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Tancrède

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Tout ce qui a été posté par Tancrède

  1. Le problème de la situation sino-indienne et de son devenir, par rapport à la Guerre Froide, c'est "l'encerclement" de l'Inde: les équilibres d'une "guerre froide" nucléaire sont très fragiles. Mais dans ce cas précis, il y a en plus le Pakistan. L'équilibre devient bancal sur ce trépied géopolitique. Vite, faut que le Japon ou la Corée du Sud chope la Bombe; ça rétablira l'équilibre! >:(
  2. Je crois que l'Indianapolis était celui qui avait transporté Little Boy; il a été torpillé sur son chemin de retour.
  3. Ca vient de moi ou Rahul Gandhi a un faux air de John Lennon un peu bouffi? :lol: Dans le cas des armes chimiques et bactériologiques, il va sans dire que des populations rurales ou péri-urbaines (voire dans des concentrations urbaines anarchiques) vivant dans des conditions sanitaires difficiles sont par nature plus résistants aux maladies et mauvaises conditions de vie en général; sélection naturelle oblige. La mortalité infantile est l'indicateur de cette sélection. Une société développée aux conditions d'hygiène satisfaisantes permet de facto, la mortalité infantile faible en témoigne, de laisser vivre des enfants qui n'auraient pas survécu dans des conditions plus dures. Les populations rurales africaines, indiennes, sud américaines, chinoises et d'Asie centrale présentent naturellement des niveaux de résistances plus élevées. Mais elles présentent aussi, dans la durée, des espérances de vie plus faible en raison de la malnutrition, de la sous-nutrition, des conditions de vie.... Pour l'aspect militaire de cette question, cela renvoie au fait simple que les meilleurs soldats, quel que soit le pays, sont toujours en majorité les paysans, particulièrement les montagnards. Les pays développés, certains plus que d'autres, développent de grandes fragilités par les facteurs mêmes qui font baisser la mortalité infantile et allongent l'espérance de vie de leurs habitants: eau courante fluorée, pasteurisation d'une grande partie de la consommation (affaiblissement de la flore intestinale), médication.... Les plus fragiles survivent aussi et se reproduisent, transmettant parfois des faiblesses éventuelles. Si les conditions de vie changent un peu vite, la surmortalité est inévitable. Pour revenir vers le sujet, il est important de souligner que le développement très inégal (et appelé à le rester) et les changements climatiques vont radicalement modifier des équilibres économiques, sociaux et politiques en Inde et ailleurs: la désertification, les changements de rythme et d'importance des moussons, la surconcentration urbaine, l'élévation des températures dans certaines zones, la fonte des glaciers, le tarissement des cours d'eaux dans certaines régions.... Tout concourt à modifier très vite les conditions de vie d'une bonne partie des populations des zones les plus fragiles (Afrique subsaharienne, sud de l'Inde, ouest et centre de la Chine, par exemple), et c'est la rapidité, pour ne pas dire la brutalité des dits changements, qui promet des troubles d'importance et une radicalisation de l'attitude de nombreux gouvernements. Zeus Irae Ce que tu décris, c'est la dissuasion en tant que telle; pas la doctrine MAD qui est très différente. Elle repose énormément sur les systèmes de décision, les processus de repérage, les estimations dupotentiel de l'autre et toute la chaîne qui mène à la décision. Elle repose aussi sur la très nette distinction entre 1ère et 2ème frappe, et la capacité de garantir la crédibilité de la capacité à les garantir toutes deux quel que soit le niveau de dégâts encaissé. C'est une toute autre logique, qui suppose par exemple que le nombre de vecteurs de tous types existe en nombre suffisant pour conserver un potentiel de destruction quasi total même si les 3/4 des SNLE, des ch'tis navions et des ICBM étaient détruits lors de premières frappes. Même si on avait 2 SNLE à portée de la Chine, on n'en aurait pas plus dans l'immédiat, ce qui les rend, en relatif, infiniment plus précieux parce qu'irremplaçables. La dissuasion devient dès lors fragile, puisqu'il suffit d'en couler un seul pour la diviser par 2, et de couler les deux pour l'anéantir à moyen terme. La composante aéroportée ne représente pas le même niveau de menace: moins de vecteurs en l'air, grande vulnérabilité, encore accrue si les avions n'ont pas un grand rayon d'action (le ravitaillement devient une opération lourde, et terriblement vulnérante).... Le maintien de la crédibilité de la dissuasion française repose dès lors sur le silence des SNLE, donc sur un niveau technologique qui n'est pas inégalable. Il est très avancé, mais nombre de pays seront au niveau d'ici quelqes temps, ou tout au moins en mesure de mettre en danger plus sûrement cette dissuasion. Avec le MAD, c'est à la fois la qualité et la quantité (une qualité en soi comme disait l'autre) qui garantissent la crédibilité d'une dissuasion qui concerne, qui plus est, plus que les centres nerveux du pays visé. C'est pas pour rien qu'elle est en soi une doctrine sur laquelle ont planché et planchent encore des milliers d'experts.
  4. ZeusIrae Je te conseille de lire le Diplomatie de Kissinger et l'excellent et prophétique Le bel avenir de la guerre de Philippe Delmas, ainsi que quelques ouvrages spécialisé. La spécificité de la doctrine MAD ne se balaie pas d'un trait de plume. Ce que tu décris avec un nombre limité de têtes, ce n'est que la dissuasion, qui n'a tout simplement pas les mêmes caractéristiques. La doctrine MAD est éminemment qualitative ET quantitative puisqu'elle repose, effectivement, sur la certitude d'une réponse; l'ironie voulant que plus on a de têtes, plus on doit en bâtir pour pouvoir être sûr de préserver du potentiel d'une première frappe adverse, et garder sa crédibilité de frappes premières et secondes. C'est une logique fondée par essence sur la surenchère et supposant intrinsèquement que les adversaires peuvent poursuivre indéfiniment la course, sauf accord mutuel de temps en temps (traités START) pour relâcher la pression et évacuer les vieux vecteurs ou vecteurs à buts et capacités stratégiques obsolètes. Attribuer la surenchère permanente au lobby militaro-industriel relève un petit peu de l'explication des 3 geeks d'X-files ( ;)). Il a certes joué un rôle, mais il n'est pas la cause de cette folie militaire (les Russes n'auraient pas joué ce jeu-là). Un nombre limité de têtes ne garantit au mieux qu'un nombre de frappes limité aux centres les plus essentiels: c'est la doctrine dite du fort au faible, développée par la France et qui repose entièrement sur la certitude qu'un nombre défini de vecteurs sont statistiquement sûrs d'arriver sur un nombre donné de cibles représentant tou ou partie des plus grandes concentrations humaines, économiques et techniques de l'adversaire. Plus l'adversaire est grand, moins ce nombre défini de vecteurs est grand, et moindre est la menace. Le tout est de la garder à un seuil minimal. Mais son effet dissuasif DOIT reposer sur une expertise technique, spécialement celle de la sous-marinade, garantissant le tir des vecteurs quoiqu'il arrive. Cependant, cette doctrine est sans commune mesure avec le MAD dont seuls jusqu'ici les Russes et Ricains ont pu atteindre la folie. Le MAD, ce n'est pas la certitude d'une riposte: c'est la certitude que même si chacun des deux adversaires se fait assaisonner partout, même si leur territoires sont entièrement bombardés, ils garderont tous deux de quoi envoyer encore plusieurs fois de quoi ré-assaisonner l'ensemble du territoire de l'autre. En résumé, c'est la certitude que quoiqu'il arrive, aucune première frappe n'annihilera le potentiel nucléaire de votre adversaire, et que quoiqu'il arrive, quelles que soient vos stratégies de tir, votre adversaire pourra vous annihiler. C'est ce qu'on a appelé "l'équilibre de la terreur". La dissuasion française n'a jamais pu approcher cela, et c'est pas le fait de garantir que Moscou et sa banlieue, plus quelques autres zones, seront certainement rasées qui aurait pu intimider les Soviets pris dans un engrenage où eux et les USA avaient la garantie de détruire la moindre concentration humaine supérieure à 20 000 habitants sur leurs 2 territoires respectifs. Les Chinois, les Pakistanais et les Indiens n'ont absolument rien approchant du 10ème de ce potentiel, et c'est cela qui est le plus flippant, car aucun n'a le pouvoir de préserver son arsenal face à 1 première frappe, et aucun n'a les moyens d'entièrement détruire l'autre, ni une fois ni plusieurs (il faut pouvoir se détruire plusieurs fois pour avoir une bonne probailité statistique de se détruire une seule fois et rendre le système MAD effectif), ce qui laisse la crainte d'une réplique (ou d'armes cachées) venant des zones non touchées. Cette faiblesse des potentiels nucléaires rend de fait la situation encore plus instable, parce que le nucléaire n'est pas un moyen absolu dans l'équation, mais une menace paradoxalement beaucoup plus pressante, parce que tendant plus vers le conventionnel dans ses effets: si la destruction potentielle n'est pas absolue, c'est juste une arme. Si la destruction potentielle est absolue, ce n'est pas une arme normale; là on entre dans le MAD. C'est tout le paradoxe du nucléaire, de sa nature politique ou non, des notions de 1ère et 2ème frappe, et de la façon de le considérer par tous les pays qui l'ont (aucun pays n'a la même définition et conception de l'arme nucléaire et de son employabilité). La situation des arsenaux nucléaires asiatiques est de facto un élément d'insécurité majeur, parce qu'ils sont à la fois trop développés (z'en ont pas une ou deux) et pas assez (trop peu d'armes pour instaurer un équilibre de la terreur, soit un système diplomatique plus stable), et que leur crédibilité technologique est trop fragile pour ne pas rendre ces pays trop prompts à les employer de peur de les perdre, dans une situation de tension (plus la technologie des vecteurs et du processus de décision est avancée, plus la crédibilité, et donc la sécurité, sont garanties). Grosso modo, le MAD se résume au fait qu'il faut être toujours plus un déséquilibré pour trouver l'équilibre :O >:(.
