique étrangère finira par revenir vers l'Asie. L'Europe perdra cette lutte à somme nulle pour l'attention et les ressources des États-Unis. Une nouvelle ère pour l'Europe À première vue, l'invasion de l'Ukraine par la Russie semble être le choc qui obligerait enfin l'Europe à accepter les supplications des États-Unis d'augmenter ses dépenses de défense. Les pays européens atteindront pour la plupart l'objectif de deux pour cent des dépenses de l'OTAN. L'Allemagne a annoncé une Zeitenwende (nouvelle ère) et approuvé une augmentation de 100 milliards d'euros des dépenses de défense. L'Europe s'est engagée à dépenser environ 200 milliards de dollars dans les années à venir. Ces fonds supplémentaires devraient permettre d'améliorer les capacités médiocres des armées européennes, de renforcer l'OTAN et de réduire la dépendance fondamentale de l'Europe vis-à-vis des États-Unis en matière de combat. Mais il est peu probable que l'augmentation des dépenses permette d'alléger la pression exercée sur les forces américaines ou qu'elle aille suffisamment loin sur le long terme. Au cours des six derniers mois, les pays européens ont envoyé d'énormes quantités d'équipements de pointe à Kiev. L'Europe de l'Est a cédé des flottes d'équipements de l'ère soviétique aux mains des Ukrainiens. Les pays d'Europe occidentale ont envoyé des armes antichars et de l'artillerie avancées, épuisant ainsi les stocks qui devront être remplacés à terme. En outre, la hausse de l'inflation érode également la valeur des augmentations des dépenses de défense européennes. Le problème structurel le plus important est que les augmentations des dépenses de défense européennes ne sont pas destinées à la défense collective de l'Europe mais à la défense nationale des pays individuels. L'Europe ne dépense pas pour protéger le continent dans son ensemble ; ce sont les États-Unis qui le font. Washington fournit les capacités critiques et les moyens haut de gamme (transport, ravitaillement en vol, défense aérienne et antimissile) qui permettent à l'Europe de se battre pour l'Europe. Presque aucune des dépenses de défense supplémentaires ne sera consacrée à des acquisitions permettant à l'Europe de se battre en tant qu'Europe et donc de réduire la pression sur l'armée américaine. L'Allemagne, compte tenu de sa taille, pourrait combler certaines des lacunes, mais ses besoins sont trop importants ailleurs - par exemple, pour remplacer des flottes d'équipements et accroître la préparation de ses forces. Les armées européennes ont toutes des objectifs de capacité de l'OTAN, qui garantissent que les pays membres peuvent remplir certains rôles, mais ces objectifs sont conçus pour aider les forces européennes à s'intégrer aux États-Unis par le biais de l'OTAN, ce qui signifie que la dépendance à l'égard de l'armée américaine est intégrée. En dépit des sommes considérables consacrées à la défense, l'Europe risque toujours d'être dépendante des États-Unis, ce qui souligne le problème plus général de l'approche actuelle de la sécurité européenne. Dysfonction de la Défense L'Union européenne devrait être une puissance militaire mondiale. Elle consacre collectivement 200 milliards de dollars par an à la défense, son économie est égale à celle des États-Unis et ses membres sont liés par une union politique. Pourtant, les armées européennes sont dans un état lamentable, malgré les augmentations des dépenses de défense depuis 2014. L'Europe n'a pas seulement besoin de dépenser plus pour la défense ; elle doit rationaliser et intégrer ses efforts. Mais les propositions de réforme de la défense européenne se heurtent inévitablement à l'opposition des États-Unis, aux guerres de territoire bureaucratiques (notamment entre l'OTAN et l'UE), aux perspectives nationales de clocher et aux intérêts commerciaux et politiques acquis. En tant que garants de la sécurité européenne, les États-Unis doivent mener la transformation en insistant sur la création d'un pilier européen fort de l'OTAN, capable de défendre le continent. L'Europe s'efforcerait de fonctionner comme une seule entité au sein de l'OTAN, l'alliance s'attachant à faire des forces européennes une force de combat capable, avec ou sans les États-Unis. Pour créer un pilier européen au sein de l'OTAN, il faudrait renforcer l'Union européenne, une union politique et économique qui veille aux intérêts européens au sens large. La monnaie et la banque centrale communes de l'UE fournissent le soutien financier potentiel permettant à l'UE d'adopter un rôle de défense de premier plan. L'Union dispose d'un levier juridique et institutionnel qui lui permet d'assurer la conformité et la coordination au niveau national, ce qui est essentiel pour rationaliser le secteur industriel de la défense en Europe. L'objectif de l'UE n'est pas de créer une armée européenne, mais de permettre à l'Europe de se défendre. L'UE peut assumer le rôle de premier financier de la défense européenne, en comblant