  5. La doctrine MAD ne marche d'abord que s'il y a un surarmement nucléaire, ce qui est loin d'être le cas en Inde et en Chine aujourd'hui. Le surarmement nucléaire indique que chaque adversaire dispose d'assez d'armes et de vecteurs pour annihiler plusieurs fois les infrastructures et concentrations urbaines adverses, c'est-à-dire que chacun est capable, lors d'une première frappe, de dézinguer le gros du potentiel nucléaire de l'autre, et par la suite, d'arroser bases militaires et la plupart des grandes villes. Et c'est là que l'acronyme MAD prend tout son sinistre sens, c'est qu'il faut pour cela avoir une dizaine d'armes pour chaque objectif particulier, afin d'être absolument sûr de toujours disposer des moyens de frapper même après avoir encaissé une première frappe, voire d'autres. Là arrive le sens ironique de la doctrine MAD: la paix, le statu quo, repose sur l'escalade permanente des moyens, en quantité et en qualité (sous-marins plus silencieux, avions plus discrets et de longue portée, missiles plus rapides, plus furtifs, plus évasifs et plus puissants, charges plus lourdes, silos mieux protégés et plus cachés....). Mais à cela s'ajoute l'un des plus gros facteur d'instabilité de ce système terriblement bancal: l'entretien de tous ces systèmes extrêmement chers et en croissance permanente (dont le coût peut contraindre les gouvernements, voire les acculer à des décisions malheureuses: voir la crise des euromissiles côté soviétique, ou, plus marrant, l'attitude du diplomate russe dans le Docteur Folamour). Si l'un des deux adversaires ne peut plus suivre la course permanente, c'est là que le danger arrive. La sécurité ne repose que sur l'équilibre des deux potentiels, à un instant T, mais aussi sur l'équilibre des capacités de progression. Enfin l'autre gros danger vient du processus de décision: il faut, des capacités de repérage de lancement à la décision politique, tout un système de décision clair et rapide, et connu de l'adversaire. Hors, l'un des gros problèmes de cette situation est que le centre de décision est une des premières cibles. Qui plus est, le processus technique, la nature des vecteurs, la décentralisation nécessaire de la décision.... font que l'on est prisonnier de capacités technique: concrètement, dès qu'un missile est tiré, le temps de décision est TRES limité (un ICBM type fin des années 90 met une grosse demi-heure pour couvrir la distance séparant le centre de la Chine de Washington). Le temps de voir qu'il a été tiré et d'évaluer sa cible, ajouté au temps de transmission de l'info jusqu'à la décision politique, une partie de ce temps limité a déjà été bouffée. Ajoutez à cela le fait que le chef d'Etat peut-être en train de dormir, de baiser sa femme, à l'hosto.... Dès lors, ce fut un des plus gros problèmes de la Guerre Froide: que fallait-il faire? Automatiser la réplique afin de garantir la réplique, quelles que soient les conditions (un seul missile tiré et non une attaque massive, possibilités de confusion avec autre chose, erreurs...)? Faut-il décentraliser la décision au profit des différents commandements en s'asseyant sur le processus politique, en prenant le risque d'un commandant trop chatouilleux sur la réplique? Faut-il garder la décision au politique en risquant de n'avoir aucun temps de décision? Sans compter les milliers de problèmes purement techniques. Il a été révélé que pendant la Guerre Froide, les Ricains avaient de facto laissé la décision pratique et l'assignation des cibles (pour les vecteurs programmables au dernier moment) à tous les commandants de base, PA.... Le Président n'avait qu'en théorie la décision. Du côté soviétique, c'était pas mieux. Et de même, j'ai lu un article il y a quelques temps sur les systèmes de décision indiens et pakistanais reflétant les mêmes multiples merdes, avec des problèmes techniques encore plus grands (ils n'ont pas les mêmes moyens que les 2 de la Guerre Froide) qui rendaient la décision de facto TRES fragile et dépendant de commandants sur le front, sans recul. Alors si le le nationalisme s'introduisait dans ce système par essence complètement taré. Et tous les problèmes actuels de ressources, de production alimentaire, de concurrence accrue pour des parts d'un marché global dont la croissance est sans commune mesure avec celle des besoins.... ne feront qu'accroître les pressions pesant sur les gouvernements et partis politiques pour qui la surenchère nationaliste sera le seul moyen de canaliser la rage populaire. On sait que la croissance ne profitera qu'à une part minoritaire des populations chinoises et indiennes (la planète n'est tout simplement pas assez grande). Si vous cherchez l'explication principale des renouveaux identitaires, nationalistes, idéologiques et religieux, elle est là. Ajoutez, dans le cas de l'Inde et de la Chine, l'énorme déséquilibre démographique entre hommes et femmes, et vous aurez des centaines de millions de jeunes hommes pauvres, affamés et sans possibilités de se marier, un état de fait qui n'a d'exutoire que dans une explosion de la criminalité, dans des vagues de religiosité à tendances potentiellement fanatiques, et dans un militarisme accru. Des mouvements de masses, des émeutes, un ratissage massif par diverses idéologies.... sont aussi des conséquences inévitables. Si on est totalement taré, on peut effectivement souhaiter que ces deux géants se lancent dans une course aux armements nucléaires accélérée et finissent par se mettre sur la gueule au plein sens du terme. Parce qu'aucune guerre classique ne peut arriver entre deux superpuissances nucléaires surarmées: au bout d'un moment, le premier à perdre du terrain envisagerait le nucléaire plutôt que de capituler. C'est dans la nature même de cette arme. Et s'ils se balançaient toute la sauce, ce ne pourrait être une guerre limitée entre les deux. Mais s'ils tombaient tous deux à 500 millions d'habitants, vous croyez que ces 500 millions se porteraient comment (brûlés, cancéreux, bébés à 4 têtes....)? Sans parler du voyage fait par les retombées radioactives partout sur le globe: les traitement chimio seraient l'investissement en actions du siècle. Mais aucune autre puissance ne pourrait rester neutre dans un tel conflit, et moins encore dans la course aux armements nucléaires qui le précède. Donc, la montée inévitable des nationalismes est, pour répondre au sujet, un danger mondial qui menace mon petit cul et les vôtres, ce qui est par essence la chose la plus dérangeante. Donc les nationalistes sont coupables, mais leurs avocats vous en convaincront mieux que moi (désolé; vient de relire du Desproges). Cause somethin'touched me deep inside, the day the music died. So bye, bye Miss Chinese-Indian Pie....
  6. Ce n'est la vérité qu'à l'aune d'une certaine lecture d'une personne qui n'a qu'une vision très partielle et idéologique de la guerre. Patay est une bataille de plein droit. Si l'on en croit l'école de pensée du général que tu cites, l'école à laquelle il semble appartenir, une bataille devrait se déclarer et s'engager selon un commun accord, sans surprise, dans un endroit clairement délimité. Il n'y a qu'au tout début de la Guerre de Cent Ans que certains ont encore cru à ce genre de connerie. Patay se situe dans le cadre d'une campagne militaire, la campagne de la Loire, qui commence à Orléans (à Chinon, même, pour être précis) et s'achève à Reims (qui est fort loin de la Loire, je l'accorde à tout le monde ;)). La guerre est par essence un art global, et par définition, un affrontement sans règle autre que celles qu'on accepte ou non d'observer (généralement aucune hors certains usages concernant les prisonniers et cadavres). En quoi Patay ne serait pas une bataille: il s'agit certes de l'avant-garde de l'armée royale, dirigée par Poton de Xaintrailles et La Hire, qui avance à la recherche de l'engagement. Ils font ce que tout bon commandant fait (ce qui ne fut pas souvent le cas pendant cette guerre), à savoir dispatcher des éclaireurs. Cette avant garde a pour particularité de n'être pas un corps d'armée en soi, mais d'être entièrement montée. La Hire fait ce qu'il a à faire: il entend que l'armée ennemie a été repérée pour ainsi dire en rase campagne et non retranchée (elle est en mouvement). Par ailleurs, il a de bonnes raisons de croire que ses éclaireurs n'ont pas été repérés: il prend donc la décision d'attaquer séance tenante. Reprocherais t-on à Auerstedt, selon les mêmes critères de lecture que cet historien, de n'être qu'une escarmouche d'une certaine taille, une action de retardement ou un abcès de fixation destiné à faciliter la bataille d'Iéna au corps principal de Napoléon? La panique de l'armée anglaise vient uniquement du fait qu'elle est débordée par l'attaque. Et c'est très révélateur des différences des outils militaires: les Anglais ont un corps de bataille aux 2/3 fait d'archers et presque sans cavalerie. Cette composition leur interdit toute capacité offensive et nécessite l'installation d'un dispositif défensif lourd (palissades de pieus, formation nette avec les archers en deux groupes sur les flancs, un peu avancés et en biais) qui prend du temps. A l'inverse, les Français ont un ratio d'un cavalier pour 3 fantassins, avec une faible archerie (les arbalêtriers gênois) qu'il laissent rarement s'exprimer. Ce dispositif a été très mal utilisé pendant l'essentiel de la guerre, principalement à cause du commandement (stupidité et/ou chaîne de commandement peu claire eu égard aux statuts de nombreux princes, problèmes d'assujettissement à l'autorité). Les Anglais avaient un avantage certain vu la cadence de leur archerie, mais, hors du commandement, cet avantage n'avait rien de définitif ni d'insurmontable. Seulement pour bien l'utiliser, il fallait faire ce que Xaintrailles et La Hire ont fait, à savoir profiter de la rapidité de mouvement et de la puissance du choc, avec comme engrenage principal la bataille de la reconnaissance. Dans le cas de Patay, elle a été bien menée. La décision a été rapidement prise; pas besoin d'attendre le reste de l'armée. Ils ont foncé sur une armée anglaise qui ne les a vu venir que trop tard pour établir son dispositif défensif qui requiert environs 2 à 3 heures d'installation. Et là, la puissance du choc a pu jouer à plein contre des piétons légers dont l'organisation n'a pu tenir face la crainte du contact. Falstoff a déguerpi avec la cavalerie, abandonnant ses archers et hommes d'armes. Patay est à tous points de vue une bataille: ce n'est pas parce qu'elle n'a duré que quelques instants qu'elle ne l'est pas. Seulement, à l'inverse des autres grandes batailles de la Guerre de Cent Ans (sièges ou batailles en rase cambrousse), elle s'est faite selon les termes définis par les Français. Ca s'appelle avoir l'initiative. Elle aurait duré un poil plus si les Anglais avaient résisté au premier assaut, mais ce ne fut pas le cas. Examinons: - repérer l'ennemi - maintenir le brouillard de guerre tant qu'on peut - décider rapidement - choisir son terrain - agir selon ses forces - disposer ses forces au mieux de leurs possibilités et du terrain - concentrer ses forces sur le point faible de l'adversaire Ces caractéristiques peuvent correspondre aussi bien à Patay qu'à Azincourt, Crécy, Poitiers, Formigny ou Castillon: il ne s'agit pas d'une rencontre de hasard au détour d'un chemin entre deux partis de reconnaissance. Il s'agit d'un bon commandant qui a pris une initiative suite à un renseignement obtenu et ayant une validité limitée dans le temps. Il a pris l'initiative, et affronté les Anglais selon ses propres termes, chose que les Anglais avaient fait à chaque fois auparavant (sauf Du Guesclin, qui avait aussi choisi une autre tactique, plus latérale, mais consistant aussi à n'attaquer que sur son terrain, selon ses termes). De même que les Anglais pouvaient, dans leur dispositif, affronter une armée plus nombreuse, La Hire a utilisé la cavalerie au mieux, dans le cadre d'un choc décisif, où un millier de chevaliers pouvaient l'emporter sans problème sur 5 à 6000 fantassins. Le point commun des deux dispositifs? Le choix du temps et du lieu de l'affrontement: la gestion du temps et de l'espace, c'est-à-dire la stratégie. Si on laisse les Anglais choisir le lieu et s'installer, et qu'on les attaque après, dans les conditions où ils sont les plus forts, c'est une bataille? Mais si on attaque selon nos termes, là où on est les plus forts, c'est de l'escarmouche? Sun Tzu, Machiavel et Clausewitz riraient beaucoup de ce soi-disant général. Les Anglais ont perdu la bataille de la reconnaissance à Patay; ils n'ont su plus tard que La Hire que la bataille avait commencé, c'est tout. Il faudrait leur concéder absolument tous les avantages stratégiques (choix du terrain -colline, défilé étroit-, du moment -quand ils ont fini de monter leurs palissades) pour que ce monsieur daigne appeler Patay une bataille? Si les Anglais sont assez cons pour se laisser prendre au dépourvu, c’est tant pis pour eux, comme c’est tant pis pour les Français s’ils sont assez cons pour attaquer les Anglais quand ils ont installé leur dispositif : on n’attaque pas l’ennemi là où il est le plus fort, sauf s’il s’agit d’une manœuvre (type Gaugamèles ou Austerlitz). Ne pas installer de retranchement chaque fois qu’on fait une pause et ne pas dispatcher assez d’éclaireurs furent les deux fautes des Anglais à Patay. Fautes d’autant plus graves qu’ils savaient de quoi était faite l’avant-garde française et quelle était sa mobilité et son humeur agressive du moment (« courre sus »).
  7. Je reviens à ce sujet sous un angle global: comme peu de conflits dans l'histoire, la Guerre de Cent Ans n'a pas été une guerre pendant cent ans, mais plutôt une alternance de périodes de paix et de phases de guerres, dans un climat global et permanent d'insécurité et d'incertitude extrêmes. Il s'agit plutôt d'un état de guerre permanente qui pèse sur l'ensemble du pays, de la société, de l'économie et des instirutions. C'est un fait connu. Mais pour cette vision de long terme, il est plus intéressant de souligner quelques aspects ayant des influences puissantes sur le cours des évènements, la perception stratégique, les calculs et les possibilités des belligérants/ Je pense surtout à l'évolution du financement et des possibilités de financement de la guerre, ainsi qu'à l'épidémie de peste noire qui envahit l'Europe en 1348 et s'installe jusqu'à la fin du XVème siècle. Je ferai un post construit sur la chose, mais je suis à la recherche d'avis différents sur ces questions. Des idées?