les lacunes qui dépassent les capacités des États membres, par exemple en achetant des systèmes de défense aérienne et antimissile, des avions-citernes et des moyens de transport. Rien n'interdit à l'UE d'acheter des équipements militaires, qui pourraient être mis à la disposition des États membres ou de l'OTAN. Par exemple, l'UE pourrait financer l'acquisition de stocks massifs de munitions, de pièces d'artillerie et de missiles à guidage de précision (dont l'Europe a manqué lors de son intervention en Libye). L'UE a déjà joué un rôle similaire en Ukraine, en débloquant 2,5 milliards d'euros de son nouveau fonds d'assistance létale pour renflouer les budgets de défense des pays fournissant des armes à l'Ukraine. En juin, la Commission européenne a également annoncé la création d'un fonds de 500 millions d'euros pour inciter les pays à coordonner leurs nouvelles dépenses de défense, à effectuer des achats conjoints, à accroître l'interopérabilité et à réaliser des économies d'échelle. Il s'agit d'initiatives importantes visant à intégrer et à rationaliser les efforts de défense européens, et les États-Unis devraient faire pression sur l'UE pour qu'elle étende considérablement ces programmes. Bien que l'administration Biden se soit décrite comme l'administration la plus pro-UE de tous les temps, elle ne peut revendiquer ce titre que sur la base de la coopération économique. En matière de défense, elle a largement maintenu le scepticisme traditionnel des États-Unis. Ils n'ont pas encouragé activement les initiatives de l'UE en matière de défense ni demandé à l'UE de les étendre. Par exemple, lorsque le président Joe Biden a assisté à un sommet du Conseil européen en mars, dans les premières semaines de la guerre, il a manqué une occasion en or de soutenir une proposition sur la table pour que l'UE emprunte des fonds pour investir dans la défense. Si le président avait simplement dit aux dirigeants européens que si l'UE pouvait emprunter de l'argent à des fins militaires, comme elle l'a fait pour la pandémie de COVID-19, il aurait pu contribuer à inaugurer une nouvelle ère pour la défense européenne. Les États-Unis conservent une immense influence en Europe, notamment en matière de défense. Si l'UE doit jouer un rôle plus important en matière de défense, elle aura besoin d'un soutien américain fort. De la dépendance au partenariat La question que les responsables américains doivent se poser est de savoir si leur objectif est de rendre les États-Unis indispensables à l'Europe ou de faire de l'Europe un partenaire indispensable des États-Unis. Une Europe capable d'assurer sa sécurité n'entraînera pas de fracture de l'alliance, ne minera pas l'OTAN et ne provoquera pas de découplage avec les États-Unis. Le lien transatlantique se renforcera à mesure que l'Europe se renforcera. Il suffit de regarder ce qui se passe sur le plan économique entre les États-Unis et l'UE. La nécessité d'une coopération transatlantique pour fixer les règles économiques de la route face à la montée en puissance de la Chine a conduit au lancement du Conseil américano-européen du commerce et de la technologie. Dans l'ensemble, les relations transatlantiques s'en sont trouvées considérablement améliorées. Une Europe plus forte, dotée de forces terrestres, aériennes et navales performantes, serait une aubaine pour les États-Unis et leurs partenaires asiatiques. Elle entraînerait également une coordination plus étroite au sein de l'OTAN, car les États-Unis cesseraient de considérer l'Europe comme acquise. La véritable menace pour l'alliance transatlantique est le statu quo. Les efforts déployés depuis 25 ans par les États-Unis pour empêcher l'UE de devenir un acteur militaire indépendant ont été largement couronnés de succès. Mais si cela a permis de préserver le rôle indispensable des États-Unis, le résultat est que l'état de la défense européenne pourrait difficilement être pire. Il existe également un risque évident que les États-Unis décident qu'ils ne veulent plus être indispensables à l'Europe. Le prochain président pourrait être un anti-atlantiste tel que Donald Trump ou Josh Hawley, ce dernier ayant voté contre l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN le 3 août. Mais il est tout aussi probable que l'Europe soit rétrogradée, que la Russie soit à nouveau considérée à tort comme un tigre de papier et que l'alliance transatlantique souffre du désintérêt de son partenaire indispensable. Pour éviter un tel avenir, les États-Unis doivent reconnaître qu'ils veulent que l'Europe soit un partenaire indispensable qui puisse se tenir aux côtés des États-Unis. La poursuite d'une telle stratégie et la construction d'un pilier européen au sein de l'OTAN serait un processus qui durerait toute une génération et qui nécessiterait un engagement intensif des États-Unis, poussant les alliés et partenaires européens dans une nouvelle direction. Le moment est venu d'entamer cette transformation.