  8. Arrête d'essayer de la jouer espagnol victime de la légende noire et de t'abriter derrière un préjugé: LIS mon post, et tu verras, au lieu de répliquer à ce qui convient le mieux au fait de ne pas te remettre en cause. Parce que jusqu'ici, tu n'as mis aucun argument. Facile de répliquer en disant que mon post est long et que ça ne prouve rien; c'est gratuit. Moi au moins je fais un effort et je bâtis un raisonnement. Tu ne répliques qu'avec des affirmations. J'ai aussi des sources espagnoles, et je n'ai pas dit ce que tu me fais dire (méthode qui relève de la mauvaise foi). Pour Rocroi, je constate juste: ceux qui restaient étaient des Tercios Viejos (y'en avait 5 à Rocroi), c'est pas un grand mystère ou un point particulièrement polémique. Pour ce qui est de la fin de la bataille, je souligne juste que les boulets de canon et la mitraille rentrent très bien dans la chair humaine, et que Condé en avait beaucoup à la fin de la bataille, ce qui rendait l'issue très probable et inévitable (j'adore la fin d'Alatriste, quoi qu'elle n'ait rien à voir avec le bouquin, mais c'est toujours joli), particulièrement pour les Tercios bien plus vulérables que l'ordre mince à l'artillerie. Maintenant, renseignes-toi sur la guerre à cette époque: ce sont des petits chauvins qui disent que les quartiers sont un fait exceptionnel. Y'a des centaines de cas analogues: ça se faisait, c'était un usage de la guerre quand un adversaire s'était bien battu. Celui qui l'emporte propose la reddition; le vaincu s'il s'est bien battu peut alors demander des quartiers, et les honneurs de la guerre. Une manière de l'honorer et de s'honorer soi-même. Bienvenue sur la planète. Que l'armée française ait été faite de régiments de base, c'est un fait: à cette époque, fait rare dans l'histoire, elle n'avait pas vraiment de formations d'élite d'infanterie (autres que quelques compagnies spécialisées) de taille anecdotique. Problèmes de financement. La cavalerie de la Maison du Roi était la seule élite. Plus tard, des régiments d'infanterie cadre (les 5 Vieux, la Maison du Roi) pourront être entraîns en élite. Ce n'est pas facile; c'est un constat et un état de fait dont on peut trouver trace dans les ordonnances de Louvois sur la réforme de l'armée, soulignant l'objectif de porter un certain nombre de régiments en régiments-cadres, formations d'élite disposant du recrutement et de l'entraînement adéquats. Essayes de trouver un seul biais anti-espagnol dans mes posts avant d'accuser: j'aurais même une tendance naturelle au biais inverse (Capitan Alatriste oblige). J'ai dit spécifiquement que l'organisation du tercio était la meilleure formation d'infanterie de ligne du XVIème. N'accuses pas de l'inverse pour me servir du préjugé anti-espagnol. Ceci dit, la légende noire espagnole fait surtout d'eux des salauds, pas des lâches; c'est le cinéma hollywoodien et les merdes swashbuckling des années 50-60 qui véhiculent ça. Sur les nuances sémantiques, cela reflète juste le fait que tu regardes l'histoire avec la foi du charbonnier ("c'est qui le plus fort? Hein? Hein"). Les trucs genre "dominer" ou "inégalable" relèvent juste de l'absence de jugement historique. Je me fous bien de ce que tu penses et ça ne me déplaît pas. Ce qui m'énerve, comme souvent, ce sont ceux qui affirment gratuitement, et surtout le degré auquel ils affirment, qui n'a rien à voir avec la réalité, mais qui ressemble juste à un lamentable concours de bite entre pochards incultes et avinés. Mais, pour te citer, c'est juste mon opinion et tant pis si elle te déplaît. Moi au moins j'essaie d'expliquer comment s'articule mon point de vue et sur quoi il se fonde, et j'essaie de le relativiser en raisonnant par l'inverse; c'est ça qui s'appelle une opinion. C'est un processus. Si tu avais étayé un raisonnement pour faire ton post, crois-moi, ça se verrait, et crois-moi, je n'emploierais pas le même ton. Je sais qu'il m'arrive de paraître condescendant: c'est un réflexe dès que quelqu'un affirme gratuitement et décrète la vérité (surtout quand j'essaie de me fouler à prendre du temps pour faire plus qu'aligner 50 lignes, mais surtout de les réfléchir un minimum). C'est épidermique. Et c'est pire quand cette personne me fait dire ce que je n'ai pas dit; là j'ai des envies de meurtre. Maintenant, on peut aussi se calmer, aller sur le topic tercio, et essayer de raisonner HISTORIQUEMENT, analytiquement, de la base.
  9. Les quartiers ont été accordés. Y'avait pas d'immenses difficultés à finir ce qui restait, vu le différentiel d'artillerie à ce moment de la bataille: y'avait qu'à tirer jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un rayon boucherie au détail. Si les Espagnols avaient été en position de faire autrement, ils auraient fait autrement! Gné ;)! Condé a accordé les quartiers tout bêtement parce que c'est comme ça que la guerre se faisait alors: les usages de la guerre sont ainsi. Tout ce qui restait, c'étaient un noyau des tercios viejos, c'est-à-dire l'élite de l'armée espagnole (contre des régiments de base français, si je veux entrer dans les détails) et non des tercios en général (le genre de troupes qui fait toujours un baroud d'honneur): 4000 à 4500 hommes sur 5 tercios initialement (soit un effectif initial de 10 à 15 000 hommes). La cavalerie espagnole a déguerpi, poursuivie par Gassion. Vu l'effectif qui restait à Condé, et surtout son parc d'artillerie, dire que Condé n'arrivait pas à les entamer relève du pur et simple aveuglement, parce que je t'assure que les boulets et la mitraille entament très bien la chair humaine. Y'a sûrement des scientifiques qui l'ont démontré. C'est marrant comme tu présentes la chose pour la guerre d'indépendance hollandaise (1548-1658): à te lire, on croirait que les Espagnols ont résisté à des attaques anglaises, hollandaises, françaises et des allemands protestants. Hors en Flandres, les Anglais envoient moins de 1000 hommes symboliques pendant quelques années (contingent de Lord Seymour), les Français n'interviennent pas avant la guerre de Trente ans et les princes protestants sont surtout opposés aux Impériaux. En France, on est assez occupés à ce moment par une guerre civile pendant un bout de temps, du genre religieux; Ho! Sauf quand Henri IV fout quelques honnêtes défaites aux Espagnols, y compris ceux présents dans les troupes de la Sainte Ligue sous les Guise et le Duc de Mayenne: Fontaine Française en est une amusante plus que sérieuse, mais il y en eut d'autres, de même que la petite guerre en 1600 qui nous permit de prendre Bresse et Bugey. Parce que à te lire, on croirait que les malheureux tercios sont isolés, tristes et seuls dans les lointains Pays-Bas: on parle de l'empire Habsbourg! même divisé en 2, le Saint Empire est une entité amie, avec, malgré la Guerre de Trente Ans, un fort parti catholique qui a aussi ses armées (pas des tercios comme tu as l'air de le laisser supposer). Pour l'Espagne, c'est aussi une bonne portion d'Italie par héritage, mais surtout, hors empire colonial, tout l'héritage bourguignon! C'est à dire un territoire continu de l'Italie à la Mer du Nord, avec entre autres la Franche Comté, une part de Bourgogne, la Rhénanie et les Pays bas (moins la Hollande après 1548), soit une bonne part des territoires les plus riches et les plus peuplés d'Europe. Navré d'être franc, mais en Hollande, les Espagnols ne sont pas au bout d'une ongue chaîne logistique: ils jouent à domicile! Je ne parle pas des historiens en général (quoique je n'en prends absolument jamais AUCUN au mot à moins d'avoir recoupé son dire par plusieurs autres sources), je parle du site en lien sur la page wiki, qui par ailleurs confirme les quartiers demandés et accordés (et il est pas le seul). pour le reste, je ne constate absolument aucun argument. Juste des affirmations ("les tercios furent inégalables" relève du même ordre que les plus fameux sujets de forums, du genre "c'est quoi les meilleures forces spéciales", "c'est lesquels les plus forts") . Je ne prétends pas à la vérité absolue, mais au moins je me foule pour bâtir une amorce de raisonnement et d'analyse fondé; je balance pas des affirmations péremptoires. Ca s'appelle du respect.
  10. 1500? Y'a rien de comparable à un tercio en 1500. Ca se met entement en place et ça arrive plus tard (c'est 1525 si tu veux un acte de naissance officiel). Et en 1631, l'ordonnancement suédois est déjà vu comme plus efficace. De plus ce côté "jamais égalé" est TRES subjectif: y'a une marge entre un penchant chauvin et un biais. Voire le sytème tercio comme une martingale, de recette qui entraîne le succès, c'est comme les milliers de petits historiens qui t'expliquent, par exemple pour la 1ère guerre mondiale, que telle innovation sur le terrain (une nouvelle grenade, un nouveau canon, une nouvelle organisation de la section d'infanterie....) a expliqué les mouvements du front et les réussites de tel ou tel camp. Ca, c'est expliquer l'histoire par le petit bout d'une seule lorgnette. La stratégie est une science globale, et l'art militaire aussi. D'abord, 15 à 18 000 hommes répartis en plusieurs fronts ne peuvent expliquer quoi que ce soit; ces Tercios Viejos étaient-ils les meilleures unités d'infanterie de ligne (si on peut utiliser ce terme à cette époque) du XVIème siècle? Certainement. Y'a peu de doutes là-dessus. Après, il faudrait aussi penser à l'infanterie légère que l'Histoire Moderne (c'est-à dire, grosso modo celle couvrant la période 1492-1789) a une tendance facheuse à négliger (plaidoyer pour ma baraque ;)). Ensuite, le système du tercio, premier essai d'optimisation des armes combinées en service dans l'infanterie, fut diversement appliqué dans l'infanterie espagnole. Comme je l'ai dit, il n'est vraiment appliqué comme il se doit que dans les Tercios Viejos, troupes expérimentées, bien réglées et bien entraînées. Mais ces troupes coûtent une fortune, et leur modèle ne peut être appliqué au gros de l'armée. On garde l'organisation, les dosages arquebuse-piques, mais l'entraînement et la discipline n'ont rien de comparable dans le reste de l'infanterie espagnole, qui n'a dès lors rien de terriblement supérieure, si ce n'est que l'Espagne étant alors le pays (ou plutôt l'Empire) disposant du plus de numéraire grâce aux métaux précieux du Nouveau Monde. De plus, elle avait dans les Flandres et contre les Turcs des fronts permanents. De ce fait, elle pouvait entretenir une armée nombreuse sur de plus longues périodes, accroissant la moyenne d'expérience globale des troupes (accroissement toujours amoindri par l'attrition et la désertion), et surtout de ses commandants. Les difficultés croissantes des finances espagnoles (corruption, surdépense.... les causes sont connues) font décroître ces capacités. Même les Tercios Viejos connaissent vite des problèmes de retards de paiement, et par la suite, inévitablement, de désertion. Bon an mal an, on maintient les capacités des meilleurs, comme tous les pays le font pour les unités cadres, les unités dites de Garde, les formations d'élite. Mais juger de l'infanterie espagnole à l'aune de son élite relève juste de la mythologie, pas de l'Histoire. Je ne parle pas de l'armée napoléonienne à l'aune de la Vieille Garde, ou même de l'armée française sur toute la période napoléonienne à l'aune de l'armée du Camp de Boulogne. Après, le système du tercio révèle ses insuffisances graduellement, comme tout système. C'est avant tout l'ordre mince des armées suédoises de Gustave qui indique son manque de souplesse. C'est ensuite Rocroi qui montre son manque de mobilité et sa vulnérabilité, par concentration et lenteur, à l'artillerie quand on sait la concentrer. Je suis navré d'être franc, mais à Rocroi, il y a eu victoire décisive de Condé (fais gaffe à wikipédia pour les batailles: même entre les différentes langues, ils sont pas d'accord sur les statistiques, et parfois de beaucoup: regarde la même bataille en Anglais; fais comme moi, lis dans des vrais bouquins, plusieurs sur le mêm sujet). Et ce alors que les Français étaient en infériorité numérique, et surtout avec une armée qui commençait seulement à se former. Pour la question des effectifs, les sources sur wikipedia varient en qualité, et surtout ne sont pas assez nombreuses (encore une fois, voir dans d'autres langues); je me fie plus aux documents administratifs et aux analyses d'historiens confirmés de toutes nationalités. La cavalerie ne pouvait percer, sans effet de surprise ou flanquement, une infanterie organisée? Super, on avait redécouvert ça 3 siècles avant. Mais Condé a accordé quartier. S'il ne l'avait pas fait, y'aurait eu de la charpie et/ou plus de prisonniers. Maintenant, je prends le raisonnement par l'inverse avec la défaite de Pavie (1525): le mouvement espagnol de contournement est bon, et la surprise bien ménagée, mais la bataille d'infanterie qui s'ensuit n'a rien de décisif. Le recul de l'infanterie française (en fait française en partie seulement, comme l'infanterie impériale n'est qu'en partie espagnole) plus tard n'a rien d'irrémédiable. C'est, de l'autre côté la charge stupide de françois Ier, féru d'esprit chevaleresque, qui fout tout par terre en bloquant l'artillerie qui était en train de massacrer les impériaux; il cherche l'affrontement de cavalerie dans un délire de chevalerie. A partir de là, il est isolé au milieu de la masse adverse. Sa capture entraîne la retraite, puis la déroute du reste de l'armée décapitée dès lors qu'une poursuite en règle est ordonnée (c'est généralement là que 80% des pertes se font). De ça, les glands déduisent à la supériorité de telle unité sur telle autre, de telle nation sur telle autre, ou de tel système sur tel autre. Je pourrais utiliser aussi l'exemple des générations d'historiens médiévaux qui font du système de bataille en défense anglais autour des archers gallois une espèce de recette absolue pour la victoire, ou une unité spéciale quasiment magique. Utiliser Patay comme contre exemple est très facile et démontre la stupidité des arguments de tous ceux qui inventent des supériorités supposées, intrinsèques à un système, un pays, une invention.... Le site spécialisé sur le tercio qui est en lien sur la page wiki est un de ces milliers de sites de passionnés qui ont le nez trop près de leur sujet favori. Je pourrais aussi te démontrer que si l'infanterie espagnole l'emporte sur la française au XVIème siècle, c'est à cause des conneries de Charles VIII et Louis XII qui ont graduellement détruit l'armée professionnelle édifiée par Charles VII et Louis XI par économie de courte vue, pour ensuite déverser des fortunes en mercenaires aux qualités et combativité douteuses, les accompagnant de levée de paysans inexpérimentées. Ou encore que les tentatives de "Légions" de François Ier furent une bonne idée qui eut pu parfaitement réussir et constituer un pendant au système tercio.... S'il avait essayé de les financer. Il s'est contenté de décréter leur levée, sans foutre de fric dedans; mais leur système était très pertinent, et aurait pu réussir. D'un autre côté, une réussite de ces légions aurait sans doute empêché le développement du système régimentaire plus souple ultérieurement, et posé à la France le même problème d'unités trop massives et pataudes. Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, je faisici un plaidoyer pour un effort de chacun vers l'objectivité, pas pour la publication des mythologies nationales, surtout les plus enfantines.
  11. C'est pas vraiment moi, suffit de lire. A ce propos, je recommande hautement, mais alors vraiment hautement la trilogie de Gilles Perrault Le Secret du Roi (le secret du roi, l'ombre de la Bastille, la revanche américaine). Malgré les titres, ce sont des livres d'histoire, pas des romans. Mais ils se lisent comme des romans: ils sont fabuleux. C'est toute l'histoire géopolitique du XVIIIème siècle vue au travers des acteurs du Secret: diplomatie, intrigues, caballes, Cour, économie, société, guerre, sciences, stratégie, personnages marquants, moeurs.... Ca reste un must absolu.
  12. C'est pas une hégémonie, au mieux de la prééminence; aucun type d'unité n'a atteint une telle supériorité sur d'autres dans l'histoire européenne moderne. Les avantages absolus sont rares dans l'histoire militaire. Et cette prééminence dure un petit siècle, pas 150 ans: les tercios se mettent lentement en place par réformes et adaptations successives dans les années 1500 à 1520. 1525 voit l'apparition du terme par regroupement des compagnies mixtes piquiers-arquebusiers. Et pendant l'essentiel de leur grande histoire (XVIème siècle), les tercios espagnols sont très peu nombreux: ce sont des troupes d'élites dans l'infanterie espagnole, troupes qui coûtent une fortune à entraîner et dont l'Espagne, malgré son empire, ne pourrait accroître vraiment l'effectif pour en faire sa troupe régulière. Une bonne partie des unités appelées tercios sont surtout les tercios non espagnols, dont l'entraînement est bien moindre, principalement faute de moyens et faute de temps: ces troupes sont en effet sollicitées en permanence, dans les Pay-Bas principalement, et sont en fait des unités d'infanterie plus traditionnelles. L'élite proprement dite, les tercios d'Espagne et certains d'Italie, ne sont pas très nombreux avant les années 1630-1640; et à ce moment il s'agit plus d'une extension du nom que d'une mise à niveau du reste de l'infanterie, vu que l'Espagne n'a pas les moyens de former des Tercios à grande échelle. Les Tercios Viejos, qui sont les "vrais" Tercios, les seuls à recevoir l'entraînement, les moyens et l'ordonnancement voulu; ils comportent (là, comme tous les tercios), suivant une organisation qui varie avec le temps, un effectif théorique de 3000 hommes, jamais atteint dans la pratique (comme toutes les unités militaires, surtout à cette époque) qui doit plus voir évoluer des formations de 2000 à 2500 hommes. Ceux-là sont sans doute la meilleure infanterie du temps, mais il s'agit au global de 15 à 16 000 hommes répartis entre l'Espagne et l'Italie, et les autres théâtres d'opération suivant la nécessité. Le corps de débarquement du Duc de Parme était fait essentiellement des Tercios des Flandres, troupes aguerries (par les conflits des Flandres) mais juste de l'infanterie régulière; pas des Tercios Viejos. Imaginer ce qui aurait pu se passer s'ils avaient pu effectivement débarquer relève du domaine du rêve, notamment parce qu'il est très difficile d'évaluer l'état de l'Angleterre à ce moment. Une réaction nationale, mais surtout religieuse, aurait sans doute eu lieu et les troupes espagnoles n'auraient pas apprécié le séjour, comme toute armée occupante subissant une guerre-guérilla idéologique. Nul doute cependant que dans un premier temps les Rosbifs auraient dérouillé: l'état de l'armée élizabéthaine était proprement lamentable. Elle était sous-financée, obsolète et peu nombreuse, et l'Angleterre se remettait encore de sa guerre de religion. Mais une invasion espagnole, comme sa simple menace l'a fait, aurait cristallisé la réaction nationale, et ce sur une île, où l'arrivée de renforts et d'approvisionnements aurait été très aléatoire, soumise au harcèlement anval et terrestre. Sans compter que le Duc de Parme ne pouvait s'absenter des Flandres pendant longtemps: le fritage avec les Hollandais continuait et son corps expéditionnaire aurait assez vite gravement manqué à ce front. Quand je dis que ce coup de main ne prouve rien, je souligne qu'attaquer des garnisons de province dans un coin paumé d'Angleterre n'a rien de bien notable: c'est un coup de main habile et efficace, mais c'est du harcèlement de petite échelle et rien d'autre. Pour les défaites, j'ai un peu la flemme d'aller fouiner ce soir; je le ferai demain. Mais c'est pas dur d'aller trouver les défaites espagnoles des années 1510-1520 jusqu'à la Guerre de Trente Ans (fin de la prééminence de l'organisation des Tercios en deux fois: 1631 contre les troupes suédoises de Gustave Adolphe, et 1643 contre les Français).
  13. C'est pas tant la Manche que la météo qui les a sauvé; bien sûr le fait que l'Angleterre soit une île a permis cette situation, mais c'est avant toutla météo qui a dézingué la Famose Armada (je rappelle "qu'invincible armada" est une appellation anglaise). La bataille de Gravelines, comme il a été dit, n'a aucun résultat stratégique, ni aucun effet significatif sur l'armada, sauf celui de décourager son commandant en chef, le Duc de Medina Sidonia, un courtisan et un terrien qui n'aurait jamais du être placé à ce poste par un roi stupide et bureaucratique qui voulait tout régenter depuis l'Escurial. M. Poirot, si ce échec avait du être si décisif, la paix conclue à Londres une douzaine d'années plus tard aurait été vraiment différente. Il se trouve que le débarquement espagnol ultérieur, même s'il ne s'agissait pas d'une vraie invasion. Mais surtout, la décennie 1590 fut très funeste aux armes anglaises: échec d'une "invincible armada" anglaise et de l'invasion de l'Espagne, défaites en mer et défaites sur terres. Ca, bizarrement, les Anglais sont vachement moins enclins à en faire la pub, au point qu ces défaites passent pour des escarmouches, ce qu'elles ne furent pas. Pour 1588, le "génie" en mer des Anglais fut bien faible quand on y regarde de plus près: l'essentiel de leur flotte était faite de marchands armés, certes très capables pour faire du "hit and run" et frapper de plus loin (leurs canons étaient meilleurs), mais constamment à court de munitions et incapables d'emporter la décision contre les galions lourds espagnols (machins ingouvernables, mais costauds). D'ailleurs, les Anglais ne purent entamer la force de combat de l'Armada et ne coulèrent quasiment aucun galion, juste de la poussière navale et des navires de transport, en nombres insuffisants pour abîmer la logistique. Les atermoiements du Duc de Parme (un soldat compétent, mais pas convaincu par l'opération) et la nullité de Medina Sidonia bloquèrent l'armada à l'ancre et permirent la fameuse attaque de brûlots. Maintenant, Gran Capitan, sois pas si chauvin à faire des Tercios une espèce de force invincible: ils ont aussi pris leurs bonnes branlées comme tout le monde, et représentaient de plus une force très inégale (et la force d'invasion de 1588 n'était pas faite de 30 000 hommes enrégimentés dans des Tercios: ils coûtaient cher). Tous les tercios ne se valaient pas en effet, très loin de là. Ce n'est pas un coup de main dans un coin paumé de la côte anglaise qui prouve quoi que ce soit; à ce compte là, la descente en Angleterre de 1797 par un millier de repris de justice est une invasion réussie. Dans tous les conflits, l'Angleterre a vu ses côtes ravagées et des descentes ponctuelles piller et incendier des ports et des villages: on l'a fait très souvent.
  14. C'est le plan qui est évoqué dans le film Beaumarchais, l'insolent, dont le chevalier d'Eon possède un epartie qu'il monnaye en même temps que son retour avec immunité. Il ne s'agit bien sûr pas d'un document unique, mais d'une some importante de plans, de données et d'études menées et établies par le Secret du Roi, le service de correspondance secrète (qui fut en fait le premier service secret organisé au sens moderne du terme, à l'écart des agents particuliers et ambassadeurs en usage jusque là, ainsi que deu fameux "Cabinet Noir" qui examinait le courrier en France) établi par Louis XV et dont certains grands organisateurs et agents comptèrent parmi les grades figures du XVIIIème, à l'insu de la diplomatie officielle: Charles de Broglie, le Prince de Conti, Jean-Pierre Tercier, Voltaire, Beaumarchais, le chevalier d'Eon, Johann de Kalb, Lafayette (il n'était qu'en partie initié, mais il était un protégé de Charles de Broglie à qui il doit sa carrière en Amérique), Vergennes, Sartine, le Comte de Paradès, le jeune Baron de Batz (qui fera tant dans l'ombre pour jeter à bas la Convention et causer l'échec économique des assignats).... La succession de Pologne et l'Indépendance Américaine se seraient déroulées tout autrement sans les hommes du Secret (on peut même dire sans exagérer que l'Indépendance américaine ne se serait pas faite sans eux). Ce plan fut une merveille d'organisation, un travail titanesque de renseignement mené et mis à jour pendant des années: son élaboration fut ordonnée par Louis XV pendant la Guerre de Sept Ans et Charles de Broglie établit pour l'exécuter un vrai Etat-Major et des moyens de renseignements dont on ne retrouvera pas la pareille avant Napoléon et, par la suite, le Grand Etat-Major Prussien. Des agents furent entretenus et remplacés pendant plus de 20 ans en Angleterre, dont certains au plus haut niveau, actualisant les défenses et l'organsiation du territoire anglais, ainsi que ses structures politiques, économiques, sociales et militaires. En France, l'organisation, la répartition et l'estimation des forces et de leur ravitaillement dans la durée furent pensées de manière systématique, réaliste et dynamique. Enfin des opérations dipolmatiques et de renseignement actives furent prévues pour affaiblir l'Angleterre: opérations économiques sur la Bourse (pour lesquelles des achats aussi massifs que discrets étaient opérés lentement, dans le temps) et la monnaie (des ateliers de faux papier monnaie avaient des stocks massifs faits pour déstabiliser le crédit anglais), opérations d'intox diverses, repérages d'agents anglais pour mener la désinformation..... Et bien sûr, le volet purement militaire des opérations avait été mûrement pensé ar Charles de Broglie, un excellent stratège qui n'eut jamais l'occasion de se révéler pleinement mais que Frédéric II de Prusse respectait éminemment. Il n'eut pas le destin qu'il méritait, empêché par son abominable caractère, la lourdeur du pouvoir royal en temps de guerre, les factions adverses (d'Argenson, Choiseul, Maurepas) et, pendant la première partie de son action, la lâcheté, ou plutôt l'irrésolution, continuelle de Louis XV. Le plan de descente, pour une fois, avait fait appel de vrais marins pour tenir compte du versant naval; il n'assumait pas non plus la nécessité d'une victoire décisive contre la flotte anglaise comme condition sine qua non du lancement. Il établissait en fait avant l'heure un plan clausewitzien de percée sur Londres grâce à une bonne connaissance des structures et réseaux de pouvoir anglais. Louis XVI en ordonna la destruction, ce que Charles de Broglie ne put se résoudre à faire. Bien lui en pris, puisque quand l'affaire américaine devint sérieuse, il en commanda un nouveau. De Broglie ramena cette somme qu'ilavait continuellement tenue à jour, ce qui prouve la souplesse du plan originel. Le plan lui-même et l'index de ses centaines de documents et études annexes (ainsi que les listes, noms adresses et réseaux) sont consultables aux archives de la Défense. Pratiquement tous les instituts d'études militaires en ont des copies. Du point de vue logistique, on peut sans exagérer dire qu'aucun plan de débarquement ne fut aussi travaillé que celui-ci jusqu'à l'opération Overlord (qui elle fut lancée). Ce qui est rageant, c'est qu'à l'été 1779, tout était prêt: plus de 60 000 hommes de la nouvelle armée refondée par Choiseul s'entraînaient en continu en Normandie, leur ravitaillement était prévu pour 6 mois, la fotte de transport était rassemblée et à peu près suffisante. Les opérations à la Bourse avaient été lancées par le Comte de Paradès et le Baron de Batz, le Parlement anglais était plus que largement divisé (division aiguillée en plus par des agents d'influence et des intox menées auprès de diversgents anglais en France), les meilleures troupes anglaises étaient en Amérique et les côtes britanniques n'étaient tenues que par quelques rares régiments professionnels et des milices sans valeur. Il n'est pas abusif de dire que tout était prêt: les dépenses avaient été en grande partie consenties et réalisées. A ce stade, un peu plus, un peu moins de déficit ne comptait plus (les créanciers du Roi, mais aussi Necker, lorgnaient avec envie sur les stocks d'or de la Banque d'Angleterre, des banques de Londres et de la Compagnie des Indes). Ajoutez à cela tous les officiers, et dans une certaine mesure la troupe, qui ne rêvaient depuis 15 ans que de revanche sur l'Angleterre, et vous avez le tableau. Ce n'est pas exagérer que de dire que le monde aurait pu prendre une toute autre orientation cet été 1779, à l'écoute de la réussite de M. l'amiral Comte d'Orvilliers. Une autre décision eut-elle été prise que, 10 ans plus tard, la situation aurait été radicalement différente.
  15. Les plans d'invasion étaient déjà en discussion bien sûr, mais ils étaient élaborés et mis à jour PAR LA MEME PERSONNE! C'est Charles de Broglie, chef du Secret du Roi, qui en est le papa attentionné: ce n'est pas un plan en l'air. C'est une des opérations de renseignement les plus abouties qui soit. Sous Louis XV comme sous Louis XVI, ce plan a été mis en avant par Broglie et son clan qui faisaient, comme toute coterie, leur lobbying. A l'origine, il était une commande de Louis XV pour laquelle Broglie mis en place un réseau de renseignement; devant la qualité du document, il décida de maintenir sa pertinence en tenant ses caractéristiques à jour. J'ai pas dit que d'Orvilliers avait emporté une victoire décisive; j'ai dit qu'il avait chassé la flotte anglaise de la Manche, ce qui est l'objectif d'une tentative de débarquement. Il suffit de noter les réactions anglaises à cette action (tant des capitaines que de l'opinion publique) pour voir comment la chose a été prise. Je parle de l'été 1779 et de la flotte franco-espagnole qui réussit son objectif stratégique d'occuper la Manche. On a beaucoup reproché à d'Orvilliers de n'avoir pas ravagé les côtes: ce n'étaient pas son objectif. Ca c'est une campgagne de dénigrement, notamment par le clan Maurepas, opposé à le descente en Angleterre. Le plan de faire un raid contre Plymouth est une idiotie proposée par l'amiral espagnol. En fait, cette campgne s'apprente, en moins nautiquement magnifique, à la "campagne du large" de Tourville qui fut injustement condamnée parce qu'elle n'avait pas vu de combat: c'est du raisonnement de terrien qui juge ces opérations! L'objectif stratégique est de dégager la Manche pour qu'un débarquement puisse se faire. Et en 1779, l'Angleterre n'avait plus rien pour se défendre; juste quelques milices mal constituées. C'est la pusillanimité des décideurs qui a cherché des excuses en chargeant d'Orvilliers QUI A FAIT SON BOULOT. Napoléon lui, n'aurait pas hésité: il n'attendait que ce que d'Orvilliers a fait. Avec ce petit avantage supplémentaire: avec Ouessant (victoire malgré tout) et la campagne de 1779, d'Orvilliers est celui qui a vaincu la "scoumoune" qui frappait la marine française: aucun officier n'osait envisager un combat contre les anglais, faire respecter le pavillon, les chasser des eaux territoriales, ou faire des plans de victoire; non par lâcheté ni par présomption de leur incompétence, mais par un sentiment irrationnel que le sort s'acharnerait sur la Royale si elle s'engageait contre la Navy. Pourtant tous désiraient ardemment la revanche. Mais ce sentiment datait évidemment de la Guerre de 7 ans, et n'avait rien de rationnel. D'orvilliers y a remédié en une seule campagne. Et les Anglais n'en revenaient pas. Il y a quelques pages savoureuses à lire qui traitent du sujet. D'orvilliers a rendu sa fierté à la Royale. La Bourse de Londres, pour l'occasion, s'effondre.
  16. J'ajoute un dernier bon amiral du XVIIIème: l'amiral Comte d'Orvilliers, qui notamment, pendant la Guerre d'Indépendance américaine, a rendu possible une descente massive en Angleterre (pour laquelle une très belle armée de 60 000 hommes s'était entraîné en Normandie, un plan magnifique, toujours admiré dans les écoles de guerre, avait été établi, pensé, renseigné par De Broglie, et une flotte de transport imposante avait été rassemblée) en chassant la flotte anglaise de la Manche (amiral Hardy). Il n'a tenu qu'au politique (Louis XVI) de se déballonner sous l'influence du nullissime clan Maurepas.
  17. Bien sûr qu'ils s'en taperont après les JO, quoique l'investissement qu'ils font dans les dits JO révèle leur besoin d'une bonne image, d'une image rassurante, comme l'énorme médiatisation de leurs envois de casques bleus souriants en Afrique. Mais la cible principale d'une bonne campagne médiatique, accompagnée de lobbying politique et, si possible, de rétorsions politiques (réciprocité des conditions commerciales....), ce sont les clients de la Chine, et surtout ceux qui paient beaucoup. L'Afrique a beau n'acheter que Chinois, c'est peanuts dans les exportations chinoises: ils y sont pour prendre des marchés plus lourds leur permettant de s'installer pour les ressources. Je parle d'une réaction occidentale (au sens large) avant tout: même l'Allemagne commence à changer d'avis. Les Ricains n'ont que des plans stratégiques évoquant la menace chinoise. Les Australiens se considèrent au front (d'où notamment les vélléités de porte-avions). Et les Russes sont les victimes toutes désignées de l'appétit chinois (leur XXIème siècle se trouve en Sibérie, et les Chinois, déjà nombreux par l'immigration clandestine en Sibérie, veulent cet espace et ses ressources dont le réchauffement planétaire pourrait faire un pur eldorado, y compris agricole). Que la Chine se radicalise dans son nationalisme ne change rien à ses problèmes internes à moyen terme (vieillissement, exclusion des 2/3, voire 3/4 de la population de la croissance éco, problèmes de retraites, surpollution, explosions sociales, révoltes locales, déséquilibre hommes-femmes, désertification, régime politico-économique oligarchique, corruption....): elle ne peut se permettre le plus petit affaiblissement de ses exportations, seules garantes de sa croissance et de ses réserves financières. Au jeu du "si tu m'achètes pas je t'achètes pas", c'est elle qui est la grande perdante. D'où l'intérêt stratégique d'organiser une réponse économique unifiée (limitation des rachats d'entreprises technologiques par les Chinois, réciprocité des pratiques commerciales, contrôles plus serrés, exigence du respect des copyrights, mesures de rétorsion plus crédibles....). Il y a un moment à saisir; peut-être les problèmes économiques actuels conduiront-ils les Européens, et plus largement l'occident, à réagir (puisqu'il faut toujours attendre d'être dans la mouise pour réagir).
  18. Le problème des bons et des importations américaines est insoluble: si les Chinois voulaient écouler les bons US en représaille, ils ne pourraient pas foutre 10% de leur stock sur le marché. Personne ne reprendrait une telle masse. Et à quel prix ça se ferait? Et les Ricains ne pourraient plus acheter quoi que ce soit, les anticipations conduiraient les importateurs et grossistes US à réduire drastiquement leurs commandes, à se dédire des marchés en cours.... L'économie chinoise est tellement fragile et dépendante des exportations pour l'instant. Si les Chinois boycottent les produits français, tant mieux! L'UE envisagerait enfin des rétorsions (à moins que les Européens, comme souvent, cherchent chacun à sauver leur cul). Et les prix de mes fromages et vins préférés baisseraient! Sur la flamme, ce qui me fait marrer, c'est que le parcours, sur vidéo, même sur-montée, ne ressemble absolument A RIEN! A quoi ça ressemble un sportif qui avance avec son gros cône au milieu d'un pack de CRS? Y'a pas d'image forte qui puisse en ressortir, pas de symbole de propagande. Maintenant, y'a un sujet que j'aimerais voir atteindre le haut de l'actualité, c'est le comportement des officiels de l'ambassade chinoise et celui des flics spéciaux chinois (les survets bleus ciels merdiques): ils donnaient des ordres à tout le monde, et apparemment on les a laissé faire! Merde, c'est quoi cette chierie?! On est une colonie? Déjà?! Qu'ils aillent se faire foutre les fachos rouges! Ils veulent boycotter? Ils vont faire chier après les JO? Merde, au lieu de s'écraser pour "essayer de les comprendre", "apaiser le débat", "jouer l'ouverture".... On devrait faire un scandale médiatique et international exigeant des excuses pour le comportement inqualifiable de ces gestapistes en survêt! Ca fait un bon axe pour une offensive médiatique bien organisée, si on sait s'y prendre. Y'a des cabinets spécialisés pour ça, et n'importe quel consultant en guerre et intelligence économique saurait dresser un plan média offensif. Ca coûterait même pas cher (j'ai déjà vu la facturation d'une offensive commerciale délibérée sur un produit donné; c'est hallucinant à quel point c'est efficace pour un coût dérisoire) et le plus marrant dans l'histoire, c'est que le gouvernement pourrait se faire relayer dans le milieu associatif, chez les tiers-mondistes, alter-mondialistes et gauchos de tous poils pour pas un rond! On devrait faire ce genre de chose tant qu'on a encore des dents assez grandes pour faire peur aux mammouth chinois.
  19. La page est encore bonne et visible, mais elle est inerte: les photos s'agrandissent pas. Mais si ça intéresse quelqu'un, j'ai des tirages en bonne taille.
  20. Bon, maintenant, pour ceux qui ne le connaissent pas, voici un document rare: les photos de 15 des derniers vétérans de la Grande Armée pour l'occasion revêtus de leurs vieux uniformes. Les photos furent prises dans les années 1850, sans dote sur la demande de Napoléon III. Je sais pas si ça vous fait quelque chose, mais moi ça me file des frissons et les larmes aux yeux chaque fois que je les vois: ces putains de gars étaient en Russie, à Waterloo, à Leipzig! Et ils sont sur une phot! Je sais que les dates sont pas si éloignées, que ça n'a rien de si étonnant, mais je trouve ça à la limite du surnaturel, sans doute parce que les guerres anpoléoniennes ont avant tout une iconographie du XVIIIème siècle. Ces gars là maniaient des canons Gribeauval, utilisaient le fusil 1777.... Vous voyez le genre? Putain, y'a un grenadier du I/1, un bordel de grognard en photo! Bon, j'arrête: http://www.histoire-empire.org/docs/veterans/veterans.htm
  21. La commission Attali a eu ce rôle, mais ce fut ponctuel. Le problème d'un truc comme le plan, pour des politiciens (qui ne sont plus vraiment des politiques, attention nuance), c'est que comme beaucoup d'organismes de prospective détachés du court terme, il a une autorité en soi, et une voix autonome qu'ils n'aimet pas entendre. Ca les renvoie, et publiquement, à leurs propres insuffisances.
  22. C'est pourtant De Gaulle qui en a révélé la pertinence (le plan Rueff reste l'un des plus grands documents de politique économique). C'est le rôle de l'Etat, en matière économique, de penser le temps long et d'anticiper l'intérêt national de demain. Selon De Gaulle, "si on laissait faire les Français, ils ne feraient que des porte-clés; c'est facile et ça se vend bien". Cela révèle certaines de ses faiblesses en économie et son mépris des industries de consommation courante, tendance naturelle de l'économie, qui rapportent mais ne font pas les gros bénefs de demain. Mais cela révèle aussi sa perception de la nécessité des grands programmes pour développer de grands secteurs d'avenir puissants. Mais bon, on va pas refaire les relations entre gaullisme et communisme, vieux sujet de sciences politique.
  23. Très gros succès, on est d'accord (comme quoi). Heureusement, j'ai pu récupérer les autres sacs. Je vais les mettre en sécurité.
  24. Ca, c'est une idée reçue mon cher Rochambeau; cela n'est vrai que dans une mesure TREs restreinte. Parce qu'en effet, la consommation des ménages, la consommation courante (différente des cycles de biens durables) va aux 2 tiers à l'étranger. On importe le gros de la consommation de biens. Les services ça va encore. Mais pour les biens courants, y'a guère que l'agro-alimentaire qui en profite à plein tube. Le reste file direct dans les PIB chinois, indiens, thaïlandais, japonais, allemands, espagnols. Je rappelle que quand M. Leclerc fait son chiffre, en termes de valeur ajoutée (donc de PIB), c'est très limité parce que c'est à la marge; le gros du prix de ce qu'il vend retourne chez le fabricant, généralement à l'étranger. C'est pire pour les Ricains avec WalMart, importateur chinois. Ce qu'il faut, c'est de l'investissement, un vrai équilibrage protectionisme/libre-échangisme (contrairement aux portes ouvertes européennes face aux protectionismes de tous poils ailleurs) et/ou un compte du coût réel des transports des importations (incluant la dimension écologique, nombre de coûts pris en charge par les Etats exportateurs....) qui permettraient de réhabiliter certaines productions nationales. Les campagnes de "consommez national" sont généralement stériles, mais de la préférence nationale/européenne organisée, encadrée, incitée.... serait pertinente. Ajoutez à cela de l'investissement pur et dur et massif (au besoin, par de l'endettement, celui-là productif) sur quelques secteurs d'avenir concentrés dans de gros technopoles. Pas de la recherche tous azimuths, mais une définition de 2 ou 3 grands axes de développement industriel. On est forts dans les nano-techs, dans le numérique et l'industrie pharma: profitons-en pour dédier 3 ou 4 gros bassins d'emploi à ces secteurs, en y concentrant des investissements. Et par pitié, rétablissons le Commissariat au Plan qui fut la meilleure institution économique gouvernementale et un instrument d'anticipation fabuleux. Quand je pense que ces cons de Chirac et Jospin l'ont dégommé. Les Japonais ont gardé le MITI et s'en portent bien.
  25. Rochambeau oui, c'est ce que je dis, la Marine allait mal à cause de la Révolution. D'abord le manque de crédit et d'entretien des navires. Mais Napoléon y remédie vite dans une certaine mesure; les navires seront construits vite sous l'Empire. Trop parfois (nombreux ont des bois trop verts), mais ce n'est pas le problème. Le vrai problème, ce sont les hommes: les officiers et cadres ont émigré en masse, bien plus que dans l'armée (d'où le surnom de l'arme) et bien plus tôt (dès 1790), rompant tout le cycle de formation et d'instruction. De plus, les équipages ont été plus mobilisés par la guerre sur terre, et rarement entraînés en continu, dans le cadre d'une France aux façades maritimes encore peu peuplées, et facilement touchées par des saignées trop grandes (quelques défaites importantes, Guerres de Vendée et de Bretagne). Ajoutez-y la concurrence de la guerre de course qui mobilise beaucoup d'hommes qualifiés.... En fait, le problème est moins le nombre d'hommes et d'officiers disponibles dans l'absolu que le nombre d'hommes et d'officiers qualifiés. Il faut des années pour former un bon équipage, et la Révolution a vite pu en remobiliser plusieurs. Mais quand il en faut au moins une quarantaine en permanence à la mer, soit près de 60 en tout, et ce sans compter les frégates (au moins autant) et autres navires plus petits. Comptez en plus l'attrition naturelle des navires de l'époque, véritables cauchemards sanitaires, et vous aure vite l'explication. Parce que pour réaliser tout cela, il faut de la continuité, de la volonté, des moyens. Hors, l'attention des gouvernements français de l'époque est légèrement tournée vers autre chose: les frontières. Et les moyens ne sont pas infinis. Donc, au global, on peut toujours maintenir un noyau de flotte à bon niveau, et pour cela des hommes formidables, souvent sortis du rang (d'obscurs lieutenants à l'avancement bloqué, ou carrément des hommes d'équipages), ont émergé, comme Cosmao, Latouche-Tréville, Bouvet de Maisonneuve, de Bouchard (pas en France, mais fondateur de la marine argentine), Brueys (qui traîne une légende noire), Bruix (excellent ministre, qui fit ce qu'il put avec ce qu'il avait), Decrès (excellent ministre aussi), Duperré (qui remporta la seule victoire navale significative de l'Empire), Linois, De Richery.... Il y en eut beaucoup, de vrais marins, dont certains auraient pu être de TRES grands marins (Latouche Tréville en particulier) dans des circonstances plus favorables. Mais ce qui manquait, c'était en fait, à grande échelle, toutes les pyramides de continuité de l'amiral à l'aspirant, des matelots expérimentés aux mousses. Il y en avait, de ces pyramides complètes et relativement continues, mais pas assez. Il n'y eut pas assez de temps. Mais nombre d'historiens navals restent sur le cul de voir ce qu'ont pu accomplir quelques-uns de ces grands bonshommes en l'espace d'une dizaine d'années, presque à partir de plus rien. La Marine en 1791-1792 était en stade "année 0", et ses financements furent inexistants jusqu'au Directoire, très limités jusqu'à la paix d'Amiens. A lire un très bon bouquin sur le sujet par J. Martray (chez France Empire). Sur mer, Jérôme Bonaparte n'était pas sans un potentiel reconnu ni sans un certain mérite. Pour le XVIIIème j'ajoute aussi La Galissonnière.
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